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L’Ogre Lion #2: Les trois lions

La BD!

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Merci aux éditions Drakoo pour leur confiance!

Nous avions laissé le roi-lion déchu et amnésique Kgosi se diriger vers un shaman susceptible de l’aider dans sa quête de mémoire et de rédemption. Le second tome de L’ogre lion enchaine donc directement dans la cabane du sorcier pour un volume qui est construit très intelligemment comme un flashback sur les origines du lion et de son démon allié, l’écorché Bakham Tyholi. C’est la grande surprise de ce second tome (prévu en trois…?) où l’on n’attendait pas autant de révélations de sitôt, l’épisode précédent étant présenté sur une base simple envisageant des révélations progressives. Un risque aussi, probablement calculé au vu du format en trilogie et qui déséquilibre un peu l’aspect fantasy-barbare du titre puisque l’on perd sur la plus grosse partie du tome l’équilibre remarquable de la petite trouve formée par le lion et ses amis.

On sort ainsi de cette aventure au fait des responsabilités de Ngosi dans la mort de ses enfants, du rôle de son frère qui apparaissait comme le traitre à la fin du précédent épisode, et des origines du démon cornu. Avec ce parti pris inhabituel il est incontestable que le lecteur aura bien avancé dans l’intrigue, intéressante, centrée sur la tyrannie féline contre les herbivores, qui développe le thème du racisme sous la forme d’une parabole animalière. Fort impliqué dans son projet (au point de délaisser l’attendu second tome du très réussi Amazing Grace avec Aurélien Ducoudray), Bruno Bessadi dispose d’une intrigue politique détaillée autour de différents peuples (notamment un mystérieux peuple simien) et il n’est pas du tout impossible au vu du développement, du plaisir manifeste de l’auteur dans le travail de son projet et du potentiel que la trilogie s’élargisse dans quelque chose de plus ambitieux.

Si l’album marque une petite faute de gout – qui confirme les questionnements de Dahaka sur la chronique du premier tome concernant le type de public visé entre le grand public et la barbarie hyboréenne – lorsque l’impitoyable démon incarné Bakham Tyholi devient sensible aux amitiés des vivants, on n’a que peu de choses à reprocher à un album qui respire l’implication, la confiance et le professionnalisme. Bessadi croit en son grand œuvre et il n’est pas impossible qu’il le tienne au vu des qualités qu’il a montré jusqu’ici, suffisamment pour entrainer le public avec lui en tout cas dans ce qui est aujourd’hui un des tous meilleurs titres du catalogue Drakoo.

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Le Paris des merveilles #1

La BD!
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BD d’Etienne Willem, Pierre Pevel et Tanja Wenisch
Drakoo (2022), 46 p. 1/2 tomes parus.
Série Le paris des merveilles, adaptant en 3×2 tomes la trilogie des romans de Pierre Pevel.

bsic journalismMerci aux éditions Drakoo pour leur confiance.

Dans le Paris de 1909 Louis Denizart Hyppomithe Griffont est un enquêteur privé. Mais pas n’importe quel enquêteur: dans ce Paris des Merveilles où la magie et les créatures féériques côtoient humains et machinerie steampunk il est un mage rattaché au Cyan, un des trois grandes Cercles de magie. Lorsqu’on vient lui demander de dévoiler les artifices d’un tricheur de cartes le voilà embarqué dans une redoutable machination mêlant barbouzes russes, intermédiaire véreux, aventurière mystérieuse… et forces de l’autre côté, le Royaume magique d’Ambremer…

Sorties parmi les premières publications Drakoo, la trilogie des Artilleuses fut une très bonne surprise d’aventure grand public qui savait se démarquer de l’encombrante ombre de Christophe Arleston. Profitant de la richesse de l’univers de la trilogie de romans parus chez Braguelonne, la série originale scénarisée par Pevel lui-même aura été une mise en bouche qui permet désormais au dessinateur Etienne Willem d’adapter directement les romans de Pevel avec ce dernier en accompagnement sur les (très bons) dialogues.

Le Paris des Merveilles - Les enchantements d'Ambremer 1/2 - Le Paris des  merveilles - vol.01 - Etienne Willem, Pierre Pevel - cartonné - Achat Livre  ou ebook | fnacNous voilà donc plongés à nouveau dans ce Paris des Merveilles, une poignée d’année avant l’intrigue des Artilleuses, cette fois dans une enquête à la Arsène Lupin en sein de jolis décors détaillés de cette Belle-Epoque Steampunk. Le héros, enquêteur de l’étrange est charismatique et suffisamment puissant pour permettre une adversité robuste. Au menu un général russe et un sorciers venu d’Ambremer sont lancés à la poursuite d’une mystérieuse aventurière acrobate… cette fine équipe laissant cadavres et carambolages avec le mage Griffont à leur poursuite. Bien plus touffue que celle de la précédente trilogie, l’intrigue nécessite de se concentrer, d’autant que Willem a choisi un rythme serré de presque une séquence par page afin de pouvoir dérouler une intrigue de trois-cent pages en deux albums BD classiques. Il en ressort une pourtant très fluide immersion dans ce monde, sans besoin d’avoir lu les aventures des trois cambrioleuses même si l’auteur s’amuse à placer ça et là quelques fils entre les deux histoires.

