****·Comics·East & West·Nouveau !·Service Presse

DC vs Vampires #1: Invasion

Mini-série en trois volumes, écrite par James Tynion IV et Matthew Rosenberg, dessinée par Otto Schmidt.

Merci aux éditions Urban pour leur confiance.

Mordez-les tous

Nous avions eu les zombies chez Marvel, puis les zombies chez DC, il y a maintenant les vampires chez DC, parce qu’après tout, pourquoi pas ?

Tout commence lorsque un étranger se présente aux portes du Hall de Justice. Accueilli par Green Lantern, l’homme s’avère être un vampire, venu avertir les héros d’un danger qui menace l’ensemble de l’Humanité, un danger qui a des crocs acérés et qui ne prospère qu’à la faveur de la nuit. Ainsi, Green Lantern apprend que les vampires, que l’on croyait relégués au rang de légendes, complotent contre les mortels et s’apprêtent à prendre le pouvoir. Pire encore, ils auraient infiltré les rangs des méta-humains. Chaque super-héros ou super-vilain est donc susceptible d’être un vampire, au service d’un mystérieux seigneur, qui prépare son arrivée au pouvoir. A qui se fier ? Qui parmi les héros a basculé dans le camp des suceurs de sang ?

Comme nous l’évoquions dans d’autres articles, les Elseworlds (l’équivalent des What If ? chez Marvel) sont l’occasion d’explorer des histoires au déroulement radical loin de la pression liée à la sacro-sainte continuité de l’univers principal. Ce procédé donne davantage de liberté aux auteurs, qui peuvent ainsi livrer leur version « définitive » de certains personnages ou de certains concepts, sans être entravé.

Ainsi dans les Elseworlds, on compte quelques histoires passionnantes comme Superman Red Son, Batman White Knight et ses suites, et plus généralement, l’ensemble des parutions du Black Label.

Ici, l’invasion des vampires peut paraitre absurde sur le papier, ou en tous cas digne d’une petite « levée des yeux au ciel ». Et pourtant, James Tynion parvient à s’emparer du concept (il faut lui reconnaitre une certaine maitrise du genre) pour livrer un scénario attractif, à un rythme très prenant.

En effet, dès l’introduction, on est happé par l’intrigue, qui s’inspire fortement de classiques du genre paranoïaque comme L’Invasion des Profanateurs, ou encore Secret Invasion. L’aspect whodunit et la tension croissante font donc tout l’intérêt de ce premier volume conspirationniste, pour le plus grand plaisir des fans. Bien évidemment, il est inutile d’être un lecteur assidu de DC pour apprécier cette mini-série, il faut simplement ne pas trop s’attacher aux personnages…

Bien sûr, on peut interroger certains éléments de l’intrigue, comme l’effet du vampirisme sur la personnalité des héros infectés. S’il est plus simple de saisir le concept avec la zombification, le vampirisme semble plus aléatoire, en tous cas ses effets sur la moralité. Par exemple, certains héros dont la volonté est la marque de fabrique cèdent instantanément à la corruption morale, tandis que d’autres héros plus borderline, semblent en capacité d’y résister. Qu’est-ce qui fait qu’un héros, qui a été du côté du bien durant toute sa vie, se dit soudainement, après avoir été mordu, que l’avenir appartient aux suceurs de sang, plutôt que d’être horrifié par ce qu’il est devenu ?

On aurait aimé que cette question soit davantage creusée, mais le plaisir de lecture est là malgré tout. Sur le plan graphique, Otto Schmidt donne à voir un trait anguleux et des couleurs dynamiques, qui tranchent avec l’ambiance paranoïaque et le côté « tout-le-monde-peut-mourir-à-tout-moment ».

La suite sera intitulée « All Out War« , il faudra donc troquer les soupçons et l’angoisse contre une bonne grosse baston à coups de pieux et d’eau bénite. Qui survivra ?

BD·Comics·Nouveau !·East & West·***

BRZRKR #1

Premier tome de 103 pages, de la série créée par Keanu Reeves, co-écrite par Matt Kindt et dessinée par Ron Garney. Parution aux US chez BOOM! Studios, publication en France chez Delcourt le 15/03/2023.

Berzerker au grand Coeur

L’homme qui se fait appeler B. n’en est pas vraiment un. Doté depuis sa naissance de pouvoirs surhumains, il parcourt les âges, incapable de mourir et mû par une soif inextinguible de combats. Il serait d’ailleurs plus juste de parler de boucheries, car lorsque Berzerker se bat, il laisse généralement dans son sillage des guerriers en confettis avec supplément hémoblogine.

« –Monsieur, qu’est-ce qui vous a traversé la tête au moment de mourir ? » « –Euh, comment vous dire... »

Lassé de cette vie de violence mais incapable de s’arrêter, B. a passé un marché avec le gouvernement américain. En échange de bons et brutaux services, l’Oncle Sam s’est engagé à trouver par tous moyens une méthode pour permettre à B. de mettre fin à son immortalité. Non pas que B. envisage nécessairement de mettre fin à ses jours, mais il souhaite au moins avoir la possibilité de mourir, un don qu’il juge précieux après ces milliers d’années passées à commettre des massacres.

Accompagné par une thérapeute, B. explore ses souvenirs, perdus dans les brumes du temps, afin de percer le secret de ses origines et de ses pouvoirs surnaturels.

….

Voilà, c’est à peu-près tout pour le moment.

