****·East & West·Manga·Rapidos·Service Presse

Tsugumi project #6

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Manga de Ippatu
Ki-oon (2023) – 192p./volume, 6/7 tomes parus.

 image-5Merci aux éditions Ki-oon pour leur confiance.

En ressortant du centre de recherches dont les trouvailles vont permettre à l’érudite Tama de comprendre le destin du Japon post-apocalyptique l’équipée est mal en point: Léon gravement irradié, Dudu blessé, voilà l’armée du fourbe Omoikane qui fond sur eux, accompagnés des deux gigantesques monstres Gongen et L’Egaré! Une formidable bataille s’engage…

A l’approche de la fin de la série (l’auteur confirme sur ce tome que le septième sera le dernier) on sent que Ippatu est en pleine ferveur pour son monde dont il déroule l’histoire avec de plus en plus de fluidité et de facilité. Il est un peu triste de se dire qu’après quatre tomes de mise en place progressive et par moment assez contemplatives sur le début, l’action se précipite de cette manière comme pour rattraper le temps perdu.

Car ce sixième volume d’une des toutes meilleures séries de l’éditeur est un concentré d’action de bout en bout qui arrive à proposer de furieuses séquences de bataille entrecoupées d’un design de créatures et de décors totalement fou sans oublier de nous faire franchement rire avec ces intrusions de cartoon absurdes aux visages grotesques et aux vannes très bien traduites. Le traitement se simplifie pour évoluer vers un esprit shonen. On notera que l’auteur semble avoir fait le tour de son histoire à la fin du volume, l’intrigue se hachant par des retours et révélations un peu brutalement envoyés et quelques séquences qui si elles sont très sympathiques ressemblent presque à des bonus. Car une fois refermé le tome on nous aura expliqué très simplement l’ensemble des mystères et de l’origine des personnages, ce qui leste un confortable dernier volume pour refermer joliment cette odyssée d’une grande originalité.

Marquant des points sur tous les plans, ce tome est donc un coup de cour… qui frôle les cinq Calvin en raison d’un problème éditorial déjà soulevé mais qui saute ici aux yeux: l’auteur travaillant manifestement en numérique sur de très grands formats permettant une finesse de trait et de décors sidérante, on s’arrache littéralement les yeux de frustration sur ce format manga classique. C’est assez incompréhensible car Ki-oon propose plusieurs formats dans ses collections (récemment sur Leviathan ou Soloist in a cage) et sait innover comme sur l’exceptionnelle collection Lovecraft. Un gros manque de clairvoyance qui justifierait absolument une édition Deluxe une fois la série terminée et que la très grande qualité de Tsugumi project mériterait amplement comme mise en avant.

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Little Monsters #1

Premier tome de 150 pages, d’une série écrite par Jeff Lemire et dessinée par Dustin Nguyen. Parution en France chez Urban Comics, collection Indies, le 07/04/2023.

Merci aux éditions Urban pour leur confiance.

The Walking Djeun’s

Dans les ruines désertes d’une cité, erre un groupe d’enfants livrés à eux-mêmes. Billy, Romie, Yui, Lucas, Bats, Ronnie et Raymond évoluent dans ces vestiges d’humanité depuis bien plus longtemps qu’il ne sauraient se souvenir. Laissés là par leurs mentors avec pour instruction de ne pas quitter la ville, le groupe de jeunes survit tant bien que mal, sans se départir pour autant de l’insouciance propre à la jeunesse.

Seulement voilà, nos petits survivants n’attendent pas depuis quelques semaines ni quelques mois. Il sont là depuis des décennies, voire des siècles, sans avoir besoin de manger, de boire, et sans vieillir d’une seule journée. Ce ne sont rien de moins que des immortels, et pas de n’importe quel genre: des vampires, qui doivent se cacher le jour et vivre la nuit.

Se nourrissant de sang d’animaux errants et de rats, les enfants occupent chacun à leur façon cette étrange éternité, privés de repères moraux et sociétaux. Un jour, cependant, leur solitude est brisée lorsqu’ils croisent un humain, bien vivant. Cette rencontre fortuite bouscule tout ce qu’ils croyaient savoir et tout ce que leurs mentors leur avaient prétendu. Si l’Humanité n’a pas complètement disparu, alors que faire ? Continuer de se cacher dans la ville ou explorer le vaste monde ?

Bien vite, un autre problème vient s’ajouter à ces questionnements. Si les humains existent encore, nos jeunes vampires peuvent-ils céder à leur soif de sang ou s’en tenir éloignés ? Ce débat moral se règle malheureusement bien assez vite, provoquant un schisme au sein du groupe, entre ceux qui veulent reprendre leur place au sommet de la chaîne alimentaire et ceux qui souhaitent épargner les survivants.

