Manga de Akira Hirano, Yuki Kamatani et Ruia Shimakage.
Kurokawa (2022), 160p., nb & couleur, one-shot. Inclut un dossier documentaire.
Comme pour tous les volumes de la collection, l’édition est très riche (orientée scolaire), esthétique, pédagogique.
Merci aux éditions Kurokawa pour leur confiance!
L’excellente collection Kurosavoirrevient pour un nouveau documentaire en manga. La sous-série biographique a réhaussé fortement la qualité de la collection avec un niveau d’exigence graphique et documentaire très intéressant, faisant de chaque nouvelle sortie une attente réelle. Malheureusement cet opus sur Beethoven n’atteint pas la qualité des dernières parutions du fait d’une sans doute trop grande technicité et plus simplement d’un manque d’intérêt de ce personnage. La notoriété de l’œuvre ne rend pas nécessairement le personnage passionnant et c’est ce que l’on ressent à la lecture de ce manga. Après les destins romantiques incroyables des Cléopâtre, Elisabeth 1ere ou Marie-Antoinette, l’histoire de ce jeune provincial précocement atteint de surdité accroche bien peu le lecteur. Oubliant de contextualiser et parlant trop de technique musicale au risque de perdre les béotiens en musicologie, les auteurs rendent cette histoire assez banale faute de disposer de la playlist adaptée pour écouter en cours de lecture toutes les pièces du compositeur citées dans le manga.
On retiendra néanmoins (une découverte pour moi!) la rencontre avec Mozart, son ainé et au faîte de sa gloire lorsqu’il voit en Beethoven un jeune homme de talent. C’est sans doute le principal intérêt de ce manga documentaire qui réussit au final assez peu comme manga et comme documentaire. A réserver aux musiciens et aux fans.
En ces temps de disette de bonnes BD franco-belges les manga et comics s’accumulent sur la PAL… Il est donc temps de reprendre les séries en cours avec des nouveautés sorties depuis plusieurs semaines/mois.
One piece: episode A (Boichi, Ishiyama, Oda/Glénat) – 2023 (2020), 192., volume 1/2.
Merci aux éditions Glénat pour leur confiance.
One Piece est un monument dont les volumes ont été vendus à 516 millions d’exemplaires dans le monde depuis 1997 (par comparaison Narutoet Dragonballn’en sont qu’à la moitié…). Pourtant je n’ai jamais lu un seule tome de cette série et me suis dit que l’incartade de Boichisur une histoire courte me permettrait peut-être d’avoir un bel aperçu de cet univers. Malheureusement comme souvent Boichigâche son immense talent graphique (on ne peut pourtant pas lui reprocher un délire solitaire puisque ce double tome est doté d’un scénariste) en se contentant d’un mirifique délire graphique qui ressemble beaucoup à ces toilettages next-gen que l’on observe sur certains jeux vidéo iconiques. Tout d’abord pour parler clairement: cet épisode A est exclusivement destiné aux lecteurs à jours de One Piece, les béotiens comme moi étant voué à rester totalement exclus de toute compréhension. Le seul intérêt fan-service est donc de croquer sous le trait explosif de Boichiles personnages et lieux iconiques de la série. A ce stade l’auteur pourrait tout aussi bien reprendre intégralement la série en « artist version » comme il le fait sur la dernière partie du volume qui est un simple remake de l’épisode 51 de la saga. Si ce projet laisse de côté les nouveaux lecteurs il risque de frustrer également les fans qui vont relire une séquence simplement dessinée par un autre. Tant qu’à faire il aurait été tout aussi intéressant pour Glénatde publier l’Episode A en un unique volume et de l’accompagner par cet Episode 51 avec les deux versions en regard dans un autre volume. Bref, on pourra difficilement reprocher à Glénatde sortir ce projet en France, qui trouvera toujours des acheteurs complétistes. L’origine du projet est elle très discutable comme souvent chez Boichiet l’on préfèrera plutôt attendre la nouvelle série du Nipo-coréen en espérant qu’elle s’approche plus d’un Origin.
Le premier tome de ce diptyque d’espionnage historique avait réussi son introduction. Dans une atmosphère de polar noir auquel la texture si particulière des planches de Kakizaki apporte une densité très forte, ce second volume commence en Chine alors que le mari tente de récupérer des preuves des atrocités de l’armée occupante. Assez vite le lecteur se retrouve au Japon alors que les amants tentent de s’exfiltrer vers les Etats-Unis pour transmettre aux Alliés les films si précieux…
Il est étonnant de basculer d’un scénario obscure tissé sur les suspicions de la femme envers son mystérieux mari à une intrigue d’espionnage beaucoup plus franche. L’auteur ne tente plus en effet de camoufler les ambitions des protagonistes. Une des originalités de ce (trop) court manga est ce contexte pré-guerre mondiale où l’on voit clairement un japon totalitaire se mettre en place sans que la population n’ait encore bien percuté ce glissement. Alors la seule existence d’une preuve revêt toute son importance pour réveiller les consciences. La gestion de ce contexte documentaire noué avec un schéma narratif classique de l’espionnage est remarquable et l’on referme ce second tome avec à la fois l’envie de voir le film qui en est à l’origine et un regret que l’auteur n’ait pas pris le temps d’étoffer ce qui ressemble presque à un résumé. Au vu de la qualités des dessins on ne lui en tiendra pas rigueur mais il est certain que les quatre-cent pages globales auraient mérité au moins le double.
