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Dr. Stone #24 – Ender Geister #3 – Shangri-La Frontier #8

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Retour des fournées manga avec aujourd’hui une salve Glénat très grand public!

bsic journalismMerci aux éditions Glénat pour leur confiance.

  • Dr. Stone #24 (Boichi, Inagaki/Glénat) – 2023, 208p.

dr_stone_-_tome_24_-_gl_natA deux tomes de la conclusion (qui laisse de plus en plus anticiper un prochain cycle…) on accélère puisque la société scientifique parcourt le monde pendant dix ans afin de récolter les matières premières nécessaires à la fabrication d’une fusée et à ce qui permettra à un équipage de se poser sur la Lune. Gros changement d’échelle puisque jusqu’ici, malgré des voyages trans-pacifique les auteurs n’étaient jamais rentré dans le détail du déroulement du temps.  Probablement pressés par la nécessité de conclure, Inagaki et Boichi avancent donc à un rythme inhabituel avec un saut technologique très important qui nous fait réaliser que malgré les incroyables inventions recréées jusque là on en était resté au stade du bricolage.

Du coup on se perd un peu (pour les moins scientifiques des lecteurs) avec des explications vaguement absconses sur les étapes de la réalisation d’un ordinateur, même si les auteurs évitent de multiplier les digressions qui auraient fini de nous perdre. Le volume n’en garde pas moins l’aspect d’un tome de transition qui n’a pas même abordé la question du scaphandre spatial. On remarquera au passage une nouvelle fois le scientisme bien peu écologique (et pour le coup assez hors sol à notre époque) qui promeut une science productiviste où il suffit d’engraisser la terre pour produire intensivement du riz sans que quiconque n’y trouve à redire. On objectera que dans le Monde de pierre la pression humaine a disparu mais pour un shonen de vulgarisation scientifique le message peut déranger… En attendant, on patiente jusqu’aux deux volumes de conclusion qu’on espère aussi bien huilés que le reste de la série.

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    • Ender Geister#3 (Yomoyama/Glénat) – 2023, 192p., 3/10 tomes parus.

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Après deux premiers volumes sortis simultanément et permettant de bien rentrer dans une « intrigue » fortement axée action, on part dans ce troisième tome pour un gros flashback destiné à nous expliquer un peu mieux qui est cet étonnant anti-héros imbattable au corps à corps mais qui a la fâcheuse manie de se métamorphoser en un démon mortel lorsqu’il… meurt. n part donc pour une plongée lovecraftienn dans les entrailles de l’Afrique au sein d’une sorte de temple maléfique qui va autoriser l’auteur à dessiner des soldats bad-ass et des bastons épiques, intérêt principal de la série.

Je reconnais que si en matière de gros boss, de combats hyper-dynamiques et de pépées aérées on est servi, on se demande comment l’auteur va tenir ce rythme pendant plus de dix tomes sans tomber dans les défauts d’un Dragonball aux combats éternels. Il y a pourtant jusqu’ici du style, un héros mystérieux et une approche série B de loisir totalement assumé qui fait plaisir à lire. Avec un peu plus d’application dans les dessins et un soupçon d’intrigue on a de très bonnes bases pour une excellente série inattendue.

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  • Shangri-la Frontier #8 (Katarina-Fuji/Glénat) – 2023, 192p., 8/13 volumes parus.

shangri-la_frontier_-_tome_08_-_glenatEpisode qui risque de marquer la fin de l’aventure pour moi avec un sur-place plaçant le héros dans une perspective de leveling qui montre que le manga tourne désormais en circuit fermé en oubliant ce qui a permis un plaisir de lecture jusqu’ici: une fuite en avant axée sur la découverte et extraordinairement lisible. Ce huitième volume perd les deux à la fois: la lisibilité avec cet affrontement contre les scorpions de quartz assez pauvres visuellement et la découverte qui se résume à quelques pages en fin d’album où l’on retrouve l’archéo-forgeronne qui va permettre à Sunraku d’arborer des artefacts de l’ère des Dieux. Au lieu de poursuivre cette unique révélation, voici le personnage qui quitte Shanfro pour se faire une petite escapade sur un jeu de Mechas. Aucun intérêt autre que de voir le dessinateur se faire plaisir sur de jolis designs SF. Si la technique reste de très bon niveau, on est clairement à l’étape où seuls les fans de jeux vidéo trouveront un sens à continuer leur lecture. DOmmage, Shangri-la Frontier aura tout de même été une sacrée surprise!

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One piece: episode A #1 – Les amants sacrifiés #2 – SinoAlice #2 – Radiant #17

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En ces temps de disette de bonnes BD franco-belges les manga et comics s’accumulent sur la PAL… Il est donc temps de reprendre les séries en cours avec des nouveautés sorties depuis plusieurs semaines/mois.

  • One piece: episode A (Boichi, Ishiyama, Oda/Glénat) – 2023 (2020), 192., volume 1/2.

bsic journalismMerci aux éditions Glénat pour leur confiance.

