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L’abomination de Dunwich #2- Slam Dunk (Deluxe) #2 – SINoALICE #3-4

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Retour des chroniques rapides de manga en cours afin de rattraper le retard pris. On part aujourd’hui sur du fantastique, du sport et l’étonnant manga de Kurokawa

  • L’abomination de Dunwich #2/3 (Tanabe/Ki-oon) – 2024, 224p., volume,2/3 tomes parus. Série originale Ki-oon.

bsic journalismMerci aux éditions Ki-oon pour leur confiance.

L’abomination est la dernière création en date de Gou Tanabe et l’évolution dans la maîtrise tant graphique que narrative se ressent à la lecture de cette seconde partie qui coche toutes les cases de ce qu’on attend d’un récit lovecraftien, comme un mode d’emploi de la mise en scène idéale du fantastique. Le premier volume était déjà remarquable par l’utilisation de la quasi-totalité des références du Mythe (le Nécronomicon, l’université Miskatonic, les hybrides, les régions reculées,…) et ce volume confirme que la trilogie Dunwich est la porte d’entrée idéale pour découvrir Lovecraft et les adaptations par Gou Tanabe, avec Les Montagnes hallucinées, L’appel de Cthulhu et Dans l’Abîme du Temps. L’inquiétant Wilbur arrive en effet à l’Université pour consulter le Necronomicon et rapidement sa venue entraîne le déclenchement d’évènements terrifiants à Dunwich, alors que ce qui semble être Yog-Sototh, celui qui ouvre le Portail entre les Mondes surgit parmi les hommes… On est happé tout le long par une tension où l’auteur se fait plaisir à nous terroriser avec toutes les ficelles d’un film d’horreur, en nous rappelant que personne encore n’est parvenu à proposer au cinéma ce qui pourrait être une incroyable saga hollywoodienne. Si d’autres adaptations étaient très remarquables, ce second volume est tout simplement ce que Tanabe a fait de mieux jusqu’ici dans son œuvre. Graphiquement superbe, totalement immersif, parfaitement fidèle à l’œuvre. Vite la conclusion, et pour ceux qui n’ont pas encore découvert cette collection, précepitez-vous malheureux, avant que le Portail ne rende aux Anciens ce qui leur appartient…

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  • Slam Dunk (Deluxe) #2 (Inoue/Glénat) – 2024, 252p., 2/24 tomes.

bsic journalismMerci aux éditions Pika pour leur confiance.

Second volume de la Deluxe edition du manga aux 170 millions de tomes vendus et on va dire poliment qu’on prendra ça pour un intermède après une entrée en matière plutôt fraiche. Cela car sur ces chapitres Inoue continue dans le registre de l’humour pur mais sans la partie sportive. Du coup on perd l’aspect découverte des personnages, les gags deviennent répétitifs et la pseudo-intrigue sur le débauchage du (anti-)héros par le club de Judo est franchement poussive… Le dessin reste dans l’esprit comique donc pas vraiment un argument de vente, bref, on tombe dans un banal manga de consommation pour journal pour le métro, ce qu’était Slam Dunk comme tout manga à sa publication. Pas d’inquiétude, l’annonce d’un match à venir dès le prochain tome laisse présager des entraînements et séquences d’action attendues.

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  • SINaALICE #3-4 (Collectif/Kurokawa) – 2023, 208p., 5/6 tomes parus

Ne pratiquant pas du tout les jeux en ligne et jeux pour mobiles, j’expérimente de temps en temps un des mille et une séries très ciblées autour de jeux, bien souvent éphémères. La qualité graphique et l’originalité de l’univers de SINoALICE questionnent quand aux moyens mis dans des produits tout à fait commerciaux et dont la durée de vie est calculée manifestement à très court terme par l’éditeur SquareENIX (l’éditeur de… Final Fantasy). La lecture de Trillion Game éclaire par exemple quand à cet étonnant écosystème tout à fait japonais. Ces expériences permettent du reste de repérer d’éventuelles vraies qualités de BD pour un lecteur ignorant des liens et univers du jeu. Cela permet par exemple de prendre un grand (et inattendu) plaisir sur Shangri-la Frontier qui se suffit à lui-même pour peu qu’on soit un tant soi peu ouvert au monde des jeux vidéo.

Ce second tiers de SINoALICE bascule dans un Killing game où les différents personnages aux noms de contes de fée se bastonnent de façon plutôt trash. Le visuel est toujours aussi chouette même si certaines cases sont brouillonnes, noyées dans les encrages anguleux. Sur ces deux tomes l’intrigue se simplifie à outrance et les aspects cryptiques du début rendent la lecture plus fluide, on pourra ressentir un A quoi bon? susceptible de laisser de côté les lecteurs passés là par hasard, en limitant l’intérêt de cette suite pour l’essentiel à l’univers visuel qui reste très intéressant.

