****·Comics·East & West·Nouveau !

Ultraman #2: Mise à l’épreuve

Suite de la série éditée par Marvel, avec Kyle Higgins et Mat Groom au scénario, Francisco Manna au dessin. Parution en France chez Panini le 21/09/22.

Grand héros, gigantesques problèmes

Au printemps dernier, nous assistions à la renaissance d’Ultraman, icône nippone de la pop culture, colosse interstellaire venu sur Terre pour la protéger des Kaijus qui veulent la boulotter. Malheureusement, à peine débarqué, Ultra est abattu par Shin Hayata, un jeune homme impétueux et zélé qui souhaitait prouver sa valeur auprès de la PSU, la Patrouille Scientifique Unie.

Afin de réparer son erreur, Shin offre à Ultra son essence et fusionne avec lui, devenant ainsi Ultraman. Le duo étrange est donc forcé de collaborer pour sauver l’Humanité d’une menace qu’elle ignore mais qui ne tardera pas à se révéler aux yeux du public. Ultra, quant à lui, se voit fortement entravé dans sa mission secondaire, qui était de retrouver son frère, venu sur Terre soixante ans plus tôt et dont il n’a plus de nouvelles.

A la fin du premier tome, Shin était contraint d’éventer le secret de l’existence des Kaijus en se transformant en plein Tokyo pour affronter une bête gigantesque. La victoire fut arrachée in extremis et eut même un prix, celui de libérer toutes les bêtes précédemment capturées par la PSU, qui étaient enfermés dans une dimension de poche à défaut de pouvoir être vaincus.

Shin, Ultra, leur amie Kiki Fuji et la PSU doivent donc oeuvrer dans un monde choqué et méfiant, qui ne croit pas davantage en ses sauveurs qu’aux Kaijus. En effet, les héros ne doivent pas seulement faire face à des hordes de monstres toujours plus puissants, ils sont aussi contraints d’affronter la défiance de la population, qui prend forme de façon radicale avec un groupuscule qui croit dur comme fer au complot malgré les preuves.

Après une remise au gout du jour efficace, Ultraman revient dans un second tome qui explore la relation entre Shin et Ultra, notamment par le biais du parallèle qui existe entre les deux héros. Le ressort le plus efficace de ce second tome reste néanmoins l’écho que font les auteurs à notre monde, en misant sur le fait que l’authenticité des attaques de Kaijus fasse l’objet de théories complotistes. Des gens qui nient l’évidence et la réalité, et soutiennent des absurdités en dépit des preuves, ça nous rappelle nécessairement les dérives actuelles, comme nous l’avons vu très récemment avec Department of Truth.

Coté action, on reste sur quelque chose de bien sage, surtout comparé à la tornade de violence proposée par Ultramega de James Harren, qui pastichait déjà le héros cosmique en adoptant le point de vue du quidam qui se fait piétiner. La série Ultraman poursuit donc son petit chemin, grâce à ses protagonistes sympathiques et ses thématiques actuelles.

****·BD·Graphismes·Nouveau !

The Midnight Order

Anthologie de 272 pages, concoctée par Mathieu Bablet, Isabelle Bauthian, Claire Barbe, Sumi, Titouan Beaulin, Quentin Rigaud, Allanva, Thomas Rouzière, Prince Rours, Claire Fauvel et Daphné Collignon. Parution au Label 619 le 16/11/2022.

Merci aux éditions rue de sèvres pour leur confiance.

Mes sorcières bien cinglées

La figure populaire de la sorcière a inspiré bien des histoires, généré bien des peurs et provoqué bien des tueries au cours des siècles. La réalité est pourtant bien plus sombre et cruelle que ce qu’aucun conte sordide ne pourrait concevoir. Depuis des siècles, les sorcières-exclusivement féminines-représentent en fait le dernier rempart entre le monde matériel et son annihilation. Par-delà les dimensions, de sombres créatures démoniaques ourdissent de sombres projets, que seules les sorcières du monde entier, fédérées sous la bannière de l’Ordre de Minuit, sont capables de contrer.

Victimes de persécutions puis reléguées aux obscurs recoins de l’inconscient collectif, les Midnight Girls poursuivent leur combat contre les forces obscures. Le prix exigé par ces combats est élevé, mais l’enjeu l’est tout autant. Johnson et Sheridan, deux sorcières expérimentées, sont chargées depuis quelques années d’une mission toute particulière: identifier et appréhender un certain type de sorcières, celles dont les pouvoirs sont si grands qu’ils échappent immanquablement à tout contrôle. Si une telle sorcière s’éveille à ses pouvoirs et que son troisième Œil apparaît, c’est le sort du monde qui entre en jeu, ce que l’Ordre de Minuit ne peut pas permettre.