On ressort de cette lecture tout à fait conquis par une aventure grand public et remarquablement équilibrée entre l’envie de développer un background riche, le besoin d’une intrigue intéressante et la nécessité d’une action rocambolesque. Avec mille et une possibilités, le Paris des Merveilles a encore de beaux jours devant lui, sur les six tomes prévus avant sans doute de prolonger les romans par de nouvelles histoires originales.

A partir de 12 ans.

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Les damnés du Grand Large

La BD!

Histoire complète en 56 pages, écrite par Kristof Mishel et dessinée par Béatrice Penco Sechi. Parution chez Drakoo le 10/08/2022.

Merci aux éditions Drakoo pour leur confiance.

Suck my (Moby) Dick

Dans une taverne mal famée, emplie de marins ivres dont les oreilles tanguent encore avec le roulis du bateau qu’ils viennent de quitter, un étrange colporteur fait son apparition. Mal accueilli, comme tous les autres avant lui, il ne demande pourtant qu’une chose: le gîte et le couvert contre une histoire qui divertira l’assemblée des marins esseulés et les tiendra en haleine jusqu’au petit matin.

Le propriétaire de la taverne, initialement réticent, se laisse emporter par le charisme de ce conteur itinérant, et lui permet de rassembler autour de lui son auditoire, avec un avertissement toutefois: si son histoire convainc, il aura droit à son repas chaud, mais dans le cas contraire, son sang ira inonder le caniveau et son corps finira mangé par les poissons du port.

Qu’à cela ne tienne, le conteur, sûrement habitué à ce genre de défi et sûr de lui, se met en place et dévoile les tatouages qui ornent son corps, puis commence à raconter la meilleur histoire de son répertoire.

Le troubadour nous introduit le personnage de Rêveur, un jeune garçon embarqué sur le navire Alicante. Lorsqu’il ne souque pas les arquebuses, Rêveur dessine et écrit dans son carnet. Ce loisir lui a valu son surnom, mais aussi des regards circonspects des membres de l’équipage, qui pour la plupart, sont analphabètes.

Alors que la croisière suit son cours (à défaut de s’amuser) un des marins est retrouvé mort, pendu à un mât, la lettre A marquée sur le front. Cet évènement est le premier d’une série de macabres découvertes, les morts s’enchaînant alors que la superstition gagne l’ensemble de l’équipage. Et Rêveur, au milieu de tout ça, semble connaître la vérité sur les forces occultes qui menacent l’Alicante. Cela aurait-il à voir avec les démons tentaculaires qui gardent les océans ? Ou bien avec ceux, en chair et en os, qui arpentent le pont du navire ? La réponse se trouve au bout du récit de notre conteur tatoué.

Jusque là, la volonté apparente de Drakoo était de coopter des auteurs de romans pour les introduire au monde de la BD, comme c’était le cas par exemple pour les Gardiennes d’Aether, ou Démonistes. Dénicher de jeunes auteurs n’est semble-t-il toujours pas à l’ordre du jour, comme nous le prouve cet album. En effet, Kristof Mishel est un de ces auteurs de romans qu’Arleston aime recruter pour leur faire faire leurs premiers pas dans le monde de la BD. Ainsi, il s’assure une maîtrise narrative et un professionnalisme garantissant une certaine qualité à l’album, tout en ayant une marge d’intervention en tant qu’éditeur qui lui permet de se positionner en « sachant » auprès d’un auteur qui débute dans l’industrie très particulière de la BD.

Ce compromis fonctionne la plupart du temps, et c’est le cas ici aussi. La narration morcelée et la mise en abime sont utilisées avec tact par l’auteur, qui distille son mystère jusqu’à une double révélation finale qui renverse donc par deux fois les perspectives du récit. On est donc tenus en haleine à la fois par la destinée de Rêveur, jeune et frêle garçon au milieu d’un troupeau de marins violents et imbéciles, un peu comme Ismaël embarqué sur le Pequod dans Moby Dick, et par celle du conteur, qui joue sa vie sur le déroulé de cette histoire.

