**·BD·Nouveau !·Rapidos·Service Presse

Carambolla #1: sang noir

image-9
BD de Barbara Baraldi et Emiliano Tanzillo
Soleil (2022), 100p., série en cours, collection Métamorphose.

couv_458218

bsic journalismMerci aux éditions Soleil pour leur fidélité.

Sur l’île de Carambola le peuple se contente des restes des fruits de la mer quand le haut château profite de ses bienfaits. Mais le joug de l’usurpateur semble proche de sa fin. Est-ce cet étranger muet échoué sur les plages de l’île et doté d’étonnants pouvoirs qui y mettra fin ou la cheffe des séditieux qui clame l’injustice et fait la nique aux soldats du faux-roi? La prophétie, elle, ne fait guère de doute…

Sang noir (par Barabara Baraldi et Emiliano Tanzillo) Tome 1 de la sérieCe Carambolla venu d’Italie avait beaucoup d’atout pour être une nouvelle révélation transalpine: une fable à l’aspect original reprenant l’idée des marées basses faites de coquillages et de mollusques, un conte noir dressé sur une prophétie, un trait élégant teint de sepia et inspiré par le style d’Alessandro Barbucci… C’était oublier qu’il s’agit ici pratiquement d’un premier album, qui souffre des défauts du manque d’expérience lancé dans une fresque ambitieuse. Cette lecture fait penser à celle de Talion où la passion et le travail ne suffisent pas totalement à combler une complexité narrative et un dessin qui oublie d’être au service du récit.

L’album a bien des qualités, comme cet univers graphique incontestablement élégant, des personnages marquants et un Mythe classique mais structurant basé sur des schémas toujours porteurs, ceux d’une tyrannie et d’une révolte appuyée sur un héros mystérieux sorti des eaux sans souvenirs. Malheureusement les auteurs peinent à actionner une machine par trop cryptique, que certaines fautes techniques du dessinateur n’aident pas à délayer. Comme souvent le format large de cent pages dispense de la concision et si le voyage imaginaire est dépaysant on n’est pas certain de vouloir connaître le destin de ces personnages malgré un cliffhanger révélateur. Avec un aspect de première œuvre pleine de passion mais imparfaite, Carambolla vous emportera (ou pas) sur ses rivages  selon que vous tomberez amoureux du style graphique. Avec beaucoup de manques pour faire véritablement un bon album.

note-calvin1note-calvin1

****·BD·Jeunesse·Nouveau !·Rapidos·Service Presse

Lombric

image-15
BD de Mathieu Sapin, Patrick Pion et Cyrille Bertin.
Soleil (2022), 64p., one-shot, collection Métamorphose.

couv_454976

bsic journalismMerci aux éditions Soleil pour leur fidélité.

Monseigneur crapaud est à la poursuite d’un dangereux criminel lorsqu’il rencontre le simplet mulot. Pendant ce temps une étrange créature s’éveille au monde. Innocent, Lombric réalise qu’il peut se transformer au contact de son environnement. Ces trois petits êtres vont voir leur destin se croiser dans la comédie du Monde…

Patrick Pion est un brillant représentant de l’école Lauffray, ayant participé à certains albums du Troisième Testament et de Prophet. Formé aux Arts décoratifs, il n’a pas encore la notoriété de ses confrères mais produit des images très poétiques et évocatrice avec une remarquable maîtrise de l’art séquentiel, parfaitement aidé par les pastelles du coloriste Cyrille Bertin.

Ce talent entre parfaitement dans l’esprit très « à l’ancienne » et travaillé de la collection Metamorphose. Si la prestigieuse collection a tendance à perdre sa garantie de qualité en multipliant les projets, ce Lombric à la lecture rapide est bien un hymne au dessin, à l’imaginaire et à l’histoire de la BD, lorsqu’il se réfère au mythique Vent dans les Saules et son tordant baron Tetard. Très peu de textes et une moyenne de quatre cases par pages permettent de prendre le temps de cette itinérance  en mode roman d’apprentissage pour ce Lombric qui passera du stade de larve à celui d’hominidé à mesure qu’il découvre le monde, qu’il soit végétal ou minéral et la violence de l’état de Nature jusqu’à la bêtise des êtres humains.

