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The Nice House on the Lake #2

Deuxième tome de 190 pages, de la série de James Tynion IV et Alvaro Martinez Bueno. Parution chez Urban Comics dans la collection Black Label le 31/03/23.

Merci aux éditions Urban pour leur confiance.

Les copains d’abord

La présente chronique risque de vous gâcher le plaisir de lecture si vous n’avez pas lu le premier tome. SPOILER A L’HORIZON !

Dans le premier tome, nous faisions la connaissance de Walter, trentenaire dévoué qui emmenait ses amis en villégiature dans une sublime propriété au bord d’un lac dans le Wisconsin, avec quelques règles maisons dont il a le secret. Ainsi, Rick est le Pianiste, Naya la Médecin, Sarah la Consultante, Arturo l’Acupuncteur, Sam le Reporter, Véronica la Scientifique, Molly la Comptable, David le Comique, Norah l’Autrice; et Ryan l’Artiste.

Bien vite, les vacances de rêve prennent une tournure cauchemardesque lorsque Walter révèle sa vraie nature: il n’est pas humain, et appartient à une civilisation extraterrestre dont le but est l’extermination de la vie sur Terre. Cependant, Walter avait pour mission de préserver un échantillon représentatif du genre humain, afin que ses supérieurs puissent juger de la valeur de notre espèce. Après des années vécues dans la peau d’un humain, ce sont ces dix personnes aux personnalités et aux rôles disparates que Walter a décidé de sauver de l’apocalypse.

Nos rescapés apprennent donc la terrible nouvelle: partout sur la planète, les flammes ravagent les villes et consument les gens, sans faire de distinction. Piégés dans cet endroit idyllique où tous leurs besoins et désirs peuvent être comblés, nos héros encaissent le choc de la nouvelle et se posent bien vite une question cruciale: doivent-ils se résigner à leur sort, victimes malgré eux de la bienveillance de Walter, où chercher un moyen de s’échapper ?

Le premier tome de TNHOTL était un coup de coeur immédiat, confirmé par ce second tome. L’écriture inventive de James Tynion IV permet de créer des situations originales et des rebondissements accrocheurs qui ne sont pas visibles à plusieurs kilomètres. Malgré la multiplicité des personnages, il demeure facile de s’y attacher, chacun d’entre eux ayant une personnalité distincte et reconnaissable. L’auteur a choisi un format plutôt singulier pour chacun de ses douze chapitres, qui s’ouvrent sur un flash-forward d’un futur apocalyptique (possiblement les ruines de la Maison) dans lequel un des personnages brise la quatrième mur pour nous narrer sa première rencontre avec Walter, avant de basculer sur un flash-back montrant un moment significatif du personnage avec Walter. Ce paradigme est finalement renversé dans le dernier chapitre, pour une raison qui apparaîtra à la lecture.

L’écriture est telle qu’il s’avèrest plutôt difficile de ne pas ressentir d’empathie envers le personnage de Walter malgré son statut d’antagoniste. Sincère dans ses émotions mais contraint de faire des choses qu’il réprouve, on le sent partagé entre son affection pour ses amis et l’inéluctabilité des actions entreprises par son espèce, ce qui renforce sa profondeur. Lors des flash-back, l’ironie dramatique bat son plein car chaque mot, chaque attitude de Walter peut prendre un double-sens et nous éclairer sur son dilemme.

La fin de ce second volume augure cependant un autre cycle, avec de nouveaux enjeux dramatiques et des perspectives de narration plus qu’intéressantes. Côté graphique, Alvaro Martinez Bueno nous cause encore une fois un décollement de rétine, son talent étant encore accentué par la mise en couleur tranchée de Jordie Bellaire.

The Nice House on the Lake est résolument une des meilleures séries de ce début d’année, à lire sans hésiter !

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Abara (Perfect)

East and west

Abara Deluxe COUV HD
Manga de Tsotomu Nihei
Glénat (2023), 412p. nb et couleur, édition intégrale.

L’édition comprend Abara en grand format, l’histoire courte Digimortal et une post-face de l’auteur.

image-5Merci aux éditions Glénat pour leur confiance.

Dans une cité tentaculaire surgissent les Gauna blancs, gigantesques créatures destructrices combattues par des êtres mystérieux équipés d’exosquelettes et de capacités martiales hors norme. Au sein de cet apocalypse, des hommes et des femmes tentent de comprendre d’où viennent ces monstruosités…

Tsutomu Nihei fait partie des références que l’on voit partout quand on commence à s’intéresser au manga. Tout le monde a eu sous les yeux des planches de son univers impressionnant, fortement inspiré par esthétique de H.R. Giger (le créateur d’Alien), mais beaucoup moins ont tenté l’expérience de lecture. Il faut dire que si le travail éditorial de Glénat sur la réedition en 2018 pour les vingt ans de son premier manga, le monument BLAME!, est de très belle facture, l’hermétisme absolu de cette œuvre en dissuade beaucoup. Après NOISE (prequelle ressortie et renommée BLAME 0 cette année), Abara est le troisième manga de l’auteur à paraître en édition Deluxe et sera suivi par la dernière œuvre de sa période « noire », Biomega, en trois volumes à partir de mai. C’est donc bien une « année Nihei » qui se profile comme les éditeurs aiment à en proposer pour notre plus grand plaisir de la redécouverte.