Graphiquement, les personnages dessinés par Béatrice Penco Sechi, avec leur traits émaciés et leurs grands yeux, participent à l’ambiance pesante du récit, où l’on s’attend à voir surgir à n’importe quel moment un tentacule visqueux ou une pince de crabe géante. On peut aisément comparer l’album, sur le même thème, avec la trilogie La Fille des Cendres, de Hélène Vandenbussche, parue entre 2015 et 2019 chez Le Lombard.

Les Damnés du Grand Large offre donc un récit bien mené qui vous tiendra en haleine de bout en bout, pourvu que vous ne souffriez pas du mal de mer.

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La cité du bonheur

La BD!
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BD de Igor Polouchine, Fabrice Weiss et Rodolphe Gilbart (coul.)
Drakoo (2022), 56p., one-shot.

bsic journalismMerci aux éditions Drakoo pour leur fidélité.

Sur une planète autrefois colonisée par des humains arrivés à bord de terribles engins spatiaux les différents anciens peuples se sont organisés avec cet héritage du passé, liant magie et technologie en un un syncrétisme qui tente de faire société. Ned surnage entre son père violent et un racisme social latent lorsque un caïd saurien le pousse à l’action pour sauver sa peau…

Dans sa logique de s’adresser à un carnet d’adresse d’auteurs confirmés dans d’autres médias, Christophe Arleston oublie parfois son rôle d’éditeur pour laisser libre cours à une forme de copinage malvenu. On peut imaginer que les succès économiques de la BD poussent à diversifier tous azimuts et à lancer des adaptations peu pertinentes, a fortiori quand elles sont si faiblement ambitieuses. Cette cité du bonheur choisit d’adapter dans un unique one-shot l’univers d’un jeu LA CITÉ DU BONHEUR (Rodolphe Gilbart, Igor Polouchine / Fabrice Weiss) -  Drakoo - Sanctuaryde rôle à succès (Shaan) par son propre auteur. Après un Capitaine VaudouPecau adaptait son propre jeu de rôle avec un peu plus d’intérêt, on ne comprend pas bien le pourquoi ni le comment de transposer un monde par définition extrêmement riche dans un si court format, qui plus est au travers d’une intrigue si banale. Si l’album nous explique le contexte, on se retrouve in fine avec un classique agrégat de  fille nécromancienne bleue, d’un pyro-mage rouge, d’un nain bricoleur et d’un humain bad-boy, le tout pris dans une vague enquête sans aucune tension ni perspectives. On a vu plus original. Côté univers on rate donc le coche de nous intéresser, côté intrigue ça se lit et l’action est correcte mais aussi vite oubliée. Reste le dessin. Pour le coup c’est une belle découverte d’un auteur formé aux arts décoratifs (donc très solide), plutôt novice en BD et dont les aperçus des précédents travaux laissent présager beaucoup de belles choses. Il sauve un peu les meubles en rendant ces improbables planches crédibles mais c’est bien peu. Avec un titre dont on ne comprend pas même le sens et une question qui reste à la fin: hormis faire plaisir aux joueurs du RPG, pourquoi sont-ils partis dans cette galère?

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Spirite #2: Obsession

Second tome de la série écrite et dessinée par Mara. 54 pages, parution chez Drakoo le 04/05/2022.

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Merci aux éditions Drakoo pour leur fidélité.

Mauvais esprits

Dans le premier tome, nous faisions la connaissance de Ian Davenport, jeune chercheur en spiritologie, qui, au cours des études qu’il menait avec son mentor Boris Voynich, a assisté à des apparitions sans précédent de fantômes en tous genres.

Après la mort de son maître à penser, Ian a du fuir les hordes spectrales d’Arthur Arroway, qui en a après lui pour d’obscures raisons. Tout ceci semble être en lien avec le mystérieux incident de la Tungunska, qui pourrait être le dénominateur commun entre Arroway et ses victimes. Sa recherche de la vérité va le mener à collaborer avec Nell Lovelace, une jeune reporter douée en quête de gloire, ainsi qu’avec l’intrépide pilote Mary Pickett.

Leur aventure tourne court et le trio se retrouve prisonnier d’Arroway à bord de son dirigeable géant…

Reprenant son intrigue tout juste où elle l’avait laissée, Mara prend la parti de nous plonger au coeur de l’action pour ce second tome. Bénéficiant désormais d’un casting que le premier tome est parvenu à rendre attachant, l’auteure peut ainsi continuer de développer son univers, ce qu’elle fait avec aisance, il faut bien l’avouer. En effet, le rythme enlevé ne l’empêche pas d’étoffer son intrigue, notamment celle qui tourne autour d’Arroway et de son objectif encore mystérieux.