Fable orientée jeunesse qui a le mérite d’être fort agréable à l’œil et très rythmée (tant dans l’enchaînement que dans les quelques dialogues savoureux), l’album de Pion et Sapin est un fort bel objet qui se laisse découvrir sans trop d’explication sur son motif ni sa conclusion qui laisse interrogatif: sans indication de tomaison, la maquette laisse entendre un one-shot quand la fin tout à fait ouverte suppose une suite. Espérons que les ventes permettront aux auteurs de donner une prolongation aux aventures de leur petite créature au faciès aussi mignon qu’un Sylvain de Miyazaki.

note-calvin1note-calvin1note-calvin1note-calvin1

**·BD·Jeunesse·Nouveau !·Rapidos·Service Presse

Mimiphisto – le fils du diable

image-15
BD de Pierre-Henry Laporterie
Soleil (2022), 84p., one-shot, collection Metamorphose.

couv_455962

bsic journalismMerci aux éditions Soleil pour leur fidélité.

Mimiphisto est le fils du Diable, Méphistophélès. Futur héritier du trône des enfers il se doit d’apprendre à contrôler les âmes au travers de la musique. Mais pour apprendre il faut un peu de confiance, et Mimiphisto en manque diablement, surtout quand son terrible père reste si lointain…

Généralement la qualité moyenne des albums de BD jeunesse est assez élevée, de part la créativité très libre permise par le genre, l’histoire nécessairement condensée et le besoin de réflexions compréhensibles mais poétiques. La collection Métamorphose de Soleil est elle aussi gage de qualité sur quasiment tous ses albums. Aussi voir arriver un album regroupant les deux catégories et parlant du fils du diable, cela ne pouvait qu’être bon…

Mimiphisto - Le fils du Diable - BD, informations, cotesMalheureusement pour son premier album solo l’auteur Pierre-Henry Laporterie semble s’être trompé de format et aurait manifestement dû opter pour un album de littérature jeunesse plutôt qu’une BD. Car si l’on sent l’amour de la construction d’univers graphiques (il a été designer en jeux-vidéo et sur l’excellent film d’animation l’Illusionniste), niveau histoire c’est la grande confusion tant dans la finalité du propos que dans une narration qui nous présente l’évolution de l’histoire sur les pages de chapitres avant de lancer son personnage dans des pages certes très belles mais où rien ne bouge. Un album muet aurait pu profiter de l’imaginaire du lecteur et un album de littérature jeunesse classique justifier la simplicité de l’intrigue. Mais du début à la fin Mimiphisto est passif, déprimé et aucun évènement ne semble créer de causalité logique menant le personnage d’un point A à un point B… avec la très désagréable impression d’un auteur qui n’a pas su créer de récit entre des visions graphiques. Il en ressort une lecture assez ennuyeuse, moyennement originale graphiquement et surtout destiné à un lectorat très très jeune. Je n’ai pas pour coutume de parler aussi crument d’une création artistique qui demande un gros travail et de l’implication de l’auteur mais je suis obligé de pointer que sur cet album l’éditeur a manifestement raté quelque chose dans sa collaboration avec cet artiste…

note-calvin1note-calvin1

***·East & West·Manga·Nouveau !·Service Presse

FMA (Perfect) #11 – Dragonball Super #17 – Dai Dark #2 – Le cauchemar d’Innsmouth #2

esat-west

  • Fullmetal Alchemist  – Perfect #11 (Arakawa/Kurokawa) – 2022, 354p., 11/18 volumes parus.

bsic journalismMerci aux éditions Kurokawa pour leur confiance!

fullmetal_alchemist_perfect_11_kurokawaLe volume conclut la guerre (le génocide) Ishval avec le très grand mérite de clore enfin les révélations sur l’origine de Scar, ses motivations, la réalité du génocide qui nous place enfin dans de bonnes conditions pour saisir les motivations du (jusqu’ici) assez plat Mustang, mais aussi de la très charismatique Hawkeye, ainsi que l’apparition d’un nouveau méchant en la personne de l’Alchimiste d’Etat que nous découvrons en couverture. Après un retour à Central city pour remettre les pieds dans le contextes avant flashback (une petite révision trois tomes plus tôt ne fera pas de mal) on part pour le Nord, nouveau territoire où vont les frères Elric dans la recherche du mystère de l’alchimie de Xin et où ils vont rencontrer la sœur du commandant Armstrong…

Maintenant que toutes les pièces sont en place et les enjeux enfin posés (la restauration de la Démocratie dans ce régime militaire corrompu par les Homonculus) Arakawa semble décidée à nous faire voyager pour réunir ce qui devrait former la résistance au régime de King Bradley. Avec une galerie de personnages et d’intrigues secondaires faramineux mis en place on espère que la structure est bien préparée pour éviter de se perdre. La matière est là, les longueurs aussi dans ce tome qui semble être un pivot avant un dernier arc, mais cette série reste de très bon niveau pour peu que les belles séquences d’action ne soient pas trop rares pour dynamiser l’ensemble.

note-calvin1note-calvin1note-calvin1

  • Dragonball Super #17: le pouvoir du Dieu de la destruction (Toriyama-Toyotaro/Glénat) – 2022, 192p./volume, 17/19 volumes parus.
bsic journalism