En lisant l’Etagère Imaginaire, vous avez surement entendu parler du prolifique auteur canadien Jeff Lemire à l’occasion de Descender, Extraordinary X-Men, Valiant, Bloodshot, Sentient, Sentry, Black Hammer, ou plus récemment Primordial. Il est également l’auteur d’autres séries phares comme Ascender, Sweet Tooth, Moon Knight ou Gideon Falls.

L’auteur est donc plutôt touche-à-tout, puisqu’il est capable d’explorer des genres aussi divers que les super-héros, la SF, ou l’épouvante, en conservant toujours la qualité de sa narration. Malgré cet éclectisme, on peut néanmoins deviner des thématiques récurrentes, parmi lesquelles la jeunesse. Lemire aime en effet mettre en scène des personnages jeunes, comme on peut le voir dans Descender, Sentient ou encore Sweet Tooth, et on peut dire qu’il se fait plaisir ici avec un casting entièrement constitué d’enfants ou de pré-adolescents. Le twist ici c’est que ses jeunes n’en sont pas vraiment, puisqu’on découvre assez vite qu’ils sont immortels et qu’ils errent dans ces ruines depuis très longtemps.

Le scénariste confronte donc l’innocence propre à la jeunesse, aux affres d’un monde post-apocalyptique, en jouant sur le paradoxe entre enfance et éternité. Si l’on réduit l’intrigue à sa substantifique moelle, à savoir un groupe d’enfants livrés à eux-mêmes dans un monde absenté par toutes les figures morales d’autorité, on pense inévitablement au parangon du genre, Sa Majesté des Mouches, notamment avec les deux factions qui se rassemblent autour du personnage responsable et autour du rebelle.

Ce premier tome ne constitue encore qu’une entrée en matière, l’étude complexe de caractères que l’on est en droit d’exiger d’un auteur comme Lemire devra certainement attendre le second volume. Le début est néanmoins accrocheur, notamment grâce à la narration décompressée et au dessin de Dustin Nguyen. qui opte pour une bichromie en phase avec le thème post-apocalyptique.

A ce stade, l’auteur initie donc des pistes intéressantes quant à son univers, et devra apporter certaines réponses afin de l’étoffer (notamment le lien entre les vampires et la catastrophe, et le sort des survivants, sans oublier celui des mentors).

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Plastok #1: L’empoisonnement

Premier tome de 72 planches de la série co-écrite par Maud Michel et Nicolas Signarbieux, dessinée par Nicolas Signabieux. Parution aux éditions Glénat le 15/02/2023.

Le plastique c’est fantastique

C’est bien connu, le genre humain tire sa prévalence et sa longévité d’une confiance-en-soi absolue. « Après nous, le Déluge ! » affirmaient justement deux de nos références en terme d’absolutisme. Et bien, non, figurez-vous que ce bon vieux Louis XV et Madame de Pompadour avaient tort. Après nous, le Plastique !

Longtemps après la mort du dernier représentant du genre Homo, subsisteront sur Terre une trace de notre passage. Je ne parle pas ici des bâtiments, des routes, ou des centrales nucléaires, mais d’une matière en apparence plus anodine, qui pourtant restera le seul témoignage de notre passage: le Plastok.

Le Plastok, c’est le nom donné à la matière divine, du point de vue des insectes qui ont survécu à la catastrophe qui a balayé le genre humain. Pour eux, les humains étaient des « dieux géants », aux motivations obscures. Autour de ces figures terrifiantes, une religion est née parmi les insectes, la « foi humanos », qui s’articule autour d’une prophétie messianique. Le ministère du culte est géré par une grande prétresse, sélectionnée parmi les coccinelles. Anasta CXV, la Grande prestresse actuelle, est vieillissante et sur le point de désigner celle qui lui succèdera parmi ses étudiantes. Bug, quant à lui, se contente de servir Anasta, considérant sa condition de puceron. Mais son quotidien servile sera bouleversé lorsque, au moment d’annoncer son successeur, Anasta est empoisonnée. Bug est accusé, et toutes les preuves sont contre lui. Comment s’en sortira le jeune puceron ? Et plus important, que fera-t-il du secret que lui a confié Anasta avant de succomber ?

Plastok nous plonge dans un univers d’insectes anthopomorphisés, comme le faisaient Fourmiz et 1001 Pattes. Utiliser des animaux anthropomorphes dans un récit est, par nature, un façon de se distancier des travers humains et de les dénoncer. Des Fables de La Fontaine à la Ferme des Animaux, en passant par les films d’animation susmentionnés, prêter des caractéristiques humaines et des défauts à des bêtes a toujours permis de s’en moquer. Dans cet album, les auteurs utilisent des thématiques écologiques et renversent les perspectives pour traiter de la ferveur religieuse et des intrigues qu’elle a générées au cours de notre histoire.

