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The Uncanny Avengers : Union imparfaite

Quatrième intégrale de 300 pages de la série Marvel, avec Gerry Duggan au scénario, Ryan Stegman , Carlos Pacheco et Pepe Larraz au dessin. Parution en France chez Panini Comics le 20/09/23 dans la collection Deluxe.

On ne cessera de le répéter, The Uncanny Avengers par Rick Remender est l’un des meilleurs comics consacrés aux Avengers depuis très longtemps. Cependant, après deux volumes, de 2012 à 2015, l’odyssée prévue par Remender se crashe avec la saga AXIS, initialement prévue par l’auteur comme un arc isolé de sa série mais transformé de force en event par l’éditeur. En 2016, c’est le scénariste Gerry Duggan, alors connu pour son long run sur le personnage de Deadpool, qui reprend les rênes de la série, rééditée en intégrale par Panini Comics. Alors, The Uncanny Avengers, de quoi ça parle ?

En 2012, une guerre entre deux des plus puissantes factions du marvelverse s’affrontent, et manquent de ravager la planète: c’est la saga Avengers vs X-Men, qui culmine avec la mort du Professeur X (mais un mutant peut-il vraiment mourir ?) et la résurgence du genre mutant à travers le monde, grâce à l’influence du Phénix, canalisé par la Sorcière Rouge et Hope Summers.

A l’aûne de ces événements, Steve Rogers comprend qu’il n’a jamais vraiment agi de façon significative pour l’intégration des mutants, généralement détestés et craints par la population humaine. Il décide alors de créer la Division Unité, composée d’Avengers et de X-Men, afin de montrer l’exemple probant qu’une collaboration entre Sapiens et mutants est possible pour le bien de tous. Ainsi, il réunit Thor, la Guêpe, Wonder-Man et la Sorcière Rouge pour les Avengers, Wolverine, Malicia, Sunfire et Havok pour les X-men.

Bien évidemment, les choses ne se passent pas comme prévu, et les individualités qui composent le groupe ne parviennent pas à laisser de côté leurs inimitiés suffisamment longtemps pour sauver la planète de menaçent qui, ironiquement, relèvent à la fois des X-men et des Avengers. Leur premier ennemi n’est autre que Crâne Rouge, le nazi ennemi de Captain America. Afin d’imposer son règne, Crâne Rouge a profané la dépouille de Charles Xavier, pour s’emparer de son cerveau télépathe et s’octroyer ses dangereux pouvoirs. Viennent ensuite les Jumeaux de l’Apocalypse, enfants du X-Man déchu Archangel, manipulés par Kang le Conquérant, qui parviennent à provoquer la séparation du groupe, qui sera donc impuissant à stopper la destruction de la Terre et la ravissement des mutants. Ce n’est qu’en s’unissant envers et contre le Temps lui-même que ces étranges Avengers sauveront le monde in extremis.

Voilà pour le petit recap. Pour cette nouvelle version du groupe, un Steve Rogers vieilissant (car privé du sérum du Super Soldat) réunit Malicia, Vif-Argent, Docteur Vaudou, anciens membres de l’Unité, et ajoute la Torche Humaine des Quatre Fantastiques, la nouvelle recrue Synapse et, plus surprenant encore, le sordide Deadpool, afin de créer une alliance humains-mutants-inhumains, pour apaiser encore une fois des tensions après un conflit entre ces trois factions.

Leur première mission est simple: Arrêter Crâne Rouge par tous moyens, et ainsi finir ce que la précédente équipe avait commencé. Mais le groupe aura d’autres urgences à gérer, à commencer par un Inhumain récemment transformé, et qui, persuadé d’être la Vengeance de la Nature, a décidé d’en finir avec les humains. L’alliance est elle seulement possible entre toutes ces personnalités disparates ?

Si on se réfère au thème de la série Uncanny Avengers, à savoir la ruine que provoquent la désunion et les conflits au sein d’un groupe, on peut dire que ce début de série rend une bonne copie.

Le fait, dans le premier arc, d’affronter un adversaire en lien avec le conflit en cours renforce le thème, mais la nature du casting, bien que suffisamment disparate pour justifier l’adjectif « Uncanny », n’engendre pas des conflits à la hauteur de ce que l’on pouvait trouver dans la série originale.

En effet, dans la première Division Unité, nous avions d’importantes tensions entre Malicia, mutante, et la Sorcière Rouge, à cause des événements de House of M. On trouvait aussi une opposition de principe entre Wonder Man, pacifiste, et Wolverine, assassin notoire en quête de rédemption après les événements de Uncanny X-Force. Même Captain America se trouvait en tension face à Havok, à qui il avait confié le commandement de l’équipe, lui qui était peu habitué à recevoir des ordres.

Dans la version Duggan, les conflits semblent moins exarcérbés à mesure que l’intrigue suit son cours. Le point culminant arrive au bout de huit pages, quant Spider-Man décide de décliner l’offre de Rogers à cause de la présence de Deadpool. On a ensuite quelques références au statut de ce dernier en tant qu’Avengers, qui provoque bien un ou deux sourcils levés, mais pas davantage. Il n’y a pas non plus énormément de tension entre les mutants et les Inhumains de l’équipe, alors que les deux peuples sont supposés être en guerre et que de nombreux mutants ont succombé aux Brumes Terrigènes des Inhumains. L’échec évoqué de l’équipe face à leur premier adversaire (mécanique reprise de la première série) ne semble a priori pas dû à une mésentente ni à des inimitiés entre les membres de l’équipe, mais tout simplement à leur manque de synergie, oserais-je dire leur incompétence.