Capture d’écran du 2023-04-01 08-59-09Si Abara sort avant Biomega (chronologiquement plus ancien) c’est notamment parce qu’il s’inscrit dans une évolution de l’auteur vers des manga plus construits, moins conceptuels et plus accessibles, à mesure que son trait se simplifiera pour aller vers une esthétique éthérée à la Miyazaki (le manga Nausicaa) sur sa dernière série notamment. Je n’ai que parcouru Blame! (et visionné le plutôt bon film d’animation Netflix qui permet d’avoir une bonne idée de l’ambiance générale) mais Abara montre une prise de conscience partielle de l’auteur sur la nécessité d’expliciter (en somme de réaliser un scénario et non un simple concept graphique qu’est Blame!) et de créer des personnages comme focale de l’histoire. Il y réussit plutôt bien en proposant un incipit dès la double page couleur introductive qui contextualise l’histoire, avant de dérouler un schéma linéaire. En présentant l’apparition de la menace, puis le héros et les personnages secondaires on a une belle mise en place qui permet notamment d’admirer les très beaux visages (qui rappellent le travail récent de Shiro Kuroi sur Leviathan) de l’auteur. Pourtant très vite l’envie d’apocalypse graphique reprend le dessus et déstructure un récit où l’on perdra progressivement de vue le qui et le quoi pour se plonger avec délice dans des destructions monumentales. C’est un peu frustrant car on sent une base SF très intéressante avec des concepts mystérieux comme la Firme quaternaire, la Cage d’isolation ou le Bureau des affaires criminelles qui permet à un simple humain de nous identifier (un peu) au milieu des combats titanesques du héros… pour peu que c’en soit un.

Capture d’écran du 2023-04-01 08-59-50Nihei est le premier conscient de ses faiblesses de jeunesse puisqu’il confesse sa propre incompréhension à la lecture de certaines pages où il ne se souvient pas ce qu’il a voulu dire… Avec son format court et sa fin plutôt acceptable, Abara apparaît ainsi comme une consolidation des obsessions graphiques et thématiques de l’auteur qui progresse indéniablement depuis Blame! Les architectures sont moins démentes que précédemment mais plus construites, l’action est bien plus lisible, les personnages BEAUCOUP plus solidement dessinés, en évacuant les trames pour du dessin uniquement encré à l’européenne. Si Blame était un brouillon, Abara ressemble à un premier jet fascinant et graphiquement absolument brillant dans ses designs biomécaniques et ses idées SF. On a par moment le sentiment de lire une short-story du magazine Metal Hurlant en espérant aboutir ensuite à l’œuvre maitresse de Nihei… Auteur étonnant à la régularité remarquable, Tsutomu Nihei a alterné séries courtes  (Biomega et Aposimz, 6 tomes) et plus longues (Blame, 10 tomes, Knights of sidonia, 15 tomes) en allant vers du manga plus classique dans sa seconde période. Un univers unique pour lequel Abara me semble être une excellente porte d’entrée, en attendant la suite.

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We Live #2: l’ère des Palladions

Second volume de la série écrite par Inaki et Roy Miranda. Parution en France chez 404 Comics le 10/11/22.

Mais t’es pas là, pas là, pas là, Palladion

Dans le premier volume de la série, les frères Miranda nous emmenaient dans un monde postapocalyptique dans lequel l’Humanité était traquée par des hordes d’animaux mutants sur une Terre désolée. Seuls quelques élus étaient promis au Salut, grâce à 9 balises réparties sur la planète, supposées les emmener sur une nouvelle planète.

Hototo et sa grande soeur Tala, deux orphelins en perdition, ont fait route vers l’une de ces balises, juste avant la fin du compte à rebours, afin de sauver la vie d’Hototo, qui comptait parmi ces élus. A la fin du décompte, nos héros, ainsi que l’Humanité entière (ou ce qu’il en reste), découvrent la vérité sur ces fameuses balises. Elles ne sont en rien une promesse de salut parmi les étoiles, mais un moyen de défense, un rempart ultime contre les menaces extérieures, qui donnent aux élus des pouvoirs grandioses.

Ainsi, Hototo est transformé et devient un super-héros, comme il en a toujours rêvé. Mais un tel pouvoir n’est-il pas trop grand pour les frêles épaules d’un enfant ? C’est ce que nous découvrons six ans après, dans le volume 2 de We Live.

Hototo et tous les autres élus sont devenus les Palladions, sortes de titans aux pouvoirs cosmiques, chargés d’affronter tous les monstres qui pullulent sur Terre et se pressent aux portes des 9 derniers bastions humains. Tala, quant à elle, a rejoint la force de défense, et assiste comme elle le peut son jeune frère. Cependant, les ennemis sont de plus en plus nombreux, les ressources s’amenuisent, et la source d’énergie des balises, la Frappe, menace de céder, privant ainsi les Palladions de leurs pouvoirs et exposant les survivants à une mort quasi-certaine.

