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Lore Olympus #3

Troisième volume issu de la retranscription sous format papier du webtoon créé par Rachel Smythe. Parution en France chez Hugo BD le 03/11/2022.

Merci aux éditions Hugo BD pour leur confiance.

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Si vous lisez Lore Olympus, alors vous connaissez la vérité: Non, Perséphone n’a pas été enlevée par Hadès aux Enfers ! Il s’agissait en fait d’une méprise, issue des machinations perfides d’Aphrodite. La jeune déesse débutante est tombée amoureuse du dieu des Enfers, et ce dernier, homme d’affaire introverti plutôt que cruel tyran, aimerait bien réciproquer cet amour mais se trouve coincé par les convenances olympiennes, et par sa relation toxique avec une autre nymphe.

Voilà le pitch de Lore Olympus, phénomène de la plateforme webtoon désormais édité en format papier. Après deux tomes passés à jouer au chat et à la souris, Hadès et Perséphone ont enfin l’opportunité de se retrouver, mais bien évidemment, un tel amour se doit, pour exister et trouver grâce aux yeux des lecteurs, de surmonter de grands obstacles.

Le premier d’entre eux, et pas des moindres, est la différence d’âge entre le roi des Enfers et la jeune déesse du Printemps. Bien qu’immortelle, Perséphone n’est encore âgée que de 19 ans, ce qui rendrait une liaison avec Hadès, qui a soufflé ses 2000 bougies, moralement répréhensible (vous connaissez l’équation « divisé par deux + 7 » ?). En second lieu, la disponibilité d’Hadès, qui subit depuis pas mal de temps une liaison peu épanouissante, voire carrément toxique, avec la nymphe Menthé, qui se sert de lui comme d’une éponge émotionnelle. Vampirisé par Menthé, Hadès nourrit donc des doutes, et a fait le choix, dans le volume 2, de garder ses distances avec Perséphone, ce qui a permis à la nymphe toxique d’officialiser sa liaison.

Heureusement, Perspéhone a obtenu un stage chez Enfers et Cie, ce qui lui permet de rester dans l’entourage d’Hadès. Menthé, évidemment, ne voit pas cette incursion d’un bon œil, et va faire tout ce qui est en son pouvoir pour garder la mainmise sur le roi des Enfers. Perséphone et Hadès doivent aussi gérer les répercussions des révélations faites par la presse à scandales olympienne, qui a publié des clichés des deux comparses.

De son côté, Perséphone est pressée, voire étouffée, par les exigences de sa mère Déméter, qui tente de garder le contrôle sur elle par peur de ce qui pourrait lui arriver. Ce que Déméter ignore, c’est que le pire est déjà arrivé, car Apollon, s’est déjà sexuellement imposé à Perséphone, qui ne sait que faire de ce secret qu’elle trouve honteux.

Comme nous l’avions vu précédemment, Lore Olympus entraine ses lecteurs dans un marathon visant à déployer sa romance entre Perséphone et Hadès, mais un lecteur/lectrice qui serait né(e) avant 2000 pourrait commencer à trouver cela lassant, au bout des 600+ pages que compte à ce jour la version papier.

Comme évoqué plus haut, l’histoire d’amour contrarié entre les deutéragonistes se doit d’affronter des complications pour trouver valeur à nos yeux, mais on ne peut pas se départir tout à fait de la sensation de patinage de l’intrigue. On ne fait pas du sur-place non plus, puisque ce volume 3 comprend quelques révélations et avancées significatives, dont on attend les répercussions dans le quatrième volume.

S’agissant des archétypes que l’on évoquait dans la chronique du premier volume, on les retrouve là-encore, avec une jeune femme idéalisée, confrontée à l’aliénation d’une société qui ne souhaite que la contrôler, et dont le but sera de prendre en main son destin et conquérir le bellâtre. Côté masculin, on note également la présence des archétypes, avec l’homme de pouvoir (donc attrayant), beau et mystérieux, introverti et tourmenté, et qui va, grâce à l’intervention de la Fille dans sa vie, réaliser qu’il doit se débarrasser de ses entraves et vivre sa vie pleinement.

Là où LO frappe fort sur ce tome 3, c’es sur son traitement de la thématique du viol et du rapport masculin à la notion de consentement. Il ne semble pas anodin que ce soit Apollon, dans cette version, qui prenne de force la virginité de Perséphone: un homme superficiel, fourbe, égocentré, qui ne prend en compte que la satisfaction immédiate de ses désirs, et qui n’est pas accoutumé à la négative lorsqu’il en formule un. De façon assez ironique, mais finalement assez logique, c’est Eros, un autre homme, dont on comprend que son caractère a été façonné par sa mère Aphrodite, plus ouvert et en phase avec ses émotions, plus détâché du cliché de la virilité et de la toxicité qu’elle peut contenir, qui la comprend et la console.