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***·Jeunesse·Nouveau !·Rapidos·Service Presse

Les oubliées

BD de Elsa Bordier et Hugo Decraene
Kinaye (2024), 52p., one-shot.

bsic journalismMerci aux éditions Kinaye pour leur confiance!

Lou campe avec sa mère dans la campagne de Lozère lorsqu’elles sont attaquées par une entité indicible surgie de nulle part… Un homme intervient et met en fuite la bête. Qui est-il? Que connaît-il de cette créature démoniaque et pourra t’il aider Lou à retrouver sa mère? Mais avant tout il faudra nouer un lien peu évident avec cet homme chargé de colère…

Kinaye fait partie des petits éditeurs qui font un sacré boulot pour lancer de jeunes créateurs. Ce n’est pas pour rien qu’Elsa Bordier, « élevée » dans l’incubatrice du Label 619 et déjà passée sur les histoires courtes de la collection Punch! chez Kinaye, revient pour son second album solo, toujours avec un nouveau venu en BD, après l’album La Chevaleresse.

Kinaye oblige on est bien dans une BD jeunesse, mais qui est à l’exacte croisée entre Lovecraft (pour la créature et la population idolâtre) et Last of us (pour la relation compliquée entre les deux survivants). Et il faut dire que l’équilibre entre les deux thématique est remarquable et structure ce récit simple en deux temps. Après le surgissement fantastique du monstre à la physionomie indescriptible (lorgnant vers les monstres de manga présentant des parties humaines) et la figure du chasseur de monstre, arrive la cohabitation entre ces deux survivants ayant perdu une proche face à la même créature et qui vont devoir surmonter leur armure de chagrin pour réussir à sauver ce qui peut encore l’être. Transposant la thématique de l’influence naturelle de la créature sur son environnement dans la campagne française, on retrouve l’idée du Mythe de Cthulhu de communautés renfermées et vivant en symbiose avec une créature qu’ils tentent de protéger les bienfaits qu’elle leur procure (ici des productions maraichères de qualité XXL).

Cet ensemble de balises bien connues aurait pu ne produire qu’une fan-fiction mais Elsa Bordier parvient à donner de la consistance à son intrigue bien référencée et portée par des dessins simples mais techniquement irréprochables qui rappellent le monde de l’Animation. Avec la grande vertu de permettre une découverte d’un monde majeur du fantastique aux jeunes lecteurs, ces Oubliées est une nouvelle bonne pioche chez Kinaye, sans prétention mais d’une maturité remarquable pour deux jeunes auteurs.

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**·BD·Service Presse

La Venise des Louves

BD d’Aurélie Wellenstein et Emanuele Contarini
Drakoo (2024), 48p., One-shot.

bsic journalism Merci aux éditions Drakoo pour leur confiance.

Dans une Venise fictive surviennent d’étranges attentats depuis qu’une des iles se retrouve inaccessible. Victime d’un d’une de ces attaques « surréalistes », Renzo a réuni autour de lui quatre jeunes femmes elles-aussi mutilées et depuis dotées d’étranges pouvoirs. Ils sont bien décidés à se venger de ces Gondoliers noirs et à percer le mystère des attaques aveugles qui ensanglantent l’ancienne quiétude de Venise…

La recette initiale de Drakoo étant plutôt efficace, l’éditeur continue à faire appel à des romanciers fantasy pour apporter leur science de la construction d’univers et de personnages. Pour son deuxième album après une adaptation de son roman, Aurélie Wellenstein se lance cette-fois en compagnie de l’italien Emanuele Contarini sur une nouvelle création dans une atmosphère de la Venise classique du XVI° siècle.

Démarrant son histoire sans perdre de temps, on se retrouve embarqué avec ces cinq « louves », ce pianiste virtuose qui a perdu sa main dans une attaque et ses quatre comparses et amantes, chacune dotée de capacité tout à fait intéressantes. Car c’est la grande force du concept de la scénariste (plus que l’univers de cape et d’épée vénitien, finalement assez absent) que ces bombes « surréalistes » dont le seul nom suffit à titiller notre curiosité. Il s’agit en fait d’explosions qui modifient la réalité avec des effets permanents redoutables: l’un a vu sa main littéralement oblitérée, deux autres partagent le même esprit, comme deux super-jumelles, une autre voit sa conscience coincée entre le présent et le futur immédiat, quand la dernière cache un terrible secret… Si l’adversité manque cruellement à force de mystère sur l’origine des attaques, cet album nous intéressera jusqu’au bout et sa conclusion lovecraftienne intellectuellement très enthousiasmante.

Le problème c’est que ce qui aurait sans difficulté nécessité trois albums afin de pouvoir mettre en place les personnages, une résolution progressive et l’utilisation d’un riche univers… doit se présenter en un format classique de 48 pages! C’est absolument incompréhensible et totalement suicidaire narrativement parlant, d’autant que les planches du dessinateur sont vraiment agréables et dégagent une énergie organique qui rappelle le travail récent de Créty sur Gueule de Cuir, chez le même éditeur.