En novembre dernier, nous décortiquions Refrigerator Full of Heads afin de déterminer les ingrédients essentiels d’une bonne suite, et dégagions ainsi quatre axes principaux: Une Ellipse, du Changement de paradigme, plus d’Enjeux, et du Neuf dans les personnages.

Le volume 2 reprend six ans après le fin du voume 1, ce qui satisfait à la première exigence. S’agissant du paradigme, il ne s’agit plus d’arriver à temps à la balise pour quitter la Terre mais bien de la défendre à tout prix. On passe donc d’une course contre le temps à un état de siège, ce qui est un changement conséquent dans la dynamique du récit et de ses enjeux. Pour ce qui est du neuf dans les personnages, on a certes quelques ajouts parmi le casting secondaire, mais les deutéragonistes sont toujours Hototo et Tala, bien qu’ils aient tous deux évolué.

De ce point de vue, donc, on peut considérer que l’Ere des Palladions est une suite appropriée. On suit encore avec implication les mésaventures de nos deux héros, dont la relation continue d’être développée, bien qu’ils n’aient pas beaucoup de scènes en commun. Il faut reconnaître que l’accent est ici mis sur l’action et les enjeux externes, plutôt que sur le parcours interne et émotionnel des personnages. Les combats grandioses et épiques, souvent en double-page, s’octroient une part léonine de l’album, peut être au détriment de la clarté ou de l’émotion qui caractérisaient le précédent volume. Pour illustrer ce point, on peut évoquer certains passages tonitruants où encore des transitions abruptes qui sont quelque peu déstabilisantes. Nouveau point qui n’était pas présent dans le tome 1, certains récitatifs un peu abscons, dont l’opacité ou la syntaxe sybilline peuvent être dus à la traduction…

Néanmoins, le volume 2 satisfaira les lecteurs ayant apprécié l’univers foisonnant que les frères Miranda ont mis en place.

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Zombie World-Le champion des vers

Histoire complète en 96 pages, écrite par Mike Mignola et dessinée par Pat McEown. Parution aux US en 1997, publication anniversaire en France chez 404 Comics, le 03/11/2022.

En Vers, et contre tout

Dans un musée de Whistler, Massachussets, le directeur M. Zorsky jubile. Son établissement, jusqu’ici de piètre envergure, va bientôt accueillir une toute nouvelle aile dédiée aux reliques hyperboréenne, une civilisation si ancienne et si avancée qu’elle a été reléguée au rang de mythe.

Toutefois, M. Zorsky doit composer avec Miss Dean, la fille de son généreux mécène, qui souhaite dicter sa conduite au directeur de musée. En effet, Miss Dean souhaite ouvrir la nouvelle aile le plus vite possible, et se passerait bien de l’avis des soit-disant experts de l’occulte venus enquêter sur les phénomènes étranges qui perturbent le musée depuis qu’un certain sarcophage hyperboréen a été ajouté à la collection.

L’équipe spécialisée dans l’occulte, dirigée par le Major Damson, est composée de Roman, escogriffe taciturne, Eustace SaintJohn, médium aveugle, et Malka Ravenstein, impétueuse femme d’action. Bien vite, l’équipe se rend compte que le sarcophage renfermait un mal antédiluvien qui s’est échappé, un nécromancien nommé Azzul Gotha. Son but est d’offrir le monde en pâture à d’obscures divinités maléfiques, qui prennent la forme de vers colossaux, qui lui ont donné le pouvoir de réveiller les morts.

Partout dans le musée, les momies et autres dépouilles fossilisées reprennent vie, piégeant les agents et les deux civils dans un cauchemar de non-vie. Comment empêcheront-ils Azzul Gotha de détruire le monde ?

Il faut bien l’avouer, cette sortie chez 404 Comics est surprenante à plus d’un titre. Tout d’abord, il s’agit d’une réédition d’une mini-série écrite assez tôt dans la carrière de Mike Mignola, devenu entre temps célèbre pour sa création Hellboy. Le second point de surprise est du au fait qu’elle n’est pas dessinée par l’auteur, mais par Pat McEown, dessinateur canadien ami de Mignola. Donc, si vous êtes du genre à juger un livre par le biais de sa couverture, vous vous payez en quelque sorte un billet pour Surprise Land.

Dans ce Zombie World, on retrouve bien sûr de multiples influences, parmis lesquelles les favorites de Mignola. Il y a donc une ambiance fortement lovecraftienne, mais également un parfum de Robert Howard et une touche résoluement européenne. Car on aura beau aborder cet album de la façon la plus neutre possible, les lecteurs avertis ne pourront s’empêcher de déceler des idées embryonnaires qui ont plus tard germé dans Hellboy et dans BPRD.

