**·Comics·East & West·Nouveau !·Service Presse

We only find them when they’re dead #3: la vie

esat-west
Comic de Al Ewing, Simone Di Meo et Mariasara Miotti (coul.)
Hicomics (2023) – Boom! (2022), 144 p., série achevée en 3 tomes. 
bsic journalism

Merci aux éditions Hicomics pour leur confiance.

Autant le premier tome (nominé deux fois aux Eisner awards) avait bluffé tout le monde autant les multiples ruptures du second avaient perdu du monde. Sur ce troisième (et dernier?) opus, les auteurs reprennent une trame plus linéaire (si je puis dire), plus lisible et plus intéressante en raccrochant les wagons à la question qui nous taraude depuis la chute brutale du volume 1: qui sont ces dieux et que s’est-il passé lors du voyage de Malik?

Appartenant résolument à la catégorie des SF intello (assez proche dans le genre de l’incursion BD de NK. Jemisin sur Far Sector) WOFTWTAD continue de jongler avec ses trames temporelles pour emmener notre cerveau dans un grand looping mental à la fois éreintant et intellectuellement ludique. Un petit conseil: laissez tomber vos marque-pages pour identifier à quelle trame correspond telle année, vous allez vous y perdre. Laissez vous plutôt aller dans cette ambiance electro-numérique vaporeuse et ce récit diablement mené dans l’écriture.

Après les barbouseries diplomatico-terroristes du tome deux, nous voilà projeté quelques années plus tard alors qu’une entreprise a développé à partir du cœur de Malik une IA capable de décoder les souvenirs de l’homme transmuté en Dieu (ça vous rappelle quelqu’un?). Avec un Jason Hauer comme fil conducteur, nous allons suivre ce qui s’apparente à la vraie suite du formidable tome d’ouverture après un intermède qui aurait tout aussi bien pu être un spi-off. En revenant aux personnages d’origine avec un dispositif scénaristique connu mais très efficace du clone chargé de retrouver les souvenirs de l’original, Al Ewing convainc via une écriture tout à fait élégante en alternant un découpage en gauffrier, pleines pages massives et cadrages variés. L’histoire va ainsi nous mener d’une étude psychologique du clone à la Blade Runner à une odyssée en vaisseau en montant un équipage de fortes têtes qui permettra néanmoins de

raccrocher le tome au contexte issu du retour de Malik et décrit précédemment. L’ensemble est donc rythmé, doté de belles séquences d’action qui lorgnent toujours vers l’Animation et bien fourni en personnages au background intéressant. Surtout, il tient partiellement la promesse d’une résolution philosophie sur ce qu’est la Vie en traitant des IA mais aussi d’une vertigineuse exploration temporelle qui touche à la Liberté individuelle et la prédestination… Ce genre de trames SF est toujours frustrante et très compliquée à aboutir sans sombrer dans une épiphanie maladroite ou à l’inverse dans une pirouette spatio-temporelle. WOFTWTAD s’en tire donc avec les honneurs en retombant sur ses pieds (ouf!) et en respectant le cahier des charges.. malgré une chute très surprenante d’autant qu’elle est accompagnée d’un mystérieux « fin du tome 3 » qui pourrait laisser penser à une suite. Or la série est bien (officiellement) terminée outre-atlantique. On optera donc pour une maladresse de l’éditeur français et on pourra aller reprendre la trilogie bien complexe mais qui aura apporté une vraie proposition intelligente dans le comic indé.

note-calvin1
note-calvin1
note-calvin1
note-calvin1
****·Comics·East & West·Nouveau !·Service Presse

Rain

Récit complet tiré de la nouvelle de Joe Hill, adaptée par David M. Booher. Zoe Thorogood au dessin, parution en France chez HiComics le 13/09/23.

Merci aux éditions Hicomics pour leur confiance.

I’m bleeding in the rain, just bleeding in the rain

Honeysuckle Speck va enfin pouvoir être heureuse. Après un an et demi de relation, Yolanda Rusted et Honeysuckle vont enfin pouvoir s’installer à Boulder, Colorado, où le ciel est bleu et la pluie plutôt rare, surtout en ce mois d’août.

