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Nero #1: Obscurci est le Soleil, ternes sont les étoiles

Premier tome de 122 pages, de la série écrite par Emiliano et Matteo Mammucari, avec Emiliano Mammucari et Alessio Avallone au dessin. Parution initiale en Italie, publication en France chez Dupuis le 03/02/2023.

Regards Croisés et djinns trop serrés

En l’an 551 de l’Hégire, soit en 1173, le Moyen-Orient se remet à peine de la Deuxième Croisade, et s’apprête à en vivre une Troisième. Le guerrier arabe Nero n’abandonne pas pour autant la lutte contre les croisés francs. Réputé pour sa férocité, il est craint autant par les croisés qu’il passe régulièrement par le fil de l’épée que par ses propres alliés, qui voient en sa férocité et son manque de discipline un défaut potentiellement fatal.

Nero n’en a cure, et se jette à corps perdu dans la bataille, mû par une rage inextinguible qui lui vient d’un traumatisme d’enfance. En effet, avant qu’il n’atteigne l’âge d’homme, son père a cherché à le sacrifier façon Aïd-El-Kébir, durant un obscur rituel visant à libérer une créature antédiluvienne, avant de succomber avec ses ouailles.

Lors d’une bataille, Nero, gouverné par sa haine, rompt les rangs pour plonger toujours plus profond dans la rage et l’hystérie de la guerre. Mais son arrogance et son impétuosité lui jouent des tours, lorsqu’il est piégé par un croisé qui abat son cheval et s’apprête à l’embrocher. Nero est sauvé in extremis par un autre chevalier croisé au visage recouvert par un heaume, qui le fait prisonnier et lui propose un étrange marché.

Le mystérieux chevalier franc semblent connaître notre guerrier bien plus qu’il ne devrait. Il est au courant pour le rituel avorté, et souhaite se rendre dans la grotte où il a eu lieu afin de l’achever. Selon lui, un ange y est retenu prisonnier, et quiconque le libère voit son voeu le plus cher exaucé. Nero, lui, connaît la vérité. Ce n’est pas un ange qui se cache dans cette grotte, mais une créature plus ancienne et plus retorse que ce que le franc est capable d’imaginer.

Pour Nero, son rôle est clair: il doit empêcher quiconque de libérer le mal enfoui dans cette montagne, quel qu’en soit le coût. Mais l’itinéraire des deux ennemis va, par la force du contexte, prendre des détours inattendus, car d’autres personnes convoitent le pouvoir de la créature, en premier lieu le Cadi, oncle de Nero et dirigeant du dernier bastion qui s’apprête à tomber aux mains des chrétiens, et qui aurait bien besoin d’un petit coup de pouce magique pour sauver sa citadelle.

Nero est une série italienne créée en 2021. Elle donne la part belle au grand spectacle et à l’action, sur fond de croisades et de rituels magiques. L’ambiance fait clairement penser au premier Assassin’s Creed, en premier lieu car les deux récits prennent place durant les Croisades en se plaçant du coté arabe, et en second lieu car les deux franchises mettent en scène un héros charismatique qui paie le prix de son arrogance et de son impétuosité tandis qu’il cherche la source d’un pouvoir magique qui pourrait modifier le cours du conflit.

Nero ajoute cependant un ressort différent, celui de la collaboration forcée entre deux personnages que tout oppose. Ce premier volume est divisé en deux actes comprenant leus lot de péripéties, menées tambours battants. Il est à noter que les deux actes sont dessinés par deux artistes différents, qui parviennent à homogénéiser leur style de façon plutôt remarquable.

Un lore fascinant dans un contexte historique qui l’est tout autant, un personnage charismatique et de l’action à foison, Nero aura tout pour plaire aux amateurs de récits fantastico-historiques. Et c’est un coup de coeur !

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In Memoriam #1: Manon

Premier tome de 72 pages de la série écrite par Mathieu Salvia et dessinée par Djet. Parution chez Dupuis le 20/01/2023.

Dirty Harry Potter

Arthur C. Clarke défendait l’idée selon laquelle « toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie« . Mais que dire de la vraie magie ? Celle qui distord la réalité et les lois de la physique, sous l’influence d’un habile sorcier ou d’un artéfact ? Dans le monde d’In Memoriam, la magie est présente au quotidien, elle est pratiquée par une frange de la population dont les activités sont régies par l’Ordre des Sorciers.

Paris, ville de lumière, ville des Lumières, rayonne également par ses prestigieuses institutions magiques, qui attirent pratiquants et touristes. La Magie ne fait pas qu’impressionner les quidams, elle a aussi des applications pratiques, comme celle d’agrandir artificiellement un logement, ou de faciliter la conception d’un enfant.