Le premier volume avait créé son effet « waou » en nous noyant dans une narration déstructurée qui utilisaient de mystérieuses références aux contes de Grimm. Ce second volume poursuit sans temps mort en nous plongeant au sein d’un affrontement entre deux factions dotées d’étranges pouvoirs. « Blanche neige » semble chargée de protéger Alice que le traumatisme vécu pousse au suicide quand Cendrillon mène un combat manipulateur dans un « jeu » qui semble lié aux toutes puissantes marionnettes…
Avec des dessins toujours aussi agressifs et réussis, l’équipe de SINoALICE avance remarquablement dans son intrigue et notre découverte de cette réalité trouble qui rappelle quelque peu la mécanique du récent Coffee Moon chez Doki-Doki. Alternant des séquences assez tranchées, le scénariste a l’intelligence de proposer un déroulement simple pour ne pas complexifier inutilement un montage qui lui se veut très sophistiqué pour laisser le lecteur dans une brume sans codes. Ce manga fait partie de ces créations où l’on prend plaisir à se faire balader sur une réalité brouillée en attendant quelques miettes qui nous permettront de comprendre (ou pas…) où l’on a mis les pieds. En s’appuyant sur des références classiques de contes très modernisées pour l’occasion (attention, le dernier chapitre bascule dans un traitement tout à fait adulte, voir frisant le Ecchi), SINoALICE en donne suffisamment au lecteur pour patienter dans son stade d’incompréhension sans grande inquiétude au vu du déroulement que les pièces maîtresses seront assez rapidement dévoilées.
Si l’on peut faire un reproche à Tony Valente sur Radiant c’est d’ouvrir sans cesse son univers et de démultiplier les personnages au risque de finir par perdre ses lecteurs qui ne voit jamais de conclusion aux problématiques lancées. Pour le coup le bref résumé avant chaque tome n’est guère suffisant et une révision des épisodes précédents souvent nécessaire. Et bien ce dix-septième tome marque un sacré changement puisqu’il s’efforce justement de résoudre une bonne série de points ouverts sur l’arc de Bome en finissant par rassembler (enfin) l’ensemble de la bande de Seth et de clarifier l’objectif des personnages.
Formellement le volume se concentre pour l’essentiel sur la confrontation dantesque (c’est peu de dire…) de Piodon avec les domitors et leur maître Adhès. Et je dois dire que si techniquement Valente est toujours au top, gardant une bonne lisibilité malgré la profusion d’éléments graphiques d’un combat qui vire à la Dragonball, l’esthétique générale est un ton en dessous. Le décors d’une vaste grotte et l’aspect très exotique des domitors et de leurs Nemesis ne rendent pas justice à l’originalité unique du monde de Radiant. L’absence depuis quelques épisodes du héros n’aide pas non plus à se concentrer sur un point héroïque. On ne peut pas tout avoir et l’auteur était semble t’il conscient de la nécessité de clore son arc (peut-être un peu vite) pour reprendre l’incroyable alchimie d’humour, d’action et de variété magique qui rendent cette série si iconique. Maintenant au clair sur les appartenances et objectifs de chaque faction, on commence pour la première fois à sentir que l’on bascule peut-être vers une pente de résolution finale de l’intrigue. L’affrontement entre domitors, Inquisition et non-alignés se profile et le souvenir de la maestria de la guerre de Cyfandir nous revient avec envie…
En 2056 toutes les taches contraignantes et productives sont effectuées par des robots. Les humains devenus oisifs se voient attribués un robot domestique dont ils dépendent. Dans cette société déséquilibrée organisée par les multinationales de la robotique, si la majorité s’accomode de cette situation, certains voient dans cette élimination productive des humains une dépendance trop dangereuse pour le genre humain…
Encore une dystopie robotique. En s’associant au vétéran Mike Deodatoqu’on a vu plus élégant, l’auteur du récent Billion dollar island propose un pitch classique dont le ton surprend puisqu’il se veut résolument satirique. En suivant vaguement le destin d’une famille d’américains moyens passablement inquiète du comportement de son robot Russel juxtapose les scènes absurdes à la manière d’un Fabcaro ou d’un Emmanuel Reuzé. Et si l’idée marche dans un esprit Fluide Glacial, on sent très vite sur Not all robots les limites de l’exercice et le manque d’humour du scénariste qui accumule les commentaires appuyés sur ce mauvais plan. Le propos repose ainsi principalement sur les dialogues absurdes entre robots dont certains voudraient se passer du genre humain. Mais en oubliant qu’absurde ne veut pas dire incohérent, il fait de ses androïdes des êtres au comportement humain bien qu’ils aient l’apparence fruste de boites de conserve à la mode Star-wars. Alors qu’un Boichi excellait dans son hypothèse d’une IA cherchant à copier l’empathie humaine et, ici les dialogues sont illogiques et l’interaction robot-humains marche mal. L’intrigue aurait alors pu évoluer vers une guerre de résistance mais là encore bien peu d’action malheureusement très médiocrement portée par un style figé choisi par Deodato…
Au final ce sont les deux post-faces des auteurs qui sont les plus intéressantes en nous expliquant pour le scénariste le sens de sa parabole faisant de ses robots des incarnation d’un comportement mâle dominateur dans un contexte #Meetoo (difficile de le comprendre en lisant l’album), pour le dessinateur le malaise de sentir qu’il n’était peut-être pas l’homme de la situation. Etonnante franchise avec laquelle on ne peut qu’être d’accord. Au final pour peu que vous accrochiez au style de dessin il est possible que l’idée vous amuse trente minutes, pour le reste on a là un album plutôt loupé.
