*****·BD

Mattéo – 6° époque

BD de Jean-Pierre Gibrat
Futuropolis (2022), 60 p. Série finie en 6 tomes.

Mis en prison à son retour de la Guerre d’Espagne, Mattéo va retrouver ses proches  avant de partir sur les routes d’une France de la Débâcle, à la recherche d’un fils qui n’est pas vraiment le sien. Soldant ses comptes avec sa chienne de vie, l’éternel anarchiste ne peut plus fuir et caresse l’espoir d’enfin se stabiliser…

Mattéo (tome 6) - (Jean-Pierre Gibrat) - Historique [CANAL-BD]

Aussi insaisissable que son personnage Jean-Pierre Gibrat aura mis quatorze ans à achever son grand œuvre, cette saga magistrale construite au fil de l’eau, sur les traces d’un personnage qui incarne plus que jamais la liberté des êtres de fiction. Alors que l’éditeur a rassemblé cinq tomes en deux intégrales, le facétieux publiait l’an dernier un ultime opus alors que je m’interrogeais sur un troisième cycle sur la seconde guerre mondiale. Jamais où on l’attend, Mattéo termine l’Espagne en taule et passera la Guerre chez les rosbeef en bon pacifiste. Ou pas.

Avec un sens de jazzman pour le rythme syncopé, l’auteur a un peu de tendresse pour son héros et l’envoie fraternellement à la recherche de son fils, ce nazillon entrevu un peu plus tôt. Mais ce qui attendrit chez Mattéo c’est cet instinct au bout de la grimace qu’il y a du bon au fond des homes. Même chez le dernier des salauds. Il suffit juste de creuser un peu. Retrouvant donc Paulin, Juliette et Amélie, Mattéo se transforme en faux-père en mission sauvetage pour récupérer un bellâtre parti la fleure au fusil pour la gloire de sa belle Nation. Un bellâtre qui lui sert de fils illégitime. Et quoi de mieux qu’un pays en déconfiture pour faire connaissance?

Mattéo » : 15 ans après, la boucle se referme… | BDZoom.com

Alors que ce tome avait tous les risques de l’épisode de trop, Gibrat atteint la perfection en bouclant une thématique distillée tout au fil de la saga et qui se conclut avec une évidence totale. Trainant sa lâcheté tout au long de l’album, hésitant jusqu’au dernier moment, Mattéo est tellement humain qu’il ne peut guère communiquer avec un héros. Aimé de tous, le sera t’il de son fils qui ne sait rien de lui? Le veut-il lui-même, lui qui a passé sa vie à fuir les responsabilités tout en les endossant toutes? La BD selon Gibrat s’inscrit dans cette magnifique couverture (encore!), entre ce sublime visage d’Amélie et cette trogne brisée par le mal-être de Mattéo. La beauté et la souffrance.

Connue des connaisseurs mais trop peu connue, Mattéo est probablement la plus magistrale série BD depuis les saga historiques de Bourgeon. Alliant une perfection d’écriture dont on ne se lasse jamais à des planches aux faiblesses et qualités connues depuis longtemps, Jean-Pierre Gibrat tient là un chef-d’œuvre immédiat après lequel il va être compliqué de rebondir (dans l’oreillette on parle d’Indochine et de Corbeau…).

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***·Comics·La trouvaille du vendredi·Nouveau !

The Big Guy and Rusty the Boy Robot

Mini série en 112 pages, publiée en 1995 et 2016, avec Frank Miller au scénario, Geof Darrow au dessin et Dave Stewart aux couleurs. Réédition aux éditions Futuropolis le 21/06/23.

Termine a tort

Quelque part dans un laboratoire japonais, un groupe de scientifiques malavisés cherche à percer le mystère de la vie, et concocte pour ce faire une soupe primordiale afin d’en observer en direct l’émergence. Comme le dit l’adage, il faut faire attention à ce que l’on souhaite, car certaines expériences peuvent s’avérer être d’horribles succès.

A partir des quelques molécules de base, se forme une gigantesque créature reptilienne, qui s’empresse de piétiner autant de gens et de bâtiments qu’elle peut. Pire, elle est capable d’engendrer, grâce à sa salive, des mutations chez tous les habitants qui entrent en contact avec, les transformant en petits esclaves reptiliens obéissant. Est-ce la fin du genre humain ?

Pas tant que Big Guy aura son mot à dire ! Le robot américain, qui n’est en réalité rien de plus qu’un engin piloté par un humain, est envoyé pour faire le ménage après l’échec de Rusty, le garçon-robot japonais tout récemment construit pour protéger le pays. Totalement ineffectif, Rusty doit se faire à l’idée que le sort du monde repose désormais sur les épaules de son prédécesseur Big Guy.