Conclusion: Malgré quelques longueurs dues au format, Lore Olympus continue d’explorer des problématiques de société, sous un enrobage pop et mythologique.

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Lore Olympus #2

Deuxième volume de 375 pages, issu du webtoon de Rachel Smythe. Parution en France chez Hugo BD le 07/07/2022.

Merci aux éditions Hugo BD pour leur confiance.

Amour, Gloire & Persé

Lore Olympus, c’est le webcomic phénomène de Rachel Smythe, dans lequel elle modernise le mythe de l’enlèvement de Perséphone. L’adaptation est plutôt libre, car on se rend vite compte que l’autrice s’éloigne franchement du mythe classique pour emprunter sa propre voie.

Initialement, Perséphone est enlevée par Hadès, au grand dam de sa mère Déméter, qui, pour contraindre Zeus à prendre parti contre son frère, provoque famine et calamités, jusqu’à ce qu’un accord soit trouvé entre Zeus, Déméter et Hadès: Déméter pourra retrouver sa fille six mois par an, qui correspondent au printemps et à l’été, avant de retourner auprès de son époux, provoquant ainsi l’automne puis l’hiver.

On peut donc dire que le mythe initial évoque la séparation, la puissance de l’amour maternel, mais également l’aliénation qui frappe les jeunes femmes, qui une fois devenues nubiles, perdent la maîtrise de leur destin. Dans Lore Olympus, en revanche, le focus est mis sur l’histoire d’amour naissante entre Perséphone et Hadès (selon des archétypes que nous avons étudié dans l’article consacré au précédent volume). Le roi des Enfers y est dépeint comme un pdg introverti, aisément manipulable mais bien intentionné, qui a du mal à se remettre d’une relation toxique, tandis que Perséphone est une jeune adulte écrasée par le poids de l’amour maternel et luttant pour se soustraire à la convoitise des autres dieux olympiens.

Notons également que l’autrice a du s’éloigner sensiblement des mythes originaux, afin d’éviter de dépeindre des relations incestueuses (Perséphone étant le fille de Zeus dans le mythe, cela fait d’elle la nièce d’Hades, pas étonnant que ce point ait été écarté, n’en déplaise aux amateurs).

On retrouve donc des thématiques actuelles dans un enrobage mythologique, calibré pour un public jeune. Harcèlement moral, sexuel, slut-shaming, le package y est, le tout bien exacerbé par l’angoisse existentielle propre aux millenials.

L’exemple le plus frappant est la romance destructrice entre Hades et Menthé, où l’on s’aperçoit que Menthé, qui se montre pourtant odieuse, manipulatrice et maltraitante avec Hades, est en fin de compte tout aussi dépendante émotionnellement, et criblée d’insécurités.

Sur un plan plus large, on appréciera l’élargissement du casting avec l’ajout de quelques personnages secondaires sympathiques, qui viennent quelque peu rééquilibrer la balance. Je pense notamment à Hécate, confidente fiable et collaboratrice d’Hadès, qui vient contrebalancer les fourberies d’Aphrodite et les frasques méprisables d’Appolon.

La série s’installe donc sur la longueur pour devenir un soap, qui compte à ce jour pas moins de 231 épisodes, ce qui promet encore quelques gros pavés de romance mythologique à la sauce millenial.

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Perpendiculaire au soleil

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BD de Valentine Cuny-Le callet

Delcourt (2022), 436p, one-shot.

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Jeune étudiante en arts, Valentine Cuny-Le Callet entame en 2019 une correspondance avec le condamné à mort américain Renaldo MacGirth qui purge sa peine en Floride. De cet échange nait un livre impressionnant, hybride entre l’ouvrage d’art et BD documentaire un magnifique et dur manifestes contre le système carcéral.

badge numeriquePour son premier album l’artiste Valentine Cuny-Le Callet a déjà touché le monde de la BD, raflant comme peu une salve de prix (voir-en pied d’article). Pourtant la forme de son projet en collaboration étroite avec Renaldo MacGirth est loin d’être grand public, comme sa forme absolument hybride. Car si le sujet est bien un journal de sa relations épistolaire avec ce détenu condamné à mort (pour une énième affaire mal jugée impliquant des noirs américains), l’ouvrage est également une expérimentation artistique totale croisant les techniques, les expressions à quatre mains, d’une richesse comme seule la sève des artistes démarrant leur carrière peut le proposer.