Manon, jeune policière impétueuse, essaie justement de concevoir un enfant avec sa compagne Mila, également fonctionnaire de police, en ayant recours à un sortilège. Alors qu’elles apprennent qu’elles vont devenir mamans, Manon et Mila sont prises, comme des milliers d’autres parisiens, dans la déflagration que l’on baptisera plus tard la Grande Déchirure, qui dispersa la grande majorité des énergies magiques et priva de leurs pouvoirs la totalité des sorciers. Cette catastrophe n’a pas épargné certains quartiers de la captiale, qui sont désormais irradiés et transformés en no-man’s-land dans lesquels règne le chaos.

Un an après la perte de leur bébé à naître, Manon et Mila vivent une vie de couple distendue et insatisfaisante, au bord de la rupture. Manon a rejoint la BAM, la Brigade Anti Magie, et traque les anciens mages qui revendent au marché noir le peu d’artéfacts épargnés par la catastrophe. Détestés par la population car considérés comme responsables de l’explosion, les sorciers se cachent et vivent pour la plupart dans la clandestinité.

Ce n’est pas le cas d’Adam, qui mène une vie en apparence normale rythmée par le quotidien de sa laverie. En arrière-boutique, cependant, Adam continue son activité de receleur et monnaie des informations à Manon pour la traque des autres mages. Alors que les tensions sociales sont de plus en plus fortes, Adam reçoit la visite d’un homme étrange qui recherche sa filleule, qu’il n’a pas revue depuis la catastrophe et qui a rejoint la redoutée Mafia des Chats. Ce serait une affaire de routine pour Adam, si la fillette n’était pas déjà traquée par deux assassins sadiques qui disposent encore de leurs pouvoirs magiques. Manon et Adam vont sans doute devoir s’associer pour résoudre cette affaire et empêcher une escalade de la violence.

Le duo Salvia/Djet, que l’on connaît pour la série à succès Croquemitaines, récidive avec une nouvelle série fantastique et policière. Comme on a pu le voir dans le récent Fées des Sixties, le scénariste mêle les archétypes du récit d’action et ceux de la fantasy, en faisant se cotoyer flics badass et sorciers mystérieux, comme pouvait le faire Bright.

Au regard de la caractérisation, on peut déplorer que l’auteur ne soit pas parvenu à trouver des voies alternatives pour rendre son héroïne à la fois badass et intéressante. En effet, Manon, malgré un aspect général sympathique, colle globalement au cliché du flic badass, qui fonce dans le tas, dit des gros-mots et boit beaucoup d’alcool. La cerise sur le gâteau est la relation de couple défectueuse marquée un événément tragique, comme on le voit dans ce type de récit, de Heat, à Criminal Squad en passant par Die Hard. Si l’Etagère Imaginaire aimait la controverse, nous pourrions alors relever sans trop de peine d’autres clichés de genre, comme le couple lesbien composé d’une femme girly, introvertie et décrite comme fragile/maladroite, et une femme tomboy, dotée des caractéristiques agressives et stéréotypées décrites plus haut.

Pour le reste, on peut dire que ce premier album prend son temps pour installer l’univers et les règles qui le régissent, s’agissant de l’impact de la magie sur la marche du monde et sur la vie des individus. Néanmoins, les enjeux ne sont pas encore clairement établis, l’auteur préférant sans doute garder des billes pour la suite de la série. C’est un pari plutôt risqué, car susceptible de perdre l’intérêt du lecteur qui pourrait ne pas savoir dans quoi il s’engage. On peut néanmoins supposer que la suite de l’intrigue révèlera en quoi la fille recherchée est importante, et quel est son lien avec la Grande Déchirure.

Pour ceux que cela intéresse, il y a dans l’album des premisses d’un univers partagé, avec Vermines, le prochain album du duo, à paraître en avril 2023 toujours chez Dupuis.

Si l’exposition que constitue ce premier tome nous laisse sur notre fin, il faut aussi reconnaître de bonnes idées de l’auteur s’agissant de l’exploitation de son concept de base, comme les quelques applications pratiques de la magie dans le quotidien de tout-un-chacun. On sent également une volonté du scénariste de faire un parallèle entre magie et science, ne serait-ce que par le contre-coup de l’explosion, qui file la métaphore de la bombe atomique (dévastation et quartiers irradiés), ou bien le débat sur la GPA au travers du projet familial de Manon et Mila (là encore, on peut regretter que l’auteur ait fait en sorte que ce soit Mila qui porte l’enfant, plutôt que Manon, encore un stéréotype qu’il aurait été utile de déjouer ou de subvertir en allant au-delà de nos biais de préconception), ou encore le racisme et les clivages sociaux moldus/sorciers (encore une fois comme Bright).

Graphiquement, Djet assure sa partie avec brio, grâce à un trait dynamique, des cadrages empruntés aux mangas et au cinéma d’action, de quoi réveiller la rétine.

En bref, un début de série intéressant mais non exempt de défauts scénaristiques, qui pourraient/devraient être corrigés dans la suite.