 

Merci aux éditions Glénat pour leur confiance!

 dragon-ball-super-17-glenatAprès un quinzième très bon tome, un assez piteux seizième, ce volume exclusivement centré sur l’affrontement entre nos deux Sayan et Granola s’ouvre sur peut-être une des meilleures séquences de combat de toute la série! Dans une pleine maîtrise de son dessin et de la technique de matérialisation de la vitesse, Toyotaro propose des pages nerveuses de baston pure sans chichi de superpouvoirs et de fireballs. Mine de rien depuis les tournois des meilleurs combattants de la Terre on n’était jamais vraiment revenu à cet esprit arts-martiaux. Les coups sont secs, directs, le combat équilibré… avant de retomber dans l’habituel échange entre guerriers surpuissants et passages de niveaux cachés. On flirte sans cesse avec le stade ultime ce qui ne surprend guère. Chose étonnante en revanche, ce volume ne comporte pas les habituelles coupures scénaristiques. De ce fait si le combat seul est très réussi, le rythme de l’album (à la lecture fort brève) est un poil linéaire. Avec un Vegeta qui semble revenir à ses anciennes rancœurs maléfiques, on a comme souvent sur DB un enrobage fort classique et quelques fulgurances visuelles ou scénaristiques, très brèves. Mais on reste très tolérant avec cet ancêtre toujours fringant que sont les aventures de Son Goku.

note-calvin1note-calvin1note-calvin1

    • Dai Dark #2 (Q-Hayashida/Soleil) – 2022, 208 p./volume, 2/5 volumes parus.
bsic journalism

 

Merci aux éditions Soleil pour leur confiance!

dai-dark-2-soleil

Les aventures de Sanko Zaha, son robot-chien Spectrum, le Sakadoh Avakian et la redoutable Death Delamort se poursuivent alors que les tueurs de la Photoforce se sont lancés dans une chasse impitoyable pour détruire les quatre Fléaux…

Sur le même ton délirant que précédemment et sur des thèmes absolument typiques du shonen, Q-Hayashida envoie ses héros dans une sorte d’Ikea spatial pour faire leurs emplettes avant de se lancer dans une cuisine du futur faite de boulettes lyophilisées et de pain en boite. Comme sur le premier tome ce qui continue de surprendre dans ce manga c’est qu’il semble destiné à une catégorie très particulière de jeunes lecteurs, comme si des enfants de métalleux gothiques percés proposaient un manga issu de cet univers. Le contrats entre les dialogues très simples, les intrigues linéaires et l’univers graphique extrêmement noir et délibérément répugnant ne cesse de surprendre. Sans doute le même attrait que celui des films d’horreur et une certaine passion pour les insectes pourra donner envie de lire ce manga qui sort résolument des sentiers battus. Le lecteur adulte pourra s’impatienter devant ce manque d’intrigue qui nous laisse dans la même situation initiale après deux tomes même si l’imagination délirante de l’autrice et l’humour(noir) tout à fait efficace rendent la lecture sympathique.

note-calvin1note-calvin1note-calvin1

  • Le cauchemar d’Innsmouth #2 (Tanabe/Ki-oon) – 2022, 240p., collection Les chef d’oeuvres de Lovecraft.

cauchemar-dinnsmouth-2-ki-oonLe cauchemar d’Innsmouth est l’un des romans les plus connus de Lovecraft et son dernier publié. Si l’on peut comprendre l’intérêt économique pour Ki-oonde vendre deux volumes d’une pagination importante on rappellera que Dans l’abîme du temps (le meilleur pour l’instant) est paru en un unique volume pour une taille à peine moindre.

On reprend donc exactement là où le précédent s’arrêtait, avec cette fois une confrontation assez rapide avec les habitants pisciformes de la localité maudite, et c’est parti pour une fuite implacable du protagoniste devant une horde inouie de créatures maléfiques. C’est sombre comme jamais et un peu longuet dans un sens unique bien que la séquence très tendue de l’hotel soit redoutablement efficace pour nous faire stresser. Malheureusement les limites mythologiques très courtes sur cette histoire (pas d’archéologie, pas de Grand Ancien) atténuent sensiblement l’inétrêt jusqu’à oublier quelque peu le principe même du fantastique et les aller-retour entre la certitude de l’horreur et le doute rationel. Problème de rythme donc avec cette très longue découverte d’Innsmouth sur le tome un suivi d’une très longue échapée répétitive. Quelques planches feront leur effet terrifiant mais le sel de Lovecraft manque pour nous happer dans l’abîme indiscible recherché. On a au final une des histoires les plus faibles de la série, à réserver aux complétistes donc.