Johnson et Sheridan traquent donc leur semblables, avant de les livrer aux geôles de la Forteresse Blanche, où elles sont détenues sans autre forme de procès (ce qui est assez ironique pour une sorcière, avouons-le). Afin de les neutraliser, leurs mains, sources de pouvoirs puisqu’elles permettent de conjurer des sorts (à la Docteur Strange, ou encore Naruto) sont amputées. Cette mission pèse lourd sur la conscience de nos deux héroïnes, que l’on a vues officier à plusieurs reprises dans l’anthologie Midnight Tales, déjà chroniquée sur le blog.

Le format de l’anthologie, popularisé par le Label et plébiscité par le public, sert donc encore une fois de base à cet univers partagé dont Mathieu Bablet est à l’origine. A première vue, il ne semble pas nécessaire d’avoir lu les quatre précédents numéros de Midnight Tales pour pouvoir apprécier Midnight Order. Néanmoins, s’agissant d’une suite, il est préférable de les connaître, puisque un nombre important de personnages de MO est apparu dans MT. Je pense notamment au duo de sorcières, mais également aux sorcières emprisonnées et amputées, à certains personnages secondaires et à l’antagoniste principal.

Le niveau des dessin est globalement bon mais assez inégal selon les chapitres, avec parfois des disparités assez frappantes. L’intérêt principal de l’album est qu’il vient clôturer l’aventure des Midnight Girls, qui peut être vu comme le grand œuvre de Mathieu Bablet puisqu’il a initié la série.

L’intrigue fait des sauts dans le temps et montre les différentes missions du duo, dont certaines prennent une tournure très personnelle, ce qui va engendrer un inévitable schisme entre Johnson la pragmatique et Sheridan la sensible. La figure de la sorcière telle qu’on la connaît est devenue une figure de l’émancipation féminine, une dissidente oppressée par l’ordre patriarcal qui craint le pouvoir qu’elle détient. Mathieu Bablet semble l’avoir bien compris et file donc la métaphore en opposant ses sorcières à une institution devenue froide et insensible, qui oppresse et mutile des femmes sous prétexte qu’elles détiennent un pouvoir trop grand.

L’auteur insuffle aussi de l’émotion dans la chronique amère de cette amitié qui s’effiloche entre les deux sorcières, dont les points de vue diamétralement opposés nous questionnent à la fois sur la nature humaine et sur le poids de l’institution face à l’individu.

Sur le plan éditorial, la livre est aussi une œuvre d’art, dont la couverture bleu nuit ornée d’enluminures dorées peut suffire à lui seul à provoquer un achat. Rien d’étonnant la dedans, puisque le Label 619 s’illustre depuis sa création comme un véritable artisan du livre.

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Big Under #1: Catacombes

Premier tome de 128 pages du dyptique écrite par Virgil Iscan et dessiné par Alex Nieto. Parution aux éditions 404 Comics le 26/01/2023.

En-dessous de tout

En 1774, le sol de la Rue d’Enfer à Paris s’effondre, engloutissant un pâté entier de maisons par trente mètres de fond. Cette tragédie conduit le roi Louis XVI à créer l’Inspection Générale des Carrières, chargée de surveiller l’évolution des sous-sols de Paris, connus pour la présence de profondes catacombes, qui ont transformé les sous-sols en gruyère.

De nos jours, la ville continue son fourmillement sans trop se soucier de ce qui grouille, tapi dans ses profondeurs. L’IGC existe toujours, et veille de façon quasi-anonyme sur les sous-sols. Ses membres expérimentés, quoiqu’un peu désabusés, sont soudain préoccupés par deux effondrements successifs, qui ont fait remonter à la surface des ossements pour le moins étranges. Mais il semblerait que le directeur, Pierre-Guillaume, veuille laisser un voile sur ces événements afin de ne pas laisser filtrer la nouvelle, au grand dam de son équipe qui sent poindre une catastrophe imminente.

Raison de plus de s’inquiéter, Sophie, la fille de Pierre-Guillaume, ne vient plus au lycée depuis plusieurs jours. Son amie Sonia semble pourtant être la seule à s’en inquiéter. Têtue comme une mule, Sonia va embarquer, un peu malgré eux, son groupe d’amis, Dez, Berry et Kim, sur la piste de Sophie. Leur enquête va les mener à une conspiration tentaculaire prenant racine dans les entrailles creusées de Paris. Que cache le directeur à ses subordonnées ? Qu’a-t-il fait de sa fille ? Nos héros adolescents ne vont pas tarder à le découvrir, à leurs dépens.

Big Under vient enrichir le catalogue des éditions 404 Comics, dont plusieurs albums ont déjà été chroniqués ici (Zombie World, Mundus, We Live, Jonna, ou encore Big Girls). D’emblée, on est intrigué, voire happé, par le pitch énigmatique en quatrième de couverture: « Paris est condamnée, les catacombes sont la clé« . Nous sommes donc partis pour une exploration des mystères de Paris, dont les catacombes ont toujours défié l’imagination des curieux.