Si vous vous êtes intéressé de près ou de loin à la pop-culture ces 25 dernières années, alors vous avez forcément entendu parler de Keanu Reeves. Ce comédien, connu notamment pour certains de ses rôles iconiques, est généralement très apprécié pour son humilité, son introversion et son altruisme. Après avoir fait une incursion dans le monde des jeux vidéos (Cyberpunk 2077), il s’essaie cette fois à la bande dessinée, épaulé par Matt Kindt, auteur prolifique et talentueux que l’on a déjà pu lire dans Black Badge, Folklords, Ether, ou encore Mind MGMT et Deparment H.

Après une campagne Kickstarter qui a marché du tonnerre, le duo s’est octroyé les services de Ron Garney pour créer cette histoire en douze chapitres, dont l’adaptation sur Netflix n’a pas tardé à être annoncée, avec Keanu Reeves dans le rôle-titre. C’est d’ailleurs l’acteur qui prête ses traits au personnage de la BD, faisant de cet album une sorte de mise en bouche ou de préquelle.

On ne va pas se mentir, BRZRKR, malgré son titre hyper-cool et stylisé, est un récit plutôt stéréotypé. Le personnage mystérieux, violent, invincible et légèrement oublieux de son passé ne peut que nous rappeler certains badass bien connus comme Wolverine, auquel B. emprunte même son pouvoir de régénération. L’immortel lassé de la vie est également un thème récurrent dans ce genre de récit, on pense notamment à The Old Guard, qui met également en scène des guerriers antédiluviens blasés par l’éternité (et une autre BD adaptée sur Netflix!), ou au Higlander qui ne veut plus de cette vie éternelle après avoir vu mourir tous ceux qu’il aimait.

L’intrigue n’en est encore qu’à ses balbutiements, si bien que la direction que va prendre le récit dans son deuxième tome est encore un peu floue à ce stade. Il n’en demeure pas moins que l’action est omniprésente. Les scènes de combat sont ultra-gores, avec têtes réduites en bouillie, machoires arrachées, bras et jambes qui volent dans tous les sens après avoir été séparés de leurs propriétaires. Néanmoins, elles s’avèrent répétitives, puisque malgré les flash-backs dans le passé du personnage, elles se résument toujours à la même chose, à ceci-près que les armes changent en fonction des époques. Le Berzerker n’ayant pas encore rencontré de défi physique à affronter, les combats qui se succèdent peuvent donc se révéler un peu ennuyeux, consistant uniquement en un sosie de notre Keanu adoré qui déchiquette des soldats anonymes en carton-pâte.

On demande donc à en voir davantage dans la suite, avec une attente particulière sur le développement émotionnel du protagoniste et les révélations sur ses origines, sans oublier, bien sûr, des scènes d’action un tantinnet plus originales. On met trois Calvin pour le capital sympathie de Keanu, le dessin de Ron Garney et le mystère autour de la résolution de l’histoire.

**·Comics·East & West·Nouveau !·Service Presse

Suicide Squad: Blaze

Histoire complète en 168 pages, écrite par Simon Spurrier et dessinée par Aaron Campbell, avec Jordie Bellaire aux couleurs. Publication en France chez Urban Comics le 17/02/2023 dans la collection Black Label.

Merci aux éditions Urban pour leur confiance

Les pieds nique-les

Le Suicide Squad est, comme son nom l’indique, un escadron secret dédié aux missions suicide. Composé de divers super-criminels que l’on a contraint ou influencé, le groupe est envoyé sur le terrain pour mener des missions dangereuses, avec un collier électrique et une bombe implantée dans le corps, en guise de moyens de coercition.

Le taux de mortalité étant par nature très élevé, le casting change régulièrement, aucun de ses membres n’ayant la garantie de revenir vivant d’une mission. Ainsi, Peacemaker, Captain Boomerang, Harley Quinn et King Shark sont les seuls membres actifs de l’escadron lorsque survient une nouvelle menace. En effet, un méta-humain extrêmement puissant, du niveau de Superman, enlève puis massacre des innocents, quotidiennement et partout dans le monde. La Ligue de Justice, parangon de la puissance et du Bien, est évidemment dépassée et ne parvient pas à mettre la main sur ce tueur insaisissable.

Amanda Waller, directrice du programme, met donc en branle son équipe de psychopathes pour traquer discrètement cette menace. Pour augmenter ses chances de succès, Waller sort l’artillerie lourde, à savoir une arme secrète expérimentale nommée le Brasier, une sorte de composé qui octroie de formidables pouvoirs au prix d’une espérance de vie plus que limitée. Confrontée au refus de ses hommes de se prêter au jeu de l’expérience, Waller fait appel à d’autres cobayes sacrifiables, des prisonniers lambdas qui attendent dans le couloir de la mort de la prison de Belle Reve ou qui ont pris perpète.

Ainsi, Mike, le protagoniste, Lucille, Boris, Tanya et Xavi sont sélectionnés pour participer au programme et rejoindre le Suicide Squad. La mauvaise nouvelle, c’est qu’il ne leur reste que 3 mois à vivre, et qu’il vont devoir affronter un monstre qui a sans doute déjà terrassé Superman. La cerise sur le gâteau, c’est qu’on ignore de quoi est fait le Brasier exactement, mais on sait qu’il a un lien avec le tueur.

A l’aise, Blaze

L’auteur Simon Spurrier nous a à ce jour régalés avec plusieurs pépites, telles que Coda, Sandman The Dreaming, ou encore Saison de Sang. Le voir s’attaquer au concept de Suicide Squad, dans le sillage du dernier film de James Gunn, avait donc tout du succès garanti. La déception est donc d’autant plus grande que ce n’est pas le cas ici.

