BD de Jean-Yves Ferri, Didier Conrad et Thierry Mébarki (coul.)
Dargaud (Albert René) (2021), 48p., série en cours.
Tout à sa préoccupation d’occuper le peuple romain Cesar ordonne à son géographe de se rendre dans l’Est barbare pour lui ramener la mythique créature: le Griffon. Dans le même temps Asterix, Obelix et Panoramix sont partis rejoindre le Chamane Cékankondine qui les a appelé à l’aide en songe…
Lorsqu’il s’agit de lire un nouvel album d’un grand Ancêtre j’avoue n’avoir aucun fétichisme et m’efforce d’avoir l’approche la plus neutre possible afin de savoir si tout simplement il s’agit d’un bon ou d’un mauvais album. Sans doute trop jeune pour être marqué par un souvenir marqué, je suis plutôt enfant de Thorgal, Tom et Janry ou Aquablue. Récemment ma lecture du dernier Lucky Luke m’avait fort enthousiasmé et permis de constater les éternels débats sur la supposée fidélité ou non avec la série d’origine. L’avantage avec Asterix c’est que cela fait finalement si longtemps que Uderzo travaille seul (la majorité des albums, depuis 1977, ne l’oublions pas!) que le passage à de nouveaux auteurs ne sera finalement que la troisième « équipe » à passer sur le Gaulois. Spirou en est à une bonne dizaine et cela ne lui a pas mal réussi finalement…
De la reprise par Conrad et Ferri je n’ai lu que la Transitalique (que j’avais bien aimé) et j’avoue que j’ai légèrement tiqué sur une évolution du dessin notamment sur les arrières-plans. Je n’ai pas fait de recherche comparative avec le travail d’Uderzo mais il me semble que Didier Conrad a tendance à détailler ses fonds, ce qui modifie un peu l’aspect général de l’album tout en restant archi-fidèle sur les personnages. Comme je l’ai dit je ne suis pas fétichiste et cela ne me pose pas de problème qu’un auteur apporte sa patte sur une série patrimoniale (les dessins de Blake et Mortimer sont assez différents d’un album à l’autre).
Pour ce qui est de l’histoire, si on est de prima abord plutôt enthousiaste de voir Asterix et ses amis partir pour les plaines enneigées vers des peuplades barbares qui ont toujours permis de sympathiques séquences (je pense bien sur à la Grande Traversée), une fois l’amusement des lettres E inversées dans la langue Sarmate et le running-gag avec les guides Scythes rattachés au World Wide Web, un est tout de même franchement en manque de blagues. Les auteurs connaissent leurs gammes en matière d’anachronisme et abusent des noms à la Asterix mais tout cela manque d’inspiration. On en est donc réduit à s’attacher à la seule aventure vers le mythique Griffon et hormis un acte héroïque d’Obelix les batailles elles-mêmes sont assez maigres, sans même une vision des fières Amazones (pourtant graphiquement réussies) au combat.
Les derniers albums d’Uderzo mettaient presque cinq ans à être réalisés. L’éditeur impose un rythme de deux ans fermes aux nouveaux auteurs et ce Griffon est le premier réalisé après la mort du co-créateur. On sait que la pression du calendrier fait rarement bon ménage avec la créativité (Van Hamme en sait quelque chose). Et on sent que l’inspiration a manqué sur cet album qui n’est pas honteux mais manque un peu de tout (baston, références, jeux de mots,…). Dispensable donc.