De la même façon, la réussite de l’équipe ne met pas en scène la rédemption de tel ou tel personnage, et ne force pas non plus deux membres qui se détesteraient à collaborer. Ce sont autant d’éléments qui placent cette Union Imparfaite un cran en dessous de la maestria de Remender sur la précédente série.

Il faut également noter que certains épisodes sont consacrés à des événements extérieurs, comme par exemple Avengers-l’Affrontement, ce qui tend à parasiter ou en tous cas à ralentir l’intrigue principale.

La seconde partie de l’intégrale reprend quant à elle une autre mini-série de Rick Remender, Avengers La Rage d’Ultron, et fait intervenir des membres des précédentes Divisions Unité, ce qui a pour effet de mettre au second plan les membres de l’équipe actuelle.

Tout ça n’en fait pas un mauvais début de série, mais pourrait être un bon prétexte pour les lecteurs grincheux tel que votre serviteur pour se consoler en relisant la première série pour la huit-millième fois.

Si les Uncanny Avengers originaux méritent facilement 5 Calvin, on va donc par principe baisser d’un cran et en accorder 4 à cette version (note qui prend en compte la partie graphique), en attendant de lire la suite.

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Avengers #10: Les plus puissants héros de l’Histoire

Recueil de la série Avengers (2018), épisodes 57 à 62, Avengers Forever (2021) 6 à 11 et Avengers Infinity Comics 1 à 4. Jason Aaron à l’écriture, Mark Russel, Javi Garron, Kev Walker, Greg Land, Aaron Kuder, Jim Towe, Ivan Fiorelli au dessin. Parution en France chez Panini Comics le 27/09/2023.

Vengeur un jour, vengeur toujours

Nous retrouvons nos protecteurs favoris, aux prises avec une menace cosmique qui pourrait bien être celle de trop. Depuis des millions d’années, le démon Méphisto fomente un plan machiavélique pour s’emparer du Multivers, et à force d’échecs, il a finit par comprendre une vérité essentielle: les Avengers seront toujours là pour l’en empêcher.

Les héros les plus puissants de la Terre sont en effet une épine dans le pied du seigneur des enfers depuis la Préhistoire, lorsque un groupe hétéroclite de héros s’est assemblé pour la première fois, composé de prédecesseurs des héros majeurs de notre époque. Afin de s’assurer la victoire dans le présent de la Terre 616, Méphisto décide d’éliminer le Bien à la racine en ciblant les héros préhistoriques, afin de créer des lignes temporelles vierges de toute forme d’héroïsme. Il recrute donc le Fatalis Supreme, le Phoenix Noir, Crâne Noir, Ghost Goblin, Kid Thanos et le Roi Killmonger, tous issus de réalités parallèles dans lesquelles les héros ont été vaincus. Ensemble, cette horde sauvage écume le multivers pour massacrer tous les Avengers Préhistoriques, et leurs successeurs, privant de nombreuses Terres parallèles de leurs héros dans le présent.

Pour les en empêcher, les Avengers 616 doivent eux aussi parcourir les Terres et les époques pour stopper le carnage, tandis que Robbie Reyes, le Ghost Rider 616, mène sa propre quête pour stopper Méphisto.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Jason Aaron aime travailler sur le long terme, comme il l’avait déjà prouvé sur la série Thor, il y a maintenant une décennie. Tissant une toile de fond sur 10 tomes, l’auteur s’assure d’insérer des éléments de continuité à même de satisfaire des lecteurs de longue date, sans pour autant négliger la lisibilité pour les lecteurs moins aguerris.

On suit donc avec grand plaisir deux lignes narratives parallèles, dans la série principale dans un premier temps, puis dans la mini-série Avengers Forever, ce qui promet un final explosif dans le prochain tome. L’aspect collectif du dessin n’est pas de nature à gêner la lecture, même si on pourrait souhaiter une continuité d’un épisode à l’autre, tant que la qualité est au rendez-vous (et c’est le cas).

Le Multivers reste donc un terrain de jeu satisfaisant, surtout entre les mains expertes de Jason Aaron, qui continue de nous régaler avec des concepts originaux et parfois farfelus (Le Sniper d’Âmes, ou encore Thor, dieu des Poings). Une série vivement conseillée aux amateurs de comics.

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Avengers: La collection anniversaire

Collection composée de 6 recueils, parution le 13/09/2023 chez Panini Comics.

Depuis quelques temps, la tendance mineure est à la réédition d’anciens récits à prix réduits, ce qui permet aux nouveaux lecteurs de découvrir des classiques, ou aux anciens de compléter les trous dans leurs collection. Que vaut cette nouvelle fournée consacrée aux puissants Avengers, éditée à l’occasion des 60 ans de la série ?

1. Les Origines

Contient les 5 premiers numéros de la série The Avengers, par Stan Lee et Jack Kirby. 6€99

Vous connaissez la légende: Vint un jour pareil à aucun autre, où un groupe de héros dut s’unir pour affronter une menace qu’aucun d’eux ne pourrait vaincre seul.

On assiste ici à la génèse, composé de Iron-Man, Thor, Hulk, Ant-Man et la Guêpe, qui baptisera le groupe avec sa facétie habituelle.

C’est bien entendu Loki qui réunit le groupe par ses nombreuses manigances, et l’on assistera également à l’arrivée du célèbre Captain America.