A première vue, l’intrigue se repose sur une structure bien connue, et qui a fait ses preuves, à savoir celle du groupe d’ados outsiders qui part à la recherche d’un ami disparu. Si vous avez une vague connaissance de la pop culture récente, alors cette prémisse devrait vous rappeler les débuts d’une série avec plein de Choses Étranges. Mais la comparaison s’arrête ici, puisque comme vous le savez, l’exception française finit toujours par s’appliquer. Le scénariste Virgile Iscan nous embarque joyeusement grâce à ses personnages attachants, ados que l’on croirait tout droit sortis du lycée en face de chez vous. L’auteur utilise l’oralité urbaine d’aujourd’hui pour crédibiliser ses protagonistes, quitte à risquer le jeunisme parfois un peu décalé. Mais celà n’enlève rien au déroulement de l’intrigue ni à ses enjeux, que l’on continue à suivre sans temps morts ni décrochage.

L’auteur parvient à maintenir le suspense jusqu’à la dernière page, faisant montrer crescendo la tension dramatique sur ce premier tome. Sur la base de deux enquêtes parallèles, celles des agents de l’IGC façon Ghost-Busters et celle de Sonia et sa bande, le mystère ne fait que s’épaissir, malgré la volonté des protagonistes de trouver la vérité. On sent ça et là des influences comme Mike Mignola / John Arcudi, que l’auteur utilise à bon escient sans que cela soit pour autant cousu de fil blanc.

La partie graphique assurée par Alex Nieto est qualitative. L’artiste opte pour un trait simple et sans fioriture, mais on aurait aimé un accent plus prononcé sur les décors urbains, la ville de Paris étant ici partie prenante. Hormis sur quelques cases, on peut reprocher un manque de spécificité à l’architecture urbaine. Celà dit, le dessinateur espagnol gère très bien son découpage ainsi que les passages plus dynamiques, et que dire des mon- oups, on ne spoile pas !

Big Under débute très bien son lancement, avec une intrigue prenante, des personnages crédibles et un dessin de qualité. On attend la suite, évidemment !

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We Live #2: l’ère des Palladions

Second volume de la série écrite par Inaki et Roy Miranda. Parution en France chez 404 Comics le 10/11/22.

Mais t’es pas là, pas là, pas là, Palladion

Dans le premier volume de la série, les frères Miranda nous emmenaient dans un monde postapocalyptique dans lequel l’Humanité était traquée par des hordes d’animaux mutants sur une Terre désolée. Seuls quelques élus étaient promis au Salut, grâce à 9 balises réparties sur la planète, supposées les emmener sur une nouvelle planète.

Hototo et sa grande soeur Tala, deux orphelins en perdition, ont fait route vers l’une de ces balises, juste avant la fin du compte à rebours, afin de sauver la vie d’Hototo, qui comptait parmi ces élus. A la fin du décompte, nos héros, ainsi que l’Humanité entière (ou ce qu’il en reste), découvrent la vérité sur ces fameuses balises. Elles ne sont en rien une promesse de salut parmi les étoiles, mais un moyen de défense, un rempart ultime contre les menaces extérieures, qui donnent aux élus des pouvoirs grandioses.

Ainsi, Hototo est transformé et devient un super-héros, comme il en a toujours rêvé. Mais un tel pouvoir n’est-il pas trop grand pour les frêles épaules d’un enfant ? C’est ce que nous découvrons six ans après, dans le volume 2 de We Live.

Hototo et tous les autres élus sont devenus les Palladions, sortes de titans aux pouvoirs cosmiques, chargés d’affronter tous les monstres qui pullulent sur Terre et se pressent aux portes des 9 derniers bastions humains. Tala, quant à elle, a rejoint la force de défense, et assiste comme elle le peut son jeune frère. Cependant, les ennemis sont de plus en plus nombreux, les ressources s’amenuisent, et la source d’énergie des balises, la Frappe, menace de céder, privant ainsi les Palladions de leurs pouvoirs et exposant les survivants à une mort quasi-certaine.

En novembre dernier, nous décortiquions Refrigerator Full of Heads afin de déterminer les ingrédients essentiels d’une bonne suite, et dégagions ainsi quatre axes principaux: Une Ellipse, du Changement de paradigme, plus d’Enjeux, et du Neuf dans les personnages.

Le volume 2 reprend six ans après le fin du voume 1, ce qui satisfait à la première exigence. S’agissant du paradigme, il ne s’agit plus d’arriver à temps à la balise pour quitter la Terre mais bien de la défendre à tout prix. On passe donc d’une course contre le temps à un état de siège, ce qui est un changement conséquent dans la dynamique du récit et de ses enjeux. Pour ce qui est du neuf dans les personnages, on a certes quelques ajouts parmi le casting secondaire, mais les deutéragonistes sont toujours Hototo et Tala, bien qu’ils aient tous deux évolué.

