Comic de Jock
Urban (2022) -(2021) 140, one-shot.
Merci aux éditions Urban pour leur confiance.
Depuis la sortie de Batman Damned en 2019 qui inaugure la nouvelle collection « adulte » de DC on peut dire que ce label a été un gage de qualité absolu, enchaînant chefs d’œuvres (Harleen, White Knight, Le dernier des dieux,…) et albums majeurs. Si on ne peut que saluer l’adoption d’un modèle à l’européenne, éludant la bien-penseance du Comic code authority et donnant carte blanche à un auteur ou un duo pour créer de superbes one shot, la collection a bien vu sortir des albums moins aboutis… mais jamais aussi mineurs que ce One Dark Knight!
Le concept était pourtant alléchant avec une intrigue concentrée qui sied totalement au chevalier noir tel un Arkham Asylumen forme d’exercice de style: alors qu’il escorte le transfert d’un dangereus prisonnier d’Arkham à la nouvelle prison ultra-moderne de Gotham, Batman se retrouve isolé dans une nuit sans électricité à emmener à pied le dangereux paquet alors que tous les gangs de la ville sont à ses trousses… Malheureusement pour faire une bonne BD il faut commencer par deux choses: une intrigue lisible et des dessins lisibles. Cee one-shot démarre en effet comme au milieu d’une histoire supposant que l’on nous ait introduit les personnages… or il n’en est rien. Du bad-guy EMP dont la plupart n’auront jamais entendu parler auparavant à la méchante politicienne véreuse on ne sait pas qui sont les protagonistes, ce qui empêche totalement de s’impliquer émotionnellement dans la lecture. Les enjeux ne sont jamais amenés et la seule tension dramatique qui porte cet album est donc le mode survie du Batman portant un vilain totalement amorphe qui se réveille épisodiquement pour … rien. La lecture alterne donc une explosion par-ci, une fuite dans les souterrains par-là et cinq ou six deus ex-machina totalement gratuits. Pour être juste je reconnais un léger effort pour rendre attachant le paquet électrique mais faute de vrais rebondissements l’histoire fait du sur-place jusqu’à la confrontation finale où la « révélation » a été déflorée depuis bien longtemps.
Cette concision devait être portée par des dessins inspirés. Là on touche une affaire de gout mais dans un style à la Andrea Sorrentino, là où l’italien parvient depuis plusieurs années à installer une ambiance dérangeante, Jock ne propose que des planches brouillonnes et répétitives, sans même profiter de la nuit pour créer des clairs-obscures et jouer sur les contrastes tels un Frank Miller. L’album s’avère alors une franche déception que même les fanatiques de Batman auront du mal à savourer. Espérons que ce ne soit qu’une mauvaise pioche et non la multiplication de projets sans sélection pour profiter d’une poule aux œufs d’or…