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One Piece est un monument dont les volumes ont été vendus à 516 millions d’exemplaires dans le monde depuis 1997 (par comparaison Naruto et Dragonball n’en sont qu’à la moitié…). Pourtant je n’ai jamais lu un seule tome de cette série et me suis dit que l’incartade de Boichi sur une histoire courte me permettrait peut-être d’avoir un bel aperçu de cet univers. Malheureusement comme souvent Boichi gâche son immense talent graphique (on ne peut pourtant pas lui reprocher un délire solitaire puisque ce double tome est doté d’un scénariste) en se contentant d’un mirifique délire graphique qui ressemble beaucoup à ces toilettages next-gen que l’on observe sur certains jeux vidéo iconiques. Tout d’abord pour parler clairement: cet épisode A est exclusivement destiné aux lecteurs à jours de One Piece, les béotiens comme moi étant voué à rester totalement exclus de toute compréhension. Le seul intérêt fan-service est donc de croquer sous le trait explosif de Boichi les personnages et lieux iconiques de la série. A ce stade l’auteur pourrait tout aussi bien reprendre intégralement la série en « artist version » comme il le fait sur la dernière partie du volume qui est un simple remake de l’épisode 51 de la saga. Si ce projet laisse de côté les nouveaux lecteurs il risque de frustrer également les fans qui vont relire une séquence simplement dessinée par un autre. Tant qu’à faire il aurait été tout aussi intéressant pour Glénat de publier l’Episode A en un unique volume et de l’accompagner par cet Episode 51 avec les deux versions en regard dans un autre volume. Bref, on pourra difficilement reprocher à Glénat de sortir ce projet en France, qui trouvera toujours des acheteurs complétistes. L’origine du projet est elle très discutable comme souvent chez Boichi et l’on préfèrera plutôt attendre la nouvelle série du Nipo-coréen en espérant qu’elle s’approche plus d’un Origin.

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    • Les amants sacrifiés #2/2 (Kakizaki/Ki-oon) – 2023 (2020), 224p., 2/2 tomes parus.

bsic journalismMerci aux éditions Ki-oon pour leur confiance.

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Le premier tome de ce diptyque d’espionnage historique avait réussi son introduction. Dans une atmosphère de polar noir auquel la texture si particulière des planches de Kakizaki apporte une densité très forte, ce second volume commence en Chine alors que le mari tente de récupérer des preuves des atrocités de l’armée occupante. Assez vite le lecteur se retrouve au Japon alors que les amants tentent de s’exfiltrer vers les Etats-Unis pour transmettre aux Alliés les films si précieux…

Il est étonnant de basculer d’un scénario obscure tissé sur les suspicions de la femme envers son mystérieux mari à une intrigue d’espionnage beaucoup plus franche. L’auteur ne tente plus en effet de camoufler les ambitions des protagonistes. Une des originalités de ce (trop) court manga est ce contexte pré-guerre mondiale où l’on voit clairement un japon totalitaire se mettre en place sans que la population n’ait encore bien percuté ce glissement. Alors la seule existence d’une preuve revêt toute son importance pour réveiller les consciences. La gestion de ce contexte documentaire noué avec un schéma narratif classique de l’espionnage est remarquable et l’on referme ce second tome avec à la fois l’envie de voir le film qui en est à l’origine et un regret que l’auteur n’ait pas pris le temps d’étoffer ce qui ressemble presque à un résumé. Au vu de la qualités des dessins on ne lui en tiendra pas rigueur mais il est certain que les quatre-cent pages globales auraient mérité au moins le double.

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  • SINoALICE #2 (Aoki-Himiko/Kurokawa) – 2022 (2019), 236p., 4/5 tomes parus.

bsic journalismMerci aux éditions Kurokawa pour leur confiance.

sinoalice_2_kurokawaLe premier volume avait créé son effet « waou » en nous noyant dans une narration déstructurée qui utilisaient de mystérieuses références aux contes de Grimm. Ce second volume poursuit sans temps mort en nous plongeant au sein d’un affrontement entre deux factions dotées d’étranges pouvoirs. « Blanche neige » semble chargée de protéger Alice que le traumatisme vécu pousse au suicide quand Cendrillon mène un combat manipulateur dans un « jeu » qui semble lié aux toutes puissantes marionnettes…

Avec des dessins toujours aussi agressifs et réussis, l’équipe de SINoALICE avance remarquablement dans son intrigue et notre découverte de cette réalité trouble qui rappelle quelque peu la mécanique du récent Coffee Moon chez Doki-Doki. Alternant des séquences assez tranchées, le scénariste a l’intelligence de proposer un déroulement simple pour ne pas complexifier inutilement un montage qui lui se veut très sophistiqué pour laisser le lecteur dans une brume sans codes. Ce manga fait partie de ces créations où l’on prend plaisir à se faire balader sur une réalité brouillée en attendant quelques miettes qui nous permettront de comprendre (ou pas…) où l’on a mis les pieds. En s’appuyant sur des références classiques de contes très modernisées pour l’occasion (attention, le dernier chapitre bascule dans un traitement tout à fait adulte, voir frisant le Ecchi), SINoALICE en donne suffisamment au lecteur pour patienter dans son stade d’incompréhension sans grande inquiétude au vu du déroulement que les pièces maîtresses seront assez rapidement dévoilées.

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  • Radiant #17 (Valente/Ankama) – 2023, 184., 17 tomes parus.

bsic journalismMerci aux éditions Ankama pour leur confiance.

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Si l’on peut faire un reproche à Tony Valente sur Radiant c’est d’ouvrir sans cesse son univers et de démultiplier les personnages au risque de finir par perdre ses lecteurs qui ne voit jamais de conclusion aux problématiques lancées. Pour le coup le bref résumé avant chaque tome n’est guère suffisant et une révision des épisodes précédents souvent nécessaire. Et bien ce dix-septième tome marque un sacré changement puisqu’il s’efforce justement de résoudre une bonne série de points ouverts sur l’arc de Bome en finissant par rassembler (enfin) l’ensemble de la bande de Seth et de clarifier l’objectif des personnages.