En premier lieu, l’utilisation de la mythique Hyperborée, qui joue un rôle central dans la mythologie d’Hellboy. Ensuite, bien entendu, les enqueteurs du paranormal rappelant justement les agents du BPRD, avec un Major Damson qui serait un prototype de Trévor Brutenholm, Eustace qui serait une sorte de condensé entre Abe Sapiens et Johan Krauss, et enfin Malka, qui est aussi badass que Liz Shermann. Lors du final, il est même question d’un pouvoir contenu dans une main droite, ce qui finit d’enfoncer le clou. On peut également extrapoler, en faisant un parallèle entre les fameux vers géants et les Ogdru Hem contre lesquels les agents du BPRD luttent si désespérément.

Pour autant, Zombie World n’est pas entièrement calquée sur la série phare de Mignola. On peut en effet distinguer les deux séries par leur ton, Hellboy étant résolument plus sombre tandis que ZW est parcourue par des petites touches d’humour potache et baigne dans le second degré. Petite ombre au tableau, cependant, l’histoire se termine de façon très ouverte en ne clôturant pas l’intrigue. La série a bien engendré une suite à l’époque, mais les douze numéros qui se sont succédés, réalisés par d’autres auteurs, s’éloignaient trop du concept original et ne sont à ma connaissance pas publiés en France.

Concernant la partie graphique, surprise là encore, car le trait de Pat McEown emprunte au style ligne claire, ce qui donne l’impression d’un croisement entre Tintin et Lovecraft. L’objet en lui-même est très réussi, ce qui n’est en soit pas étonnant car les éditions 404 se sont jusqu’ici illustrés par le soin apporté à la facture de leurs livres.

Oeuvre pouvant être considérée comme un proto-Hellboy, mais pas tout à fait, Zombie World trouvera une place de choix dans la bédéthèque des amateurs du genre lovecraftien. Avec en prime un bel objet à prix plus que raisonnable.

**·BD·Nouveau !·Rapidos·Service Presse

Carambolla #1: sang noir

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BD de Barbara Baraldi et Emiliano Tanzillo
Soleil (2022), 100p., série en cours, collection Métamorphose.

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bsic journalismMerci aux éditions Soleil pour leur fidélité.

Sur l’île de Carambola le peuple se contente des restes des fruits de la mer quand le haut château profite de ses bienfaits. Mais le joug de l’usurpateur semble proche de sa fin. Est-ce cet étranger muet échoué sur les plages de l’île et doté d’étonnants pouvoirs qui y mettra fin ou la cheffe des séditieux qui clame l’injustice et fait la nique aux soldats du faux-roi? La prophétie, elle, ne fait guère de doute…

Sang noir (par Barabara Baraldi et Emiliano Tanzillo) Tome 1 de la sérieCe Carambolla venu d’Italie avait beaucoup d’atout pour être une nouvelle révélation transalpine: une fable à l’aspect original reprenant l’idée des marées basses faites de coquillages et de mollusques, un conte noir dressé sur une prophétie, un trait élégant teint de sepia et inspiré par le style d’Alessandro Barbucci… C’était oublier qu’il s’agit ici pratiquement d’un premier album, qui souffre des défauts du manque d’expérience lancé dans une fresque ambitieuse. Cette lecture fait penser à celle de Talion où la passion et le travail ne suffisent pas totalement à combler une complexité narrative et un dessin qui oublie d’être au service du récit.

L’album a bien des qualités, comme cet univers graphique incontestablement élégant, des personnages marquants et un Mythe classique mais structurant basé sur des schémas toujours porteurs, ceux d’une tyrannie et d’une révolte appuyée sur un héros mystérieux sorti des eaux sans souvenirs. Malheureusement les auteurs peinent à actionner une machine par trop cryptique, que certaines fautes techniques du dessinateur n’aident pas à délayer. Comme souvent le format large de cent pages dispense de la concision et si le voyage imaginaire est dépaysant on n’est pas certain de vouloir connaître le destin de ces personnages malgré un cliffhanger révélateur. Avec un aspect de première œuvre pleine de passion mais imparfaite, Carambolla vous emportera (ou pas) sur ses rivages  selon que vous tomberez amoureux du style graphique. Avec beaucoup de manques pour faire véritablement un bon album.

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***·BD·Littérature·Nouveau !·Service Presse

Proies et prédateurs

La BD!
BD de JD Morvan, Yang Weilin et Hiroyuki Ooshima (coul.)
Delcourt (2022), 108p., one shot. Collection « Les futurs de Liu Cixin » #6.

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bsic journalismMerci aux éditions Delcourt pour leur fidélité.

