Troisième et dernier volume de la série écrite par Erwann Surcouf. Parution le 27/01/2023 chez Dargaud.
From zeroes to heroes
Voici la fin des aventures de Jan, Zone et Urtsi, chasseurs de monstres dans un monde post-apocalyptique, débutées en 2020 et poursuivies en 2021. Après un cataclysme non spécifié, la civilisation a du se reconstruire comme elle a pu sur les ruines de l’ancien monde. Beaucoup de savoirs et de connaissances se sont perdus dans le processus, mais il faut dire que les survivants ont aussi d’autres préoccupations, comme par exemple les bestioles géantes qui dévorent tous les malheureux qui osent croiser leur chemin.
Comme dans les mythes fondateurs, de valeureux héros se dressent contre ces prédateurs mutants, des guerriers sans peur et sans reproches (et au fort taux de mortalité) que l’on nomme des Sauroctones. Révérés dans toutes les villes où ils passent, ces chasseurs de monstres font l’objet d’un culte, avec des colporteurs qui se chargent de diffuser leurs légendes. Zone, Jan et Urtsi sont trois jeunes aspirants sauroctones, qui décident de faire équipe afin de se faire un nom dans le métier, attirés par la notoriété.
Après une entrée en matière rocambolesque durant laquelle ils ne doivent leur survie qu’à un hasardeux mélange entre chance pure et audace incertaine, les trois adolescents constatent que leur légende prend forme. Baptisée le Trio Fantastico, la troupe, qui gonfle quelque peu ses exploits, parvient tout de même à terrasser le terrifiant Tamarro, tout en gardant à l’oeil leur objectif principal, à savoir rejoindre la mythique Fusée qui les emmènera sur une lointaine et idyllique planète.
Depuis le début de la série, Erwann Surcouf nous embarque dans un univers foisonnant, empli de mutants, de bestioles féroces, de sectes post-apocalyptiques, le tout saupoudré de références à la pop-culture et d’un humour potache mais-qui-n’oublie-pas-d’être-subtil. Il faut avouer que le gros du travail de l’auteur est déjà fait, car il est parvenu à ravir l’intérêt des lecteurs grâce à ses personnages attachants, qui se débattent dans un monde où tout peut arriver.
Le seul regret que l’on peut avoir ici est que ce tome est le dernier de la série, même si l’auteur ne s’interdit rien grâce à sa fin plutôt ouverte. Tout ce qui fait le sel des Sauroctones a déjà été dit dans les deux précédentes chroniques, donc si vous avez apprécié les précédents volumes, foncez lire celui-ci !
Si vous avez lu ou parcouru House of X / Powers of X, alors vous avez a minima entendu parler des Protocoles de Résurrection de Krakoa. Grâce à la combinaison des pouvoirs de cinq mutants (Proteus, Tempus, Egg, Elixir, et Hope Summers) il est possible de faire revivre n’importe quel mutant ayant vécu, ce qui est une avancée spectaculaire pour le peuple mutant, qui considère ainsi avoir vaincu la mort. Mais est-ce si simple que cela ? Ces protocoles de résurrection ne posent-ils pas un problème d’ordre épistémologique ? Si vous étiez un mutant, souhaiteriez-vous être ressuscité sur Krakoa ? C’est ce que nous allons voir dans ce modeste article.
Si vous le voulez bien, reprenons tout d’abord en détail les fameux Protocoles. En premier lieu, c’est Egg qui intervient et génère une boule de matière organique, un oeuf, dans lequel est injecté le matériel génétique du mutant décédé. Cet échantillon génétique est prélevé dans la base de données du mutant Sinistre, généticien autrefois ennemis des X-Men avec lequel Xavier a passé un accord secret.
Ensuite, c’est Proteus qui intervient et altère la réalité, suffisamment pour que l’œuf soit viable. Puis Elixir use de son pouvoir de biokinésie afin de stimuler le développement de l’œuf et la reproduction cellulaire. Tempus intervient ensuite et accélère le processus jusqu’à ce que le corps soit à maturité. Hope Summers, le Messie Mutant, est là pour booster et coordonner ses quatre autres compères.
Finalement, une fois le processus complété, c’est le Professeur Xavier en personne qui use de son Cerebro, pour implanter une sauvegarde des souvenirs du mutant décédé dans ce nouveau corps, lui redonnant vie. On découvre dans HoX que Xavier a modifié son super ordinateur il y a de nombreuses années, afin qu’il fasse un scan hebdomadaire de chaque esprit mutant, qu’il stocke ensuite dans un certain nombre de serveurs cachés. Après toutes ces étapes, tadam ! voilà un mutant que l’on croyait mort mais qui est finalement ressuscité.
Cette avancée a radicalement changé la façon qu’avaient les mutants de considérer leur existence, et a également ouvert tout un éventail de possibilités. Dès lors, il était envisageable de ramener à la vie tous les mutants victimes du massacre de Génosha (16 millions, tout de même), mais également de restaurer les pouvoirs de tous les mutants qui les avaient perdu suite à House of M. Pour cela, il suffisait que le mutant dépossédé meure, puis soit ressuscité par les Cinq dans un nouveau corps dont le gène X n’a pas été effacé. Beaucoup de mutants furent séduits par cette éventualité, et se sont mis à se suicider en masse afin de bénéficier des Protocoles. C’est pour cette raison que fut instauré le rituel du Creuset, au cours duquel le mutant souhaitant prétendre à une résurrection doit affronter Apocalypse en duel afin de la mériter. C’est ici que s’achève cette brève introduction, avec une question cruciale susceptible de poser problème: Si vous étiez un mutant ayant perdu ses pouvoirs à cause de la Sorcière Rouge à la fin de House of M, vous jetteriez-vous à corps perdu dans le Creuset afin d’être « ressuscité » ? Et si tel était le cas, auriez-vous la garantie de revenir à la vie au sens où vous l’entendez ? Ces protocoles de Résurrection ne posent-il pas un problème d’Identité ? Bon, j’admets que ça fait plusieurs questions, mais la problématique est là !
De la temporalité du Moi
Comment peut-on concevoir son identité personnelle, son unicité en tant qu’individu ? La première réponse, la plus intuitive, serait de dire que Je suis mon corps, c’est-à-dire un organisme, l’ensemble de cellules organisées de façon spécifique et qui perdure dans le temps. Cet argument peut cependant vaciller face au paradoxe du Bateau de Thésée, ou encore face à la thèse de l’Holobionte, néanmoins, il est plutôt prudent de dire que la continuité corporelle est un indice pouvant déterminer l’identité d’une personne à travers le temps. La mort, à savoir la destruction du corps, romprait alors cette continuité.
Dans le cas qui nous intéresse, si un mutant meurt (de façon classique ou après être passé par le Creuset) et qu’un nouveau corps lui est confectionné par les Cinq, la continuité entre les deux organismes ne peut pas être affirmée, puisqu’il s’agit bien de deux organismes distincts, bien qu’agencés de la même manière.