Le dessin du mythique Jack « The King » Kirby, la narration au charme surrané du légendaire Stan « The Man » Lee, font de ce receuil un must-have pour les fans, je ne vois aucune raison ne ne pas se le procurer, surtout à ce prix.

2. Les nuits de Wundagore

Scénario de David Michelinie, dessins de John Byrne. 6€99

Dans cette aventure, les Avengers sont confrontés au démon Chton, entité que l’on recroisera à plusieurs occasions par la suite (confère la série Absolute Carnage). La menace étant d’ordre mystique, c’est autour de La Sorcière Rouge qu’est centrée l’histoire, ce qui vient s’imbriquer dans le parcours descendant de la Fille de Magnéto, pierre angulaire de ce qui mènera bien plus tard à la séparation des Avengers.

Là aussi, nous sommes face à un récit old school, dont l’intérêt principal est d’apporter de la profondeur à un personnage important de la série.

3. État de siège

Scénario de Roger Stern et dessins de John Buscema.

Les Avengers sillonnent souvent le monde, et parfois l’univers, pour redresser les torts et porter secours aux innocents.

Malgré la pléthore d’adversaires affrontés jusque-là, jamais personne n’avait osé se mesurer à eux sur leur terrain, leur inébranlable forteresse qu’est le célèbre Manoir des Avengers.

C’est le Baron Zémo qui franchit le Rubicon, en réunissant une nouvelle mouture des Maîtres du Mal afin de venger son père, ennemi de Captain et des Avengers qui trouva la mort en combattant le super-soldat étoilé. Parmi ses nouvelles recrues, on trouve Mister Hyde, les Démolisseurs, Blackout, ou encore Moonstone et Goliath, que l’on retrouvera plus tard parmi les Thunderbolts.

La particularité de cette histoire est que c’était la première fois à l’époque, que le Manoir était pris d’assaut et occupé, les vilains passant très près de la victoire. L’équipe gardera longtemps les séquelles de cette attaque, notamment Hercules, plongé dans le coma, et le loyal Jarvis, torturé par Mister Hyde. Un récit à l’ancienne, bourré d’action, avec une équipe classique d’Avengers.

4. Ultron Unlimited

Scénario de Kurt Busiek et dessins de Georges Pérez. 6€99

Ultron est une intelligence artificielle génocidaire créée par le vengeur Hank Pym, alias Ant-Man. Après chaque défaite, Ultron a la caractéristique, et la fâcheuse tendance, de revenir plus fort, mis à jour et prêt à en découdre une nouvelle fois avec la vie organique qu’il méprise.

Sauf que cette fois, ce n’est plus une version d’Ultron que les Avengers vont affronter, mais toutes les versions parues jusque-là, toutes celles face auxquelles ils n’ont pu qu’arracher une victoire in extremis. La défaite est-elle inéluctable ?

Ultron Unlimited fait partie, pour moi, des récits cultes des Avengers, parus après le relancement de la série en 1998 par Kurt Busiek et Georges Perez. Le duo d’artistes parvient, après le marasme de Heroes Reborn et la débâcle de la Saga des Clones, à remettre les Avengers sur le devant de la scène, en leur redonnant un second souffle qui les portera sans difficultés au travers des années 2000.

L’action est omniprésente, le suspense et la tension à leurs combles, le tout sublimé par les magnifiques dessins du regretté Georges Pérez, qui fourmillaient de détails. Celui-ci est donc un must-have dans la collection anniversaire.

5. Dark Avengers

Scénario de Brian Michael Bendis, dessins de Mike Deodato Jr. 6€99

Après les débâcles successives de la Guerre Civile des Super-héros, qui culmine avec la mort de Captain America, puis de l’invasion secrète des Skrulls, qui entraîne le limogeage de Tony Stark, l’opinion publique ne saurait être plus défavorable aux super-héros.

Norman Osborn, le tristement célèbre Bouffon Vert, dirige à cette époque les Thunderbolts, équipe composée de criminels repentis de force, que l’on utilisait alors pour traquer les héros non soumis à la Loi de Recensement. Durant l’Invasion Skrull, il brille par ses qualités stratégiques, et s’impose comme un leader charismatique lorsqu’il abat Vernake, la reine des Skrulls, en direct à la télévision lors de la bataille finale.

Érigé au statut de héros, il est amené à remplacer Stark à la tête du SHIELD, qu’il rebaptise HAMMER, ce qui lui donne le droit de créer sa propre équipe d’Avengers. Osborn est cependant loin d’être repenti, et compte bien exploiter au maximum sa nouvelle autorité, et monte l’équipe la plus à même de servir ses intérêts, en traverstissant des criminels pour en faire des Avengers, à l’instar du Baron Zémo avec ses Thunderbolts en 1997.

C’est ainsi qu’Osborn devient Iron Patriot, amalgamant la symbolique de Captain America et d’Iron Man; Moonstone devient la nouvelle Miss Marvel, Noh-Varr le nouveau Captain Marvel, Daken reprend le rôle de son père Wolverine, Venom devient un Spider-Man au costume noir, tandis qu’Arès et Sentry gardent la place qu’ils occupaient aux côtés de Stark.

Dark Avengers n’est sans doute pas la meilleure série de Bendis chez Marvel. Mais elle n’est pas la pire non plus, notamment grâce à son concept (qui n’est certes pas original). La série bénéficie du graphisme de Mike Deodato Jr, qui se trouvait alors dans une période classique mais efficace, loin des expérimentations douteuses dont il a pu se rendre coupable par la suite. L’intrigue en elle-même (La Fée Morgane dans ce recueil, puis l’Homme Molécule comme on peut le voir dans l’édition Deluxe) n’apporte pas grand chose au Dark Reign de Norman Osborn, mais Bendis parvient à insuffler le sentiment d’impunité et de cynisme ressentis par Osborn à cette période, et arrive même à nous faire douter quant à la malignité de ses intentions. C’est cette ambiguité, ainsi que les relations entre les personnages, qui font le sel de cette série, un bon ajout à la collection.