Ainsi il est compliqué de chroniquer un album qui ne peut avoir aucune structure correcte dans un tel format. Les auteurs n’ont rien à se reprocher, les dialogues sont percutants, les interactions et pouvoirs des personnages très agréables et novateurs dans une sorte d’esprit X-men de la Renaissance et même la résolution en tant que telle est plutôt réussie. Mais l’album semble juxtaposer des séquences qui ne tiennent pas dans le format et laissent l’impression d’avoir lu une très grosse plaquette de promotion d’un album à venir. Autant on pouvait reprocher à Pierre Pevel d’avoir du mal à gérer le hors champ de son univers d’Ambremer dans un format BD limité, autant ici c’est bien le format BD qui pose problème. Très agaçant car on serait volontiers parti sur une série qui disposait d’un sérieux potentiel. Les mystères éditoriaux sont décidément bien impénétrables…

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****·BD·Nouveau !

Le dernier jour de Howard Philips Lovecraft

BD de Romuald Giulivo et Jakub Rebelka
404 comics (2023), 107p.,  one-shot.

Edition luxueuse avec dos toilé, titre en dorure, papier épais, cahier graphique. Un Calvin pour l’édition.

Howard Philips Lovecraft est à l’Hôpital. Il est malade. Très malade. Il reçoit la visite d’un journaliste qui semble bien connaître sa vie. Soumis à des visions tout droit sorties de ses histoires, l’auteur médiocre et dépressif entame un voyage entre ses imaginaires et sa propre vie, une odyssée hallucinée en compagnie de ses amis passés et futurs. Son dernier jour est un Requiem en l’honneur de celui qui fut un petit homme mais devint un immense fondateur.

Le projet mit du temps à accoucher. Écriture ciselée, recherchée, documentée, dessin d’orfèvre du dessinateur polonais, fabrication minutieuse, ce Dernier jour de HP Lovecraft a tout du projet fou et du cadeau de Noël pour tout amateur d’imaginaire fantastique. Car c’est bien un hommage magnifique que cet album, un hommage à celui qui inventa le fantastique moderne, à la suite de Edgard Poe et avant Stephen King et autres Alan Moore. Outre sa création d’un Mythe imaginaire cohérent, le confiné de Providence créa artistiquement la quasi-totalité des dessinateurs de BD fantastiques actuels, matrice esthétique et imaginaire indépassable.

L’album est néanmoins bien une BD très joliment narrée en forme de reprise de l’Enfer de Dante voyant des guides mener Lovecraft à travers sa propre histoire, rencontrant de vrais personnes (le magicien Houdini), ses créations (Nyarlathotep), sa femme ou ses successeurs. Alors que l’on s’attendait à une nouvelle immersion dans le Mythe de Cthulhu, c’est une quasi-biographie fantastique que nous propose Romuald Giulivo en mêlant fiction et réalité dans la cheminement d’un pauvre hère délirant sur son lit d’hôpital. On découvre ainsi la pauvre vie tragique d’un enfant soumis au contrôle aliénant de sa mère et incapable de s’en extraire toute sa vie durant. On rencontre sa femme avec qui il n’a vécu que quelques mois à New-York, sans doute dans une tentative de jeunesse de sauver son âme de la domination familiale. En vain. On nous parle d’Auguste Derleth, celui qui constitua à titre posthume le Mythe de Cthulhu proprement dit… Alternant lettres écrites d’une calligraphie très élégante (et qu’on imagine manuscrite de l’auteur ou de l’éditeur, chose rare) et accompagnement des planches d’une immense variété et créativité de Jakub Rebelka, la cohérence de l’ensemble est remarquable.

Ce n’est pas faire injure à la très grande qualité du projet et des textes de Romuald Giulivo que de rappeler que l’intérêt majeur de cet album reste le travail impressionnant du dessinateur polonais. Sachant être figuratif ou onirique quand il faut, celui que j’avais beaucoup apprécié sur La cité des chiens, prend une ampleur encore plus importante par l’apport de la couleur. Ce que l’on perd dans le travail d’encrage on le gagne dans les formes organiques et les textures. Rebelka semble né pour illustrer Lovecraft et comme pour tous les grands auteurs on lui accorde volontiers le temps nécessaire entre deux créations.

Enfin, Dahaka en parle souvent sur ses chroniques de leurs albums, 404 comics constitue album après albums un sacré catalogue qui rivalise clairement avec les grands éditeurs par un choix qualitatif tant dans l’artistique que dans la fabrication de livres d’orfèvrerie. Heureusement nous serons gâtés dès l’an prochain avec un Judas qui s’annonce somptueux!