Formellement le volume se concentre pour l’essentiel sur la confrontation dantesque (c’est peu de dire…) de Piodon avec les domitors et leur maître Adhès. Et je dois dire que si techniquement Valente est toujours au top, gardant une bonne lisibilité malgré la profusion d’éléments graphiques d’un combat qui vire à la Dragonball, l’esthétique générale est un ton en dessous. Le décors d’une vaste grotte et l’aspect très exotique des domitors et de leurs Nemesis ne rendent pas justice à l’originalité unique du monde de Radiant. L’absence depuis quelques épisodes du héros n’aide pas non plus à se concentrer sur un point héroïque. On ne peut pas tout avoir et l’auteur était semble t’il conscient de la nécessité de clore son arc (peut-être un peu vite) pour reprendre l’incroyable alchimie d’humour, d’action et de variété magique qui rendent cette série si iconique. Maintenant au clair sur les appartenances et objectifs de chaque faction, on commence pour la première fois à sentir que l’on bascule peut-être vers une pente de résolution finale de l’intrigue. L’affrontement entre domitors, Inquisition et non-alignés se profile et le souvenir de la maestria de la guerre de Cyfandir nous revient avec envie…

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DR. Stone #22-23

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Manga de Riichiro Inagaki et Boichi

Glénat (2022), 192p./volume, 23/26 volumes parus.

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Merci aux éditions Glénat pour leur confiance!

Attention Spoilers!

Alors que le royaume des Sciences touche au but en Amérique du Sud, l’armée de Stanley passe à l’action et décime les forces du progrès. Est-ce la fin de tout? Senku et ses amis se sont-ils battus si longtemps pour échouer près du but? Et pendant ce temps que devient le mystérieux Why-man sur la Lune? La fin est proche…

Etourdis par la virtuosité et l’orgie visuelle des planches de Boichi les lecteurs ont pu passer à côté du talent du co-scénariste Riichiro Inagaki dont l’apport éclate sur le nouveau Trillion game en compagnie du maître Ikegami. Toujours à la limite du trop plein, DR. Stone marque ici le second grand choc après l’intermède Byakuya (dont on attend toujours de connaître les conséquences sur la série principale). Alors qu’il ne reste plus que trois tomes pour conclure la série (on rappel le menu des taches à faire: éliminer l’armée de Stanley, dépétrifier toute la planète et aller sur la Lune pour trouver la source de la pétrification… trankil!) les auteurs créent un évènement majeur puisque survient une seconde pétrification mondiale, rien que ça! Pour gonflé on peut dire que c’est gonflé et même si l’on se doute que le manga n’en restera pas là on ne peut que saluer la fluidité avec laquelle Boichi et son compère retombent sur leurs pates sans plus d’aberration que depuis le début de la série. Pratiquement revenus à leur point de départ, les personnages vont tout naturellement se lancer à la conquête de la Lune bien que l’on nous explique très vite que l’échelle du progrès technique pour aller dans l’espace est sans commune mesure avec tout ce qui a été accompli. jusqu’ici…

Même si l’artifice permettant de blackbouler toute la menace installée depuis l’arrivée en Amérique est un peu facile, la tension dramatique est excellement bien menée et l’on retombe comme des gamins dans un plaisir spontané de se faire piloter par les auteurs vers la conclusion de la série, avec beaucoup de mal à imaginer comment cet ultime arc parviendra à se conclure en si peu de tomes. Je l’ai dit souvent, DR. Stone est le summum de la recette qui gagne et on ne peut qu’en féliciter Boichi et Inagaki et prendre son plaisir.

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Les promeneuses de l’Apocalypse #1 – Pilote sacrifié #2 – Dr. stone #20 & 21

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Le mois de juillet touche à sa fin et il est temps de se rappeler quelques bonnes séries manga en cours, avec notamment le shonen Best-seller de Boichi qui s’approche de sa fin, mais aussi une étonnante nouvelle série post-apo en mode feel-good qui confirme le talent de Doki-Doki pour dénicher des séries courtes très qualitatives!

  • Les promeneuses de l’Apocalypse #1 (Saito/Doki-Doki) – 2022, 176p./volume, 9/12 vol. parus.
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Merci aux éditions Doki-Doki pour leur confiance!

 

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Très étonnant manga qui, s’il n’a pour le moment rien d’addictif ou de marquant, a le mérite de surprendre par son ton résolument positif, chose à laquelle le genre post-apo ne nous a pas habitué. Ce n’est pas grand chose mais c’est suffisant pour attirer notre attention du simple fait d’une rupture avec des attendus. Ainsi on découvre une jeune fille et son amie androïde partie pour un voyage touristique en moto (électrique) dans un Japon vidé d’habitants et largement noyé sous la montée des eaux. Si quelques séquences font monter l’adrénaline il n’y a pourtant aucun pathos dans cette aventure qui a plus du Shojo que du Seinen et profite de dessine remarquables de technique et de précision pour une première œuvre. Sous son aspect écolo qui distille des éléments de background à dose homéopathique, one est plutôt conquis, en attendant de savoir si nous avons affaire à de simples tranches de vie ou si une intrigue véritable va se développer.

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    • Dr. Stone #20&21 (Boichi-Inagaki/Glénat) – 2022, 192 p./volume, 21/26 volumes parus.
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Merci aux éditions Glénat pour leur confiance!

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Grosse surprise sur ces deux tomes qui nous rapprochent plus que jamais de la conclusion finale. Alors que les auteurs avaient toujours navigué jusqu’ici entre révélations choc et retour au ronron scientifique, ils semblent enfin résolus à assumer une certaine continuité dans l’avancée de l’intrigue principale (la quête de la source de la pétrification, on aurait presque fini par l’oublier!). Je ne sais pas si c’est le fait de savoir que le dernier tome (le 26) est sorti au Japon ou si l’intrigue est vraiment plus concentrée mais quel pied de progresser enfin sans les a-côté et digressions humoristiques souvent lourdingues. On nage ainsi en pleine aventure dans une quasi-parfaite alchimie entre séquences de découvertes (courtes), action graphique et aventure. Nos amis sont poursuivis par les hommes de Snyder vers la source de l’émission au Brésil, ce qui va entraîner une chasse sur eau, en montagne ou dans la Jungle via mille et un véhicule, jusqu’à une des plus grosses révélations depuis le début de la série. On ne sais toujours pas bien jusqu’où les auteurs comptent aller dans la SF (bien que l’épisode Byakuya nous laisse une perspective assez ambitieuse) mais ces deux tomes sont pour moi peut-être les meilleurs depuis le début et l’acmé du parfait shonen qui maintient l’exigence sans rien sacrifier. Bravo aux auteurs qui nous transmettent leur plaisir créatif!