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Harpoon

Histoire complète de Roc Espinet, parue aux éditions Spaceman Project le 21/10/2022.

Hardcore Vaïana

Pour autant que l’on sache, l’Île de Loimata est la seule terre émergée sur laquelle la vie peut prospérer. C’est du moins ce que pensent Litha et son peuple, insulaires dont les ancêtres ont survécu à un grand cataclysme qui a rasé une partie de l’île. Aujourd’hui, alors que Loimata porte encore les stigmates de cette catastrophe, un îlot en son sein demeure nappé dans un brouillard méphitique nommé le Funeste, frappé du tabou par les anciens. Son évocation et son exploration sont proscrites, car il se dit qu’une arme ancienne, puissante et maléfique, la Corne de Nicro, s’y trouverait encore, attendant de provoquer un nouveau cataclysme.

Litha quant à elle, est une farouche guerrière, élevée à la dure par une mère intransigeante pour être la meilleure, la plus impitoyable. Les sentiments n’ont pas eu de place dans sa vie, qu’elle a consacrée au combat et à la violence, jusqu’à devenir la cheffe militaire de Loimata, malgré la mort de sa mère. Le quotidien spartiate de Litha est bouleversé lorsque Loimata se retrouve encerclée par une immense flotte de bateaux, qui forment un blocus menaçant comme personne n’en a jamais vu.

Alors que les habitants se demandent encore qui sont ces envahisseurs et ce qu’ils cherchent, le sang de Litha ne fait qu’un tour, la jeune guerrière s’empresse de s’embarquer pour le Funeste pour y retrouver la Corne de Nicro, avec un objectif double: soustraire l’arme taboue à la convoitise des envahisseurs, et s’en servir contre eux pour protéger l’île.

Malheureusement, personne n’est jamais revenu vivant du Funeste, Litha n’est donc en rien préparée à ce qui l’attend là-bas. D’autant plus qu’utiliser cette arme représente certes une opportunité de vaincre les nouveaux ennemis, mais aussi un risque de raser la dernière moitié de Loimata.

En fiction (et aussi souvent dans la vraie vie), les menaces exigent une réponse appropriée et proportionnelle. Mais il existe aussi des situations face auxquelles le danger est si grand, qu’aucune réponse proportionnée n’existe. Il faut donc alors se tourner vers des solutions extrêmes, radicales, qui peuvent se révéler plus destructrices encore que la menace que l’on souhaite combattre. Les exemples sont nombreux, parmi lesquels le recours au Destructeur d’Oxigène dans le premier Godzilla, ou encore le voyage dans le Temps pour Avengers Endgame.

Dans Harpoon, la Corne de Nicro est l’équivalent du Destructeur d’Oxigène, car il représente à la fois la salut potentiel de Loimata et sa destruction tout aussi probable. Cet item narratif a pour effet bénéfique de confronter les personnages à de choix thématiques qui poussent l’histoire en avant, ce qui est un atout car il faut bien avouer que l’exposition (soit les 20 premières pages environ) se prend un peu les pieds dans le tapis.

L’auteur opte pour une protagoniste plutôt sombre, voire antipathique, s’éloignant du cliché de la princesse Disney que l’on pouvait voir dans Vaïana, autre récit d’aventure basé sur les cultures insulaires du Pacifique. Ce n’est qu’en se confrontant au Funeste que Litha apprendra la leçon dont elle a besoin pour retrouver un équilibre dans sa vie, faisant d’elle une héroïne à la face sombre mais au parcours intéressant. Le reste du casting n’est pas délaissé pour autant, chaque membre du groupe formé par Litha ayant un parcours défini, des sentiments et des aspirations propres, ce qui leur évite une fonction accessoire et permet de tisser un réseau de personnages dont les intéractions seront un des moteurs du récit.

L’autre moteur du récit est la redécouverte des secrets oubliés de l’île, les héros avançant littéralement dans le brouillard pour décoder les origines du tabou qui frappe leur histoire. Trahisons, rancoeurs, nous sommes donc ici face à une histoire plus sombre qu’il n’y paraîtrait à première vue. Graphiquement parlant, Roc Espinet parvient à donner corps à ses personnages ainsi qu’aux créatures du Funeste, mais on reste peut-être sur sa faim s’agissant des décors de l’île, finalement assez dépouillés (ce qui s’entend néanmoins si l’on considère le cataclysme). La palette graphique reste quant à elle sobre, ce qui colle à l’ambiance du récit mais pas nécessairement au décorum des îles du Pacifique.

Harpoon est un album plus profond et plus sombre que sa couverture ne laisse présager, un album certes couteux (30€ tout de même!) mais qui en vaudra le détour.