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***·Manga·Nouveau !·Service Presse

L’abomination de Dunwich

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Manga de Gou Tanabe
Ki-oon (2023) -Enterbrain (2023), 214p., n&b., série en cours.

bsic journalismMerci aux éditions Ki-oon pour leur confiance.

Avec L’abomination de Dunwitch, c’est la dernières des adaptations de Gou Tanabe qui parait enfin en France, cinq après l’inauguration de l’exceptionnelle collection de Ki-oon que le monde entier nous envie avec Les Montagnes hallucinées. Fin septembre c’est un exceptionnel album de Jakub Rebelka qui parait chez 404 comics pour fêter l’incroyable Lovecraft. La nouvelle originale parait en 1928, dix ans après Dagon qui marque le début des écrits sur le mythe de Cthulhu et deux ans après l’iconique roman L’appel de Ctulhu.

S’ouvrant sur la visite d’un professeur de l’université Miskatonic dans la bourgade reculée de Dunwich, l’essentiel de l’album nous détaille la venue au monde de l’étrange Wilbur, enfant surdoué au faciès étrange dont l’existence semble liée au retour des Grands Anciens. Beaucoup plus claire que les autres albums de Tanabe, cette première partie nous détaille une campagne tantôt enneigée tantôt parcourue par les vents mais loin des souterrains et autres étouffants manoirs où le dessin du mangaka est si efficace. Bien qu’un scientifique ouvre l’histoire, nous n’avons pas vraiment de témoin de l’Indicible mais plutôt une narration syncopée entre la naissance de Wilbur en 1917, la visite du professeur Armitage (figure connue et récurrente du Mythe) en 1923 et jusqu’en 1926.

Avec l’ambiance inquiétante liée aux coins reculés et aux populations consanguines et menaçantes (qui transparait dans les écrits teintés d’un évident racisme et antisémitisme chez Lovecraft), les ressorts classique du fantastique et de l’horreur sont utilisés. Une vieille bâtisse à l’aspect antédiluvien dont on distingue mal la structure et dont l’étage est aveugle, une famille renfermée, des villageois qui s’en tiennent à l’écart, tous les marqueurs de l’univers lovecraftien sont là. Surtout, cette histoire est (déjà) un condensé des marqueurs du Mythe: le Necronomicon, l’université Miskatonic, Yog-sothoth, les créatures hybrides. Seule manque la folie, qui ne tardera pas à survenir chez le professeur Armitage à n’en pas douter…

Mise en place où l’inquiétude émane plus d’un être et d’une situation que des habituelles topographies et architectures démentes, L’abomination de Dunwich est une des plus agréables lectures de la série même si elle constitue avant tout une mise en bouche. A noter que l’édition japonaise compte trois tomes, mais Ki-oon n’ayant jamais dépassé les deux volumes par histoire il est à attendre un unique tome de conclusion de cet ultime adaptation.

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Les Ombres de Thulé

Récit complet en 127 pages, écrit par Patrick Mallet et dessiné par Lionel Marty. Parution le 31/05/23 chez les Humanoïdes Associés.

Merci aux Humanos pour leur confiance.

Thulé Za Pas Vus (Les Zombres)

Cormack Mac Fianna est un barbare très occupé. Roi des Pictes, il est en lutte contre le colonisateur romain, qui a fortifié ses avancées en Britannia jusqu’au Mur d’Antonin. Il doit aussi ménager une paix plus que précaire avec les Gaëls et veiller à la cohésion de son peuple.

Tout va dégénérer lorsque Ithomée, une obscure magicienne, va mettre en branle un complot visant à déverser sur le monde une indicible menace, que seules les antiques savoirs de la légendaire Thulé, dont les Pictes sont seuls dépositaires, seraient à même d’endiguer.

Cormack aura fort à faire s’il veut sauver son peuple, ainsi que le monde, de l’annihilation entre les tentacules visqueuses des Ombres de Thulé.

On termine le printemps avec un franc coup de coeur pour ces Ombres de Thulé ! Un scénario bien écrit, conjugué à de beaux dessins, c’est de nos jours suffisamment rare pour être souligné, alors ne nous privons pas ! Ce récit ravira les amateurs de Dark Fantasy, qui y trouveront pléthore de références à des oeuvres-phares telles que Conan le Barbare, auquel le protagoniste Cormack est un hommage appuyé pour ne pas dire amoureux, ainsi qu’à la mythologie lovecraftienne.

Je suis probablement le seul, mais je n’ai pu m’empêcher d’y voir également des similitudes avec d’autres classiques comme Hellboy et son spinoff B.P.R.D. (un background lié au mythe de l’Hyperborée et de Thulé; le Général Horatius qui est un amalgame entre Raspoutine et la Flamme Noire; et les Hirudinées qui font clairement penser au(x) fameux Ogdru Jahad et aux Ogdru Hem). En cherchant bien, on peut y trouver des similitudes avec la saga Legacy Of Kain (de méchantes créatures bannies grâce à un cercle de monolithes/pilliers magiques, qu’une race magique laisse aux soins de magiciens humains corruptibles).