Malgré un ton impertinent et une narration amèrement cynique, l’auteur ne parvient pas à nous émouvoir autant que sur ses précédentes productions, la faute sans doute à un casting maladroitement ficelé ou des thématiques trop absconses. Difficile en effet de sympathiser avec l’ensemble des nouveaux venus, dont le sort nous est finalement plutôt indifférent à la lecture, alors que l’argument de vente principal de Suicide Squad est de parvenir à nous attacher à des personnages antipathiques, des anti-héros, qui meurent en masse et souvent de façon abjecte.

Le contrat n’est donc pas rempli ici, puisqu’au fur et à mesure d’une traque emplie de longueurs, de facilités et d’invraisemblances, les personnages meurent sans impact émotionnel particulier. La relation entre les membres du Squad et les nouveaux venus n’est pas non plus source d’amusement ou de développement, alors que l’auteur tenait là une manne scénaristique intéressante.

Côté graphique, Aaron Campbell, qui nous avait montré toute sa maîtrise du genre horrifique avec Infidel, livre des planches avec son style photoréaliste très reconnaissable. Mais la qualité du trait ne fait pas tout, et la colorisation de Jordie Bellaire (vue aussi The Nice House on the Lake) peine à masquer la confusion qui règne dans les scènes d’action, qui sont, en majorité, franchement illisibles.

C’est donc l’accumulation de ces défauts qui fait descendre son Suicide Squad Blaze de son piédestal et c’est bien dommage.

***·Comics·East & West·Nouveau !·Service Presse

Flashpoint Beyond

Histoire complète de DC Comics en 216 pages, écrite par Geoff Johns et dessinée par Xermànico. Parution en France chez Urban Comics le 17/03/2023.

Merci aux éditions Urban pour leur confiance.

Ça flash pour moi

Il y a quelques années, Barry Allen, plus connu sous le nom du héros ultra-rapide Flash, a tenté le tout pour le tout alors qu’il cherchait à sauver sa mère Nora, d’une mort horrible aux mains du NegaFlash. Utilisant ses pouvoirs à leur acmé, Flash a remonté le temps jusqu’à l’instant fatidique pour modifier le cours du temps.

Effet Papillon oblige, l’Histoire entière se réécrit autour de ces changements. Barry s’échoue alors dans un monde qui lui est étranger, dans lequel tout ce qu’il a connu, ses proches, les héros qu’il a cotoyés, les événements historiques, tout a été modifié de façon drastique. Dans cette nouvelle ligne temporelle, Barry n’est jamais devenu Flash, le monde est ravagé par une guerre totale entre le peuple de Wonder Woman, les Amazones, et celui d’Aquaman, les Atlantes, et, cerise cosmique sur le gateau de l’ironie, Superman n’a jamais fait d’apparition publique sur Terre. Barry se rend d’autant plus compte de la portée de son geste lorsqu’il découvre que le Batman de ce nouveau monde n’est pas Bruce Wayne, mais bien son père Thomas, leurs rôle ayant été échangés lors de la nuit fatidique dans Crime Alley. Loin de l’idéal de Justice poursuivi par Batman-Bruce, le Batman de Flashpoint est un justicier violent et cruel, qui n’agit que pour se venger, encore et encore, du crime qu’il a subi.

Néanmoins, Barry parvient à convaincre ce nouveau Batman de l’illégitimité de cette ligne temporelle et de la nécessité de la rectifier. Avec l’aide d’autres héros, et notamment de Batman qui tue Nega-Flash, Flash parvient à récupérer ses pouvoirs et revient une nouvelle fois dans le temps pour corriger son erreur, fusionnant avec son lui plus jeune, et donnant ainsi naissance à un nouvel univers DC, que l’on découvre dans les New 52.

Il est plus tard révélé que l’entité qui est à l’origine de certaines modifications qui ont permis à ces événements de se produire n’est autre que le Docteur Manhattan (oui, celui de Watchmen), corrompu par une entité qui lui encore supérieure, les Grandes Ténèbres. Le Batman de Flashpoint, quant à lui, n’a pas complètement disparu, car on le revoit ensuite dans la Justice League Incarnate, qui lutte justement contre la crise multiverselle provoquée par les Grandes Ténèbres. Désintégré par Darkseid à l’issue de la saga, Thomas Wayne /Batman se réveille néanmoins en vie, de retour dans la ligne temporelle aberrante qu’il avait contribué à effacer. Comment s’est-il retrouvé là ? S’il est bien en vie, alors qu’est-il advenu de la ligne originelle, celle qui abrite le fils pour qui il a tout sacrifié ?

Geoff Johns revient une nouvelle fois sur le devant de la scène DC Comics pour prolonger le récit qui lui avait à l’époque permis de rebooter l’univers, en le liant à la crise qui occupe actuellement les esprits. Flashpoint Beyond débute en mettant de coté le paradoxe moral et philospohique qui était posé dans la série initiale. En effet, dans Flashpoint, on apprenait donc que la ligne temporelle pouvait supporter qu’un antagoniste (Nega-Flash) puisse modifier son cours en tuant une personne innocente (Nora Allen), sans conséquence particulière pour lui ni pour l’univers, tandis qu’elle s’effondre complètement si un héros tente de réparer ce tort. L’univers DC était donc en faveur du Nega-Flash ! Cela dit, cette morale ambigue permet à Barry Allen de comprendre qu’il ne peut pas employer les mêmes méthodes que son ennemi juré et s’attendre à des résultats différents sous couvert de ses bonnes intentions.