Au XIII° siècle le Japon échappe à une invasion mongole grâce à la bravoure du samouraï Tetsujiro du clan Soma. Pourtant le Shogun renâcle à dédommager les défenseurs dont les terres ont été victimes de pillages. Alors qu’il tente de subvenir aux besoins de son fils et de l’élever dans l’honneur du Bushido, Tetsujiro se retrouve soudain transporté dans un monde étrange où des colosses romains semblent bien décidés à lui faire la peau…
Après 23 tomes d’une série très bien cotée, Toshimitsu Matsubara a commencé récemment cette nouvelle série dont le premier tome a le mérite d’aller droit au but: sous couvert d’une ambiance de manga de Samouraï il s’agit bien de proposer un univers magique de combats fantasmés entre tout type de combattant que l’on désire voir se rencontrer, à la façon d’un jeu vidéo de baston. En envoyant (sans trop d’explication) un samouraï au Valhalla on va pouvoir castagner entre légionnaires romains, monstres mythologiques et je ne sais quels autres combattants de toute époque possible. L’artifice est malin… mais la réalisation un peu brouillonne à force de vouloir mettre tout et n’importe quoi dans ce tome introductif.
Comme à leur habitude les éditions Ki-oon ont mis le paquet sur une licence en laquelle elles croient, avec un kit presse tout à fait impressionnant. Une maison qui a habituellement du flaire pour dénicher bon nombre de pépites et qui me semble pour le coup s’être aventurée sur un terrain hasardeux tant cette ouverture fait patchwork sans bien savoir à quoi on a affaire. Débutant sous une trame historique classique le manga prend rapidement des allures de Dark fantasy (avec son lot de sang, de déformations et d’un soupçon de fesses) où contrairement à l’autre série chroniquée en début de semaine l’équilibre entre développement d’univers et baston n’est pas très bon. Avec un style graphique solide qui rappelle Kakizaki, l’auteur envoie son héros affronter tout un tas de créatures et personnages sans prendre le temps de la lisibilité. On en ressort un peu frustré et à moins que les planches ne vous accrochent, un peu fatigué par cette ouverture qui ne donne pas suffisamment de raison de poursuivre. Une assez franche déception.
Tartamudo (2023), 117p., one-shot. L’album comprend un cahier documentaire final consacré à l’autrice Christia Syle ainsi qu’une bibliographie.
Tombé sur des planches très alléchantes du peintre Vincent Pompetti j’ai souhaité expérimenter ses créations, avec son dernier album solo proposant une version de la chute d’Atlantide en adaptant les écrits de la romancière Christia Syle. Pompettiest doté d’une solide formation qui se ressent sur sa technique la dessin qui transparaît sous les omniprésentes aquarelles aux couleurs éclatantes. Ayant débuté sur l’assez réputée série Sir Arthur Benton où il succédait à Stephane Perger en compagnie du scénariste Tarekqui l’a accompagné sur plusieurs albums. Cet itinéraire permet de saisir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas sur cet album.