***·Manga·Nouveau !·Service Presse

Fullmetal alchemist (perfect edition) #12-13-14

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Manga de Hiromu Arakawa
Kurokawa (2023) – Square Enix (2002), env. 300 p./volumes, 11/18 volumes parus dans cette édition.

bsic journalismMerci aux éditions Kurokawa pour leur confiance.

Attention spoilers!

Lire les volumes d’une série par vague a le grand mérite de permettre un certain recule et cet arc (qui commence donc au tome 11 de la Perfect edition et se termine par le 14) marque à la fois une grande accélération dans les révélations finales sur le Grand Plan des homonculus qui dirigent le pays et la confirmation du grand défaut de la scénariste Hiromu Arakawa depuis le début. FMA est incontestablement une des grandes saga du manga shonen (bien que je conteste régulièrement ce classement depuis le début de mes chroniques de la saga alchimique). Pourtant un étrange sentiment de longueurs s’insère systématiquement entre d’incroyables séquences d’action pure, de gros délires décalés ou d’espionnage millimétrique. L’origine du problème, que l’on observe ici de façon flagrante est une propension aux faux-rythme de l’autrice, qui quasi systématiquement coupe les séquences les plus brillantes par une rupture brutale, un changement de ton ou une ellipse béante. Cela crée de la frustration mais c’est un effet recherché probablement destiné à entretenir le suspens. Du fait de l’aspect tortueux et bien obscure de l’intrigue jusqu’ici et de la quantité de personnages, ce rythme erratique a tendance à complexifier la vision d’ensemble du lecteur.https://www.generationbd.com/images/FMA-13-00001_1000x716.jpg

Ceci étant dit, cet avant-dernier arc regorge de révélations majeures, nous dévoilant enfin l’objectif final des homonculus de Central City, mais aussi leur origine et le rôle du père des frères Elric. Tout se met en place pour l’affrontement final. Il était temps et ces évolutions confirment une difficulté à gérer le temps long pour l’autrice qui a gardé sous le coude nombre d’élément jusqu’à seulement quatre tomes de la conclusion. On ne va pas bouder notre plaisir puisque si l’affrontement de la forteresse de Briggs du tome 11 reste le point culminant de la saga, les suivants proposent également de belles séquences via l’antagoniste redoutable Kimblee, l’alchimiste écarlate, rencontré lors du génocide Ishval. Si les aller-retour des protagonistes restent parfois un peu confus, l’humour reste redoutable (avec, si je ne l’ai déjà dit, une des meilleures traductions que j’ai pu lire en manga, tout simplement!) et la menace des homonculus reste particulièrement menaçante. Avec mille et un personnages et une quantité de méchants sur-puissants on voit toujours difficilement comment les modestes héros vont bien parvenir à éviter l’apocalypse final annoncé. Pourtant…https://www.generationbd.com/images/FMA-13-00003_1000x734.jpgCes volumes vont nous apprendre enfin qui est Hohenheim, sa véritable puissance et son lien avec le père des homonculus. Alors que la redoutable sœur Armstrong apparaît un peu décevante, se limitant à l’interaction humoristique avec son frère, la fusion entre Lin et Greed est en revanche centrale et passionnante en ce qu’elle redonne un aspect héroïque à l’un des membres de la confrérie des Elric après que Scar semble avoir accepté de se joindre à eux. Ne renonçant devant aucune surprise, Arakawa va jusqu’à tuer Ed (ou presque) et nous montre enfin qu’un homoncule peut être détruit. Cela marque un tournant majeur en ce que pour la première fois (hormis les redoutables actes de rages de Scar) le camp des méchants se trouve menacé alors même que nous savons enfin contre quoi les héros se battent. Tout cela dans des séquences à la tension dramatique parfaitement menée et à l’originalité graphique sublime dans sa pureté d’encrage.

Avec ses défauts identifiés mais un univers d’une complexité incroyable, Hiromu Arakawa peut donc commencer à refermer ses portes, progressivement, maintenant que tous les acteurs semblent révélés. C’est donc une course contre la montre qui est entamée pour la Cinquième colonne de l’armée dirigée par Mustang comme pour les amis des frères Elric désormais réunis avec leur père. Ce qui est certain c’est que le final s’annonce grandiose!

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Merci au site GenerationBD pour ses scans de très bonne qualité!

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Furioso #2: L’Outre-Monde

Second tome du dyptique écrit par Philippe Pelaez et dessiné par Laval NG. 48 pages, parution le 05/04/23 chez Drakoo.

C’est La Geste qui compte

Dans le premier tome, nous rencontrions Garalt, qui revenait d’entre les morts façon The Crow, huit ans après avoir été tué par sa Nemesis, le chevalier Roland. Ce dernier, neveu du roi Kaarl (comprendre Charlemagne, dans la version originale), a été rendu fou par un amour non réciproque, et s’est dit que massacrer des gens serait une bonne soupape afin de soulager sa frustration.