Perpendiculaire au soleil de Valentine Cuny-Le Callet: des petits avions de  papier créatifs pour rendre espoir et humanité dans les couloirs de la mort  – Branchés CultureL’émotion dans Perpendiculaire au soleil vient bien sur de ce contexte, qui rassemble les dernières manifestations du racisme d’Etat en Floride, bastion réactionnaire des Etats-Unis, injustice d’une procédure manifestement expéditive et de conditions de détentions rappelant que l’absurde administratif n’est jamais loin… et cette peine de mort qui nous ramène aux fondements de l’humanisme. De la peine de mort il est pourtant peu question dans ce récit. Non que l’idée ne pèse sur le vécu terrible de Renaldo MacGirth mais sans doute parce que le quotidien de la survie psychologique et du combat pour commuer sa peine absorbent toutes les énergies. L’autrice aborde le sujet brièvement lorsqu’elle se documente sur la question. La réalité d’un système aberrant éclate également, appliquant la logique d’économie de moyens à ces assassinats légaux en créant ses propres limites par la multiplication des exécutions « ratées ». Pourtant le sens de ce projet n’est pas celui d’un pamphlet abolitionniste mais bien une exploration d’une relation humaine dans un contexte dramatique.

Perpendiculaire au soleil de Valentine Cuny-Le Callet: des petits avions de  papier créatifs pour rendre espoir et humanité dans les couloirs de la mort  – Branchés CultureValentine découvre l’action de l’ACAT (qui soutient les prisonniers via des échanges de courriers) à l’occasion de la résurgence du thème de la peine de mort après les attentats de Charlie Hebdo. L’autrice s’engage alors résolument dans cet échange, sans savoir où elle va mais convaincue que c’est là son devoir d’être humain. Ce sera Renaldo qui lui expliquera sa version des évènements l’ayant conduit au couloir de la mort. Les recherches de Valentine lui permettront seulement d’illustrer le cœur du problème, à savoir la multitude d’errements dans les enquêtes policières, dans la procédure judiciaire, augmentant d’autant le risque d’exécutions d’innocents. Avec un ton d’une sérenité de sage, elle cherche à connaitre Renaldo comme un ami, ce qui la poussera à passer une année d’étude outre-atlantique et lui permettra de rencontrer son correspondant.

Perpendiculaire au soleil, une amitié long-courrier entre un condamné à  mort et une illustratriceTout a été dit sur la dureté des conditions de détention (peut-être plus humaines que nos prisons françaises…) mais via le graphisme et la sincérité des textes, toujours pudiques, Valentine Cuny-Le Callet ajoute une part de non-dit, cette expression directe de ce qui est indicible par le prisonnier enfermé dans cinq mètres-carrés sans lumière extérieure. La pudeur et la franchise, indispensables pour le prisonnier pour pouvoir échanger et trouver cette relation humaine qui manque terriblement entre les quatre murs, transpirent dans ces textes à la fois poétiques et mélancoliques. Ils forment à la fois un journal intime, les pensées de l’autrice, celles du prisonnier avec qui a été réalisé ce projet malgré les grandes difficultés d’échanger autre chose que du simple texte. La difficulté rend créatif et l’on assiste à un arsenal de bricolages pour garder la faisabilité du projet à travers la censure importante des courriers arrivant à l’administration pénitentiaire.

Ce livre est assez unique dans sa forme et sans doute dans la carrière à venir de l’autrice, comme une singularité d’humanité et d’expressivité qui transpire une maturité impressionnante et un travail hors norme de la part de Valentine Cuny-Le Callet. Un état de grâce.

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A Fake story

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BD de Jean-Denis Pendanx et Laurent Galandon
Futuropolis (2021), 87p., one-shot.

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badge numeriqueEn 1938 le jeune dramaturge Orson Welles sème la panique dans la bourgade de Grover Mills en déclamant une adaptation radiophonique ultra-réaliste de La guerre des Mondes. Dans la panique, en ce fin fonds de l’Amérique une famille sera tuée… La chaine de radio CBS envoie en urgence son meilleur limier pour déminer le terrain avant que le boomerang médiatique n’accuse la pièce de ce drame. Mais le récit officiel et les apparence sont toujours trompeurs, surtout lorsque racisme et rancœurs s’en mêlent…

A fake story de Jean-Denis Pendanx, Laurent Galandon - BDfugue.comL’histoire (vraie) est connue. L’histoire de Pendanx et Galandon, elle, est fausse. Comme son personnage auteur d’un roman (fictif) dont est adaptée la (vraie) BD… Dès sa page de titre cet album nous plonge donc dans une Abyme intriquant le vrai et le faux, la manipulation et la narration toujours orientée des récits subjectifs des témoins de cette passionnante enquête.

Manœuvrant leur album sur une ouverture de cinéma avec la voix-off d’Orson Welles déclamant son invasion martienne sur les images des évènements de Grover Mills, les auteurs placent le lecteur dans la position du témoin manipulé. On se doute dès l’introduction que ce qu’on nous a montré n’est qu’une version des faits et que Galandon et Pendanx vont lentement démêler la pelote.