note-calvin1note-calvin1note-calvin1

**·BD·Nouveau !·Rapidos·Service Presse

Au nom de la République #1: mission Bosphore

La BD!
BD de Jean-Claude Bartoll, Gabriel Guzman et Silvia Fabris (coul.)
Soleil (2022), 60p., série en cours.

couv_448232Voilà qui débute une nouvelle série d’espionnage qui s’inspire fortement de la série télé à succès Le Bureau des légendes. L’habillage général est alléchant en proposant un thriller hyper-réaliste plongeant dans les arcanes des opérations spéciales et clandestines des Renseignements extérieurs sur fond de terrorisme islamiste. Avec ses tampons « confidentiel défense », ses décors urbains banales entre Allemagne, France et Maroc, avec sa quatrième de couverture annonçant une cellule clandestine chargée d’éliminer les plus hauts responsables du terrorisme international on est alléché et en attente d’action et d’espionnage radical.

Mission Bosphore (par Jean-Claude Bartoll, Silvia Fabris et Gabriel Guzman)Sur l’aspect action on est plutôt servi avec une histoire qui commence par l’élimination à Istanbul d’une équipe de la DGSE par sa cible, un groupe djihadiste préparant un attentat. Le dessin et la colo sont plutôt correctes et efficaces et l’action revient à intervalle régulier tout au long de l’aventure. Rapidement le héros nous est présenté, sorte d’alter-ego du personnage de Malotru dans le Bureau, capable d’intervenir sur le terrain, déguisé ou non, comme d’élaborer une stratégie de contre-attaque avec les pontes du Renseignement. Là où on perd un peu pied c’est lorsqu’on réalise qu’il y a maldonne entre le titre, le pitch de la série et le déroulé de l’album. En effet, loin d’opérations d’assassinat ciblé sur fond de contournement de la loi on nous livre bien une énième série suivant un super-agent (au nom de code du « Renard ») en oubliant l’importance des personnages secondaires. Une grosse partie de l’intrigue suit d’ailleurs plutôt les djihadistes sans nous offrir grand chose pour raccrocher les wagons d’une intrigue qui semble prise en cours de route. Les dialogues se veulent techniques mais sont assez appuyés et trop didactiques pour une série de ce genre qui semble hésiter entre un aspect pointu et une version grand-public. Le secteur est très occupé depuis le onze septembre et les vagues d’attentats en Europe et si ce premier tome se laisse lire, ni les dessins, ni le texte ni l’intrigue apportent suffisamment de nouveauté pour donner envie de poursuivre. Au nom de la République sera donc à réserver aux fana du sujet.

note-calvin1note-calvin1

***·BD·La trouvaille du vendredi·Rétro

Hercule

La trouvaille+joaquim

BD de JD Morvan et Looky
Panini (2012-2014), 46p./tome, série finie en trois tomes.

Après une lecture fort enjouée sur la série Shaolin  (que je vous conseille!) j’ai comme toujours parcouru la biblio du très bon dessinateur (Looky) pour tomber sur cette adaptation Space-opéra du mythe d’Hercule dont les planches semblaient impressionnantes. JD Morvan proposant tout à la fois certaines folies créatives dont il a le secret et des projets trop rapidement construits du fait du nombre incalculable d’albums qu’il scénarise j’ai abordé cette lecture en terra incognita.

Hercule (Looky) (tome 3) - (Looky / Olivier Thill / Jean-David Morvan) -  Science-fiction [CANAL-BD]Tout d’abord il semble que la série ait bien été prévue en douze tomes (comme les Travaux) puisque ces trois albums suivent les thèmes du Lion de Némée, l’Hydre de Lerne et le sanglier d’Erimanthe. On a donc très vraisemblablement affaire à un arrêt précoce qui n’est guère surprenant à la lecture puisque outre des dessins tout à fait réussis mais à l’aspect fortement numérique qui rebutent généralement le grand public, l’intrigue peine à accrocher un lecteur qui suit plutôt les actions bourrines de cet avatar du demi-dieu sans vraiment de fil conducteur. Le premier tome suit pourtant la narration originelle avec une Hera cybernétique qui fait commettre l’irréparable à Hercule, ultime guerrier-esclave qui assassine femme et enfants dans un état second. Contraint de remplir des missions punitives pour une puissance mystérieuse il part donc de planète en station spatiale pour éliminer une menace, après des enquêtes parfois en mode polar, aidé de side-kick plutôt sympathiques…