Il est intéressant d’ajouter à cette thématique un soupçon d’horreur cosmique, en commençant par déplacer le curseur. Si dans les histoires de Lovecraft, l’humain est peu de choses face à des créatures géantes issues des profondeurs du cosmos dont il ne peut saisir la magnitude ni les motivations, que représente alors l’humain pour des créatures minuscules, dont la compréhension du monde est si différente de la notre ?

Bien évidemment, ce premier tome ne peut s’éloigner de sa prémisse, car qui dit insectes dit également société hiérarchisée et division des tâches, ce qui, dans le cadre d’un récit contenant nécessairement un arc narratif pour son protagoniste, amène obligatoirement l’idée de déterminisme et de destinée (peut-on déroger à notre place dans le collectif ? peut-on s’élever dans la société en franchissant les barrières ?).

Le déroulé de l’ensemble reste classique et calqué sur les modèles du récit d’aventures, ainsi que celui du « héros injustement accusé qui doit s’innocenter ». On passe donc par la case « évasion spectaculaire », puis « rencontre avec un allié inattendu » et ainsi de suite.

Malgré cet aspect classique, le pitch est suffisamment intéressant pour donner envie de lire la suite, pour voir les secrets de ce monde révélés et le personnage principal sortir de son cocon, sans mauvais jeu de mot.

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The Nice House on the Lake #2

Deuxième tome de 190 pages, de la série de James Tynion IV et Alvaro Martinez Bueno. Parution chez Urban Comics dans la collection Black Label le 31/03/23.

Merci aux éditions Urban pour leur confiance.

Les copains d’abord

La présente chronique risque de vous gâcher le plaisir de lecture si vous n’avez pas lu le premier tome. SPOILER A L’HORIZON !

Dans le premier tome, nous faisions la connaissance de Walter, trentenaire dévoué qui emmenait ses amis en villégiature dans une sublime propriété au bord d’un lac dans le Wisconsin, avec quelques règles maisons dont il a le secret. Ainsi, Rick est le Pianiste, Naya la Médecin, Sarah la Consultante, Arturo l’Acupuncteur, Sam le Reporter, Véronica la Scientifique, Molly la Comptable, David le Comique, Norah l’Autrice; et Ryan l’Artiste.

Bien vite, les vacances de rêve prennent une tournure cauchemardesque lorsque Walter révèle sa vraie nature: il n’est pas humain, et appartient à une civilisation extraterrestre dont le but est l’extermination de la vie sur Terre. Cependant, Walter avait pour mission de préserver un échantillon représentatif du genre humain, afin que ses supérieurs puissent juger de la valeur de notre espèce. Après des années vécues dans la peau d’un humain, ce sont ces dix personnes aux personnalités et aux rôles disparates que Walter a décidé de sauver de l’apocalypse.

Nos rescapés apprennent donc la terrible nouvelle: partout sur la planète, les flammes ravagent les villes et consument les gens, sans faire de distinction. Piégés dans cet endroit idyllique où tous leurs besoins et désirs peuvent être comblés, nos héros encaissent le choc de la nouvelle et se posent bien vite une question cruciale: doivent-ils se résigner à leur sort, victimes malgré eux de la bienveillance de Walter, où chercher un moyen de s’échapper ?

Le premier tome de TNHOTL était un coup de coeur immédiat, confirmé par ce second tome. L’écriture inventive de James Tynion IV permet de créer des situations originales et des rebondissements accrocheurs qui ne sont pas visibles à plusieurs kilomètres. Malgré la multiplicité des personnages, il demeure facile de s’y attacher, chacun d’entre eux ayant une personnalité distincte et reconnaissable. L’auteur a choisi un format plutôt singulier pour chacun de ses douze chapitres, qui s’ouvrent sur un flash-forward d’un futur apocalyptique (possiblement les ruines de la Maison) dans lequel un des personnages brise la quatrième mur pour nous narrer sa première rencontre avec Walter, avant de basculer sur un flash-back montrant un moment significatif du personnage avec Walter. Ce paradigme est finalement renversé dans le dernier chapitre, pour une raison qui apparaîtra à la lecture.

L’écriture est telle qu’il s’avèrest plutôt difficile de ne pas ressentir d’empathie envers le personnage de Walter malgré son statut d’antagoniste. Sincère dans ses émotions mais contraint de faire des choses qu’il réprouve, on le sent partagé entre son affection pour ses amis et l’inéluctabilité des actions entreprises par son espèce, ce qui renforce sa profondeur. Lors des flash-back, l’ironie dramatique bat son plein car chaque mot, chaque attitude de Walter peut prendre un double-sens et nous éclairer sur son dilemme.

La fin de ce second volume augure cependant un autre cycle, avec de nouveaux enjeux dramatiques et des perspectives de narration plus qu’intéressantes. Côté graphique, Alvaro Martinez Bueno nous cause encore une fois un décollement de rétine, son talent étant encore accentué par la mise en couleur tranchée de Jordie Bellaire.