De ce point de vue, donc, on peut considérer que l’Ere des Palladions est une suite appropriée. On suit encore avec implication les mésaventures de nos deux héros, dont la relation continue d’être développée, bien qu’ils n’aient pas beaucoup de scènes en commun. Il faut reconnaître que l’accent est ici mis sur l’action et les enjeux externes, plutôt que sur le parcours interne et émotionnel des personnages. Les combats grandioses et épiques, souvent en double-page, s’octroient une part léonine de l’album, peut être au détriment de la clarté ou de l’émotion qui caractérisaient le précédent volume. Pour illustrer ce point, on peut évoquer certains passages tonitruants où encore des transitions abruptes qui sont quelque peu déstabilisantes. Nouveau point qui n’était pas présent dans le tome 1, certains récitatifs un peu abscons, dont l’opacité ou la syntaxe sybilline peuvent être dus à la traduction…

Néanmoins, le volume 2 satisfaira les lecteurs ayant apprécié l’univers foisonnant que les frères Miranda ont mis en place.

***·Comics·East & West·Littérature·Nouveau !

Grendel, Kentucky

Histoire complète en 102 pages, parue le 09/02/2022 chez Delcourt. Jeff McComsey au scénario, Tommy Lee Edwards au dessin.

T’as une drôle de mine, Grendel

Le Kentucky, ses montagnes, ses rednecks, ses mines de charbons… et ses monstres. Durant des décennies, la petite ville de Grendel a fait vivre ses habitants grâce à l’exploitation de sa mine de charbon. Dès qu’un garçon était en âge de tenir une pelle, il allait aussitôt prendre la relève de ses aînés dans les étroits boyaux de la mine, et ce durant des générations, jusqu’à ce qu’un jour, un glissement de terrain mette un terme à cette tradition.

En plus des dizaines de morts, Grendel a alors du faire face à la paupérisation. Mais le désarroi n’a pas duré très longtemps, car peu de temps après cette catastrophe, les terres du patelin sont soudainement devenues fertiles, permettant le développement des cultures et offrant ainsi une porte de sortie aux habitants. Certains s’en sont même donné à cœur joie en se lançant dans la production d’herbe, et pas n’importe laquelle: la meilleure weed du pays, excusez du peu.

Marnie, elle, se tient aussi loin que possible de tout ça. La jeune femme s’est imposée un exil il y a de ça bien des années, et dirige un gang de farouches motardes qui ne laisse pas marcher sur les pieds, c’est le moins qu’on puisse dire. En revanche, le code moral strict de Marnie l’empêche de tremper dans certains types de business, même si elle n’est pas la dernière lorsqu’il s’agit de coller des trempes dans un bar. Marnie est d’ailleurs en plein règlement de compte entre deux bières lorsque son frère Denny vient la voir pour lui annoncer le décès de leur père. Marnie n’a alors pas d’autre choix que de revenir dans sa ville d’origine pour affronter son deuil, mais pas seulement: contrairement à ce qu’affirme la police locale, ce n’est pas un ours qui a démembré son paternel, mais quelque chose de bien plus sinistre, quelque chose qui pourrait être liée à la prospérité de Grendel.

Sons of Nanarchy

Plus tôt cette année, nous avions chroniqué Redfork, dans lequel le thème du fils prodigue était déjà traité sur font de menace horrifique planquée dans une mine. La métaphore du danger enraciné dans les ressources fossiles est de nouveau de mise, avec cette fois une pointe de mythologie glissée par l’auteur.

En effet, pour les connaisseurs, Grendel est bel et bien le monstre affronté par Beowulf, l’un des plus anciens héros de la littérature anglo-saxonne. Ici, c’est Marnie qui endosse le rôle du héros chasseur de monstre, le reste de l’intrigue adoptant la structure classique du poème, avec un premier round contre Grendel, etc. Là où des récits comme Redfork ou Immonde! utilisaient l’épouvante comme cadre pour un sous-texte social, Grendel assume totalement son côté Grindhouse et se concentre sur l’action, la psychologie et les relations entre les personnages étant un peu plus secondaires.

Le trait épais et l’encrage gras de Tommy Lee Edwards apportent beaucoup au scénario, offrant une ambiance pesante, qui s’accentue lors des scènes de chasse au monstre, bien gores comme il faut. Pour le reste, le lecteur restera un peu sur sa faim s’agissant du fameux pacte faustien entre les habitants et le monstre, le tout demeurant très tacite et jamais vraiment approfondi, surtout lorsqu’on constate que la créature ne montre aucun signe d’intelligence quel qu’il soit et semble avant tout mu par l’instinct, on se demande donc bien par quel moyen elle assurait la fertilité des sols (je mise un sou sur une histoire d’engrais naturel, mais allez savoir !)

*****·Comics·East & West·Nouveau !·Service Presse

Ultramega, #1

Premier tome de 200 pages, de la série écrite et dessinée par James Harren. Parution aux US chez Skybound, publication en France chez Delcourt le 19/10/2022.