Toutefois, la résurrection des mutants ne se contente pas de dupliquer le corps, elle duplique également les souvenirs. L’ensemble des informations psychiques relatives au mutant sont implantées dans le corps nouvellement constitué, avec une petite particularité. Les informations implantées, les souvenirs donc, sont issus de la sauvegarde périodique la plus récente, si bien que l’esprit restauré ne contient pas les informations les plus récentes (sauf à être décédé immédiatement après la sauvegarde). Le mutant ressuscité, celui qui s’extrait du cocon, ne sait donc généralement plus comment il est mort, et n’a pas en mémoire les derniers jours qui ont précédé.
Si on se penche du coté du corpus philosophique, on découvre que John Locke considère que « l’identité d’une personne s’étend aussi loin que la conscience peut atteindre rétrospectivement toute action ou pensée passée« . Selon Locke, l’identité personnelle se conçoit avant tout par le prisme de la conscience et des souvenirs. Selon cette thèse, on peut donc considérer que si le mutant qui décède et le mutant qui sort du cocon de résurrection ne partagent pas les mêmes souvenirs, alors, par voie de conséquence, ils ne sont pas la même personne. Celui qui sort du cocon, en plus d’être un organisme distinct de l’original, peut n’être vu que comme un être nouveau à qui on a implanté une masse de souvenirs.
Prenons un exemple pour tester cette théorie. Admettons qu’un mutant commette un meurtre (les lois de Krakoa interdisent de tuer des humains, par exemple), deux jours après sa dernière sauvegarde de Cerebro. Puis deux jours plus tard, soit trois jours avant la prochaine sauvegarde, il meurt. Il ressuscite donc sans le souvenir de ce meurtre. Sera-t-il en mesure de répondre ce ce crime, considérant que son corps n’existait pas au moment du meurtre et que son esprit (des mutants télépathes pourront en attester en sondant son esprit) ne contient pas le souvenir de l’acte. Peut-on le punir pour ce meurtre ?
Dans un autre ordre d’idée, que se passerait-il si un mutant considéré comme mort était ressuscité avant que l’on ne s’aperçoive que ce n’était pas le cas ? On se retrouverait donc avec deux itérations d’une même personne, n’ayant pas en commun l’intégralité de leurs souvenirs et ayant potentiellement vécu deux vies différentes à partir du décès supposé, et qui par conséquent se considéreront comme deux personnes différentes.
On voit donc bien que les deux critères fondamentaux qui constituent l’identité personnelle, la continuité du corps et la continuité de la conscience, sont mis à mal par les protocoles de résurrection de Krakoa. Donc si l’on pousse le raisonnement jusqu’au bout, on peut aisément considérer que chaque mutant-e décédé-e et bel et bien mort-e, et que seule une copie de lui/elle perdure.
Sachant cela, voudriez-vous toujours passer par le Creuset ? Personnellement, je suis un peu refroidi par l’idée, sans mauvais je de mot. En revanche, si vous mourrez face à Apocalypse dans le Creuset, quelques heures plus tard, le clone à qui on a implanté la dernière sauvegarde de vos souvenirs les reconnaîtra assurément comme les siens, et pourra affirmer, du moins en grande partie, qu’il est vous.
Mais ce n’est pas le seul problème soulevé par les Protocoles. Outre le problème d’identité, il y a aussi un souci d’ordre éthique, dans l’hypothèse où l’on considère la conscience comme un épiphénomène. Si le simple fait pour un organisme de posséder un cerveau humain engendre une conscience propre, alors les clones produits par les Cinq en sont de facto dotés. Sans l’implantation des souvenirs opérée par le Cérebro, les clones développeraient assurément une esprit et une personnalité propres, un peu comme les autres clones qui pullulent dans l’univers Marvel (je pense par exemple à Ben Reilly, le clone de Peter Parker). On peut donc estimer qu’on prive un être vivant de la conscience propre qu’il pourrait avoir en lui imprimant de force les souvenirs de son original.
Ce n’est pas tout ! Après les questions philosophiques et bioéthiques, il a les questionnements métaphysiques et religieux, pour ceux et celles qui croient en l’existence de l’âme. Le but ici n’est pas de se lancer dans un débat religieux, aussi contentons nous du fait que l’existence de l’Âme est établie depuis longtemps dans l’univers Marvel. On pourrait citer en premier lieu la Gemme d’Infinité de l’Âme, mais aussi l’existence du Paradis et de l’Enfer, qui sont cités et montrés dans de nombreuses séries depuis des décennies. Si l’âme d’un individu existe, qu’elle est liée à un corps et qu’elle change de plan d’existence à la mort de celui-ci, alors quid du mutant ressuscité ? Possède-t-il une âme ? Cerebro scanne les esprits, en extrait les souvenirs, mais qu’advient-il de l’âme à ce moment-là ? Si un mutant meurt, son âme part-elle dans l’après-vie tandis que son esprit est dupliqué dans un nouveau corps ? Cette idée peut faire froid sans le dos, et donner lieu à des scénarios à la Simetierre.
Je pense avoir eu assez de vertige existentiel pour aujourd’hui, il est donc temps de conclure cette aparté. L’immortalité est un concept bien vaste et malléable, tout autant que celui d’identité personnelle. Comme nous venons de le voir, dans le cas des Protocoles de Résurrection, on peut considérer qu’il est asymétrique, puisque celui qui meurt n’est pas nécessairement, au sens philosophique du terme, celui qui se relève, tandis que celui qui se relève, lui, peut légitimement affirmer qu’il est celui qui est tombé. La seule immortalité dans tout ça réside peut-être dans la consolation de savoir qu’après son trépas, un autre reprendra la flambeau de notre identité, en portant en lui les souvenirs et évènements essentiels qui nous constituaient.
Mini-série en quatre épisodes, avec Jonathan Hickman au scénario, et Valerio Schiti, Stefano Caselli, Silva R.B. au dessin. Parution en France chez Panini Comics le 05/10/2022.
La Fin des X-Temps
Depuis 2019, le scénariste Jonathan Hickman a modifié radicalement le paradigme des mutants, les plaçant sur la voie de la grandeur, mais aussi en intensifiant les forces antagonistes susceptibles de provoquer leur fin. Dans House of X, Charles Xavier et Magnéto fondent la nation mutante de Krakoa, sur l’île vivante du même nom. Protégé par ce nouveau foyer, le genre mutant peut s’affranchir des normes humaines et de l’oppression, et va même jusqu’à dompter la Mort grâce aux protocoles de résurrection.
En parallèle, le projet Orchis, réunissant les esprits humains les plus brillants, travaille à la création de la Sentinelle suprême, Nimrod, dont les X-Men essayaient déjà d’empêcher l’émergence dans les années 80. Dans House of X, les mutants tentaient déjà le tout pour le tout afin de mettre hors-ligne le Moule Matrice qui lui donnerait naissance, octroyant à leur engeance un bref sursis.
Ce que la plupart des mutants ignore, c’est que l’idée de Krakoa est due à une mutante particulière, qui a œuvré seule à l’insu de tous et dans de nombreuses réalités, de façon si secrète que tous ignoraient sa nature de mutante. En effet, Moira MacTaggart, bien connue des lecteurs de longue date, s’avère être une mutante, ayant le pouvoir de se réincarner dans une nouvelle ligne temporelle à chaque fois qu’elle meurt, en conservant tous ses souvenirs. C’est elle qui, explorant les différentes possibilités qui s’offraient aux mutants dans le futur au cours de neuf vies, a entamé sa dixième vie avec une vision claire de ce qu’il fallait faire pour préserver les mutants de l’extinction. Forte de ses connaissances antérieures, Moira a recruté Xavier et Magnéto, en leur révélant son secret, afin de mettre sur pied la nation mutante, avec pour condition principale de ne pas ressusciter de mutant clairvoyant.