The Nice House on the Lake est résolument une des meilleures séries de ce début d’année, à lire sans hésiter !

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Les Sauroctones #3

Troisième et dernier volume de la série écrite par Erwann Surcouf. Parution le 27/01/2023 chez Dargaud.

From zeroes to heroes

Voici la fin des aventures de Jan, Zone et Urtsi, chasseurs de monstres dans un monde post-apocalyptique, débutées en 2020 et poursuivies en 2021. Après un cataclysme non spécifié, la civilisation a du se reconstruire comme elle a pu sur les ruines de l’ancien monde. Beaucoup de savoirs et de connaissances se sont perdus dans le processus, mais il faut dire que les survivants ont aussi d’autres préoccupations, comme par exemple les bestioles géantes qui dévorent tous les malheureux qui osent croiser leur chemin.

Comme dans les mythes fondateurs, de valeureux héros se dressent contre ces prédateurs mutants, des guerriers sans peur et sans reproches (et au fort taux de mortalité) que l’on nomme des Sauroctones. Révérés dans toutes les villes où ils passent, ces chasseurs de monstres font l’objet d’un culte, avec des colporteurs qui se chargent de diffuser leurs légendes. Zone, Jan et Urtsi sont trois jeunes aspirants sauroctones, qui décident de faire équipe afin de se faire un nom dans le métier, attirés par la notoriété.

Après une entrée en matière rocambolesque durant laquelle ils ne doivent leur survie qu’à un hasardeux mélange entre chance pure et audace incertaine, les trois adolescents constatent que leur légende prend forme. Baptisée le Trio Fantastico, la troupe, qui gonfle quelque peu ses exploits, parvient tout de même à terrasser le terrifiant Tamarro, tout en gardant à l’oeil leur objectif principal, à savoir rejoindre la mythique Fusée qui les emmènera sur une lointaine et idyllique planète.

Depuis le début de la série, Erwann Surcouf nous embarque dans un univers foisonnant, empli de mutants, de bestioles féroces, de sectes post-apocalyptiques, le tout saupoudré de références à la pop-culture et d’un humour potache mais-qui-n’oublie-pas-d’être-subtil. Il faut avouer que le gros du travail de l’auteur est déjà fait, car il est parvenu à ravir l’intérêt des lecteurs grâce à ses personnages attachants, qui se débattent dans un monde où tout peut arriver.

Le seul regret que l’on peut avoir ici est que ce tome est le dernier de la série, même si l’auteur ne s’interdit rien grâce à sa fin plutôt ouverte. Tout ce qui fait le sel des Sauroctones a déjà été dit dans les deux précédentes chroniques, donc si vous avez apprécié les précédents volumes, foncez lire celui-ci !

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Neo-forest #1: Cocto citadelle

La BD!
BD de Fred Duval et Philippe Scoffoni
Dargaud (2023), 62p., série en cours, 1/2 tomes parus.

L’édition chroniquée est la CANAL-BD en tirage limité (1600 ex.) qui comprend un frontispice signé, une couverture alternative et un cahier graphique commenté par le dessinateur.

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Plusieurs siècles après que la civilisation ait chuté, la France est divisée en néo-féodalités où des seigneurs tout puissants possèdent gens, ressources et technologies issues du monde d’avant. Le seigneur Cocto est l’un des plus importants de ces seigneurs, régnant sur des territoires autonomes à la pointe de l’ingénierie génétique. Alors que sa file Blanche, peu attirée par la perspective de la succession, part pour un trek avec ses amis, un complot se prépare…

Lorsque Fred Duval sort un album tous les sens sont en alerte. Lorsqu’il s’agit de SF la tentation d’acheter les yeux fermés est grande tant le scénariste a atteint une forme de perfection et sais se renouveler en apportant toujours de passionnantes thématiques très actuelles. Dieu sait que le genre est balisé, inondé de créations souvent redondantes au-delà des aspects graphiques.

NEOFOREST t.1 (Fred Duval / Philippe Scoffoni) - Dargaud - SanctuaryDuval est accompagné sur ce projet ambitieux par l’excellent designer Philippe Scoffoni, dont les premiers albums tirent plutôt sur l’anticipation scientifique et que j’avais découvert sur le très agréable Milo. Suivant les réseaux sociaux du dessinateur j’ai vu diffuser depuis pas mal de temps d’étonnants designs de néo-chevalerie utilisant des VTT comme montures et autres artefacts dans un style original mêlant moyen-âge et technosociété écolo. Ceux qui connaissent le travail de Fred Duval savent que sa grande force réside dans la puissance et la cohérence des univers décrits où l’auteur ne lésine sur aucun détail pour densifier son futur. On sent ici que les deux compères ont passé du temps et beaucoup de passion à imaginer comment une société recréée pourrait allier l’ancien et le moderne en utilisant la technique scénaristique classique du croisement d’époques.

