Comic de Rick Remender, Max Fiumara et Dave MacCaig.
Urban (2024) – Image (2023), 128, contient les 6 premiers épisodes de la série.
Merci aux éditions Urban pour leur confiance.
L’ordre et l’harmonie règnent sur le monde. Chacun dispose des moyens de nourrir sa famille et de vivre honnêtement. Pour cela une simple condition: chaque famille doit livrer au moissonneur l’ainé de ses enfants. Qu’advient il de ces sacrifiés? Chacun y va de son histoire. Chaque famille gère ce sacrifice différemment. Grace à eux les Dieux en leur palais peuvent jouer leur rôle de bienfaiteurs…
Rick Remender est pour moi l’un des plus brillants scénaristes de sa génération, qui propose régulièrement des œuvres que l’on n’attend pas, souvent sombres, violentes, voir nihilistes. Ce que j’aime chez cet auteur c’est sa capacité à ne jamais aller dans des schémas attendus, à toujours trouver dans des cadres archi-balisés (le polar, la SF, la fantasy), des tons et des personnages jamais abordés.
Les six premiers chapitres de ce Sacrifice étaient attendus. Et je ne perdrais pas de temps pour reconnaitre que ce premier volume compilé dans la (toujours) très belle édition de la collection Urban est une franche déception… En assumant un récit assez minimaliste, schématique, porté par peu de texte en voulant laisser le dessin parler de lui-même (comme il l’explique en post-face), le scénariste de Seven to eternity, tombe dans une certaine banalité que le dessinateur Max Fiumara ne parvient pas à compenser. Son dessin est parfois élégant, rehaussé par une colorisation de grande qualité de Dave MacCaig, mais bien loin de la virtuosité des meilleurs, capables de porter un album sur leurs seuls dessins. Les sublimes couvertures d’épisodes marquent (comme souvent) une sacrée différence avec l’intérieur… En croquant un univers de fantasy occupé par une multitude de créatures humanoïdes de divers type et un panthéon divin reprenant les dieux de l’Olympe vaguement toilettés à la sauce fantasy, les auteurs ne font pas preuve d’une grande originalité. Avec une intrigue tout à fait linéaire se contentant de narrer la progression des captifs vers une mystérieuse destination, entrecoupée de quelques séquences chez les dieux, on attend la surprise qui ne vient guère qu’en toute fin d’album avec une timide rupture qui laisse la situation en plan juste après cet élément perturbateur qui rappelle le récent Chicken Run 2.
On pourra trouver un intérêt dans le design général et certains éléments de worldbuilding lors de l’itinérance, mais le tout manque tout de même singulièrement de tonus et de mystère (qui permettait à Une soif légitime de vengeance de nous accrocher), faisant de ce premier volume de Sacrifice plus une version adulte des contes classiques qu’un nouveau coup de poing punk de Rick Remender.