Après de nombreux conflits, les mutants arrivent à la veille de changements majeurs dans leur évolution. Le Conseil Secret, composé de mutants influents venus de tous bords, œuvre pour repousser les menaces mais n’est pas à la hauteur face à la Sentinelle Suprême, d’autant plus que son réveil intervient au moment où des dissensions fragilisent les bases de Krakoa.
Alors que Nimrod et la Sentinelle Oméga préparent leur assaut et apprennent des erreurs commises par les mutants, Mystique, dont la compagne Destinée a été privée de résurrection à cause de son don de voir le futur, complote comme elle sait le faire pour parvenir à ses fins. Mettant la pression au Conseil Secret, elle parvient à faire ressusciter sa bien-aimée, mettant ainsi en péril les plans de Moira. Krakoa est-elle vraiment vouée à disparaître ?
Inferno constitue le chant du cygne de Jonathan Hickman sur la franchise des X-Men. La mini-série vient en effet boucler des lignes narratives initiées dans House of X et Powers of X, et nous donne la réponse à de nombreuses questions sur les motivations de certains personnages clés. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’auteur nous en donne pour notre argent et ne lésine pas sur les coups de théâtre et les révélations !
Attention, ça va spoiler plus bas.
Donc, Mystique et Destinée sont de nouveau réunis. A peine ses souvenirs téléchargés dans son nouveau corps via le Cerebro, Destinée se remémore les événements passés, et notamment sa dernière rencontre avec Moira lors d’une précédente vie. Avec l’idée de se venger en tête, les deux mutantes capturent Moira et s’arrangent pour que ses protecteurs, Xavier et Magnéto, tombent dans un piège au beau milieu d’une base d’Orchis.
Lors du face à face avec Moira, Mystique et Destinée apprennent les véritables intentions de cette dernière: soigner le genre mutant en les débarrassant en masse de leurs pouvoirs. Lassée de constater, vie après vie, que les mutants perdraient toujours face aux humains, aux machines, ou les deux (confère Powers of X), Moira en est arrivée à la conclusion que les mutants ne devraient tout simplement pas exister.
Cette situation est très ironique puisque la Sentinelle Oméga explique, un chapitre plus haut, qu’elle vient d’un futur dans lequel les mutants gagnent toujours, et qu’elle a été envoyée dans notre présent pour remédier à cet échec (tiens tiens, l’intrigue de l’IA menaçante qui remonte le temps pour assurer sa propre création et sa suprématie me rappelle vaguement quelque chose…). Ce qui signifie que le plan prévu par Xavier, Magnéto et Moira était voué au succès, du moins à l’issue de la dixième ou onzième vie de Moira. Avec le recul, le fait que Mystique prive Moira de ses pouvoirs mutants (grâce au Neutraliseur, une arme apparue dans Uncanny -Men en 1984) apparaît comme un pré-requis, puisqu’aucune ligne temporelle ne peut être considérée comme définitive tant que Moira possède son pouvoir.
Néanmoins, on peut imaginer que Moira continuera tant que son objectif n’est pas atteint. L’inconvénient, c’est que si elle meurt en tant qu’humaine, son histoire s’arrête là, et l’Histoire avec un grand H ne pourra pas être rebootée. Mais que se passerait-il si un nouveau corps mutant lui était reconstitué par les Cinq et qu’une sauvegarde Cerebro de son esprit y était intégrée ? Cela lancerait-il un nouveau cycle de dix réincarnations et reboots successifs ? Ou le cycle reprendrait-il là où il s’était arrêté ?
On ne le saura que si les auteurs futurs décident d’explorer cette piste. Encore faut-il d’ailleurs, que Moira accepte de mourir en tant qu’humaine pour ensuite laisser faire le Protocole de Résurrection.
Hickman termine son run en laissant ses héros en fâcheuse posture. Après leur défaite face à Nimrod, Xavier et Magnéto sont ressuscités par Emma Frost, mais n’ont pas en mémoire l’affrontement ni son issue. Ils ignorent donc l’existence du robot tueur de mutant, tandis que ce dernier continue d’amasser des données qui lui permettront de régner. Plus dommageable encore, Mystique et Destinée sont partie intégrante du Conseil Secret, et avec l’appui d’Emma Frost, ont affaibli la position de Xavier et Magnéto.
Inferno marque donc un tournant dans la destinée des mutants, à suivre dans Immortals X-Men, avec Kieron Gillen aux commandes. Pour l’ensemble du run de Hickman sur les X-Men, on met 5 Calvin, pour l’intrigue complexe mais rigoureusement visionnaire, les concepts novateurs, la partie graphique toujours performante.
Dix-huitième volume de la série, par Tom Waltz, Kevin Eastman et Dave Wachter. Sortie le 07/12/2022 aux éditions HiComics.
Merci aux éditions Hicomics pour leur confiance.
Peur sur la ville
Dans le tome précédent, les quatre frères ninja faisaient face à la Force de Protection de la Terre, menée par le redoutable et retors Agent Bishop, qui a lancé un assaut d’ampleur sur l’île de Burnow, où étaient réfugiés les derniers Utrom ainsi que les Tricératons et les Mutanimaux. Bishop disposait alors d’un atout de taille, à savoir le contrôle total du mutant Slash, ami des Tortues et membre des Mutanimaux.
Après une bataille sans merci, Slash s’est sacrifié pour sauver ses amis, dans un dernier moment de lucidité. La poussière étant à peine retombée, il est temps pour les mutants et leurs alliés de panser leurs plaies et d’entamer le deuil de leur ami. Mais le répit est un luxe que les braves ne peuvent s’accorder, surtout avec des ennemis de la trempe de Bishop.
Pourtant, un calme relatif règne à New York, surtout depuis que Maître Splinter a repris les rênes du Clan Foot. Loin de la tyrannie sanguinaire de Shredder, Splinter a su imposer un status quo en négociant avec les clans mafieux et le crime organisé, usant d’intimidation tout en limitant au maximum le recours à la violence.
Malheureusement pour nos héros, Oroku Karai, la petite-fille de Shredder, revient réclamer son dû, à savoir le contrôle du Clan Foot. La tenir à distance ne sera pas chose aisée, surtout que les TMNT doivent toujours gérer la menace de la FPT, et de bien d’autres ennemis qui trament leurs propres machinations dans l’ombre. Seront-ils de taille face à cet ultime défi ?
Que dire, si ce n’est que la tension monte crescendo dans ce 18e volume de TMNT. Après une bataille épique contre la FPT, voilà que toutes les lignes convergent vers les quatre frères mutants, qui doivent se battre sur plusieurs fronts à la fois. La guerre entre Karai et Splinter pour le contrôle des Foot est le noeud central de l’intrigue, à quoi vient s’ajouter le conflit contre Bishop, ce qui donne un rythme effréné et des situations de plus en plus tendues.
