Comic de Rick Remender et Greg Tocchini
Urban comics (2022), 200p., série terminée en 5 tomes.
Un billet général sur la série a été publié à l’occasion de la sortie du tome #3 chez Urban et le tome #4 fait également l’objet d’une chronique.
C’est la fin d’un périple de presque dix ans pour une série démarrée aux Etats-Unis en 2014 alors que Rick Remender explose comme scénariste phare du comic indé avec des Black Science ou Deadly Class, deux séries alignant dix tomes ou presque alors que se conclut ce cinquième Low. Il aura fallu être patient!
Avant tout je tiens à revenir sur le format d’édition choisie par Urban et qui suit le format original Image comics. Le respect d’un format traditionnel est louable… mais la minutie du dessin de Greg Tocchini qui fourmille de détails rend la lecture encore plus compliquée sur un volume largement dédié à la bataille finale entre les différents peuples de cet univers. Ayant choisi de donner dans le feu d’artifice quasiment de bout en bout, les auteurs mènent à rude épreuve les pauvres yeux des lecteurs. Je ne sais pas dans quel format le dessinateur a travaillé (surement en numérique sans format particulier) mais depuis la sortie de la collection en format franco-belge chez Urban il aurait été judicieux de profiter de cet ultime opus pour ressortir Low dans une dimension plus adaptée. On me rétorquera que la série ayant commencé en format comics il était nécessaire de l’achever de même. L’éditeur ayant sorti en fin d’année dernière une sublime intégrale de l’autre série majeure de Remender en plus grand format, il est à espérer qu’il en sera de même à Noël pour une série qui le mérite grandement.
Passons au récit. Comme dit plus haut, Remender et Tocchini font de ce cinquième tome une explosion sur deux-cent pages. Ouvrant dès la première page sur des plans dont l’illustrateur italien a le secret dans une folle course-poursuite, on retrouve ensuite Stel prisonnière d’un zoo de la dernière cité humaine sur le plancher des vaches. Cette séquence permet d’aborder une thématique classique de la SF de l’étude par des créatures intelligentes d’êtres humains perçus comme étranges et sauvages. Rapidement l’intrigue se simplifie autour de la confrontation finale entre l’extérieur et les peuples des profondeurs, alors que la chute de Salus est imminente.
Comme conclusion cet album se pose là et démontre une nouvelle fois le talent de Rick Remender, jamais avare de grandiose et de traitement intelligent dans le blockbuster. Outre des dessins fourmillant, le principal défaut de cet opera est un certain abus de Deus ex machina (propension déjà vue sur Death or Glory) qui voit une bonne dizaine de fois la situation désespérée avant que survienne un nouveau miracle. Le procédé est ainsi usé jusqu’à la corde et affaiblit d’autant la tension dramatique pourtant paroxysmique.
On pardonnera à l’auteur ces facilités pour profiter des incroyables scènes de batailles qui rappellent parfois la folie d’un Ledroit et des design futuristes juste parfaits. En respectant une tomaison idéale pour une série, en sachant conclure de façon très satisfaisante son histoire tout en créant jusqu’au dernier passage de la nouveauté et de la surprise, les auteurs de Low réussissent à achever une grande saga SF qui restera unique dans son style comme dans son traitement. Je le dis souvent, les séries bien terminées ne sont pas légions (pour celles qui savent s’arrêter…). Ne boudons pas notre plaisir. Et pour ceux qui découvrent Low à l’occasion de ce billet je vous invite très vivement à attendre patiemment la probable intégrale pour une qualité de lecture idéale.