Le dispositif est classique mais subtilement mené: un ancien journaliste-star new-yorkais désabusé quand au pouvoir positif de la presse va se plonger dans une Amérique profonds qu’il connaît trop, chaperonné par un sheriff pourri qui cache à peine son racisme endémique et croisant le fer avec une jeune « fille de » arriviste à la recherche du scoop à tout prix. Le flair du vieux loup ne s’en laissera bien sur pas compter des mille mensonges qui lui seront glissés.

A fake story, quand le canular d'Orson Welles devient fait divers sanglant  – Cases d'histoireSous couvert d’une passionnante enquête policière c’est bien entendu le rôle des médias, la réalité alternative et la facilité de manipuler le réel qui sont pointé du doigt par les auteurs qui nagent comme des poissons dans l’eau de leur trame. Et la première réussite de l’album est de ne pas se perdre dans un enchevêtrement de fils narratifs  et chronologiques. La seconde repose sur de superbes planches qui ne surprennent guère au vu de la fort élégante biblio de Jean-Denis Pendanx (ainsi que sur une couverture fort alléchante). La cerise sur le gâteau c’est, outre une galerie de personnages tous intéressants, le plaisir intellectuel de tous les sous-textes, qui sur la crédulité des bouseux, qui sur l’ambition sans limite, qui sur un sentiment de justice qui semble si inatteignable dans ces Etats-Unis des années trente.

A fake story est ainsi un superbe album comme Futuropolis en produit tant, un vrai polar qui sait se sortir du genre pour donner un propos multiple et intelligible et qui confirme tout le bien qui en a été dit à sa sortie.

Note: l’album ayant été lu en numérique la note frôle les 5 Calvin du fait d’une qualité d’image qui ne permet pas de juger en réel.

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****·East & West·Manga·Nouveau !·Numérique

Ex-arm #14

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Manga de Shinya Komi et HiRock
Delcourt (2022), 232 p., série terminée.

Alors que la menace de Beta semblait éliminée définitivement, les armes lancées par les armées japonaises et américaines pour confiner le danger se retrouvent piratées. Les alliés d’Akira sont épuisés par tous ces affrontements et la capacité même du certeau de l’adolescent a atteint ses limites, alors que se profile rien de moins qu’un apocalypse nucléaire mondial…

badge numeriqueQuel final mes aïeux, et quelle montée en puissance pour cette série! Rembobinons un peu: En 2015 l’ancien assistant du grand Masakazu Katsura (qui partage avec l’auteur de DNA2 et Zetman) publiait un one-shot que l’éditeur Delcourt/Tonkam teasait avec le titre de la nouvelle de Philippe K.Dick à l’origine du film Blade Runner. Devant le succès le Ex-Arm 14 (par Shinya Komi et HiRock) Tome 14 de la série Ex-Armone-shot devenait l’année suivante une série qui s’achève donc au bout de quatorze volumes… pour ce premier arc, un nouveau (baptisé Ex-Arm EXA) venant de débuter avec la même équipe au Japon et devrait suivre très vite en France au vu de la réactivité de Delcourt sur cette série depuis le début. Tant mieux pour nous! Entre temps des romans et un Anime sont sortis, suivant le circuit classique des manga à succès.

Pourtant on peut dire que la mangasphère comme l’éditeur n’ont étonnamment jamais été en ébullition autour de cette série qui comporte certes des défauts mais que la qualité technique incroyable et les références rendent hautement sympathique. D’autant plus surprenant qu’avec cet habillage techno-robotique, militaire et sexy la série a tout pour plaire à un très large public.

CaptureSur un format idéal de moins de vingt tomes, la série aura su monter en puissance, débutant sur des sortes d’enquêtes solo à la Ghost in the shell pour installer progressivement son intrigue au long court ajoutant à chaque étape couche sur couche pour faire d’une gentille récréation une forme de tentative syncrétique d’hommage à toutes les meilleures références manga et SF des trente dernières années. Si Otomo et Shirow restent tout le long les grands mentors d’Ex-Arm, ce dernier volume tout orienté vers un chaos terroriste déclenché par des IA lorgne vers la radicalité folle d’Ajin et son inéluctable supériorité des méchants…

Ce qu’on aura pu reprocher à cette série c’est son inconstance, avec l’impression d’une construction progressive qui densifie et complexifie les thèmes de l’intrigue brique par brique. Ainsi sur les questions d’IA nous avons vu apparaître de l’espionnage, des manipulations financières et autres conflits géopolitiques, les questions familiales et les équilibres criminels de la pègre asiatique. Rarement les combats SF auront été si léchés dans un manga, ce qui me fait dire que techniquement  Ex-Arm apparaît aujourd’hui comme une des références en la matière, ayant su s’inspirer de Shirow pour le sublimer.Ex-Arm T. 14 - Par HiRock & Shin-ya Komi - Delcourt/Tonkam - ActuaBD

Il faudrait se replonger en détail sur l’ensemble des volumes pour tirer toutes les qualités de cet imparfait chef d’œuvre(?)… mais le mieux est de rattraper votre retard en enchaînant cette luxueuse enquête de l’unité anti ex-arm avant l’arrivée de la suite!