Néanmoins, les références ne font pas tout (comme l’ont prouvé certaines séries récentes faisant appel un peu trop facilement à Lovecraft), et on se doit de rappeler que Patrick Mallet s’en sort avec les honneurs côté narration. Sans temps mort, l’auteur prend le temps de développer une galerie de personnages variés et intéressants, autour de dialogues bien écrits sans être fumeux ni soporifiques. On suit les aventures de Cormack et de ses alliés/ennemis avec délectation, jusqu’à une bataille finale bien orchéstrée (mais qui aurait sans doute encore davantage gagné à être mieux préparée).

Coté graphique, Lionel Marty tient bon la barre sur les 127 pages, et assure autant sur les décors que sur les personnages et les scènes de bataille, secondé par Axel Gonzalbo à la couleur. C’est donc un 5 Calvin !

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Dr. Stone #24 – Ender Geister #3 – Shangri-La Frontier #8

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Retour des fournées manga avec aujourd’hui une salve Glénat très grand public!

bsic journalismMerci aux éditions Glénat pour leur confiance.

  • Dr. Stone #24 (Boichi, Inagaki/Glénat) – 2023, 208p.

dr_stone_-_tome_24_-_gl_natA deux tomes de la conclusion (qui laisse de plus en plus anticiper un prochain cycle…) on accélère puisque la société scientifique parcourt le monde pendant dix ans afin de récolter les matières premières nécessaires à la fabrication d’une fusée et à ce qui permettra à un équipage de se poser sur la Lune. Gros changement d’échelle puisque jusqu’ici, malgré des voyages trans-pacifique les auteurs n’étaient jamais rentré dans le détail du déroulement du temps.  Probablement pressés par la nécessité de conclure, Inagaki et Boichi avancent donc à un rythme inhabituel avec un saut technologique très important qui nous fait réaliser que malgré les incroyables inventions recréées jusque là on en était resté au stade du bricolage.

Du coup on se perd un peu (pour les moins scientifiques des lecteurs) avec des explications vaguement absconses sur les étapes de la réalisation d’un ordinateur, même si les auteurs évitent de multiplier les digressions qui auraient fini de nous perdre. Le volume n’en garde pas moins l’aspect d’un tome de transition qui n’a pas même abordé la question du scaphandre spatial. On remarquera au passage une nouvelle fois le scientisme bien peu écologique (et pour le coup assez hors sol à notre époque) qui promeut une science productiviste où il suffit d’engraisser la terre pour produire intensivement du riz sans que quiconque n’y trouve à redire. On objectera que dans le Monde de pierre la pression humaine a disparu mais pour un shonen de vulgarisation scientifique le message peut déranger… En attendant, on patiente jusqu’aux deux volumes de conclusion qu’on espère aussi bien huilés que le reste de la série.

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    • Ender Geister#3 (Yomoyama/Glénat) – 2023, 192p., 3/10 tomes parus.

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Après deux premiers volumes sortis simultanément et permettant de bien rentrer dans une « intrigue » fortement axée action, on part dans ce troisième tome pour un gros flashback destiné à nous expliquer un peu mieux qui est cet étonnant anti-héros imbattable au corps à corps mais qui a la fâcheuse manie de se métamorphoser en un démon mortel lorsqu’il… meurt. n part donc pour une plongée lovecraftienn dans les entrailles de l’Afrique au sein d’une sorte de temple maléfique qui va autoriser l’auteur à dessiner des soldats bad-ass et des bastons épiques, intérêt principal de la série.

Je reconnais que si en matière de gros boss, de combats hyper-dynamiques et de pépées aérées on est servi, on se demande comment l’auteur va tenir ce rythme pendant plus de dix tomes sans tomber dans les défauts d’un Dragonball aux combats éternels. Il y a pourtant jusqu’ici du style, un héros mystérieux et une approche série B de loisir totalement assumé qui fait plaisir à lire. Avec un peu plus d’application dans les dessins et un soupçon d’intrigue on a de très bonnes bases pour une excellente série inattendue.

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  • Shangri-la Frontier #8 (Katarina-Fuji/Glénat) – 2023, 192p., 8/13 volumes parus.

shangri-la_frontier_-_tome_08_-_glenatEpisode qui risque de marquer la fin de l’aventure pour moi avec un sur-place plaçant le héros dans une perspective de leveling qui montre que le manga tourne désormais en circuit fermé en oubliant ce qui a permis un plaisir de lecture jusqu’ici: une fuite en avant axée sur la découverte et extraordinairement lisible. Ce huitième volume perd les deux à la fois: la lisibilité avec cet affrontement contre les scorpions de quartz assez pauvres visuellement et la découverte qui se résume à quelques pages en fin d’album où l’on retrouve l’archéo-forgeronne qui va permettre à Sunraku d’arborer des artefacts de l’ère des Dieux. Au lieu de poursuivre cette unique révélation, voici le personnage qui quitte Shanfro pour se faire une petite escapade sur un jeu de Mechas. Aucun intérêt autre que de voir le dessinateur se faire plaisir sur de jolis designs SF. Si la technique reste de très bon niveau, on est clairement à l’étape où seuls les fans de jeux vidéo trouveront un sens à continuer leur lecture. DOmmage, Shangri-la Frontier aura tout de même été une sacrée surprise!