Cela attise donc l’intérêt du lecteur et confirme bien la qualité de la série. Coté graphique ceux qui ont apprécié le tome 1 devraient se régaler avec cette suite.

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Une histoire de voleurs et de trolls #3: le doigt de la sorcière

La BD!
BD de Ken Broeders
Drakoo (2022), 55p./album, série finie en 3 tomes.

bsic journalismMerci aux éditions Drakoo pour leur confiance.

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Pour sa conclusion (avec trois tomes en un an) de sa série parue en 2019 en Belgique, Ken Broeders s’affirme comme un auteur sur lequel il faudra compter dans les années à venir. Un peu comme le duo allemand qui avait su renouveler un genre archi-éculé (l’apocalypse zombie) dans Gung-Ho le belge aura non seulement Une histoire de voleurs et de trolls -3- Le doigt de la sorcièreproposé une aventure haute en couleur avec voyage entre les mondes et mille créatures très graphiques mais aura également créé un personnage que l’on espère retrouver bien vite dans des aventures solo. Ce Delric, magnifique anti-héros qui rappelle par moment un Han Solo dans avec ses airs de faux égoïste est une vraie réussite qui restera jusqu’au bout un peu en retrait mais dont chaque intervention est marquée d’éclats dans les dialogues ou dans l’action.

Car si la maîtrise graphique de Broeders est l’évidence qui marquera le plus vite le lecteur, il est surtout un excellent conteur d’histoires dont la liberté de la jeunesse jaillit à chaque invention. Un peu perturbé par une progression inhabituelle entre les trois tomes, le lecteur constatera que le grand final, immense bataille magique pleine de feux d’artifice, de blagues de sale driftwereld 3 een verhaal over een heks - moors magazinegosse et de morceaux de bravoure donne toute satisfaction en concluant (chose loin d’être systématique en BD…) toutes ses pistes ouvertes et notamment l’origine de cette mystérieuse sorcière après laquelle on court depuis le premier volume. Emmené avec les personnages dans un roller-coaster magique qui nous balade entre fées, élémentaux et mondes parallèles, on se laisse prendre dans un voyage plein d’originalité, comme des enfants, avec les yeux qui brillent. Les aventures aussi jolies, aussi loin des canons du genre et aussi maîtrisées ne sont finalement pas légion et placent cette Histoire de voleurs et de trolls comme une des pépites du catalogue Drakoo que je vous invite vivement à découvrir.

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The Last Detective

Histoire complète en 72 pages écrite par Claudio Alvarez et dessinée par Geraldo Borges. Parution en France le 02/03/2022 grâce aux éditions Drakoo.

Merci aux éditions Drakoo pour leur confiance.

Polar équatorial

New Amazonia n’est pas une utopie, loin de là. Corrompu jusqu’à l’os et gangrénée par le fléau de la drogue, ce district, dont l’économie est basée sur l’exploitation du vitrium, se regarde sombrer peu à peu dans le chaos et l’anarchie, sans qu’aucune mesure concrète ne soit prise.

Joe Santos le sait bien. Estropié depuis vingt ans, cet ancien flic de haut vol était partie prenante dans la lutte contre les cartels de la drogue, tirant d’abord, posant des questions ensuite. Résolu à neutraliser Black Joao, un insaisissable baron de la drogue qui a inondé les rues d’une nouvelle drogue de synthèse, Santos a pris tous les risques pour mener sa mission à bien.

Cette traque s’est soldée par la mort de sa coéquipière, Simone Madureira, lors d’une explosion accidentelle qui lui a aussi couté un bras. Accusé à tort, Joe fut disgracié, le forçant à un exil au fin fond de la jungle amazonienne avec son lapin Horace.

Vingt ans plus tard, la situation ne s’est pas arrangée. New Amazonia est toujours un cloaque corrompu, les drogues inondent toujours les rues, surtout le vitrium, dont l’effet principal est de rendre les gens beaux et attirants, au prix d’une mort atroce au bout de quelques jours.

La commissaires Madureira, qui pleure toujours sa sœur Simone, n’a pas d’autre choix: elle doit rappeler Joe Santos afin qu’il reprenne du service et traque le nouveau fournisseur de vitrium. Mais ce dernier, qui a régressé jusqu’à ne devenir qu’une ombre pathétique de l’homme qu’il était alors, sera bien difficile à convaincre.

Zizanie en Amazonie

Les auteurs de BD sud-américains sont suffisamment rares pour susciter la curiosité, comme c’était le cas avec Far South en 2020. Ici, le pitch promet un ambiance futuriste et quasi apocalyptique, à la Mad Max premier du nom, un limier désabusé à la Deckard de Blade Runner, le tout sur fond de lutte contre les cartels à la Sicario. Un clin d’œil à la couverture nous promet même un duo flic robot/flic humain à la Robocop, ce qui finit d’aiguiser l’intérêt pour cette histoire complète.

