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Bunkerville

Récit complet de 162 pages, co-écrit par Pascal Chind et Benjamin Legrand, et dessiné par Vincenzo Balzano. Publication chez Ankama le 05/01/2024.

Merci aux éditions Ankama pour leur confiance.

Vingt mille lieues sous l’amer

Si on peut affirmer une chose de notre héros Laurel, c’est qu’il est tout sauf hardi. Ce golden boy obnubilé par le profit passe le plus clair de son temps au travail et semble négliger sa bien-aimée Éléonore.

Un jour, Laurel reçoit un appel préoccupant. Sa fiancée a disparu près d’une plage, où elle été vu pour la dernière fois plongeant dans l’eau. Après des semaines de recherches, il lui faut bien se rendre à l’évidence: Éli est morte noyée, et il en porte la responsabilité. En effet, le trader obsédé par l’argent a ignoré ses appels à l’aide, elle qui lui répétait sans cesse qu’elle devait « quitter son monde ».

Ravagé par les remords, Laurel se rend sur la même plage et se jette dans l’eau, espérant rejoindre sa fiancée dans la mort. Mais à son grand étonnement, et au nôtre, notre financier dépressif n’atterrit pas aux enfers façon Orphée et Eurydice, mais plutôt dans une ville étrange remplie d’énergumènes tous plus fous les uns que les autres. Comment a-t-il échoué à Bunkerville, la cité mécanique isolée depuis un siècle-et-demi ?

Nous avions découvert le travail de Vincenzo Balzano d’abord sur Clinton Road, puis sur Adlivun, tandis que Benjamin Legrand est notamment connu pour le Transperceneige, excusez du peu.

Il y a quelque chose de résolument kafkaïen dans ce Bunkerville (notamment en référence à la nouvelle Le Château), où un protagoniste « normal » débarque dans un microcosme où la logique et la vraisemblance n’ont plus cours. On se retrouve donc avec le cas typique du protagoniste kafkaïen passif, qui subit en majorité les évènements et vogue d’interactions lunaires en procès abscons jusqu’à un final poétique bien que mystérieux.

Les dessins de Vincenzo Balzano participent pour beaucoup à l’ambiance lunaire de l’album. Ses compositions épurées et les couleurs sombres et contrastées rappellent celles de Ben Templesmith, en moins glauque, et représentent adéquatement l’état d’esprit décalé de Bunkerville. Outre l’aspect kafkaïen, on retrouve aussi des références à des classiques comme Métropolis, la ville mécanique dont le fondateur pleure un amour perdu ou inaccessible, construite sur plusieurs niveaux, régie par la profondeur verticale.

Dans un cahier graphique en fin d’album, l’auteur nous apprend que ce projet était initialement destiné au cinéma, avant de prendre la forme d’une BD. On ne peut qu’imaginer quel objet cinématographique aurait été ce Bunkerville, mais on peut sans doute figurer un univers à la Gondry ou Jeunet, voire peut-être Terry Gilliam.

Pour conclure, Bunkerville est une œuvre belle sur la forme et sur le fond, sous-tendue par des références littéraires et cinématographiques qui renforcent sa cohérence thématique.

**·BD·Manga·Nouveau !·Service Presse

Urbance #1

Premier tome de 179 pages de la série créée par Joël Dos Reis Viegas. Parution chez Ankama le 05/01/2024.

Merci aux éditions Ankama pour leur confiance.

Guerre du sexe

Kenzell et Lesya sont deux jeunes gens façonnés par une drôle d’époque. Drôle, le mot est mal choisi quand on sait qu’un contact un peu trop biblique entre deux personnes équivaut à un arrêt de mort.

En effet, le virus E-1 apparu en 2025 a rendu impossible, ou en tout cas mortel, tout contact sexuel pour tous les porteurs, et rend même mortelle la masturbation. Après une hécatombe qui a emporté la moitié de la population mondiale, la multinationale COEVO a pris le contrôle et imposé la séparation stricte entre hommes et femmes.

Ainsi, deux sociétés différentes et antagonistes voient le jour. Chez les hommes comme chez les femmes, les gens sont répartis en plusieurs gangs, qui inculquent la haine du sexe opposé ainsi que l’abstinence et dictent un comportement violent et radical.

Tout ça ce n’est pas trop le fort de Kenzell, qui à la violence préfère la musique. Le jeune homme membre du clan de Néo Blasters n’a qu’un désir, celui de produire son propre son et un jour, remplir une salle de concert. Il tient sa chance lorsque le célèbre artiste Brain le laisse faire sa première partie. Son destin va basculer lorsque un groupe de femme fait clandestinement irruption pendant sa représentation, à la recherche de N-Dorphin, une drogue de synthèse permettant d’atteindre l’orgasme sans provoquer la mort. Lyesa et Kenzell sont recherchés après un contact prohibé. Que vont-ils devenir ?