La fin du monde est proche. le Dévoreur, gigantesque vaisseau-générationnel de la taille d’une planète arrivera dans un siècle pour absorber les ressources de la Terre. C’est inéluctable. Alertés par un peuple victime de ces destructeurs de mondes et par un émissaire impitoyable, les humains sont résignés à négocier au moins la survie d’un fragment d’humanité. Si ce n’était un officier bien décidé à démontrer que la dernière heure des humains n’est pas venue…

Proies et Prédateurs (Les) (par Jean David Morvan, Hiroyuki Ooshima, YangContinuant à alterner auteurs européens confirmés et fine fleur de la BD chinoise, la collection des Futurs de Liu Cixin parvient à construire une anthologie SF d’une qualité assez remarquable. A la fois modeste par l’adaptation de nouvelles nécessairement condensées dans leur développement et ambitieux par les thèmes abordés par le maître de la SF chinois, ces albums ont le mérite de nous ouvrir à d’autres modes de narration et installent les obsessions et techniques narratives de l’auteur: un déroulé sur un temps très long (plusieurs siècles ici), un traitement hard-science très intéressant, la destruction de la Terre et de l’humanité.

L’adaptation par le chevronné JD Morvan est perturbante en ce que sur cent pages il arrive à installer cette chronique de l’apocalypse sur un temps très long tout en brusquant le récit par des sauts brutaux. Problématique des adaptation, on ne sera pas si c’est la source qui pose problème ou son adaptation (mais le fait que la nouvelle soit plus courte que la BD laisse une idée…). Ce qui est intéressant c’est que les auteurs nous plongent immédiatement dans un récit d’anticipation où l’humanité dispose déjà de vaisseaux spatiaux capables de la projeter dans le système solaire mais se retrouve confrontée à un adversaire dont la taille semble rendre vain tout espoir. Sur la partie la plus intéressante on nous relate le modus operandi des dévoreurs basé sur des explications scientifiques de ce qu’il se produirait sur le plan astro-physique si un corps de taille équivalente à la Terre venait se positionner tout proche. Très vite pourtant débarque sans avertissement cet émissaire d’aspect saurien, parlant la langue universelle et étonnamment kitsch, nous faisant passer en quelques pages de hard-science à un space-opera pulp nihiliste. Morvan n’aide pas beaucoup à ce stade, sur des dialogues parfois très primaires qui nous sortent là aussi du réalisme recherché.

LES FUTURS DE LIU CIXIN - PROIES ET PRÉDATEURS (Jean-David Morvan / Yang  WeiLin) - Delcourt - SanctuaryOn navigue donc tout le long dans cet entre-deux incarné par cet officier stratège que rien ne semble dompter malgré la force infiniment supérieure des envahisseurs et ce dragon vulgaire qui ricane et croque des humains pour l’apéritif. Si le tout sera justifié et expliqué à la fin, rendant l’album très cohérent, on ne peut s’empêcher de regretter ces quelques freins qui empêchent de pleinement savourer un matériau par ailleurs assez passionnant. A l’image de dessins par moment très alléchant mais dotés d’une colorisation très old-school qui les affadissent. Semblant par ailleurs mal à l’aise avec un format batard, les auteurs digressent par moment comme sur ce combat final qui s’étend plus que de raison. Peut-être prisonniers d’un objectif par trop sombre, Morvan et Weilin peinent à donner un sens à cette profusion d’idées parfois lancées de façon trop exposées quand certains enchaînements de planches (comme cette quadruple page décidément à la mode) nous rappellent pourquoi on aime le cinéma de Roland Emmerich.

Proies et prédateurs est ainsi à la fois un des plus solides récits de la collection de par sa démesure et sa profusion de thèmes et un des plus frustrants de par les lacunes narratives de la source ou de l’adaptation. Il reste une lecture SF tout à fait recommandable et un parfait spécimen de l’esprit d’un plus grands auteurs de SF contemporains.

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****·East & West·Manga·Nouveau !·Numérique

Ex-arm #14

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Manga de Shinya Komi et HiRock
Delcourt (2022), 232 p., série terminée.

Alors que la menace de Beta semblait éliminée définitivement, les armes lancées par les armées japonaises et américaines pour confiner le danger se retrouvent piratées. Les alliés d’Akira sont épuisés par tous ces affrontements et la capacité même du certeau de l’adolescent a atteint ses limites, alors que se profile rien de moins qu’un apocalypse nucléaire mondial…

badge numeriqueQuel final mes aïeux, et quelle montée en puissance pour cette série! Rembobinons un peu: En 2015 l’ancien assistant du grand Masakazu Katsura (qui partage avec l’auteur de DNA2 et Zetman) publiait un one-shot que l’éditeur Delcourt/Tonkam teasait avec le titre de la nouvelle de Philippe K.Dick à l’origine du film Blade Runner. Devant le succès le Ex-Arm 14 (par Shinya Komi et HiRock) Tome 14 de la série Ex-Armone-shot devenait l’année suivante une série qui s’achève donc au bout de quatorze volumes… pour ce premier arc, un nouveau (baptisé Ex-Arm EXA) venant de débuter avec la même équipe au Japon et devrait suivre très vite en France au vu de la réactivité de Delcourt sur cette série depuis le début. Tant mieux pour nous! Entre temps des romans et un Anime sont sortis, suivant le circuit classique des manga à succès.