Alors qu’elle tue le temps en attendant l’amour de sa vie, Honeysuckle voit le ciel s’assombrir et se zébrer d’éclairs aussi soudains qu’inhabituels. Pendant ses retrouvailles avec Yolanda, se produit un évènement cataclysmique que personne n’aurait pu imaginer: il se met à pleuvoir non pas des gouttes d’eau, mais d’innombrables épines de cristal, acérées comme des lames, qui transpercent de part en part tous les malheureux assez malchanceux pour se trouver à découvert à ce moment-là.

Le chaos causé par cette hécatombe est total, et les averses d’aiguilles se réitèrent, de façon aléatoire. Le phénomène tend même à se propager, puisque des averses mortelles surviennent au-delà du Colorado. Honeysuckle et Yolanda survivront-elles à cette catastrophe tombée du ciel ?

Qu’il le veuille ou non (plutôt non d’ailleurs, étant donné qu’il a publié ses premières œuvres sans révéler son ascendance véritable) Joe Hill devient, au fil des années, le digne successeur de son père, nul autre que Stephen King, le maître contemporain de l’horreur.

Comme lui, Hill a compris qu’une bonne histoire ne dépend pas du contexte, ni du concept, mais plutôt des personnages qui la vivent. Pour mettre ce principe en lumière, il n’hésite pas à nous embarquer caméra à l’épaule aux côtés de sa protagoniste, adoptant son point de vue. Cela permet à l’auteur de développer sa personnalité excentrique et décalée, tout en nous attachant à elle par la même occasion. Le deuil que traverse l’héroïne devient donc aussi le nôtre au fil des pages, poussé par la plume du scénariste.

Bien évidemment, au-delà du personnage central, le concept est tout de même important et suffisamment original pour éveiller et maintenir l’intérêt du lecteur. Sur une intrigue plutôt linéaire façon road-trip, Joe Hill en place avec habileté tous les petits rouages au fil des pages, pour un dernier acte saisissant, qui se paye le luxe d’être malin, triste et dynamique à la fois.

Zoé Thornogood et Chris O’Halloran assurent une partie graphique excellente, non exempte de petits défauts mais suffisamment en phase avec le ton de l’histoire pour que l’album profite de cette synergie. Il est à noter qu’un quart de la pagination de l’album est consacré à une galerie de couvertures de bonne qualité, et qu’une préface de Joe Hill himself ouvre la narration.

En conclusion, Rain est un récit post-apocalyptique qui pourrait aisément se perdre dans un genre déjà pléthorique. Toutefois, la qualité d’écriture de Joe Hill et son sens de la narration bénéficient grandement à l’album.

***·Comics·East & West·Nouveau !·Service Presse

Les Tortues Ninja, TMNT Reborn #1: Renaissance

Relance de la série par Sophie Campbell, parution chez HiComics le 23/08/2023.

Merci aux éditions Hicomics pour leur confiance.

Les Carapaces dans une mauvaise passe

Après une guerre sans merci contre leurs nombreux adversaires, les Tortues Ninja sont pour ainsi dire restées sur le carreau. Malheureusement pour elles, le prix de leur victoire a été bien plus élevé que prévu, mais a également eu des conséquencs sur le reste de la ville.

En effet, Splinter a donné sa vie sur le champ de bataille, et, comme si cela ne suffisait pas, Old Hob, le chef des Mutanimaux, a détonné une bombe de mutagène en plein New York, provoquant la mutation de centaines, voire de milliers d’habitants. Désormais ostracisés, les nouveaux mutants, en plus de vivre parqués dans un ghetto coupé du reste de la ville, doivent aussi s’adapter à leur nouvelle apparence et encaisser le rejet de leurs familles.

C’est en partie le cas de Jennika, fidèle bras droit de Splinter au sein du Clan des Foot, qui est devenue la cinquième Tortue suite à une transfusion de sang réalisée par Donnatelo pour lui sauver la vie. Le reste du clan Hamato ne se porte pas mieux, avec Leo et Mickey qui ruminent la perte de leur père dans une ferme isolée à Northampton, et Raph qui dissimule la douleur de son deuil dans une violence effrontée.

