**·***·****·East & West·Manga·Nouveau !·Rapidos·Service Presse

One piece: episode A #1 – Les amants sacrifiés #2 – SinoAlice #2 – Radiant #17

esat-west

En ces temps de disette de bonnes BD franco-belges les manga et comics s’accumulent sur la PAL… Il est donc temps de reprendre les séries en cours avec des nouveautés sorties depuis plusieurs semaines/mois.

  • One piece: episode A (Boichi, Ishiyama, Oda/Glénat) – 2023 (2020), 192., volume 1/2.

bsic journalismMerci aux éditions Glénat pour leur confiance.

one_piece_episode_a_1_glenat

One Piece est un monument dont les volumes ont été vendus à 516 millions d’exemplaires dans le monde depuis 1997 (par comparaison Naruto et Dragonball n’en sont qu’à la moitié…). Pourtant je n’ai jamais lu un seule tome de cette série et me suis dit que l’incartade de Boichi sur une histoire courte me permettrait peut-être d’avoir un bel aperçu de cet univers. Malheureusement comme souvent Boichi gâche son immense talent graphique (on ne peut pourtant pas lui reprocher un délire solitaire puisque ce double tome est doté d’un scénariste) en se contentant d’un mirifique délire graphique qui ressemble beaucoup à ces toilettages next-gen que l’on observe sur certains jeux vidéo iconiques. Tout d’abord pour parler clairement: cet épisode A est exclusivement destiné aux lecteurs à jours de One Piece, les béotiens comme moi étant voué à rester totalement exclus de toute compréhension. Le seul intérêt fan-service est donc de croquer sous le trait explosif de Boichi les personnages et lieux iconiques de la série. A ce stade l’auteur pourrait tout aussi bien reprendre intégralement la série en « artist version » comme il le fait sur la dernière partie du volume qui est un simple remake de l’épisode 51 de la saga. Si ce projet laisse de côté les nouveaux lecteurs il risque de frustrer également les fans qui vont relire une séquence simplement dessinée par un autre. Tant qu’à faire il aurait été tout aussi intéressant pour Glénat de publier l’Episode A en un unique volume et de l’accompagner par cet Episode 51 avec les deux versions en regard dans un autre volume. Bref, on pourra difficilement reprocher à Glénat de sortir ce projet en France, qui trouvera toujours des acheteurs complétistes. L’origine du projet est elle très discutable comme souvent chez Boichi et l’on préfèrera plutôt attendre la nouvelle série du Nipo-coréen en espérant qu’elle s’approche plus d’un Origin.

note-calvin1note-calvin1


    • Les amants sacrifiés #2/2 (Kakizaki/Ki-oon) – 2023 (2020), 224p., 2/2 tomes parus.

bsic journalismMerci aux éditions Ki-oon pour leur confiance.

les_amants_sacrifi_s_t02_-_ki-oon

Le premier tome de ce diptyque d’espionnage historique avait réussi son introduction. Dans une atmosphère de polar noir auquel la texture si particulière des planches de Kakizaki apporte une densité très forte, ce second volume commence en Chine alors que le mari tente de récupérer des preuves des atrocités de l’armée occupante. Assez vite le lecteur se retrouve au Japon alors que les amants tentent de s’exfiltrer vers les Etats-Unis pour transmettre aux Alliés les films si précieux…

Il est étonnant de basculer d’un scénario obscure tissé sur les suspicions de la femme envers son mystérieux mari à une intrigue d’espionnage beaucoup plus franche. L’auteur ne tente plus en effet de camoufler les ambitions des protagonistes. Une des originalités de ce (trop) court manga est ce contexte pré-guerre mondiale où l’on voit clairement un japon totalitaire se mettre en place sans que la population n’ait encore bien percuté ce glissement. Alors la seule existence d’une preuve revêt toute son importance pour réveiller les consciences. La gestion de ce contexte documentaire noué avec un schéma narratif classique de l’espionnage est remarquable et l’on referme ce second tome avec à la fois l’envie de voir le film qui en est à l’origine et un regret que l’auteur n’ait pas pris le temps d’étoffer ce qui ressemble presque à un résumé. Au vu de la qualités des dessins on ne lui en tiendra pas rigueur mais il est certain que les quatre-cent pages globales auraient mérité au moins le double.

note-calvin1note-calvin1note-calvin1note-calvin1

  • SINoALICE #2 (Aoki-Himiko/Kurokawa) – 2022 (2019), 236p., 4/5 tomes parus.

bsic journalismMerci aux éditions Kurokawa pour leur confiance.

sinoalice_2_kurokawaLe premier volume avait créé son effet « waou » en nous noyant dans une narration déstructurée qui utilisaient de mystérieuses références aux contes de Grimm. Ce second volume poursuit sans temps mort en nous plongeant au sein d’un affrontement entre deux factions dotées d’étranges pouvoirs. « Blanche neige » semble chargée de protéger Alice que le traumatisme vécu pousse au suicide quand Cendrillon mène un combat manipulateur dans un « jeu » qui semble lié aux toutes puissantes marionnettes…

Avec des dessins toujours aussi agressifs et réussis, l’équipe de SINoALICE avance remarquablement dans son intrigue et notre découverte de cette réalité trouble qui rappelle quelque peu la mécanique du récent Coffee Moon chez Doki-Doki. Alternant des séquences assez tranchées, le scénariste a l’intelligence de proposer un déroulement simple pour ne pas complexifier inutilement un montage qui lui se veut très sophistiqué pour laisser le lecteur dans une brume sans codes. Ce manga fait partie de ces créations où l’on prend plaisir à se faire balader sur une réalité brouillée en attendant quelques miettes qui nous permettront de comprendre (ou pas…) où l’on a mis les pieds. En s’appuyant sur des références classiques de contes très modernisées pour l’occasion (attention, le dernier chapitre bascule dans un traitement tout à fait adulte, voir frisant le Ecchi), SINoALICE en donne suffisamment au lecteur pour patienter dans son stade d’incompréhension sans grande inquiétude au vu du déroulement que les pièces maîtresses seront assez rapidement dévoilées.

note-calvin1note-calvin1note-calvin1


  • Radiant #17 (Valente/Ankama) – 2023, 184., 17 tomes parus.

bsic journalismMerci aux éditions Ankama pour leur confiance.

radiant_17_ankama

Si l’on peut faire un reproche à Tony Valente sur Radiant c’est d’ouvrir sans cesse son univers et de démultiplier les personnages au risque de finir par perdre ses lecteurs qui ne voit jamais de conclusion aux problématiques lancées. Pour le coup le bref résumé avant chaque tome n’est guère suffisant et une révision des épisodes précédents souvent nécessaire. Et bien ce dix-septième tome marque un sacré changement puisqu’il s’efforce justement de résoudre une bonne série de points ouverts sur l’arc de Bome en finissant par rassembler (enfin) l’ensemble de la bande de Seth et de clarifier l’objectif des personnages.