Merci aux éditions Delcourt pour leur confiance

Aux grands monstres, les grands remèdes

Vous ne l’avez peut-être pas encore remarqué, mais le monde est assailli par une force cosmique antédiluvienne. Ce danger mortel peut émerger n’importe quand, n’importe où sur la planète, car il se trouve en chacun de nous. Un virus venu des tréfonds glaciaux du cosmos, touche aléatoirement des humains ordinaires, pour les transformer en gigantesques kaijus assoiffés de sang.

Mais l’Humanité n’est pas seule pour affronter ce péril: trois élus ont reçu d’Atum Ultraméga, un messie cosmique ennemi juré des kaijus à travers l’Univers, une part congrue de ses pouvoirs. Ces trois hommes, Jason, Stephen et Erm, peuvent ainsi se transformer en Ultramégas, de titanesques guerriers.

Leurs ennemis sont légion. La menace est insidieuse. Leurs batailles, massives. Priez pour qu’ils soient de taille !

Après avoir fait ses armes sur B.P.R.D. et RUMBLE en tant que dessinateur, James Harren se lance en solo pour son premier projet complet. Hommage plus qu’évident aux fleurons du sous-genre tokusatsu tels qu’Ultraman, Ultramega nous plonge dans une sanglante bataille entre titans et monstres géants en pleins centres urbains.

Harren prend ici le pitch de base pour le transformer en autre chose, et adopte un point de vue plus pragmatique sur le postulat des monstres géants. En effet, si dans la franchise Ultraman, le héros éponyme a quelque chose d’éthéré et d’immatériel, ici, le héros est incarné de façon bien plus charnelle et physique, avec un style graphique tout à fait organique et artisanal appuyé sur la colorisation toujours incroyable de Dave Stewart (cité dès la couverture, une fois n’est pas coutume!). Quand il est touché, il saigne, il est susceptible de perdre pas mal d’organes et de membres… vous l’aurez compris: Ultraméga est sensiblement plus gore que la plupart des histoires classiques de kaiju, ce qui est cohérent avec le style de l’auteur.

Les conséquences des combats sont elles aussi bien plus appuyées et dramatiques, les dégâts collatéraux ne sont pas mis de côté et parfois même appuyés: on parle d’immeubles qui volent en éclats, de quartiers entiers réduits à l’état de gravats, des rues inondées de sang, enfin tout ce qu’implique des combats à morts entre des entités géantes. James Harren ne fait donc pas de concession et pousse son concept jusqu’au bout. Ainsi les apparitions d’Ultraméga sont toujours mises en valeur de façon spectaculaire, et il se dégage d’emblée un sentiment de désespoir, de combat perdu d’avance: ultra-violents, les affrontements sont très différents des boures-pif à l’infini des classiques combats de super-héros. Ici les coups sont généralement fatales et très graphiquement exprimés tant dans les conséquences organiques que dans les onomatopées et effets de souffle. Impressionnant et marquant!

Un autre élément permet à Ultramega de se détacher du tout-venant: la structure du récit, qui débute de façon classique pour mieux nous surprendre à la fin du chapitre 1. La suite nous prend à rebours en nous plongeant dans un univers post-apocalyptique un peu barré. Malgré une narration quelque peu baroque, pour ne pas dire foutraque, l’auteur propose là encore des idées intéressantes et originales (je pense notamment aux kaijus qui souhaitent construire des méchas. Dit comme ça c’est délirant, mais ça fait sens dans son contexte).

Reprenant des thèmes abordés dans Pacific Rim l’auteur propose un univers où l’utilisation des cadavres de kaiju et d’Ultramega est très pragmatiquement exploité avec une société post-apo qui s’est structurée sur la défaite initiale, un peu dans l’esprit de Coda dont Harren semble très proche tant graphiquement que dans son idée disruptive du récit héroïque.

On a donc ici un condensé d’action, empli de référence au sous-genre kaiju et à Ultraman, mais qui sait aussi se détacher de ses modèles pour proposer quelque chose d’innovant. Là où l’auteur ne nous surprend pas, c’est sur le design des monstres, qui est comme à l’accoutumée, totalement délirant et unique.

Sorte de croisement entre Ultraman et Invincible, Ultramega est le coup de cœur comics immédiat de cette fin d’année et potentiellement une très grande série en devenir !

**·BD·Jeunesse·Nouveau !

Green Class #4: l’Eveil

Jérôme Hamon au scénario, David Tako au dessin, Jon Lankry aux couleurs, 54 pages, parution aux éditions du Lombard le 26 aout 2022.

Y-a-t-il un Lovecraft pour sauver l’album ?

 NaïaNoahLucasSatoBeth et Linda sont cinq adolescents marginaux canadiens emmenés aux states par leur éducateur pour une classe verte. Les choses dégénèrent assez rapidement lorsque survient une mystérieuse pandémie, qui transforme les gens en créatures monstrueuses.