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***·BD·La trouvaille du vendredi·Numérique·Rétro

Odyssée sous contrôle

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BD de Dobbs et Stephane Perger
Ankama (2016), 54p., one-shot, collection « Les univers de Stefan Wul »

Avant de débarquer sur la planète Emeraude, l’agent Michel Maistre fait la rencontre de la belle Inès Darle, dont il va tomber éperdument amoureux. Malheureusement ils vont se retrouver tous deux impliqués dans un complot extra-terrestre. Lancé à la recherche de la belle kidnappée, l’agent va vite se retrouvé confronté à une réalité parallèle qui va remettre en question jusqu’à son être même…

badge numeriqueJ’ai découvert l’immense qualité graphique de Stephane Perger sur la série Luminary qui vient de s’achever et souhaitais découvrir ses précédentes productions. La très inégale collection Les univers de Stefan Wul n’a pas donné que des chefs d’œuvre (sans doute du fait d’adaptations de romans pas forcément géniaux bien qu’ayant eu une immense influence sur une génération d’artistes) même si elle permet d’apprécier les traits de Vatine, Adrian, Varanda, Reynès ou Cassegrain et je ne vais pas le cacher, cette Odyssée sous contrôle vaut principalement pour les planches somptueuses de Perger. Alors que d’autres romans ont été adaptés en plusieurs volumes celui-ci, du fait de son traitement, aurais sans doute dû en passer par là…

Odyssée sous contrôle – Artefact, Blog BDLa faute sans doute à une ambition scénaristique un peu démesurée sur une base pulp. Dobbs fait ainsi le choix de troubler le lecteur dès la première page en ne suivant aucune structure séquentielle logique afin de créer un effet de confusion similaire à celui du héros. Hormis les poulpes alien qui semblent fasciner Wul (voir Niourk) on n’a pas grande chose auquel se rattacher, les personnages changeant d’identité, des seconds couteaux apparaissant de nulle part sans que l’on sache si l’on est censé les connaître et le déroulement du temps se faisant de façon très chaotique. La volonté est évidente. Certains apprécieront cette lecture compliquée. Il n’en demeure pas moins que comme album BD on aura fait plus lisible. Peut-être également en cause la technique de Perger qui si elle est très agréable à l’œil, ne permet pas toujours de compenser les ellipses et devinettes narratives que nous jette le scénariste. Lorsque le scénario est flou il faut un dessin extrêmement clair et évocateur (comme sur le sublime Saison de sang) pour garder le lecteur dans les rails.

Au final on a un album assez frustrant habillé de superbes séquences et de quelques idées terrifiantes, d’un design rétro très fun et d’une promesse d’espionnage vintage, ensemble de propositions qui surnagent avec une impression de pages perdues. Une fausse bonne idée en somme qui à force de ne pas dérouler son histoire ne la commence jamais vraiment. Dans la collection on ira plutôt voir du côté de La mort vivante ou Niourk.

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Sweet Home #1

Webtoon de Kim Carny et Hwang Youngchang
Ki-oon (2022), webtoon (2020), série en cours, 1/12 volumes parus.

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bsic journalismMerci aux éditions Ki-oon pour leur fidélité.

Adolescent renfermé sur ses jeux vidéo, Hyeon-Su se retrouve soudain seul au monde lorsque sa famille disparaît dans un accident de voiture. Propulsé dans une gestion d’adulte il emménage dans une résidence qui doit lui permettre de subvenir à ses besoins. Lorsqu’une catastrophe inexplicable survient à l’extérieur il se retrouve confronté aux voisins et à une menace invisible et terrifiante…

Sweet Home (Kim) -1- Tome 1Les toujours excellentes éditions Ki-oon poursuivent dans dynamique des webtoon puisque après le best-viewer Bâtard ils nous proposent la nouvelle série du dessinateur Hwang Youngchang. De quoi continuer la semaine dans le numérique puisque dimanche Dahaka vous parlait d’une adaptation américaine cette fois d’un webcomic.

