Retour des chroniques rapides de manga en cours afin de rattraper le retard pris. On part aujourd’hui sur du fantastique, du sport et l’étonnant manga de Kurokawa
- L’abomination de Dunwich #2/3 (Tanabe/Ki-oon) – 2024, 224p., volume,2/3 tomes parus. Série originale Ki-oon.
Merci aux éditions Ki-oon pour leur confiance.
L’abomination est la dernière création en date de Gou Tanabe et l’évolution dans la maîtrise tant graphique que narrative se ressent à la lecture de cette seconde partie qui coche toutes les cases de ce qu’on attend d’un récit lovecraftien, comme un mode d’emploi de la mise en scène idéale du fantastique. Le premier volume était déjà remarquable par l’utilisation de la quasi-totalité des références du Mythe (le Nécronomicon, l’université Miskatonic, les hybrides, les régions reculées,…) et ce volume confirme que la trilogie Dunwich est la porte d’entrée idéale pour découvrir Lovecraft et les adaptations par Gou Tanabe, avec Les Montagnes hallucinées, L’appel de Cthulhu et Dans l’Abîme du Temps. L’inquiétant Wilbur arrive en effet à l’Université pour consulter le Necronomicon et rapidement sa venue entraîne le déclenchement d’évènements terrifiants à Dunwich, alors que ce qui semble être Yog-Sototh, celui qui ouvre le Portail entre les Mondes surgit parmi les hommes… On est happé tout le long par une tension où l’auteur se fait plaisir à nous terroriser avec toutes les ficelles d’un film d’horreur, en nous rappelant que personne encore n’est parvenu à proposer au cinéma ce qui pourrait être une incroyable saga hollywoodienne. Si d’autres adaptations étaient très remarquables, ce second volume est tout simplement ce que Tanabe a fait de mieux jusqu’ici dans son œuvre. Graphiquement superbe, totalement immersif, parfaitement fidèle à l’œuvre. Vite la conclusion, et pour ceux qui n’ont pas encore découvert cette collection, précepitez-vous malheureux, avant que le Portail ne rende aux Anciens ce qui leur appartient…
- Slam Dunk (Deluxe) #2 (Inoue/Glénat) – 2024, 252p., 2/24 tomes.
Merci aux éditions Pika pour leur confiance.
Second volume de la Deluxe edition du manga aux 170 millions de tomes vendus et on va dire poliment qu’on prendra ça pour un intermède après une entrée en matière plutôt fraiche. Cela car sur ces chapitres Inoue continue dans le registre de l’humour pur mais sans la partie sportive. Du coup on perd l’aspect découverte des personnages, les gags deviennent répétitifs et la pseudo-intrigue sur le débauchage du (anti-)héros par le club de Judo est franchement poussive… Le dessin reste dans l’esprit comique donc pas vraiment un argument de vente, bref, on tombe dans un banal manga de consommation pour journal pour le métro, ce qu’était Slam Dunk comme tout manga à sa publication. Pas d’inquiétude, l’annonce d’un match à venir dès le prochain tome laisse présager des entraînements et séquences d’action attendues.
- SINaALICE #3-4 (Collectif/Kurokawa) – 2023, 208p., 5/6 tomes parus
Ne pratiquant pas du tout les jeux en ligne et jeux pour mobiles, j’expérimente de temps en temps un des mille et une séries très ciblées autour de jeux, bien souvent éphémères. La qualité graphique et l’originalité de l’univers de SINoALICE questionnent quand aux moyens mis dans des produits tout à fait commerciaux et dont la durée de vie est calculée manifestement à très court terme par l’éditeur SquareENIX (l’éditeur de… Final Fantasy). La lecture de Trillion Game éclaire par exemple quand à cet étonnant écosystème tout à fait japonais. Ces expériences permettent du reste de repérer d’éventuelles vraies qualités de BD pour un lecteur ignorant des liens et univers du jeu. Cela permet par exemple de prendre un grand (et inattendu) plaisir sur Shangri-la Frontier qui se suffit à lui-même pour peu qu’on soit un tant soi peu ouvert au monde des jeux vidéo.
Ce second tiers de SINoALICE bascule dans un Killing game où les différents personnages aux noms de contes de fée se bastonnent de façon plutôt trash. Le visuel est toujours aussi chouette même si certaines cases sont brouillonnes, noyées dans les encrages anguleux. Sur ces deux tomes l’intrigue se simplifie à outrance et les aspects cryptiques du début rendent la lecture plus fluide, on pourra ressentir un A quoi bon? susceptible de laisser de côté les lecteurs passés là par hasard, en limitant l’intérêt de cette suite pour l’essentiel à l’univers visuel qui reste très intéressant.