Hercule (Morvan/Looky) - BD, informations, cotesLa construction de l’univers est absolument flamboyante avec un gros travail d’adaptation à la fois référencé et très libre pour faire coller la mythologie grecque à ce space-opéra proche de la Dark-fantasy, très sexy et très gore où les textures informatiques posées par Olivier Thill sur les superbes dessins de Looky nous plongent dans un univers techno proche de celui des Meta-Barons. On ressent à la lecture une interinfluence artistique puisque l’univers graphique très sombre et violent rappelle le premier album de Valentin Sécher, Khaal. La création des design est vraiment inspirée et on aurait aimé embarquer dans ce monde cohérent où les dieux sont remplacés par une caste dominante et la magie par une ultra-technologie permettant toute distorsion spatiale et temporelle. On savoure les jeux de termes, les noms mythologiques techno-ifiés et certaines idées pas brillantes mais très savoureuses (les cornes du sanglier).

Bref, tout était en place pour proposer une grande série SF. Mais EXCLUSIVE: First look at interior art from Hercules: Wrath of the Heavensle scénariste est victime comme souvent d’un frein lié à l’adaptation, qui empêche par soucis de fidélité de se libérer complètement. Très porté sur les adaptations, Morvan subit les mêmes affres récemment sur ses Princes-démons. En oubliant d’héroïciser son Heraklès il le transforme en pantin du scénario, sorte de biker bad-ass en diable mais qui perd l’attrait de la toute puissance herculéenne. On suit alors ses aventures comme un beau décors et l’on oublie en fin d’album ce qu’on vient de lire. Manque d’ambition sans doute également car en segmentant par trop ses travaux et en partant sur un tome par épreuve on sérialise tout cela sans donner de l’empathie pour le personnage et l’on saute littéralement d’une aventure à une autre. Objet étrange, à la fois superbe, créatif, mais un peu hermétique, comme si la froideur des planches transpirait sur le texte, cette fausse trilogie Hercule mérite surtout pour la découverte d’un dessinateur et sur le potentiel qu’elle pouvait produire. Comme nombre d’autres ouvrages de dessinateurs du reste les amoureux d’univers et de dessins se régaleront, ceux qui attendent une vrais BD passeront sans doute leur chemin.

note-calvin1note-calvin1note-calvin1

*·***·Documentaire·Manga·Nouveau !·Rapidos·Service Presse

Manga en vrac #28: La Métamorphose – La Divine comédie – L’Iliade et l’Odyssée

Le Docu BD

Format mixte aujourd’hui puisque je vous propose une fournée de manga documentaires issus des différentes collections des éditeurs Kurokawa et Soleil, collection dont vous avez probablement déjà entendu parler en parcourant ce blog…

  • La métamorphose (Sugahara-Kafka/Kurokawa) – 2022, 176p., collection Kurosavoirs, one-shot.

bsic journalism

Merci aux éditions Kurokawa pour leur confiance!

metamorphose-kurokawa

Après quelques très bonnes pioches chez Kurosavoirs, notamment avec la nouvelle sous-collection des Grandes figures de l’Histoire et sa réalisation de grande qualité, on tombe très bas avec cette « adaptation » de la Métamorphose de Kafka dont les dessins sont franchement rebutant. En choisissant de transposer l’intrigue de cette fable absurde dans le Japon contemporain, on perd en outre l’aspect documentaire et historique qui aurait pu permettre de s’appuyer sur des éléments vintage. Si l’histoire suit assez fidèlement le court roman, aucune analyse ne vient aider à comprendre l’intérêt de cette absurdité. Le choix de cette œuvre pour une adaptation manga aurait justement nécessité soit des dessins de qualité soit une variation dans l’horreur. Or les auteurs ont choisi la forme d’un manga semi-humoristique grossier. La lecture en devient pénible et on ne garde pas grand chose, encore moins l’envie de lire l’original, c’est un comble!

note-calvin1


  • La divine comédie (team Banmikas/Soleil) – 2021 (2008), 192p./volume, one-shot, collection « Classiques en manga ».

bsic journalism

Merci aux éditions Soleil pour leur confiance.

album-cover-large-47200

La Team Banmikas s’est spécialisé depuis plus de dix ans dans l’adaptation manga de grands classiques de la littérature ou de la pensée scientifique. Si leurs manga ne brillent pas par une technique graphique très sophistiquée, ils ont acquis l’expérience de rendre (souvent) accessibles des œuvres pointues, comme cette Divine Comédie, Chant médiéval en huitains  développant autant l’importance de la foi chrétienne que les actions de nombreux personnages contemporains de Dante. La bonne idée du studio est d’avoir regroupé dans un manga court les trois chants (L’Enfer, le Purgatoire et le paradis)  en synthétisant à l’extrême, ce qui aboutit à une grande partie du volume dédiée aux cercles de l’Enfer. Cette première partie de l’œuvre est en effet la plus « graphique » et propice à quelques visions des peines que subissent les pécheurs. Le récit est donc totalement linéaire, Dante n’étant qu’un spectateur de son propre voyage accompagné du poète latin Virgile, à la recherche de son âme sœur Beatrice. Sans grand intérêt graphique, cette proposition aura néanmoins le mérite de permettre facilement à un large public d’avoir une idée de ce qu’est cet ouvrage majeur de la littérature mondiale, faute de montrer son influence (là aussi majeure) sur l’imaginaire graphique jusqu’à aujourd’hui. Une lecture facile bien que très modeste. Pour info Go Nagaï (l’auteur de Goldorak) a déjà proposé une version de la Divine Comédie.