Peu de temps après, alors que la quarantaine a empêché nos jeunes sauvageons de regagner leur pays, Noah est infecté par le virus et devient un monstre, d’un genre tout particulier car il a le don de commander aux autres infectés. Cette particularité attire l’attention de l’armée, qui semble impliquée dans cette catastrophe nationale.

Les malversations du gouvernement conduisent ensuite à la mort tragique de Noah, tué par ses congénères infectés. Toutefois, son esprit semble avoir survécu dans un autre plan d’existence, comme le découvre Naïa, qui depuis le début fait tout ce qu’elle peut pour sauver son frère. Le groupe découvre finalement, dans le tome 3, que tout ça est le fait de Lyauthey, un méchant tout de noir vêtu qui a pour projet d’invoquer les Grands Anciens, des divinités cosmiques susceptibles d’annihiler le genre humain. Les infectés, qui répondent en fait au nom de Shoggoths, sont des créations de ces êtres omnipotents, mais leur rôle reste encore nébuleux.

Si vous suivez Green Class, alors vous savez que l’avis de l’Etagère sur la série s’est gentiment dégradé à l’occasion du tome 3. En effet, l’introduction du lore lovecraftien ne s’était pas faite sans mal, en l’espèce au détriment du rythme et de la cohérence de l’ensemble.

Le survival post-apo cède donc le terrain à l’horreur cosmique, mais le souffle de la série semble avoir disparu. L’action s’enlise, entre captures maladroites, fuites désespérées et recaptures, le tout sur un rythme qui se veut urgent mais qui relève finalement davantage de l’hystérie.

L’auteur semble avoir oublié que pour faire avancer l’intrigue, il faut introduire une nouvelle information, qui pousse un ou plusieurs personnages à prendre des décisions et agir en cohérence avec un objectif clair, avant de confronter lesdits personnages aux conséquences de ce choix, ce qui mène à une nouvelle information… et ainsi de suite. Ce tome 4 se révèle donc très laborieux, et le manque de charisme de l’antagoniste n’aide évidemment pas, à tel point qu’il est délicat après lecture de déterminer quel événement majeur est intervenu.

On note aussi un peu de flou concernant le plan du méchant, dont on se doute, sur la base d’une réplique et d’un regard larmoyant posé sur une photo de famille, qu’il a des raisons valables d’agir de la sorte. Son plan général paraît certes compréhensible (invoquer les Grands Anciens), mais sa méthode reste nébuleuse, à moins que je n’ai raté quelque chose. Par quel biais invoquer le portail ? comment compte-t-il communiquer avec eux, quel rôle précis jouent les Shoggoths ?

Malheureusement, sur ce coup, l’abondance des interrogations a tendance à diluer l’intérêt du lecteur plutôt que d’éveiller sa curiosité.

Côté graphique en revanche, David Tako demeure irréprochable et constitue l’atout principal en cette période délicate pour la série. L’intervention de Jon Lankry sur les couleurs permet d’ajouter un tonalité crépusculaire qui sied bien au ton de l’album.

****·Comics·East & West·Nouveau !

We Live

Premier tome de la série écrite et dessinée par Roy et Inaki Miranda. Parution initiale aux US chez Aftershock, publication en France chez 404 Comics le 03/02/2022.

Et si on partait ?

Au cas où on ne vous l’aurait pas déjà répété, la planète Terre est foutue. Pour de vrai. Après des millénaires d’anthropocène abusifs, notre monde nous a sorti un bon et gros middle finger, sous la forme de catastrophes naturelles, qui ont conduit à des guerres, puis à une mutation de toute la faune et la flore, partout à travers le globe, dont le seul et unique but était désormais d’étriper des humains. Jusqu’ici, il n’y avait que trois façons de mourir en masse, les épidémies, les guerres, ou les famines, il y a désormais des lions mutants.

Un peu comme un aristocrate qui vous propose un jus d’orange à la fin d’une exquise soirée, la Terre nous pousse donc discrètement vers la sortie, mais il n’est pas évident de trouer une planète aussi accueillante. Pas de souci, l’Humanité a trouvé une issue, ou plutôt, une issue de secours, sous la forme d’un message extraterrestre. Plus qu’un message, c’était une promesse, celle qu’un certain nombre d’élus serait évacués, pour peu qu’ils soient présents autour d’une balise à la fin d’un compte à rebours. Ces élus sont ceux et celles qui ont trouvé un bracelet spécial, issu d’une technologie extraterrestre, tous des enfants.

Depuis la mort de leurs parents, Tala veille du mieux qu’elle peut sur Hototo, son jeune frère espiègle et encore innocent malgré les horreurs qu’il a vécues. Lorsqu’elle a trouvé un des fameux bracelets, Tala n’a pas hésité une seule seconde et a l’a enfilé au bras de son frère, se sacrifiant ainsi pour lui offrir une vie meilleure, sur une planète lointaine.