Cela tombait plutôt bien, puisque le royaume de Kaarl était depuis de nombreuses années en conflit contre les Morts (comprendre les Maures, dans la version originale), l’armée de l’Empereur Agramant. Quelque peu décontenancé par cette impromptue résurrection, Garalt sauve de façon inopinée Angélique de Baran, celle-là même qui éconduisit Roland, et découvre qu’il a été ramené à la vie par Alcyna, une magicienne qu’il aima jadis, et dont la sœur Morgane complote sans cesse contre les hommes.

Être ressuscité c’est bien beau, seulement voilà: Garalt en aime une autre, la farouche virago Bradamante, qui lui a donné un fils qu’il n’a pas eu le temps de connaître, occis qu’il fut par Roland. Dans le premier tome, Garalt tente de se rapprocher de Bradamante en participant incognito à une joute, mais difficile de cacher son habileté au combat. Alors que la guerre s’intensifie et que l’empereur zieute de plus en plus près la capitale d’Ys, Garalt va devoir faire un choix, entre être héroïque et être SUPER héroïque.

Philippe Pelaez, auteur apprécié sur l’Etagère, achève son adaptation du poème médiéval Roland Furieux (Orlando Furioso). Comme nous l’expliquions, ce récit fait partie des classiques fondateurs du genre fantasy, mais, ayant été vampirisé au fils des décennies, par les différentes œuvres qui s’en inspirent, finit par passer en second plan en terme de référence et perd donc son statut d’œuvre originale, aux yeux de lecteurs qui pourraient ignorer la portée de l’adaptation.

Ce phénomène fait que, sur ce diptyque, Philippe Pelaez et Laval NG ne réinventent pas la roue, loin s’en faut. Toutefois, l’adaptation n’en perd pas pour autant en légitimité, grâce à des thèmes forts qui méritent encore d’être adaptés. Le principal reproche que l’on peut faire au diptyque, c’est de condenser de façon un peu trop précipitée une œuvre dense et prolifique, quitte à sacrifier certaines péripéties ou certains personnages.

On peut prendre pour exemple le personnage d’Angélique, qui demeure quand même accessoire dans l’intrigue, ou encore le personnage de Sibly, l’écuyère que Garalt prend sous son aile, qui est (métaphoriquement parlant) mise dans un bus page 12 pour ne plus reparaître ensuite. La bataille finale, qui est évoquée et préparée en début d’album, se déroule de façon quelque peu brouillon, avec une intervention héroïque de Garalt amenée abruptement et sans trop de préparation.

Même si les textes sont toujours aussi léchés et écrits avec style, il n’en demeure pas moins l’impression que l’auteur s’est un peu pris les pieds dans le tapis avec cette adaptation. Avec la multiplication des sorties, l’auteur en deviendrait-il négligent ?

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PUNCH! saison#2: Maudits

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BD  de Valentin Seiche
Kinaye (2022), 40p., one-shot. Collection Punch!, saison 2.

image-13Merci aux éditions Kinaye pour leur confiance

Poursuivant depuis 2021 la parution de son anthologie d’histoires courtes PUNCH!, Kinaye rappelle celui qui a sorti la première création originale de l’éditeur, Valentin Seiche, pour une immersion dans un monde très très proche de la mythologie Miyazaki. Proposant toujours quelques cartes de personnages et descriptifs issus des jeux vidéos, l’auteur nous propose une opération de sauvetage d’un monde infesté par une graine de mélancolie tombée de la Lune. Un équipage de créatures maudites dotées de capacités martiales très importantes doit donc se rendre au cœur du Mal pour amputer la corruption et sauver le monde…

Très influencé par l’écosystème culturel Jeux-vidéo/animés japonais, Seiche parvient très facilement à s’approprier un chara-design élégant et une atmosphère mêlant naïveté et badasserie qui parlera aux jeunes lecteurs. Le dépaysement est réussi avec de chouettes engins, des combats dantesques et une proximité donc très proche avec le maître de l’animation japonaises avec ce monde de gentils démons prêts à s’allier voir à se sacrifier pour le bien commun. La trame suivra bien sur une jeune héroïne tout juste arrivée dans ce monde et qui servira de personnification pour le lecteur. Voulant bien faire Valentin Seiche coince pourtant un peu sur les scènes d’action avec une technique pas toujours très lisible qui empêche de parfaitement de profiter de la grande dynamique des planches. Petite différence entre le vrai cinéma d’animation et les BD adoptant la même technique et que laquelle achoppent souvent les illustrateurs venus de l’animation (Last man en faisait par moment les frais).

Il n’en demeure pas moins que cette jeune génération, toute à sa gourmandise d’imaginaires, nous ravit de créativité et on pardonnera les quelques limites techniques dans un format qui du reste ne vise pas à une ambition démesurée. Donner un tel tremplin à des auteurs sur des formats courts est une vraie belle œuvre qui ne surprend pas de la part d’un l’éditeur toujours très intéressant.