Urbance est un projet multi-support qui a commencé sur les bases de l’animation, avant de se développer au format manga chez Ankama. Le pitch radical et quelque peu sulfureux a tout pour plaire, surtout à une époque marquée par l’étonnant paradoxe entre accessibilité totale de l’offre affectivo-sexuelle via les plateformes de rencontres (la fameuse hookup culture), et une misère affectivo-sexuelle si prégante au sein des jeunes générations qu’elle en génère des mouvements idéologiques (les fameux Incels).

Il y avait donc beaucoup à implémenter dans le sous-texte thématique de Urbance, et d’autant plus d’enjeux dans la construction de son univers. Cependant, on ne peut que constater une exposition en dents de scie, avec des introductions hasardeuses de protagonistes auxquels il est difficile de s’attacher, des enjeux encore flous et des éléments de background qui tapent un peu à côté.

En effet, la mise en place de ce premier tome alterne en scènes in media res auxquelles le contexte fait parfois défaut, et tartines d’exposition qui paraissent appliquées à la truelle. Il est aussi aisé de taxer l’écriture du personnage principal, qui détaille sa motivation dans un monologue un brin kitsch, de maladresse, voire d’immaturité, ce qui entrave par la suite l’implication émotionnelle. Le reste de l’action fait le job, mais aurait pu être condensé davantage pour laisser respirer le reste du récit, puisque mine de rien, ces 179 pages ne comprennent que l’exposition et l’élément déclencheur, sachant qu’il ne reste qu’un second tome pour boucler l’intrigue.

On se pose aussi quelques questions sur la construction de l’univers et sa cohérence. On comprend que le virus fait irruption de nos jours et transforme les rapports interpersonnels, notamment les rapports amoureux et sexuels. L’idée d’une ségrégation fait évidemment écho à toute une veine dystopique, mais on reste étonné que les gouvernements, avant de passer à une solution aussi radicale, n’aient pas pensé à la castration chimique ni à toute la gamme d’inhibiteurs de libido disponibles en pharmacologie. La question n’étant pas évoquée, on se demande si l’auteur y a réfléchi ou s’il compte introduire cette idée à un moment.

Bref, on ne sait pas trop quoi penser de ce premier tome, hormis un pitch original handicapé par une exposition balourde et un univers qui pourrait peiner à justifier sa propre existence.

**·BD·Comics·Service Presse

Arcadium

Récit complet en 144 pages, écrit et dessiné par Nikopek. Parution chez Ankama le 27/10/2023.

Merci aux éditions Ankama pour leur confiance.

Born(e) Again

La vie du jeune Gavin Hill, dans la petite ville de Rosebud, ressemble à celle de milliers d’autres losers adolescents des années 80. Une fois ses études consciencieusement sabotées, il s’est dégoté un job dans le vidéoclub poussiéreux du coin et végète dans une vie qu’il déteste. Ce n’est pas mieux à la maison, où Gavin doit cohabiter avec son beau-père violent et son demi-frère qu’il méprise.

Le peu de joie que Gavin ressent dans sa vie, il la trouve auprès de Nancy, la fille de ses rêves qui l’a friendzoné au profit de son meilleur ami Donovan. La tranquillité du trio est perturbée lorsque survient un drame à Rosebud. Ryan, un adolescent du coin, a massacré sa famille avant de disparaître. Mais quelques semaines plus tard, c’est Gavin qui passe à l’acte.

Interrogé par la police, il propose de livrer le récit de son crime aux deux inspecteurs chargés de l’enquête. Sont-ils prêts à entendre la vérité ?

Comme chacun sait, depuis Stranger Things, l’horreur dans un cadre urbain ET les années 80 sont une nouvelle référence prisée, que plusieurs œuvres et médias ont plébiscité en cascade.

La couverture d’Arcadium suffit donc pour nous orienter vers ce type de lecture, promettant ainsi un ensemble de codes que le lecteur attend, ne serait-ce que par réflexe pavlovien.

Ces codes, nous allons en retrouver la plupart au cours de l’album, l’intrigue étant référencée à plusieurs niveaux, du discret easter egg aux pivots fondamentaux du récit.

Malheureusement, l’exécution de l’histoire laisse à désirer. Si l’introduction nourrit très bien l’ambiance glauque et inquiétante, le jeu maléfique éponyme n’apparait qu’à la page 56, sans qu’aucune mention n’en soit faite avant. Concernant le fait même de faire de ce jeu un artéfact essentiel à l’intrigue, on constate que l’auteur n’en fait pas adroitement la préparation dans l’acte 1. On aurait pu par exemple imaginer que Gavin, pour fuir ses problèmes, aurait eu pour habitude de s’isoler dans une salle d’arcade pour y passer son temps et se plonger dans des mondes virtuels en 8 bits, ce qui aurait établi une cohérence thématique profitable au reste de l’intrigue lorsqu’il découvre la fameuse Arcadium. Au lieu de ça, nous avons un déroulé cryptique qui aligne des scènes quelque peu absconses pour cultiver le mystère, mais ce manque de préparation nuit totalement à l’ensemble.