En 1995, Frank Miller, qui doit sa renommée à des oeuvres telles que The Dark Knight Returns, Daredevil Born Again, Ronin, 300 ou encore Hardboiled, s’associe à Geof Darrow (The Shaolin Cowboy) pour créer un comic book qui est à la fois un hommage et un pied-de-nez aux films de Kaïjus et aux mangas.

En effet, un seul coup d’oeil à l’antagoniste nous permet de dresser le parallèle avec Godzilla et Astro Boy, Big Guy étant quand à lui une sorte d’erzatz d’Optimus Prime version rétrofuturiste. Le récit ayant une coloration parodique, on peut tout de même compter sur [ATTENTION, EUPHÉMISME EN APPROCHE] le patriotisme exacerbé de Miller, pour s’assurer que le sort du monde repose exclusivement sur le héros américain, le jeune robot étant quant à lui relégué au rang de faire-valoir comique.

A ce titre, on ne peut d’empêcher de remarquer que le « AND » entre Big Guy et Rusty the Boy Robot est un tant soit peu exagéré, Rusty étant mis K.O assez tôt dans le récit sans qu’aucune collaboration ne soit menée entre les deux. Pour le reste, il s’agit d’un récit d’action mené tambour battant et de façon plutôt linéaire, dans la veine des comics du Silver Age. On y retrouve le manichéisme, la narration kitsch ainsi que le cabotinage décomplexé, ce qui fait de cet album davantage un plaisir coupable qui se savoure affublé d’un air narquois, qu’un véritable must-have. On préfèrera opter pour un esprit hommage rappelant la narration ampoulée d’un vieux Blake et Mortimer abusant de qualificatifs abominables pour la créature, car le sous-texte suprémaciste de Miller est parfaitement évident et pourra gêner aux entournures.

L’édition 2023 est complétée par une galerie exhaustive de couvertures alternatives et parodiques, et s’achève par un chapitre additionnel paru en 2016, qui ne représente qu’un intérêt tout relatif et fait plutôt office de farce, où le seul Darrow évacuera totalement le vernis millerien pour se rapprocher de ce qu’il fait sur le Shaolin cow-boy, un pure délire décomplexé. A se demander comment les deux ont pu bosser ensemble à cette époque…. Notez également que le comic book avait engendré une courte série animée entre 1999 et 2000, dans laquelle Big Guy était bel et bien le mentor de Rusty, à qui l’on cachait la véritable nature de son idole mécanique. Graphiquement on retrouve la minutie incroyable de Darrow qui se savoure en grand format dans la très belle édition (comme toujours) de Futuropolis. Surtout, la nouvelle colorisation du génial Dave Stewart modifie radicalement la qualité des planches et sont l’apport majeur de cette nouvelle édition. Dans le genre on trouvera bien sur un intérêt largement supérieur à des propositions récentes comme Ultra Mega ou Ultraman, mais les fans de Darrow et les complétistes y trouveront leur compte sans soucis.

Rédigé à 4 mains par Dahaka et Blondin.

****·BD·Numérique

A Fake story

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BD de Jean-Denis Pendanx et Laurent Galandon
Futuropolis (2021), 87p., one-shot.

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badge numeriqueEn 1938 le jeune dramaturge Orson Welles sème la panique dans la bourgade de Grover Mills en déclamant une adaptation radiophonique ultra-réaliste de La guerre des Mondes. Dans la panique, en ce fin fonds de l’Amérique une famille sera tuée… La chaine de radio CBS envoie en urgence son meilleur limier pour déminer le terrain avant que le boomerang médiatique n’accuse la pièce de ce drame. Mais le récit officiel et les apparence sont toujours trompeurs, surtout lorsque racisme et rancœurs s’en mêlent…

A fake story de Jean-Denis Pendanx, Laurent Galandon - BDfugue.comL’histoire (vraie) est connue. L’histoire de Pendanx et Galandon, elle, est fausse. Comme son personnage auteur d’un roman (fictif) dont est adaptée la (vraie) BD… Dès sa page de titre cet album nous plonge donc dans une Abyme intriquant le vrai et le faux, la manipulation et la narration toujours orientée des récits subjectifs des témoins de cette passionnante enquête.

Manœuvrant leur album sur une ouverture de cinéma avec la voix-off d’Orson Welles déclamant son invasion martienne sur les images des évènements de Grover Mills, les auteurs placent le lecteur dans la position du témoin manipulé. On se doute dès l’introduction que ce qu’on nous a montré n’est qu’une version des faits et que Galandon et Pendanx vont lentement démêler la pelote.

Le dispositif est classique mais subtilement mené: un ancien journaliste-star new-yorkais désabusé quand au pouvoir positif de la presse va se plonger dans une Amérique profonds qu’il connaît trop, chaperonné par un sheriff pourri qui cache à peine son racisme endémique et croisant le fer avec une jeune « fille de » arriviste à la recherche du scoop à tout prix. Le flair du vieux loup ne s’en laissera bien sur pas compter des mille mensonges qui lui seront glissés.