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  • Pilote sacrifié #2 (Azuma-Kokami/Delcourt) – 2022, 192 p./volume, 2/10 volumes parus, série en cours.

bsic journalismMerci aux éditions Delcourt pour leur confiance!

pilotes-sacrifies-2-delcourtAprès une belle entrée en matière prenante sur le tome un, on entre dans un rythme de croisière pour cette série historique qui perd ici la dynamique de suspens apportée par les discussions avec le Sasaki d’aujourd’hui. Il ne se passe ainsi pas grand chose pour ces soldats cloués au sol aux Philippines et qui dépendent de leur héros de capitaine qui conteste la perte de tels talents guerriers. Cela permet (au travers d’un terrible général imbu de lui-même et porteur d’ordres aberrants) de critiquer le régime sans s’attaquer plus que ça aux fondements nationalistes qui ont engendré le fascisme à la mode nippone.  Si l’approche documentaire et historique est sérieuse, il manque un petit quelque-chose soit dans l’action soit dans la a critique pour maintenir l’envie. Avec une série qui en est déjà à son dixième tome je suis assez pessimiste sur la faculté des auteurs à tenir un rythme soutenu sans s’endormir le descriptif historique.

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Manga en vrac #16: Dragonball Super #14 – Fullmetal Alchemist #7 (perfect) – Dr. Stone #16-17

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  • Dragonball Super #14 (Toriyama-Toyotaro – Glénat) – 2021, série en cours, 14/16 volumes parus.

bsic journalismMerci aux éditions Glénat pour leur confiance.

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Bon, ce billet va être court: le quatorzième tome de DB Super est intégralement consacré à l’affrontement entre Végéta, Goku et Moro… Comme expliqué précédemment je ne tenterais pas de vous convaincre d’une révolution scénaristique, on a un copier-coller des multiples combats ultimes de la saga et si les jeunes lecteurs seront comblés et pourquoi pas un peu étonnés, les anciens se contenteront du plaisir graphique de ces baston épiques de mieux en mieux dessinées. C’est d’ailleurs l’élément que je retiendrais de ces chapitres: Toyotaro atteint un niveau technique vraiment chouette et s’il est depuis le début difficile de faire la différence avec les pages dessinées autrefois par le maître, je me demande même si ce dernier n’a pas été dépassé. La finesse des traits habille les cases et flatte les rétines. A part ça le combat est rageur, avec son lot de morts et de pseudo-retournements, mais un peu feignant en épique à base de Kaméha. L’humour est absent, l’exotisme aussi, du coup à part de se demander qui de Végéta ou Goku va terrasser le méchant on est moyennement enjoué et si une irruption (prévisible?) redonne un peu de piment aux deux-tiers de l’album, on se dit qu’il est temps de penser à conclure, surtout qu’au stade atteint on voit mal comment continuer hormis à sortir un dieu du néant à opposer à maître Zen-o. Ayant renoncé à embarquer les Sayan dans des aventures galactiques de moindre envergure, Toriyama se retrouve pris à son propre piège de la course en avant impossible à renouveler. Bref, toutes les bonnes choses ont une fin, même DB et je gage que tout finira d’ici au vingtième tome…

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  • Fullmetal Alchemist #7 (Arakawa/Kurokawa) – (2002) 2021 série en cours, 7/18 volumes parus.

bsic journalismMerci aux éditions Kurokawa pour leur confiance.

fma-perfect-7-kurokawaAprès trois tomes au top niveau, ce septième volume marque un peu le pas avec quelques difficultés à assurer la transition. On commence par une belle grosse baston très réussie contre les Homonculus et son lot de morts et de blessés (dans FMA les très nombreux personnages secondaires prennent cher!)… puis l’intrigue cahote un peu malgré des informations tout à fait savoureuses qui font avancer notre connaissance de la conspiration, en se rapprochant des frères Elric. Le choix de suivre une construction tortueuse dans les arcanes de l’armée fait que l’on a par moment du mal à suivre l’ensemble des trames qui s’enchevêtrent. L’autrice profite de prétextes (un peu forcés) pour nous faire comprendre un peu plus les horreurs faites par l’armée pendant la guerre Ishval en reprenant la trame autour de la mort de Hughes (qui remonte au troisième volume). Par contre on n’a pratiquement pas d’interaction alchimiques (de celles qui permettent les magnifiques planches de Arakawa!) et les digressions autour des bobos des potes de Mustang prennent décidément beaucoup de places et délayent l’intrigue. Pour l’aspect shonen ça reste très bien et l’humour est omniprésent via quelques personnages comme Barry le Boucher. Une série ne peut maintenir le top niveau tout le long aussi on va prendre ça comme une transition avec le retour attendu du super alchimiste Ishval que l’on a perdu de vue depuis plusieurs tomes et qui orne la jaquette du huitième tome à paraître en septembre…

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  • Dr. Stone #16 -17 (Inagaki-Boichi– Glénat) – 2021, 16/22 volumes parus.

bsic journalismMerci aux éditions Glénat pour leur confiance.