Les combats et les courses-poursuites désespérées pour sauver des amis n’empêchent pas la caractérisation des personnages de se poursuivre, on sent bien l’implication des auteurs dans le devenir de leurs petits poulains mutants. Attention toutefois, il est conseillé, pour apprécier cet arc final de la série, d’avoir une connaissance sinon intégrale, du moins suffisamment fournie du reste de la série, sous peine de se sentir un tant soit peu perdu. Vous serez prévenus !
Histoire complète en 224 pages, issue de l’univers TMNT. Au scénario, Kevin Eastman et Peter Laird, accompagnés de Tom Waltz. Parution aux éditons HiComics le 16/11/22.
Merci aux éditions Hicomics pour leur confiance.
Bad Future
Les liens qui unissent les clans Hamato et Oroku sont des liens de haine, de vengeance, et de trahisons, des liens qui perdurent après la mort. Après le meurtre de Hamato Yoshi et de ses quatres fils par Oroku Saki et le Clan Foot lors d’une lutte intestine en plein Japon féodal, le vieux maître et ses enfants sont réincarnés des siècles plus tard, au XXIe siècle à New York, en un rat et quatre tortues.
Ces animaux en apparence inoffensifs sont ensuite capturés et utilisés comme cobayes par Baxter Stockman, qui teste sur eux les propriétés étonnantes du Mutagène. Un accident de laboratoire plus tard, et voilà nos héros transformés en Splinter, et ses quatre disciples tortues, Léonardo, Raphael, Donatello et Michelangelo. Leurs aventures les ont opposés à la résurgence d’Oroku Saki, alias Shredder, ainsi qu’aux ninjas du clan Foot, mais également à des mutants en tous genres et des aliens venus d’autres dimensions. Mais comment finira ce combat acharné contre le mal ? Et jusqu’où ira la vendetta entre les Hamato et les Oroku ?
C’est la réponse que The Last Ronin tente de nous apporter, en nous transportant dans un des futurs possibles de la franchise. Le Clan Hamato a été décimé par les multiples combats auxquels ils ont du faire face, seule une des Tortues poursuit encore la croisade contre les Foot. Mais que peut faire le dernier Ronind face à tous ces ennemis ?
Au départ, l’identité du dernier survivant de notre quatuor préféré nous est inconnu. Muni d’un bandeau noir et des quatres armes signatures, il parle épisodiquement avec les fantômes de ses frères, qui sont conservés en hors-champ ou eux aussi munis de bandeaux noirs, de sorte qu’on ne peut les distinguer. L’album s’ouvre sur une mission suicide, un raid désespéré contre le quartier général des Foot, désormais dirigés par Oroku Hiroto, le petit-fils de Shredder. Après un premier échec cuisant, notre dernier Ronin va découvrir une ville qu’il n’avait pas arpentée depuis des décennies, et retrouver le peu d’alliés qui lui restent.
La première chose à savoir sur The Last Ronin, c’est que cette histoire était prévue par Kévin Eastman et Peter Laird, les créateurs des Tortues, à l’époque où leurs aventures débutaient chez Mirage Comics (ça date!). Il s’inspire donc du ton d’origine de la série, qui, sous ses airs de parodie des travaux de Frank Miller, avait un fond plutôt sombre. Ici, l’ambiance est crépusculaire et ne manquera pas de rappeler The Dark Knight Returns du fameux Miller, avec des éléments dystopiques et un ton désespéré.
Ce saut dans le temps nous plonge dans un univers déprimant en nous montrant, chapitre par chapitre, les tragédies qui ont frappé les héros, et, pour certains d’entre eux, la vacuité de leurs sacrifice, ce qui ajoute encore à l’amertume du scénario. Le choix du survivant parmis les Tortues, selon le point de vue que l’on adopte, peut être soit surprenant, soit inévitable, au vu de leurs personnalités bien distinctes.
Entre les flash-backs (qui reprennent le style initial des TMNT) et les bastons épiques et sanglantes, les auteurs glissent une réflexion bien amenée sur la vengeance et le deuil, sans oublier la famille de choix que l’on s’érige au travers des épreuves.
Considérée indépendamment de la série en cours (chez IDW aux US, chez HiComics en France), cet album est donc une vraie réussite, qui nécessite certes de connaître l’univers des TMNT, ou du moins ses personnages principaux, mais qui n’exige pas une connaisance étendue de toute la continuité de la série, qui d’ailleurs n’est pas respectée à la lettre. Ce Last Ronin est donc une sorte de What If ?, plus sombre et amer que la série principale, mais qui a le mérite de toucher du doigt l’esprit initial de la franchise.
Anthologie comprenant huit histoires courtes liées à la série Teenage Mutants Ninja Turtles d’IDW Publishing. Publication française assurée par HiComics le 19/10/2022.
Merci aux éditions Hicomics pour leur confiance.
History of violence
C’est bien connu, on mesure la grandeur d’un héros à l’aune des dangers qu’il affronte. Et c’est d’autant plus vrai pour les Tortues Ninja, qui font face à pléthore d’individus peu fréquentables pour protéger New York, et parfois le monde, de dangers mortels. Après 17 tomes d’affrontements et de guerres en tous genres, il était temps de s’intéresser à certains des plus farouches adversaires de nos reptiles mutants.
Parmi les personnages ayant droit à un spotlight dans ce numéro spécial, on trouve bien sûr Shredder, mais aussi Bebop et Rocksteady, Karai, Alopex, Krang, bien évidemment, et d’autres moins connus tels que Hun, Old Hob ou Baxter Stockman.
Shredder, le maître cruel et incontesté du Clan Foot, est mort il y a des siècles, avant d’être ressuscité à l’ère moderne par sa descendante Karai. Mais où était-il durant tout ce temps ? En Enfer, où il a du se battre à chaque seconde pour ne pas être englouti dans les flammes ardentes de l’oubli et de la rétribution.
Bebop et Rocksteady, quant à eux, sont deux malfrats décérébrés et maladroits que le clan va transformer en redoutables mutants. Quand on a le pouvoir mais pas la jugeotte pour s’en servir, il n’y a qu’à bien se tenir. Krang, quant à lui, est un conquérant interdimensionnel qui n’a de considération que pour son désir de conquête. Mais comment en est-il arrivé là ? Et si ses souhaits de domination étaient avant tout… un désir de reconnaissance ?
Il en va de même pour Baxter Stockman, le génie scientifique contraint de travailler pour Krang. Comment tirera-t-il son épingle du jeu, et qui lui a inculqué cette soif de vaincre ? Old Hob est un vieil ennemi des Tortues et de Splinter, mais il a plus en commun avec eux qu’il ne le pense. La jeune Karai cherche à laisser son empreinte dans l’histoire du clan foot. Mais pour assurer l’avenir, elle va devoir se replonger dans le passé. Même chose pour Hun, qui n’accepte pas le déclin et refuse de rester sur la touche, raison pour laquelle il va se compromettre avec les Foot.
Ce hors-série nous montre, chapitre après chapitre, une facette inédite des adversaires des TMNT. Perspective rafraichissante, qui permet d’en apprendre plus sur un certain nombre d’ennemis parfois laissés de coté. Les histoires courtes, rapides à lire, s’intercalent entre certains numéros de la série, indiqués en fin de chaque chapitre pour plus de lisibilité, la continuité étant désormais telle qu’il peut être ardu de s’y retrouver.