Ce premier tome de TMNT Reborn marque un tournant dans la série, puisque le duo d’auteur Tom Waltz/Kevin Eastman cède sa place à Sophie Campbell, dessinatrice qui avait officié sur plusieurs épisodes de la série. L’autrice reprend donc les rênes en assurant scénario et dessin avec un nouvelle numérotation, mais ne vous y méprenez pas: ce tome n’est pas nécessairement accessible aux nouveaux lecteurs, il n’est pas un point d’entrée privilégié dans la série.

En effet, toute l’histoire repose sur la longue continuité déjà établie ainsi que sur les événements des tomes 18 et 19 de la série précédente. Les lecteurs de longue date n’y verront donc qu’un nouveau chapitre dans la vie de leurs tortues préférées, avec certes l’idée d’un nouveau départ, mais par une remise à zéro comme peut le laisser supposer le titre.

Les dynamiques entre personnages sont conservées, et l’on a également l’occasion de découvrir un nouveau casting de personnages secondaires aux allégeances diverses. Après le diptyque Ville en Guerre fort mouvementé, ce premier tome prend le temps de laisser la poussière retomber et se concentre sur les émotions et le deuil de nos héros à carapace, tout en installant les enjeux futurs. Les combats et les scènes d’action sont donc plus sporadiques, au profit de scènes plus contemplatives et axées sur l’émotion.

Pour terminer, une petite aparté sur un choix éditorial pour le moins curieux, puisque l’album se termine sur un petit récapitulatif des personnages, qui aurait mieux sa place en début d’album afin de permettre aux lecteurs peu ou moins assidus de resituer le contexte.

TMNT Reborn n’est donc pas un point d’entrée pour les lecteurs novices, mais reprend habilement les événements récents pour un nouveau départ tout en subtilité. Pour ceux qui souhaiteraient découvrir l’univers TMNT, notez que les éditions HiComics ont sorti une première intégrale de la série principale cet été.

****·Comics·East & West·Nouveau !·Service Presse

Blue in Green

Histoire complète de 144 pages écrite par Ram V et dessinée par Arnand RK. Parution française assurée par HiComics dès le 16/01/2023.

Merci aux éditions Hicomics pour leur confiance.

Meilleur artiste multimedia 2021.

La salsa du démon

L’an dernier, le scénariste Ram V nous avait bluffé avec Toutes les morts de Laila Starr. Cette fois, il s’associe avec Arnand RK, un artiste indien, pour explorer encore davantage la thématique de la mort et du deuil.

Erik Dieter est un prof de musique, qui a toujours tutoyé la grandeur sans jamais l’atteindre lui-même. Après des années passées à Manhattan loin de sa famille, Erik doit retourner dans sa ville natale pour assister aux funérailles de sa mère Alana, avec laquelle les rapports ont toujours été délétères. Une fois leur mère mise en terre, Erik et sa soeur doivent mettre ses affaires en ordre. Erik s’aventure dans le bureau de cette femme qu’il craignait étant enfant, celle-là même qui refusait qu’il exploite son potentiel pour la musique. Alors que la vielle femme ne s’était jamais montrée si sentimentale, voilà qu’Erik trouve une mystérieuse photo qui attire immédiatement son regard. Le cliché est celui d’un musicien dans la fleur de l’âge dont il ignore l’identité. Qui était cet homme ? Que représentait-il aux yeux d’Alana, au point de taire son existence et d’emporter son nom dans la tombe ?

Erik va se lancer dans une enquête retorse pour retrouver le nom de cet homme. Ses recherches vont lui faire renouer avec son talent mais aussi avec des secrets qu’il valait certainement mieux laisser enfouis.

A première vue, Ram V nous propose une nouvelle enquête d’un protagoniste sur ses origines, avec secrets de famille au menu et supplément quête de soi. Mais il faut bien l’admettre, Ram V sait y faire et va ajouter à cette sauce déjà-vue une âme et coloration particulières. En passant par le prisme de l’horreur et du surnaturel, le scénariste ne se contente pas d’explorer le deuil, il évoque aussi l’héritage et la transmission, à la manière d’Ari Aster dans Hérédité.