6. Le Monde des Avengers

Jonathan Hickman au dessin, Jerome Opena et Adam Kubert au dessin. 6€99

Cette série fait suite à l’incontournable run de Bendis sur les Avengers, Jonathan Hickman avait donc fort à faire. Après la guerre entre X-Men et Avengers en 2012, Captain America et Iron-Man veulent insuffler un dynamisme nouveau et pousser leur équipe à faire peau neuve.

Ils ont donc l’idée d’élargir le tableau de service, et, plutôt que de se fier à un casting fixe, faire appel pour chaque mission aux héros les plus adéquats.

La première équipe, composée de Captain America, Sunspot, Canonball, Hyperion, Shang Chi, Falcon et Captain Universe, est dépêchée pour sauver l’équipe originelle, prisonnière de l’énigmatique Ex Nihilo et de sa soeur Abyss, qui lorgent sur la Terre depuis leur nouveau havre martien.

Ce tome fait date puisqu’il initie le run de Hickman, qui va culminer jusqu’à Secret Wars et rien de moins que le reboot de l’univers Marvel en 2015. L’auteur visionnaire implante donc ici ses premières idées novatrices, secondé par l’excellent Jerome Opena et le non moins doué et expérimenté Andy Kubert. Là encore, un très bon choix pour conclure la collection.

En conclusion, nous avons là une belle mouture, qui ne contient pas que des must-have, mais sans réel maillon faible. Notons les couvertures signées Alex Ross, qui compensent une édition lapidaire sans doute due au low-cost.

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Avengers: Guerre à travers le temps !

Mini-série Marvel en 5 chapitres , par Paul Levitz (scénario) et Alan Davis (dessin). Parution en France chez Panini Comics le 13/09/23.

L’écouloir du Temps

Petite session nostalgie et rétro pour les fans d’Avengers. Le casting d’origine, à savoir Iron Man, Thor, Hulk, Ant Man et Wasp, a été réuni en 1964 par les malversations de Loki, le frère de Thor, dont les plans se sont retournés contre lui lorsque cette aréopage improbable a uni ses forces pour le défaire.

Très rapidement, l’indomptable Hulk rompt les rangs de la nouvelle équipe, rapidement remplacé par une légende que l’on croyait disparue, Captain América. Surgi des glaces arctiques et frais comme un gardon, le héros à la bannière étoilée reprend naturellemet le commandement de l’équipe, pour en faire les plus puissants héros de la Terre, comme le veut l’adage consacré.

L’un de leurs premiers ennemis fut Kang le Conquérant, un tyran venu du futur, qui cherche à imposer sa domination à travers le continuum temporel. Sûr de lui, il se confronte aux héros du XXe siècle, mais une cuisante défaite en fera l’un des ennemis les plus acharnés des Avengers. Sans doute l’un des pires, car son obssession l’a parfois poussé à mettre en danger rien de moins que la fabrique de la réalité, après avoir usé et abusé du voyage temporel.

Ce récit se situe immédiatement après sa première défaite, alors que les Avengers rentrent chez eux depuis le Mexique. Le conquérant inter-époques n’a pas l’intention de les laisser souffler, et, à travers les brumes du temps, va leur renvoyer un ennemi artificiel à combattre. Nos héros, puissants mais encore jeunes et inexpérimentés, parviendront-ils à le repousser une seconde fois ?

Pour patienter entre deux volumes de la série actuelle, dirigée par Jason Aaron, Marvel nous livre un petit interlude supposé s’intercaler dans la continuité classique, mettant en scène l’un des prochains grands antagonistes du MCU, Kang le Conquérant (peut-être pas pour longtemps, compte tenu des démêlés judiciaires de l’acteur Jonathan Majors). Le pitch, tout autant que le titre, nous promettent donc une guerre sans merci à travers les époques, menée par le voyageur temporel. Un peu à la façon d’Avengers Forever, par Kurt Busiek et Carlos Pacheco, on se prend à rêver d’une rencontre entre Avengers de différentes époques, ceux d’un lointain passés (les Avengers Préhistoriques créés par Aaron), ceux de futurs alternatifs (Next Avengers, Ultron Forever, etc), bref, les possiblités ne manquent pas et justifient à elles seules l’achat de l’album.

Cependant, il convient de vous avertir, chers lecteurs avides d’aventures super-héroïques. Dans Guerre à travers le Temps ! vous ne trouverez pour ainsi dire rien de tout ça. Dans le premier chapitre, nous retrouvons nos héros classiques favoris, qui reviennent de leur périlleuse rencontre avec Kang, qui a tenté de les berner avec un simulacre robotique de Spider-Man. Kang, ne digérant pas la défaite, met en branle un nouveau plan en créant…une version robotique de Hulk, comme si répéter les mêmes erreurs était un pré-requis pour devenir un méchant tyran temporel. Ce pan du récit occupe un nouveau chapitre, ce qui serait convenable si ensuite les Avengers passaient à l’offensive. Mais il n’en est rien, puisqu’ils passent le reste des deux chapitres suivants à affronter…le Roi des Nains, sans qu’aucune bonne raison ne soit donnée à ce revirement, qui n’a AUCUN sens thématique (le Temps ?), ni aucun intérêt dramatique.