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Le Mythe de l’Ossuaire, première partie

Série anthologique créée par Jeff Lemire (scénario) et Andréa Sorrentino (dessin). Parution chez Urban Comics le 21/04/2023.

Merci aux éditions Urban pour leur confiance.

Lemire fais-moi peur

L’auteur Jeff Lemire, connu pour un certain nombre de séries comme Sweet Tooth, Gideon Falls, Black Hammer, ou plus récemment Primordial et Little Monsters, revient en avril avec pas moins de deux sorties simultanées, se déroulant dans le même univers.

Dans Le Passage, nous croisons tout d’abord la route d’un auteur anonyme, qui s’isole afin de terminer son roman tout en faisant le point sur sa vie (tiens, tiens, ça me rappelle le pitch d’un roman/film, ne manque plus que l’hôtel hanté). Sur place, il va être harcelé par la personnification de ses pêchés et de ses doutes, une silhouette inquiétante qui va le faire douté de la réalité. Le second chapitre nous propulse dans une autre histoire, celle de John Reed, jeune géologue qui peine à gérer ses traumatismes d’enfance. Reed débarque sur une petite île, sur laquelle se tient un phare gardé par la vieille et amère Sally. Sally l’a fait venir pour inspecter une cavité, un trou à la profondeur difficilement mesurable, qui serait apparu spontanément. Le jeune géologue va devoir l’inspecter et déterminer non pas d’où vient ce trou, mais où il mène. Et la réponse risque de ne pas lui plaire.

Lemire nous plonge encore une fois dans l’horreur surréaliste, aidé en cela par l’ambiance glauque et oppressante dont Andréa Sorrentino a le secret. Le pitch nous rappelle forcément The Lighthouse, de Robert Eggers, dans lequel un protagoniste candide mais cachant de lourds secrets arrive sur un phare gardé par une personne plus âgée et elle aussi pleine de noirs secrets. Les lieux isolés sont bien souvent du pain béni pour les récits d’épouvante, surtout lorsque lesdits lieux manifestent une personnalité propre et un agenda hostile. Ajoutez à cela la primale terreur provoquée par les profondeurs marines, la claustrophobie engendrée par les espaces contigüs (le trou), et vous avez les ingrédients d’un récit d’horreur efficace et bien mené.

L’angoisse monte aussi d’un cran grâce au mystère qu’entretient l’auteur sur son univers et sur les motivations réelles des personnages, ainsi que sur l’origine ou la raison d’être de son Passage éponyme. Les pleines-pages d’Andrea Sorrentino ne faillissent pas à leur réputation et y sont pour beaucoup dans le succès de ce premier chapitre du Mythe de l’Ossuaire.

Dans Des Milliers de Plumes Noires, nous faisons la rencontre de Trish et Jackie, deux amies d’enfance aux caractères opposés mais complémentaires. Unies depuis toujours par la passion des jeux de rôle et des mondes imaginaires, les deux amies commencent par échanger sur leurs préférences littéraires, avant de se consacrer à l’écriture de leur propre jeu de rôle.

Plongées dans leur univers privilégié, les deux enfants, qui deviennent bien vite adolescentes, maitrisent tout et imaginent tout jusqu’au moindre détail. Elles passent le plus clair de leur temps chez Jackie, dans la peau de leurs avatars de JDR, à savoir une farouche guerrière pour Jackie et une habile magicienne pour Trish. Cependant, les années passent, et les centres d’intérêts de Jackie changent. Trish, plus introvertie, ne partage pas le gout de son amie pour les fêtes et les soirées alcoolisées entre copains. Au contraire, tout ce qu’elle a toujours voulu, c’est rester avec Jackie, à jouer à leur jeu favori et traquer Corvus le Roi des Corbeaux.

Un soir, alors qu’elle est de sortie, l’extravertie Jackie disparait sans laisser de traces. Après une année de recherches, elle est présumée morte, et le coupable échappe à la Justice. Trish, privée de sa moitié, quitte la ville pour refaire sa vie loin de ses douloureux souvenirs. Elle termine ses études puis devient autrice à succès, mais quelque chose la relie toujours au souvenir de Jackie, et aux regrets qu’elle entretient, de n’avoir pas été là pour la sauver. Mais l’aurait-elle pu ? Quel rôle a véritablement joué Trish dans la disparition de Jackie ? Et si… le Roi des Corbeaux y était pour quelque chose ?