note-calvin1note-calvin1


  • L’iliade et l’Odyssée (Banmikas/Soleil) – 2021 (2011), 224p./volume, série finie en 4 tomes.

bsic journalism

Merci aux éditions Soleil pour leur confiance.

iliade_odyssee_soleilOn termine par une bonne surprise, cette version (très) compacte des deux récits d’Homère, qui fait un très bon boulot de vulgarisation en condensant à l’extrême les quarante-huit chants des deux œuvres. Si les dessins sont minimalistes mais tout à fait acceptables, le travail de condensation a impliqué des coupes assez franches qui surprennent parfois la lecture. Cela est renforcé par l’articulation narrative originellement entrecroisée, voir chaotique, des œuvres, ainsi lorsqu’on commence l’Odyssée sans grande explication de ce que fait Ulysse sur l’ile de Calypso. Il ne faut donc pas en vouloir aux auteurs du manga même s’ils auraient pu retravailler leur intrigue pour la rendre plus fluide. On reconnaîtra donc une démarche de grande fidélité au matériau d’origine tout en permettant une lecture assez accessible malgré la profusion de personnages et de peuples. L’adaptation partie de la source n’a pas dû être facile! Certaines coupes franches ont en revanche été faites sur la partie la plus sympa, l’aventure d’Ulysse, où sont passés sous silence le passage de l’Hadès, les Lotophages, Circé ou Charybde et Sylla pour n’aborder que le retour à Ithaque. Un peu frustrant sur la seconde partie donc mais l’Iliade permet de réviser ses classiques et à certains de découvrir ces récits majeurs de la littérature mondiale.

note-calvin1note-calvin1note-calvin1

**·BD·Nouveau !

Ouroboros #1: L’amulette de Saladin

Premier tome de 46 pages du diptyque écrit par Olivier Pinard et Ceyles, et dessinée par Lou. Parution chez Soleil le 02/02/2022.

Ouro-boloss

L’aventurier Azram vient de s’introduire dans le lair de l’émir Al Kabyl, pour lui voler la convoitée Amulette de Saladin. Cet artéfact est lié au pouvoirs des Dragons, des êtres très anciens qui sont à l’origine du monde, et dont la redoutable descendance vit cachée parmi les humains.

Car voyez-vous, c’est Pandore, la mère des dragons, qui a formé le monde en y déversant sa progéniture, les dragons Drak, Shog, Styx et Ketz. A la mort prématurée de Pandore, les quatre frères furent livrés à eux-même, peinant à trouver leur place dans le monde. Au yeux des hommes qui venaient d’apparaître sur Terre, ils étaient des monstres, des porteurs de mort et de destruction qu’il fallait craindre. Jusqu’à ce que ces dragons primordiaux trouvent le moyen de se fondre parmi nous, après quoi ils s’unirent à des humaines pour engendrer des hybrides aux terribles pouvoirs.

Cependant, peu d’entre eux parviennent à survivre à la mue supposée faire d’eux des dragons, si bien que seuls quelques uns d’entre eux vivent encore aujourd’hui. La donne a changé lorsque naquit Cassandre premier dragon de sexe féminin à être née depuis Pandore, la reine des Dragons. Le fils de Cassandre, Xiao, est donc le futur roi des dragons, ce qui fait de lui la cible de nombreuses convoitises et hostilités.

D’ailleurs, le jeune Xiao se trouve à une heure décisive de sa jeune existence, puisque la mue est proche. En proie au mal généré par sa moitié draconique, Xiao se meurt, et seul Azram semble en mesure de lui venir en aide.

Dragons: la Mascarade

Autant vous le dire d’emblée, il est difficile de juger ce premier album. Généralement, les récits qui commencent par une litanie d’exposition débutent assez mal, mais l’aspect cosmogonique reste suffisamment attractif pour ne pas perdre le lecteur. Ensuite, le premier acte, qui d’ordinaire a pour fonction d’établir des enjeux clairs et faire adhérer le lecteur à la cause du protagoniste, est ici quelque peu chaotique, car il prend le par risqué du in media res, sans ensuite permettre au lecteur de raccrocher les wagons d’informations précédemment ingurgités.