Ce qui surprend au premier abord c’est très logiquement la mise en page et le découpage puisqu’il sont pensés pour un défilement sur écran et non sur un enchaînement de pages. Cela a certainement une incidence sur le rythme de lecture mais cela ne se ressent pas négativement. Avec un dessin assez simple et une colorisation minimaliste, c’est donc bien le scénario qui importe dans cette entame qui flatte les maîtres du suspens à commencer par Hitchcock ou Carpenter. En effet, la tension est maintenue très longtemps puisque après une mise en place de contexte qui aide à entrer tranquillement dans le bain, on se retrouve dans un huis-clos glacial à la première personne où les interactions étranges avec les voisins feront avancer le récit, dans une montée de la tension sur une menace impalpable. Le cadre est connu: un immeuble très impersonnel en forme de labyrinthe de béton , une poignée de survivants enfermés en lutte pour leur survie, une menace terrifiante et indicible, tout est bon pour une tension sur les onze prochaine tomes de la série.Sweet Home (Webtoon de Youngchan HWANG, CARNBY Kim) - Sanctuary

Si l’aspect graphique n’est pas à proprement parler joli, il fait le job en permettant de se concentrer sur l’enchaînement des séquences, jouant sur les silences et la confrontation des tempéraments des survivants. Et sur le plan de l’intrigue les auteurs connaissent leurs gammes puisqu’on est happé de la première à la dernière page avec juste ce qu’il faut d’informations pour ne pas s’ennuyer au long de cette avancée lente vers l’horreur. n’en gardant pas trop sous le coude, on achève donc cette entame bien accroché, avec le déclencheur horrifique qui ne se sera pas trop fait attendre, des personnages installés et une chasse qui peut commencer. Y’a plus qu’à enchaîner pour cette très bonne surprise qui confirme que les jeunes auteurs ont souvent la fraicheur qui manque aux grosses cylindrées!

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Lore Olympus

Premier tome de 378 pages de la série écrite et dessinée par Rachel Smythe. Parution initiale sur la plateforme Webtoon, publication en format papier chez Hugo BD le 06/01/22.

Meilleur webcomic 2022 aux Eisner awards

Cinquante nuances de mythes

Les mythes grecs, sur l’Étagère, ça nous connaît. Alors autant vous dire que lorsque le phénomène de la plateforme Webtoon, Lore Olympus (les Traditions d’Olympus en VF) est paru en version papier (oui, on est vieux jeu sur l’Étagère), difficile de passer à coté.

Pour ceux qui n’y sont pas familiers, Webtoon est une plateforme de lecture de BD, dont la particularité est de proposer une lecture défilante, de haut en bas (on appelle ça du scrolling, d’après mes sources bien renseignées). La transposition en format classique n’a donc pas du être aisée, ne serait-ce que vis à vis du découpage, puisque en Webtoon, point de pages.

Lore Olympus, de quoi ça parle ? Tout simplement du mythe de Perséphone, la déesse du Printemps qui a été initialement enlevée par le roi des enfers Hadès, et qui l’a épousé sans qu’on lui demande trop son avis. Après un accord passé avec Hadès, Perséphone a gagné le droit de retourner à la surface la moitié de l’année pour y retrouver sa mère Déméter, ce qui explique selon les grecs anciens le cycle des saisons, puisque l’Hiver s’installe dès que la déesse du Printemps retourne en enfer.

Ici, le contexte crée par Rachel Smythe est résolument modernisé, puisque ses olympiens vivent dans un monde moderne, luxueux et glamour. La jeune Perséphone, préservée par sa mère jusqu’à l’étouffement, vit quelque peu éloignée de ses cousins divins. Mais un soir, alors que Déméter a consenti à lui lâcher la bride, elle se rend à une soirée olympienne et fait la rencontre d’un dieu ténébreux, le sulfureux Hadès.

Victime des malversations d’Aphrodite, qui ne supporte pas d’être éclipsée, même aux yeux d’Hadès que tout le monde déteste, Perséphone se retrouve droguée, puis cachée dans la voiture du roi des enfers, et se réveille hagarde dans son domaine, à la grande surprise des deux. Bien heureusement, Hadès se révèle être une personne décente et traite son hôte involontaire avec tous les égards, mais cela n’empêche pas ce quiproquo de créer une étincelle entre eux.

Bien évidemment, les choses ne seront pas aussi simples, puisqu’entre les malentendus, les appréhensions de chacun et le monde des olympiens fait de paraître et de faix semblants, les deux amoureux vont devoir surmonter bien des obstacles.

Love story infernale

A première vue, il semble aisé d’identifier les clefs du succès monumental (dans les 75 millions de vue sur WT) de Lore Olympus. En premier lieu, sa protagoniste, Perséphone, mue en une jeune fille naïve muselée par l’Institution, matérialisée par sa mère, mais également par les autres dieux. De lourdes attentes pèsent sur elles, alors qu’elle ne souhaite que vivre sa vie, comme elle l’entend. Pleine de doute et peu assurée, c’est une base solide à laquelle une grande partie du lectorat peut s’identifier ou en tous cas s’attacher.

En second lieu, la romance en elle-même, qui inclue tous les éléments-clefs de l’histoire d’amour telle qu’elle est fantasmée depuis la nuit des temps: une jeune femme innocente (Belle, Anastasia Steele, Bella Swan, Esmeralda les exemples sont nombreux) fait la rencontre d’un Monstre (La Bête, Christian Grey, Edward Cullen, Quasimodo) qu’elle parvient à dompter, et, élément ô combien important, qui change pour elle.