Après l’introduction que constituait Le Passage, on a ici la sensation d’entrer dans le vif du sujet de ce fameux Mythe de l’Ossuaire. Une pagination plus généreuse permet à l’auteur de fouiller ses personnages, leurs psychologies et leurs relations, pour nous impliquer davantage encore dans leur sombre destinée. Malgré la chape de mystère qui est encore posée sur l’intrigue générale, on commence déjà à repérer quelques indices ça et là nous reliant au précédent volume.

Comme il l’a déjà fait dans certaines de ses œuvres antérieures, l’auteur s’amuse ici à brouiller la frontière entre fiction et réalité, plongeant ainsi dans les affres d’un multivers malveillant et en même temps très cohérent. Lemire semble partir du principe que si une infinité de réalités existent simultanément, alors tout ce que nous pouvons créer de fictionnel ne l’est pas vraiment et existe nécessairement déjà, ce qui est une idée simple mais prompte à créer un malaise existentiel.

En refermant ce tome, magnifiquement illustré par Sorrentino (qui est ici capable de changer de style en fonction des époques et des mondes représentés), on est à la fois terrifié et intrigué par ce que nous réserve l’auteur pour la suite.

*****·Comics·East & West·La trouvaille du vendredi·Rétro

American vampire legacy #1: sélection naturelle

Comic de Scott Snyder et Sean Murphy.
Urban (2012), 128p., one-shot.

couv_162052En 1941 l’ordre de chasseur de vampires « les Vassaux de Venus » envois ses deux meilleurs agents en Roumanie occupée par les nazis pour récupérer un scientifique qui aurait mis au point un remède contre le Mal… La question des nazi est très secondaire. Jusqu’à ce qu’ils réalisent que les affidés d’Hitler et les démons ont plus de lien qu’on ne le pense…

image-10Sean Murphy à la Paris Comics Expo!Ce petit album en forme de bonbon confirme immédiatement ce que je disais sur le dernier album de Scott Snyder et le saisissant décalage de qualité entre ses débuts et aujourd’hui. Paru juste après les vingt-sept épisodes de sa saga American Vampire et en même temps que le monument La Cour des Hiboux, cette prolongation sera suivie d’un second tome dessiné par Dustin Nguyen, le futur dessinateur de Descender, puis récemment d’une itération 1976 qui clôt le second cycle. N’ayant pas lu la saga principale je peux confirmer que ce tome dessiné par un jeune Sean Murphy se lit sans aucune difficulté comme un one-shot en forme de croisement idéal entre Indiana Jones et Lovecraft.

Sous sa forme d’album, Sélection naturelle ressemble à une petite perfection geek comme il en arrive de temps en temps, de ce débordement d’amour pour la culture Pop années 40′ qui rassemble tout ce que les amateurs veulent voir: des nazi, des vampires, des espions bad-ass, des scientifiques hallucinés et de sombres secrets sur le monde obscure, le tout dans des décors grandioses et parfaitement gothiques. C’est bien simple, si Murphy n’avait pas dessiné ce volume, le George Bess de Dracula l’aurait pu. Avec une efficacité qui frise la perfection dans une simplicité que seule la fraicheur du novice amène, Snyder découle au lecteur du massacre de vampires infiltrés parmi nous avant de nous relater simplement l’histoire de ses deux héros, le QG de l’organisation clandestine avant de partir pour les Carpathes en un hommage délirant à notre archéologue préféré. Ne perdant jamais de temps sans pour autant tomber dans l’orgie, les auteurs enchainent les séquences attendues avec une remarquable maitrise du temps qui me fait dire que la malédiction principale des comics reste la pagination qui incite trop les scénaristes à délayer leurs histoires.

American vampire legacy tome 1 - BDfugue.comLa cerise sur le gâteau de ce cadeau est que la richesse de l’univers à peine esquissé dans ses aspects les plus grandioses donne fichtrement envie de plonger dans la mythologie d’American Vampire tant on a le sentiment d’avoir effleuré un sacré morceau. Le problème des récits de vampires (comme de zombies) étant que l’on reste le plus souvent dans de la simple chasse sans construction historique, le projet de Snyder devient particulièrement intéressant en ce qu’il semble avoir bâti un monde cohérent relaté sur différentes époques (… en compagnie d’un certain Stephen King il faut dire).

Avec le simple regret d’une histoire trop courte et que Murphy s’est arrêté à ce seul tome dans la saga, on savoure chaque planche en frémissant d’impatience de connaitre la fin de l’histoire de Felicia Book et en gardant à l’esprit que la très qualitative édition Urban de la saga en intégrale (comprenant donc ces deux Legacy mais également les autres histoires one-shot) donne une bonne raison de se plonger dans une série lauréate d’un Eisner award et figurant parmi les classiques du comic Indé.