L’auteur semble également se prendre les pieds dans le tapis lorsqu’il s’agit de développer le lore autour de sa borne d’arcade maudite et des règles auxquelles ses malheureux joueurs doivent se plier.

Bien malin le lecteur qui, une fois l’album refermé, pourra se targuer d’avoir compris le fin mot de l’histoire. Quel est le but du jeu ? Qui en tire bénéfice ? Le final est trop vague, trop confus, et laisse le public dans un brouillard qui annihile la satisfaction de s’être plongé dans un univers aussi prometteur.

Ni la grande qualité graphique, ni les références bien amenées aux films de genre des années 80 n’auront permis à Arcadium de s’élever au-dessus de ses faiblesses scénaristiques, et c’est bien dommage !

*****·Manga·Rapidos·Service Presse

Radiant #18

 
Manga de Tony Valente,
Ankama (2023) – 192 p., coul+ nb, 18 tomes parus.

bsic journalismMerci aux éditions Ankama pour leur confiance.

Attention spoilers!

Tout à sa passion et à son imagination débordante, Tony Valente fonce et les lecteurs lui courent derrière, découvrant de nouveaux personnages à chaque tome, augmentant d’autant la galerie et les éléments narratifs. Grand scénariste il sait aussi qu’il faut faire des pauses et ce dix-huitième tome est une accalmie sagement posée qui va nous permettre de reprendre notre souffle et de balancer quelques (petites) révélations.

Protégés par l’univers magique de Hurla, Seth et ses amis vont ainsi découvrir le grand projet de cette dernière (la restauration du Petit peuple) pendant que Doc s’entraine à devenir un véritable chevalier et que Melie apprend à domestiquer son Nemesis. Entre deux grosses séquences d’action (faut quand-même pas s’endormir, on est dans un tome de Radiant!) la marche vers la confrontation finale semble inéluctable quand l’Inquisition proclame la Loi Martiale, établissant une dictature de fait sur Bôme…

Comme nous l’avons vu au précédent tome, l’auteur semble estimer que les révélations majeures permettent désormais d’évoluer progressivement vers la résolution (d’ici deux ou trois arcs quand-même selon le Toum-Stak!) et cet épisode sonne comme un des premiers où le scénario est apaisé. Cela ne signifie en rien que le tome est ennuyeux, le rythme des séquences et la richesse des informations maintiennent Radiant dans le firmament des mangas en cours. Simplement on n’était pas habitué à ces moments de pause qui font du bien pour se remettre les idées en place et commencer à se souvenir de l’ensemble des personnages, liens et objectifs (jusqu’à nous rappeler le destin final de Seth que l’on aurait tendance à oublier: la localisation du Radiant…).

Avec ses dessins qui donne envie de suivre chaque personnage sur sa série solo, avec son humour qui fait toujours mouche, avec un écosystème imaginaire piochant dans une infinité de viviers de la littérature à l’urban culture, Radiant est tome après tome un miracle que l’on voudrait ne jamais voir s’arrêter… Merci Tony!

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****·BD·Graphismes·Guide de lecture·Nouveau !·Service Presse

The Art of Radiant

Art-book de Tony Valente.

Ankama (2023), 352p.

Merci aux éditions Ankama pour leur confiance.

La notoriété de Tony Valente est éclairante du dramatique mur qui existe entre le monde de la BD franco-belge et le manga. L’auteur de Radiant a déjà vingt ans de carrière dans les mains, une expérience qui se ressent sur son grand-œuvre, éclipsant les séries FB sur lesquelles il s’est fait la main chez Delcourt et Soleil, lancé notamment par Didier Tarquin, l’auteur de Lanfeust. Mais Valente n’est semble t’il pas homme d’écurie et la bande de Boudjelal et Arleston a fait son chemin sans lui. Alors que Radiant est le premier manga non japonais publié au pays du soleil levant, que ses ventes là-bas ont atteint le seuil déclencheur d’une adaptation en animé, que des cadors tels que Mashima participent aux illustrations hommage en fin de cet art-book, très peu d’auteurs français se joignent à la célébration et l’auteur est assez peu présent sur les salons et dédicaces et à peu près jamais cité comme un des bdistes majeurs de sa génération. Car c’est bien ce qu’est Tony Valente tant dans son dessin que dans sa création et ce beau livre conséquent est le meilleur moyen de le démontrer.

Construit en chapitres suivant les thématiques de la saga (les lieux, les groupes en présence, les personnages), le volume présenté assez modestement par l’auteur en préface vise à publier le très grand nombre d’illustration couleurs autour de l’univers, mais aussi les croquis de mise en place. En cela nous avons bien affaire à un vrai making-of plutôt qu’une simple galerie de belles pages, peut-être plus encore que le récent ouvrage sur le Chateau des Etoiles.