Immanquablement, l’élément masculin, le Monstre, présente une déviance, voire une difformité: il représente les aspects quintessentiels du mâle, il est souvent violent, agressif, dominant, et, dans la plupart des cas, possède également un statut social élevé et/ou une opulence matérielle: La Bête est un prince maudit pour son arrogance, qui vit dans un château, et en tant que Bête, il est la transcription littérale du monstre et de l’agressivité, que la Belle devra littéralement dompter; Christian Grey est un milliardaire séduisant, mais qui est adepte du sado-masochisme, et y renoncera par amour pour Anastasia; Edward Cullen fait également partie d’une riche famille de médecins, est très populaire (bien qu’introverti) au lycée, et cache une soif de sang (sans doute une métaphore du désir sexuel) qu’il maîtrise pour Bella.

La même recette semble s’appliquer à Lore Olympus: Perséphone rencontre Hadès, roi des Enfers (statut social élevé), qui souffre d’une mauvaise réputation et semble encore marqué par une relation toxique (déviances). Si ces archétypes ont la vie dure, c’est sans doute parce qu’ils matérialisent des atavismes, ancrés depuis les origines de l’Humanité: dans les temps anciens, il était certainement préférable pour une femme de trouver un partenaire puissant physiquement (agressivité, signe d’une place élevée dans l’échelle de domination), capable d’assurer une sécurité physique (opulence matérielle). Mais, paradoxalement, des caractéristiques de puissance et d’agressivité, si elles garantissaient survie, sécurité et descendance optimale, étaient aussi potentiellement insécurisante, puisqu’un mâle puissant avait tout intérêt à ne pas rester fidèle et à disséminer ses gènes à qui mieux-mieux.

D’où ce fantasme de transformation, cette idée récurrente dans la psyché féminine que changer le Monstre, le « réparer » pour en faire un partenaire souhaitable, est possible. A l’inverse, ces archétypes ont certainement engendré, au niveau évolutif, une forte pression sur les mâles, une compétition permanente, qui est à même de créer des insécurités pour ceux qui ne parviennent pas à s’élever sur l’échelle de domination sociale. D’où l’envie récurrente, chez le public masculin, de puissance, de protection (la figure du super-héros), et sans doute également le désir d’être accepté tel que l’on est (ce qui est en lien direct avec l’archétype de la Manic Pixie Dream Girl).

Mais revenons à nos moutons grecs. Là où Rachel Smythe fait mouche, c’est notamment dans la modernisation du mythe. En plaçant un contexte contemporain, l’auteure gagne en légitimité pour aborder des thématiques d’actualité, telles que le harcèlement sexuel, l’émancipation féminine, et la toxicité de certaines relations. Le langage moderne et les codes narratifs adoptés par la jeune génération (Y ? Z? j’ai perdu le fil) permettent une bonne appropriation de ces thèmes.

Graphiquement, la patte numérique est omniprésente, et permet de donner un aspect très cartoon à l’ensemble, surtout si l’on y ajoute les couleurs dynamiques et chatoyantes, qui ressortent plutôt bien sur papier.

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Banana sioule #1

La BD!
BD de Michaël Sanlaville
Glénat (2022), 208p., série en cours.

Banana-Sioule

badge numeriqueLe public a découvert Michaël Sanlaville avec la série à succès Lastman. Après un passage sur San-Antonio, cet artiste formé à l’animation revient à ce qui le fait kiffer: l’animation, la vitesse, l’énergie. Adoptant pour sa nouvelle série solo le format manga dans un style graphique toujours épuré, il reprend l’idée déjà pas mal abordée d’un sport de balle futuriste où une jeune prodige va découvrir les joies des sauts de quinze mètres, les patates atomiques et les shoot dragonballesques.

Banana Sioule -1- HelenaCar ce qui fait le talent de Sanlaville c’est cette énergie qui donne le sentiment d’assister à un dessin animé pêchu. Sauf que c’est bien du papier que nous avons sous les yeux et l’effet peut s’estomper si l’on s’attarde trop sur les dessins rapides, très rapides… Sur les deux-cent pages de l’album on n’en tiendra pas rigueur même si tout cela reste un peu cher au regard d’un « manga » classique. Je reconnais que la colorisation qui faisait le sel du Fléau vert ou du Rrocher rouge manque un peu et la monochromie écrase un peu la qualité technique indéniable du bonhomme.