Formellement le volume se concentre pour l’essentiel sur la confrontation dantesque (c’est peu de dire…) de Piodon avec les domitors et leur maître Adhès. Et je dois dire que si techniquement Valente est toujours au top, gardant une bonne lisibilité malgré la profusion d’éléments graphiques d’un combat qui vire à la Dragonball, l’esthétique générale est un ton en dessous. Le décors d’une vaste grotte et l’aspect très exotique des domitors et de leurs Nemesis ne rendent pas justice à l’originalité unique du monde de Radiant. L’absence depuis quelques épisodes du héros n’aide pas non plus à se concentrer sur un point héroïque. On ne peut pas tout avoir et l’auteur était semble t’il conscient de la nécessité de clore son arc (peut-être un peu vite) pour reprendre l’incroyable alchimie d’humour, d’action et de variété magique qui rendent cette série si iconique. Maintenant au clair sur les appartenances et objectifs de chaque faction, on commence pour la première fois à sentir que l’on bascule peut-être vers une pente de résolution finale de l’intrigue. L’affrontement entre domitors, Inquisition et non-alignés se profile et le souvenir de la maestria de la guerre de Cyfandir nous revient avec envie…

note-calvin1note-calvin1note-calvin1note-calvin1

****·Comics·Nouveau !·Service Presse

Forgotten blade

Comic de Tze Chun et Toni Fejzula
Ankama (2023) – TKO Studios (2021), 176p. One-shot.

image-5Merci aux éditions Ankama pour leur confiance.

Au commencement était le Patriarche et la pierre des origines… Régnant sur la Citadelle qui alimente la terre des Cinq rivières, l’Eglise applique la Loi du dieu-fondateur. Autrefois champion de l’Eglise ayant brisé la révolte de Loquan, Ruza traine désormais son épée légendaire en quête d’un combat à même de lui contester le titre de plus grand guerrier au monde. Lorsqu’une chamane en quête de vengeance lui propose rien de moins que de tuer le Patriarche, Ruza n’hésite pas longtemps…

Amazon.fr - Forgotten Blade: A Graphic Novel (Volume 1) - Chun, Tze,  Fejzula, Toni, Powell, Jeff - LivresForgotten Blade est une petite pépite que l’on n’attendait pas et que seule le comic indé sait proposer. Écrite par le propre patron et fondateur d’un des derniers éditeurs de comics indépendant outre-atlantique déjà à l’œuvre sur Seven deadly sins, cette épopée fantastique semi SF est surtout l’occasion d’un énorme révélation graphique en la personne de Toni Fejzula. Entre la démesure architecturale d’un Druillet et la spontanéité d’un Olivier Pont, le serbe nous enivre dans un univers visuel unique où la magie et le fantastique adoptent l’esthétique de la haute science-fiction pour mieux troubler les lignes. La science du cadrage et la justesse des dessins permettent au dessinateur de coller des figures tantôt très classiques, tantôt estompées en des touches évocatrices et une colorisation très douce et incertaine. Le tout réussit l’incroyable pari de proposer des planches très lisibles correspondant à la thématique classique de l’odyssée punitive contre une Eglise inquisitoriale (registre action) et une dimension ésotérique avec des décors et magie géométriques.

Plus inspiré que sur le loupé Seven Deadly sins, le scénariste propose un univers où la magie issue du Fondateur est basée sur ces cinq rivières, dont celle des âmes qui collecte l’esprit des défunts. En matière de magie on est rarement surpris en BD mais je dois dire que les Forgotten Blade Tpb Part 2 | Read Forgotten Blade Tpb Part 2 comic online  in high quality. Read Full Comic online for free - Read comics online in  high quality .| READ COMIC ONLINEdeux auteurs parviennent à créer quelque chose de vraiment original, proche de la nécromancie en sachant rester suffisamment mystérieux pour garder une part de… magie. La colorisation basée sur les cinq couleurs des rivières donne aux pages une singularité qui souligne les éléments géométriques omniprésents. Une bonne intrigue étant souvent simple, Tze Chun place son ossature sur ses deux excellents personnages, ce qui permet de travailler le background qui ne sera révélé que tardivement. Son gros guerrier gère la partie action titanesque, sa commanditaire aux cheveux bleus étant là pour l’émotion au travers de son drame personnel. C’est cliché mais ça fonctionne très bien sans complexifier à outrance des pages déjà bien chargées. Les quêtes d’assassinat finissent souvent dans une grande baston dénuée de sens et ce n’est pas le cas ici où l’aboutissement sert le lecteur dans sa compréhension et ses révélations satisfaisantes en sachant finir remarquablement l’histoire.

Avec des hauts et des bas, l’éditeur TKO commence à construire un sacré catalogue très original en sachant chercher l’originalité graphique et le risque thématique avec des Sentient (nominé aux Eisner), Sara, ou Redfork. Ankama de son côté publie peu mais généralement très bien. L’alliance des deux vous garantit donc l’excellente lecture de ce début d’année, qui commençait à devenir ennuyeuse…

note-calvin1note-calvin1note-calvin1note-calvin1

***·BD·Edition·La trouvaille du vendredi·Rétro

Infinity 8: Retour vers le Führer!