Il est intéressant de voir les nombreux commentaires sur le travail de la couleur concernant les illustrations de couvertures. Pour un manga (par définition en noir et blanc) cela doit être frustrant quand on attache une telle réflexion sur le fonctionnement des couleurs, effets et transparence et leur reproduction graphique. Plus globalement les petits textes explicatifs à chaque partie montrent la très grande exigence de l’auteur sur le sens de ce qu’il dessine, sur la structure des personnages et globalement sur le fond de son œuvre. Radiant reste une série grand public de loisir, mais cela n’empêche aucunement de rendre cohérent et fonctionnel l’ensemble. On dit toujours que la solidité d’un univers se trouve dans ce que l’on ne voit pas.

Avançant par tâtonnements, n’hésitant pas à fusionner ou déplacer des personnages, on apprend de Tony Valente que la première version de Radiant était un manga scolaire à la sauce Harry Potter. Puis au gré de ses envies, de ce qui fonctionnait ou pas, il a développé un monde où la langue joue un rôle majeur, d’une immense liberté créative qui explique l’originalité de ce manga.

Aussi intéressant que superbe à compulser, cet art-book est un must-have pour tout lecteur du manga et une excellente porte d’entrée pour les autres qui s’interrogeraient sur ce manga français peut-être plus connu au Japon que dans l’hexagone. Et un moyen de briser enfin cette barrière infranchissable entre publics manga et publics BD.

***·BD·Nouveau !·Service Presse

Plein Ciel

Récit complet en 88 pages, écrit par Pierre-Roland Saint-Dizier et dessiné par Michaël Crosa. Parution le 01/09/2023 chez Ankama.

Merci aux éditions Ankama pour leur confiance.

In the mood for life

Dans les années 60, la pression démographique, l’exode des populations vers les villes et la nécessité de répondre à toutes ces problématiques ont conduit à la création des nouveaux grands ensembles urbains partout en France. Ces barres d’immeubles étaient alors inédites en France, véritables villages à la verticale issus de l’imagination de Le Corbusier et de ses disciples.

La Résidence Plein Ciel en fait partie. Cet immeuble tranquille voit son quotidien bouleversé lorsque Émile, un septuagénaire résidant au 17e étage, met fin à ses jours en sautant par la fenêtre. Derrière lui, Émile laisse un chat, des plantes vertes, et tout un tas de questions qui resteront sans réponse. Martine, son amie depuis trente ans, sa confidente, est sous le choc. Jean, le gendarme à la retraite, Paulo et Henriette, les concièrges, mais aussi Sabri, Luang, Alim, Maria, ainsi que tous les autres voisins vont tenter de découvrir ce qui a convaincu le pauvre Émile de mettre fin à ses jours.

L’album à peine ouvert, on est déjà assailli par une première surprise, un premier paradoxe. La couverture, les couleurs, le lettrage, le dessin, mais aussi la thématique, tout porte à croire cet album sorti des presses de Grand Angle. Or, il n’en est rien, puisque c’est Ankama, éditeur qui semble plutôt versé dans des univers sombres et imaginaires, qui hérite de cette chronique sensible et émouvante de la vie quotidienne.

Cependant, si le choix éditorial semble surprenant, il apparaît qu’on est loin de la sortie de route, puisque l’éditeur en question a déjà tenté une sortie de ses sentiers battus à quelques occasions (par exemple pour Aïda). Il est donc difficile de déterminer si Plein Ciel est issu d’un rattrapage éditorial (après un échec chez Grand Angle, par exemple?), ou bien d’une volonté affirmée de résoluement diversifier sa ligne éditoriale, ou bien encore d’un coup de coeur de la part de l’équipe, qui les aurait convaincus de ne pas laisser passer le projet.

Une fois dissipée la surprise de voir passer un récit « tranche de vie » chez Ankama (leurs récits phare sont plutôt « tranche DES vies »), on se laisse embarquer dans ce récit simple mais au début accrocheur. En effet, le moteur de l’intrigue, initié dès les premières pages, est redoutablement efficace, car, même si l’on a pas vraiment le temps de s’attacher au personnage d’Émile, l’impact de sa mort sur les habitants de Plein Ciel nous donne envie de résoudre le mystère de son suicide.

Ensuite, les flashbacks et différents souvenirs des amis et voisins, s’ils auraient mérité d’être un peu plus étoffés, rattrapent le temps diégétique perdu en nous offrant différentes perspectives sur la vie du vieil homme. Solidarité intergénérationnelle, cohésion sociale et problématiques liées à l’ubanisation sont au coeur de ce récit, qui parvient à émouvoir sans en faire trop. Graphiquement, Michaël Crosa use d’une belle palette pour retranscrire les émotions et nous évite le cliché de la banlieue grise et déprimante.

