Quatrième intégrale de 300 pages de la série Marvel, avec Gerry Duggan au scénario, Ryan Stegman , Carlos Pacheco et Pepe Larraz au dessin. Parution en France chez Panini Comics le 20/09/23 dans la collection Deluxe.
On ne cessera de le répéter, The Uncanny Avengers par Rick Remender est l’un des meilleurs comics consacrés aux Avengers depuis très longtemps. Cependant, après deux volumes, de 2012 à 2015, l’odyssée prévue par Remender se crashe avec la saga AXIS, initialement prévue par l’auteur comme un arc isolé de sa série mais transformé de force en event par l’éditeur. En 2016, c’est le scénariste Gerry Duggan, alors connu pour son long run sur le personnage de Deadpool, qui reprend les rênes de la série, rééditée en intégrale par Panini Comics. Alors, The Uncanny Avengers, de quoi ça parle ?
En 2012, une guerre entre deux des plus puissantes factions du marvelverse s’affrontent, et manquent de ravager la planète: c’est la saga Avengers vs X-Men, qui culmine avec la mort du Professeur X (mais un mutant peut-il vraiment mourir ?) et la résurgence du genre mutant à travers le monde, grâce à l’influence du Phénix, canalisé par la Sorcière Rouge et Hope Summers.
A l’aûne de ces événements, Steve Rogers comprend qu’il n’a jamais vraiment agi de façon significative pour l’intégration des mutants, généralement détestés et craints par la population humaine. Il décide alors de créer la Division Unité, composée d’Avengers et de X-Men, afin de montrer l’exemple probant qu’une collaboration entre Sapiens et mutants est possible pour le bien de tous. Ainsi, il réunit Thor, la Guêpe, Wonder-Man et la Sorcière Rouge pour les Avengers, Wolverine, Malicia, Sunfire et Havok pour les X-men.
Bien évidemment, les choses ne se passent pas comme prévu, et les individualités qui composent le groupe ne parviennent pas à laisser de côté leurs inimitiés suffisamment longtemps pour sauver la planète de menaçent qui, ironiquement, relèvent à la fois des X-men et des Avengers. Leur premier ennemi n’est autre que Crâne Rouge, le nazi ennemi de Captain America. Afin d’imposer son règne, Crâne Rouge a profané la dépouille de Charles Xavier, pour s’emparer de son cerveau télépathe et s’octroyer ses dangereux pouvoirs. Viennent ensuite les Jumeaux de l’Apocalypse, enfants du X-Man déchu Archangel, manipulés par Kang le Conquérant, qui parviennent à provoquer la séparation du groupe, qui sera donc impuissant à stopper la destruction de la Terre et la ravissement des mutants. Ce n’est qu’en s’unissant envers et contre le Temps lui-même que ces étranges Avengers sauveront le monde in extremis.
Voilà pour le petit recap. Pour cette nouvelle version du groupe, un Steve Rogers vieilissant (car privé du sérum du Super Soldat) réunit Malicia, Vif-Argent, Docteur Vaudou, anciens membres de l’Unité, et ajoute la Torche Humaine des Quatre Fantastiques, la nouvelle recrue Synapse et, plus surprenant encore, le sordide Deadpool, afin de créer une alliance humains-mutants-inhumains, pour apaiser encore une fois des tensions après un conflit entre ces trois factions.
Leur première mission est simple: Arrêter Crâne Rouge par tous moyens, et ainsi finir ce que la précédente équipe avait commencé. Mais le groupe aura d’autres urgences à gérer, à commencer par un Inhumain récemment transformé, et qui, persuadé d’être la Vengeance de la Nature, a décidé d’en finir avec les humains. L’alliance est elle seulement possible entre toutes ces personnalités disparates ?
Si on se réfère au thème de la série Uncanny Avengers, à savoir la ruine que provoquent la désunion et les conflits au sein d’un groupe, on peut dire que ce début de série rend une bonne copie.
Le fait, dans le premier arc, d’affronter un adversaire en lien avec le conflit en cours renforce le thème, mais la nature du casting, bien que suffisamment disparate pour justifier l’adjectif « Uncanny », n’engendre pas des conflits à la hauteur de ce que l’on pouvait trouver dans la série originale.
En effet, dans la première Division Unité, nous avions d’importantes tensions entre Malicia, mutante, et la Sorcière Rouge, à cause des événements de House of M. On trouvait aussi une opposition de principe entre Wonder Man, pacifiste, et Wolverine, assassin notoire en quête de rédemption après les événements de Uncanny X-Force. Même Captain America se trouvait en tension face à Havok, à qui il avait confié le commandement de l’équipe, lui qui était peu habitué à recevoir des ordres.
Dans la version Duggan, les conflits semblent moins exarcérbés à mesure que l’intrigue suit son cours. Le point culminant arrive au bout de huit pages, quant Spider-Man décide de décliner l’offre de Rogers à cause de la présence de Deadpool. On a ensuite quelques références au statut de ce dernier en tant qu’Avengers, qui provoque bien un ou deux sourcils levés, mais pas davantage. Il n’y a pas non plus énormément de tension entre les mutants et les Inhumains de l’équipe, alors que les deux peuples sont supposés être en guerre et que de nombreux mutants ont succombé aux Brumes Terrigènes des Inhumains. L’échec évoqué de l’équipe face à leur premier adversaire (mécanique reprise de la première série) ne semble a priori pas dû à une mésentente ni à des inimitiés entre les membres de l’équipe, mais tout simplement à leur manque de synergie, oserais-je dire leur incompétence.
De la même façon, la réussite de l’équipe ne met pas en scène la rédemption de tel ou tel personnage, et ne force pas non plus deux membres qui se détesteraient à collaborer. Ce sont autant d’éléments qui placent cette Union Imparfaite un cran en dessous de la maestria de Remender sur la précédente série.
Il faut également noter que certains épisodes sont consacrés à des événements extérieurs, comme par exemple Avengers-l’Affrontement, ce qui tend à parasiter ou en tous cas à ralentir l’intrigue principale.
La seconde partie de l’intégrale reprend quant à elle une autre mini-série de Rick Remender, Avengers La Rage d’Ultron, et fait intervenir des membres des précédentes Divisions Unité, ce qui a pour effet de mettre au second plan les membres de l’équipe actuelle.
Tout ça n’en fait pas un mauvais début de série, mais pourrait être un bon prétexte pour les lecteurs grincheux tel que votre serviteur pour se consoler en relisant la première série pour la huit-millième fois.
Si les Uncanny Avengers originaux méritent facilement 5 Calvin, on va donc par principe baisser d’un cran et en accorder 4 à cette version (note qui prend en compte la partie graphique), en attendant de lire la suite.