Ce n’est pas tout, puisqu’au moment de la confrontation finale tant attendue, on a droit à une escarmouche anti-climactique qui fait retomber le tout comme un souffler. En guise de truchements temporels, les Avengers fondateurs n’ont qu’un bref aperçu de l’avenir de leur équipe, sans plus de conséquence ni d’impact pour la suite. Hormis les dessins du vétéran Alan Davis, cet album ne représente donc guère d’intérêt en lui-même et se révèle totalement dispensable. Si vous aimez Kang le Conquérant et que vous voulez lire une véritable histoire de voyage dans le temps, je vous conseille plutôt le premier tome de Marvel Now ! Avengers, par Mark Waid et Mike Del Mundo.

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Sins of Sinister #2

Second volume du diptyque écrit par Kieron Gillen. 176 pages, parution chez Panini Comics le 06/09/2023.

Powers of Essex

Nathaniel Essex, alias Mister Sinistre, a longtemps été un ennemi des X-Men, affilié notamment à Apocalypse. Cependant, après un habile retournement de situation, dû aux pouvoirs mutants de Moira McTaggart, le généticien fou s’est hissé jusqu’à une position de pouvoir, devenant partie prenante dans la fondation de Krakoa, la nation mutante.

Faussement repenti, il a mis à disposition de Charles Xavier sa base de données génétique, rendant possibles les protocoles de résurrection. Mais Sinistre étant ce qu’il est, il a bien évidemment comploté pour accroitre son pouvoir. En clonant secrètement Moira, Sinistre s’est octroyé un nombre infini de chances pour exécuter ses sombres desseins, rebootant la ligne temporelle à chaque échec, comme l’on fait Xavier et Moira auparavant.

Sinistre est parvenu à infecter la base de données avec son propre génome, créant des versions « sinistres » de tous les mutants ressuscités. Après s’être arrangé pour provoquer la mort de Xavier et plusieurs autres membres du Conseil Secret qui dirige Krakoa, Sinistre a pu étendre son influence et lancer ainsi sa quête de domination.

Cependant, en créant ses doubles, Sinistre s’est mis en cheville avec des monstres aussi peu fiables que lui, qui se sont retournés rapidement contre leur créateur. Désormais seul, Sinistre est en outre piégé dans un enfer qu’il a lui-même engendré, incapable de rebooter car privé de ses Moiras-clones. Après avoir perverti l’utopie mutante et provoqué la fin du monde, Sinistre parviendra-t-il à ses fins ?

Suite et fin de ce futur apocalyptique provoqué par le généticien fou. Alors que la nation mutante devait jusque-là lutter contre des forces antagonistes externes, c’est désormais le serpent qu’elle a accueilli en son sein qui la détruit. L’idée est donc intéressante, et son exécution n’est pas sans rappeler la saga AXIS, dans laquelle certains héros et vilains voyaient leurs personnalités radicalement transformées.

La série ne s’attarde pas sur tous les X-men « sinistrés », mais montre néanmoins les dégâts qu’ils pourraient causer si leur curseur moral venait à être bouleversé. Le scénariste s’amuse également à créer des combinaisons dévastatrices de pouvoirs mutants, que les aficionados tels que moi apprécieront certainement. Il est à noter que la série assure un lien avec la saga Powers of X, qui se déroulait elle aussi dans un futur possible des X-Men et concernait l’avenir des mutants face à la suprématie de l’IA.

Sins of Sinister peut donc se concevoir comme le contrepied de Powers of X, puisque la série montre les fâcheuses conséquences d’une suprématie mutante dans la galaxie, sans toutefois faire intervenir l’IA en tant qu’antagoniste. C’est d’ailleurs bien dommage, car cela renvoie l’idée que les mutants n’auraient à affronter les machines que dans l’hypothèse où ils seraient « gentils », et que l’IA ne ressent pas le besoin de se développer et de lutter contre les mutants si ces derniers occupent déjà le poste des « méchants » de l’histoire. Or, on aurait tout de même aimé voir comment se débrouille Sinistre face à Nimrod et à son armée de Sentinelles, ou au contraire, comment il les utilise pour renverser ses clones rebelles.

La fin de la mini-série demeure tout de même intéressante et satisfaisante, sans trop en dévoiler, et conserve quelques conséquences malgré un reboot prévisible (et souhaitable) de la ligne temporelle.

Sins of Sinister a donc pour elle sa brièveté, ainsi que les passerelles dressées entre elle et d’autres sagas fondatrices des X-Men. Les tie-ins (épisodes intermédiaires marginaux) sont un peu longs à traverser, mais l’ensemble demeure correct pour les fans de X-Men.

*****·Cinéma

Visionnage: Spider-Man – Across the spider-verse

C’est sorti il y a quatre mois et le monde de l’Animation comme des super-héros ne s’en est toujours pas remis! La sortie en support physique aujourd’hui (dont une fort jolie édition spéciale FNAC) est l’occasion de rattraper mon retard pour chroniquer le film qui a peut-être définitivement achevé le MCU et tous les projets en cours de sup’ au cinéma. Une belle pirouette pour un personnage qui a ouvert la voie à un succès longtemps attendu au cinoche (le premier Spidey de Sam Raimi, en 2002!).