Une belle découverte au scénario attendrissant et tragique à la fois, conseillée aux amateurs des récits choraux et de tranche-de-vie.

**·***·****·East & West·Manga·Nouveau !·Rapidos·Service Presse

One piece: episode A #1 – Les amants sacrifiés #2 – SinoAlice #2 – Radiant #17

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En ces temps de disette de bonnes BD franco-belges les manga et comics s’accumulent sur la PAL… Il est donc temps de reprendre les séries en cours avec des nouveautés sorties depuis plusieurs semaines/mois.

  • One piece: episode A (Boichi, Ishiyama, Oda/Glénat) – 2023 (2020), 192., volume 1/2.

bsic journalismMerci aux éditions Glénat pour leur confiance.

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One Piece est un monument dont les volumes ont été vendus à 516 millions d’exemplaires dans le monde depuis 1997 (par comparaison Naruto et Dragonball n’en sont qu’à la moitié…). Pourtant je n’ai jamais lu un seule tome de cette série et me suis dit que l’incartade de Boichi sur une histoire courte me permettrait peut-être d’avoir un bel aperçu de cet univers. Malheureusement comme souvent Boichi gâche son immense talent graphique (on ne peut pourtant pas lui reprocher un délire solitaire puisque ce double tome est doté d’un scénariste) en se contentant d’un mirifique délire graphique qui ressemble beaucoup à ces toilettages next-gen que l’on observe sur certains jeux vidéo iconiques. Tout d’abord pour parler clairement: cet épisode A est exclusivement destiné aux lecteurs à jours de One Piece, les béotiens comme moi étant voué à rester totalement exclus de toute compréhension. Le seul intérêt fan-service est donc de croquer sous le trait explosif de Boichi les personnages et lieux iconiques de la série. A ce stade l’auteur pourrait tout aussi bien reprendre intégralement la série en « artist version » comme il le fait sur la dernière partie du volume qui est un simple remake de l’épisode 51 de la saga. Si ce projet laisse de côté les nouveaux lecteurs il risque de frustrer également les fans qui vont relire une séquence simplement dessinée par un autre. Tant qu’à faire il aurait été tout aussi intéressant pour Glénat de publier l’Episode A en un unique volume et de l’accompagner par cet Episode 51 avec les deux versions en regard dans un autre volume. Bref, on pourra difficilement reprocher à Glénat de sortir ce projet en France, qui trouvera toujours des acheteurs complétistes. L’origine du projet est elle très discutable comme souvent chez Boichi et l’on préfèrera plutôt attendre la nouvelle série du Nipo-coréen en espérant qu’elle s’approche plus d’un Origin.

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    • Les amants sacrifiés #2/2 (Kakizaki/Ki-oon) – 2023 (2020), 224p., 2/2 tomes parus.

bsic journalismMerci aux éditions Ki-oon pour leur confiance.

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Le premier tome de ce diptyque d’espionnage historique avait réussi son introduction. Dans une atmosphère de polar noir auquel la texture si particulière des planches de Kakizaki apporte une densité très forte, ce second volume commence en Chine alors que le mari tente de récupérer des preuves des atrocités de l’armée occupante. Assez vite le lecteur se retrouve au Japon alors que les amants tentent de s’exfiltrer vers les Etats-Unis pour transmettre aux Alliés les films si précieux…

Il est étonnant de basculer d’un scénario obscure tissé sur les suspicions de la femme envers son mystérieux mari à une intrigue d’espionnage beaucoup plus franche. L’auteur ne tente plus en effet de camoufler les ambitions des protagonistes. Une des originalités de ce (trop) court manga est ce contexte pré-guerre mondiale où l’on voit clairement un japon totalitaire se mettre en place sans que la population n’ait encore bien percuté ce glissement. Alors la seule existence d’une preuve revêt toute son importance pour réveiller les consciences. La gestion de ce contexte documentaire noué avec un schéma narratif classique de l’espionnage est remarquable et l’on referme ce second tome avec à la fois l’envie de voir le film qui en est à l’origine et un regret que l’auteur n’ait pas pris le temps d’étoffer ce qui ressemble presque à un résumé. Au vu de la qualités des dessins on ne lui en tiendra pas rigueur mais il est certain que les quatre-cent pages globales auraient mérité au moins le double.