L’auteur nous parle aussi de ce que recherche chaque artiste dans sa discipline, des tourments qu’il peut s’infliger pour trouver l’accomplissement dans les arcanes de son art. La musique étant un art exigeant, l’idée d’un pacte faustien n’en est que plus symbolique, même si elle induit que l’inspiration et le génie ne peuvent être dus qu’à de cruelles muses.

Graphiquement, Arnand RK fait des merveilles, son trait renforce l’ambiance vertigineuse et morbide liée à la quête d’Erik Dieter. Ses planches rappellent, tant dans la composition que dans la peinture, celles de Bill Sienkiewicz. La lecture de l’album donne donc l’impression d’une partition hallucinée, une impro de jazz savamment ourdie par des forces obscures.

Blue in Green plaira indubitablement aux amateurs de musique, à ceux qui connaissent le prix de l’excellence, mais aussi aux lecteurs réguliers d’épouvante.

****·Comics·East & West·Nouveau !·Service Presse

TMNT #18: New-York, ville en guerre, 1ere partie

Dix-huitième volume de la série, par Tom Waltz, Kevin Eastman et Dave Wachter. Sortie le 07/12/2022 aux éditions HiComics.

Merci aux éditions Hicomics pour leur confiance.

Peur sur la ville

Dans le tome précédent, les quatre frères ninja faisaient face à la Force de Protection de la Terre, menée par le redoutable et retors Agent Bishop, qui a lancé un assaut d’ampleur sur l’île de Burnow, où étaient réfugiés les derniers Utrom ainsi que les Tricératons et les Mutanimaux. Bishop disposait alors d’un atout de taille, à savoir le contrôle total du mutant Slash, ami des Tortues et membre des Mutanimaux.

Après une bataille sans merci, Slash s’est sacrifié pour sauver ses amis, dans un dernier moment de lucidité. La poussière étant à peine retombée, il est temps pour les mutants et leurs alliés de panser leurs plaies et d’entamer le deuil de leur ami. Mais le répit est un luxe que les braves ne peuvent s’accorder, surtout avec des ennemis de la trempe de Bishop.

Pourtant, un calme relatif règne à New York, surtout depuis que Maître Splinter a repris les rênes du Clan Foot. Loin de la tyrannie sanguinaire de Shredder, Splinter a su imposer un status quo en négociant avec les clans mafieux et le crime organisé, usant d’intimidation tout en limitant au maximum le recours à la violence.

Malheureusement pour nos héros, Oroku Karai, la petite-fille de Shredder, revient réclamer son dû, à savoir le contrôle du Clan Foot. La tenir à distance ne sera pas chose aisée, surtout que les TMNT doivent toujours gérer la menace de la FPT, et de bien d’autres ennemis qui trament leurs propres machinations dans l’ombre. Seront-ils de taille face à cet ultime défi ?

Que dire, si ce n’est que la tension monte crescendo dans ce 18e volume de TMNT. Après une bataille épique contre la FPT, voilà que toutes les lignes convergent vers les quatre frères mutants, qui doivent se battre sur plusieurs fronts à la fois. La guerre entre Karai et Splinter pour le contrôle des Foot est le noeud central de l’intrigue, à quoi vient s’ajouter le conflit contre Bishop, ce qui donne un rythme effréné et des situations de plus en plus tendues.

Les combats et les courses-poursuites désespérées pour sauver des amis n’empêchent pas la caractérisation des personnages de se poursuivre, on sent bien l’implication des auteurs dans le devenir de leurs petits poulains mutants. Attention toutefois, il est conseillé, pour apprécier cet arc final de la série, d’avoir une connaissance sinon intégrale, du moins suffisamment fournie du reste de la série, sous peine de se sentir un tant soit peu perdu. Vous serez prévenus !

***·Comics·East & West·Nouveau !·Service Presse

The Last Ronin

Histoire complète en 224 pages, issue de l’univers TMNT. Au scénario, Kevin Eastman et Peter Laird, accompagnés de Tom Waltz. Parution aux éditons HiComics le 16/11/22.