La trouvaille+joaquim

couv_290519
BD d’Olivier Vatine et Lewis Trondheim
Rue de Sèvres (2017), 88p. 3 volumes souples format comics et un volume relié.

Si vous suivez régulièrement ce blog vous savez combien j’aime les formats originaux, variés, qui permettent à tous les publics de trouver ce qu’ils cherchent, aux expérimentations des artistes et last but not least, aux porte-monnaie de souffler un peu sur des éditions légères. Lors de son démarrage le jeune éditeur Rue de Sèvres a été très actif en la matière puisque ce sont eux qui ont quand-même permis les magnifiques éditions journal du Chateau des Etoiles (pour lequel Alex Alice publie cette fin d’année un Art book qui s’annonce somptueux… stay tuned!), mais également l’original Infinity 8 qui, chose trop rare, avait lancé les deux premiers tomes en format comics très qualitatifs.

Pour rappel cette série proposait entre 2017 et 2019 des aventures solo au sein d’un croiseur spatial, chaque tome réalisé par une nouvelle équipe (le tout avec Lewis Trondheim en « showrunner »). Si les deux premiers tomes proposaient les dessins très qualitatifs de Bertail et Vatine, la suite m’a laissé de côté en migrant dans un style simpliste proche de celui de Trondheim. Si l’esprit de la série était cohérent, graphiquement ce n’était pas ma tasse de thé. Dernière précision: comme pour le partenariat avec le Label 619 (basculé récemment d’Ankama à Rue de Sèvres), Infinity 8 était Infinity 8 T2 | Rue de Sèvresproposé par le ComixBuro de Vatine, depuis parti chez Glénat. Bon et maintenant que Blondin à fait son prof, qu’est-ce que ça donne ce Retour vers le Führer?

L’agent Stella Moonkicker revient d’une suspension pour violence sur passager. Rageuse de ne pas avoir retrouvé son Megaboard, cette adepte des selfi va bientôt tomber sur une étonnante réception culturelle promouvant l’art de vivre Nazi. Alors qu’un virulent rabbin commence à agresser ces gentils animateurs elle se voit contrainte d’intervenir. Une intervention qui aura des conséquences dramatiques pour toute la communauté de l’Infinity 8…

Rappelons le concept d’Infinity8: la croisière intersidérale Infinity 8 est pilotée par un alien aux capacités très particulières puisqu’il reboot le temps toutes les 8 heures afin de sauver le vaisseau d’une menace mortelle. Chaque album voit donc un nouvel agent du vaisseau partir en mission… Et voici donc Stella Moonkicker poufiasse blonde passablement insupportable qui ne pense qu’à ses comptes de réseaux sociaux, chargée de protéger le vaisseau contre rien de moins que le retour d’Hitler, décongelé d’une épave spatiale. L’humour noir est bien entendu de mise tout le long à force d’inversions de valeurs incessants: le rabbin est un intégriste, les nazis de gentils naïfs et l’anti-héroïne qui va aider toute guillerette le génocide spatial du nouveau Hitleroïde.

Infinity 8 - Tome 2 - Infinity 8 tome 2 retour vers le fuhrer - Trondheim  lewis / vatine olivier - broché - Achat Livre ou ebook | fnacLe cœur de l’album réside dans la relation entre le robot (cousin du C3PO de StarWars) et la grognasse qui a plus de Tuco que de Blanche Neige. L’esprit WTF est omniprésent en tirant vers Fluide Glacial, avec deux auteurs toujours très portés sur la dérision. Les délires SF nazi ont toujours attiré les envies (notamment graphiques) et permis de s’éclater sans avoir à se préoccuper de questions morales. Mais soyons clairs, l’amour de Vatine pour les bimbo spatiales pulp est le principal intérêt de l’auteur qui malgré un trait simplifié à l’extrême reste un très grand dessinateur capable de créer une dynamique de cases folle avec quelques traits. Alors vous aurez droit à des plongées en scaphandres, de combats de robots, des légions nazies, des piratages informatiques et éviscérations sanguinolentes en tout genre dans ce Retour vers le Führer…

L’édition comics est bien entendu agrémentée de tout ce qui en fait le sel: fausses pub, cahiers graphiques et autres interviews créatives des auteurs. Le plein de bonus pour un délire so-pulp dans la veine du récent Valhalla Hotel. Et puis on ne boudera pas le plaisir de profiter de la dernière BD dessinée par le créateur d’Aquablue publiée…

note-calvin1note-calvin1note-calvin1

***·BD·La trouvaille du vendredi·Numérique·Rétro

Odyssée sous contrôle

La trouvaille+joaquim

couv_284742
BD de Dobbs et Stephane Perger
Ankama (2016), 54p., one-shot, collection « Les univers de Stefan Wul »

Avant de débarquer sur la planète Emeraude, l’agent Michel Maistre fait la rencontre de la belle Inès Darle, dont il va tomber éperdument amoureux. Malheureusement ils vont se retrouver tous deux impliqués dans un complot extra-terrestre. Lancé à la recherche de la belle kidnappée, l’agent va vite se retrouvé confronté à une réalité parallèle qui va remettre en question jusqu’à son être même…

badge numeriqueJ’ai découvert l’immense qualité graphique de Stephane Perger sur la série Luminary qui vient de s’achever et souhaitais découvrir ses précédentes productions. La très inégale collection Les univers de Stefan Wul n’a pas donné que des chefs d’œuvre (sans doute du fait d’adaptations de romans pas forcément géniaux bien qu’ayant eu une immense influence sur une génération d’artistes) même si elle permet d’apprécier les traits de Vatine, Adrian, Varanda, Reynès ou Cassegrain et je ne vais pas le cacher, cette Odyssée sous contrôle vaut principalement pour les planches somptueuses de Perger. Alors que d’autres romans ont été adaptés en plusieurs volumes celui-ci, du fait de son traitement, aurais sans doute dû en passer par là…

Odyssée sous contrôle – Artefact, Blog BDLa faute sans doute à une ambition scénaristique un peu démesurée sur une base pulp. Dobbs fait ainsi le choix de troubler le lecteur dès la première page en ne suivant aucune structure séquentielle logique afin de créer un effet de confusion similaire à celui du héros. Hormis les poulpes alien qui semblent fasciner Wul (voir Niourk) on n’a pas grande chose auquel se rattacher, les personnages changeant d’identité, des seconds couteaux apparaissant de nulle part sans que l’on sache si l’on est censé les connaître et le déroulement du temps se faisant de façon très chaotique. La volonté est évidente. Certains apprécieront cette lecture compliquée. Il n’en demeure pas moins que comme album BD on aura fait plus lisible. Peut-être également en cause la technique de Perger qui si elle est très agréable à l’œil, ne permet pas toujours de compenser les ellipses et devinettes narratives que nous jette le scénariste. Lorsque le scénario est flou il faut un dessin extrêmement clair et évocateur (comme sur le sublime Saison de sang) pour garder le lecteur dans les rails.