Pourtant on peut dire que la mangasphère comme l’éditeur n’ont étonnamment jamais été en ébullition autour de cette série qui comporte certes des défauts mais que la qualité technique incroyable et les références rendent hautement sympathique. D’autant plus surprenant qu’avec cet habillage techno-robotique, militaire et sexy la série a tout pour plaire à un très large public.

CaptureSur un format idéal de moins de vingt tomes, la série aura su monter en puissance, débutant sur des sortes d’enquêtes solo à la Ghost in the shell pour installer progressivement son intrigue au long court ajoutant à chaque étape couche sur couche pour faire d’une gentille récréation une forme de tentative syncrétique d’hommage à toutes les meilleures références manga et SF des trente dernières années. Si Otomo et Shirow restent tout le long les grands mentors d’Ex-Arm, ce dernier volume tout orienté vers un chaos terroriste déclenché par des IA lorgne vers la radicalité folle d’Ajin et son inéluctable supériorité des méchants…

Ce qu’on aura pu reprocher à cette série c’est son inconstance, avec l’impression d’une construction progressive qui densifie et complexifie les thèmes de l’intrigue brique par brique. Ainsi sur les questions d’IA nous avons vu apparaître de l’espionnage, des manipulations financières et autres conflits géopolitiques, les questions familiales et les équilibres criminels de la pègre asiatique. Rarement les combats SF auront été si léchés dans un manga, ce qui me fait dire que techniquement  Ex-Arm apparaît aujourd’hui comme une des références en la matière, ayant su s’inspirer de Shirow pour le sublimer.Ex-Arm T. 14 - Par HiRock & Shin-ya Komi - Delcourt/Tonkam - ActuaBD

Il faudrait se replonger en détail sur l’ensemble des volumes pour tirer toutes les qualités de cet imparfait chef d’œuvre(?)… mais le mieux est de rattraper votre retard en enchaînant cette luxueuse enquête de l’unité anti ex-arm avant l’arrivée de la suite!

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Dark Ages: l’Âge Sombre

Mini-série en 6 chapitres, pour un total de 160 pages, écrite par Tom Taylor et dessinée par Iban Coello. Parution en France chez Panini Comics le 22/06/22.

Rejoins-moi du côté obscur, on a plus d’électricité

Ce n’est pas un scoop, le monde moderne est désespérément dépendant de la technologie. Le monde Marvel ne fait évidemment pas exception, avec sa ribambelle de héros dont les capacités accrues sont issues de l’usage direct ou indirect d’une forme de technologie. Que se passerait-il si la technologie, avec une grand T, venait à être abolie ?

C’est le postulat choisi par Tom Taylor pour la mini-série Dark Ages. Après une bataille désespérée contre le Décréateur, une machine antédiluvienne retenue prisonnière au centre de la Terre, les héros ont obtenu une victoire à la Pyrrhus, en ouvrant un portail dimensionnel qui a rendu inutilisable l’électricité et la technologie sur toute la planète. Cette catastrophe en a bien sûr entrainé d’autres, telles que des guerres et des morts en masse. Mais après une période de trouble, le monde a fini par se reconstruire, en apprenant à se passer de technologie. De façon assez surprenante, ce monde nouveau et florissant s’est bien développé, mais c’était sans compter sur les maléfices concoctés par En Sabah Nur, alias Apocalypse, qui règne depuis sur l’Europe toute entière. Nos héros parviendront-ils à empêcher Apocalypse de provoquer… l’apocalypse ?

Après une longue lignée d’events spectaculaires qui promettent des bouleversements en trompe l’œil, Marvel s’est décidé à faire preuve d’un peu plus de franchise dans son marketing en proposant Dark Ages, un récit global impliquant tous les super-héros de la maison, mais qui a la chance de ne pas être inclus dans la continuité classique. Ce qui signifie que le scénariste, Tom Taylor a pour ainsi dire carte blanche. Et c’est une bonne nouvelle, car Tom Taylor a gagné en notoriété après être passé chez DC pour y faire un brin de ménage par le vide, lors de sagas telles que DCseased. Lorsqu’il le peut, l’auteur n’hésite donc pas à sacrifier des personnages, ce qui apporte généralement un impact supplémentaire à ses histoires.

Le tout commence de façon assez classique, et selon un modèle déjà utilisé par d’autres auteurs: un mal ancien, antédiluvien est enfoui au plus profond de la planète (confère le premier volume des Avengers par Jason Aaron, où il se passe plus ou moins la même chose avec un Céleste), et se réveille pour tout détruire. Ce qui suit est une bataille désespérée pour le vaincre, mais le combat en lui-même est brossé en quelques pages. C’est ici que l’auteur fera le plus de victimes, afin de bien nous montrer la gravité du danger qu’il a concocté pour cette saga.

Le coeur de la mini-série explore ensuite les conséquences de cette bataille, narrées par Spider-Man en personne, et montre comment une civilisation globalisée et interdépendante, basée sur l’exploitation massive des ressources et la circulation des biens, parvient à se réinventer pour s’adapter au nouveau paradigme. Pour le reste, on ne peut se départir d’une certaine impression de manichéisme, avec un méchant très méchant qui veut devenir encore plus méchant, et tutti quanti.