Merci aux éditions Hicomics pour leur confiance.

Bad Future

Les liens qui unissent les clans Hamato et Oroku sont des liens de haine, de vengeance, et de trahisons, des liens qui perdurent après la mort. Après le meurtre de Hamato Yoshi et de ses quatres fils par Oroku Saki et le Clan Foot lors d’une lutte intestine en plein Japon féodal, le vieux maître et ses enfants sont réincarnés des siècles plus tard, au XXIe siècle à New York, en un rat et quatre tortues.

Ces animaux en apparence inoffensifs sont ensuite capturés et utilisés comme cobayes par Baxter Stockman, qui teste sur eux les propriétés étonnantes du Mutagène. Un accident de laboratoire plus tard, et voilà nos héros transformés en Splinter, et ses quatre disciples tortues, Léonardo, Raphael, Donatello et Michelangelo. Leurs aventures les ont opposés à la résurgence d’Oroku Saki, alias Shredder, ainsi qu’aux ninjas du clan Foot, mais également à des mutants en tous genres et des aliens venus d’autres dimensions. Mais comment finira ce combat acharné contre le mal ? Et jusqu’où ira la vendetta entre les Hamato et les Oroku ?

C’est la réponse que The Last Ronin tente de nous apporter, en nous transportant dans un des futurs possibles de la franchise. Le Clan Hamato a été décimé par les multiples combats auxquels ils ont du faire face, seule une des Tortues poursuit encore la croisade contre les Foot. Mais que peut faire le dernier Ronind face à tous ces ennemis ?

Au départ, l’identité du dernier survivant de notre quatuor préféré nous est inconnu. Muni d’un bandeau noir et des quatres armes signatures, il parle épisodiquement avec les fantômes de ses frères, qui sont conservés en hors-champ ou eux aussi munis de bandeaux noirs, de sorte qu’on ne peut les distinguer. L’album s’ouvre sur une mission suicide, un raid désespéré contre le quartier général des Foot, désormais dirigés par Oroku Hiroto, le petit-fils de Shredder. Après un premier échec cuisant, notre dernier Ronin va découvrir une ville qu’il n’avait pas arpentée depuis des décennies, et retrouver le peu d’alliés qui lui restent.

La première chose à savoir sur The Last Ronin, c’est que cette histoire était prévue par Kévin Eastman et Peter Laird, les créateurs des Tortues, à l’époque où leurs aventures débutaient chez Mirage Comics (ça date!). Il s’inspire donc du ton d’origine de la série, qui, sous ses airs de parodie des travaux de Frank Miller, avait un fond plutôt sombre. Ici, l’ambiance est crépusculaire et ne manquera pas de rappeler The Dark Knight Returns du fameux Miller, avec des éléments dystopiques et un ton désespéré.

Ce saut dans le temps nous plonge dans un univers déprimant en nous montrant, chapitre par chapitre, les tragédies qui ont frappé les héros, et, pour certains d’entre eux, la vacuité de leurs sacrifice, ce qui ajoute encore à l’amertume du scénario. Le choix du survivant parmis les Tortues, selon le point de vue que l’on adopte, peut être soit surprenant, soit inévitable, au vu de leurs personnalités bien distinctes.

Entre les flash-backs (qui reprennent le style initial des TMNT) et les bastons épiques et sanglantes, les auteurs glissent une réflexion bien amenée sur la vengeance et le deuil, sans oublier la famille de choix que l’on s’érige au travers des épreuves.

Considérée indépendamment de la série en cours (chez IDW aux US, chez HiComics en France), cet album est donc une vraie réussite, qui nécessite certes de connaître l’univers des TMNT, ou du moins ses personnages principaux, mais qui n’exige pas une connaisance étendue de toute la continuité de la série, qui d’ailleurs n’est pas respectée à la lettre. Ce Last Ronin est donc une sorte de What If ?, plus sombre et amer que la série principale, mais qui a le mérite de toucher du doigt l’esprit initial de la franchise.