Si l’on passe outre la maquette vraiment cheap du volume, ce qui marque bien évidemment ce sont les planches dont une bonne partie sont vraiment magnifiques. Cependant, si le style de Pompettiétait très proche de celui de Pergersur leur série commune, le second a su évoluer vers plus d’encrages encadrant des colorisations puissantes quand l’auteur du Sage d’Atlantide est à l’inverse allé vers une épure où les formes dessinées s’effacent sous les pinceaux, au risque d’un manque de lisibilité de l’intrigue. La technique aquarelle a en effet cela de problématique qu’elle brise les volumes en obligeant l’artiste à fonctionner en aplats. Cela fonctionne parfois très bien lorsque les dessins intègrent des contrastes de lumière justifiés, mais rend plus brouillonne l’action intégrant de petits personnages. C’était déjà ce que je reprochais au travail de Dustin Nguyen sur Descender. Pergera trouvé l’équation sur son Luminary, Pompetti pas complètement sur ce Sage d’Atlantide.
Décrivant une époque Antédiluvienne où le continent Atlante se dressait au milieu de l’océan Atlantique, le récit de Christia Syle se veut politique et mystique, en mettant en opposition un monarque érigé en sage, initié au savoir des entités cristallines qui jadis parcouraient la Terre d’avant les Hommes, et son frère, sombre régent boiteux corrompu par ses pulsions de contrôle et ses amours contrariés. On sent immédiatement l’atmosphère de Tragédie grecque dont s’habille le récit. Relatant une civilisation parvenue à l’équilibre parfait entre haute technologie et sagesse mystique, Pompetti allie communication holographique et vaisseaux d’un côté, parements antiques et draperies andines de l’autre, dans un design général approprié bien que peu original.
Si l’aspect graphique a des qualités comme des défauts mais reste globalement agréable, c’est sur la transposition scénaristique que le bat blesse. L’auteur semble en effet avoir du mal à dérouler un récit qui utilise par trop le texte de narrateur alors même que comme expliqué plus haut l’action peine à s’installer. On a alors souvent le sentiment d’une succession de tableaux juxtaposés. C’est ainsi l’impression générale qui ressort de la lecture, d’une mauvaise idée d’avoir choisi le format BD pour un artiste qui semble plus à l’aise dans l’illustration pure. Le récit un peu new-age de Syle aurait sans doute été très bien habillé par les belles visions de Pompettiqui comme nombre de ses collègues dessinateurs ne semble pas complètement prêt à s’émanciper du compagnonnage d’un scénariste.
Parcouru de trop de problèmes scénaristiques (dont quelques ellipses éludant des scènes centrales), le Sage d’Atlantide pourra s’apprécier pour de belles compositions graphiques… bien trop peu pour en faire une bonne BD. Dommage car le sujet (casse gueule j’en conviens) aurait pu proposer quelque chose d’intéressant sur un format plus court et surtout en texte illustré.
Comic de Kieron Gillen, Dan Mora et Tamara Bonvillain (coul.)
Delcourt (2022) – BOOM Studios (2020), 134p., série en cours, 4 « collected editions » parues.
Quand on lance une série le plus dur c’est de savoir s’arrêter. Surtout quand on est épaulé par l’un des dessinateurs les plus impressionnants du circuit US. Partie pour 3 ou 4 tomes, la geste arthuro-badass-gore-littéraire de Kieron Gillen a déjà cramé la limite et ce quatrième volume qui en attend (au moins) un cinquième est le volume de trop, pas loin de la sortie de route. C’est fort dommage tant la brochette de personnage est sympathique, l’esprit film d’horreur fauché des années 80 assumé et très opérant et le décalage trash de l’esthétique arthurienne originale.
Je reconnais que mettre 2 Calvin avec un artiste de la qualité de Dan Mora fait beaucoup hésiter. Est-ce bien raisonnable? Pourtant on m’accordera que l’absence de décors finit, une fois basculé entièrement dans l’Outremonde, par devenir gros et les effets visuels font également saturer un peu. Depuis le début de la série l’alternance d’humour, d’action débridée, d’irruptions gores en laissant les atermoiements d’Arthur ( il faut le dire assez ridicules) en pouce-café permettaient de garder un rythme accrocheur. Le fait de sortir du monde réel nous plonge dans un grand vide assez inintéressant, où le temps n’a plus lieu, où les baston sont coupées aussitôt commencées et où ne restent pratiquement plus pour nous tenir hors de l’eau que les fight super-héroïques des chevaliers à la mode Gillen. En passant dans l’Outremonde les auteurs perdent clairement l’équilibre de leur série en étant réduits à faire surgir épisodiquement un nouveau personnage de la littérature anglo-saxonne, qui Shakespear par ici, qui Robin Hood par là, sans oublier une Gorgone. Face à ces démons les héros sont bien peu de choses et se contentent de courir… Tout ça sent de plus en plus le gloubi-boulga et l’érudition certaine du scénariste ne justifie pas d’oublier son objectif.
Très grosse déception donc pour ce volume d’une série qui avait su effacer ses quelques défauts sous une immense sympathie et un sens du fun évident. A croire que Gillen a laissé les manettes à un assistant. Espérons qu’il ne s’agit là que d’un accident et qu’un cinquième tome viendra conclure en feu d’artifice une série qui ne méritait pas ça.