C’est sans doute pour cela que le récit est centré autour de Thomas-Batman, et de sa volonté de tout sacrifier à nouveau afin de restaurer l’univers une seconde fois. La thématique du regret et d’une ligne temporelle apocalyptique issue de l’incapacité d’une personne à faire son deuil rappelle directement l’excellente série Dark, ce qui ajoute un niveau de profondeur à l’univers de Flashpoint.

Et c’est là que la morale de fin est également rendue ambigue par l’auteur, car là où Thomas-Batman refusait d’accepter la perte de Bruce et sacrifiait un univers entier pour permettre à son fils de vivre, Bruce-Batman s’accroche également au souvenir d’un père hypothétique (qui est devenu l’antithèse de ce qu’il défend, il est utile de le mentionner) et prend des risques anormalement élevés afin de le préserver à son tour…

Néanmoins, la fin offerte par ce Flashpoint Beyond demeure satisfaisante sur le plan émotionnel, et ouvre des pistes suffisamment inquiétantes pour suscier l’intérêt du lecteur quant à la suite. Il faut admettre que Johns sait ménager ses effets et le rythme de ses révélations tout au long des sept chapitres de la mini-série, permettant une lecture haletante, à l’action bien dosée.

****·BD·Jeunesse·Nouveau !

Les Sauroctones #3

Troisième et dernier volume de la série écrite par Erwann Surcouf. Parution le 27/01/2023 chez Dargaud.

From zeroes to heroes

Voici la fin des aventures de Jan, Zone et Urtsi, chasseurs de monstres dans un monde post-apocalyptique, débutées en 2020 et poursuivies en 2021. Après un cataclysme non spécifié, la civilisation a du se reconstruire comme elle a pu sur les ruines de l’ancien monde. Beaucoup de savoirs et de connaissances se sont perdus dans le processus, mais il faut dire que les survivants ont aussi d’autres préoccupations, comme par exemple les bestioles géantes qui dévorent tous les malheureux qui osent croiser leur chemin.

Comme dans les mythes fondateurs, de valeureux héros se dressent contre ces prédateurs mutants, des guerriers sans peur et sans reproches (et au fort taux de mortalité) que l’on nomme des Sauroctones. Révérés dans toutes les villes où ils passent, ces chasseurs de monstres font l’objet d’un culte, avec des colporteurs qui se chargent de diffuser leurs légendes. Zone, Jan et Urtsi sont trois jeunes aspirants sauroctones, qui décident de faire équipe afin de se faire un nom dans le métier, attirés par la notoriété.

Après une entrée en matière rocambolesque durant laquelle ils ne doivent leur survie qu’à un hasardeux mélange entre chance pure et audace incertaine, les trois adolescents constatent que leur légende prend forme. Baptisée le Trio Fantastico, la troupe, qui gonfle quelque peu ses exploits, parvient tout de même à terrasser le terrifiant Tamarro, tout en gardant à l’oeil leur objectif principal, à savoir rejoindre la mythique Fusée qui les emmènera sur une lointaine et idyllique planète.

Depuis le début de la série, Erwann Surcouf nous embarque dans un univers foisonnant, empli de mutants, de bestioles féroces, de sectes post-apocalyptiques, le tout saupoudré de références à la pop-culture et d’un humour potache mais-qui-n’oublie-pas-d’être-subtil. Il faut avouer que le gros du travail de l’auteur est déjà fait, car il est parvenu à ravir l’intérêt des lecteurs grâce à ses personnages attachants, qui se débattent dans un monde où tout peut arriver.

Le seul regret que l’on peut avoir ici est que ce tome est le dernier de la série, même si l’auteur ne s’interdit rien grâce à sa fin plutôt ouverte. Tout ce qui fait le sel des Sauroctones a déjà été dit dans les deux précédentes chroniques, donc si vous avez apprécié les précédents volumes, foncez lire celui-ci !

***·BD·Nouveau !·Rétro·Service Presse

Ab Irato

La BD!
9782749309941-001-t
BD de Thierry Labrosse
Glénat (2023), 176p., intégrale des trois volumes.

image-5Merci aux éditions Glénat pour cette découverte.

En 2111 Montréal est sous les eaux, victime du réchauffement climatique. Dans cette société inégalitaire où les plus démunis survivent seulement, une caste a accès au vaccin Jouvex qui garantit une restructuration moléculaire permettant de vivre jusqu’à 200 ans… Arrivé de sa province, un jeune homme va se retrouvé plongé dans une révolution aux coulisses plus troubles qu’elles ne le semblent…

Ab Irato - BD, informations, cotesLe québecois Thierry Labrosse est dans le circuit BD depuis les années 2000 où il a été mis pied à l’étrier par l’inévitable Arleston en pleine heure de gloire de Lanfeust, sur la série Morea, dont il a dessiné les cinq premiers tomes. Avec son dessin très technique, ses design SF ambitieux et son amour des jolies filles, le monde de la BD voyait en lui la prochaine star du neuvième art. Sans doute lassé d’un univers arlestonien formaté et finalement assez prude, il a choisi de voler de ses propres ailes en lançant la trilogie Ab Irato (« sous le coup de la colère ») qui part sur de très bonnes bases avant de révéler les faiblesses de Labrosse notamment en matière de dialogue.