Malheureusement, il s’avère difficile pour les auteurs de dissimuler, sous cette pluie de références pop, la mollesse du récit, qui démarre certes sans ambages mais patine dans des poncifs assez éculés, qui fleurent de surcroît le premier degré. En effet, les eighties et nineties étant passées par là, tout héros aux allures d’ours mal léché qui n’est pas écrit avec un tant soit peu de recul ou d’autodérision s’embourbe fatalement dans le cliché, ce que ne manque pas de faire Monsieur Santos.

Bougon et récalcitrant, il ne gagne de dimension humaine et sympathique qu’au travers de la perte de Simone, qui n’apparaît cependant que sur une photo en page 1, puis sur une page de flash back un peu plus tard. Ce qui signifie que l’ancrage émotionnel du protagoniste ne se fait (grosso modo) que sur une page, soit 1/72e du scénario (soit 1.39%). Et je ne parle pas des dialogues, qui sont généralement assez pauvres, et que le directeur éditorial, Arleston, aurait, de son propre aveu, « rewrité » par souci d’adaptation…

Puisque l’on en est encore au personnage principal, il faut également aborder son évolution. Elle est certes palpable, puisque Santos affronte son passé et les échecs dont il porte encore les stigmates, ce qui est propice à une tension dramatique supplémentaire.

Le fait d’adjoindre un robot à un ancien flic solitaire qui ne supporte pas son infirmité et ses prothèses robotiques est en soi une bonne idée, mais l’aspect buddy cops movie suggéré par cette prémisse (très eighties encore une fois) n’est exploité qu’avec grande maladresse, puisque l’évolution de la relation entre Santos et son équipier robot est écrite de façon très déconcertante.

Pour citer un exemple concret, dans un premier temps, les interactions entre Santos et le robot se limitent à des insultes et des injonctions à la fermer de la part du policier bougon, qui semble détester les robots et n’avoir que faire d’un partenaire. Une scène plus tard, le robot se fait tirer dessus et…. Santos hurle, une expression d’horreur sur le visage, traitant de « salaud ! » l’auteur du coup de feu… Or, rien entre temps ne vient suggérer une évolution du positionnement du héros par rapport à sa partenaire, par exemple, le fait qu’elle lui rappelle celle qu’il a perdue autrefois.

Rassurez-vous, c’est la même chose du côté de l’antagoniste (Black Joao ? Je vous mets au défi de ne pas piaffer en disant ce nom à haute voix, on dirait un pseudonyme d’acteur de films pour adultes), qui malgré une tentative de twist final, n’a ni saveur, ni charisme, ni grand projet à mettre sur son CV.

Bref, on se trouve ici face à une intrigue plutôt plate qui enchaine les facilités d’écriture et qui semble éviter soigneusement d’étoffer ses personnages. Si Drakoo se lance dans le rachat de droits et l’importation de comics indé, il va falloir choisir avec plus de soin !

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Le Sarcophage des âmes

Histoire complète en 48 pages, écrite par Serge Le Tendre et dessinée par Patrick Bouton-Gagné. Parution le 02/02/2022 chez Drakoo.

Merci aux éditions Delcourt pour leur confiance.

Les sorcières de Sal Aiment

A quelques jours de Noël, le comté de Shaalem est en pleine ébullition. Olivia Newton, jeune femme métisse ayant récemment perdu son époux, élève seule sa fille Mercy. Déjà méprisée par la population locale, qui la toise sans lui accorder le moindre respect, elle s’attire les foudres du comté lorsqu’elle obtient l’autorisation de procéder à des fouilles archéologiques près du cimetière.

Sans crier gare, une foule de villageois en colère, accusant Olivia de sorcellerie, débarque sur le pas de sa porte, avec torches et tout le toutim. Affolée, Olivia confie Mercy à son amie Abbie, fantasque tenancière d’une maison close, et tente de repousser ses agresseurs. Dans l’escarmouche qui s’en suit, Olivia doit se défendre et use d’un don particulier, un pouvoir magique qui lui permet de projeter des flammes.

Manque de chance, sa maison prend feu, et la voilà portée disparue. Déclarée coupable de sorcellerie de manière posthume, Olivia subit l’opprobre tandis que sa fille est placée sous la tutelle de Ruth Taylor, rigide épouse dévote du juge du comté de Shaalem. Et le pire est encore à venir, car la redoutable Ruth joue un double jeu elle aussi. Sous ses airs de bigote, elle dirige en réalité un culte dont le projet et de réveiller un mage maléfique dont l’âme fut damnée il y a des siècles. Olivia va donc devoir affronter les ennemis héréditaires de sa famille s’il elle veut pouvoir libérer sa fille.