En 2018 les réalisateurs de l’improbable succès commercial et critique La grande aventure Légo Phil Lord et Chris Miller balançaient un film d’animation inattendu qui parvenait à faire de l’ombre à l’omnipotence du MCU en produisant un miracle de retour à l’essence de ce qu’est Spider-man et le film de super-héros, entre fan-service, distorsion de concepts connus et esthétique urbaine choc. Surtout après avoir été virés de la future catastrophe industrielle Solo, a star-wars story. Bien leur en a pris. Les voilà qui reviennent cinq ans plus tard avec d’autres réalisateurs, le même génial compositeur, un budget double et avant un troisième opus pour clôturer la trilogie.

Si le premier film pouvait diviser sur son esthétique qui mélangeait le pop-urbain issu de l’univers du graff et vieux comic-books à trames, la brillance du scénario se retrouve ici. Suite directe du premier, il reprend le concept des spider-men et du spider-verse ouvert par le génial album d’Olivier Coipel en concentrant son intrigue vaguement love-story qui surf sur le succès immédiat de Spider-gwen, qui a même droit à un affolant générique sur fond de solo batterie endiablé. Jamais un personnage animé aura été aussi sexy et sympathique (depuis Wall-E bien sur…)! Dans une alchimie incroyable on ne sait si la musique parfaitement porteuse et rythmée, les dessins d’une variété multiversielle ou simplement l’écriture des personnages provoque cette hypnose de bout en bout. Bien sur la technique de l’animation parfaitement adaptée à Spidey nous fait tournoyer dans tous les sens. Bien sur la traversée du multivers nous rappelle la brève mais folle séquence du film Spider-man No way home (… de 2021!). Mais l’on touche surtout à ce qu’on avait fini par oublier dans la passion des comics: une part de naïveté qui cherche l’archétype pour parler universel, beaucoup d’héroïsme et un soupçon de vérité adolescence, de cette spontanéité qui dort en chacun de nous-adulte et dont on n’a pas totalement fait le deuil. Cette spontanéité torturée mais entière c’est Spider-gwen qui volerait presque la vedette à Miles Morales, le spider-man métisse créé par le comics de Sara Pichelli.

Alors que le premier film avait quelques longueurs dans sa construction Thriller, Across the spider-verse utilise ses personnages avec perfection en nous tirant rires, larmes et émerveillement à chaque instant, qu’il parle de communication familiale très touchante, de la place d’un ado dans le monde ou simplement de sauver le monde. Quand l’intrigue ralentie un iota alors que nous découvrons le monde des Spider-men, c’est pour nous livrer une affolante course-poursuite visuellement dingue où le plus difficile est d’accepter de voir seulement passer mille et une version du tisseur alors qu’on nous relate le drame cosmique qui se prépare.

Au-delà de la performance artistique c’est donc bien un très grand moment de cinéma pur que nous proposent Lord et Miller dans cette suite clairement au-dessus de son déjà excellent prédécesseurs. Et si les quelques indices perçus dans le scénario confirment l’utilisation des Morlun dans le dernier segment on s’oriente vers quelque chose qui pourrait tout simplement faire redémarrer l’idée de super-héros au cinéma. Alors que le genre semble mourir à petit feu et que l’année qui s’annonce semble assez historique avec The Creator, Dune 2 ou Rebel Moon, Spider-man version animée remettra t’il une pièce dans la machine? En tout cas il aura enterré tout ce qui a touché spider-man au cinéma depuis vingt ans.

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Avengers #9: Chasse à mort

Recueil de la série écrite par Jason Aaron, secondé au dessin par Javi Garron, Kev Walker, Carlos Magno, Iban Coello, Aaron Kuder, Juan Frigeri, et Jim Towe.

Mis à mort Mi Amor

Les plus puissants héros de la Terre poursuivent leur odyssée sous l’égide du scénariste Jason Aaron. Après avoir développé chacun de ses protagonistes au travers d’arcs narratifs variés, l’auteur fait émerger son fil rouge, préparé depuis le début de la série, en faisant entrer dans la danse une flopée d’antagonistes nouveaux et dans l’air du temps, puisqu’ils sont issus du fameux Multivers, que Marvel tente, plus ou moins adroitement, d’introduire dans son univers cinématographique.

Pour résumer, depuis leur reformation, les Avengers ont repoussé une armée de Célestes, la Garde d’Hiver, l’Escadron Sinistre, l’armée de vampires de Dracula, l’armée Atlante de Namor, les armées de Malékith, mais sont également allés récupérer leur partenaire Ghost Rider en Enfer, ont affrontés un Moon Knight inhabituepuis ont accueilli une nouvelle recrue aux pouvoirs familiers, puisqu’il s’agit d’une toute nouvelle Starbrand. Ils se sont ensuite affrontés dans un tournoi destiné à désigner le nouvel hôte du Phénix, ce qui les a conduits à accepter Echo (Maya Lopez) dans leurs rangs.

Pendant ce temps, le démon Méphisto continue de comploter en coulisses, et se prépare à abattre ses premières cartes sur la table de la destinée. Pour cela, il a réuni les Maîtres du Mal Mutliversels, ennemis des Avengers issus des multiples réalités qui composent le Multivers: le Phénix Noir, Kid Thanos, le Roi Killmonger, Iron Inquisitor, Ghost Bouffon et Crâne Noir, menés par le Fatalis Suprême.

Cependant, les héros, après avoir traversé toutes ces crises, ne sont peut-être pas de taille à affronter pareille menace: Ghost Rider est manquant, Miss Hulk également, Thor est perturbé par les révélations faites par le Phénix sur son ascendance véritable, et le reste de l’équipe est occupé par des problèmes personnels ou par la gestion de Brandy, jeune fille dépositaire du pouvoir du Starbrand. Si le Multivers est la source d’autant de dangers et que nos héros ne suffisent plus, peut-être qu’il faut y puiser la solution ?