Le choix d’Apocalypse comme antagoniste dans ce futur post-apocalyptique n’est pas en soi inopportun ni dénué de sens, mais il ignore les évolutions récentes du personnages vues dans les X-men de Jonathan Hickman, et pose également un voile sur le nouveau statu quo des mutants. En effet, on voit dans les séries X-men depuis House of X, que la nation de Krakoa ne dépend pas des formes actuelles de technologie ni de l’électricité, ce qui aurait modifié le cours des événements prévus par Tom Taylor.

Certes, l’aspect hors-continuité permet de prendre des libertés, mais il y a d’autres éléments, plus classiques, que l’auteur semble avoir ignoré ou omis. Par exemple, le nombre de personnages dont les pouvoirs sont basés sur l’électricité, qui auraient pu jouer un rôle dans l’histoire mais qui ne sont pas mentionnés: Thor ? Electro ? L’Eclair Vivant ? Zzzax ? Spectrum ? Il y en a toute un ribambelle, mais l’auteur semble sciemment les ignorer pour une obscure raison, d’autant plus obscure qu’il montre par ailleurs que l’usage de l’électricité et toujours possible, via le personnage de Tornade. Un groupe de personnages dotés de tels pouvoirs, dans ce monde privé d’électricité, aurait sûrement représenté un enjeu de taille, tant pour les héros que pour notre Apocalypse régressif, qui est sensé croire en la survie du plus apte et à l’évolution.

Outre ces défauts (antagoniste bateau et concept sous-exploité), il y a un autre point sur lequel l’auteur était attendu et sur lequel il nous laisse sur notre faim, c’est le taux de mortalité des personnages. S’il y a bien une hécatombe initiale, le reste de l’intrigue se déroule assez sagement, avec certes un mort ça et là, mais pas grand-chose de plus…

En revanche, la partie graphique est assurée avec brio par Iban Coello, qui fait partie d’une génération d’auteurs repérés par Marvel pour constituer la nouvelle garde de leurs dessinateurs attitrés.

Pour résumer, Dark Ages, malgré quelques défauts, est un récit d’action simple et divertissant, une lecture pop-corn qui contient néanmoins un message intéressant sur l’usage de la technologie et la dépendance qu’elle provoque.

L’avis de Blondin:

Tom Taylor sait y faire pour proposer de chouettes aventures qui se lisent facilement. Tout à sa recette (et sa commande…), le voilà dans un elseworld alléchant sur le papier mais assez trompeur dans son déroulement. Attiré par un tas de design steampunk le lecteur en sera pour sa faim puisque une fois le pitch lancé et l’efficace introduction déployée, on trouve les auteurs assez démunis en ne semblant pas trop savoir que faire de leur disruption. Hormis l’intéressante (et politique) idée qu’une apocalypse n’est pas forcément un enfer, Taylor tombe dans le piège d’un des méchants les plus surfaits de la galaxie marvel, Apocalypse et envoie un contexte où finalement l’absence d’électricité n’est quasiment pas traitée et pour cause: a part Iron man et le Shield, l’essentiel des héros n’ont que faire de cette panne géante. On se retrouve alors avec une sorte de pétard mouillé qui pousse la facilité à dérouler un récit presque entièrement narré en dispensant l’auteur d’un véritable travail scénaristique. Très lisible mais très dispensable.

****·East & West·Manga·Nouveau !·Service Presse

Clevatess #1

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Manga de Yuji Iwahara
Ki-oon (2022), série en cours, 1/3 tomes parus

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bsic journalismMerci aux éditions Ki-oon pour leur fidélité.

Clevatess est l’un des rois-démons majeurs qui règnent dans l’ombre sur la terre d’Edthea. Lorsque les 13 héros mythiques lancent l’offensive il décide de contre-attaquer en ravageant de toute sa puissance les terres des hominidés. Pourtant, lorsqu’un mourant lui demande d’épargner un nourrisson, le démon doute. Pourquoi les humains veulent-ils le tuer? La responsabilité de la société hominidé peut-elle reposer sur les épaules d’un nouveau né? Il décide d’épargner l’enfant et de l’élever jusqu’à l’âge adulte afin de déterminer si les hommes sont tous à éliminer…