Au final on a un album assez frustrant habillé de superbes séquences et de quelques idées terrifiantes, d’un design rétro très fun et d’une promesse d’espionnage vintage, ensemble de propositions qui surnagent avec une impression de pages perdues. Une fausse bonne idée en somme qui à force de ne pas dérouler son histoire ne la commence jamais vraiment. Dans la collection on ira plutôt voir du côté de La mort vivante ou Niourk.

note-calvin1note-calvin1note-calvin1

*****·BD·Nouveau !·Service Presse

Aïda

Histoire complète en 200 pages écrite et dessinée par Sergio Gerasi. Parution en France chez Ankama le 15/04/2022.

Merci aux éditions Ankama pour leur confiance.

Détresse virginale

Aïda, ce n’est pas qu’un opéra de Verdi. C’est aussi une jeune femme prise dans un tourbillon de détresse existentielle, dont on va suivre le parcours qui la mènera à l’accomplissement et à l’émancipation. Étouffée par une mère qu’elle ne voit pourtant que très peu, incertaine quant à son avenir et incapable de se détacher de son passé, Aïda passe son temps à écouter ses amis Ludo et Tancrède s’épancher sur leurs faux problèmes d’enfants gâtés. Côté études, ce n’est pas la joie non plus car elle peine à avancer dans la rédaction de son mémoire. En attendant, Aïda parcourt la ville, pour voir le monde à travers l’objectif de son appareil photo.

Pour Aïda, les photos ne mentent pas. Elles montrent le monde tel qu’il est, avec ses failles et ses atours, mais toujours avec authenticité. Pour fuir ses problèmes, il suffit à Aïda de retirer ses lunettes, et laisser sa myopie lui cacher le reste. Mais fuir ce qui ne nous plaît pas ou ce qui nous cause du souci, ce n’est pas une bonne façon d’avancer dans la vie, en tous cas, pas si l’on veut aller quelque part. Aïda ne dort plus, elle ne mange plus, et pourtant, elle continue d’être écrasée par le poids de son corps.

C’est dans cet état de stagnation mortifère qu’Aïda fait la rencontre, presque par hasard, d’un mystérieux groupuscule de marginaux, se faisant appeler The Virus. Cette bande de joyeux drilles s’est donné pour mission de larder le contrat social en dénonçant certaines de ses hypocrisies, à travers des actions mi révolutionnaires, mi artistiques, savamment orchestrées et mises en scènes. Petit à petit, ces actions prennent de l’ampleur et commencent à défrayer la chronique. Aïda pense avoir enfin trouvé le sujet de son mémoire, mais elle pourrait en fait avoir trouvé bien plus que cela. Peut-être que ce Virus est en réalité le remède à tous ses problèmes.

This Revolution will not be televised

Run, girl, run

Sergio Gerasi frappe fort avec cet album. Grâce à une héroïne extrêmement attachante, il parvient à traiter de thèmes sociétaux qui peuvent paraître éloignés les uns des autres, mais qui forment pourtant un tout cohérent dans le récit. La mal-être existentiel vécu par Aïda a quelque chose de très millenial, cette génération confrontée aux affres d’un monde moderne en perte de sens, exposée à un flot d’informations toujours croissant et en même temps à la perte de confiance dans les institutions et dans l’avenir. Malgré les écueils évidents de ce type d’approche, qui aurait pu verser dans le spleen forcé et malhabile, l’auteur parvient à rendre palpable et crédible la détresse de sa protagoniste, et à nous embarquer dans un parcours initiatique très bien structuré et sans temps mort.

Avec pudeur mais sans misérabilisme, il trouve même les ressources pour évoquer des troubles sérieux et souvent mal compris comme l’anorexie et la dépression, et catalyse le changement chez son héroïne au travers des actions concrètes de ce groupe révolutionnaire, qui fait penser à un mélange entre Banksy et les Anonymous. Sur le plan graphique, impossible de ne pas être séduit par le traitement radical des couleurs, qui répond tout à fait au thème de la photographie, dont Aïda est adepte, ainsi qu’à sa vision déformée par la myopie.

On trouve même au fil des pages une mise en scène inventive, qui permet d’accentuer le ressenti et les émotions d’Aïda, qui étouffe sous les injonctions de sa mère et sous le poids d’une vie trop étriquée.

Écriture maîtrisée, graphismes assumés et couleurs magnifiques, moi je dis que ça vaut bien 5 calvin.

***·BD·Nouveau !·Service Presse

Adlivun

Histoire complète en 168 pages, écrite et dessinée par Vincenzo Balzano. Parution en France le 04/02/2022 chez Ankama.

Merci aux éditions Ankama pour leur confiance.

Terreur des glaces

Le Capitaine Briggs, à la tête du Mary Céleste, décide de quitter la torpeur du port de Douvres, en 1847, et embarque son équipage dans une quête périlleuse qui ne comprend qu’une alternative: rentrer couvert d’or, ou ne pas rentrer du tout.

En effet, une généreuse récompense est offerte par la Marine Royale à qui ramènera sains et saufs les marins du Terror et de l’Erebus, deux navires partis en exploration dans le cercle polaire. De nombreuses rumeurs courent à propos de ces deux bâtiments et des eaux glacées dans lesquelles ils semblent s’être perdus. Mais cela n’arrête pas Briggs, et ce malgré la réticence de Jack, son second et médecin de bord.