Le Multivers n’est un concept nouveau pour aucun lecteur assidu de comics. En effet, très tôt dans leur histoire, Marvel et DC ont introduit et manié l’idée de la coexistence de plusieurs réalités parallèles, offrant chacune ses spécificités. Cependant, il revient sur le devant de la scène, huit ans après avoir été exploité par Jonathan Hickman dans Secret Wars, car il est mis à l’honneur dans les adaptations ciné récentes, que l’on parle de Docteur Strange 2, Spider-Man No Way Home, Into The Spider-Verse ou encore The Flash. Il n’est donc pas étonnant que les comics tentent de singer les films (c’est le cas depuis plusieurs années maintenant), ce qui a par le passé conduit à quelques petites catastrophes créatives et éditoriales.

Ici, on peut une fois de plus compter sur le talent de Jason Aaron pour éviter ces écueils. L’auteur parvient à atténuer la sensation d’un travail de commande et imprime sa patte sur la série sur une durée qui force le respect. Bien entendu, on n’échappe pas à ses appétences personnelles, puisqu’il réintroduit le personnage de Jane Foster, ancienne Thor aujourd’hui Valkyrie, ainsi que d’autres personnages issus de son run sur Thor.

On trouve aussi des éléments de continuité remontant à plusieurs années, ce qui est d’autant plus satisfaisant pour les lecteurs de longue date, à l’heure où la tendance est plus au racolage de nouveaux lecteurs justement au détriment de la continuité.

La seconde partie du recueil embraye sur la mini-série Avengers Forever, deuxième du nom. Dans la première saga (1998), des Avengers étaient recrutés à travers les époques pour sauver le monde de la guerre entre Kang (justement adapté au cinéma cette année) et Immortus. Mutlivers oblige, on visite ici d’autres Terres, rencontrant des variants de héros déjà connus.

La mini-série compte encore cinq autres chapitres et promet encore quelques batailles épiques, à la manière de la première série. A ce stade, l’album n’est à conseiller qu’aux aficionados et à ceux qui ont suivi la série, mais l’oeuvre dans son ensemble est vivement recommandée.

****·Comics·East & West·Nouveau !·Rapidos

Avengers #8: Voici le Phénix

Recueil de 328 pages de la série Avengers, écrite par Jason Aaron et dessinée par Javi Garron, Ed McGuiness, et Dale Keown. Parution en France chez Panini Comics le 01/02/2023.

Ça me Phénix chaud ni froid

Après leurs petites aventures spatiales, les Avengers sont retournés sur Terre avec un bébé, nouveau récipiendaire du Starbrand, un immense pouvoir cosmique qui protège la Terre des menaces extérieures. La réapparition de ce pouvoir augure de nouveaux dangers, sur lesquels nos héros n’ont pas le temps de s’appesantir, car une autre problème requiert leur attention immédiate.

En effet, une entité cosmique antédiluvienne, le Phénix, est revenue sur Terre en quête d’un nouvel hôte, ce qui a de quoi faire grincer des dents Captain America et ses alliés. L’Oiseau de Feu, un être vorace mû par la destruction et la renaissance, a déjà causé beaucoup de troubles sur Terre au fil des années, à commencer par sa première hôte connue, Jean Grey des X-Men, et a même été l’enjeu d’une guerre entre X-Men et Avengers (la saga AvX, 2012). C’est d’ailleurs Namor, un des précédents hôtes du Phénix durant AvX, qui a convoqué l’entité à ses propres fins.

Cette fois, le Phénix prend les devant et organise un tournoi, au sein duquel s’affrontent les hôtes potentiels, héros et vilains confondus. Le pouvoir est donc susceptible de tomber en de très mauvaises mains…

Nouveau choix éditorial pour Panini, qui jusque-là faisait coïncider sa tomaison avec les arcs narratifs de la série. Ce tome 8, d’une pagination plus généreuse que les précédents volumes, comprend donc pas moins de trois arcs narratifs. Le choix de l’éditeur est appréciable, et permet entre autre de réduire l’écart avec la parution US.

La série poursuit donc son chemin, aidée par la qualité d’écriture de Jason Aaron, qui s’approche précautionneusement de la fin de son grand oeuvre sur les Avengers. En effet, l’auteur réutilise progressivement tous les items narratifs installés dans les premiers volumes de la série, ce qui promet une suite spectaculaire comme Aaron a pu en concocter par le passé.

Action, rythme, développement de l’intrigue et des personnages, pagination plus généreuse, ce volume 8 continue de tenir les promesses de Jason Aaron sur l’une des séries Marvel phare du moment.

**·Comics·East & West·Nouveau !

X-Men Giant-Size: Tornade Intérieure

Recueil de 168 pages, regroupant les épisodes Giant-Size X-Men Nightcrawler, Fantomex, Emma & Jean, Magneto, et Tornade. Jonathan Hickman est à l’écriture, Russel Dauterman, Alan Davis, Ramon Pérez et Rod Reis au dessin. Parution en France chez Panini Comics en février 2023.

Tempête sous un crâne

Même si les mutants ont vaincu la Mort, cela n’empêche pas les X-Men d’être gagnés par l’émoi lorsque Tornade, l’une de leurs plus anciennes membres, est infectée par un virus techno-organique qui met en péril tant son corps que son esprit.