L’aspect anthologique reste appréciable, même si certaines histoires revêtent un intérêt mitigé par rapport à d’autres. Il est à noter que le passage sur Shredder sera extrapolé en fin d’année dans le one-shot Shredder in Hell.
Ce hors-série TMNT sera donc réservé aux fans complétistes de la série, qui ont à cœur d’approfondir leurs connaissances de son univers foisonnant.
Premier tome de 200 pages, de la série écrite et dessinée par James Harren. Parution aux US chez Skybound, publication en France chez Delcourt le 19/10/2022.
Merci aux éditions Delcourt pour leur confiance
Aux grands monstres, les grands remèdes
Vous ne l’avez peut-être pas encore remarqué, mais le monde est assailli par une force cosmique antédiluvienne. Ce danger mortel peut émerger n’importe quand, n’importe où sur la planète, car il se trouve en chacun de nous. Un virus venu des tréfonds glaciaux du cosmos, touche aléatoirement des humains ordinaires, pour les transformer en gigantesques kaijus assoiffés de sang.
Mais l’Humanité n’est pas seule pour affronter ce péril: trois élus ont reçu d’Atum Ultraméga, un messie cosmique ennemi juré des kaijus à travers l’Univers, une part congrue de ses pouvoirs. Ces trois hommes, Jason, Stephen et Erm, peuvent ainsi se transformer en Ultramégas, de titanesques guerriers.
Leurs ennemis sont légion. La menace est insidieuse. Leurs batailles, massives. Priez pour qu’ils soient de taille !
Après avoir fait ses armes sur B.P.R.D. et RUMBLE en tant que dessinateur, James Harren se lance en solo pour son premier projet complet. Hommage plus qu’évident aux fleurons du sous-genre tokusatsu tels qu’Ultraman, Ultramega nous plonge dans une sanglante bataille entre titans et monstres géants en pleins centres urbains.
Harren prend ici le pitch de base pour le transformer en autre chose, et adopte un point de vue plus pragmatique sur le postulat des monstres géants. En effet, si dans la franchise Ultraman, le héros éponyme a quelque chose d’éthéré et d’immatériel, ici, le héros est incarné de façon bien plus charnelle et physique, avec un style graphique tout à fait organique et artisanal appuyé sur la colorisation toujours incroyable de Dave Stewart (cité dès la couverture, une fois n’est pas coutume!). Quand il est touché, il saigne, il est susceptible de perdre pas mal d’organes et de membres… vous l’aurez compris: Ultraméga est sensiblement plus gore que la plupart des histoires classiques de kaiju, ce qui est cohérent avec le style de l’auteur.
Les conséquences des combats sont elles aussi bien plus appuyées et dramatiques, les dégâts collatéraux ne sont pas mis de côté et parfois même appuyés: on parle d’immeubles qui volent en éclats, de quartiers entiers réduits à l’état de gravats, des rues inondées de sang, enfin tout ce qu’implique des combats à morts entre des entités géantes. James Harren ne fait donc pas de concession et pousse son concept jusqu’au bout. Ainsi les apparitions d’Ultraméga sont toujours mises en valeur de façon spectaculaire, et il se dégage d’emblée un sentiment de désespoir, de combat perdu d’avance: ultra-violents, les affrontements sont très différents des boures-pif à l’infini des classiques combats de super-héros. Ici les coups sont généralement fatales et très graphiquement exprimés tant dans les conséquences organiques que dans les onomatopées et effets de souffle. Impressionnant et marquant!
Un autre élément permet à Ultramega de se détacher du tout-venant: la structure du récit, qui débute de façon classique pour mieux nous surprendre à la fin du chapitre 1. La suite nous prend à rebours en nous plongeant dans un univers post-apocalyptique un peu barré. Malgré une narration quelque peu baroque, pour ne pas dire foutraque, l’auteur propose là encore des idées intéressantes et originales (je pense notamment aux kaijus qui souhaitent construire des méchas. Dit comme ça c’est délirant, mais ça fait sens dans son contexte).
Reprenant des thèmes abordés dans Pacific Rim l’auteur propose un univers où l’utilisation des cadavres de kaiju et d’Ultramega est très pragmatiquement exploité avec une société post-apo qui s’est structurée sur la défaite initiale, un peu dans l’esprit de Coda dont Harren semble très proche tant graphiquement que dans son idée disruptive du récit héroïque.
On a donc ici un condensé d’action, empli de référence au sous-genre kaiju et à Ultraman, mais qui sait aussi se détacher de ses modèles pour proposer quelque chose d’innovant. Là où l’auteur ne nous surprend pas, c’est sur le design des monstres, qui est comme à l’accoutumée, totalement délirant et unique.
Sorte de croisement entre Ultraman et Invincible, Ultramega est le coup de cœur comics immédiat de cette fin d’année et potentiellement une très grande série en devenir !
On commence à rattraper le retard manga, ce qui permet de vous proposer de tous frais avis de quatre premiers tomes fort alléchants chez trois éditeurs dont j’apprécie particulièrement les sélections manga et une excellente découverte chez Vega-Dupuis.
Le marché des Light novel est un phénomène de masse au Japon avec un essor important depuis les années 2000, qui permet à de jeunes auteurs de se faire publier. La particularité est le transmédia puisque ces histoires destinées aux young adults. Cet « Eighty-six » relate ainsi le destin croisé d’un commandant d’escouade issu d’une caste de parias et d’une brillante officier appartenant à l’élite, liés dans une guerre présentée comme sans victimes puisque officiellement uniquement menée par des drones. Bien entendu la réalité est toute autre dans cette histoire de SF militaire fortement inspirée par les guerres créées par les fascismes pour souder une population derrière son régime. Une tendance à l’utilisation de la 3D se développe dans le Manga, permettant des décors et habillages très techniques et des visuels alléchants, comme sur Egregor ou Ex-arm. Profitant donc de très sympathiques design mecha, ce tome d’ouverture présente le cadre général, abordant pas mal de sujets intéressants comme les drones, le nationalisme, les guerres lointaines, le racisme et les mensonges d’Etat. Assez brouillonnes, les séquences d’action se concluent sur une très épique attaque du héros qui nous réveille opportunément au moment d’enchaîner sur la suite. Destiné donc à un public ciblé, 86 a du potentiel qui nécessitera de ne pas trop tarder à lancer une intrigue pour l’heure cantonnée à l’exposition.
