
Histoire complète en 120 pages, écrite par Mathieu Mariolle, d’après le roman éponyme de PJ Hérault. Livia Pastore au dessin, parution le 05/01/2023 chez les Humanoïdes Associés, en partenariat avec les éditions Critic.


Merci aux Humanos pour leur confiance.
Bienvenue à War-Tacca
Gurvan est un jeune homme ambitieux, qui rêve de fuir son quotidien pour mener enfin la vie dont il rêve. Gurvan ne rêve ni de gloire ni de richesse, il aspire en fait à une vie simple, sur une lointaine planète que l’on nomme la Terre, berceau légendaire du peuple dont il est issu. Gurvan n’est pas un humain classique, il est né dans un Materédu, un complexe enfoui profondément sous le sol d’une planète hostile, dans lequel naissent artificiellement les soldats comme lui. Notre jeune héros est un pilote, conçu dans le but de participer à une guerre spatiale séculaire, si ancienne que les belligérants en ont oublié les raisons.
A l’issue de son entraînement, Gurvan sera appelé à quitter son Materédu pour prendre part aux combats, espérant survivre assez longtemps pour gagner son droit à la retraite. Mais ce qu’il va découvrir sur lui-même et sur son ennemi au coeur de la bataille va ébranler ses convictions et le forcer à revoir ses plans.

En effet, cet ennemi qu’on lui a appris à haïr ne semble pas si différent de lui, et, comme souvent dans les guerres, la frontière qui sépare le bien et le mal s’obscurcit. Gurvan va donc devoir naviguer en eaux troubles, entre une hiérarchie qui utilise son engeance à ses propres fins et un adversaire redoutable mais loin des clichés véhiculés par la propagande.
Une fois de plus, les Humanos s’associent avec les éditions Critic pour proposer l’adaptation BD d’un roman de SF. On avait ainsi pu lire Peaux-épaisses, Le Sang des immortels, ou encore Sapiens Impérium, qui développaient des thématiques différentes mais toujours sous un habillage space-opéra.
Dans Gurvan, on adopte le point du vue du protagoniste naïf, qui se lance dans un conflit qui le dépasse et qui va broyer ses illusions. Il est intéressant de voir que le scénariste parvient à nuancer les rôles des belligérants pour éviter le manichéisme, et ainsi initier sa réflexion sur la guerre et ses affres. Ce que nous dit finalement l’auteur, c’est que les hommes n’ont pas vraiment besoin d’une raison valable pour s’entretuer en masse, et que le cloisonnement des esprits et de l’information représente le meilleur moyen d’influence. Sur un autre thème, Mathieu Mariolle nous sert une sauce plus optimiste, en nous montrant que le déterminisme génétique n’est rien face au libre-arbitre et à la volonté individuelle.
En effet, le moteur de l’histoire réside dans l’opposition entre la nature de Gurvan, créé artificiellement puis conditionné pour être un pilote dévoué et obéissant, et sa volonté de faire éclater la vérité. On a aussi droit au conflit entre institution et individu, ce qui renforce le capital sympathie du héros.
Graphiquement, Livia Pastore livre de très belles planches, qui se distinguent par une mise en couleur soignée. On peut s’interroger toutefois sur la qualité de la mise en scène en ce qui concerne les batailles spatiales, le dynamisme de tels combats étant délicat à retranscrire en dessin. Il en résulte des affrontements quelque peu répétitifs qui ne sont clairement pas le point fort de l’album.