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  • SINoALICE #2 (Aoki-Himiko/Kurokawa) – 2022 (2019), 236p., 4/5 tomes parus.

bsic journalismMerci aux éditions Kurokawa pour leur confiance.

sinoalice_2_kurokawaLe premier volume avait créé son effet « waou » en nous noyant dans une narration déstructurée qui utilisaient de mystérieuses références aux contes de Grimm. Ce second volume poursuit sans temps mort en nous plongeant au sein d’un affrontement entre deux factions dotées d’étranges pouvoirs. « Blanche neige » semble chargée de protéger Alice que le traumatisme vécu pousse au suicide quand Cendrillon mène un combat manipulateur dans un « jeu » qui semble lié aux toutes puissantes marionnettes…

Avec des dessins toujours aussi agressifs et réussis, l’équipe de SINoALICE avance remarquablement dans son intrigue et notre découverte de cette réalité trouble qui rappelle quelque peu la mécanique du récent Coffee Moon chez Doki-Doki. Alternant des séquences assez tranchées, le scénariste a l’intelligence de proposer un déroulement simple pour ne pas complexifier inutilement un montage qui lui se veut très sophistiqué pour laisser le lecteur dans une brume sans codes. Ce manga fait partie de ces créations où l’on prend plaisir à se faire balader sur une réalité brouillée en attendant quelques miettes qui nous permettront de comprendre (ou pas…) où l’on a mis les pieds. En s’appuyant sur des références classiques de contes très modernisées pour l’occasion (attention, le dernier chapitre bascule dans un traitement tout à fait adulte, voir frisant le Ecchi), SINoALICE en donne suffisamment au lecteur pour patienter dans son stade d’incompréhension sans grande inquiétude au vu du déroulement que les pièces maîtresses seront assez rapidement dévoilées.

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  • Radiant #17 (Valente/Ankama) – 2023, 184., 17 tomes parus.

bsic journalismMerci aux éditions Ankama pour leur confiance.

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Si l’on peut faire un reproche à Tony Valente sur Radiant c’est d’ouvrir sans cesse son univers et de démultiplier les personnages au risque de finir par perdre ses lecteurs qui ne voit jamais de conclusion aux problématiques lancées. Pour le coup le bref résumé avant chaque tome n’est guère suffisant et une révision des épisodes précédents souvent nécessaire. Et bien ce dix-septième tome marque un sacré changement puisqu’il s’efforce justement de résoudre une bonne série de points ouverts sur l’arc de Bome en finissant par rassembler (enfin) l’ensemble de la bande de Seth et de clarifier l’objectif des personnages.

Formellement le volume se concentre pour l’essentiel sur la confrontation dantesque (c’est peu de dire…) de Piodon avec les domitors et leur maître Adhès. Et je dois dire que si techniquement Valente est toujours au top, gardant une bonne lisibilité malgré la profusion d’éléments graphiques d’un combat qui vire à la Dragonball, l’esthétique générale est un ton en dessous. Le décors d’une vaste grotte et l’aspect très exotique des domitors et de leurs Nemesis ne rendent pas justice à l’originalité unique du monde de Radiant. L’absence depuis quelques épisodes du héros n’aide pas non plus à se concentrer sur un point héroïque. On ne peut pas tout avoir et l’auteur était semble t’il conscient de la nécessité de clore son arc (peut-être un peu vite) pour reprendre l’incroyable alchimie d’humour, d’action et de variété magique qui rendent cette série si iconique. Maintenant au clair sur les appartenances et objectifs de chaque faction, on commence pour la première fois à sentir que l’on bascule peut-être vers une pente de résolution finale de l’intrigue. L’affrontement entre domitors, Inquisition et non-alignés se profile et le souvenir de la maestria de la guerre de Cyfandir nous revient avec envie…

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****·Comics·Nouveau !·Service Presse

Forgotten blade

Comic de Tze Chun et Toni Fejzula
Ankama (2023) – TKO Studios (2021), 176p. One-shot.

image-5Merci aux éditions Ankama pour leur confiance.

Au commencement était le Patriarche et la pierre des origines… Régnant sur la Citadelle qui alimente la terre des Cinq rivières, l’Eglise applique la Loi du dieu-fondateur. Autrefois champion de l’Eglise ayant brisé la révolte de Loquan, Ruza traine désormais son épée légendaire en quête d’un combat à même de lui contester le titre de plus grand guerrier au monde. Lorsqu’une chamane en quête de vengeance lui propose rien de moins que de tuer le Patriarche, Ruza n’hésite pas longtemps…

Amazon.fr - Forgotten Blade: A Graphic Novel (Volume 1) - Chun, Tze,  Fejzula, Toni, Powell, Jeff - LivresForgotten Blade est une petite pépite que l’on n’attendait pas et que seule le comic indé sait proposer. Écrite par le propre patron et fondateur d’un des derniers éditeurs de comics indépendant outre-atlantique déjà à l’œuvre sur Seven deadly sins, cette épopée fantastique semi SF est surtout l’occasion d’un énorme révélation graphique en la personne de Toni Fejzula. Entre la démesure architecturale d’un Druillet et la spontanéité d’un Olivier Pont, le serbe nous enivre dans un univers visuel unique où la magie et le fantastique adoptent l’esthétique de la haute science-fiction pour mieux troubler les lignes. La science du cadrage et la justesse des dessins permettent au dessinateur de coller des figures tantôt très classiques, tantôt estompées en des touches évocatrices et une colorisation très douce et incertaine. Le tout réussit l’incroyable pari de proposer des planches très lisibles correspondant à la thématique classique de l’odyssée punitive contre une Eglise inquisitoriale (registre action) et une dimension ésotérique avec des décors et magie géométriques.

