Bonne année à tous!
Quoi de mieux que ce premier janvier pour faire la synthèse de nos meilleurs lectures de l’année écoulée et un bilan du blog et de l’année BD? Pour les plus anciens abonnés vous aurez constaté que 2022 a réduit la rythme en matière de tops de fin d’année, qui étaient certes passionnants à réaliser mais tout à fait chronophages. Idem pour les bilans mensuels qui se sont arrêtés avant l’été. Du coup ce rendez-vous annuel va permettre de parler un peu de ce qu’il s’est passé en BD et sur le blog l’an passé.
Côté sélection, il existe déjà une page des meilleurs albums par année et par genre (bd/comics/manga) qui rassemble les notes de 5 Calvin. Cette sélection « technique » a le mérite d’être accessible facilement, mais ne détaille pas toute une série d’albums qui n’ont pas nécessairement excellé dans tous les domaines mais se sont démarqués particulièrement, que ce soit pour le scénario, la surprise voir la déception. C’est cela que vous trouverez ci-dessous, en espérant que vous y trouverez de beaux rattrapages sans risque.
Étant donnée la concentration de plus en plus forte chaque année des grosses sorties sur les trois derniers mois, certains albums de fin d’année n’auront pu être lus à temps pour intégrer ce top… mais pourront y être intégrés a posteriori. Enfin, ne vous étonnez pas de ne pas trouver toute une série de BD qui feraient l’unanimité de certaines sélections: nous assumons nos partis-pris, notamment graphiques et l’absence d’un Arabe du futur ou de Rochette dans notre top signifient simplement qu’ils ne rentrent pas dans nos critères.
Je voulais finir sur un petit retour concernant la grosse affaire Bastien Vivès qui a tourné il y a quelques semaines au pugilat assez indigne sur les réseaux sociaux notamment. Je ne reviendrais pas sur un aspect inquiétant de débats impossibles sur des questions complexes de responsabilité, de droit, de morale, de communication, qui nécessiteraient de pouvoir discuter de façon argumentée et sans anathèmes. Sur ce blog nous sommes pour le débat, l’échange d’arguments sur un album, un auteur et croyons en l’intelligence collective. Les commentaires sont là pour ça mais aussi les comptes Twitter, Facebook, Instagram. Concernant l’auteur lui-même, nous considérons que comme toujours en art, l’œuvre et la personne ne sont pas toujours assimilables. Nous avons apprécié certains des albums de Vivès pour ce qu’ils sont et considérons que quel que soit le débouché de l’affaire et les suites de la carrière de cet auteur, rien ne justifie d’annuler des créations célébrées à leur sortie. Cette histoire justifierait probablement un billet à part entière qui sera peut-être rédigé une fois la tension retombée car il n’es pas question de prendre des coups ou de transformer ce blog en ring de boxe dans une ambiance hautement inflammable. La meilleure façon de faire avancer des idées pour ou contre c’est la création et nous espérons que des auteurs se pencheront sur les problématiques soulevées par l’affaire dans de futurs albums…
Vous trouverez les billets liés en cliquant sur les images (à quelques exceptions près tous ont une critique). Et comme d’habitude on attend vos réactions, accords et désaccords, oublis honteux etc, en commentaires. En attendant on vous souhaite une très bonne année et plein de découvertes!
- Meilleur scénario:
Les deux dernières années nous ont habitué à voir la sage des 5 Terres revenir faire un coucou dans ce top… malheureusement le bien moins réussi second cycle ne le permet pas. Place donc aux gros one-shot et aux valeurs sures du comic indé comme Tom King, Ram V, l’inévitable Xavier Dorison et le duo qui fait mouche Turconi et Radice.
- Meilleur dessin:
Entre du classique et planches qui sortent du lot, 2022 aura été une année d’un haut niveau. Les orfèvres Opena, Delep et Hanuka sont accompagnés par la technique redoutable de Fabien Bedouel, Jamal Campbell, Ronan Toulhoat ou Dimitri Armand que vous voyez souvent revenir sur le blog. A noter les particions particulièrement inspirées de James Harren sur Ultramega et de Stevan Subic sur son Conan.
- Meilleure édition:
- Meilleur design:
Parfois un design donne un supplément d’âme à un dessin pas forcément impressionnant et habille un univers général en lui donnant corps. C’est ce style qui nous fait pénétrer dans un album et ceux-là sont tous très bons!
- Les plus originales:
Pas forcément le meilleur dessin ni le meilleur scénario, ces BD ont un supplément d’âme en apportant la chose la plus rare: la surprise, l’originalité. Et parfois ça suffit à vous transporter. A noter le sublime récit sans textes du duo Spurrier/Bergara (Coda), l’adaptation littéraires Furioso par le prolifique Philippe Pelaez, l’arrivée du surdoué Puybaret dans l’univers de la BD avec son univers à la Queneau et un Sean Murphy que l’on attendait pas si bon dans sa mise en abyme de la création littéraire.