https://www.ligneclaire.info/wp-content/uploads/2023/01/NeoForest_Page_19.jpgL’intrigue est sommes toutes très banale: un seigneur au pouvoir convoité part à la recherche de son héritière alors qu’un incident va le contraindre à transmettre une régence temporaire à son frère… en qui il n’a aucune confiance. Si la mécanique est très bien huilée et nous fait tourner les pages pour savoir comment ce complot va bien pouvoir être évité, c’est bien le fonctionnement de l’univers lui-même qui passionne à la lecture de ce premier tome. Après avoir passé l’amusement un peu craintif de ces joutes médiévales en vélo et de costumes issus du XIV° siècle, il faut reconnaître que l’alliage fonctionne parfaitement dans une hypothèse qui voit non pas un effondrement post-apo mais plutôt une évolution extrémiste d’un pouvoir capitaliste qui retourne à son origine sous forme de fief après que la catastrophe climatique ait ramené la Nature à ses droits. Dans Neo-forest c’est bien l’organisation politique humaine qui s’est effondré (si l’on reste ici centré sur la France, Duval n’abandonne jamais son champ large en nous parlant brièvement du reste du monde) mais pas la technologie. Ainsi les OGM ont fait évoluer la végétation qui se retrouve dotée de nouvelles capacités fort dangereuses (avec le thème Gaïa en sous-texte), les féodaux maîtrisent la génétique en créant des êtes hybrides humains-cochons mais aussi des prothèses et jusqu’à un contrôle quasi-total sur la vie elle-même. Un paradoxe de retour aux Ages sombres adossé à une technologie très poussée comme les aimes le scénariste: positive et utilitaire.

https://www.ligneclaire.info/wp-content/uploads/2023/01/NeoForest_Page_20.jpgLes planches de Philippe Scoffoni sont très agréables avec un style très années deux-mille qui fait penser par moment à Servain sur L’Histoire de Siloé . On pourra trouver certains personnages ou décors rapides mais le tout est fort bien enrichi par une colorisation pastelle fort élégante qui participe à une atmosphère presque doucereuse. Le dessinateur n’abuse pas de son talent de design en proposant ses outils ou véhicules techniques uniquement lorsque nécessaire. Comme je le disais la SF brille lorsqu’elle parvient à proposer l’élément original qui justifie un projet sans se contenter du décorum. Néo-Forest n’est pas un blockbuster mais respire la grande expérience des auteurs qui connaissent le potentiel de leur projet, projet très équilibré entre les envies graphiques de Scoffoni et le récit lui-même. Une alchimie BD tout à fait réussie qui se lit avec grand plaisir.

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We Live #2: l’ère des Palladions

Second volume de la série écrite par Inaki et Roy Miranda. Parution en France chez 404 Comics le 10/11/22.

Mais t’es pas là, pas là, pas là, Palladion

Dans le premier volume de la série, les frères Miranda nous emmenaient dans un monde postapocalyptique dans lequel l’Humanité était traquée par des hordes d’animaux mutants sur une Terre désolée. Seuls quelques élus étaient promis au Salut, grâce à 9 balises réparties sur la planète, supposées les emmener sur une nouvelle planète.

Hototo et sa grande soeur Tala, deux orphelins en perdition, ont fait route vers l’une de ces balises, juste avant la fin du compte à rebours, afin de sauver la vie d’Hototo, qui comptait parmi ces élus. A la fin du décompte, nos héros, ainsi que l’Humanité entière (ou ce qu’il en reste), découvrent la vérité sur ces fameuses balises. Elles ne sont en rien une promesse de salut parmi les étoiles, mais un moyen de défense, un rempart ultime contre les menaces extérieures, qui donnent aux élus des pouvoirs grandioses.

Ainsi, Hototo est transformé et devient un super-héros, comme il en a toujours rêvé. Mais un tel pouvoir n’est-il pas trop grand pour les frêles épaules d’un enfant ? C’est ce que nous découvrons six ans après, dans le volume 2 de We Live.

Hototo et tous les autres élus sont devenus les Palladions, sortes de titans aux pouvoirs cosmiques, chargés d’affronter tous les monstres qui pullulent sur Terre et se pressent aux portes des 9 derniers bastions humains. Tala, quant à elle, a rejoint la force de défense, et assiste comme elle le peut son jeune frère. Cependant, les ennemis sont de plus en plus nombreux, les ressources s’amenuisent, et la source d’énergie des balises, la Frappe, menace de céder, privant ainsi les Palladions de leurs pouvoirs et exposant les survivants à une mort quasi-certaine.

En novembre dernier, nous décortiquions Refrigerator Full of Heads afin de déterminer les ingrédients essentiels d’une bonne suite, et dégagions ainsi quatre axes principaux: Une Ellipse, du Changement de paradigme, plus d’Enjeux, et du Neuf dans les personnages.