***·Comics·East & West·Nouveau !·Service Presse

TMNT Micro-Séries: Villains

Anthologie comprenant huit histoires courtes liées à la série Teenage Mutants Ninja Turtles d’IDW Publishing. Publication française assurée par HiComics le 19/10/2022.

Merci aux éditions Hicomics pour leur confiance.

History of violence

C’est bien connu, on mesure la grandeur d’un héros à l’aune des dangers qu’il affronte. Et c’est d’autant plus vrai pour les Tortues Ninja, qui font face à pléthore d’individus peu fréquentables pour protéger New York, et parfois le monde, de dangers mortels. Après 17 tomes d’affrontements et de guerres en tous genres, il était temps de s’intéresser à certains des plus farouches adversaires de nos reptiles mutants.

Parmi les personnages ayant droit à un spotlight dans ce numéro spécial, on trouve bien sûr Shredder, mais aussi Bebop et Rocksteady, Karai, Alopex, Krang, bien évidemment, et d’autres moins connus tels que Hun, Old Hob ou Baxter Stockman.

Shredder, le maître cruel et incontesté du Clan Foot, est mort il y a des siècles, avant d’être ressuscité à l’ère moderne par sa descendante Karai. Mais où était-il durant tout ce temps ? En Enfer, où il a du se battre à chaque seconde pour ne pas être englouti dans les flammes ardentes de l’oubli et de la rétribution.

Bebop et Rocksteady, quant à eux, sont deux malfrats décérébrés et maladroits que le clan va transformer en redoutables mutants. Quand on a le pouvoir mais pas la jugeotte pour s’en servir, il n’y a qu’à bien se tenir. Krang, quant à lui, est un conquérant interdimensionnel qui n’a de considération que pour son désir de conquête. Mais comment en est-il arrivé là ? Et si ses souhaits de domination étaient avant tout… un désir de reconnaissance ?

Il en va de même pour Baxter Stockman, le génie scientifique contraint de travailler pour Krang. Comment tirera-t-il son épingle du jeu, et qui lui a inculqué cette soif de vaincre ? Old Hob est un vieil ennemi des Tortues et de Splinter, mais il a plus en commun avec eux qu’il ne le pense. La jeune Karai cherche à laisser son empreinte dans l’histoire du clan foot. Mais pour assurer l’avenir, elle va devoir se replonger dans le passé. Même chose pour Hun, qui n’accepte pas le déclin et refuse de rester sur la touche, raison pour laquelle il va se compromettre avec les Foot.

Ce hors-série nous montre, chapitre après chapitre, une facette inédite des adversaires des TMNT. Perspective rafraichissante, qui permet d’en apprendre plus sur un certain nombre d’ennemis parfois laissés de coté. Les histoires courtes, rapides à lire, s’intercalent entre certains numéros de la série, indiqués en fin de chaque chapitre pour plus de lisibilité, la continuité étant désormais telle qu’il peut être ardu de s’y retrouver.

L’aspect anthologique reste appréciable, même si certaines histoires revêtent un intérêt mitigé par rapport à d’autres. Il est à noter que le passage sur Shredder sera extrapolé en fin d’année dans le one-shot Shredder in Hell.

Ce hors-série TMNT sera donc réservé aux fans complétistes de la série, qui ont à cœur d’approfondir leurs connaissances de son univers foisonnant.

***·Comics·East & West·Nouveau !·Service Presse

The Cape: Fallen

Dernier volume tiré de la nouvelle éponyme de Joe Hill et dessiné par Zach Howard, parution chez Hicomics le 24/08/22.

Trois jours à tuer

Si vous connaissez Eric Chase, alors vous connaissez son sordide destin, influencé par la cape magique qui lui octroie le pouvoir de voler. Après une jeunesse marquée par un grave accident, Eric mène une vie morne marquée par l’immobilisme et l’alcool. Comme de nombreux autres avant lui, Eric va trouver les causes de sa médiocrité dans des causes externes, à savoir son accident, bien sûr, mais aussi son frère, à qui il se compare sans cesse, ou encore Angie, sa petite amie, et enfin sa mère.

