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One piece: episode A #1 – Les amants sacrifiés #2 – SinoAlice #2 – Radiant #17

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En ces temps de disette de bonnes BD franco-belges les manga et comics s’accumulent sur la PAL… Il est donc temps de reprendre les séries en cours avec des nouveautés sorties depuis plusieurs semaines/mois.

  • One piece: episode A (Boichi, Ishiyama, Oda/Glénat) – 2023 (2020), 192., volume 1/2.

bsic journalismMerci aux éditions Glénat pour leur confiance.

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One Piece est un monument dont les volumes ont été vendus à 516 millions d’exemplaires dans le monde depuis 1997 (par comparaison Naruto et Dragonball n’en sont qu’à la moitié…). Pourtant je n’ai jamais lu un seule tome de cette série et me suis dit que l’incartade de Boichi sur une histoire courte me permettrait peut-être d’avoir un bel aperçu de cet univers. Malheureusement comme souvent Boichi gâche son immense talent graphique (on ne peut pourtant pas lui reprocher un délire solitaire puisque ce double tome est doté d’un scénariste) en se contentant d’un mirifique délire graphique qui ressemble beaucoup à ces toilettages next-gen que l’on observe sur certains jeux vidéo iconiques. Tout d’abord pour parler clairement: cet épisode A est exclusivement destiné aux lecteurs à jours de One Piece, les béotiens comme moi étant voué à rester totalement exclus de toute compréhension. Le seul intérêt fan-service est donc de croquer sous le trait explosif de Boichi les personnages et lieux iconiques de la série. A ce stade l’auteur pourrait tout aussi bien reprendre intégralement la série en « artist version » comme il le fait sur la dernière partie du volume qui est un simple remake de l’épisode 51 de la saga. Si ce projet laisse de côté les nouveaux lecteurs il risque de frustrer également les fans qui vont relire une séquence simplement dessinée par un autre. Tant qu’à faire il aurait été tout aussi intéressant pour Glénat de publier l’Episode A en un unique volume et de l’accompagner par cet Episode 51 avec les deux versions en regard dans un autre volume. Bref, on pourra difficilement reprocher à Glénat de sortir ce projet en France, qui trouvera toujours des acheteurs complétistes. L’origine du projet est elle très discutable comme souvent chez Boichi et l’on préfèrera plutôt attendre la nouvelle série du Nipo-coréen en espérant qu’elle s’approche plus d’un Origin.

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    • Les amants sacrifiés #2/2 (Kakizaki/Ki-oon) – 2023 (2020), 224p., 2/2 tomes parus.

bsic journalismMerci aux éditions Ki-oon pour leur confiance.

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Le premier tome de ce diptyque d’espionnage historique avait réussi son introduction. Dans une atmosphère de polar noir auquel la texture si particulière des planches de Kakizaki apporte une densité très forte, ce second volume commence en Chine alors que le mari tente de récupérer des preuves des atrocités de l’armée occupante. Assez vite le lecteur se retrouve au Japon alors que les amants tentent de s’exfiltrer vers les Etats-Unis pour transmettre aux Alliés les films si précieux…

Il est étonnant de basculer d’un scénario obscure tissé sur les suspicions de la femme envers son mystérieux mari à une intrigue d’espionnage beaucoup plus franche. L’auteur ne tente plus en effet de camoufler les ambitions des protagonistes. Une des originalités de ce (trop) court manga est ce contexte pré-guerre mondiale où l’on voit clairement un japon totalitaire se mettre en place sans que la population n’ait encore bien percuté ce glissement. Alors la seule existence d’une preuve revêt toute son importance pour réveiller les consciences. La gestion de ce contexte documentaire noué avec un schéma narratif classique de l’espionnage est remarquable et l’on referme ce second tome avec à la fois l’envie de voir le film qui en est à l’origine et un regret que l’auteur n’ait pas pris le temps d’étoffer ce qui ressemble presque à un résumé. Au vu de la qualités des dessins on ne lui en tiendra pas rigueur mais il est certain que les quatre-cent pages globales auraient mérité au moins le double.