Le Mary Céleste reprend donc la mer, pour une mission de sauvetage incertaine, qui va confronter son équipage à des secrets enfouis depuis longtemps sous les glaces polaires. Bien vite, Jack, Briggs et les autres vont être assaillis par des visions spectrales, des réminiscences morbides qui pourraient être les pauvres hères du Terror et de l’Erebus…

Après Clinton Road, Vincenzo Balzano revient pour explorer des évènements réels sous un angle fantastique. Cette fois-ci, nulle route maudite, mais des vaisseaux fantômes victimes de malédiction, et un capitaine taciturne qui ne révèle pas tout à son équipage. L’auteur puise cette fois-ci dans le folklore inuit, pour nous plonger dans une aventure contemplative qui ne met pas de côté l’épouvante.

S’il parvient à créer une ambiance pesante et immersive grâce à son dessin à l’aquarelle, Vincenzo Balzano semble toutefois moins à l’aise avec les règles qui régissent la magie inuit ici à l’œuvre. En effet, les révélations faites sur les origines de la malédiction m’ont paru quelque peu confuses, bien qu’elles semblent maîtrisées par l’artiste.

Un peu comme pour Clinton Road, l’auteur semble ici plus conteur visuel que véritable narrateur, la force de son récit provenant en premier lieu de l’impact des planches et du dessin, davantage que sur l’intrigue en elle-même.

Avec ses très belles planches et sa thématique, qui rappellent le Moby Dick de Sienkiewicz, Adlivun mêle habilement aventure contemplative et épouvante, malgré quelques soucis d’exposition quant aux aspects fantastiques de son intrigue.

****·*****·Comics·East & West·Nouveau !·Rapidos

La fille de la mer – Hammerdam #2 – Sacha et tomcruz #4

Salut à tous! Grosse fournée jeunesse de grande qualité aujourd’hui avec le nouveau one-shot de la toujours talentueuse Molly Ostertag, la conclusion du petit miracle Hammerdam et la série Sacha et Tomcruz qui mine de rien construit son petit bonhomme de chemin parmi les grandes. On commence, c’est par là:

  • La fille de la mer (Molly Ostertag/Kinaye) – 2022, 256p., one-shot.

bsic journalismMerci aux éditions Kinaye pour leur confiance!

9782357991095_1_75Je ne remercierais jamais assez l’éditeur Kinaye de nous avoir fait découvrir cette autrice majeure du comic jeunesse dont la trilogie du Garçon sorcière (une de ses toutes premières œuvres) fut une des meilleures BD lues ces dernières années, tout simplement!

Cette fois elle nous revient sur un one-shot à la lecture agréable et assez rapide, qui aborde de façon partiellement autobiographique les difficultés relationnelles d’une adolescente qui se découvre un amour homosexuel et doit composer avec son groupe d’amies et le qu’en dira t’on. Ajoutons à cela un soupçon de fantastique puisque la-dite fille de la mer est une selkie, ces créatures métamorphes (tiens-tiens, on retrouve ce thème du Garçon sorcière) appartenant aux deux mondes… Sur une narration toujours extrêmement lisible permettant une lecture facile, on savoure ce dessin simple et coloré qui sait transcrire les émotions d’un personnage qui ne parvient pas à gérer ses deux univers, comme reflet d’un âge où l’on change, entre enfance et âge adulte et où les identités sexuelles s’affirment. Les relations entre la selkie très franche et l’héroïne plus renfermée reprend le personnage très fort de Charlie (dans le Garçon sorcière) de même que le sujet de la famille et des relations avec un frère difficile transcrivent une problématique identitaire qui si elles est assumée ne verse jamais dans le dramatique. C’est la grande force d’Ostertag de savoir aborder sans gnangnan des sujets profonds et complexes touchant à la psychologie et à l’identité transmise/construite. Destiné à un publie un peu plus âgé que la précédente trilogie, cette Fille de la mer est une nouvelle réussite pleine de sensibilité et qui fait mouche.

A partir de 10 ans.

note-calvin1note-calvin1note-calvin1note-calvin1

  • Hammerdam #2 (Enrique Fernandez/Ankama) – 2022, 80p., série achevée en 2 tomes.

bsic journalismMerci aux éditions Ankama pour leur confiance!couv_438632

Coup de coeur! (1)Le premier tome de ce diptyque m’avait enchanté de par son univers foutraque et la tendresse de ses situations. Ce tome de conclusion ne souffre pas de la mise en place un peu vaporeuse du premier et profite à plein de sa galerie de personnages géniale et des relations très sensibles qui parleront aux jeunes lecteurs. Jouissant des mêmes qualités qu’un Ultralazer, Hammerdam arrive à utiliser les éléments absurdes et les personnages hyper-caractérisés pour transmettre des idées et émotions simples mais si vraies. Parlant de franchise, d’amitié, de la lâcheté des groupes et du pouvoir du rêve, Enrique Fernandez réussit pleinement son pari en développant son univers fait de bric et de broc, en inventant des créatures et pouvoirs très originaux semblant sortis d’un atelier de marionnettiste fou ou d’un coffre à jouet. Semblant par moment à une version sous acide du Magicien d’Oz, cet Hammerdam régale parents comme enfants avec un voyage initiatique où la vérité du cœur peut surmonter toutes les difficultés. C’est cela le véritable pouvoir du marteau!