A fake story, quand le canular d'Orson Welles devient fait divers sanglant  – Cases d'histoireSous couvert d’une passionnante enquête policière c’est bien entendu le rôle des médias, la réalité alternative et la facilité de manipuler le réel qui sont pointé du doigt par les auteurs qui nagent comme des poissons dans l’eau de leur trame. Et la première réussite de l’album est de ne pas se perdre dans un enchevêtrement de fils narratifs  et chronologiques. La seconde repose sur de superbes planches qui ne surprennent guère au vu de la fort élégante biblio de Jean-Denis Pendanx (ainsi que sur une couverture fort alléchante). La cerise sur le gâteau c’est, outre une galerie de personnages tous intéressants, le plaisir intellectuel de tous les sous-textes, qui sur la crédulité des bouseux, qui sur l’ambition sans limite, qui sur un sentiment de justice qui semble si inatteignable dans ces Etats-Unis des années trente.

A fake story est ainsi un superbe album comme Futuropolis en produit tant, un vrai polar qui sait se sortir du genre pour donner un propos multiple et intelligible et qui confirme tout le bien qui en a été dit à sa sortie.

Note: l’album ayant été lu en numérique la note frôle les 5 Calvin du fait d’une qualité d’image qui ne permet pas de juger en réel.

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*****·Actualité·BD·Documentaire

Le choix du chômage

Le Docu BD

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BD de Benoît Collombat et Damien Cuvillier
Futuropolis (2021), 269p., noir et blanc, one-shot.

Coup de coeur! (1)Dans quatre jours c’est le premier mai, fête du travail et période idéale pour aborder ce monument de la BD documentaire, trop peu mis en avant lors de sa sortie l’an dernier et que bon nombre d’électeurs auraient bien fait de lire… Les deux-cent soixante-neuf pages d’une densité impressionnantes rappellent l’énorme travail des auteurs de La Bombe, dont la complexité et la profondeur rejoint l’enquête de Collombat du Cuvillier. Dépassant de loin la norme moyenne des documentaires en BD, cet ouvrage est une somme à la lecture indispensable qui revient sur soixante-dix ans de construction européenne et d’essor d’une pensée dominante marquée par un ordolibéralisme assumé. Le choix du chômage n’est pas une question mais une certitude après avoir refermé cet album.

La sélection parfaite pour se fâcher avec vos proches : politique &  religion sous le feu de l'investigation BD - Bubble BD, Comics et MangasOrganisé en quatre partie volumineuses traitant des théories néolibérales, du pouvoir socialiste de François Mitterrand, de la construction européenne et la crise de 2008, les auteurs s’appuient sur les témoignages d’un très grand nombre d’acteurs de premier plan, de Jean-Pierre Chevènement à Pascal Lamy (ancien directeur de l’OMC) en passant par toute une galerie de directeurs de cabinet, hauts-fonctionnaires et responsables financiers. Le journaliste d’investigation multi-primé qui a enquêté sur l’affaire Boulin et sur les affaires de Bolloré en Afrique est déjà à l’origine du réputé Cher pays de notre enfance avec Davodeau. Sa neutralité journalistique est indéniable et la portée de ce nouvel ouvrage va bien plus loin que le précédent en ce qu’elle jette une lumière aveuglante non seulement sur le choix de favoriser l’inflation basse et un chômage haut en France (les mécanismes économiques opposant les deux) comme en Europe mais plus largement l’adoption d’une vision néolibérale par l’ensemble des acteurs de la construction européenne, des dirigeants français des quarante dernières années et le caractère assumé d’une supranationalité qui ne s’encombre pas de choix démocratiques comme le résumait en 2015 le président de la Commission Juncker. L’esprit chrétien de la prédestination et du mérite infuse une idée selon laquelle le peuple est dangereux dans ses passions et a besoin d’être forcé dans ses choix. Comme le font les auteurs de Res Publica, la quantité de citations in extenso des personnes qui ont été aux manettes ne laisse pas place au doute.

Le choix du chômage », une enquête sur les racines d'un fléau françaisLa lecture de l’album reste néanmoins ardue de part la densité des informations et la complexité des thèmes abordés. On parle en effet de mécanismes économiques comme d’arbitrages de cabinets, d’influence diplomatique entre Etats-Unis et gouvernements européens en reconstruction. Il faut s’accrocher par moment tant la précision est chirurgicale et le journaliste peut fort heureusement s’appuyer sur le talent indéniable de son dessinateur qui excelle tant dans sa qualité graphique sur les portraits des témoins clés que sur les mises en scènes illustratives au format dessin de presse. Rarement un documentaire aura autant profité de son dessin pour fluidifier le contenu sans oublier l’aspect artistique du format BD.