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Forgotten blade

Comic de Tze Chun et Toni Fejzula
Ankama (2023) – TKO Studios (2021), 176p. One-shot.

image-5Merci aux éditions Ankama pour leur confiance.

Au commencement était le Patriarche et la pierre des origines… Régnant sur la Citadelle qui alimente la terre des Cinq rivières, l’Eglise applique la Loi du dieu-fondateur. Autrefois champion de l’Eglise ayant brisé la révolte de Loquan, Ruza traine désormais son épée légendaire en quête d’un combat à même de lui contester le titre de plus grand guerrier au monde. Lorsqu’une chamane en quête de vengeance lui propose rien de moins que de tuer le Patriarche, Ruza n’hésite pas longtemps…

Amazon.fr - Forgotten Blade: A Graphic Novel (Volume 1) - Chun, Tze,  Fejzula, Toni, Powell, Jeff - LivresForgotten Blade est une petite pépite que l’on n’attendait pas et que seule le comic indé sait proposer. Écrite par le propre patron et fondateur d’un des derniers éditeurs de comics indépendant outre-atlantique déjà à l’œuvre sur Seven deadly sins, cette épopée fantastique semi SF est surtout l’occasion d’un énorme révélation graphique en la personne de Toni Fejzula. Entre la démesure architecturale d’un Druillet et la spontanéité d’un Olivier Pont, le serbe nous enivre dans un univers visuel unique où la magie et le fantastique adoptent l’esthétique de la haute science-fiction pour mieux troubler les lignes. La science du cadrage et la justesse des dessins permettent au dessinateur de coller des figures tantôt très classiques, tantôt estompées en des touches évocatrices et une colorisation très douce et incertaine. Le tout réussit l’incroyable pari de proposer des planches très lisibles correspondant à la thématique classique de l’odyssée punitive contre une Eglise inquisitoriale (registre action) et une dimension ésotérique avec des décors et magie géométriques.

Plus inspiré que sur le loupé Seven Deadly sins, le scénariste propose un univers où la magie issue du Fondateur est basée sur ces cinq rivières, dont celle des âmes qui collecte l’esprit des défunts. En matière de magie on est rarement surpris en BD mais je dois dire que les Forgotten Blade Tpb Part 2 | Read Forgotten Blade Tpb Part 2 comic online  in high quality. Read Full Comic online for free - Read comics online in  high quality .| READ COMIC ONLINEdeux auteurs parviennent à créer quelque chose de vraiment original, proche de la nécromancie en sachant rester suffisamment mystérieux pour garder une part de… magie. La colorisation basée sur les cinq couleurs des rivières donne aux pages une singularité qui souligne les éléments géométriques omniprésents. Une bonne intrigue étant souvent simple, Tze Chun place son ossature sur ses deux excellents personnages, ce qui permet de travailler le background qui ne sera révélé que tardivement. Son gros guerrier gère la partie action titanesque, sa commanditaire aux cheveux bleus étant là pour l’émotion au travers de son drame personnel. C’est cliché mais ça fonctionne très bien sans complexifier à outrance des pages déjà bien chargées. Les quêtes d’assassinat finissent souvent dans une grande baston dénuée de sens et ce n’est pas le cas ici où l’aboutissement sert le lecteur dans sa compréhension et ses révélations satisfaisantes en sachant finir remarquablement l’histoire.

Avec des hauts et des bas, l’éditeur TKO commence à construire un sacré catalogue très original en sachant chercher l’originalité graphique et le risque thématique avec des Sentient (nominé aux Eisner), Sara, ou Redfork. Ankama de son côté publie peu mais généralement très bien. L’alliance des deux vous garantit donc l’excellente lecture de ce début d’année, qui commençait à devenir ennuyeuse…

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Fées des Sixties #1: Les disparitions d’Imbolc

Premier tome d’une série dirigée par Gihef, avec Jul Maroh au scénario et Giulio Macaione au dessin. 56 pages, parution chez les Humanoïdes le 01/02/2023.

Merci aux Humanos pour leur confiance.

Shériff Fée moi peur

Le Londres des « Swinging Sixites » bat son plein. Partout en ville, les tenues colorées et les messages de paix fleurissent, là où régnaient autrefois l’austérité et la bienséance. Le flegme britannique n’est donc plus tout à fait ce qu’il était, mais ce n’est pas un mal puisque cela permet l’essor de la révolution culturelle. Ailith est une jeune écossaise venue à Londres pour y débuter une carrière de journaliste. Elle espère tirer parti de ses aptitudes journalistiques pour lever le mystère sur la disparition de sa mère quelques années plus tôt.