Ma sorcière bien brûlée

C’est bien connu, depuis la fameuse Boîte de Pandore, il est devenu quelque peu commode, en fiction, d’enfermer de façon plus ou moins contigüe et originale toutes sortes de maux ou d’entités maléfiques: les Titans dans le Tartare, les fantômes dans Ghostbusters, La Momie dans le film éponyme, l’Antéchrist dans le Prince des Ténèbres, le Général Zod dans Superman II, les exemples sont bien sûr trop nombreux pour espérer en faire une liste exhaustive, mais après tout, un sarcophage, pourquoi pas.

L’histoire, qui ne compte que 48 pages, se lit donc très rapidement et ne demande pas un fol investissement, que ce soit en temps ou en émotions. Les bases sont rapidement posées, sans fioritures, et l’on peut pour cela compter sur l’expérience vertigineuse de Serge Le Tendre, qui rappelons-le, a tout de même forgé le game s’agissant du genre Fantasy en France. Le reste se déroule de façon plutôt linéaire, puisqu’en si peu d’espace, on peut imaginer qu’il fut difficile d’implémenter plus de péripéties et de rebondissements.

Il y a néanmoins quelques éléments qui m’ont chiffonné, j’en viens donc à une partie spoiler que je conseille d’éviter à celles et ceux qui souhaiteraient découvrir l’album par eux-mêmes.

On apprend donc qu’Olivia fait partie de la Guilde (j’imagine qu’il n’y avait pas plus générique comme nom pour un groupuscule… ah ben tiens, c’est pas si mal, ça: « le Groupuscule« ), une lignée de puissants mages liés aux forces de la nature dont la vocation était d’éclairer l’Humanité. Bien évidemment, un schisme idéologique se produit et l’un des Mages se rebelle (bonjour Lucifer, Voldemort et toutes les autres figures prométhéennes négatives), parce qu’il considère qu’il y a mieux à faire avec tout ce pouvoir. Il est vaincu, est exécuté, MAIS, son âme est enfermée dans ce fameux sarcophage afin de… tourmenter son âme ? l’empêcher de mourir définitivement ? Ce n’est pas très clair car il est simplement mentionné que ce mage « prétendait pouvoir dominer la mort ».

Ce qui m’a principalement gêné, c’est que cette Guilde, sensée représenter les forces capables du Bien, excommunie l’une des leurs qui tente d’empêcher la résurgence du Mal, puis se montre totalement absente et inepte lorsque le dit mal ressurgit, et surtout, ne trouve pas un moyen plus efficace, ou en tous cas pas aussi aisément corruptible ou détournable, d’enfermer ce méchant. A mon sens, ce sont ce genre de détails qui peuvent à terme nuire à la crédibilité d’un scénario, même sur un format court et peu exigeant de one-shot 48 pages.

En parlant de détail, je passerai sous silence le faux-raccord qui s’est glissé en page 6 case 1, car je passerais certainement pour un tatillon 😉

En conclusion, cet album, qui marque la présence d’un auteur old-school et incontournable de la BD franco-belge chez un éditeur de taille modeste, finit d’asseoir une tendance que nombre d’entre vous auront sans doute déjà remarquée. En effet, de plus en plus d’auteurs reconnus se tournent vers les maisons d’édition indépendantes, voire vers le crowfunding, pour des projets plus petits, parfois moins ambitieux car plus récréatifs. Cela s’explique sans doute par une volonté de respirer artistiquement parlant, et ainsi créer des projets moins chronophages à coté de leurs productions majeures.

Le seul hic est que désormais, les petits éditeurs, qui jusque-là étaient plus prompts à s’engager auprès d’auteurs encore inconnus, sont accaparés par les pontes, et ont donc tendance à délaisser les débutants qui cherchent à faire leurs armes dans le secteur indé.

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Hella et les Hellboyz #2: L’Épreuve du Feu

Second tome du diptyque écrit par Kid Toussaint et dessiné par Luisa Russo. 48 pages, parution le 02/02/22 aux éditions Drakoo.

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Merci aux éditions Drakoo pour leur confiance!

Orphée et Hell-idyce

Comme vu dans le premier tome, Hella est une adolescente rebelle et mal dans sa peau. Un soir, après un mauvais coup fait à leur prof de maths, son petit-copain Kieran va se cacher au 21 rue Duroc, dans une maison réputée hantée, dont il ne ressortira pas. Inquiète pour lui, Hella pénètre à son tour dans la maison et découvre qu’il s’agit d’un portail vers l’enfer.