Plus inspiré que sur le loupé Seven Deadly sins, le scénariste propose un univers où la magie issue du Fondateur est basée sur ces cinq rivières, dont celle des âmes qui collecte l’esprit des défunts. En matière de magie on est rarement surpris en BD mais je dois dire que les Forgotten Blade Tpb Part 2 | Read Forgotten Blade Tpb Part 2 comic online  in high quality. Read Full Comic online for free - Read comics online in  high quality .| READ COMIC ONLINEdeux auteurs parviennent à créer quelque chose de vraiment original, proche de la nécromancie en sachant rester suffisamment mystérieux pour garder une part de… magie. La colorisation basée sur les cinq couleurs des rivières donne aux pages une singularité qui souligne les éléments géométriques omniprésents. Une bonne intrigue étant souvent simple, Tze Chun place son ossature sur ses deux excellents personnages, ce qui permet de travailler le background qui ne sera révélé que tardivement. Son gros guerrier gère la partie action titanesque, sa commanditaire aux cheveux bleus étant là pour l’émotion au travers de son drame personnel. C’est cliché mais ça fonctionne très bien sans complexifier à outrance des pages déjà bien chargées. Les quêtes d’assassinat finissent souvent dans une grande baston dénuée de sens et ce n’est pas le cas ici où l’aboutissement sert le lecteur dans sa compréhension et ses révélations satisfaisantes en sachant finir remarquablement l’histoire.

Avec des hauts et des bas, l’éditeur TKO commence à construire un sacré catalogue très original en sachant chercher l’originalité graphique et le risque thématique avec des Sentient (nominé aux Eisner), Sara, ou Redfork. Ankama de son côté publie peu mais généralement très bien. L’alliance des deux vous garantit donc l’excellente lecture de ce début d’année, qui commençait à devenir ennuyeuse…

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***·BD·Edition·La trouvaille du vendredi·Rétro

Infinity 8: Retour vers le Führer!

La trouvaille+joaquim

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BD d’Olivier Vatine et Lewis Trondheim
Rue de Sèvres (2017), 88p. 3 volumes souples format comics et un volume relié.

Si vous suivez régulièrement ce blog vous savez combien j’aime les formats originaux, variés, qui permettent à tous les publics de trouver ce qu’ils cherchent, aux expérimentations des artistes et last but not least, aux porte-monnaie de souffler un peu sur des éditions légères. Lors de son démarrage le jeune éditeur Rue de Sèvres a été très actif en la matière puisque ce sont eux qui ont quand-même permis les magnifiques éditions journal du Chateau des Etoiles (pour lequel Alex Alice publie cette fin d’année un Art book qui s’annonce somptueux… stay tuned!), mais également l’original Infinity 8 qui, chose trop rare, avait lancé les deux premiers tomes en format comics très qualitatifs.

Pour rappel cette série proposait entre 2017 et 2019 des aventures solo au sein d’un croiseur spatial, chaque tome réalisé par une nouvelle équipe (le tout avec Lewis Trondheim en « showrunner »). Si les deux premiers tomes proposaient les dessins très qualitatifs de Bertail et Vatine, la suite m’a laissé de côté en migrant dans un style simpliste proche de celui de Trondheim. Si l’esprit de la série était cohérent, graphiquement ce n’était pas ma tasse de thé. Dernière précision: comme pour le partenariat avec le Label 619 (basculé récemment d’Ankama à Rue de Sèvres), Infinity 8 était Infinity 8 T2 | Rue de Sèvresproposé par le ComixBuro de Vatine, depuis parti chez Glénat. Bon et maintenant que Blondin à fait son prof, qu’est-ce que ça donne ce Retour vers le Führer?

L’agent Stella Moonkicker revient d’une suspension pour violence sur passager. Rageuse de ne pas avoir retrouvé son Megaboard, cette adepte des selfi va bientôt tomber sur une étonnante réception culturelle promouvant l’art de vivre Nazi. Alors qu’un virulent rabbin commence à agresser ces gentils animateurs elle se voit contrainte d’intervenir. Une intervention qui aura des conséquences dramatiques pour toute la communauté de l’Infinity 8…

Rappelons le concept d’Infinity8: la croisière intersidérale Infinity 8 est pilotée par un alien aux capacités très particulières puisqu’il reboot le temps toutes les 8 heures afin de sauver le vaisseau d’une menace mortelle. Chaque album voit donc un nouvel agent du vaisseau partir en mission… Et voici donc Stella Moonkicker poufiasse blonde passablement insupportable qui ne pense qu’à ses comptes de réseaux sociaux, chargée de protéger le vaisseau contre rien de moins que le retour d’Hitler, décongelé d’une épave spatiale. L’humour noir est bien entendu de mise tout le long à force d’inversions de valeurs incessants: le rabbin est un intégriste, les nazis de gentils naïfs et l’anti-héroïne qui va aider toute guillerette le génocide spatial du nouveau Hitleroïde.