Après avoir survécu à toutes sortes de dangers, il est temps pour le duo fraternel de tout quitter pour se mettre en route vers la balise la plus proche, situé dans une des 9 mégalopoles, derniers bastions humains sur une Terre devenue hostile au genre homo. Ce sera là une dangereuse odyssée pour Tala et son frère, car les obstacles sont nombreux et veulent généralement déchiqueter tout ce qui marche et parle dans leur champs de vision.

On l’a vu récemment avec No One’s Rose et d’autres sorties récentes, la thématique écologique, en plus d’être une urgence planétaire bien réelle, fournit une source actuelle et non négligeable d’inspiration pour la fiction, notamment pour le genre SF/Anticipation. Bien évidemment, les frères Miranda maîtrisent bien leurs codes narratifs, puisqu’avant d’être un énième récit de fin du monde, We Live compte avant tout l’histoire d’une fratrie, l’attrait du récit réside principalement dans les liens qui les unissent plutôt que dans le cadre post-apo, qui n’est finalement qu’un écrin pour l’évolution de ses personnages.

  • Les deux auteurs connaissent donc bien leur recette:
  • a) des personnages bien définis et pour lesquels les lecteurs ressentent de l’empathie: On ne peut que valider la cause de Tala, surtout lorsqu’on apprend qu’elle a privilégié la survie de son frère au détriment de la sienne.
  • b) un objectif simple avec des enjeux compréhensibles: survivre, ça reste, a priori, à la portée de tout le monde.
  • c) des obstacles de taille et un compte à rebours: comme on l’a dit, un environnement hostile rempli de monstres, pas évident à surmonter pour des enfants. Quant au compte à rebours, il est littéralement mentionné dans le récit puisque le duo n’a que quelques heures pour rejoindre le lieu d’extraction, sans quoi Hototo restera coincé sur une Terre mourante.

Le final fait basculer l’histoire du survival SF à un récit plus super-héroïque, ce qui est un peu désarmant il faut l’avouer, mais cela n’enlève rien à l’intérêt de l’album, et promet même une suite plutôt palpitante. Un des autres aspects questionnants est le caractère foisonnant de l’univers du récit, qui part dans plusieurs directions avec des animaux mutants, des zombies fongiques, des méchas, etc… Mettons-ça sur le compte d’un univers baroque, la richesse n’étant pas nécessairement un défaut. We Live est donc une quête initiatique bien construite, avec des personnages sympathiques, un univers violent mais poétique.

***·East & West·Manga·Nouveau !·Service Presse

SinOAlice #1 – Tsugumi project #4 – Appare Ranman #3

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  • SINoALICE #1 (collectif/Kurokawa) – 2022, 190p./volume, 1/4 volumes parus.
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Merci aux éditions Kurokawa pour cette découverte!

 Sine se réveille comme tous les matins pour se rendre au lycée où l’attend sa meilleurs amie. Sujette à un étrange rêve elle va se retrouver soudain entraînée dans un drame au sein du lycée. Lorsqu’elle se réveille la réalité semble avoir changé. Qu’est-ce qui est réel, qu’est-ce qui est un rêve? Qui est elle et que veut-elle lui demandent ces étranges poupées mécaniques qui parlent à son esprit?…

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SINoALICE est une  adaptation de l’univers du concepteur de jeu vidéo derrière les célèbres NieR. Introduisant dès les premières pages un parallèle avec le monde de Lewis Caroll qui fascine tant les auteurs, le manga joue sur la typographie typique de Taro que l’on pourrait traduire par « Péché d’Alice » (Sin of Alice). Outre une ambiance très noire et graphiquement fort réussie faite d’une certaine épure jouant sur les contrastes avec certains décors hyper-détaillés, ce premier tome brise la narration en nous plongeant dans une forme de torpeur visant à brouiller la frontière entre les différentes réalités. Après une première séquence à la focale centrée sur l’héroïne on bascule dans une sorte de Loop à la Un jour sans fin qui voit l’horreur surgir dans le quotidien de Sine. Entre un découpage qui déstructure toute temporalité et des insertions de textes qui semblent retoucher les images elles-mêmes, on ne sait plus qui voit quoi, qui est où et quand… très immersif même s’il ne fait qu’effleurer la surface d’un univers complexe, ce premier tome fait le job de nous intriguer et par son aspect original et dérangeant. La qualité graphique et les références aux contes (version dark) suffisent à donner envie de continuer pour voir. Bonne pioche donc, avec un second tome qui permettra de confirmer ou non ces bonnes impression, dès ce début septembre.

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    • Tsugumi Project #4 (Ippatu/Ki-oon) – 2022, 224 p./volume, 4 volumes parus.
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Merci aux éditions Ki-oon pour leur confiance!