Le volume 2 reprend six ans après le fin du voume 1, ce qui satisfait à la première exigence. S’agissant du paradigme, il ne s’agit plus d’arriver à temps à la balise pour quitter la Terre mais bien de la défendre à tout prix. On passe donc d’une course contre le temps à un état de siège, ce qui est un changement conséquent dans la dynamique du récit et de ses enjeux. Pour ce qui est du neuf dans les personnages, on a certes quelques ajouts parmi le casting secondaire, mais les deutéragonistes sont toujours Hototo et Tala, bien qu’ils aient tous deux évolué.

De ce point de vue, donc, on peut considérer que l’Ere des Palladions est une suite appropriée. On suit encore avec implication les mésaventures de nos deux héros, dont la relation continue d’être développée, bien qu’ils n’aient pas beaucoup de scènes en commun. Il faut reconnaître que l’accent est ici mis sur l’action et les enjeux externes, plutôt que sur le parcours interne et émotionnel des personnages. Les combats grandioses et épiques, souvent en double-page, s’octroient une part léonine de l’album, peut être au détriment de la clarté ou de l’émotion qui caractérisaient le précédent volume. Pour illustrer ce point, on peut évoquer certains passages tonitruants où encore des transitions abruptes qui sont quelque peu déstabilisantes. Nouveau point qui n’était pas présent dans le tome 1, certains récitatifs un peu abscons, dont l’opacité ou la syntaxe sybilline peuvent être dus à la traduction…

Néanmoins, le volume 2 satisfaira les lecteurs ayant apprécié l’univers foisonnant que les frères Miranda ont mis en place.

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Ultramega, #1

Premier tome de 200 pages, de la série écrite et dessinée par James Harren. Parution aux US chez Skybound, publication en France chez Delcourt le 19/10/2022.

Merci aux éditions Delcourt pour leur confiance

Aux grands monstres, les grands remèdes

Vous ne l’avez peut-être pas encore remarqué, mais le monde est assailli par une force cosmique antédiluvienne. Ce danger mortel peut émerger n’importe quand, n’importe où sur la planète, car il se trouve en chacun de nous. Un virus venu des tréfonds glaciaux du cosmos, touche aléatoirement des humains ordinaires, pour les transformer en gigantesques kaijus assoiffés de sang.

Mais l’Humanité n’est pas seule pour affronter ce péril: trois élus ont reçu d’Atum Ultraméga, un messie cosmique ennemi juré des kaijus à travers l’Univers, une part congrue de ses pouvoirs. Ces trois hommes, Jason, Stephen et Erm, peuvent ainsi se transformer en Ultramégas, de titanesques guerriers.

Leurs ennemis sont légion. La menace est insidieuse. Leurs batailles, massives. Priez pour qu’ils soient de taille !

Après avoir fait ses armes sur B.P.R.D. et RUMBLE en tant que dessinateur, James Harren se lance en solo pour son premier projet complet. Hommage plus qu’évident aux fleurons du sous-genre tokusatsu tels qu’Ultraman, Ultramega nous plonge dans une sanglante bataille entre titans et monstres géants en pleins centres urbains.

Harren prend ici le pitch de base pour le transformer en autre chose, et adopte un point de vue plus pragmatique sur le postulat des monstres géants. En effet, si dans la franchise Ultraman, le héros éponyme a quelque chose d’éthéré et d’immatériel, ici, le héros est incarné de façon bien plus charnelle et physique, avec un style graphique tout à fait organique et artisanal appuyé sur la colorisation toujours incroyable de Dave Stewart (cité dès la couverture, une fois n’est pas coutume!). Quand il est touché, il saigne, il est susceptible de perdre pas mal d’organes et de membres… vous l’aurez compris: Ultraméga est sensiblement plus gore que la plupart des histoires classiques de kaiju, ce qui est cohérent avec le style de l’auteur.

Les conséquences des combats sont elles aussi bien plus appuyées et dramatiques, les dégâts collatéraux ne sont pas mis de côté et parfois même appuyés: on parle d’immeubles qui volent en éclats, de quartiers entiers réduits à l’état de gravats, des rues inondées de sang, enfin tout ce qu’implique des combats à morts entre des entités géantes. James Harren ne fait donc pas de concession et pousse son concept jusqu’au bout. Ainsi les apparitions d’Ultraméga sont toujours mises en valeur de façon spectaculaire, et il se dégage d’emblée un sentiment de désespoir, de combat perdu d’avance: ultra-violents, les affrontements sont très différents des boures-pif à l’infini des classiques combats de super-héros. Ici les coups sont généralement fatales et très graphiquement exprimés tant dans les conséquences organiques que dans les onomatopées et effets de souffle. Impressionnant et marquant!