Infinity 8 - Tome 2 - Infinity 8 tome 2 retour vers le fuhrer - Trondheim  lewis / vatine olivier - broché - Achat Livre ou ebook | fnacLe cœur de l’album réside dans la relation entre le robot (cousin du C3PO de StarWars) et la grognasse qui a plus de Tuco que de Blanche Neige. L’esprit WTF est omniprésent en tirant vers Fluide Glacial, avec deux auteurs toujours très portés sur la dérision. Les délires SF nazi ont toujours attiré les envies (notamment graphiques) et permis de s’éclater sans avoir à se préoccuper de questions morales. Mais soyons clairs, l’amour de Vatine pour les bimbo spatiales pulp est le principal intérêt de l’auteur qui malgré un trait simplifié à l’extrême reste un très grand dessinateur capable de créer une dynamique de cases folle avec quelques traits. Alors vous aurez droit à des plongées en scaphandres, de combats de robots, des légions nazies, des piratages informatiques et éviscérations sanguinolentes en tout genre dans ce Retour vers le Führer…

L’édition comics est bien entendu agrémentée de tout ce qui en fait le sel: fausses pub, cahiers graphiques et autres interviews créatives des auteurs. Le plein de bonus pour un délire so-pulp dans la veine du récent Valhalla Hotel. Et puis on ne boudera pas le plaisir de profiter de la dernière BD dessinée par le créateur d’Aquablue publiée…

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***·BD·La trouvaille du vendredi·Numérique·Rétro

Odyssée sous contrôle

La trouvaille+joaquim

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BD de Dobbs et Stephane Perger
Ankama (2016), 54p., one-shot, collection « Les univers de Stefan Wul »

Avant de débarquer sur la planète Emeraude, l’agent Michel Maistre fait la rencontre de la belle Inès Darle, dont il va tomber éperdument amoureux. Malheureusement ils vont se retrouver tous deux impliqués dans un complot extra-terrestre. Lancé à la recherche de la belle kidnappée, l’agent va vite se retrouvé confronté à une réalité parallèle qui va remettre en question jusqu’à son être même…

badge numeriqueJ’ai découvert l’immense qualité graphique de Stephane Perger sur la série Luminary qui vient de s’achever et souhaitais découvrir ses précédentes productions. La très inégale collection Les univers de Stefan Wul n’a pas donné que des chefs d’œuvre (sans doute du fait d’adaptations de romans pas forcément géniaux bien qu’ayant eu une immense influence sur une génération d’artistes) même si elle permet d’apprécier les traits de Vatine, Adrian, Varanda, Reynès ou Cassegrain et je ne vais pas le cacher, cette Odyssée sous contrôle vaut principalement pour les planches somptueuses de Perger. Alors que d’autres romans ont été adaptés en plusieurs volumes celui-ci, du fait de son traitement, aurais sans doute dû en passer par là…

Odyssée sous contrôle – Artefact, Blog BDLa faute sans doute à une ambition scénaristique un peu démesurée sur une base pulp. Dobbs fait ainsi le choix de troubler le lecteur dès la première page en ne suivant aucune structure séquentielle logique afin de créer un effet de confusion similaire à celui du héros. Hormis les poulpes alien qui semblent fasciner Wul (voir Niourk) on n’a pas grande chose auquel se rattacher, les personnages changeant d’identité, des seconds couteaux apparaissant de nulle part sans que l’on sache si l’on est censé les connaître et le déroulement du temps se faisant de façon très chaotique. La volonté est évidente. Certains apprécieront cette lecture compliquée. Il n’en demeure pas moins que comme album BD on aura fait plus lisible. Peut-être également en cause la technique de Perger qui si elle est très agréable à l’œil, ne permet pas toujours de compenser les ellipses et devinettes narratives que nous jette le scénariste. Lorsque le scénario est flou il faut un dessin extrêmement clair et évocateur (comme sur le sublime Saison de sang) pour garder le lecteur dans les rails.

Au final on a un album assez frustrant habillé de superbes séquences et de quelques idées terrifiantes, d’un design rétro très fun et d’une promesse d’espionnage vintage, ensemble de propositions qui surnagent avec une impression de pages perdues. Une fausse bonne idée en somme qui à force de ne pas dérouler son histoire ne la commence jamais vraiment. Dans la collection on ira plutôt voir du côté de La mort vivante ou Niourk.

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