C’est d’autant plus touchy que Tornade est l’une des rares mutantes à ne pas être (encore) passée par les protocoles de résurrection (serait-elle plus compétente que ses compères?), et que de surcroît, elle a également décidé de supprimer sa sauvegarde d’esprit dans le Cérébro (l’ordinateur psychique tout-puissant de Charles Xavier qui « duplique » les esprits) lorsqu’elle a intégré le Grand Cercle qui dirige Arakko (l’île jumelle de Krakoa où réside d’autres mutants ne croyant pas à la résurrection promise par les Cinq).

Cela signifie que si Tornade succombe à son infection, elle sera définitivement morte, sans aucun moyen de la ramener grâce aux protocoles. Pour la sauver, Emma Frost et Jean Grey, les deux télépathes les plus puissantes des X-Men (excepté Xavier), entreprennent une odyssée dans son esprit pour la sauver. Mais elle auront besoin de l’aide de Fantomex pour mener à bien leur mission, tandis que Diablo et Magnéto font face à d’autres menaces.

Ce X-Men Giant-Size se lit assez rapidement, sans élément de continuité prépondérant. La quête pour sauver Tornade sert de fil rouge, car on la retrouve en début et en fin d’album, les épisodes centrés sur Diablo et Magnéto traitant de sujets différents.

L’épisode Jean Grey & Emma Frost a la particularité d’être muet, et comporte de nombreux clins d’oeil au run de Grant Morisson et Frank Quitely sur les X-Men, notamment le numéro 121 de la série New X-Men.

Inutile de tergiverser, l’intérêt de ce recueil est avant tout graphique, car il permet d’admirer le travail de Dauterman, Davis et Rod Reis, qui offrent tous trois des planches de grande qualité. Pour le reste, l’intrigue reste assez maigre (et simple) pour du Hickman et ne marquera certainement pas le lecteur.

****·Comics·East & West·Rétro

House of M

Comic de Brian M. Bendis et Olivier Coipel.
Panini (2008), 232p., one-shot.
La version lue est l’édition « Marvel multiverse » publiée par Panini en format court broché en 2023. L’édition originale intégrale reliée date de 2008, suivie d’une version brochée. Une très belle édition NB grand format permettant de profiter des superbes dessins de Coipel est parue en 2018 (je la recommande). Une nouvelle colorisation appréciable sort en 2019, suivie d’une version Marvel Must-have compacte en 2021. L’édition 2023 utilise cette nouvelle colorisation.

Dans les années 2000 Brian M. Bendis est le grand manitou de l’univers Marvel en lançant pas mal des évènements qui inspireront le MCU jusque très récemment. Après les années Marvel Knights qui proposent nombre d’origin stories et un paquet de pépites ayant permis à des artistes majeurs comme Tim Sale, Joe Quesada ou Jae Lee de proposer leurs visions des héros, Bendis enclenche avec Avengers : la séparation l’ère moderne de Marvel lorsque la Sorcière Rouge devenue folle extermine la majorité de l’équipe de héros. House of M est la suite directe de ces évènements.

Considéré comme un des plus célèbres des events Marvel, les huit épisodes de cet album ont la particularité d’être entièrement dessinés par un jeune dessinateur qui deviendra un des plus recherchés, jusqu’à intégrer la Dream Team recrutée par Mark Millar pour ses projets luxueux: le franchie Olivier Coipel. Si ses planches ne sont pas encore aussi fines qu’aujourd’hui, on voit déjà un sens de la mise en scène, une technique imparable et quelques planches incroyablement détaillées et d’une noirceur étonnante.

Il faut dire que le scénario de Bendis surprend par sa dureté et se démarque de comics souvent dotés d’une dose de puérilité toute américaine. Dès l’introduction il nous convie ainsi à un débat tendu entre Avengers et X-men pour savoir ce qu’il faut faire de Wanda Maximoff, fille de Magnéto, cette menace mortelle. Un pendant superhéroïque du chef d’œuvre ciné 12 hommes en colère qui aborde le droit de mort face à la menace. Précipitant très vite les évènements nous voilà transportés dans une autre réalité où les humains et mutants cohabitent en paix sous la domination toute puissante de Magneto. Seul Wolverine semble trouver un problème à ce fait et le voilà qui, fidèle à lui-même, se lance dans une résistance…

Bien trop court et très frustrant lorsque survient la conclusion aussi brutale que l’introduction, House of M se dévore avec la simplicité de ce que devraient être tous les comics de super-héros, sans abuser de confrontations multiples et illisibles. En axant son intrigue d’abord sur les joutes verbales entre des groupes de héros aux visions différentes, on se passionne sur les perspectives psychologiques de ce qu’il s’est passé et les hypothèses lancées par les uns et les autres. En pleine maîtrise de ses fondamentaux, Bendis laisse son lecteur haletant, dans la même situation que les personnages, sans explication claire mais sans le perdre dans des constructions tortueuses. La simplicité de l’intrigue répond à la complexité de ses conséquences. Conséquences qui seront à découvrir dans la Trilogie du Messie.

Rare comic adulte de Sup’, qu’il est surprenant de ne pas avoir vu adapté au ciné, House of M propose nombre d’idées vertigineuses qui donnent vivement envie de prolonger l’expérience, que ce soit du côté des Avengers ou des mutants. Parfait exemple de la force du mystère et du hors-champ, l’event mérite amplement sa réputation et figure comme une lecture obligée des amateurs de super-héros, pour peu que vous sachiez gérer la frustration inévitable… mais si agréable…

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