S’il est choc, le titre est pourtant un peu trompeur en ce qu’il n’est qu’un lancement pour décrire la construction d’une Union européenne néolibérale dont le caractère non démocratique apparaît malheureusement inhérent au projet initial. Ne s’attardant malheureusement pas sur l’espoir qu’à fait naître l’esprit de l’Etat social lors du rejet du Traité constitutionnel de 2005, le projet de Collombat et Cuvillier est totalement déprimant tant il décrit un itinéraire autoritaire et manipulateur dans lequel il ne De Pompidou à Macron, les dirigeants ont fait le choix du chômagesemble pas y avoir d’échappatoire sauf à attendre le fascisme. Un fascisme dont s’accomode parfaitement le Capitalisme comme l’expérience chilienne nous l’a montré et comme l’expliquent la plupart des historiens et économistes hétérodoxes. Une conclusion qui fait refléchir pour un album sorti un an avant le funeste scrutin que nous venons de vivre et qui interroge sur une méfiance peut-être pas si franchouillarde de la population française envers une Union européenne que nombre de citoyens ont sans doute perçus comme loin de l’idéal présenté.

Il y a des ouvrages qui éclairent et des ouvrages qui bouleversent la perception du monde et de l’Histoire. Le Choix du chômage est de ces derniers tant vous ne pourrez plus regarder les politiques, les élections et l’Union Européenne avec le même regard. Un regard que ce magnifique album peut réveiller d’une longue torpeur pour nombre d’entre nous.

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**·***·BD·Nouveau !·Rapidos·Service Presse

BD en vrac #26: Nautilus #2 – La chute #2

La BD!

 

  • Nautilus #2: Mobilis in Mobile (Mariolle-Grabowski/Glénat) – 2021, 54p., 1/3 volumes parus.

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Merci aux éditions Glénat pour leur confiance!

couv_431435Le premier Nautilus avait été une des excellentes surprises du printemps. Seulement quelques mois plus tard Mariolle et Grabowski (pour sa première BD!) ne nous laissent pas moisir comme le capitaine Némo et dévoilent enfin le mythique Nautilus! Et quel design les enfants! Le cahier graphique final laisse à ce sujet quelques points de frustration tant le dessinateur s’est régalé à créer l’intérieur du célèbre vaisseau sous-marin, dont on ne voit finalement que quelques éléments mécaniques (peut-être pour le grand final?) mais dont la coque est remarquablement élégante. Si l’intrigue de ce second volume peut paraître plus linéaire et moins surprenante que l’ouverture (en se résumant à une chasse avec pour but de découvrir le traître à bord…) on profite néanmoins de belles joutes verbales entre le héros et le sombre capitaine, pas aussi flamboyant qu’attendu mais parfaitement construit psychologiquement. Moins surprenant que le premier volume, cette suite semble aussi légèrement moins solide graphiquement, avec des décors intérieurs et sous-marins qui n’aident pas forcément. On reste cependant dans de la BD de grande qualité, de la grande aventure que l’on aimerait voir plus souvent dans le neuvième art. Vite la conclusion!

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  • La chute #2 (Muralt/Futuropolis) – 80p., 2021

couv_413919Sorti en plein début de crise du COVID le premier tome de La Chute avait beaucoup fait parler de lui, avec son style très documentaire, rugueux, sur les premiers jours du déclenchement d’une crise sans zombies ni guerre civile. Une pandémie normal, réaliste, froide. L’arrivée de se second tome et sa très belle couverture était donc attendu… et douche un peu les attentes. Après une entrée en matière dynamique menant ses personnages vers les montagnes dans une ambiance inspirée par le chef d’œuvre La Route, l’auteur semble patiner dans la neige en centrant sa focale sur l’ainée de la fratrie alors que le père blessé sort du jeu. Refusant toute violence graphique cinématographique, Muralt installe sa pesanteur dans la situation psychologique d’un chacun pour soi et d’une dureté relationnelle. Sur ce point on ressent la détresse des deux enfants. En revanche le contexte est un peu vaporeux avec ce village pas vraiment fortifié mais rejetant tout de même ce qu’ils appellent les « touristes » les citadins fuyant les villes ». Faute peut-être d’une caractérisation plus lisible et de dessins plus précis, on a le sentiment que la situation n’avance guère et l’on finit par s’ennuyer un peu. Espérons que l’auteur rebondisse après cet intermède peut-être nécessaire dans son scénario mais trop étiré sur quatre-vingt pages car son projet est sérieux et reste intéressant.

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****·BD·La trouvaille du vendredi·Littérature·Rétro·Un auteur...

Page noire

BD de Frank Giroud, Denis Lapière, Ralph Meyer et Caroline Delabie (coul.)
Futuropolis (2010), 102 p., one-shot.