ATTENTION SPOILER!dr-stone-16-glenat

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Le seizième volume marquent la fin de la guerre contre le royaume pétrificateur, après que l’ensemble de l’équipage ait été figé par un dernier coup tordu de Ibara. Comme tous les volumes de transition, après la résolution de haute volée de l’intrigue et la récupération de l’artefact Medusa, Senku prépare sans pause la suite du voyage vers la source du message de Why-man, avec une nouvelle surprise à la clé! On baisse donc d’un ton avec le rythme connu de cette série qui saute sans hésiter d’une séquence à l’autre dans une volonté de vitesse permanente. Le dix-septième tome marque ainsi l’arrivée en Amérique après une séquence de traversée que les auteurs ont voulu dédier à une partie de poker… et qui tombe franchement à plat malgré l’apprentissage de techniques de bluff, de magie et de manipulation de cartes. Pas grave, dès qu’on arrive à San-Francisco l’aventure reprend sous ce nouvel air qui fait franchement d bien tant il ouvre des perspectives tant dans l’intrigue générale que dans les découvertes naturelles et scientifiques que les petits périmètres explorés jusqu’ici rendaient un peu étriqués. Après nous avoir expliqué que l’émission du message se trouvait finalement sur la Lune (… façon de boucler avec les informations découvertes dans Byakuya?), on retrouve très rapidement l’action en montant d’un cran avec un adversaire contre lequel il ne faudra pas moins que toute l’équipe de super-guerriers du royaume des sciences. Et on attend avec impatience le dix-huitième tome le 17 novembre…

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Manga en vrac #11: Dr. Stone 15 – Byakuya – Le renard et le petit Tanuki 2

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  • Dr. Stone #15 (Inagaki/Boichi – Glénat) – 2021, 15/20 tomes parus.

bsic journalismMerci aux éditions Glénat pour leur confiance.

dr_stone_15_glenatOn s’approche de la conclusion de la guerre de la pétrification avec une accélération conséquente du rythme et de l’action. Tant mieux! Les protagonistes sont maintenant connus et totalement machiavéliques. Le plan de Senku et ses amis pour récupérer l’artefact pétrificateur est en place et les opérations sont lancées contre le royaume pétrificateur dont le chef usurpateur est loin d’avoir dit son dernier mot, jamais à court de traquenards contre ses adversaires ou ses propres soldats. On va donc avoir notre lot de rebondissements dans une narration plus linéaire qu’à l’habitude et qui se lit ainsi très facilement. Ce quinzième tome est un des meilleurs depuis le début de la série en proposant une grosse séquence action dans ce manga scientifique. On savoure toujours autant les sublimes dessins d’une générosité folle de Boichi qui semble se régaler comme jamais à dessiner les aventures de Senku. Avec des hauts et des bas, cette série continue son bonhomme de chemin avec une qualité indéniable et une habitude de lecteur proche de Dragon ball qui nous fait dire qu’on pourrait encore y être dans trente tomes sans déplaisir!

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  • Byakuya (Boichi – Glénat) – 2021, one-shot.

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Etonnant album entièrement réalisé par Boichi (dont l’appétence pour la technologie est indéniable depuis Origin) avec l’appui d’uns conseillère scientifique ayant séjourné sur la station spatiale internationale. Cela pour dire que la recherche de véracité scientifique, malgré le scénario totalement théorique, est de mise dans ce one-shot préquel à Dr. Stone: après un gros tiers d’album présentant Byakuya (le père de Senku) et l’équipage de l’ISS découvrir la pétrification et préparant leur retour sur Terre, on nous laisse en compagnie du petit robot conçu par le japonais et qui va passer plusieurs millénaires à maintenir l’ISS en état en attendant le retour de son maître. Si la première partie est assez ennuyeuse, le reste du volume reprend le schéma narratif de Dr. Stone pour nous expliquer comment on bricole une station spatiale en récupérant des matériaux dans l’espace avec un élément déterminant: le temps devant soi. On prend ainsi plaisir à imaginer les possibilités infinies pour une intelligence artificielle de bâtir des outils, vaisseaux bricolés, source d’énergie etc, avec un petit côté Apollo 13 dans le bricolage spatial. Avec des dessins toujours aussi qualitatifs et un final qui ouvre des perspectives assez sidérantes pour la conclusion de Dr. Stone, on prend grand plaisir à cette lecture découplée de la série principale et l’on apprécie le talent de l’auteur pour tisser sans cesse des liens entre toutes ses œuvres.

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  • Le renard et le petit Tanuki #2 (Tagawa/Ki-oon) – 2021, 2/4 tomes parus.

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Déjà un second volume pour ce petit Tanuki et son grognon compagnon. Dans ce tome on va faire la connaissance des multiples déesses de la nature qui protègent des coins spécifiques avec l’aide de métamorphes. Cela va nous permettre de rencontrer différents animaux et donner lieu à de courts combats au milieu desquels la naïveté désarmante du Tanuki mets fin à toutes les tensions… Plus progressif mais tout aussi erratique dans les changements de scènes du fait des transformations des personnages, j’avoue que je m’y suis un peu perdu… Heureusement l’intrigue est simple et les dessins toujours aussi sympa, avec un aspect animalier-Disney encore plus prononcé. Il est indéniable que l’autrice maîtrise ses expressions canines avec humour, comme ce chien qui reste langue pendante face à ses potes loups bien sérieux! On commence à voir l’évolution de l’histoire vers une succession de missions positives qui doivent amener le renard vers la rédemption. Pour cela le duo va commencer à se métamorphoser en humains et se mêler des affaires des deux-jambes, parmi lesquels un lycéen passionné par les légendes traditionnelles qui risque bien de croiser la route des deux métamorphes… Bien plus court que le précédent, ce tome comprend un ajout de trente-quatre pages d’historiettes de l’autrice publiées sur les réseaux sociaux. On continue donc avec plaisir cette jolie histoire simple qui paraît idéale pour une lecture partagée parent-enfant.

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Dr. Stone #12-14

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Manga de Riichiro Inagaki et Boichi
Glénat (2020), 14/19 tomes parus.

bsic journalismMerci aux éditions Glénat pour leur confiance.

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Le royaume de la Science a pris la mer en direction du signal et découvre une ile occupée par un peuple impliqué dans la pétrification… 

Attention, Spoilers!