Un autre élément permet à Ultramega de se détacher du tout-venant: la structure du récit, qui débute de façon classique pour mieux nous surprendre à la fin du chapitre 1. La suite nous prend à rebours en nous plongeant dans un univers post-apocalyptique un peu barré. Malgré une narration quelque peu baroque, pour ne pas dire foutraque, l’auteur propose là encore des idées intéressantes et originales (je pense notamment aux kaijus qui souhaitent construire des méchas. Dit comme ça c’est délirant, mais ça fait sens dans son contexte).

Reprenant des thèmes abordés dans Pacific Rim l’auteur propose un univers où l’utilisation des cadavres de kaiju et d’Ultramega est très pragmatiquement exploité avec une société post-apo qui s’est structurée sur la défaite initiale, un peu dans l’esprit de Coda dont Harren semble très proche tant graphiquement que dans son idée disruptive du récit héroïque.

On a donc ici un condensé d’action, empli de référence au sous-genre kaiju et à Ultraman, mais qui sait aussi se détacher de ses modèles pour proposer quelque chose d’innovant. Là où l’auteur ne nous surprend pas, c’est sur le design des monstres, qui est comme à l’accoutumée, totalement délirant et unique.

Sorte de croisement entre Ultraman et Invincible, Ultramega est le coup de cœur comics immédiat de cette fin d’année et potentiellement une très grande série en devenir !

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La Tour #2

Deuxième volume de 62 pages, de la série écrite par Omar Ladgham et Jan Kounen, avec Mr Fab au dessin. Parution le 14/09/22 chez Comix Buro.

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Merci aux  éditions Glénat pour leur confiance.

Notre Tour viendra

Dans le précédent tome, nous assistions au combat des derniers survivants humains, au sein d’une tour constituant leur dernier refuge. Dehors, la vie humaine est devenue impossible, à cause d’une virulente bactérie, qui fait parfois des incursions dans l’habitant de moins en moins étanche de nos survivants. A l’intérieur, la vie est de plus en plus compliquée, et pas seulement par la vétusté galopante de la Tour, qui, à trente ans, commence à donner des signes de faiblesse et d’usure. Ce qui constitue le plus grand danger, ce sont les dissensions entre les habitants, qui se divisent en deux catégories.

D’une part, on trouve les anciens, ceux qui ont connu le monde d’avant, et qui vivent, ou plutôt survivent, accrochés à l’idée que la Tour est le dernier bastion humain et que la seule promesse faite par le monde extérieur est la mort. D’autre part, on trouve les Intras, de jeunes gens qui sont nés et ont vécu toute leur vie au sein de la Tour, et qui n’aspirent qu’à la liberté, et voudraient sortir dès que possible pour explorer le monde.

Tandis que ce choc des générations s’accentue et aggrave les tensions, Newton, l’intelligence artificielle conçue pour gérer la Tour, commence lui aussi à montrer des signes de faiblesse, voire même à des doutes très humains. Au milieu de tout ce chaos, Aatami, le fils d’Ingrid, une des dirigeantes de la Tour, a fait le choix de partir en exploration afin de trouver un nouvel habitat pour les survivants. Quels obstacles vont se dresser sur son chemin ? Terminera-t-il sa quête avant que les habitants de la Tour ne s’entretuent ?

Pour ce second tome, Jan Kounen et Omar Ladgham font monter la pression dans la cocotte-minute verticale qu’ils ont créée. Le parallèle existe encore avec les classiques du Post-Apo tels que Snowpiercer, dont les éléments constitutifs sont le confinement et les luttes intestines entre survivants.

Toutefois, comme nous le remarquions dans la chronique du premier tome, nous sommes assez loin de la critique sociale ou de l’oppression, puisque le conflit ici est générationnel, et la révolte des Intras, si elle peut se concevoir, manque encore d’assise argumentaire et philosophique. Dans ces circonstances, la perspective d’explorer plus avant le monde extérieur se pose effectivement, mais le faire à tous prix comme le suggéraient les jeunes ne peut pas faire sens aux yeux des lecteurs, pas plus que leur révolte, qui passe encore une fois un cap et se radicalise dans ce tome 2. De l’autre coté du spectre, on ressent davantage d’empathie et de compréhension envers Ingrid, qui est amenée à prendre des décisions difficiles pour le bien commun, préservant le statu quo à défaut d’autre chose.

Le conflit donne donc l’impression de s’enliser un peu, avec des Intras révoltés toujours aussi agaçants. On aurait aimé un débat un peu plus serré, dans lequel chacune des parties pose un point légitime dans son argumentaire, ce qui ne semble pas être le cas ici. La partie la plus intéressante concerne Newton, qui ne devrait pas tarder à se la jouer HAL 9000 dans le troisième et dernier tome.