Sur le plan graphique rien à redire, vous allez passer de magnifiques moments SF avec de grandes batailles futuristes, assauts de forces spéciales contre résistants, décors post-apo fourmillants et combat de la nemesis qui n’ont rien à envier aux meilleurs manga. Car la série est articulée de manière un peu schizophrène entre deux personnages: le jeune et naïf Riel qui se trouve embarqué malgré lui dans un conflit politico-industriel majeur en cherchant à sauver sa dulcinée, et une mystérieuse jeune femme dotée de capacités martiales et psychokinétiques phénoménales. Les deux Splitter Verlag - Comics und Graphic Novels - Ab Iratointrigues avancent pour se rejoindre vaguement mais semblent juxtaposées tout le long sans que l’on sache trop pourquoi. Cela ne dérange pas tellement la lecture mais c’est assez frustrant car séparément ces deux intrigues sont très réussies.

Doté d’une galerie de personnages conséquente avec son grand méchant dirigeant la multinationale produisant le vaccin et corrupteur du beau monde politique, ses traitres et ses incorruptibles de la police, ses belles âmes dans un monde de brutes, on se plait à suivre cette révolution articulée autour d’une rébellion des bas quartiers pour l’obtention pour tous du précieux sérum. Pour revenir aux difficultés scénaristiques d’un auteur dont ce n’est pas le métier, outre des dialogues un peu faibles, on trouve certaines ellipses qui oublient de nous tisser des explications relationnelles entre certains personnages, ce qui ne luit pas à la compréhension d’une intrigue sommes toutes assez simple, mais Ab Irato Vol. 1 by Thierry Labrosse | Goodreadsperturbe un peu la fluidité du tout. Rien de grave mais une nouvelle illustration que scénariste est un métier et que la plupart des aventures solitaires de très bons dessinateurs oublient l’apport de leurs acolytes.

En digérant de très belles références classiques de la SF (l’être supra-naturel vengeur, la multinationale scientifique,  la guerre-civile dans un Etat aux mains de l’argent,…), Thierry Labrosse nous invite au final à une très sympathique aventure SF qui apporte un léger exotisme en se situant dans une Montréal aux sonorités francophones qui rappelle par moment le travail de Bilal sur l’époque Metal Hurlant. En s’associant à un scénariste (dialoguiste) il aurait pu ambitionner une grande série, qui trouve ses limites dans un manque de liant mais réussit parfaitement dans ses scènes d’action et de tension psychologique. A découvrir. Depuis Ab Irato conclue il y a déjà sept ans, Labrosse s’est lancé dans une série auto-éditée inspirée du strip américain comme la Liberty Meadows de Frank Cho. On a hâte de lire ça!

note-calvin1note-calvin1note-calvin1

****·Comics·East & West·Nouveau !

Avengers #7: L’Ere de Konshou

Recueil des épisodes #31 à 38 de la série écrite par Jason Aaron et dessinée par Ed McGuiness, Javier Garron et Francisco Manna. Parution en France chez Panini Comics le 10/08/22.

Konshoote le premier

Nouveau volume de la saga Avengers par Jason Aaron. Après une mission mouvementée dans l’espace, les plus puissants héros de la Terre sont revenus avec… un bébé. Pas n’importe lequel, puisqu’il s’agit de l’actuel détenteur du Starbrand, un pouvoir incommensurable, manifestation d’un système de défense planétaire, dont l’un des précédents porteurs fut membre du groupe il y a plusieurs années.

Il s’agit donc pour eux de protéger cet enfant, mais aussi de protéger le monde de ce que pourrait faire cet enfant, avec ce pouvoir destructeur. Pour le moment, Iron Man, alias Tony Stark, n’a pas le loisir de s’en soucier puisqu’il est prisonnier de l’Âge de Pierre, un million d’années dans le passé. Seul et livré aux affres d’un monde hostile, il va d’abord faire la rencontre des Avengers Préhistoriques, déjà vus plusieurs fois dans la série.

Ce goupe hétéroclite comprend Odin, le Phoenix, Agamotto, la première Iron Fist, le premier Ghost Rider, le premier Starbrand, ainsi que le premier Black Panther. Leurs premiers exploits ont consisté à vaincre et repousser les Célestes, mais leur véritable ennemi, un être antédiluvien qui manigance à travers le temps et l’espace, ne s’est pas encore révélé. Iron Man va donc découvrir bien malgré lui l’identité de ce redoutable instigateur: Méphisto, plus connu comme le Seigneur des Enfers, ou encore, le Diaaaaaaaaable.

Ce dernier cherche à détruire les Avengers depuis leur formation il y a un million d’années, et cette fois, il pourrait bien arriver à ses fins: ayant tiré les ficelles à sa convenance, il a artificiellement allongé la liste des ennemis de nos héros favoris, des ennemis qui pourraient bien unir leurs forces pour les submerger.

Mais c’est sans compter Khonshou et son célèbre avatar, Moon Knight. Ce duo ambigu livre une justice expéditive depuis bien des années maintenant, avec plus ou moins de succés, et se lance cette fois encore dans un plan sans concession pour sauver le monde des griffes de Méphistophélès. Sans prévenir, le dieu égyptien de la Vengeance et de la Lune envoie son avatar récupérer de force les pouvoirs des précédents Avengers, aujourd’hui détenus par Danny Rand aka Iron Fist, le Sorcier Supreme Dr Strange, Robbie Reyes aka Ghost Rider, T’challa aka Black Panther, sans oublier Mjolnir, le Starbrand et le Phoenix.