Premier et second volumes de la mini-série écrite par Chip Zdarsky. Le premier contient les épisodes US: Devil’s Reign (2022) #1-3, Devil’s Reign : Superior Four (2022) #1, Devil’s Reign : Villains For Hire (2022) #1, Daredevil : Woman Without Fear (2022) #1, Devil’s Reign : X-Men (2022) #1.
Le second contient les épisodes US: Devil’s Reign (2022) #4, Devil’s Reign : Superior Four (2022) #2, Devil’s Reign : Villains For Hire (2022) #2, Daredevil : Woman Without Fear (2022) #2, Devil’s Reign : Winter Soldier (2022) #1, Devil’s Reign : Spider-Man (2022) #1, Devil’s Reign : Moon Knight (2022) #1. Parution le 07/09/22 et le 05/10/22 chez Panini Comics.
Here it goes again
Dans l’univers Marvel, les super-héros ne sont pas toujours bien perçus, et ce malgré leur dévouement et leur abnégation. Car voyez-vous, ils ont aussi une fâcheuse tendance à provoquer des dégâts, et, allez savoir, ramènent aussi sans doute le commun des mortels à leur condition et à leur impuissance.
En 2006, il y a seize ans pour nous mais un peu moins au sein de l’univers 616, un incident grave impliquant de jeunes super-héros avait conduit les autorités à promulguer la Loi de Recensement, qui obligeait les super-héros en activité à dévoiler leur identité et à travailler pour le SHIELD, ce qui impliquait un contrôle hiérarchique, une formation et une sanction de leurs actes. Ulcéré par cette atteinte aux libertés fondamentales, Captain America s’opposa vivement à cette Loi, entrant de facto dans la clandestinité avec tous ses partisans. De l’autre côté, Iron Man, plus pragmatique, considéra que le compromis était raisonnable et opta pour la coopération. Cette divergence de point de vue engendra la célèbre CIVIL WAR, la guerre civile des super-héros, qui eu des conséquences et des ramifications durables, faisant entrer une frange non négligeable de héros dans la clandestinité durant plusieurs années.
Ce schisme ébranla le rampart formé par les héros et ouvrit la voie à l’Invasion Secrète des Skrulls (Secret Invasion), puis au règne sombre (Dark Reign) de Norman Osborn, lorsque ce dernier, profitant d’une vague favorable de publicité, fit croire à sa rédemption et devint le nouveau directeur du SHIELD, permettant aux criminels de tout bord de prospérer. Pourquoi vous raconter tout ça ? Parce que Devil’s Reign reprend quasiment au mot le pitch de Civil War, qu’il l’assaisonne avec du Dark Reign, pour nous resservir la recette en trois volumes.
Petit récapitulatif: Après quelques années passées sous l’égide de l’irascible Jonah Jameson, la mairie de New York passe aux mains de Wilson Fisk. Ce dernier, connu pour être l’empereur du crime connu sous le nom du Caïd, est parvenu, avec habileté, à laver sa réputation lors d’une invasion d’Hydra (voir Secret Empire) pour se hisser vers le fauteuil du Maire. Le Caïd a longtemps lutté sans merci contre Matt Murdock, alias Daredevil, ces derniers se rendant coup pour coup dans un déluge sans fin de violence et de vengeance. Devenu Procureur, Murdock a poursuivi sa lutte contre son ennemi juré, qui depuis quelques années détient jalousement le secret de sa double identité.
Pour garder un coup d’avance, Fisk a réuni des preuves, des pièces à conviction, non seulement sur Daredevil, mais aussi sur d’autres héros susceptibles d’entraver ses projets. Mais lors de son petit check-up mensuel dans son coffre-fort, Fisk s’aperçoit que le dossier a disparu. Et ce n’est pas tout, il est désormais incapable de se rappeler du véritable nom de Daredevil, ni de faire le lien avec Matt Murdock. Fou de rage d’avoir été ainsi berné, l’ancien Caïd décide de prendre les choses en main et fait promulguer une loi interdisant les super-héros, et par extension toute personne détentrice de pouvoirs surhumains dans l’enceinte de la ville.
Cette initiative force les héros urbains à se regrouper: Luke Cage et Jessica Jones reprennent du service, avec leur ami Iron Fist, Spider-Man bien entendu, mais également des francs-tireurs tels que Moon Knight ou le Punisher, personne ne sera épargné. Pour couronner le tout, Fisk enrôle des criminels notoires en les amnistiant, pour former les Thunderbolts, une milice chargée de traquer les contrevenants.
Il y a des lectures qui vous font sentir le poids des années. Il y a des lectures qui vous font réaliser que les comics et leurs histoires, c’est avant tout une machine à mouvement perpétuel, qui tend à reproduire des cycles, comme l’Histoire avec un grand H. Et enfin, il y a des lectures qui vous font réaliser que vous lisez depuis assez longtemps pour voir les cycles narratifs se suivre et se répéter.