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Kerry Stevens est une critique littéraire débordant d’ambition, déterminée à bousculer son destin vers la gloire. Pour cela elle est déterminée à dénicher le grand romancier Carson MacNeal, qui vent des millions de volumes mais que personne n’a jamais vu et qui ne donne jamais d’interviews. Loin de là Afia se bat avec sa mémoire torturée, traumatisée par son passé et tombée dans la spirale de la drogue et la prostitution… Rien ne relie ces deux personnes. Leur itinéraire va pourtant converger vers ce Carson MacNeal qui semble aimanter bien des intérêts…

Amazon.fr - Page Noire - Frank Giroud, Denis Lapierre, Caroline Delabie,  Ralph Meyer - LivresAvant Undertaker (la série qui l’a consacré et dont le dernier volume vient de sortir –  chronique la semaine prochaine ) et après Berceuse assassine (celle qui l’a révélé, avec le défunt Tome, scénariste mythique des meilleurs Spirou!), Ralph Meyer avait réalisé cet étonnant polar entièrement construit dans une mise en abyme vertigineuse entre récit et fiction, auteur et création… Meyer n’est pas encore une star mais participe déjà à de gros projets, notamment le premier XIII mystery où il rencontre Dorison, son futur scénariste sur Asgard et Undertaker donc.

Alternant deux récits qui vont progressivement converger, Meyer et sa coloriste attitrée Caroline Delabie proposent deux univers graphiques tranchés: le premier encré dans le style habituel du dessinateur et colorisé en palette bleutée, le second en couleur directe, peu encré et habillé de rouge-rosé… avant de converger dans un croisement très discret et révélateur, entre ces deux styles. Etonnant! Joignant le graphisme à l’écriture sophistiquée des deux scénaristes chevronnés Lapière et Giroud, les planches nous font ainsi suivre deux jeunes femmes qui ne semblent reliées en rien, l’une aux Etats-Unis, l’autre que l’on imagine en France, l’une mordant la vie avec morgue, l’autre détruite et acceptant difficilement de l’aide. Un peu perdu (moins que chez Urasawa…) mais acceptant de suivre deux récits juxtaposés, on comprend que le fil conducteur est bien l’histoire de la blonde Kerry. Parvenant un peu trop facilement à ses fins, on commence alors à plonger dans le texte lui-même. Dès les premières pages de l’album on nous insère des vues du roman en cours de Carson MacNeal qui nous font progressivement douter de la frontière entre fiction et réalité. Comme au cinéma, tout le plaisir de l’image est de la rendre mensongère, laissant le lecteur se débattre entre ce qui est vrai, ce qui est fictif, la narration principale et la secondaire… On prend alors plaisir à voir s’entrecroiser ces trois personnages en doutant toujours de quel récit s’insère dans quel autre, en rejoignant les effets du polar où l’auteur s’amuse à laisser son lecteur se construire des scénarii. On est ainsi par moment proche de l’atmosphère des Nymphéas noirs où époques et réalité s’enchevêtrent brillamment.

Page noire » par Meyer, Giroud et Lapière | BDZoom.comA ce récit dans le récit les auteurs approfondissent l’immersion en nous faisant pénétrer dans le processus créatif, partiellement autobiographique comme souvent, du romancier. Par les yeux de Kerry on observe l’homme derrière le nom, ce qui inspire, les fulgurances nocturnes et finalement l’interrogation sur l’invention créative en nous posant la question: toute invention n’est-elle pas directement inspirée par l’expérience de son auteur, que ce soit ses lectures, rencontres, sa propre vie? L’expérience est passionnante et personnellement je n’avais jamais lu de BD aussi bien pensée sur le travail d’auteur, sachant allier un vrai polar avec une expression des créateurs sur leur propre travail. Comme je le dis souvent sur ce blog, il est important pour que la BD puisse rester un média artistique, que ses lecteurs se questionnent sur ce qu’ils lisent et ne se contentent pas de consommation simple et infinie. Comme support grand public le neuvième art rejoint les éternels questionnements du cinéma entre art et entertainment consumériste. Des albums comme Page noir, en sachant proposer une vraie histoire littéraire immersive qui joue sur les récits tout en s’interrogeant, associe le ludique et le réflexif. L’alchimie que tout amateur de BD recherche?

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****·BD·La trouvaille du vendredi·Rétro

La délicatesse

BD de Cyril Bonin
Futuropolis (2021), 92p., one-shot.
Adapté du roman de David Foenkinos.