A partir de 8 ans.

note-calvin1note-calvin1note-calvin1note-calvin1note-calvin1

  • Sacha et Tomcruz #4: cambriolage sur le Nil (Halard-Quignon/Soleil) – 2022, 64p., série en cours, 4 tomes parus.

bsic journalismMerci aux éditions Soleil pour leur confiance!

couv_434353Entrée en matière pas évidente pour moi sur cette série puisque si j’ai bien lu il y a quelques temps le premier volume de cette série qui jouit d’un très bon succès d’estime, j’ai été contraint de me renseigner succinctement sur les évènements qui se déroulent dans les tomes deux et trois. Le format de la série est calé sur le one-shot en mode voyage temporel avec retour à la case départ à la fin (chez les Vikings pour le premier, chez le Roi-soleil au second et en Chine médiévale pour le troisième)… mais ce Cambriolage sur le Nil s’ouvre alors que Sacha, sa copine Jade et son chien tomcruz sont coincés dans le passé. Soudain une idée et hop, les voilà transportés en Egypte où ils vont devoir cambrioler le trésor du grand Pacha local. Intrigue idéale pour dérouler les inventions scientifiques de Sacha (petit cousin du japonais Senku…) et un plan machiavélique à la Ocean’s eleven. Si le graphisme aux crayons gras est toujours aussi élégant et la célèbre maquette de la collection Métamorphose donnent un écrin fort agréable, on pourra trouver le déroulé de l’intrigue un peu forcé avec force raccourcis. Dans le genre jeunesse on n’en tiendra pas rigueur et on suivra volontiers la suite des aventures du Chihuahua et son maître dans un prochain album.

A partir de 7 ans.

note-calvin1note-calvin1note-calvin1

***·BD·Nouveau !·Rapidos·Service Presse

BD en vrac #29: Maudit sois-tu #3 – Les 5 terres #7 – Machines de guerre #5

La BD!Bienvenue pour une nouvelle semaine BD sur l’Etagère! Comme vous le constatez pas de C’est lundi… mais désormais des billets tout ce qu’il y a de plus classiques (je reviendrais sur ce changement dans le prochain bilan mensuel, qui remplacera ce rendez-vous hebdomadaire.

Au menu donc, trois albums de séries, avec la conclusion du très littéraire Maudit sois-tu par le prolifique et très en vue Philippe Pelaez, le commencement du nouveau cycle des 5 terres et une découverte sur le thème des tank…

Demain ce sera le retour des tortues pizzavores, mercredi un docu sur la répression à Hong-Kong, jeudi un Batman (… on se rapproche du film!), vendredi un nouveau Kurosavoir sur Marie-Antoinette, samedi des manga en vrac et dimanche mon retour sur la série d’animation phénomène, Arcane sur Netflix!

C’est parti!…

    • Maudit sois-tu #3: Shelley (Pelaez-Puerta/Ankama) – 2022, 54p., série achevée en 3 tomes.

bsic journalism

Merci aux éditions Ankama pour leur confiance!

couv_438633

Nous voici arrivés à la conclusion-début de ce projet un peu fou et diablement ambitieux de Philippe Pelaez. Si le second tome centré sur l’amour dramatique de Mary Shelly pour John Polidori (premier à utiliser le personnage du vampire dans la littérature fantastique) avait paru un peu redondant avec le premier, cette conclusion change radicalement de trame pour adopter le schéma de l’amant maudit dans une approche résolument dramatique et romantique. Si l’on peut saluer le changement, on perd l’efficacité de ces groupes de personnages historiques et du savant fou pour ne garder que la passion folle de Polidori pour sa belle. L’album a le mérite de boucler parfaitement avec le récit précédent  (et valide le cahier des charges initial dans une technique scénaristique assez brillante) mais nous perd un peu notamment du fait des problèmes de visages issus de la technique photographique de Carlos Puerta. La relecture a minima du second tome et au mieux des trois volumes dans l’ordre chronologique sont absolument conseillées mais malgré ces liens ce troisième tome apparaît comme le plus faible du fait de la disparition de l’aspect fantastique et de la chasse, axe fort du projet depuis le début. Proposant un texte très inspiré et extrêmement agréable à lire, Pelaez pèche sans doute par une pointe d’élitisme, bien peu de ses lecteurs auront initialement la connaissance littéraire pour apprécier toutes les références aux personnages et à leurs œuvres. Maudit sois-tu n’en reste pas moins un projet inclassable, particulièrement ambitieux, qui s’il ne s’accomplit que moyennement, propose tout de même une très belle immersion dans l’âge du gothique passionné…

note-calvin1note-calvin1note-calvin1

  • Les 5 terres #7 (Collectif/Delcourt) – 2021, 58p., cycle 1 achevé. Cycle 2 1/6 tomes parus.

bsic journalism

Merci aux éditions Delcourt pour leur confiance!

couv_436146

La fin du cycle d’Angléon (les félins) voyait le retour de l’otage Kéona dans son pays de Lys. Ce second cycle parmi le peuple primate entame directement à sa descente du bateau alors qu’elle est accueillie avec une très froide étiquette par la famille royale. Mais c’est bien le retour de la terrible Alissa que l’on suivra dans ce volume. Enfermée depuis cinq ans, la chef du clan du sistre qui règne sur les bas-fonds de cette société matriarcale, sa colère et sa force ne demandent qu’à exploser…

Le changement dans la continuité, le projet des 5 Terres ne me rendait pas particulièrement inquiet (et même plutôt impatient) à ce changement de continent. Intrigué de savoir comment les auteurs allaient relier les différents cycles, on est désormais rassurés: la continuité chronologique n’est pas rompue et l’enjeu sera bien plutôt d’entrecroiser les différentes intrigues. Si Angléon avait proposé quelques échappées chez les reptiles et chez les ours, on reste ici très concentré quasiment exclusivement dans la grande cité et très fixés sur cette Alissa que je n’ai pas trouvé très charismatique. Si la technique rutilante de la série reste évidente, on est moins enjoué à la conclusion de ce premier tome, pour plusieurs raisons. Tout d’abord l’utilisation des types de singes semble moins riche que chez les félins, rendant les personnages graphiquement moins intéressants. Si les multiples intrigues ne nous perturbent plus guère, cela semble moins fort que précédemment, moins prenant, en raison d’un enjeu qui nous échappe encore grandement. Hormis le couple à la recherche d’un remède pour son enfant, peu d’émotion transparaît dans ce début de cycle. Enfin, l’idée d’une société matriarcale s’incarne de façon évidente dans la langue avec ce parti-pris très perturbant de changer la faveur masculine du collectif par un féminin. Le texte en devient très étrange à lire, ce qui ne doit pas faciliter l’immersion. Fausse bonne idée ou coup de génie? Encore trop tôt pour le dire mais il est certain qu’il faudra d’autres concrétisations de cette innovation pour en faire autre chose qu’un gadget.