Chip Zdarsky combine donc des éléments déjà vus dans d’autres séries et sagas, sans que l’intention réelle derrière cette resucée ne soit très claire: remettre les thématiques au gout du jour ? Se les approprier ? Est-ce plutôt une commande de Marvel qui souhaite réinterpréter ses classiques ? Allez savoir. Il n’en demeure pas moins que tout dans Devil’s Reign a déjà été vu ou revu:
Un méchant qui se rachète une bonne réputation et se hisse au sommet ? Norman Osborn l’a déjà fait lors de Dark Reign, avec des effets plus pernicieux et à une échelle sensiblement plus grande.
Une loi qui empêche les super d’être des héros ? Plus ou moins la même chose dans Civil War, avec néanmoins plus de nuance quant aux implications politico-sociétales. Là où Civil War donnait à chaque camp des arguments entendables sur la façon de réagir à la Loi de Recensement, Devil’s Reign ne s’embarrasse pas d’une telle réflexion et admet sans embage le caractère inique de l’initiative de Fisk.
Des méchants utilisés pour traquer les super-héros rebelles ? Là aussi, les Thunderbolts sont un copier-coller, avec US Agent pour les encadrer, ce qu’il faisait déjà en 2011.
Le Caïd qui tient un dossier sur Daredevil et d’autres super-héros ? L’idée fait exactement écho au Rapport Murdock , à l’époque où Brian Bendis écrivait la série.
Bon sang, même le concept d’utiliser l’Homme Pourpre pour contrôler en masse les populations a déjà été utilisée !
Néanmoins, on peut accorder à Devil’s Reign un élément de sa prémisse qui soit original, ou du moins peu courant, à savoir la bataille électorale dans laquelle se lancent nos héros pour espérer battre Fisk sur son propre terrain. Après Jameson et Fisk, l’idée de voir un super-héros à la tête de New York serait, avouons-le, plutôt cool.
A côté de ça, on ne peut pas ignorer certains défauts éditoriaux, qui prennent leur source chez Marvel, mais qui sont confirmés par Panini: l’histoire principale, qui est magnifiquement dessinée et qui tient globalement la route malgré les redites précitées, est littéralement parasitée par une floppée de tie-ins, des épisodes annexes se déroulant en parallèle de l’intrigue dominante. Ces épisodes se concentrent sur Elektra, qui soit dit en passant est devenue la nouvelle Daredevil, ainsi que sur les Thunderbolts, et l’on trouve aussi des épisodes mettant en scène Moon Knight, le Soldat de l’Hiver, et le Docteur Octopus cherchant à assimiler ses doubles à travers le Multivers.
Oui, vous avez bien lu, une partie non négligeable de ces deux premiers volumes n’a rien à voir avec le sujet. D’une qualité qui va du franchement médiocre au tout à fait passable, ces tie-ins, qui se paient en plus le luxe de ne pas être disposés dans le bon ordre chronologique, auraient pu disparaître sans que l’ensemble n’en soit affecté, bien au contraire. L’histoire principale, qui va à l’essentiel, aurait gagnée à être publiée seule.
Le bilan de ces deux premiers tomes est donc plus que mitigé, notamment du fait des égarements éditoriaux de Panini, ce qui est d’autant plus dommage que la série principale, bien que pompant allègrement dans les classiques, présente tout de même certaines qualités.
Comic de Grant Morrison, Frank Quitely et Jamie Grant
Urban (2017) – DC (2006), 320p., série terminée.
L’édition originale américaine est parue en douze volumes (2006-2008) puis une intégrale en un unique puis en deux volumes. La première intégrale française paraît chez Panini en 2011, est reprise par Urban à la reprise du catalogue DC sur une édition 2013, réimprimée en 2017, avant d’être intégrée à la collection Blacklabel en 2022. Les trois éditions Urban sont identiques. L’édition chroniquée est la 2013, avec un cahier bonus de 26 p. incluant notes d’intention, croquis, couvertures de chapitres, script, bio des auteurs et dramatis personae.