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Nathalie est un ange. Alors que tout lui réussit, un drame la plonge dans une fuite en avant professionnelle où la vie et les relations humaines semblent lui être désormais interdites. Jusqu’à ce qu’elle rencontre Markus, petit employé de son entreprise chez qui rien ne l’attire. Mais la vie réserve des surprises…

Très peu attiré par ce genre de littératures pas plus que ce genre de BD, je suis tombé sur La Délicatesse par hasard, intrigué par l’adaptation d’un best-seller de l’édition et ces teintes pastelles plutôt agréables. Et je me suis laissé prendre à cette histoire simple comme la vie et racontée principalement en narration. Ne vous arrêtez pas au pitch semblant destiné à une adaptation ciné dans le mode cliché des oppositions. Cyril Bonin ne se laisse pas avoir par la tentation d’appuyer sur l’idée de la Belle et la Bête. Si son héroïne est bien présentée comme un ange, belle, délicate, brillante, elle n’en est pas pour autant suffisante. Markus lui n’est pas si moche, pas si médiocre qu’on aurait pu le craindre. L’auteur préfère mettre en contact deux personnes qui ne semblaient pas faits l’un pour l’autre mais que la vie fait se rencontrer. Comme le mari de Nathalie rencontré dans la rue. 

La Délicatesse, bd chez Futuropolis de Foenkinos, BoninComme souvent dans ce genre d’histoire c’est par les textes, les dialogues et les récitatifs, que se noue l’étincelle. Un peu comme sur Le tueur, on contemple la vie de Nathalie et les jolies formules qui font prendre de la hauteur. Le dessin n’est pas particulièrement marquant (Bonin vient pourtant des Arts Décoratifs….) mais accompagne le texte avec un sens du cadrage très élégant, en se focalisant essentiellement sur les regards. Et cela fonctionne malgré la simplicité du trait. Car de par l’omniprésence du texte on est pris par une musique permanente qui nous fait glisser sur les cases. A noter que la BD a été réalisée après la sortie du film (que je n’ai pas vu) qui l’a sans doute influencé tant on sent le caractère cinématographique du projet.

La Delicatesse c’est l’histoire de la simplicité, de la spontanéité de ce suédois semblant tombé de la Lune que la perfection de sa belle n’impressionne pas plus que ne le fait son gros directeur dominateur. C’est la convention bousculée déclenchée par une pulsion venue d’on ne sait où. C’est la vie qui prends le dessus sur le deuil et sur la norme et c’est cela qui est très beau dans cet album… délicat.

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***·Comics·Nouveau !

The shaolin cowboy #3

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Comic de Geof Darrow et Dave Steward (coul.)
Futuropolis (2020) – Burlyman (2004-2007) – Dark Horse (2015-2018), 3/3 albums parus.

Pour l’historique de publication je vous renvoie au billet des deux premiers tomes. Ce dernier ouvrage confirme le magnifique travail éditorial de Futuropolis. Contrairement aux deux précédents, celui-ci se concentre exclusivement sur de la BD et n’ajoute qu’une grosse galerie d’illustration originales en fin d’ouvrage (avec notamment un dessin de maître Moebius!).

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Laissé pour mort après son combat contre la horde de zombies, le Shaolin Cowboy doit pourtant se resaisir  car le Roi Crabe le recherche activement et la vie du Shaolin cowboy dissolue dans les affres de la matérialité lui a créé beaucoup d’ennemie. Beaucoup…

Comme il va être compliqué de constituer une collection pas trop chaotique avec cette série TOTALEMENT chaotique de Geof Darrow… Si le premier volume est ce qui s rapproche le plus d’une BD (et donc très clairement si vous ne devez investir que dans un tome c’est celui-là), si le second est un exercice de style, comme un carnet d’exercices anatomiques (… mais avec des zombies!), ce troisième et dernier volume, relativement proche de la parution originale, est un pahmplet contre une Amérique abhorrée, l’Amérique des rednecks, du smartphone, de la vulgarité… l’Amérique de Trump. Et comme d’habitude, avec son influence Métal Hurlant, sans aucune retenue et un mauvais goût affirmé, Darrow se met au niveau de sa cible et envoie du pâté. L’histoire est simple: le Shaolin Cowboy est en très mauvais état et va devoir se tapder deux derniers adversaires pour en finir: un cochon géant ninja dont le Cowboy a tué la mère et le Big Boss, le crabe shaolin, décité à se venger… Comme l’histoire on s’en fout, elle pourrait bien continuer éternellement comme nous l’indique la fin. Bref.