Ailtih impute la disparition à des créatures que tout le monde connaît bien au Royaume-Uni, les Fées. Oui, vous avez bien entendu, les Fées, ces petits êtres magiques qui vivent dans la forêt et jouent parfois des tours au humains. Ces dernières se sont révélées au monde entier depuis quelques années déjà, lassées de vivre dans l’anonymat esseulé des forêts anglaises. Cependant, la cohabitation entre humains et fées connaît quelques remous, notamment à cause d’une série de disparitions récentes d’humains.

Beaucoup de gens accusent les Fées, parmi lesquels Ailith et son ami d’enfance Elliot, policier anti-fées opérant à Londres. Afin de conserver son poste au journal et se prouver qu’elle a raison, la jeune reporter va débuter son enquête pour résoudre les kidnappings. Mais les rencontres qu’elle fera viendront bouleverser ses certitudes et la forcer à se remettre profondément en question.

Le pitch de Fées des Sixties est en apparence assez simple: en plein dans la décennie des Swinging Sixties, des fées vivent parmi les humains. Cette prémisse, à peu de choses près, est familière à ceux qui auront vu les récents Carnival Row et Bright, qui mêlent différentes ambiances, à savoir l’époque victorienne et le Los Angeles gangsta, au monde si particulier des fées et des créatures folkloriques anglosaxonnes.

De la même manière que Carnival Row, FDS mise sur une histoire d’amour entre fée et humain, le tout tournant autour d’un mystère dont la résolution est finalement assez simple. L’intérêt principal ne se trouve donc pas dans l’intrigue en elle-même, qui bien qu’elle contienne son lot imposé de rebondissements, mais plutôt dans l’allégorie qu’elle propose sur le racisme, la transphobie et l’homophobie.

En effet, comme on peut vite le constater, le settting de Fées des Sixties est propice à faire passer un message assez clair sur l’altérité et le rejet qu’elle provoque chez l’homo sapiens moyen. Le souci, c’est que là non plus, l’originalité n’est pas au rendez-vous, puisque ce thème et ce procédé ont déjà été utilisés à l’envi, ne serait-ce que par les deux exemples cités plus haut.

Néanmoins, on poursuit la lecture de l’album avec un certain intérêt, ne serait-ce que pour voir quelles implications les auteurs (Jul Maroh, scénariste de l’album, et Gihef, créateur du concept et de la série) ont implémenté dans leur uchronie fantastique. On note quelques bonnes idées, comme du trafic de poudre d’ailes de fées, ou autres entreprises sordides et illégales liées à l’exploitation de ces pauvres créatures.

En conclusion, il faut souligner l’initiative de cette série, visant à taiter du thème de l’inclusion et des discriminations, à la frontière de la fantasy et du thriller.

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The Midnight Order

Anthologie de 272 pages, concoctée par Mathieu Bablet, Isabelle Bauthian, Claire Barbe, Sumi, Titouan Beaulin, Quentin Rigaud, Allanva, Thomas Rouzière, Prince Rours, Claire Fauvel et Daphné Collignon. Parution au Label 619 le 16/11/2022.

Merci aux éditions rue de sèvres pour leur confiance.

Mes sorcières bien cinglées

La figure populaire de la sorcière a inspiré bien des histoires, généré bien des peurs et provoqué bien des tueries au cours des siècles. La réalité est pourtant bien plus sombre et cruelle que ce qu’aucun conte sordide ne pourrait concevoir. Depuis des siècles, les sorcières-exclusivement féminines-représentent en fait le dernier rempart entre le monde matériel et son annihilation. Par-delà les dimensions, de sombres créatures démoniaques ourdissent de sombres projets, que seules les sorcières du monde entier, fédérées sous la bannière de l’Ordre de Minuit, sont capables de contrer.

Victimes de persécutions puis reléguées aux obscurs recoins de l’inconscient collectif, les Midnight Girls poursuivent leur combat contre les forces obscures. Le prix exigé par ces combats est élevé, mais l’enjeu l’est tout autant. Johnson et Sheridan, deux sorcières expérimentées, sont chargées depuis quelques années d’une mission toute particulière: identifier et appréhender un certain type de sorcières, celles dont les pouvoirs sont si grands qu’ils échappent immanquablement à tout contrôle. Si une telle sorcière s’éveille à ses pouvoirs et que son troisième Œil apparaît, c’est le sort du monde qui entre en jeu, ce que l’Ordre de Minuit ne peut pas permettre.

Johnson et Sheridan traquent donc leur semblables, avant de les livrer aux geôles de la Forteresse Blanche, où elles sont détenues sans autre forme de procès (ce qui est assez ironique pour une sorcière, avouons-le). Afin de les neutraliser, leurs mains, sources de pouvoirs puisqu’elles permettent de conjurer des sorts (à la Docteur Strange, ou encore Naruto) sont amputées. Cette mission pèse lourd sur la conscience de nos deux héroïnes, que l’on a vues officier à plusieurs reprises dans l’anthologie Midnight Tales, déjà chroniquée sur le blog.