Deux ans et demi entre le troisième et ce quatrième tome de la série originale Ki-oon on peut dire que ça explose littéralement les rythmes habituels de parution en manga! Etant donnée la qualité et la minutie des dessins on comprend que ça prenne du temps et l’auteur nous rassure en expliquant qu’il a engagé des assistants. Car depuis le premier volume de cette série post-apo le niveau d’exigence nous rapproche plus d’un dessin franco-belge avec des arrière-plans somptueux et aucune case qui se contente d’un personnage en premier plan comme souvent sur ce format. Niveau histoire on a ici une assez nette rupture puisque pas moins de deux flashback nous racontent le passé de Léon et du « monstre » Satake et la constitution d’une équipe qui nous sort des seules explorations des humains et de leur interaction avec Tsugumi, ici assez en retrait. On est donc surpris par un changement de ton qui nous passe de l’exploration post-apo à ce qui ressemblerait plus à une sorte de fantasy avec créatures finalement pas si anormales. Ce tome se concentre donc principalement sur cette puissante Satake et ses motivations pour ainsi venir en aide aux explorateurs. La création d’êtres semi-humanoïdes passionne Ippatu et si la finalité de cette odyssée reste brumeuse, on continue très volontiers le voyage à la découverte du Japon d’après.

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  • Appare Ranman #3 (AHN Dongshik- Appercacing/Doki-Doki) – 2022, 176p./volume, série finie en 3 tomes.

bsic journalismMerci aux éditions Doki-Doki pour leur confiance!

appare_ranman_3_dokiLigne d’arrivée en vue pour cette adaptation en trois tomes d’un animé populaire. Et comme souvent sur ce format très court, la qualité des dessins finissent pas être un peu courts pour compenser une intrigue… de dessin animé. Au menu grande révélation de l’identité cachée du gros méchant absolument méchantissime, alliances et trahisons et baston finale en trois temps. On peut dire que jusqu’au bout la mécanique du manga est très bien huilée, avec un scénario aux rebondissements réguliers. On pourra regretter un manque de folie sans doute à mettre sur le compte du carcan de l’adaptation. On est tout de même surpris par la place prise par les intermèdes et la brièveté des séquences d’action pourtant parfaitement fun. Hésitant toujours un peu entre course de bagnole steampunk et western, ce troisième tome se lit sans déplaisir mais avec un risque d’oublie une fois refermé le tome. Comme pour beaucoup de très bonnes séries Doki-Doki très dotées esthétiquement mais un peu courts pour une course de fond. Une trilogie donc portée par des personnages très charismatiques et qui fait le job pour une lecture-conso.

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****·BD·Comics·East & West·Nouveau !

Jonna #2

Deuxième tome de la série écrite et dessinée par Chris & Laura Samnee , parution en France chez 404 Comics le 28/04/2022.

Unpossible monsters

Jonna est une enfant sauvage recueillie par un couple d’explorateurs alors que le monde succombait face aux ravages causés par d’immenses créatures. Sa sœur adoptive, Rainbow, a elle aussi du s’adapter à ce nouveau monde, dans lequel les humains ne sont plus que quantité négligeable, foulés aux pieds par ces monstres invincibles et implacables.

Lorsqu’elles sont accidentellement séparées et que leur refuge souterrain est détruit, Rainbow se met frénétiquement à la recherche de Jonna, et découvre, un an plus tard, que cette dernière est parfaitement adaptée à la vie sauvage, et que les monstres, loin de l’effrayer, reçoivent presque sa candide admiration. Une fois les deux soeurs réunies, les choses sérieuses commencent car elle doivent désormais retrouver leur père, lui aussi porté disparu depuis une attaque de monstre.

Toutefois, comme dans tout monde post-apocalyptique qui se respecte, la chute des règles et des civilisations s’accompagne d’une remontée à la surface de tous les travers humains. Rainbow et Jonna doivent-elles craindre les monstres, ou bien les hommes ? Ou l’inverse ?

Le tome 1 de Jonna nous avait agréablement surpris, par sa qualité graphique autant que par le dynamisme de sa narration et de son univers. La survie d’une adelphie dans un monde ravagé par des kaijus était déjà abordée dans l’agréable Giants Brotherhood, mais ici, l’ambiance est plus fun, même si la cruauté des hommes en l’absence d’entité régulatrice des comportements reste présente.

Le fun tient également dans le personnage de Jonna, sorte de croisement entre San Goku (période Dragon Ball) et Kamandi, dont l’innocence et la force sont des atouts autant que des points faibles.

Les auteurs poursuivent donc leur chemin narratif sur un rythme plutôt tranquille, ce qui est paradoxal compte tenu du dynamisme de l’ensemble. En effet, les révélations sur les causes du désastres se font toujours au compte-gouttes, et le lecteur n’évitera pas le célèbre cliffhanger de fin, qui ouvre la voie à de renversantes découvertes sur l’origine des kaijus et de notre héroïne sauvage.

En bref, Jonna confirme son statut de belle découverte grâce à ce second tome, tant sur le plan graphique que narratif !