Lorsque Angie met fin à leur relation, Eric retourne chez sa mère et retrouve par hasard sa cape fétiche, celle avec laquelle il fit la chute qui bouleversa sa vie. En enfilant le bout de tissu rabougri par les années, Eric découvre son véritable pouvoir: la cape donne à celui qui la porte le pouvoir de voler !

Mû par ces nouvelles opportunités, Eric en profite non pas pour devenir une meilleure version de lui-même, mais au contraire, pour laisser s’exprimer ses impulsions les plus noires. Impossible d’en dire davantage sans spoiler, mais on peut d’ores et déjà faire confiance ) Joe Hill pour nous faire frissonner.

Après le premier tome de The Cape, est sorti The Cape 1969, qui comptait les mésaventures du père d’Eric au Viêt Nam. Cette partie donnait un début d’explication au pouvoir de la cape éponyme, mais demeurait dispensable dans l’ensemble. En revanche, l’histoire principale comportait une zone d’ombre, un laps de temps durant la descente aux enfers d’Eric qui demeurait secret. Et bien, Fallen se charge de nous narrer le déroulement de ces trois jours inconnus.

Après un premier évènement tragique causé par l’homme volant, ce dernier prend la fuite pour se réfugier dans un endroit familier, une cabane où son père l’emmenait passer du temps lorsqu’il était petit. Mais à sa grande surprise, l’endroit est occupé par un groupe de rôlistes, amateurs de jeux de rôle grandeur nature. Ces derniers, excités à l’idée d’accueillir un nouveau joueur, ne se doutent pas qu’ils viennent d’inviter dans leur partie la personnification du mot problèmes.

Hill poursuit l’exploration des recoins sombres de la figure anti-héroïque avec Fallen, en nous montrant comment Eric, alors qu’il se voit présenter une chance de se racheter et de réfléchir à l’horreur de ses actes, franchit une nouvelle fois le Rubicon en cédant à ses tendances homicidaires. Car ne vous y trompez pas, si The Cape était une déconstruction de l’origin story des super-héros, alors Fallen est immanquablement un slasher. Le groupe d’innocents, avec le geek, le sportif, l’empotée, l’ingénue et la final girl, la cabane isolée et les meurtres au compte-gouttes, le cadre est rapidement posé et bien exécuté.

L’intrigue ne s’éternise pas et se parcourt rapidement pour un final gore flirtant avec le grotesque, afin de ne pas disperser l’intérêt du lecteur pour ensuite le choquer avec des mises à morts cruelles et inhabituelles comme on les aime. Bien évidemment, la lecture de Fallen n’aura d’intérêt que pour ceux qui ont lu et apprécié The Cape, à bon entendeur.

***·Comics·East & West·Nouveau !·Service Presse

TMNT #17: Lignes de front

Poursuite de la série avec Kévin Eastman et Tom Waltz au scénario, Dave Wachter et Michael Dialynas sur la partie graphique. Sortie le 06/07/22 chez Hicomics.

Merci aux éditions Hicomics pour leur confiance.

Lard de la guerre

Depuis la fin des conflits contre les Tricératons, redoutables combattants issus de manipulations génétiques commises par les Utroms sur des dinosaures, la poussière retombe sur New York. Mais ce n’est pas pour autant que les Tortues Ninja auront le loisir de se reposer !

En effet, alors que l’île de Burnow, qui accueillait jusque-là les réfugiés Utroms, devient également le refuge des Tricératons survivants, l’infatigable Agent Bishop lance un assaut de taille avec toutes les forces de la FPT afin d’éradiquer ce qu’il considère comme une menace. Comme on l’a vu dans les précédents tomes, l’atout principal de Bishop n’est pas l’ensemble des troupes de son organisation, mais le contrôle total qu’il exerce sur Slash, un puissant mutant-tortue capable de faire des ravages dans les rangs extraterrestres.

Soucieux de préserver la paix et de sauver leur ami Slash, les tortues tiennent la ligne de front, ce qui va les pousser à une curieuse alliance avec les Utroms… Comme on dit, « l’ennemi de mon ennemi est mon ami » !