Il en résulte un sentiment de récit survolé, sans enjeux émotionnel bruts qui pourraient nous impliquer davantage dans cette quête. Pour prendre un exemple concret, le protagoniste, Azram, n’est présenté qu’au travers d’une attitude superficielle, un peu nonchalante, mais cela ne suffit pas à nous le rendre sympathique. Le fait qu’il vienne en aide à un enfant nous aide certes à le placer dans le camp des gentils, mais les liens avec Xiao ne sont qu’évoqués, mentionnés sans davantage de profondeur.

Côté antagonisme, rien de bien transcendant non plus, à part quelques mines patibulaires classiques qui éructent des ordres à des sbires consciencieux.

Pourtant, il y avait de quoi faire avec cet univers à mi-chemin entre Indiana Jones (aventuriers du désert, quête au trésor) et Hellboy (dragon démiurge et antédiluvien), surtout avec les graphismes soignés de Lou et ses idées de découpage (les cases qui serpentent sur la page, à l’image du fameux Ouroboros). Mais l’exécution est trop alambiquée pour accrocher vraiment, dommage !

***·****·Manga·Nouveau !·Rapidos·Service Presse

Manga en vrac #26: Dai Dark #1 – Appare Ranman #1 – Ranking of kings #1

esat-west

Salut les mangavores! Je vous propose aujourd’hui une salve de premiers volumes de nouveautés assez fraiches et qui toutes perturbent les schémas du manga!

  • Dai Dark #1 (Q Hayashida/Soleil) – (2019) 022, 208p., 1/4 volumes parus.

bsic journalism

Merci aux éditions Soleil pour leur confiance!

couv_444963

Après 23 volumes d’une série (Dorohedoro) fort réputée et adaptée en animé (visible sur Netflix) l’autrice Q Hayashida revient pour une nouvelle série qui sous ses aspects trash au possible recouvre bien l’approche shonen: un jeune garçon ère dans l’espace doté d’un pack magique nommé Sakadoh et de capacités en faisant une sorte de robot. Egalement équipé d’une « peau d’ombre » il apparaît tout puissant pour éliminer ses adversaires, comme les terribles pilleurs d’épave. Si le trait paraît souvent brouillon, l’ambiance à la Fluide glacial donne un ton bon enfant même si les démembrements, éviscérations et explosions en règle réserve ce manga aux jeunes peu sensibles. Une entrée en matière qui a le mérite de l’originalité en proposant une sorte de Berserk pour jeunes, entre la Légende de Ran et le fort sympathique Volcano Trash. Avec un design glauquissime fait d’os et lorgnant du côté de HR Giger, ce titre commence de façon intrigante, pour peu que l’autrice nous propose une véritable intrigue, pour l’heure pas du tout démarrée.

note-calvin1note-calvin1note-calvin1

  • Appare Ranman #1 (Ahndongshik-Apperacing/Doki-Doki) – (2020) 2022, 208p., série finie en 3 tomes.

bsic journalism

Merci aux éditions Bamboo pour leur confiance!

appare_ranman_1_doki

Je suis toujours très friand de Steampunk et quand j’ai vu passer cette courte série du dessinateur de Renjoh Desperado (déjà un steampunk western découvert grâce aux opé Covid des éditeurs) ma curiosité s’est trouvée titillée. Ne perdant pas de temps en mise en place, ce premier tome nous envoie suivre deux japonais projetés en plein far-west alors qu’une coure de voitures « sauvage » s’apprête à partir traverser le continent. Si l’aspect samouraï reste pour le moment soft, l’apparition progressive des concurrents, tous fortement caractérisés (un milliardaire héritier industriel, redoutables bandits et noir expert en gunfight…) nous allèche avec l’impatience de voir l’action endiablée commencer dans la filiation d’un Streamliner. Avec un jeune héros aussi doué en bricole que Senku, ce qui surprend le plus c’est l’insertion d’un propos politique assez surprenant pour un shonen: entre la tradition d’obéissance japonaise pour lui, le jeune amérindien dont la famille a été massacrée, la jeune femme interdite d’être pilote en raison de sons sexe ou l’esclave affranchi, c’est une drôle de brochette de minorité opprimée qui se retrouve dans cette histoire! Fort bien dessiné et doté d’une progression lisible et dynamique, ce premier tome rappelle l’enthousiasme d’une autre trilogie Doki-doki: Tetsu et Doberman.

note-calvin1note-calvin1note-calvin1note-calvin1

  • Ranking of kings #1 (Toka/Ki-oon) – (2017) 2022, 208p., 1/10 volumes parus.