Pour le reste on est bien pris dans le popcorn de cette bande d’ado dont la boss Helena se découvre soudain un talent évident pour ce sport où tous les coups sont permis. Entre les tiraillements des relations avec un père qui semble cacher un passé obscure, le langage djeunz et donc ces éclairs d’action tout à fait sympathiques, ce premier tome de Banana sioule est fort plaisant et laisse envisager une surmultipliée d’action dès le prochain volume et l’entrée de la star dans l’école de formation de la sioule…

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***·BD·Nouveau !·Numérique

La fin des Irin #3

Webcomics

Webcomic de Robert MacMillan, Wouter Gort, Laura R. Peinado et Arsenyi Popov
2021-2022 – publication hebdomadaire les mercredi.

https://lastoftheirin.com/?lang=fr

Pour la présentation du projet vous pouvez consulter le billet traitant du premier tome. Le second tome est ici. Le troisième Livre est en cours de publication.

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Le combat entre Yahweh et Baal dure depuis des millénaires. Issus des étoiles et d’une civilisation hautement technologique, ces êtres ont jeté leur dévolu sur la Terre à une époque où les autochtones étaient encore primitifs. Jusqu’à la mort du fils prodigue Marduk, tué par une épidémie de variole. A travers l’espace et le temps, c’est à une lutte universelle entre le bien et le mal, entre les frères ennemis et leurs descendants que nous sommes amenés à assister. Une lutte qui prends la Terre et ses habitants comme terrain de jeu…

badge numeriqueLe projet de la Fin des Irin a un déroulé perturbant pour le lecteur. Le premier bon point c’est la variété des styles graphiques des trois illustrateurs choisis qui ont tous trois de grandes qualités esthétiques mais aussi quelques difficultés de lisibilité dans l’action. Sur le volume III qui vient de commencer Arsenyi Popov propose des planches dans un style speed-painting que personnellement j’aime beaucoup, notamment dans cet aspect texturé qui donne l’impression de regarder des toiles proches de ce que proposait Rosinski sur le Comte Skarbek. Capable d’adapter son dessin il navigue ainsi entre des pages très léchées dans un style BD plus classique et ces rough fort élégants. Les trois illustrateurs semblent avoir été choisie pour leur profile de « concept-designer », approchant cette œuvre d’un film sur papier, avec la puissance d’imaginaire nécessaire portée sur les costumes, vaisseaux et autres artefacts technologiques SF.LAST OF THE IRIN | Volume Three - The end of the trilogy is near

Lors du premier volume nous avions découvert cette longue introduction dynastique destinée à intégrer l’histoire biblique dans une hypothèse d’intervention extra-terrestre sur la destinée des humains. Après une virée très action et « x-files » sur le volume II, nous voici à revenir sur Terre en découvrant l’exploitation industrielle des hommes par les Sirusiens et la tentative de cette nouvelle noble qu’est l’héroïne Anahita de sauver son peuple descendants de Yahweh et sa planète d’origine des visées punitives de Desala d’une menace originale: le remplacement pur et simple de l’espèce humaine par des « mules », ouvriers humanoïdes génétiquement créés et rêve de tout capitaliste du XXXI° siècle…

Capture d’écran du 2022-02-16 09-51-27Si le thème d’une Terre comme simple fief commercial de puissances galactiques (thème central de Jupiter Ascending des Wachowski) est toujours aussi chouette à suivre, on retrouve dans cet ultime volume les mêmes difficultés d’enchaînement entre les séquences, qui créent une lecture heurtée. Les causes en sont multiples: gigantesque « bible » de background qui confirme la nécessité d’une lecture en ligne avec ce corpus sous la main, amour du cryptique de l’auteur, problèmes techniques dans la fluidité de l’enchaînement des séquences… C’est vraiment dommage car les séquences longues nous replongent régulièrement dans le rythme, ensuite cassé par des ruptures frustrantes.

On retrouve également les grandes qualités des précédents volumes, notamment une figure héroïque féminine tout à la fois sexy, bad-ass et révolutionnaire qui revêt désormais le double habit de noble sirusienne et de jeune mère. L’attelage des personnages secondaires qui l’accompagnent fonctionne également très bien et Capture d’écran du 2022-02-16 09-57-45ajoute un humour qui allège la densité gigantesque du projet. La jeune femme devra donc affronter les tenants humains de l’ancien système et les rebelles fidèles à sa branche dynastique. Le tout offrira ses morceaux de bravoure avec comme toujours des références à notre actualité de manifestations et cet esprit conspirationniste plus pertinent que jamais.

Avec des défauts affirmés qui empêchent La fin des Irin de revendiquer le statut de classique SF, le projet de Robert MacMillan jouit comme il souffre de sa démesure. D’une érudition folle, d’une exigence artistique indéniable, ce webcomic est un fantasme géant qui aurait mérité un auteur chevronné pour mettre de l’huile dans cette superbe mécanique. Demandant de l’investissement et un temps de lecture confortable (on parle de plus de cent pages par volume), il mérite amplement votre intérêt

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