Si certains auteurs se cantonnent à un genre exclusif, voir passent leur carrière sur une unique série, on ne peut pas dire que Masasumi Kakizakisoit du genre casanier! Auteur complet, il enchaine depuis 2010 des séries courtes sur des genres aussi variés que l’horreur, le western, le peplum et désormais le thriller policier historique. Sur un diptyque court (que Ki-oon aurait été inspiré de publier en one-shot) qui adapte un film de Kyoshi Kurosawa (sans rapport avec son illustre homonyme), il aborde une des faces sombres de l’histoire impériale du Japon et plus précisément les atrocités commises par l’armée d’occupation de la Mandchourie depuis les années 1930. Pour ceux qui ne connaissent pas cet auteur son dessin se caractérise par un travail des volumes et des textures très particulier qui fait littéralement sortir les formes de la page et peut donner un aspect de marionnettes à certains visages. Avec ce style beaucoup plus évident sur des genres horreur et fantastiques il est surprenant de le voir dans une intrigue contemporaine, qui manœuvre remarquablement bien la tension de cette période fascisante du Japon nationaliste et des hésitation d’une partie de la population modernisée sur une capitulation morale ou un refus de la ligne nationaliste. Le couple en question va ainsi se retrouvé confronté à ce dilemme. Et l’ensemble fonctionne parfaitement avec une économie et une densité qui devrait faire réfléchir pas mal d’auteurs de manga. Du tout bon, de l’inhabituel, qui se lit avec plaisir en attendant la conclusion au printemps 2023!
Dans une cité à la nuit éternelle et à la pluie noire, Pieta vit chaque jour la même journée, enfermée dans une boucle temporelle. Avec on amie Danae elles commencent à s’interroger et cherchent à sortir de cette routine d’évènements. Mais sortir d’un « scénario » a un coût…
Toujours très attentifs à la qualité des dessins, le label manga des éditions Bamboo nous lance une nouvelle série à l’ambiance ténébreuse et incertaine qui rappelle le récent SinOAlice sorti cet été chez Kurokawa. Il s’agit du premier manga de cet auteur qui n’a publié jusqu’ici qu’un recueil d’histoires érotiques. Et bien on peut dire que graphiquement c’est une sacrée claque! Que ce soit la technique de dessin, le design, ou l’atmosphère poisseuse de cette cité, c’est un régal graphique de bout en bout pour qui aime les encrages profonds et les ambiances contrastées. Je me suis toujours interrogé sur la qualité générale et l’intérêt des trames utilisées habituellement en manga et je dois dire que ce volume est une bannière à lui seul pour la finesse et la force de ces dégradés de volumes. Niveau scénario je dois dire que tout cela reste encore un peu vaporeux même si l’on sent l’envie de l’auteur de ne pas trop tarder sur la redondance de la boucle temporelle. Un univers commence doucement à apparaître (notamment dans le journal de conclusion), qui laisse penser à un développement à la Dark City ou Matrix ou lorgne vaguement du côté de Promised neverland en manga . Un premier tome absolument convaincant donc qui demande à avancer rapidement pour voir si l’auteur a une belle grosse idée derrière la tête…
The far east incident #1 (Ohue/Vega) – 2022 (2019), 164p., 1/4 tomes parus.
Lors de son occupation de la Mandchourie, les forces d’occupation japonaises se livrèrent à des expériences sur des civils au sein de l’unité 731. Après la capitulation du Japon et alors que les soldats démobilisés affluent de toute l’Asie pour retrouver leur pays dévasté, l’armée américaine combat dans l’ombre une milice terroriste visant à réinstaurer un Etat fort dans le pays vaincu. Des deux côtés combattent des « variants », humains mutants dotés d’une résistance hors du commun. Ils ont tous comme point commun d’avoir été victimes des expériences de l’unité 731…
Prenant pour base les exactions de la véritable unité 731 en Chine, ce manga à la parution lente (un volume par an environ) nous accroche dès les premières pages pour ne plus nous lâcher jusqu’à la conclusion. Alors qu’il s’agit de sa première publication, Aguri Ohue marque la rétine dans une technique graphique qui rappelle les manga de Miyazaki mais doté d’encrages très précis et efficaces et d’un respect physique et des éclairages qui jouent beaucoup dans la dynamique des séquences. Profitant d’une galerie de personnages restreinte l’auteur se concentre sur la relation entre le héros, super-combattant démobilisé, et une gamine mutante dans un esprit tragi-comique. La force de ce tome réside dans la profondeur d’un contexte assez sombre (l’unité 731, le fascisme japonais, la récupération des criminels par les américains à la fin de la guerre,…) allié à une action endiablée à coup de fusillades sanglantes et explosives et à un humour noir très efficace. Sans tomber dans une farce déplacée, on a un parfait équilibre entre interaction avec des personnages marquants et un thriller uchronique avec un très gros potentiel. Le seul point noir réside dans la lenteur de publication qui se comprend par l’aspect artisanal et auteur du manga, ce dont on ne va pas se plaindre. Et au final un des manga marquants de cette année, tout simplement!
Premier tome de la série écrite et dessinée par Roy et Inaki Miranda. Parution initiale aux US chez Aftershock, publication en France chez 404 Comics le 03/02/2022.
Et si on partait ?
Au cas où on ne vous l’aurait pas déjà répété, la planète Terre est foutue. Pour de vrai. Après des millénaires d’anthropocène abusifs, notre monde nous a sorti un bon et gros middle finger, sous la forme de catastrophes naturelles, qui ont conduit à des guerres, puis à une mutation de toute la faune et la flore, partout à travers le globe, dont le seul et unique but était désormais d’étriper des humains. Jusqu’ici, il n’y avait que trois façons de mourir en masse, les épidémies, les guerres, ou les famines, il y a désormais des lions mutants.
Un peu comme un aristocrate qui vous propose un jus d’orange à la fin d’une exquise soirée, la Terre nous pousse donc discrètement vers la sortie, mais il n’est pas évident de trouer une planète aussi accueillante. Pas de souci, l’Humanité a trouvé une issue, ou plutôt, une issue de secours, sous la forme d’un message extraterrestre. Plus qu’un message, c’était une promesse, celle qu’un certain nombre d’élus serait évacués, pour peu qu’ils soient présents autour d’une balise à la fin d’un compte à rebours. Ces élus sont ceux et celles qui ont trouvé un bracelet spécial, issu d’une technologie extraterrestre, tous des enfants.
Depuis la mort de leurs parents, Tala veille du mieux qu’elle peut sur Hototo, son jeune frère espiègle et encore innocent malgré les horreurs qu’il a vécues. Lorsqu’elle a trouvé un des fameux bracelets, Tala n’a pas hésité une seule seconde et a l’a enfilé au bras de son frère, se sacrifiant ainsi pour lui offrir une vie meilleure, sur une planète lointaine.
Après avoir survécu à toutes sortes de dangers, il est temps pour le duo fraternel de tout quitter pour se mettre en route vers la balise la plus proche, situé dans une des 9 mégalopoles, derniers bastions humains sur une Terre devenue hostile au genre homo. Ce sera là une dangereuse odyssée pour Tala et son frère, car les obstacles sont nombreux et veulent généralement déchiqueter tout ce qui marche et parle dans leur champs de vision.
On l’a vu récemment avec No One’s Rose et d’autres sorties récentes, la thématique écologique, en plus d’être une urgence planétaire bien réelle, fournit une source actuelle et non négligeable d’inspiration pour la fiction, notamment pour le genre SF/Anticipation. Bien évidemment, les frères Miranda maîtrisent bien leurs codes narratifs, puisqu’avant d’être un énième récit de fin du monde, We Live compte avant tout l’histoire d’une fratrie, l’attrait du récit réside principalement dans les liens qui les unissent plutôt que dans le cadre post-apo, qui n’est finalement qu’un écrin pour l’évolution de ses personnages.
