Manga de Chang Sheng
Glénat (2024) – 352p. nb., Série en cours, 1/3 volumes parus.
Merci aux éditions Glénat pour leur confiance.
Yan est une adolescente un peu particulière: elle est membre d’une famille d’artiste de l’Opera de Pekin, une troupe familiale aux talents divers mêlant arts martiaux à la danse et au chant. Un jour en rentrant du lycée elle trouve toute sa famille assassinée sauvagement… Immédiatement accusée, elle passera les trente prochaines années en prison. Lorsqu’elle sort elle n’a qu’une volonté: se venger de sa vie détruite…
Quelle claque mes aïeux! Préparez-vous à une aventure aussi intense que visuellement superbe avec ce taïwanais que je découvre (il a déjà vingt ans de carrière et cinq séries courtes à son actif) et qui nous invite dans une histoire de vengeance, d’action et de SF portée par des dessins d’une technique impressionnante.
Commençant sur le ton de la comédie en enchaînant les flashback et coupures narratives, l’auteur ne perd pas de temps et envoie rapidement son héroïne au trou pour lancer véritablement une aventure qui va passer très fluidement de la vengeance d’assassin implacable à une conspiration SF visuellement très assumée et perturbante car inattendue. Si l’on n’en sait encore que peu sur ce premier tome du triptyque, les planches enchaînent les séquences d’action où Chang Sheng nous régale par un dessin quasi-photoréaliste mais qui reste au trait et évite la désagréable impression que laissent les artistes qui retravaillent des photos. La technique de l’auteur est monstrueuse autant dans ses peintures (regardez les couvertures de toutes ses séries pour pleurer un coup) que dans son dessin qui emprunte bien plus aux comics ou à la franco-belge qu’au manga (comme souvent dans la BD chinoise, techniquement bien plus exigeante que sa consœur nippone).
Avec une mise en place bien mystérieuse, l’intrigue peut néanmoins avancer en ne laissant pas Yan seule puisqu’elle se retrouve associée à un policier à la retraite et à une jeune fille dotée de pouvoirs (qui convoquent Akira et les expériences sur les enfants) qui introduisent assez vite le fantastique à la conspiration gouvernementale, avant l’irruption d’éléments de pure SF qui rendent la conclusion tout à fait explosive! Véritable blockbuster hollywoodien (l’influence occidentale de Taïwan se ressent clairement comparé à d’autres Manwa continentaux), Yan a toutes les cartes en main pour être un très gros carton, malgré un prix au volume qui pourra refroidir les lecteurs manga classiques (j’aborde souvent la question sur le blog). Au vu de la magnifique édition proposée par Glénat (de la jaquette à la post-face sur la réalisation de la calligraphie par le maître à l’origine du logo-titre d’Akira) et de la brièveté de la série, il serait vraiment dommage de passer à côté pour cette seule raison…