Ainsi équipé, Moon Knight pourra instaurer l’Ere de Khonshou, afin que le dieu colérique puisse vaincre Méphisto et ainsi éviter la fin du monde. Mais est-ce vraiment une bonne idée d’affaiblir les plus puissants héros de la Terre au moment où ils sont le plus fragiles ?

Jason Aaron poursuit son grand-oeuvre sur les Avengers, et commence enfin à recouper toutes les lignes narratives qu’il a débutées dans les précédents volumes. Grâce à celà, le lien entre les Avengers Préhistoriques et les Avengers modernes apparaît enfin plus distinctement, et l’impact des deux époques l’une sur l’autre se profile également. La continuité de la série commence à se faire sentir, puisqu’il est maintenant nécessaire d’avoir lu la majorité des volumes précédents pour s’y retrouver ici: quand bien même le lecteur connaîtrait les bases du personnage de Moon Knight, ce ne sera pas suffisant ici pour comprendre tous les tenants et les aboutissants de l’intrigue, qui commence à se densifier.

Néanmoins, l’action reste omniprésente comme dans les précédents tomes, l’auteur continuant d’exploiter des concepts inédits comme le vol et le cumul de pouvoirs ancestraux par Moon Knight, ou leur utilisation plus tard par d’autres héros. L’auteur parvient aussi à créer une certaine attente, puisqu’on se doute que Méphisto ne va pas en rester là et que le pire reste à venir. Côté suspense, on ne frissonne pas vraiment pour l’ensemble des héros, puisque, si le danger reste global, rien ne laisse craindre à ce stade qu’un ou plusieurs héros soient sacrifiés.

S’agissant de l’écriture de Aaron en elle-même, elle demeure donc ambitieuse et réfléchie, mais elle a aussi tendance à utiliser la continuité rétroactive, redoutée par les fans, et par conséquent, marche donc sur les plates bandes d’autres auteurs. Exemple frappant: alors que beaucoup d’auteurs se sont échinés au fil des différentes séries Moon Knight à instiller le doute quant à l’existence réelle de Khonshou, Aaron met les pieds dans le plat en nous donnant une réponse sans ambiguité. Cela ne gâche pas le plaisir de lecture ni la cohérence de l’ensemble, mais montre bien que l’écriture chez Marvel peut être une affaire délicate, au vu de la pléthore de personnages et d’auteurs ayant travaillé dessus.

Ce septième volume des Avengers fait monter les enchères et laisse de profiler de nouveaux éléments cosmiques de grande ampleur, à lire si vous avez apprécié le reste de la série.

***·Comics·East & West·Nouveau !

Les Éternels #2: Gloire à Thanos

Deuxième volume de la série écrite par Kieron Gillen et dessinée par Esad Ribic, avec Guiu Vilanova en renfort. Parution chez Panini Comics le 14/09/2022.

Votez Thanos !

Suite et fin du diptyque de Gillen sur les Éternels. Après la résurgence de la dernière armée des Célestes, les Éternels ont appris que leur dogme était une mascarade. Leur rôle grandiose de protection de la Vie sur Terre n’était qu’un mensonge concocté à la fois par les dieux géants de l’espace et par leurs patriarches. A la suite de cette révélation, l’ensemble des Éternels perdait la raison avant de se donner la mort en masse.

Cependant, le suicide est un geste bien futile pour un être qui n’est pas fait pour mourir. En effet, il s’avère que tous les Éternels sont liés à la Machine, un système de défense personnifiant la planète Terre, qui les ressuscite automatiquement dès que leur corps est détruit, en téléchargeant une sauvegarde de leur esprit (un procédé qui rappelle celui des mutants de Krakoa). Tous les Éternels se sont donc réveillés comme un lendemain de cuite, certains gérant la nouvelle mieux que d’autres.

Toutefois, nos héros immortels n’ont pas eu le temps de s’appesantir sur leurs tourments philosophiques: des défaillances de la Machine et un mystérieux tueur d’Éternels ont quelque peu mis à mal les fondements de leur société, forçant Ikaris et Sprite à mener l’enquête. Le danger qu’ils ont découvert n’est pas des moindre, puisque le seul être capable de tuer des homo immortalis n’est autre que le terrifiant Thanos.

Thanos est un être hybride, un Éternel de Titan engendré naturellement par ses parents et pas directement par les Célestes, qui possède un gène Déviant, ennemis naturels des Éternels, ce qui le rend extrêmement dangereux. Thanos a pour but, après sa ruine dans les Gardiens de la Galaxie, de se rattacher à la Machine afin de pouvoir ressusciter dans un corps neuf, et ce, à l’envi bien évidemment, comme si être un monstre génocidaire invincible ne suffisait pas.

Mais affronter Thanos n’est pas le plus grand défi auquel ils aient à faire face. A la fin du premier volume, les Éternels apprennent une autre vérité dévastatrice: chacune de leur résurrection a un prix, celui d’une vie humaine. Ceux qu’ils ont tenté de protéger durant un million d’années ont donc fait directement les frais de leur inconséquence, eux qui se battaient sans se soucier de leur vie puisqu’ils avaient la garantie de revenir grâce à la Machine.

Bien sûr, Thanos n’aura pas ce genre de considération, et il est même prêt à détruire la Terre pour obtenir son nouveau corps.