Les deux auteurs connaissent donc bien leur recette:
a) des personnages bien définis et pour lesquels les lecteurs ressentent de l’empathie: On ne peut que valider la cause de Tala, surtout lorsqu’on apprend qu’elle a privilégié la survie de son frère au détriment de la sienne.
b) un objectif simple avec des enjeux compréhensibles: survivre, ça reste, a priori, à la portée de tout le monde.
c) des obstacles de taille et un compte à rebours: comme on l’a dit, un environnement hostile rempli de monstres, pas évident à surmonter pour des enfants. Quant au compte à rebours, il est littéralement mentionné dans le récit puisque le duo n’a que quelques heures pour rejoindre le lieu d’extraction, sans quoi Hototo restera coincé sur une Terre mourante.
Le final fait basculer l’histoire du survival SF à un récit plus super-héroïque, ce qui est un peu désarmant il faut l’avouer, mais cela n’enlève rien à l’intérêt de l’album, et promet même une suite plutôt palpitante. Un des autres aspects questionnants est le caractère foisonnant de l’univers du récit, qui part dans plusieurs directions avec des animaux mutants, des zombies fongiques, des méchas, etc… Mettons-ça sur le compte d’un univers baroque, la richesse n’étant pas nécessairement un défaut. We Live est donc une quête initiatique bien construite, avec des personnages sympathiques, un univers violent mais poétique.
Depuis des décennies maintenant, les X-Men sont un fleuron du comics, un incontournable fer de lance de Marvel, pensés initialement par Stan Lee comme une allégorie du racisme qui avait alors pris racine dans l’Amérique des années 60. Il est communément admis, de la bouche même de leur créateur, que le Professeur Charles Xavier, puissant télépathe pacifiste, fut inspiré par Martin Luther King, tandis que son antithèse, le dangereux Magnéto, fut adapté de Malcom X, qui prônait une vision plus radicale de la cohabitation, à savoir l’autodéfense des opprimés.
Depuis, le succès des X-Men s’est rarement démenti, et les lecteurs ont passé des décennies à assister à la lutte de Charles Xavier en faveur d’une coexistence pacifique entre Homo Sapiens et Homo Superior. Si vous le voulez bien, aujourd’hui, point de critique d’album, mais un comparatif des différentes initiatives destinées à assurer l’avenir des mutants, et de leur impact sur cette partie importante sur marvelverse. C’est parti !
L’Institut Charles Xavier pour jeunes surdoués
Dès 1964, Charles Xavier, animé par le rêve d’une coexistence pacifique entre les hommes et les mutants, a utilisé la propriété familiale pour fonder un Institut, dédié à l’accueil et l’éducation de tous les mutants qu’il trouverait. Ainsi, les premiers élèves furent Jean Grey, Scott Summers, Warren Worthington III, Bobby Drake et Henry McCoy , les premiers X-Men.
Au fil des décennies, l’Institut a représenté un havre pour les mutants, un lieu ou nombre d’entre eux, persécutés par les humains, ont pu retrouver une famille et un sentiment d’appartenance, tout en ayant l’occasion de comprendre leurs pouvoirs surnaturels. Cette première initiative, qui a longtemps constitué le statu quo des mutants, en a engendré d’autres du même genre, comme celle du Massachussetts dirigée par Emma Frost et le Hurleur, ou encore l‘Institut Jean Grey fondé par Wolverine, voire même la X-Corporation qui avait pour ambition d’ouvrir des succursales à travers le monde.
Cependant, si le principe d’offrir aux mutants un lieu où se réunir et apprendre à utiliser leurs dons reste une saine initiative, l’idée prônée par Xavier, à savoir la cohabitation à tout prix, l’a conduit à mettre ses élèves en danger maintes fois, et l’a même poussé à de nombreux sacrifices, comme on le découvre dans X-Men: Deadly Genesis. L’école en elle-même a été attaquée et détruite, à plusieurs reprises, par Xorn, Quentin Quire, Cassandra Nova, Mr Sinistre, Onslaught ou encore les Sentinelles, et le tout a failli péricliter lors du Jour M, où la majorité des mutants fut dépossédée de ses pouvoirs (voir la saga House of M). Force est donc de constater que le tout n’est pas très safe, ni constructif sur le long terme, surtout lorsqu’on doit faire face à la haine et la suspicion d’à-peu-près tout le monde.
Genosha est une île au nord de Madagascar, située non loin des Seychelles. Nation florissante à partir du XIXe siècle, elle s’est bâtie sur l’esclavage des mutants, qui y subissaient torture, lavage de cerveau et autres sévices intrinsèques au statut d’esclave. Après une guerre civile initiée par Magnéto et ses Acolytes, les humains évacuèrent l’île, laissant le maître du magnétisme seul à la tête de la toute première nation-mutante. Malheureusement, Magnéto n’était à cette époque par encore passé par la roue du changement, et conservait sa philosophie radicale visant à assurer l’avenir des mutants par la conquête et la violence.
C’est alors que se produit l’une des plus grandes catastrophes du genre mutant: A l’initiative de Cassandra Nova une sorte de jumelle maléfique de Xavier) Genosha fut rasée par une armée de Sentinelles. Les robots-tueurs de mutants massacrèrent en quelques heures 16 millions de mutants, sous les yeux indifférents de la communauté internationale. Ce génocide porta un coup supplémentaire, presque fatal, au rêve de cohabitation de Xavier.
Comme on peut le voir, l’initiative de Magnéto à Génosha n’a pas permis d’assurer un avenir durable aux mutants, et s’est conclue par un massacre de masse, ce qui est plutôt bof-bof comme bilan de fin de mandat pour un dirigeant, vous en conviendrez.
Alors que la population mutante avait été neutralisée par Wanda Maximoff lors du Jour M, les mutants avaient quitté leur école pour se réfugier sur Utopia, l’ancienne île d’Alcatraz réaménagée en havre pour les mutants survivants. Durant cette période, Cyclope avait pris la tête des opérations et collaborait même avec Magnéto pour assurer la survie des mutants. Le leader des X-Men, autrefois candide et fervent défenseur de la cause de Xavier, s’était entre-temps radicalisé et adoptait des mesures de plus en plus drastiques pour atteindre ses objectifs, recourant ainsi aux secrets, mensonges et éliminations secrètes, outrepassant de loin les compromissions que l’on avait pu reprocher autrefois à Xavier.
Lorsque la Force Phénix s’est manifestée une nouvelle fois sur Terre, tous les regards se sont tournés vers Hope Summers, la première (et seule) mutante à être née depuis le Jour M. Dotée d’extraordinaires pouvoirs, elle était, comme la défunte Jean Grey avant elle, l’hôte désignée du Phénix, ce qui promettait, aux yeux des mutants, l’espoir d’un renouveau pour toute leur espèce. Mais les Avengers, craignant une catastrophe, se sont interposés, initiant une guerre entre les deux factions (voir Avengers vs X-men, 2012).