Superman a été assassiné. Empoisonné par là où il tire sa puissance. Lex Luthor son ennemi de toujours a fomenté une mission de sauvetage dans le Soleil qui a saturé les cellules de l’homme d’Acier en énergie. Il ne lui reste plus que quelques semaines à vivre. Kal-El entame alors un inventaire de ce qu’il na pas encore fait, de ce qu’il pourrait résoudre et de comment conclure sa vie…
Lorsque l’on souhaite commencer à lire des albums de Superman on tombe sur des tops qui qualifient d’indispensables le Unchainedde Jim Lee, le Red son de Mark Millar, For All Seasons du mythique duo Sale/Loeb, Kingdom Come de Alex Ross et donc ce All-star Superman. Pas encore très réputé, l’écossais Frank Quitely marque avec cette série en douze épisodes une grosse étape de sa carrière, cinq ans avant Jupiter’s Legacy et quelques années après sa rencontre avec Millarsur The Authority. All-star Superman remportera l’Eisner de la meilleure nouvelle série tout au long de sa publication…
Pourtant je dois reconnaître qu’hormis Red Son je n’ai que moyennement accroché aux volumes cités plus haut et il en est de même sur ce « mythe ». Je commence à me faire une raison en me disant que ce personnage n’est pas fait pour moi, ce que confirme ma très grosse hype sur l’anti-superman qu’est Injusticeet sa variante télévisuelle The Boys. Appâté par les dessins de Quitelydont j’avais adoré la dynamique dans Jupiter’s Legacy et le pitch assez trompeur des « douze travaux de Superman », j’ai été assez déçu par une succession d’épisodes très mal liés et qui apparaissent plus comme une chronique non chronologique et assez sévèrement WTF qui surprend par son aspect futuriste et souvent parodique, jusqu’à rappeler par moment le travail de Geoff Darrow dont le dessinateur s’inspire très certainement.
Dès le premier chapitre on est ainsi plongé dans une époque d’anticipation, une sorte de Métropolis alternative rétro-futuriste qui permet toutes les excentricités en matière de costumes ou de décors. L’idée est plutôt bonne… mais comme souvent chez DC on nous balance au milieu d’une intrigue qui n’a pas de début, parmi des personnages qui ne nous ont pas été présentés et sur des micro-intrigues qui ne semblent pas reliées. L’utilisation de toutes les inventions les plus absurdes de l’univers de Superman ne facilite pas l’immersion et l’implication dans ce drame historique de la mort de Superman: Bizaro et Zibaro, le mage galactique Klyzyzk Klzntplzk, sans oublier le Soleil-tyran et bien sur Krypto le super-chien… Alors que Tom King nous a proposé cet été une magistrale odyssée Supergirlqui parvenait à s’extraire de ces absurdités, Grant Morrison semble recherche comme un Alex Ross ce qu’il y a de plus désuet dans la mythologie de Kal-El.
Les aspects positifs de cet album reposeront sur l’imagination débordante et bien sur la qualité des dessins de Quitely. Petite suggestion en passant: alors que la question de la reprise des couleurs d’albums anciens ne cesse d’enflammer les passions à chaque expérience éditoriale, je dois dire que le travail de Jamie Grant est extrêmement datée et mériterait une modernisation qui pourrait atténuer l’aspect rétro de l’album. Certaines idées comme l’expérience de super-pouvoirs permettant à Loïs de comprendre la vie de Superman pendant 24h ou les perspectives de supermen du futur sont intéressantes. Mais l’ensemble est par trop baroque, mal ficelé et hermétique aux novices pour véritablement apprécier All-Star Superman. Pas mauvais, certainement très bon même pour les afficionados de l’homme de Krypton, ce gros volume n’est en tout cas assurément pas fait pour tout le monde..
Salut les mangavores! On monte en qualité sur ce billet avec trois volumes sortis récemment: une déception sur la pourtant grosse com’ de Ki-oon sur Lost Lad London, un Clevatess confirme la qualité de son ouverture et un Fool Night qui confirme sur ce dernier volume de l’année qu’il est peut-être la série de 2022…
Lost Lad London #1 (Shinya/Ki-oon) – 2022 (2019), 224p., volume, 1/3 tomes parus.
Merci aux éditions Ki-oon pour leur confiance.