Kieron Gillen poursuit son soft reboot de la franchise des Éternels, préparant ainsi l’évènement AXE, pas encore paru en France. L’auteur a repris des éléments issus des précédentes séries (notamment celle de Neil Gaiman et celle des Frères Knauf) en y implémentant ses propres concepts, ce qui donne une histoire intéressante, moins grandiloquente que ce que Kirby imaginait initialement mais plus en phase avec l’univers Marvel actuel. L’auteur n’a pas hésité à remettre en question les fondamentaux de ses personnages, créant ainsi une dynamique novatrice. En revanche, sa série se termine sur un cliffhanger mais sans réelle réponse apportée au problème posé par les résurrections.

On constate par ailleurs que l’auteur répond à un cahier des charges éditorial, certains des personnages continuant de subir des changements qui les alignent avec leurs homologues cinématographiques. Ce n’est pas gênant en soi, mais prouve bien que Marvel a toujours en tête de récupérer des lecteurs grâce à ses films, sans nécessairement se soucier de la continuité chère aux lecteurs de longue date.

Néanmoins, pas de quoi bouder son plaisir, ne serait-ce qu’en vertu de la présence d’Esad Ribic, qui continue de proposer des planches magnifiques avec son style pictural bien connu. L’intérim assuré par Guiu Vilanova fait un peu l’effet d’une douche froide pour les fans de Ribic, mais ne gâche pas l’album pour autant.

****·Comics·East & West·Nouveau !

Thor (2020) #1: le Roi Dévoreur

Intégrale comprenant les quatorze premiers épisodes de la série Thor (2020) écrite par Donny Cates et dessinée par Nic Klein. Parution en France chez Panini Comics le 24/08/2022.

Lourde est la main qui brandit le marteau

Après avoir combattu le Massacreur de dieux, puis cédé son marteau par indignité, et enfin, combattu l’armée de Malékith pour sauver les Dix Royaumes, Thor revient sur le devant de la scène et hérite du Trône de son père Odin. Toutefois, pour lui qui n’a jamais aspiré à régner, il se pourrait que la couronne soit trop lourde.

Que faire lorsqu’on passe après le monarque le plus controversé de l’histoire du royaume ? Comment être à la hauteur de la tâche sans se compromettre et en restant soi-même ? Voilà le défi auquel le Roi du Tonnerre devra faire face, mais ce ne sera pas le seul. Des tréfonds du cosmos débarque Galactus, le dévoreur de planètes, ce qui est souvent mauvais présage pour qui que ce soit.

Galactus et les asgardiens s’étaient déjà affrontés, la dernière fois en 2011 lorsque le géant cosmique et son héraut le Surfeur d’Argent convoitaient les énergies d’une graine d’Yggdrasil, l’Arbre-Monde. Mais cette fois, les apparences sont trompeuses, Galactus ne vient pas se repaître, mais demander de l’aide au Roi d’Asgard. En effet, Galactus, qui est le dernier survivant d’un univers qui existait avant le Big Bang, est porteur d’une inquiétante nouvelle: l’Hiver Noir, une entité cosmique dévoreuse d’univers, a fait son apparition et flanqué une déculottée au Dévoreur. Thor et Galactus vont devoir faire cause commune pour sauver l’Univers. Qui l’eut-cru ?

Pour permettre à Galactus de revenir dans le game, Thor va devenir, bien malgré lui, le nouveau héraut de Galactus, et le guider vers cinq planètes spécifiques dont les énergies consommées accroitront de façon exponentielle son pouvoir. C’est donc les dents serrées que le Roi et le Dévoreur vont collaborer pour sauver l’univers, et il appartiendra à Thor de rapidement tracer une ligne dans le sable pour faire comprendre à son allié impromptu les conditions de leur alliance.

A côté de ça, Thor doit aussi faire face aux écrasantes responsabilités qui incombent au Roi, et à son marteau Mjolnir, nouvellement reforgé (durant War of the Realms), qui est de plus en plus lourd. Le fait d’être roi le rendra-t-il de nouveau indigne ? Et si, à l’inverse, tout le monde devenait digne à l’exception de Thor ? La suite se concentrera sur le retour de Donald Blake, le célèbre alter-égo du dieu du tonnerre, qui est, comment dire, quelque peu contrarié de découvrir qu’il n’est qu’un alter-égo et pas une personne authentique.

Après sept années passées sous l’égide scénaristique de Jason Aaron, voici que Thor passe sous le contrôle de Donny Cates, que l’on a pu lire dans Venom, Absolute Carnage, King in Black, ou, en indépendant, dans The Paybacks et The Crossover. L’auteur reprend ici des éléments de ses précédents runs, comme Silver Surfer: Black, pour faire émerger encore une fois un antagoniste cosmique, sombre et tout puissant (hello Knull !).

Malgré la redondance qui pourrait émerger de ces auto-références, le run de Cates sur Thor n’en démarre pas moins de façon efficace, grâce au nouveau paradigme laissé par Aaron à la fin de WOTR. Il est intéressant en effet de voir le dieu du tonnerre enfin confronté à ce qu’il redoutait malgré lui, la couronne d’Asgard. De plus, le lien de ce personnage avec son marteau a souvent été une métaphore de son état mental, voir l’arme enchantée s’alourdir en même temps que ses responsabilités est donc tout à fait logique sur le plan thématique.

Les fans de Thor vont être servis côté action, puisque le héros, déjà badass en temps normal, a pris du level puisqu’il va cumuler dans cet album la Force d’Odin et le Pouvoir Cosmique (ce qui va de pair avec un petit relooking), pour un résultat assez extrême. Sur la seconde partie, l’auteur continue d’exploiter des concepts intéressants issus de la continuité du héros: son lien étroit avec son alter-égo, considéré différemment selon les auteurs.