Les Trésors du Nain Clevatess Tome 1  Avis Review Critique Yuji Iwahara Ki-oon éditions Démon Dark Fantasy Synopsis Présentation De par leur format (long) les manga sont souvent un peu longuets à entrer en matière. J’avais déjà bien apprécié l’ouverture de Frieren qui proposait également une variation sur la thématique éculée de la lutte entre héros et démons dans la fantasy. Et je dois dire que la ligne « peu mais bien » qui décrit la politique éditoriale des éditions ki-oon continue de faire des merveilles puisque cela fait très longtemps qu’un premier tome de manga ne m’avait autant convaincu de la première à la dernière page! Pour cela l’auteur révèle une étonnante maîtrise du rythme de l’intrigue dans un récit pas si simple à mettre en route. En effet, au-delà de l’introduction visant à briser (comme c’est la mode depuis quelques temps) le schéma traditionnel de la lutte du bien contre le mal, il parvient à présenter de façon assez détaillée son décors, introduire ses personnages, ficeler la problématique de façon intelligible, tout cela en se permettant une première sous-intrigue et le tout en deux-cent pages. Et le tout fonctionne, s’enchaîne, avec quelques impressionnants panorama de destruction et un design du démon franchement réussi…

L’intelligence de Iwahara est de ne pas se reposer sur son seul pitch d’une victoire du démon surpuissant mais d’adopter véritablement (pour l’instant) son point de vue en nous plongeant dans ses réflexions intérieures sur les raisons qui poussent ces si frêles créatures bipèdes à s’attaquer à lui. En vouant l’héroïne déchue au rang de servante honteuse l’auteur ne tombe pas non plus dans le sadisme courant chez les Clevatess - Maju no O to Akago to Kabane no Yusha Manga Chapter 4mangaka mais se contente d’un récit cru d’un monde violent où les bandits sont vraiment rudes et les gens se font vraiment viol(anter)… Sur un ton plutôt sérieux on voit ainsi ce trio se constituer entre le démon ayant pris forme humaine, la servante et le bébé. Le risque dans lequel l’auteur ne tombe pas aurait été de trouver un motif improbable pour cette expérience que mène Clevatess sur les humains. On imagine ainsi cette puissance supérieure, quasi-divine choisir de se rendre parmi ces fourmis pour tenter de saisir leur spécificités et de déterminer si un enfant naïf est mauvais par essence ou le deviendra. Sacré retournement de paradigme! Mine de rien on voit ainsi poindre des thèmes aussi complexes que celui de l’apprentissage, la prédestination sociale, le mythe national, et l’origine de la violence, le tout traité avec la pirouette ironique d’un démon par essence destructeur (comme on le voit sur les premières impressionnantes séquences de chaos), dont la supériorité n’est pas que physique mais aussi intellectuelle, le poussant à chercher à comprendre. On suit donc la naissance d’une variante du candide, le (mauvais) sage observant ses contemporains pour déterminer le sort final qu’ils méritent. Une base extrêmement solide, un dessin très élégant et un potentiel sacrément élevé pour ce démarrage qui risque surtout de pâtir de l’habitude à la brièveté de l’auteur. Ce récit mériterait un certain développement. Espérons que Yuji Iwahara tordra ses principes pour nous livrer une potentielle série majeure.

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***·Comics·East & West·Nouveau !

X of Swords volume 4/4

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Suite et fin du crossover Marvel X of Swords, avec Jonathan Hickman aux commandes. Parution en France le 06/10/21 chez Panini Comics.

On ne compare pas les épées-sœurs

La nation mutante de Krakoa est en grand danger. Confrontée à sa jumelle Arakko, peuplée de mutants cruels et endurcis par des siècles de lutte contre les démons d’Amenth, la population krakoane est contrainte de participer à un tournoi au coeur de l’Outremonde, royaume magique et instable, au cours duquel il affronteront leur homologues arakkii.

Pour cela chaque combattant se dote d’une épée bien spécifique, que la prophétie de Saturnyne, l’organisatrice du tournoi, lui a attribué. Après deux tomes de tension croissante, le volume 3 du Dix d’Epées prenait les attentes du lecteur à rebours en plaçant les x-men et leurs alliés dans des situations où le combat à l’épée n’était pas nécessairement de mise. Certaines épreuves se révélèrent même assez rocambolesques, donnant un ton sensiblement plus léger que celui auquel on pouvait s’attendre.

Le tournoi se poursuit donc dans ce quatrième volume, avec toujours ce changement de ton, qui peut être perturbant par moments. Il est possible que cela soit du à la multiplicité des équipes créatives qui sont intervenues sur l’event, car on sent bien la différence de traitement entre les séries comme Excalibur ou Hellions, et la série principale X-Men.

La final, en revanche, reste dynamique et surfe sur une vague épique mettant à profit les éléments préparés en amont. Les rebondissements pré-climax, la cavalerie de dernière minute (plusieurs!), nous avons droit à tous les ingrédients qui font un bon chapitre final.

Pour résumer ce X-marathon, nous avons là un event relativement long (22 chapitres), qui met en place une menace crédible (Amenth et les Quatre Cavaliers), sans oublier d’approfondir des personnages passionnants (Apocalypse), tout en modifiant encore le statu quo des mutants. On peut cependant s’interroger sur le changement de ton durant le second acte, notamment au cours des épreuves, qui peut faire perdre de vue les enjeux et faire que le lecteur ne redoute plus, ou moins, les conséquences du tournoi. Heureusement, le chapitre final replace adéquatement les choses et promet de belles pistes pour la suite.