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****·Comics·East & West·Nouveau !

Zombie World-Le champion des vers

Histoire complète en 96 pages, écrite par Mike Mignola et dessinée par Pat McEown. Parution aux US en 1997, publication anniversaire en France chez 404 Comics, le 03/11/2022.

En Vers, et contre tout

Dans un musée de Whistler, Massachussets, le directeur M. Zorsky jubile. Son établissement, jusqu’ici de piètre envergure, va bientôt accueillir une toute nouvelle aile dédiée aux reliques hyperboréenne, une civilisation si ancienne et si avancée qu’elle a été reléguée au rang de mythe.

Toutefois, M. Zorsky doit composer avec Miss Dean, la fille de son généreux mécène, qui souhaite dicter sa conduite au directeur de musée. En effet, Miss Dean souhaite ouvrir la nouvelle aile le plus vite possible, et se passerait bien de l’avis des soit-disant experts de l’occulte venus enquêter sur les phénomènes étranges qui perturbent le musée depuis qu’un certain sarcophage hyperboréen a été ajouté à la collection.

L’équipe spécialisée dans l’occulte, dirigée par le Major Damson, est composée de Roman, escogriffe taciturne, Eustace SaintJohn, médium aveugle, et Malka Ravenstein, impétueuse femme d’action. Bien vite, l’équipe se rend compte que le sarcophage renfermait un mal antédiluvien qui s’est échappé, un nécromancien nommé Azzul Gotha. Son but est d’offrir le monde en pâture à d’obscures divinités maléfiques, qui prennent la forme de vers colossaux, qui lui ont donné le pouvoir de réveiller les morts.

Partout dans le musée, les momies et autres dépouilles fossilisées reprennent vie, piégeant les agents et les deux civils dans un cauchemar de non-vie. Comment empêcheront-ils Azzul Gotha de détruire le monde ?

Il faut bien l’avouer, cette sortie chez 404 Comics est surprenante à plus d’un titre. Tout d’abord, il s’agit d’une réédition d’une mini-série écrite assez tôt dans la carrière de Mike Mignola, devenu entre temps célèbre pour sa création Hellboy. Le second point de surprise est du au fait qu’elle n’est pas dessinée par l’auteur, mais par Pat McEown, dessinateur canadien ami de Mignola. Donc, si vous êtes du genre à juger un livre par le biais de sa couverture, vous vous payez en quelque sorte un billet pour Surprise Land.

Dans ce Zombie World, on retrouve bien sûr de multiples influences, parmis lesquelles les favorites de Mignola. Il y a donc une ambiance fortement lovecraftienne, mais également un parfum de Robert Howard et une touche résoluement européenne. Car on aura beau aborder cet album de la façon la plus neutre possible, les lecteurs avertis ne pourront s’empêcher de déceler des idées embryonnaires qui ont plus tard germé dans Hellboy et dans BPRD.

En premier lieu, l’utilisation de la mythique Hyperborée, qui joue un rôle central dans la mythologie d’Hellboy. Ensuite, bien entendu, les enqueteurs du paranormal rappelant justement les agents du BPRD, avec un Major Damson qui serait un prototype de Trévor Brutenholm, Eustace qui serait une sorte de condensé entre Abe Sapiens et Johan Krauss, et enfin Malka, qui est aussi badass que Liz Shermann. Lors du final, il est même question d’un pouvoir contenu dans une main droite, ce qui finit d’enfoncer le clou. On peut également extrapoler, en faisant un parallèle entre les fameux vers géants et les Ogdru Hem contre lesquels les agents du BPRD luttent si désespérément.

Pour autant, Zombie World n’est pas entièrement calquée sur la série phare de Mignola. On peut en effet distinguer les deux séries par leur ton, Hellboy étant résolument plus sombre tandis que ZW est parcourue par des petites touches d’humour potache et baigne dans le second degré. Petite ombre au tableau, cependant, l’histoire se termine de façon très ouverte en ne clôturant pas l’intrigue. La série a bien engendré une suite à l’époque, mais les douze numéros qui se sont succédés, réalisés par d’autres auteurs, s’éloignaient trop du concept original et ne sont à ma connaissance pas publiés en France.

Concernant la partie graphique, surprise là encore, car le trait de Pat McEown emprunte au style ligne claire, ce qui donne l’impression d’un croisement entre Tintin et Lovecraft. L’objet en lui-même est très réussi, ce qui n’est en soit pas étonnant car les éditions 404 se sont jusqu’ici illustrés par le soin apporté à la facture de leurs livres.

Oeuvre pouvant être considérée comme un proto-Hellboy, mais pas tout à fait, Zombie World trouvera une place de choix dans la bédéthèque des amateurs du genre lovecraftien. Avec en prime un bel objet à prix plus que raisonnable.