- Meilleure surprise:
Un mark Millar dans les surprises c’est encore possible? Oui car son King of spies montre que les plus routiniers peuvent sortir de leur zone de confort ou retrouver une inspiration qu’on ne leur connaissait pas. A surveiller de très près l’équipe du Shadow Planet, petit éditeur qui se fait une spécialité de sortir d’excellents comics indé à rythme régulier. Pour son dernier volume (du premier cycle) Ex-arm confirme la surprise rencontrée tout le long sur ce blockbuster imparfait mais qui dégage tant d’envie. Elecboy lui fait partie de ces séries cahotantes qui finissent par nous faire oublier leur qualités immenses (un peu comme le Putain de Salopard de Loisel). Enfin le manga Far East incident, peut-être une des révélations de l’année.
- Plus grosse déception:
De la même manière que les comics indé proposent une qualité créative assez impressionnante et qui dépasse souvent la franco-belge depuis quelques années, les déceptions y sont aussi nombreuses. On trouve donc ici un Millar qui contrebalance King of spies ci-dessus, les 7 secrets de Tom Taylor qui fait pschitt, le très attendu second Isola qui ne décolle toujours pas alors que le second tome de We only find them… se vautre alors que le précédent était un coup de coeur… Le Batman de Jock fait lui les frais de sa présence au BlackLabel qui ne tolère pas l’a peu près et par le buzz qui l’entoure. Quand on est attendu on risque de décevoir…
- Le coup de poing:
Le Saviano pour l’émotion, l’année ou Rushdi est passé à deux doigts de la mort, Res Publica par ce qu’en année électorale il représente un travail documentaire phénoménal sur ce qu’est le macronisme, Klaus Barbie qui nous replonge dans une Histoire incroyable et le Squarzoni parce que la gravité de la crise climatique oblige tout à chacun à se renseigner sur incidence de nos pratiques numériques…
- Le plus délire:
Pas beaucoup de gros délires en 2022 alors on reprend le monstrueux Valhalla Hotel pour sa conclusion, le très provo Scumbag de Remender (qui sait y faire depuis Tokyo Ghost) et enfin le très frais Les Antres.
- Meilleure BD:
Certaines séries reviendront (je pense à la Horde du Contrevent, sans doute la série en cours la plus ambitieuse depuis Servitude ou Saint-Elme partie pour être un fil majeur des prochaines années), des auteurs sont habitués (Radics/Turconi:Le Port des marins perdus), d’autres sont de très belles surprises qui se rejoignent par leur force d’écriture. Foncez c’est du tout bon!
- Meilleur comic:
Comme attendu on retrouve les grandes signatures comic avec l’inévitable Tom King avec pas moins de deux superbes albums (Supergirl et Strange Adventures) et sa capacité à proposer des histoires très accessibles dans des backgrounds codifiés. Sean Murphy confirme qu’il est un des tout meilleurs auteurs complets en plus d’être un scénariste majeur quand Zdarsky et Remender ne nous surprennent plus par leurs qualités. Le dernier des dieux aura réussi le tour de force de proposer un coup de cœur à chacun de ses volumes et il est très surprenant que cette série ne jouisse pas d’une réputation plus affirmée. Les duo Bergara/Suprrier et Young/Corona confirment également leur talent comme à chaque album qu’ils proposent.
- Meilleur manga:
De très belles découvertes cette année avec beaucoup de Ki-oon que je considère comme un des éditeurs manga les plus qualitatifs avec Glénat: l’un propose le très intéressant Clevatess quand l’autre envoie avec Fool night un projet dystopique qui monte en puissance malgré des couvertures atroces et un pitch assez peu accrocheur. Excellente surprise également côté Mangetsu avec la série courts Shigahime (achevée). Eden s’achève en apothéose pour son edition Perfect comme le meilleur manga jamais paru (oui, j’assume) et le tout à fait inattendu Trillion Game réunit le maître oublié Ikegami et le très dynamique scénariste de DR. Stone. Enfin, nouveauté Vega avec Far east incident qui pourrait être une série majeure des prochaines années vu son potentiel et surtout la découverte de cette année, le manga coréen Intraitable qui décrit le combat syndical des employés de Carrefour. Un must-read proposé par le petit éditeur Rue de l’échiquier qui a là une sacrée trouvaille!
- Meilleur jeunesse:
Alexis Nesme revient avec une recette éprouvée mais si réussie sur des Mickey d’aventure. Janardana propose une grande aventure en mode Miyazaki qui est peut-être l’album jeunesse de l’année tant il est réussi, au même titre que les Contrées de l’Elphyne et Wynd qui remplace Voro dans le coeur de Dahaka.