Scan Dr. Stone 102 VF scan • one piece scanNous retrouvons Senku et le royaume de la science dans le douzième tome, partis pour bâtir un gigantesque voilier à moteur destiné à les emmener vers la source de la pétrification. Cela prendra un an, ce qui nécessite plusieurs pages d’ellipses en forme de reportage journalistique permettant de jolis montages graphiques. S’ensuit une grosse révélation sur la pétrification, que l’on n’attendait pas de sitôt, avec un cliffhanger de la mort qui tue! Cela ne veut pas dire pour autant que l’histoire s’accélère car comme à leur habitude les auteurs s’arrêtent à chaque teasing pour un retour en arrière ou un détour dans une nouvelle séquence. Chaque prétexte est bon pour une invention! En introduction Boichi nous rappelle sa passion et sa précision pour tout ce qui est technique, en écho à sa série parallèle, Origin. En fin d’ouvrage, outre les habituels courriers des lecteurs, Glénat nous propose un mot croisé.

Le treizième tome se concentre sur la préparation cosmétique de Kohaku qui doit infiltrer les nouveaux adversaires qui ont à nouveau pétrifié leurs compagnons. Si cela permet de développer des infos sur la chimie naturelle des crèmes, rouges à lèvres et sur la biologie des cheveux ce n’est pas la séquence la plus passionnante même si l’humour (graphique notamment avec une Kohaku décidément craquante!)  est toujours là. Ce volume comprend donc quelques longueurs  même si le rythme reste très rapide et le découpage haché comme depuis le début de la série. Maintenant que les mécanismes sont entendus, les ados adorent cet univers qui correspond parfaitement à leur univers à la fois moderne, décalé et en interrogation. Les ventes affolantes de cette série ne sont donc absolument pas surprenantes pour un Shonen qui rassemble tout ce qui peut plaire à son public cible.

Le quatorzième volume des aventures de Senku et ses amis voit un nouveau drame alors que l’élixir de dé-pétrification a enfin été créé… Car outre l’infiltration du sérail par Kohaku il va être nécessaire de récupérer tous les morceaux des statues de leurs amis, brisées et jetées à l’eau par le royaume pétrificateur! Une bonne occasion d’inventer la bouteille à oxygène avant de pouvoir s’atteler à la création d’un drone capable de récupérer l’artefact Medusa, procurant le pouvoir de changement des corps en pierre. Outre la surprise de ce qu’est Medusa on va apprendre également les véritables équilibres entre les dirigeants du royaume pétrificateur et l’intervention toujours aussi fun de Gen le mentaliste… Si les auteurs étirent toujours leur propos entre séquences grotesques, bavardages pédagogiques et courtes séquences d’action, ils avancent résolument dans notre compréhension de la cause de tout, avec de nouvelles révélations très surprenantes! Comme toute bonne série, le lecteur est complètement accaparé par un verbiage et un montage particulièrement touffus qui ne laissent pas une seconde pour se demander où l’on va. Les problématiques naissent et disparaissent très rapidement et le nombre de séquences d’un seul volume reste assez impressionnant.

On sort de ces trois volumes avec l’impression d’en avoir beaucoup appris tout en n’étant encore que peu avancé dans l’intrigue. Paradoxe d’une série qui semble avancer au plaisir immédiat des auteurs (et des lecteurs) et qui semble toujours en avoir beaucoup sous le coude malgré les réticences à en révéler trop et trop vite.

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****·Manga

Origin #9-10

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Manga de Boichi
Pika (2020), série finie en 10 tomes.

L’album se conclut par une courte histoire assez débile (et pas franchement drôle) sur le quotidien d’un dessinateur de manga, à l’image de ce que l’on a pu voir sur les précédents tomes. Je souligne que l’éditeur s’est très étrangement dispensé d’insérer le chapitre 87.5 se déroulant sur Vénus dans une mission de sauvetage et faisant le pont avec les futurs projets de l’auteur. L’épilogue de l’album 10 français paraît assez étrange en regard…

[Attention Spoilers]

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Mai est morte, tuée par un des frères d’Origin. L’un des objectif du robot avec le fait de « vivre une vie convenable » a disparu. Il a échoué. Mais avec cette disparition un évènement se passe dans les neurones quantiques de cette machine, une évolution qui va faire évoluer cette Intelligence artificielle vers quelque chose d’autre…

Origin 80 | MangaSakiQuelle fin en apothéose! A l’image de la série et de cet auteur cette conclusion en deux tomes, trop courte pour tout ce que l’auteur avait à dire, pour refermer les très nombreuses pistes et personnages ouverts, nous laisse un peu piteux et choqué dans ce grand huit dont est capable le prodige coréen. Comme on le pressentait depuis le début, Boichi s’inscrit totalement dans la ligne du modèle Ghost in the Shell pour nous proposer une incroyable vision tout ce qu’il y a de plus techno-philosophique, l’acmé de ce que peut proposer la science-fiction lorsqu’elle assume son statut en poussant très loin les concepts scientifiques qui finissent par converger vers des sujets existentiels voir théologiques. L’auteur avait déjà abordé le Divin dans sa série Sanctum et on trouve ça et là des questionnements de ce type dans Dr. Stone. Ici le décès de sa protégée humaine déclenche en Origin une évolution des capacités cognitives en le faisant accéder à l’amour (posthume) avant de progresser bien plus loin en bouclant la boucle avec le thème de Y l’IA ultime que nous avons déjà rencontré plus tôt. On est au cœur de l’Anticipation avec la fascinante réflexion non seulement sur ce qu’est l’identité et l’être (la capacité de calcule suffit-elle à penser?) mais Boichi y ajoute des visions sur l’interaction entre la vitesse de traitement de l’information et l’influence quantique avec le monde physique. Ces raisonnements aboutissent souvent à des idées new age sur la transcendance. Boichi n’en est pas loin mais son technicisme affirmé lui permet de rester chevillé à l’idée scientifique et de nous proposer des idées assez vertigineuses! Dans le combat final (plutôt réussi) l’auteur se veut moins pédagogique que sur les précédents volumes, sans doute pressé par le temps et le peu de pages lui restant pour achever son récit et nous plonge dans des concepts quantiques très complexes que la simple visite de Wikipedia ne suffira sans doute pas à éclairer.