Là, un étrange lapin démoniaque la guide et lui fait découvrir cet univers hostile, qu’elle va devoir traverser de part en part pour retrouver celui qu’elle aime. Aidée des Hellboyz, trois jeunes garçons perdus dans les limbes depuis des décennies, Hella va affronter un à un chacun des gardiens des enfers, avec une seule restriction: y entrer durant la nuit et ressortir impérativement avant le lever du jour sous peine d’être piégée elle aussi.

Durant ce second tome, Hella va en savoir davantage sur les motivations réelles du lapin, ainsi que sur la nature réelle de cet endroit, sans oublier les bonnes petites révélations sur ses origines.

Le premier tome de Hella et les Hellboyz laissait déjà entrevoir quelques faiblesses d’écriture, pour lesquelles on espérait que l’auteur saurait corriger le tir. Or, les bonne intentions proverbiales qui pavent l’Enfer ont sans doute fait trébucher Hella durant son périple, et ce pour plusieurs petites raisons, qui viennent s’accumuler à ce que l’on avait relevé la dernière fois.

Tout d’abord, un manque d’attachement envers Kieran et, par voie de conséquence, un manque d’investissement émotionnel dans la quête que mène Hella pour le retrouver. En effet, comment s’inquiéter de la réussite d’Hella si l’on se fout de celui qu’elle chercher à sauver ? Expédié dans la maison infernale dès les premières pages de l’histoire, nous n’avons aucun élément en tant que lecteur, qui nous rende le personnage sympathique ou même vaguement attachant. Rayer la voiture d’un prof de maths décrit comme acariâtre, ce n’est clairement pas suffisant, cela aurait sans doute nécessité quelques dialogues supplémentaires, et a minima, un geste de Kieran qui montre bien le véritable attachement que les deux tourtereaux se portent.

On ne peut que poursuivre ce raisonnement pour l’appliquer aux Hellboyz: s’ils sont sympathiques à première vue, rien ensuite ne les rattache au cœur de l’intrigue, si ce n’est que l’un d’entre eux est le frère du policier qui enquête sur la maison hantée. Les trois garçons servent au mieux de faire-valoir, ce qui, convenons-en, n’est pas top pour un personnage secondaire. On peut même aller plus loin et imaginer l’histoire sans eux, sans que le déroulement n’en soit vraiment altéré, en tous cas pas dans ce second volume. Et, comble du comble pour un perso secondaire, lorsque Kid Toussaint sacrifie artificiellement l’un d’entre eux à la fin du deuxième acte pour augmenter vainement les enjeux. En gros, ces Hellboyz éponymes ne servaient pas à grand-chose, en tous cas pas en trois exemplaires puisque un seul se voit attribuer le rôle d’agneau sacrificiel, qui aurait d’ailleurs largement pu être attribué à Louis, le nice guy nécessairement amoureux d’Hella, qui la seconde dans sa quête. Cela aurait fait une économie de deux voire trois personnages !

Malgré ces défauts, on trouve tout de même de bonnes idées dans le scénario de Kid Toussaint, comme par exemple les gardiens qui sont d’anciennes victimes attirées par la maison et qui affichent tous un des fameux Péchés Capitaux, les différentes créatures qui sont autant de formes brouillonnes et parcellaire de l’Homme, la rébellion des anges contre le Démiurge, qui sont pour la plupart des concepts que l’on retrouve dans plusieurs dogmes religieux. Malheureusement, là encore l’album souffre de maladresses puisque toutes ces révélations sont jetées en pâture au lecteur, qui a déjà du mal à conserver l’entrain nécessaire pour suivre les pérégrinations d’Hella et ses inutiles petits frères.

Le tout laisse l’impression d’avoir été expédié, ce qui est d’autant plus dommage que l’histoire avait du potentiel, malheureusement gâché par des approximations et par ce que l’on devine être des présomptions hâtives de l’auteur.

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L’Ogre Lion #1: Le Lion Barbare

La BD!

Premier tome de 56 pages, écrit et dessiné par Bruno Bessadi. Parution le 19/01/2022 aux éditions Drakoo. La première édition comporte un cahier graphique de recherches de 8 pages. Série prévue en 3 tomes.

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Le Lion est fort ce soir

Dans un monde peuplé d’animaux anthropomorphes, le jeune Wilt, qui a été arraché à sa famille par une congrégation fanatique adoratrice du Dieu Cornu, fait la rencontre fortuite d’un féroce lion, qui pris de folie, s’est jeté du haut d’une falaise. Alors que le camp est attaqué par une meute de loups sanguinaires, le lion se relève et change de forme, pour devenir une bête à cornes tout à fait similaire au dieu cornu.