note-calvin1note-calvin1note-calvin1

  • Machines de guerre #5: Le Loup gris (Pécau-Mavric/Delcourt) – 2022, 56p., série de one-shot en cours

bsic journalism

Merci aux éditions Delcourt pour leur confiance!

couv_438728

Jean-Pierre Pécau s’est spécialisé depuis pas mal d’années dans les séries semi-historiques basées sur des uchronies notamment sur la période de la seconde guerre mondiale. Avec Les machines de guerre il propose ainsi depuis 2016 des one-shot à la gloire des plus célèbres tank du conflit mondial. On passera sur une fascination militaire qui peut intriguer (mais apparemment ça se vend bien…) pour aborder cet album pour ce qu’il est. Traitent d’un prototype de méga-tank jamais utilisé sur le terrain d’opération et illustrant le délire de puissance du régime Nazi et d’Hitler, ce Loup gris nous plonge sur le Front Est au sein du camp russe où une commandante de tank va tenter de chasser ce fantôme qui semble apparaître et disparaître en semant la mort sans résistance possible parmi les troupes rouges. Comme beaucoup de récits de chasse on prend plaisir à cette immersion à la fois réaliste dans une dureté du régime soviétique où tout soldat devait sa vie pour la cause à l’aspect du thriller vaguement mystique. Adoptant le thème du croquemitaine, l’histoire permet aux auteurs de faire joujou avec plusieurs tank où l’on découvre les subtilités des manœuvres de ces engins si particuliers. On notera quelques enchaînements de découpage capricieux mais les dessins sont très réussis dans un genre réaliste-historique même si l’on reste loin de la virtuosité en technicolor d’un Romain Hugault et ses avions. L’album s’achève (un peu en ornière je dois dire…) avec un cahier technique qui revient sur les éléments techniques de la conception de ce mastodonte allemand. Au final on a là un album qui se laisse lire sans déplaisir même s’il passionnera surtout les fana de technique militaire. A noter tout de même une maquette particulièrement originale et élégante pour cette collection.

note-calvin1note-calvin1note-calvin1

****·BD·Nouveau !·Rapidos

Kong Crew #2 – Blacksad #6

Pour finir la semaine on continue dans le registre années 50 ouvert par le Noir Burlesque de Marini mercredi et fort bien accompagné par deux excellentes séries, le désormais patrimonial Blacksad qui revient en grande forme et le run Pulp d’Eric Herenguel Kong Crew. Enjoy!

  • Kong Crew #2: Hudson Megalodon (Herenguel/Ankama) – 2021, 2 volumes parus.

bsic journalismMerci aux éditions Ankama pour leur fidélité.

couv_435691Comme pour le précédent volume Ankama et Herenguel ont peaufiné une très belle édition qui met dans d’excellentes dispositions pour continuer la lecture de cette pulpissime série. Pas de bonus particulier hormis deux couvertures alternatives (plutôt mieux que celle retenue pour l’album). Eric Herenguel aime les dinos et vous comme le montre l’illustration, vous allez en avoir pour votre argent! Retrouvez la critique du premier volume (en format comics) ici.

Après ce qui ressemblait plus à une introduction dans le premier tome, on rentre en plein dans l’action en retrouvant Virgil aux prises avec la reine des Amazones. Alors qu’un commando spécial est envoyé dans la Jungle de Manhattan et proprement décimé en mode survival la fille du colonel lance un plan pour sauver le chien-héros… On reste donc proche du n’importe quoi avec un sens diablement élevé du cadrage cinématographique de la part d’Eric Herenguel qui confirme que Kong est un gros décors scénarisé présent par des surgissements épisodiques pour laisser planer une menace gigantesque. Les personnages ont pourtant affaire principalement aux dinos bien méchants et on peut dire que comme dans les modèles du septième Art (on pense à Predator ou aux Jurassic Park) ça meurt beaucoup à Manhattan! L’histoire avance bien dans un scénario très bien huilé qui distille les infos régulièrement sur des protagonistes qui avaient été survolés jusqu’ici. Qui est bon, qui est méchant? Hormis les passages avec la fille du colonel qui ont vocation à maintenir de l’humour dans cette grande aventure mais qui ne sont pas franchement passionnants, on est tout à fait pris dans ce superbe blockbuster, fantasme géant miraculeusement sorti de l’imaginaire d’Herenguel. On en redemande!

note-calvin1note-calvin1note-calvin1note-calvin1

  • Blacksad #6: Alors tout tombe (Canales-Guarnido/Dargaud) – 2021, Première partie d’une histoire en deux volumes.

couv_431431Cela faisait huit ans que nous n’avions plus de nouvelles du ténébreux détective John Blacksad! Prenant leur temps pour développer de très profondes chroniques de l’Amérique des années cinquante, Guarnido et Canales se lancent pour la première fois dans un diptyque qui, surprise, se trouve lié avec le troisième tome Ame Rouge, le meilleur de la série selon moi. Plus passif, le détective se retrouve engagé comme garde du corps d’un syndicaliste qui dérange les projets immobiliers du maire de New-York et son éminence grise, jamais à cours d’un mauvais coup. Entre un milieu intellectuel autour duquel gravite Blacksad et les enquêtes journalistiques de Weekly et sa nouvelle copine, les planches de Guarnido claquent toujours autant et montrent que le dessinateur espagnol n’a rien perdu de sa passion pour le mouvement et le détail. Comme d’habitude l’enquête du héros est prétexte à aborder mille et une facette de cette société florissante d’un pays tiraillé entre utopie intellectuelle et pouvoir fascisant. Entre ces deux veille le chat et ses neuf vies…

note-calvin1note-calvin1note-calvin1note-calvin1

***·****·*****·Manga·Nouveau !·Rapidos·Service Presse

Manga en vrac #21: Radiant #15 – FMA #8 – Le Cauchemar d’Innsmouth 1/2

esat-west

Trois tomes de séries en cours, très attendus avec une qualité variable mais sur des séries qui restent absolument majeures dans les publications actuelles et passées.