Origin Vol.10 Chapter 87: The Origin of Everything. page 10 - Mangakakalot.comLe soucis, déjà rencontré, ce sont ces ellipses pas toujours expliquées et qui nous laissent avec l’impression de pages perdues. C’est assez dommage car une ou deux cases suffisent souvent à faire le lien avec une progression rapide. La gestion du temps a toujours été capricieuse chez cet auteur qui semble parfois se perdre dans de grandioses combats ou pleines pages contemplatives avant de sauter du coq à l’âne sans coup férir. De même, ce boulimique a envie de développer un grand nombre de sujets avant de se rendre compte que dix tomes de manga avec une grande place laissée aux combats est bien peu pour développer et aboutir une thématique si complexe. J’avais fait le parallèle avec le Carbone et Silicium de Bablet qui, lui, prenait le temps et parvenait en cela mieux que son collègue mangaka à nous faire toucher l’Idée. Dans ces derniers volumes, assez linéaires, on réalise bien tardivement que les sujets de l’AEE, de l’équipe de la Team cerveau, de la mort du père, de l’histoire du robot Masamune… sont laissés presque en plan, sans suite. Pas le temps, Boichi coupe pour se concentrer sur l’achèvement inattendu de l’évolution d’Origin.

Origin Vol.10 Chapter 87: The Origin of Everything. page 15 -  Mangakakalot.com in 2020 | The originals, Good manga, ChapterLe sujet était casse-gueule comme tout thème SF très ambitieux. Et sur ce point l’auteur réussit excellement, sans faute de goût (juste un léger manque de lisibilité des séquences finales) en se permettant une fin ouverte et de mettre en quelques images cette série au point de jonction de pratiquement toute son œuvre. La fin de Wallman avait déjà rejoint Sun-ken Rock, Origin fait de même en créant un univers partagé potentiellement passionnant pour peu que ce grand gourmand ait le temps de planifier un projet structuré. Fortement poussé par ses envies, extrêmement talentueux, Boichi arrive avec Origin à accomplir, malgré ses nombreux défauts, une des œuvres SF les plus ambitieuses et réussies de la BD mondiale. Comme beaucoup de dessinateurs il lui manque encore l’autocontrôle scénaristique qui permettrait à ses créations de passer le stade de la claque visuelle, une fluidité narrative. Mais comment bouder son plaisir devant une telle maestria graphique, cette furie des corps, cette imagerie technique et ces dernières visions SF magistrales. Origin est à ce jour la meilleure BD du coréen. En attendant la suivante…

****·Manga

Origin #6-8

esat-west

Manga de Boichi
Pika (2020), série finie en 10 tomes.

Après avoir affronté un robot militaire Origin se retrouve envoyé au siège IA de l’AEE afin de remettre un rapport. Là-bas il va se retrouver au cœur d’une attaque terroriste avec un nouveau dilemme entre la nécessité d’intervenir et de protéger son identité…

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Le sixième tome conclut la séquence de l’attaque contre le centre de l’AEE. Très plaisante offensive qui permet notamment à l’auteur d’imaginer comment une militaire de l’élite  peut rivaliser avec ces androïdes ultraperfectionnés. Comme je l’ai déjà dit, la série avance vite car il reste moins de la moitié pour développer une intrigue qui était restée assez obscure jusqu’ici. Et cela tombe bien car dès la fin de ce volume l’intelligence artificielle Origin T7, manga chez Pika de Boichiultime Y va révéler à Origin leur rôle respectif ainsi que l’existence d’une adversité inconcevable… et diablement intéressante intellectuellement parlant! Alors qu’un ouvrage majeur sur le sujet vient de sortir, il est étonnant de voir comme les auteurs correspondent par œuvres interposées sur un sujet, l’Intelligence Artificielle, qui semble n’avoir jamais autant passionné. Il faut dire que la collapsologie  nous pousse à nous interroger plus que jamais sur ce qui fait l’existence et ce qui pourrait succéder à l’homme en poussant Asimov un peu plus loin encore…

Le septième volume marque un petit ventre mou en faisant une grosse pause dans l’action et le retour sur les relations entre membres de l’AEE et l’humour à la Boichi. Origin cherche des moyens de se reconstruire, il est fauché et se lance dans la production de mangas (!!). L’auteur en profite pour creuser le thème de l’amour possible entre une humaine (Mai Hirose) et une IA (Origin)… Comme toujours les réflexions sont assez passionnantes bien que le temps manque pour les creuser. A ce titre on est donc bien à l’opposé du Carbone et Silicium de Bablet qui prends beaucoup de temps pour détailler sa pensée complexe. Chez Boichi, manga grand public oblige, on part à peu près du même point mais en effleurant juste certains concepts. Le sujet de cet épisode est l’enquête de l’AEE sur les restes des androïdes de l’attaque après que la multinationale ait étouffé l’affaire sur le plan médiatique. Du coup si le scénario reste intéressant, les personnages principaux sont tout à fait mis de côté ce qui crée un petit essoufflement. Le plus intéressant, hormis les combats donc, c’est bien les idées d’objets et du quotidien dans un futur proche (on nous parlera plus tard de Fukushima), dans une démarche proche de celle de Spielberg sur Minority Report. L’autre concept que j’aime bien c’est la transposition des codes du super-héro (couverture civile et action superpower clandestine) dans un environnement Hard-SF. Ce principe est une ligne force de la série et trouvera sa conclusion au tome huit.Manga «Origin» by Boichi shared by M I S T M O R N