Et puisque l’on en est à la citation de références, n’oublions pas de parler du dernier segment de l’album, qui puise dans les appétences personnelles de Jan Kounen, à savoir les expériences hallucinogènes chamaniques (comme on pouvait le voir dans son film Blueberry, avec Vincent Cassel, sorti en 2004). Cette partie déconcerte (c’est certainement le but), mais est aussi susceptible de casser l’immersion dans le récit, à moins que les deux auteurs n’aient déjà prévu leur coup et raccrochent les wagons avec le cœur thématique de l’intrigue. Pas encore de quoi râler, toutefois, à ce stade nous sommes davantage sur un cliffhanger déconcertant que sur une véritable sortie de route.

***·BD·Nouveau !

Les Âges perdus #2: la Terre des Meutes

Second volume de la série écrite par Jérôme Le Gris et dessinée par Didier Poli. Parution le 20/05/22 chez Dargaud.

L’Apocalypse, c’était mieux avant !

Dans la chronique du premier tome, nous reprochions aux Âges Perdus un manque de worldbuilding et une intrigue qui ne se détachait pas vraiment du tout-venant post-apocalyptique. Avec le recul, ce constat demeure, mais il faut tout de même ajouter au crédit des auteurs une volonté affirmée de poursuivre la construction de leur monde à mi-chemin entre uchronie et post-apo.

Pour résumer, le monde dans lequel se situe le récit a été détruit en l’an mille par un cataclysme qui a failli exterminer la vie sur Terre. Des milliers d’années plus tard, alors que les humains survivants ont vécu terrés dans des grottes durant une période baptisée l’Obscure, la faune s’est adaptée et a profité de l’absence humaine. Une fois dehors, les survivants se sont organisés en clans, et vivent au gré des saisons et des migrations selon un mode de vie nomade.

Cependant, après des milliers d’années passés dans l’obscurité rassurante des grottes, l’Humanité doit repartir de zéro. En effet, tous les anciens savoirs ont été perdus, si bien que le lointain Moyen-Âge, vu par nous autres hommes modernes comme une période sombre, ressemble plutôt à une utopie pour nos survivants du futur.

Dans le premier tome, nous faisions la connaissance de Primus, chef de la tribu de Moor, quelque part dans ce qui était certainement l’Angleterre. Primus avait un rêve: domestiquer les plantes, et permettre ainsi à son peuple de quitter la vie nomade pour se sédentariser. Pour ce faire, il a besoin d’occuper la Fort des Landes, plus longtemps que ce que lui permettent les lois qui régissent les clans, les Lois de L’Aegis.

En voulant mener à bien son projet, Primus provoque une guerre avec les autres tribus, et paye le prix fort car son clan est pratiquement rayé de la carte. Seule sa fille Elaine, accompagnée de quelques autres, parvient à en réchapper. N’ayant plus nulle part où aller, Elaine tente de traverser la Mer des Aigles pour atteindre la Terre des Meutes, espérant y trouver de quoi recréer les bases d’une nouvelle civilisation, comme le rêvait son père.

Durant sa quête sur la Terre des Meutes, Elaine va faire la rencontre de Mara, vagabonde qui va lui venir en aide. Les deux voyageuses vont devoir se serrer les coudes face aux terribles hommes cerfs, qui prennent en chasse sans pitié quiconque pénètre leur territoire.

On poursuit avec ce second tome l’exploration des âges perdus. La question centrale de la série, « de quelle manière un cataclysme planétaire affecterait-il les civilisations humaines ? », donne lieu à des postulats de l’auteur, qui, comme nous l’évoquions dans l’article précédent, sont pertinents sans nécessairement aller au bout de la réflexion.

La partie survie et prédation, face aux hommes-cerfs, a malheureusement des airs de déjà-vu (je pense notamment aux quatre ou cinq dernières BD post-apo dans lesquelles on trouvait aussi une faune mutante), mais offre pour le moment une tension bienvenue dans la quête d’Elaine, qui serait autrement quelque peu contemplative. La partie la plus intéressante, c’est néanmoins les phases de découverte de la Terre des Meutes, pendant laquelle Elaine va explorer les vestiges du Moyen-Âge, avec l’espoir qu’un jour les humains pourront reproduire les prodiges promis par cette époque lointaine. Cette partie fait donc écho, sur le plan thématique, au premier tome, où l’auteur explorait l’idée que certains pivots étaient inévitables dans le développement humain sur le plan chronologique. Ainsi, après avoir été ramenés à un niveau de développement équivalent à celui du néolithique, les hommes repasseraient par la voie tribale et la vie de chasseurs-cueilleurs, avant de se tourner inévitablement vers l’agriculture. Dans ce second tome, la domestication des plantes est un peu laissée au second plan, l’auteur préférant évoquer les prouesses de bâtisseurs qui ont suivi.

La partie graphique est toujours aussi qualitative, grâce à l’expérience de Didier Poli, l’album profite grandement de son trait réaliste et des couleurs de Bruno Tatti.

En bref, les Âges perdus est une série décente, écrite et réalisée avec sérieux et technique, mais à qui il manque encore un je-ne-sais-quoi pour se distinguer d’autres séries du même genre.