Ce monstre, un esprit vengeur qui sème la mort parmi les carnivores, se nomme Bakham Tyholi et a pris le lion pour hôte car sa condition toute particulière d’esprit n’est pas compatible avec l’atmosphère du monde physique. On devine aussi dans ce choix d’un hôte carnivore la volonté de le faire souffrir et de lui faire expier ses crimes.

Wilt, qui souhaite échapper à la servitude et retrouver sa famille, a tôt fait de convaincre le lion de cheminer avec lui vers le Sud, afin de retrouver leurs foyers respectifs. Mais le lion, qui se nomme Kgosi Bombataa Begazi, ne se rappelle plus grand chose de son passé. Hanté par des cauchemars où ils voient les siens mourants, Kgosi ne sait plus comment il en est arrivé à errer dans les contrées du Nord, et redoute même d’apprendre la vérité. Notre duo enfant/badass (confère cet article sur une précédente publication Drakoo) prend donc la route du Sud et va commencer à braver les différents obstacles qui vont se dresser, au fil des trois tomes de la série.

O Wimoé, O Wimoé

On aborde cet Ogre Lion avec une première impression étrange, teintée d’une pointe d’inquiétude. En effet, on constate d’emblée que l’univers posé par l’auteur prend la direction de l’anthropomorphisme. Or, cette voie a récemment été explorée avec Sa Majesté des Ours, puis avec Les 5 Terres, on peut donc facilement imaginer que les trois trajectoires narratives vont se télescoper dans un grand fracas de redite et de redondante redondance.

A l’occasion des premières pages, on distingue déjà des influences notables, comme l’inénarrable Conan le Barbare, au travers notamment de son héros badass et taciturne, violent et muni d’une grosse épée (être un lion, c’est bien connu, ça ne suffit pas). L’auteur ajoute les fameuses cartes du Passé Mystérieux et de l’Amnésie Karmique pour donner du corps à son protagoniste et inciter le lecteur à en chercher davantage. On pense aussi par moments à Elric, torturé par son épée (ici le démon cornu).

L' Ogre Lion - vol. 01/3 | DRAKOO

Et il faut dire que cela fonctionne, même si la dynamique entre Wilt et Kgosi paraît forcée par moments. Le côté attachant et l’expressivité assez Kawaï du petit chevreau accrochent d’emblée et permettent au héros de s’attirer par la même occasion notre sympathie. Le passé sanguinaire de ce Lion Barbare nous a rappelé les origines du Savage Dragon , personnage de Image comics qui lui aussi, commence sa série avec une amnésie et finit par découvrir qu’il était auparavant un tyran impitoyable et sadique. Ce tome se présente comme une constitution de compagnonnage, avançant vite pour réunir autour du lion ceux qui le rendront sans doute humain au travers de drames à venir.

On peut donc prédire sans trop se tromper que Kgosi traversera, durant les deux prochains tomes, une crise identitaire, qui verra ses deux personnalités s’antagoniser à la lumière de ses actes passés et de son comportement présent. Il est possible, à ce titre, que Kgosi redevienne momentanément un méchant avant de compléter son arc narratif par une belle petite rédemption des familles, ou en tout cas qu’il renie celui qu’il était autrefois.

Le déroulement de l’intrigue en lui-même ne contient pas d’aberration, et permet même d’exploiter adroitement l’amnésie du héros, qui rencontre d’anciennes accointances et des ennemis, qui complotent contre lui alors qu’il ne se rappelle pas d’eux ni des différends qui les opposaient. Que ce soit au travers des croquis préparatoires ou

L'Ogre Lion: fantasy classique mais fantasy épique - Bubble BD, Comics et  Mangas

des différents éléments présentés ici observe un background riche avec un excellent potentiel… qui interroge seulement sur le curseur de violence et de crudité que vise Bessadi. Pour le moment on reste assez accessible malgré les irruptions sanguinolentes du démon mais les influences du projet pourraient le pousser vers quelque chose de plus adulte…

En résumé, on a avec cet Ogre Lion un album bien rythmé, construit certes sur des archétypes bien connus et des mécanismes déjà éprouvés, mais qui fonctionne tout à fait, porté par un dessin remarquable qui donne envie de lire une version Noir et blanc tant les encrages sont travaillés. Issu de l’école Lanfeust mag, Bruno Bessadi a maturé sa technique (que l’on trouvait déjà très agréable sur l’Amazing Grace dont on attend la suite ce printemps) qui est ici dans le haut du panier avec notamment une minutie qui fait vivre son univers et donne envie de s’arrêter sur les cases.

Evitant les pièges nombreux de ce projet, l’auteur réussit son pari avec talent (tant dans l’écriture que dans le dessin) en proposant une belle aventure fantasy référencée et grand public. Et du coup on attend de lire la suite avec impatience.

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