La série TMNT en est déjà à son 17e tome, ce qui démontre une longévité certaine et donc, un savoir-faire de la part des auteurs. Alors que l’on pouvait craindre un redondance, il s’avère au contraire que les auteurs en ont encore suffisamment sous le capot pour poursuivre les aventures du quatuor reptilien sans que l’on ait une impression de déjà-vu. A première vue, cela est du à la richesse du casting et la multiplicité des factions, qui permettent des combinaisons variées en terme de conflits.

Dans ce tome, le passé mystérieux de l’agent Bishop sera exploré via plusieurs flashbacks, ce qui redonne de l’intérêt à cet antagoniste qui est une épine dans le pied de nos héros depuis un long moment déjà. S’agissant de l’intrigue en elle-même, on pourrait dire que l’on est plutôt sur de la « macro-écriture », puisque le sujet principal est la guerre entre les différents camps, ce qui laisse un peu de côté les interactions entre les quatre frères pour le moment.

Sans spoiler, cette guerre aura certaines conséquences dramatiques, les fans devront donc s’accrocher à leur siège à la lecture de ce tome. L’album se termine par un épisode intermédiaire qui reprend la fameuse formule du Chant de Noël de Charles Dickens (dommage que l’on soit en été), et qui met Splinter, le mentor des Tortues, en lumière le temps de l’épisode. Intéressant pour approfondir un peu le père aimant qu’a toujours été Splinter, mais pas indispensable dans le contexte de l’album.

Graphiquement, Dave Wachter s’en sort vraiment très bien, notamment dans les nombreuses pages d’action que comptent cet album. La série maintient donc son rythme et continue de proposer une intrigue engageante et dynamique.

***·Comics·East & West·Nouveau !·Service Presse

The Cape 1969

Préquel de la mini-série écrite par Joe Hill et dessiné par Zach Howard. Parution le 06/07/2022 aux éditions HiComics.

Merci aux éditions Hicomics pour leur confiance.

Changement de cape

Eric Chase s’est tristement illustré lors de la série de meurtres qu’il a commise alors qu’il était en possession d’une cape magique octroyant le pouvoir de voler. Ce que l’on ignorait, en revanche, c’est la provenance de ce pouvoir. Comment la cape d’Eric, cousue de l’écusson militaire de son père, pouvait-elle lui permettre de défier la gravité ? C’est ce que l’on va découvrir dans The Cape 1969 !

L’histoire se déroule en pleine guerre du Viêt-Nam. Le capitaine Chase, dont la spécialité est l’évacuation sanitaire par hélicoptère, se retrouve bloqué dans la jungle après un crash. Prisonnier des combattants Viêt-Cong, Chase va être torturé, et fera la rencontre d’un être étrange qui va lui faire don du pouvoir de voler. Commencera alors pour le capitaine Chase une descente aux enfers mâtinée de vengeance, qui ne laissera personne indemne.

Si The Cape pouvait être vu comme une déconstruction du genre super-héroïque, nous sommes plutôt ici sur un récit de guerre et de vengeance, supposé expliquer les évènements du premier opus. L’auteur ne fournit que partiellement l’explication sur les origines du pouvoir de la cape éponyme, et préfère se concentrer sur le basculement du protagoniste dans l’ultra-violence.

La structure du récit tient dans un mouchoir de poche (Chase est abattu dans la jungle-il est capturé-rencontre ses méchants geôliers puis le sorcier-il vole-il se venge de ses geôliers), ce qui donne un peu à l’ensemble un aspect surcoté. Certes, le pitch de départ (un homme corrompu moralement obtient un pouvoir qui le rend dangereux, par opposition à la figure classique du super-héros où un homme bon voit ses qualités décuplées par le pouvoir qu’il obtient) est intéressant et permet un récit cynique et sans concession sur la nature humaine, mais ce prequel-ci en particulier n’apporte pas grand-chose à l’édifice, si ce n’est, éventuellement, l’idée que c’est le pouvoir de voler-qui sera plus tard lié à la cape-qui pousse ses possesseurs vers la folie, et pas une décrépitude morale interne.

L’ensemble n’est pas déplaisant mais peut se lire rapidement -voire se survoler– sans révolutionner le genre ni apporter de nouvelle perspective à l’œuvre originale.