Plus que deux volumes avant la fin et ce huitième tome marque le retour des combats brutaux, fulgurants, entre robots. Repartant sur les mêmes bases que les tous premiers épisodes avec du combat de rue imprévu, cette fois cela ne va pas bien se passer pour Origin… Si les dessins atteignent de nouveau des sommets tant dans la virtuosité des cadrages et anatomies (avec donc un retour du fan-service mais aussi, avouons le, une passion de l’auteur pour le dessin des corps, qu’ils soient féminins ou masculins), Boichi reprend aussi ses tics de narration coupée brutalement Origin T8, manga chez Pika de Boichiavec de vraies hachures entre les cases d’action, et parfois l’impression que l’on a raté une page. C’est un effet de style pour gérer l’immédiateté des raisonnements des IA et la rapidité subluminique des actions, mais j’avoue que c’est un peu perturbant et coupe la dynamique des combats. Hormis cette gestion du temps, l’auteur sait nous surprendre, souvent et lance son dernier arc dans une fuite pour Origin et Mai devant les robots et les humains, qui pour des raisons différentes ont tout intérêt à leur mettre la main dessus. Faisant face à l’ennemi le plus redoutable qui lui ait été donné d’affronter, Origin se retrouve face au mur d’atteindre un statut de perfection s’il veut sauver la jeune femme. Le principal risque de cette série est que l’auteur ne sache pas où forcer le trait tant les thèmes sont nombreux et passionnants. Du coup cela accentue la surprise quand il vire de bord et bien malin celui qui sait comment toute cela va se terminer… A ce stade, Origin est un manga qui frôle la perfection mais reste freiné par quelques tics, un format assez court et une indécision entre les multiples envies du mangaka. Mais cela reste un très grand plaisir à chaque tome.

****·Manga

Origin #4-5

esat-west

Manga de Boichi
Pika (2020), 9/10 tomes parus. Série finie au Japon.

Après avoir affronté un robot militaire Origin se retrouve envoyé au siège IA de l’AEE afin de remettre un rapport. Là-bas il va se retrouver au cœur d’une attaque terroriste avec un nouveau dilemme entre la nécessité d’intervenir et de protéger son identité…

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Origin - BD, informations, cotesPour preuve de l’implication de Boichi dans cette série qui lui tient particulièrement à cœur, les petites préfaces inclues sur la jaquette apportent des informations très intéressantes sur la démarche et éclairent d’un jour nouveau les planches du récit. Ainsi sur le volume quatre il nous décrit l’évolution récente du Cyberpunk dans les littératures de l’imaginaire et le plaisir à introduire le « personnage » de Y, l’IA surpuissante qui nous rappelle fortement l’IA de l’excellent manga Ex-Arm. Dans le cinquième tome il nous décrit dans un texte essentiel pour la compréhension de l’œuvre, de son envie de parler non seulement des robots mais surtout d' »êtres doués de pensée ». Par des rajouts réguliers de références à Asimov et ici à Arthur Clark il rattache sa série aux pères fondateurs du genre tout en citant Fritz Lang ou Terminator.

Ces deux volumes montent d’un cran en terme d’action puisque après l’introduction d’Origin à l’IA secrète développée par l’AEE les tomes quatre et cinq décrivent le déroulement de l’attaque des « frères » contre le centre. Moyen pour Boichi de faire parler la poudre avec des séquences d’action très puissantes et toujours aussi virtuoses. Le seul reproche que je ferais repose sur un rythme un peu haché du fait de la nécessité d’avancer rapidement dans cette série au format court (dix tomes en tout) et d’inutiles résumés des épisodes précédents, un peu comme dans certaines Scan Origin 44 VF - Lecture En Ligne Mangasséries américaines, ce qui fait perdre des pages de développement… Hormis cela, on est au cœur de l’action, avec toujours les réflexions d’Origin sur le meilleur moyen d’empêcher ses adversaires de tuer des humains (pour « vivre convenablement ») et les descriptifs techniques toujours passionnants sur les développements du corps des robots et les manœuvres pour parvenir à ses fins en utilisant le maximum des capacités de la « machine ». La baston est finalement un peu facile pour le héros mais on peut gager que cela va monter d’un cran avec l’arrivée des autres « frères ». Notons que le tome cinq profite étonnamment d’une séquence de résumé pour nous raconter l’origine des autres robots, ce qui n’avait pas été fait aussi clairement jusqu’ici et fait un peu retomber le mystère.

Sur ces volumes Boichi est particulièrement sage concernant ses tics puisqu’il y a très peu d’humour et aucun élément Ecchi, ce qui permet clairement de densifier le récit. Attention, la violence reste importante et l’auteur montre ce qu’il y a à montrer sans détours. Les bonnes idées foisonnent dans cette séquence, qui se rapproche donc beaucoup des idées dEx-Arm, manga récemment découvert, sublime graphiquement également et comme Origin descendant directe de l’œuvre de Masamune Shirow (Appleseed et Ghost in the shell… dont il faudra que je parle dans un billet dédié vu le nombre Origin: Chapter 42 - Page 18d’articles où je réfère au maître!). Je regrette simplement la première faute de gout avec le tank dont l’apparence semi-organique rappelle l’attrait de pas mal de manga pour les monstres à parties humaines (dents proéminentes, bouches multiples,…) et qui fait totalement tache ici dans une œuvre hyper-technologique (aspect graphique qu’assume mieux Ex-Arm). Dommage et j’espère que les combats contre les homologues androïdes reprendront rapidement. Je regrette également les bonus qui abandonnent (temporairement?) les fichiers techniques si passionnants des précédents volumes pour un journal de Boichi à l’humour tout à fait douteux…

Au final j’ai trouvé le volume quatre vraiment incroyable et le cinq un peu moins bon, dans une série qui reste particulièrement prenante autant intellectuellement que graphiquement et reste ce que Boichi à fait de mieux pour le moment dans ce que j’ai lu.

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