Le format de l’anthologie, popularisé par le Label et plébiscité par le public, sert donc encore une fois de base à cet univers partagé dont Mathieu Bablet est à l’origine. A première vue, il ne semble pas nécessaire d’avoir lu les quatre précédents numéros de Midnight Tales pour pouvoir apprécier Midnight Order. Néanmoins, s’agissant d’une suite, il est préférable de les connaître, puisque un nombre important de personnages de MO est apparu dans MT. Je pense notamment au duo de sorcières, mais également aux sorcières emprisonnées et amputées, à certains personnages secondaires et à l’antagoniste principal.

Le niveau des dessin est globalement bon mais assez inégal selon les chapitres, avec parfois des disparités assez frappantes. L’intérêt principal de l’album est qu’il vient clôturer l’aventure des Midnight Girls, qui peut être vu comme le grand œuvre de Mathieu Bablet puisqu’il a initié la série.

L’intrigue fait des sauts dans le temps et montre les différentes missions du duo, dont certaines prennent une tournure très personnelle, ce qui va engendrer un inévitable schisme entre Johnson la pragmatique et Sheridan la sensible. La figure de la sorcière telle qu’on la connaît est devenue une figure de l’émancipation féminine, une dissidente oppressée par l’ordre patriarcal qui craint le pouvoir qu’elle détient. Mathieu Bablet semble l’avoir bien compris et file donc la métaphore en opposant ses sorcières à une institution devenue froide et insensible, qui oppresse et mutile des femmes sous prétexte qu’elles détiennent un pouvoir trop grand.

L’auteur insuffle aussi de l’émotion dans la chronique amère de cette amitié qui s’effiloche entre les deux sorcières, dont les points de vue diamétralement opposés nous questionnent à la fois sur la nature humaine et sur le poids de l’institution face à l’individu.

Sur le plan éditorial, la livre est aussi une œuvre d’art, dont la couverture bleu nuit ornée d’enluminures dorées peut suffire à lui seul à provoquer un achat. Rien d’étonnant la dedans, puisque le Label 619 s’illustre depuis sa création comme un véritable artisan du livre.

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Shaolin #3: colère aveugle

La BD!
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BD de Di Giorgio, Looky et Luca Saponti (coul.)
Soleil (2023), 48p., couleur, série finie en 3 volumes.

bsic journalismMerci aux éditions Soleil pour leur confiance.

 

La BD regorge de courtes séries de qualité qui semblent destinées aux bacs d’occasion à cinq balles. La faute à la profusion de sorties sans doute. Très mal présentée, la trilogie Shaolin s’avère n’être finalement qu’un prologue, ce qui permet de comprendre un peu mieux l’étonnante construction chaotique des albums et de son héros totalement insignifiant sur les cent-cinquante pages parues…

A cette première étape on voit se confirmer une grande cohérence dans la qualité comme dans les défauts des auteurs. Je ne reviendrais pas sur la partie graphique qui m’a parue très réussie et confirme le statut d’auteur à suivre pour Looky, porteur notamment d’un design en fantasy asiatique particulièrement attrayant en fusionnant l’exotisme fantastique des grandes saga à la Conan avec l’esprit extrême-oriental. Même s’il est plus à l’aise dans les panorama et scènes de batailles (donnant à certaines planches un esprit Warhammer du plus bel effet) que dans les gros-plans, le dessinateur apporte un vrai plus à cet univers avec ses encrages conséquents et un instinct de mise en scène sans faute.

Après une mise en place assez péchue bien que mystérieuse sur le tome un, une orientation vers l’action avec la fort réussie guerrière Yuki (qui ressemble plus à une héroïne que Nuage blanc), ce volume de « conclusion » développe de grandes batailles au sein d’une montagne enneigée avec un traitement chronologique qui laisse perplexe. Car à force de garder le mystère de Nuage blanc dans l’ombre et d’ouvrir de petites portes à chaque album le scénariste agace un peu en refusant de nous révéler qui sont les personnages importants, qui sont les méchants, qui sont les héros. La trame principale est pourtant révélée avec ce roi maudit qui abusa du pouvoir de l’Arme tombée du ciel et ce obscure confrérie chargée de cacher cet artéfact. Mais si la chasse à laquelle se résume l’album est claire et très lisible, les interactions et rôles restent bien brumeux, voir incohérents par moments. En annonçant plus clairement une saga en plusieurs cycles l’éditeur aurait permis d’apprécier cette brique introductive pour ce qu’elle est. A défaut il prend le risque de rater son lectorat et d’avorter une série qui a un vrai potentiel. Avec des défauts certains sur le plan de sa construction mais beaucoup d’atouts dans sa manche, Shaolin mérite de poursuivre les aventures de Nuage blanc (… et de Yuki!) et d’attirer votre curiosité.

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