bsic journalism

Merci aux éditions Ki-oon pour cette découverte.

ranking-of-kings-1-kioonSorti dans la collection « transversale » Kizuna, Ranking of kings est d’abord un projet auto-publié sur le net avant de devenir un manga et un animé. Sous un aspect très enfantin qui peut rebuter de prime abord, on est d’abord surpris par ce personnage de prince-héritier d’une dynastie de roi-géant… qui s’avère être muet et très chétif! Alors que la seule valeur royale reconnue est la force brute, ce jeune Boji va s’avérer être un enfant touchant, sensible qui au travers de sa rencontre avec une « ombre » d’un clan d’assassins va révéler de surprenants talents. Si les planches sont donc assez basiques (mais rendront le manga aux allures de conte très adapté aux plus jeunes, une fois n’est pas coutume), c’est dans le traitement tout sauf manichéen des personnages que l’on est surpris. Contrairement aux habitudes des contes fantasy il est bien difficile de déterminer qui est gentil, qui est méchant et les motivations de chacun dans ce volume, dans un univers surprenant avec cet allié qui a la forme d’une ombre plate parlante. Une bonne surprise à découvrir!

note-calvin1note-calvin1note-calvin1

****·BD·Nouveau !·Service Presse

Enfer pour aube #1/2

La BD!
BD de Philippe Pelaez et Tiburce Oger
Soleil (2022), 54p., bichromie, 1/2 tomes parus.

couv_443656

Merci aux éditions Soleil pour leur confiance.

Janvier 1903. Alors que Paris est à nouveau éventrée par un chantier pharaonique, celui du métropolitain, des notables se retrouvent pris pour cible d’un mystérieux voltigeur à écharpe rouge. Dans cette III° République bourgeoise triomphante, l’élite veut oublier ces classes laborieuses si dangereuses pour leurs profits et chassée au-delà des murs, dans la Zone. Car la révolution rouge de 1871 est encore dans toutes les têtes…

Aube de Sang L'Enfer pour Aube, planche du tome 1 © Soleil / Oger / Pelaez  Paris, janvier 1903. Des avenues sont éventrées pour permettre la poursuite  de ma construction de nouvelles lignes du Métropolitain. Le conseiller du  Ministre des Travaux Publics ...Philippe Pelaez est l’un des auteurs BD qui monte. Depuis ma découverte de son très bon Alter en compagnie de son comparse qui revient sur le tout neuf Furioso) j’ai pu apprécier la qualité de ses textes, qui explosent ici sous une plume particulièrement inspirée. A cheval entre les mythes littéraires, la grande Histoire et celle plus triviale des hommes qui la font, l’auteur réunionnais se définit par une exigence créative très relevée, qui s’inscrit ici dans la tradition feuilletonnante du XIX° siècle.  Dans cette intrigue qui nous fait passer du chasseur (un policier incorruptible) au chassé (le tueur à écharpe rouge) on a nos chapitres entrecoupés par de fausses unes de gazette qui habillent joliment l’ensemble et densifient le background.

Si le récit est relativement linéaire, l’ensemble du propos, passablement énervé, porte sur ce peuple opprimé dont la violence physique n’est que le pendant de la violence économique et matérielle qu’il subit depuis la répression sanglante de la Commune de Paris par les troupes versaillaises. En s’inscrivant dans la tradition des auteurs parisiens populaires qui cultivent cette culture « apache » des faubourgs si particulière, Pelaez nous fait pénétrer un monde peu abordé en BD, tout en assumant un propos politique avec un parallèle évident sur notre société à l’argent si L'Enfer pour Aube (tome 1) - (Tiburce Oger / Philippe Pelaez) - Historique  [DERNIER REMPART, une librairie du réseau Canal BD]clinquant.

L’aventure endiablée et pleine d’action (l’histoire se termine en deux volumes, il n’est pas temps de traîner) respire par de nombreux aparté rappelant ce que dut subir le peuple parisien sous ces régimes bourgeois en attendant le Front populaire. Comme sur les gazettes du Château, l’album se conclut par un joli cahier de faux articles de presse agrémentés de jolies illustration, originales cette fois-ci. Il est simplement dommage que la partie graphique ne soit pas aussi ciselée que le texte, ce qui fait passer l’album à côté d’un coup de cœur. Malgré sa grande popularité je n’ai jamais été grand fan du style de Tiburce Oger qui compense un dessin parfois un peu rapide par un joli sépia agrémenté de touches de rouge bienvenues. L’ensemble reste très regardable et fort bien mis en scène, pour une lecture très agréable et qui nous sort de l’ordinaire.

note-calvin1note-calvin1note-calvin1note-calvin1