Si cet album se suit plus facilement que le second, il est un poil décevant niveau combat arès un meurtre de vautour digne du héros. Car Darrow a surtout envie de se défouler sur une Amérique dépeinte comme un immnse tas d’immondices parcouru par des enseignes de magasins de cul et habité par des beaufs tatoués et bardés d’armes. Tout est dégueulasse sur ces planches toujours monstrueuses de détails… Le grand n’importe quoi se poursuit donc mais en un poil moins classe que sur le premier où les chorégraphies avaient sommes toutes de la gueule! Ici l’amusement vient de la critique omniprésente pour un pays qu’il rejette en masse et à la grosse Bertha. Du coup les Comic The Shaolin Cowboy: Who'll Stop the Reign? issue 2derniers combats semblent un peu futiles par rapport à ce qu’on a pris dans les dents jusqu’ici. Alors ok le cochon est énorme et lance des pets toxiques (oui, oui!) et S.C. joue du nunchak’ avec deux clébards aux pattes en couteaux (hum…), mais question action Darrow a fait mieux.

On ne peut pourtant pas dissocier cette trilogue superbement éditée par Futuropolis et mise en couleur par Dave Stewart tant chaque volume reflète à la fois une envie de l’auteur et revêt un aspect très différent. Les amoureux du graphisme et de la radicalité de l’auteur prendront un immense plaisir à parcourir cette odyssée (Darrow parle de ballade sur la longue interview qu’il a donné au site 9° art et que je vous invite vivement à lire pour comprendre le personnage). Les moins fans pourront donc en rester au premier tome déjà bien foutraque et, donc, le meilleur.

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***·Actualité·BD·Nouveau !·Rapidos

La chute #1

La BD!

BD de Jared Muralt
Futuropolis (2020), 56 p., série en cours.

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La sortie en pleine crise de COVID de cet album dystopique décrivant la chute de la civilisation a marqué les esprit et profité d’un excellent buzz médiatique. Avec un peu de recul que faut-il penser de cette série dont le thème n’est pas franchement neuf mais dont j’adore lire et voir les variations de différents auteurs? Ainsi j’ai récemment critiqué la très bonne adaptation de Julia Verlanger L’autoroute sauvage, mais aussi la version Grindhouse Amazing Grace (avec l’aspect famille), Soleil froid et Les Dominants dont le tome deux sort ce mois d’août.

La chute de Jared Muralt : une série prémonitoire ? - ComixtripLe dessin d’abord est assez classique, pas affolant, mais l’auteur propose un détail remarquable sur ses décors et arrières-plans. Son travail de description réaliste d’une hypothétique pandémie aux conséquences majeures s’appuie ainsi sur des éléments de vrai permettant de raccrocher ce que nous lisons à notre quotidien. Le thème de la famille évidemment, assez éculé depuis le choc La Route mais toujours marquant en nous faisant ressentir (pour ceux qui ont des enfants) le drame de voir ses plus proches subir cela avec la tentation de cacher une vérité pourtant patente. La femme est emportée par cette grippe et l’on voit rapidement l’Etat se déliter avec une préoccupation première pour les personnages, celle de trouver à manger alors que rapidement des groupes structurés se mettent en place pour compenser l’absence d’autorité. Sur le pourquoi de l’évolution on ne saura rien, nous laissant dans le même expectative que Liam, le héros.

La chute, le cauchemar luxueux et actuel de Jared Muralt, paru ...

Le rythme est assez lent, avec très peu d’action, presque contemplatif en portant un regard presque journalistique sur ces dernières heures de la civilisation au travers du regard de Jared en père devant tenir le choc. Si le travail de fonds est notable et la réalisation sans faute notamment sur le domaine émotionnel, ce premier album est donc tout à fait classique, sans apport majeur à un genre déjà très fourni. La suite nous le dira mais sa particularité semble être le refus de tout fantastique ou SF, ce qui est louable. Beaucoup d’albums de ce genre évoluent progressivement en Mad Max, ce qui serait dommage. L’aspect Covid peut apporter un plus en montrant la qualité de l’analyse de l’actualité de notre monde par l’auteur, mais personnellement j’essaye de regarder les albums pour ce qu’ils sont et ce qu’ils seront dans dix ans. Sur ce point pour son second album de BD Jared Muralt réussit donc son pari, un peu sage peut-être, quelques scènes choc ou d’action auraient pu renforcer l’accroche du lecteur à ce drame. Mais l’album mérite amplement le détour surtout si vous n’êtes pas familiers avec ce genre.

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****·Comics·Nouveau !·Un auteur...

The shaolin cowboy #1-2

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Comic de Geoff Darrow
Futuropolis (2020) – Burlyman (2004-2007) – Dark Horse (2015-2018), 2/3 albums parus.

L’histoire éditoriale de cet OBNI est aussi complexe que le dessin de son auteur… Le premier volume de cette édition a été publié chez Burlyman avec une traduction chez Panini en 2008-2009). Le second volume correspond à la suite directe publiée chez Dark Horse (2015). Le troisième volume (à paraître) intitulé « qui arrêtera leur règne? » est également paru chez Dark Horse en 2017. Les éditions reliées des trois volumes sont parues chez Dark Horse (le premier après les deux autres…) et correspondent à cette édition Fututopolis. Le premier volume a été nominé aux Eisner Awards pour la meilleure nouvelle série, meilleur dessinateur, meilleure couleur. Darrow a obtenu un de ses trois Eisner sur ce tome comme meilleur auteur réaliste.