En effet, Donald Blake a tantôt été un homme ordinaire dépositaire des pouvoirs de Thor (dans la série de Lee et Kirby), avant de devenir une simple création d’Odin, un Thor rendu amnésique. Selon les auteurs, ensuite, Blake avait ou pas sa propre personnalité, ses propres souvenirs, etc.. La version de Cates souffre d’un destin tragique puisqu’il découvre sa vraie nature après que Thor ait renoncé à lui, et qu’il s’aperçoit de la vacuité de son existence après avoir détruit le monde factice qui le retenait prisonnier. Comme si l’allégorie de la caverne de Platon partait en sucette.

Ce volume de Thor garde donc la veine épique chère au personnage, tout en allant puiser dans ses éléments constitutifs pour les extrapoler et créer quelque chose d’innovant. Les fans de la frange cosmique de Marvel apprécieront !

***·Comics·East & West·Nouveau !

Avengers #6: A la recherche de Starbrand

Sixième tome de la série écrite par Jason Aaron et dessinée par Ed McGuiness. 112 pages, sortie chez Panini Comics le 09/03/22.

A Star is born

Après avoir affronté les Célestes, puis le Prince des Mers, puis une armée de vampires, puis des géants des glaces, et plus récemment des Motards Fantômes en enfer, les plus puissants héros de la Terre doivent maintenant se rendre aux confins de l’espace, à la recherche d’un indice qui devrait les mener vers la résurgence d’un ancien allié, l’éponyme Starbrand.

Mais avant de se lancer, il convient peut-être de faire un petit détour par la case « résumé ». Et oui, on ne plonge pas dans la piscine avant d’être passé par la pataugeoire !

Le Starbrand que l’on connaît est apparu dans le N°5 du volume 7 de la série Avengers par Jonathan Hickman. Reprenant un vieux personnage issu du New Universe (un obscur label produit par Mavel Comics dans les années 80), le scénariste, amoureux des paradigmes cosmiques et des systèmes, en fait le dépositaire d’une puissance cosmique phénoménale, issue de la planète elle-même, à l’instar de l’Uni-Pouvoir, mais à échelle planétaire plutôt qu’universelle.

Dès lors qu’un événement menace l’intégrité du corps céleste, ce dernier réagit en infusant son pouvoir dans un être choisi aléatoirement. Cette fois-là, la Terre subissait les attaques d’une race extraterrestre nommée les Bâtisseurs, dont l’un des serviteurs, Ex-Nihilo, tentait de rendre la Terre vivante, littéralement. En réaction, le Starbrand naquit de nouveau, s’incarnant dans la personne de Kévin Connor, un adolescent timide, qui va malheureusement raser entièrement son lycée au moment où le Starbrand le choisit.

Comprenant qu’un tel pouvoir, ne pouvant être confronté directement, doit être maîtrisé, les Avengers décident de prendre Kévin sous leur aile afin de lui permettre de comprendre et d’utiliser son pouvoir à bon escient. Le reste de la série d’Hickman plonge les Avengers dans une guerre sans merci contre les Bâtisseurs, puis à une escarmouche contre Thanos, avant que la crise n’atteigne son point d’orgue avec Secret Wars et ses Incursions destructrices.

Finalement, Starbrand sera tué par le nouveau Ghost Rider, Robbie Reyes, au cours d’une escarmouche tournant autour de la découverte du Celeste déchu que l’on revoit finalement dans le premier volume de la présente série. Depuis lors, plus aucune manifestation du Starbrand n’a fait jour, alors que les menaces se sont succédées. Qu’est-il advenu de ce pouvoir ?

Jason Aaron, lorsqu’il reprend la suite des Avengers, nous introduit les Avengers Préhistoriques, un groupe fondé par Odin, alors jeune roi d’Asgard, Agamotto, premier sorcier suprême, la première Iron Fist, le premier Ghost Rider, et Starbrand, qui tient alors davantage de l’homme des cavernes que du super-héros. Cette incarnation était encore nimbée de mystère, jusqu’à ce qu’Aaron se décide à raconter ses origines, dans ce volume.

L’album débute donc par un flashback qui nous raconte comment ce Starbrand-là vit le jour, avant que l’on entre dans le feu de l’action. Les héros du présent, menés par Captain America, répondent à un appel de détresse dans la galaxie occupée par les Shiar’s (extraterrestres plus familiers des X-men), et vont devoir affronter les hérauts de Galactus, pour sauver une jeune humaine détentrice du Starbrand.

Ce tome ne déçoit pas grâce à l’action et au rythme soutenu imposé par Aaron. Comme à l’accoutumée, l’auteur déniche des concepts intéressants tirés de ses situations, comme par exemple Ghost Rider chevauchant la planche du Surfeur d’Argent, ou encore Thor infecté par un Brood. Il recycle même d’autres concepts, comme la Iron Widow, tout droit issue de la série Ultimates par Mark Millar, ou Captain Marvel en mode Binaire.

Cependant, l’auteur n’a pas encore jugé bon de s’attarder sur l’origine réelle du Starbrand, ni sa fonction véritable dans le grand ordre cosmique: les hérauts de Galactus semblent le redouter, on apprend aussi que le pouvoir n’est pas intrinsèque à la Terre mais est venu d’un astéroïde, mais on n’en saura pas davantage pour le moment.

Le volume se conclut sur une note ouverte, avec un nouveau (petit) personnage dont on a hâte de découvrir le potentiel.