Après une première escarmouche, Tony Stark tente de détruire le Phénix mais il échoue. L’entité de divise en cinq fragments qui investissent chacun un ou une mutante: Cyclope, Emma Frost, Magnéto, Colossus et sa soeur, Magik. Imbus de ce nouveau pouvoir, Cyclope entend désormais réparer le monde pour qu’il soit conforme à sa vision de l’utopie: il met fin aux conflits armés en détruisant toutes les armes, donne accès à l’eau aux populations qui en ont besoin, bref, un gouvernement par les mutants, pour les mutants et les humains. Mais les choses tournent mal, bien évidemment, puisque Cyclope accapare tous les fragments de la force Phénix et devient le Phoenix Noir (comme Jean Grey avant lui) puis tue le Professeur Xavier lors de la bataille finale. Après cet acte regrettable, il est dépossédé du Phenix, qui est utilisé pour réactiver le gène X chez tous les mutants qui en étaient dépossédés, ouvrant la voie à une nouvelle ère.
Là encore, on constate que lorsqu’un seul mutant prend les rênes pour imposer sa vision d’un avenir mutant, les choses tournent mal. Alors où est la solution ?
A la suite de la guerre entre X-men et Avengers, Captain America se remet en question (tiens?) et fait le constat qu’il n’a pas assez œuvré pour les droits des mutants. Il crée donc la Division Unité, composée pour moitié de X-men et pour l’autre moitié d’Avengers. Après avoir affronté Crâne Rouge doté des pouvoirs de Xavier, la Division Unité fait face à un autre ennemi faisant la synthèse entre Avengers et X-men: les Jumeaux Apocalypse.
Uriel et Eimin, enfants d’Archangel, héritiers du trône d’Apocalypse (le gardien de l’évolution choisi par les Célestes) ont été enlevés bébés par Kang le Conquérant, le voyageur temporel qui a juré la perte des Avengers. Désireux de s’assurer un avenir sans mutants à affronter lors de ces conquêtes, Kang a écarté de la ligne temporelle leurs futurs défenseurs, à savoir les Jumeaux, qui éradiquent Crâne Rouge et prennent le pouvoir dans toutes les versions tentées par Kang. Prenant le mal à la racine, Kang les garde avec lui, et les endoctrine pour les persuader que l’avenir des mutants n’est pas sur Terre. Mais Uriel et Eimin, prenant exemple sur leur père adoptif, retournent le complot contre le comploteur et fomente un plan où ils gagnent sur tous les tableaux.
Après avoir utilisé Jarnborn, la hache enchantée de Thor, Eimin et Uriel tuent un Céleste, ce qui attire les foudres d’Exitar le Bourreau. Alors que le Céleste en colère s’apprête à détruire la Terre, Eimin manipule Wanda Maximoff (encore elle) pour ravir tous les mutants dans une arche, qui échappera à l’Armageddon. Pour Eimin, qui a le pouvoir de lire l’avenir et qui avait arrangé toutes les pièces à sa convenance, c’est une victoire totale: plus de Terre à conquérir pour Kang dans le futur, plus d’humains, et un peuple mutant qui s’établit sur Planète X, un monde terraformé par les pouvoirs conjoints des mutants et des graines de vie arrachées aux Célestes.
Dans ce nouveau monde, où les mutants ne sont plus pourchassés ni détestés, Eimin réécrit l’Histoire (comme tout bon tyran) pour s’ériger en messie des mutants, qui sont désormais dirigés par un X-Conseil, composé de Magnéto, Cyclope, Tornade, Cable, Jean Grey, Psylocke et Vif Argent.
Ce monde en apparence idyllique, où les mutants vivent harmonieusement loin du joug rétrograde de l’Homo Sapiens, s’est bâti sur les cendres de l’ancien monde, au prix de milliards de vie, et ne se maintient que sur la base d’un mensonge concocté par Eimin. Pour l’utopie, vous repasserez.
Ce passage met d’ailleurs les héros face à un dilemme moral fort intéressant, puisqu’au moment de remonter dans le temps pour changer le cours des choses, après plusieurs années passées sur Planète X, ils s’aperçoivent que tout ce qui a été bâti, tout ce que les mutants ont obtenu, tous les enfants nés dans l’intervalle, tout sera effacé s’ils empêchent la destruction de la Terre. Là encore, le paradigme met humains et mutants en porte-à-faux, les uns ne pouvant prospérer qu’au détriment des autres. Et là encore, les mutants finissent perdants puisque Planète X est effacée, plongeant les mutants dans de vieux schémas de persécution et de haine.
Krakoa: aucun homme n’est une île, mais les mutants sont un continent
Puis, en 2019, c’est le choc, le raz-de-marée. Un beau jour, tous les humains de la planète reçoivent un message télépathique du Professeur X, leur annonçant l’établissement de la nation souveraine de Krakoa, où tous les mutants sont accueillis à bras ouverts. Pour asseoir son existence officielle, Krakoa s’engage à offrir à tout État qui la reconnaît un ensemble de médicaments révolutionnaires tirés de la flore krakoane. Évidemment, cette nouvelle n’est pas du goût de tous les dirigeants humains, qui voient d’un mauvais œil cette nouvelle tentative des mutants de s’ériger en nation.
Sauf que cette fois, il ne s’agit pas d’une initiative personnelle, ni d’une décision unilatérale. Xavier, Magnéto et Moïra McTaggart ont œuvré secrètement à ce projet depuis de nombreuses années, exploitant le pouvoir caché de Moïra, à savoir la réincarnation et les connaissances du futur qu’elle en retire.
En aparté, je souligne que c’est là un bel exemple de continuité rétroactive, car ces faits sont censés s’intercaler avec la continuité de ces 40 dernières années. Il faut donc désormais voir ces événements passés sous un angle différent, en ce disant que depuis tout ce temps (quasiment depuis le relaunch des X-Men par Chris Claremont en 1975), Xavier et compagnie savaient ce qu’ils faisaient. Cela soulève bien évidemment de nombreuses questions (le génocide de Génosha était-il évitable ? La première mission des X-men sur Krakoa était-elle en réalité une première tentative de Xavier de rallier l’île vivante à sa cause ?) qui à ma connaissance, ne sont pas adressées par Hickman et les autres scénaristes.
La nation de Krakoa est une révolution pour les mutants, qui atteignent pour ainsi dire leur apogée depuis des décennies. Les anciennes inimitiés sont oubliées, au profit d’un avenir constructif, et la mise en commun de leurs pouvoirs les rend pour ainsi dire immortels (bien que cela soit débattable d’un point de vue philosophique. Peut-être le sujet d’un autre article ?). Ainsi unis, les mutants ne peuvent craindre des représailles humaines, à moins que l’émergence impromptue de l’intelligence artificielle ne jette une ombre sur cette utopie, où que les dissensions internes ne mettent à mal la nation.
A beaucoup d’égards, Krakoa représente donc l’initiative la plus aboutie et la plus profitable pour les mutants, depuis la création de la série en 1963, qui change irrémédiablement le statu quo, mais il suffit de gratter un peu le vernis pour s’apercevoir que même les œuvres les plus abouties possèdent leurs failles (plus d’informations près X-men Inferno, à paraître en septembre chez Panini). Car, comme Planète X, Krakoa s’est bâtie sur des secrets et des mensonges, qui risquent de rattraper Xavier de la pire des façons.
Existe-t-il la solution idoine, ou bien Homo Superior est-il condamné à l’échec ?