Le maire de Londres a été assassiné dans le métro. Au mauvais endroit au mauvais moment, Al se retrouve avec le couteau du crime dans la poche et un des plus fins limiers de New Scotland Yard sur le dos. Mais le vieil inspecteur a du flair et ne sent pas de coupable dans ce jeune étudiant. Il décide de faire équipe avec ce qu’il faut bien appeler le principal suspect du meurtre…
Une fois n’est pas coutume, cette nouvelle série courts lancée par les très bons Ki-oon… m’a parue vraiment un ton en dessous de leurs habitudes. En annonçant une approche très européenne du fait du séjour de l’autrice en Angleterre l’éditeur semble justifier un dessin absolument minimaliste qui empêche selon moi de parler véritablement de BD, voir de manga. Le scénario et les personnages sont assez sympathique bien que l’on ne saisisse pas encore tout à fait l’intérêt de cet attelage entre un flic bourru dans le plâtre et un jeune adulte issu d’adoption. On lit donc l’album sans aucun soutien graphique et si l’on ne s’ennuie pas il faut avoir une vraie vibration soit pour les polar, soit pour le graphisme de l’autrice, pour trouver un intérêt de poursuivre sur la série. Pas mauvais mais manquant cruellement de quelque chose de plus, Lost Lad London est une surprise, mais pas dans le sens attendu…
Le premier tome de cette nouvelle série de Dark-fantasy Ki-oon avait fait l’effet d’un électrochoc! Très curieux de voir ce que pouvait donner ce switch initial qui voit la toute puissance du Démon (dans un esprit qui rappelle Le dernier des dieux) j’avais été surpris à la fois par des dessins aux encrages magnifiques et par une rudesse inhabituelle. On reprend immédiatement après le premier opus qui avait laissé l’héroïne démembrée juste revenue à la vie par le sang maléfique du démon. S’ensuit une première partie de manga très énergique alors qu’Alicia tente d’éliminer les redoutables bandits. Cela nous donnera l’occasion de découvrir la détermination, les talents guerriers de cette championne mal en point mais aussi un artefact très puissant qu’elle devra conquérir en affrontant un démon ancien tapi au fond du lac. Totalement pris par le rythme on bascule ensuite dans des considérations stratégiques moins rythmées et qui, si elles permettent de développer l’univers (avec l’émergence d’un grand méchant très réussi), font un peu retomber la hype de lecture. Alors que le manga en est déjà à son cinquième tome au Japon on patientera en se disant que le passage du second volume est souvent synonyme de ralentissement et qu’avec une telle qualités moyenne basée sur un potentiel très riche on n’est pas du tout inquiet sur l’ambition de l’auteur de bâtir une mythologie et un récit fort en personnages et disruptif.
En assumant l’orientation Polar de la série, Katsumi Yasuda développe les différentes factions de cette société, entre la police bien décidée à éliminer le sanctiflore assassin, l’Institut de transfloraison lancé dans la récupération de ce spécimen unique grâce à une milice privée ou l’arrivée d’un nouveau venu dans ces militants anti-transfloraison… juste évoqués. Est-ce que l’auteur est en train de construire un projet au grand format en prenant le temps de poser son cadre? Toujours est-il que si le personnage de Yomiko (et le duo un peu gnan-gnan qu’elle formait avec Toshiro) est absent de ce volume pour cause d’hôpital suite à l’agression précédente, ce volume reste plein d’action et surtout de planche absolument à tomber dans son style aussi technique que minimaliste. On savoure chaque ombre et la minutie des détails pour un niveau de précision loin des canons de l’édition manga. La corolaire de cela c’est que la parution s’étire et qu’il faudra attendre le mois de mai pour connaitre la suite des aventures dramatiques de Toshiro. On serait proche du 5 Calvin si ce n’était la très surprenante arrivée du méchant qui sonne vraiment baclée, tellement que l’on revient en arrière pour s’assurer que l’on n’a pas loupé des pages. Vraiment étrange au regard de très grande maitrise générale de Yasuda depuis le début. Erreur de jeunesse sans doute qui n’obère en rien le statut de révélation de l’année manga pour ce Fool Night.
Soleil (2022), 100p., série en cours, collection Métamorphose.
Merci aux éditions Soleil pour leur fidélité.
Sur l’île de Carambola le peuple se contente des restes des fruits de la mer quand le haut château profite de ses bienfaits. Mais le joug de l’usurpateur semble proche de sa fin. Est-ce cet étranger muet échoué sur les plages de l’île et doté d’étonnants pouvoirs qui y mettra fin ou la cheffe des séditieux qui clame l’injustice et fait la nique aux soldats du faux-roi? La prophétie, elle, ne fait guère de doute…
Ce Carambollavenu d’Italie avait beaucoup d’atout pour être une nouvelle révélation transalpine: une fable à l’aspect original reprenant l’idée des marées basses faites de coquillages et de mollusques, un conte noir dressé sur une prophétie, un trait élégant teint de sepia et inspiré par le style d’Alessandro Barbucci… C’était oublier qu’il s’agit ici pratiquement d’un premier album, qui souffre des défauts du manque d’expérience lancé dans une fresque ambitieuse. Cette lecture fait penser à celle de Talionoù la passion et le travail ne suffisent pas totalement à combler une complexité narrative et un dessin qui oublie d’être au service du récit.
L’album a bien des qualités, comme cet univers graphique incontestablement élégant, des personnages marquants et un Mythe classique mais structurant basé sur des schémas toujours porteurs, ceux d’une tyrannie et d’une révolte appuyée sur un héros mystérieux sorti des eaux sans souvenirs. Malheureusement les auteurs peinent à actionner une machine par trop cryptique, que certaines fautes techniques du dessinateur n’aident pas à délayer. Comme souvent le format large de cent pages dispense de la concision et si le voyage imaginaire est dépaysant on n’est pas certain de vouloir connaître le destin de ces personnages malgré un cliffhanger révélateur. Avec un aspect de première œuvre pleine de passion mais imparfaite, Carambollavous emportera (ou pas) sur ses rivages selon que vous tomberez amoureux du style graphique. Avec beaucoup de manques pour faire véritablement un bon album.