Comic de Joe Henderson, Lee Garbett et Antonio Fabela
Hi comics (2019) – Image (2018), 1 vol paru en France. Série achevée en 3 volumes aux USA. 136 pages/volume.
Merci aux éditions Hi comics pour leur fidélité.
Comme souvent dans les comics les illustrations de couverture et de chapitre sont très appétissantes. La série est très récente aux Etats-Unis mais comporte déjà trois volumes reliés, on peut donc s’attendre à une parution rapprochée chez l’éditeur français. La contrepartie de cette parution rapide (un chapitre par mois) c’est un dessin un peu rapide (j’y reviens plus bas). A l’intérieur c’est assez maigre côté bonus avec seulement des couvertures alternatives du dessinateur. Pas même la classique bio. On a vu mieux.
Il y a vingt ans la gravité a soudainement cessé. Depuis toute la vie humaine des survivants a changé, certains profitant de la nouvelle situation pour devenir très riches. Pour d’autres le malheur a emporté leurs proches vers l’espace et la mort. Willa était bébé lors du jour G et a vu sa mère emportée. Jeune femme optimiste, elle parcourt les cieux avec aisance pendant que son père, traumatisé, vit terré dans leur appartement. Jusqu’au jour où ils sont retrouvés par l’ancien associé de celui-ci…
Lorsque je suis tombé sur le pitch et la couverture de cette série Image il y a quelques mois je me suis dit que l’on tenait une pépite US pour les prochaines années. L’idée juste géniale montre que les créateurs n’ont jamais fini de dénicher des concepts « et si… » très motivants. En France un album de Mickey avait déjà abordé cette idée d’une toute autre manière. Et comme souvent en matière de comics on est un peu refroidis du fait du rythme et circuit bien différent de chez nous qui implique (hors romans graphiques et projets bien spécifiques type White Knight) des dessins concentrés sur l’essentiel, une focale sur l’action et un rythme de révélations étiré entre les multiples cliffhangers.
Skyward souffle ainsi le chaud et le froid avec nos envies et le potentiel de ce projet. Les dessins d’abord. Lee Garbet a du talent et un style indéniable que l’on voit sur les couvertures et certaines planches. Malheureusement les arrières-plans sont totalement délaissés pour arriver souvent sur des fonds monocolore à la Astérix, qui font assez étrange. Il est à peu près certain qu’il s’agit là d’une économie de temps pour assurer le rythme de publication. Personnellement je ne me ferais jamais à ces impératifs qui réduisent la qualité graphique d’une série pour assouvir la fièvre de consommation des fans de comics. C’est vraiment dommage car notamment on aurait beaucoup aimé voir plus en détail les incidences matérielles de ce nouvel univers en apseanteur, hors des chaussures magnétiques et des orages.
Du côté du scénario il en est de même. On effleure souvent des idées juste géniales (comme donc cette gestion de l’eau en apesanteur, certains comportements punks (les types qui lissent en l’air…!), la propulsion par balle et l’absence de poids ou encore la couverture des cités par des dômes… sans les voir exploitées ni visuellement ni dans le scénario. Ce dernier est ainsi assez simplifié à la relation de Willa avec son père et le grand méchant. C’est frustrant et à mettre, j’espère, sur le compte du démarrage de la série (qui ne compte que trois volumes, il ne faudra donc pas traîner!).
Cette série a beaucoup d’atouts dans sa manche et comme souvent on jugera la qualité finale au développement du hors champ, du background et au travail de l’univers. Les premiers aperçus de la suite laissent penser que l’on s’oriente vers un voyage hors villes qui donne des possibilités de gagner en graphisme et en couleurs avec les insectes qui s’annoncent majeurs pour la suite. Pour l’heure si ce premier tome n’est pas mauvais, il est extrêmement frustrant de par l’utilisation très maigre de cet univers riche en possibilités d’action et d’idées saugrenues. Espérons que les auteurs sauront se sortir de leur seul pitch aussi talentueux soit-il.