  • Radiant #15 (Valente/Ankama) – 2021, série  en cours.

bsic journalism

Merci aux éditions Ankama pour leur confiance!

couv_431432

C’est le chaos à Bôme, capitale du Pharénos, où les Domitor et leur chef Adhès mène une attaque directement contre le roi et les généraux de l’Inquisition. Alors que les amis de Seth se réunissent, ce dernier parvient à faire évader son frère Diabal avant d’affronter les terribles dompteurs de Némesis…

Il se sera fait attendre celui-là! Alors que Tony Valente nous avait gratifié de deux volumes par ans depuis plusieurs années, ce quinzième Radiant a été retardé plusieurs fois et sort plus d’un an après le précédent. Pour un lectorat habitué à des publications rapproché, cela risque de bousculer les habitudes…. Alors ne boudons pas notre plaisir en plongeant dans ce qui nous enchante depuis le premier volume, à savoir un dessin superbe (bien qu’un peu minutieux pour le format type manga), un humour toujours efficace, une action effrénée et surtout un design et worldbuilding qui ne cesse de s’étoffer, au risque de subir le syndrome GRR Martin… Si la fin de la série ne semble toujours pas pour demain, on sent depuis l’arrivée à Bôme que l’on est entré dans le dur avec les rôles de chacun des groupes qui se clarifie: Inquisiteurs d’un côté, Domitors de l’autre, sorciers enfin parmi lesquels Seth et sa fratrie font office de danger pour l’équilibre en place… Ce volume est ainsi l’occasion d’une sacrée avancée dans la connaissance de l’univers et de son passé même si l’auteur se plait à nous jeter toujours de nouveaux cliffhanger et pistes avec – SCOOP! – le retour tant attendu de Grimm. La qualité est donc toujours au rendez-vous et on est prêts à patienter le temps qu’il faut pour chaque nouveau volume de cette magistrale série. Tony Valente est un sacré créateur et sait seul ce qu’il faut pour que ses épisodes soient parfaits.

note-calvin1note-calvin1note-calvin1note-calvin1

 

  • le cauchemar d’Innsmouth #1/2 (Tanabe/Ki-oon) – 2021, 204p., collection Les chefs d’œuvre de Lovecraft.

bsic journalism

 

Merci aux éditions Ki-oon pour leur confiance!

image-1629709044Avec ce deuxième Chef d’oeuvre de Lovecraft de l’année on se rapproche de la fin de la collection, avec la première partie de ce qui est considéré comme un des points majeurs de l’oeuvre du génie de Providence. Et malheureusement pour le coup Ki-oon aurait été bien inspiré de compacter les deux volumes originaux en un gros tome car la construction très progressive de l’intrigue nous laisse un peu sur notre faim à la conclusion de ce manga. Encore une fois un jeune homme (décidément pas beaucoup de femmes dans l’univers de Lovecraft!) voit sa curiosité l’entraîner à explorer une étrange bourgade, port de pêche peuplé d’adorateurs de Dagon (aperçu dans la très courte section sur le volume paru en mars) à l’apparence indicible… Si quelques visions de personnages cracra font leur effet et la maîtrise de Tanabe de la progression fantastique reste très efficace, on manque un peu de ce qui plait tant dans le Mythe de Cthulhu: les architectures folles, les regards perdus, l’irruption de l’impossible dans le réel. Car Innsmouth semble à la fois trop proche de la société des hommes et trop vide pour réellement nous happer. Sans doute le cliffhanger final marque-t’il la bascule vers l’horreur mais après deux-cent pages on reste sagement dans l’attente… A noter qu’après le second volume attendu il nous restera à découvrir L’abomination de Dunwich, dernière adaptation en date du japonais.

note-calvin1note-calvin1note-calvin1

 

  • Fullmetal Alchemist #8  (Arakawa/Kurokawa) – 2021, 8/18 volumes parus.

Coup de coeur! (1)bsic journalism Merci aux éditions Kurokawa pour leur confiance.

couv_432978Si la qualité éditoriale et la fabrication de ces volumes de la Perfect edition me ravissent à chaque sortie, j’ai toujours des moments de flottements avec un rythme un peu erratique voulu par l’autrice qui dilue un peu son action pour maintenir un suspens et faire durer le plaisir. Il y a bien sur l’effet Shonen et j’admet me placer un peu de côté par rapport au public cible bien que le ton relativement sombre du manga ne cesse de me surprendre. Ce huitième tome (on est presque à la moitié) m’a pourtant emporté de la première à la dernière page sans baisse de rythme, jusqu’à un coup de cœur que je ne pensais plus vraiment possible sur FMA! On ne le rappelle jamais assez, une bonne histoire n’existe qu’avec un bon méchant et si l’Ishval Scar avait marqué les esprits au tout début de l’histoire on l’avait pas mal perdu de vue jusqu’ici. Et on peut dire que l’autrice aime son personnage autant si ce n’est plus que le redoutable président Bradley. Terriblement féroce, martialement imbattable, il est parcouru d’une tension émotionnelle immense qui fait écho aux touchants passages parlant des enfants orphelins et de la douleur des mutilés et traumatisés de guerre, sujets on ne peu plus rares dans des shonen. En miroire à la densification de son récit, Arakawa nous régale graphiquement dans de superbes actions qui proposent comme d’habitude un cadrage et un découpage absolument libres. L’humour reste en retrait ce qu’il faut et l’intrigue se simplifie maintenant que les protagonistes se sont un peu stabilisés. Des personnages jusqu’ici  mystérieux entrent sur scène et avec quel panache! 

Ce huitième volume est clairement le meilleur depuis le démarrage en montrant que les très nombreuses trames et personnages secondaires proposés jusqu’ici peuvent converger vers un récit qui justifie son statut culte. Vite la suite!

note-calvin1note-calvin1note-calvin1note-calvin1note-calvin1