L’édition proposée par Futuro est franchement royale avec de magnifiques volumes au papier épais et du contenu additionnel. Cela aurait été parfait su l’éditeur avait eu la bonne idée d’un texte explicatif au premier volume aidant le suivi sur les trois tomes. On est un peu abandonné dans le cerveau fou de Darrow

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Le Shaolin cowboy parcourt les terres désertes d’une Amérique réactionnaire, déchue et parsemée de créatures improbables. Sur son mulet à casquette bavard et équipé d’un arsenal improbable, il affronte tout ce que le monde fait de timbrés et de démons… pour sauver sa vie. Et la philosophie on y pensera plus tard…

SNEAK PEEK: Darrow's Original SHAOLIN COWBOY Back in Print | 13th ...Geoff Darrows appartient à une mouvance d’illustrateurs nés au mauvais endroit! Avec les Richard Corben (Grand prix d’Angoulême 2018), Simon Bisley et ses peintures barbares dantesques qui ont influencé notamment Olivier Ledroit, l’italien Liberatore , la mouvance ultra-réaliste trash japonaise, et plus récemment les albums d’Eric Powell il fait partie des auteurs en liberté totale dont l’amitié avec Moebius n’est pas anodine tant son travail semble tout droit sorti du magazine Métal Hurlant. Son nom est sorti du cercle des initié en 1999 lorsque les sœurs Wachowski l’embauchent avec les yeux de Chimène pour mettre en place l’univers visuel et le storyboard des films Matrix. Quand on voit la finesse de son travail on les comprend…

Ce double album (j’y reviens) est un trip sous acide, un mélange entre le artbook déchaîné d’un auteur maniaque, le storyboard détaillé d’un film d’animation qui n’existe pas et une grosse farce sacrément gonflée. Ne cherchez pas de message, de sous-texte ou je ne sais quelle vision! Geoff Darrow utilise son Shaolin Cowboy pour latter du gang dégénéré, du zombie, du requin géant et du cadavre possédé… Vaguement frustrant du fait de la structure totalement apocalyptique du « récit », l’ouvrage est d’une générosité graphique folle car l’auteur ne connaît pas la contrainte. Ainsi le second volume, outre un texte de trois pages relatant des évènements potentiellement précédents et une nouvelle de soixante pages en fin d’ouvrage, reprend le récit au travers d’une sidérante séquence de démontage de zombie sur… cent pages! Cent pages muettes de baston virtuose, le plus long plan séquence de l’histoire du cinéma qui n’en est pas un, bref, quelque chose de jamais vu et qui ne sera certainement jamais refait. Gonflé, d’une précision diabolique, un peu lassant au bout de cinquante pages, mais quelle expérience!

Shaolin Cowboy #01 by Geof Darrow | Fumetti

Si le second volume est donc dispensable hormis pour les fana de Darrow et les collectionneurs, le premier est un délire totalement foutraque qui enchaîne les dialogues absurdes avec des personnages débiles à l’aspect surréaliste avant d’entamer des hostilités où le Shaolin cowboy fait parler sa technicité au combat en découpant des tranches de cou au katana, expulsant un cœur d’un coup de paume ou donc entamant une danse mortelle armé de son bâton à double tronçonneuse… Tout au long de la lecture on est sidéré autant par le grand n’importe quoi permanent que par le détail des Le Shaolin Cowboy T3 : Dans les entrailles de la ville (0), comics ...immenses planches qui nous donnent parfois le sentiment d’être dans un album « Où est Charlie » pour adulte. Car Shaolin Cowboy est pour les âmes solides et les adeptes du mauvais goût (il est étonnant que Fluide Glacial n’ait pas cherché à éditer ces ouvrages tant ils correspondent à l’esprit sale gosse de l’éditeur).

Le sourire aux lèvres et émerveillé à la fin du premier tome on est franchement frustré à la fin du second. Le troisième tome à paraître semble beaucoup plus narratif, proche du pamphlet contre l’Amérique de Trump et fidèle au premier. L’éditeur a choisi une étrange stratégie de publication  en deux fournées (les tomes 1 et 2 puis le trois) avec bien peu de communication qui ne facilitera pas la transmission au public d’une œuvre qui nécessite d’être accompagnée. J’espère avoir un petit peu contribué à cet accompagnement tant l’œuvre de Darrow mérite que l’amateur de BD s’y intéresse et tant on a rarement vu un album aussi généreux. Si vous aimez l’esprit Fluide, si vous aimez les zombies, si vous aimez Tarantino, si vous aimez les Monthy Python… foncez!

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