BD de David Chauvel, Jerome Lereculey et collectif.
Delcourt (2024), 56p., série en cours, 2 cycle achevés.
Série prévue en 5×6 tomes.
Attention Spoiler!
Le Sistre est en deuil… a nouveau! Dans sa fuite en avant pour reprendre le contrôle de la pègre d’Alyssandra, Alissa est tombée dans un piège. Alors que sa famille doute de plus en plus de sa capacité à garder le contrôle, au Palais Keona commet une folie en envoyant un message diplomatique à Angleon…
Ces deux derniers tomes sont marqués par des ruptures pour l’essentiel des personnages et arcs secondaires. Ainsi de nombreuses morts pour des personnages dont on ne comprenait pas encore tout à fait l’utilité, des choix majeurs comme celui du frère Tashen qui tire les conséquences de l’attitude dictatoriale et impitoyable de sa sœur ou de Shin qui découvre que ses valeurs de justice ne sont pas applicables dans la Capitale et décide de basculer du côté obscure…
En confirmant l’aspect remplissage d’un certain nombre d’intrigues annexes (schéma inévitable des constructions de séries TV) et les pistes laissées tout à fait ouvertes malgré la conclusion du cycle, on se demande bien comment certains fils encore bien mystérieux vont pouvoir se relier avec leurs homologues des autres cycles. Les scénaristes semblent en effet maintenir une atmosphère toujours incertaine où la cohérence d’un cycle ne signifie en rien la juxtaposition, pour preuve l’évènement majeur qui nous raccroche heureusement à Angleon lorsque l’Armada des félins débarque pour une session diplomatique fort tendue avant que ne surgissent les Ours du prochain cycle (à débuter cet été).
Je note que les textes de background de fin d’album deviennent eux aussi un peu optionnels en passant du statut d’enrichissement indispensable à celui de pousse-café pour les plus accro. Globalement, si la mécanique scénaristique de ce cycle est globalement irréprochable malgré un refus de l’action, il aura manqué tout le long une étincelle, un rythme, un manque flagrant de sympathie pour des personnages qui auront peiné à attirer notre intérêt du fait d’une froideur omniprésente. Il en est de même pour les intrigues secondaires, aussi passionnantes que les manigances royales à Angleon et ici poussives en ne trouvant pour la plupart leur semi-résolution qu’au dernier ou avant-dernier tome.
On pourra apprécier ce cycle pour ce qu’il est, être patients, mais avec pas mal de concurrence ces dernières années en matière d’intrigues monarchiques en pays anthropomorphe (Le Royaume sans nom, L‘Ogre lion,…) j’espère sincèrement que les auteurs sont conscients du risque de lassitude et ne visent pas uniquement les plus fidèles lectures sur le modèle des interminables séries Soleil. Les 5 Terres méritent mieux que cela et un sursaut (a priori confirmé sur la chute) est indispensable car la hype d’Angleon ne tiendra pas un cycle d’attente de plus. En attendant, débute une série parallèle de spin-off one-shot entre les arcs (qui a pris du retard mais devrait se recaler rapidement sur la publication des cycles des 5 Terres), dont le Demeus Lore dessiné par Sylvain Guinebaud et qui sort cette semaine.