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  • SINoALICE #2 (Aoki-Himiko/Kurokawa) – 2022 (2019), 236p., 4/5 tomes parus.

bsic journalismMerci aux éditions Kurokawa pour leur confiance.

sinoalice_2_kurokawaLe premier volume avait créé son effet « waou » en nous noyant dans une narration déstructurée qui utilisaient de mystérieuses références aux contes de Grimm. Ce second volume poursuit sans temps mort en nous plongeant au sein d’un affrontement entre deux factions dotées d’étranges pouvoirs. « Blanche neige » semble chargée de protéger Alice que le traumatisme vécu pousse au suicide quand Cendrillon mène un combat manipulateur dans un « jeu » qui semble lié aux toutes puissantes marionnettes…

Avec des dessins toujours aussi agressifs et réussis, l’équipe de SINoALICE avance remarquablement dans son intrigue et notre découverte de cette réalité trouble qui rappelle quelque peu la mécanique du récent Coffee Moon chez Doki-Doki. Alternant des séquences assez tranchées, le scénariste a l’intelligence de proposer un déroulement simple pour ne pas complexifier inutilement un montage qui lui se veut très sophistiqué pour laisser le lecteur dans une brume sans codes. Ce manga fait partie de ces créations où l’on prend plaisir à se faire balader sur une réalité brouillée en attendant quelques miettes qui nous permettront de comprendre (ou pas…) où l’on a mis les pieds. En s’appuyant sur des références classiques de contes très modernisées pour l’occasion (attention, le dernier chapitre bascule dans un traitement tout à fait adulte, voir frisant le Ecchi), SINoALICE en donne suffisamment au lecteur pour patienter dans son stade d’incompréhension sans grande inquiétude au vu du déroulement que les pièces maîtresses seront assez rapidement dévoilées.

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  • Radiant #17 (Valente/Ankama) – 2023, 184., 17 tomes parus.

bsic journalismMerci aux éditions Ankama pour leur confiance.

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Si l’on peut faire un reproche à Tony Valente sur Radiant c’est d’ouvrir sans cesse son univers et de démultiplier les personnages au risque de finir par perdre ses lecteurs qui ne voit jamais de conclusion aux problématiques lancées. Pour le coup le bref résumé avant chaque tome n’est guère suffisant et une révision des épisodes précédents souvent nécessaire. Et bien ce dix-septième tome marque un sacré changement puisqu’il s’efforce justement de résoudre une bonne série de points ouverts sur l’arc de Bome en finissant par rassembler (enfin) l’ensemble de la bande de Seth et de clarifier l’objectif des personnages.

Formellement le volume se concentre pour l’essentiel sur la confrontation dantesque (c’est peu de dire…) de Piodon avec les domitors et leur maître Adhès. Et je dois dire que si techniquement Valente est toujours au top, gardant une bonne lisibilité malgré la profusion d’éléments graphiques d’un combat qui vire à la Dragonball, l’esthétique générale est un ton en dessous. Le décors d’une vaste grotte et l’aspect très exotique des domitors et de leurs Nemesis ne rendent pas justice à l’originalité unique du monde de Radiant. L’absence depuis quelques épisodes du héros n’aide pas non plus à se concentrer sur un point héroïque. On ne peut pas tout avoir et l’auteur était semble t’il conscient de la nécessité de clore son arc (peut-être un peu vite) pour reprendre l’incroyable alchimie d’humour, d’action et de variété magique qui rendent cette série si iconique. Maintenant au clair sur les appartenances et objectifs de chaque faction, on commence pour la première fois à sentir que l’on bascule peut-être vers une pente de résolution finale de l’intrigue. L’affrontement entre domitors, Inquisition et non-alignés se profile et le souvenir de la maestria de la guerre de Cyfandir nous revient avec envie…

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Dragonball Super #18-19

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Manga de Akira Toriyama et Toyotaro
Glénat (2023), 192p. – série en cours.

bsic journalismMerci aux éditions Glénat pour leur confiance.

Granola est désormais le guerrier le plus fort de l’univers… Comment les deux Sayans vont-ils bien pouvoir l’affronter? La solution est peut-être dans le passé, dans les liens entre le céréalien et non moins que le père de Goku, le puissant Bardack…

Est-ce le début d’une lassitude ou Akira Toriyama atteint-il ses limites? Cet arc centré sur le passé avec l’histoire commune de Bardack, soldat aux ordres de Freezer, touche par moment le ridicule tant le créateur de Dragonball semble avoir renoncé à toute crédibilité. Si le passage des stades de super-guerrier est dans l’ADN de la série et se prend comme ils sont, les incessants pas en avant et en arrière sur qui est le plus fort finissent par rendre les combats totalement dérisoires puisque ce qu’on nous a dit aux tomes précédents ne semble plus valable sur le suivant.

Le principal intérêt repose donc sur le récit sur le père de Goku que l’on est surpris de voir gentil (contrairement à son frère qu’il avait du vaincre au début de la série) et qui va sauver le jeune Granola. Cela permet fort heureusement de diluer un affrontement par ailleurs franchement inintéressant et sans les trouvailles dont Toriyama a le secret. Hormis une rigolote poursuite à coup de sauts-téléportation qui génère quelques scènes absurdes, on a hâte de voir évoluer ce combat contre un adversaire semblant sorti du chapeau et qui rend les Dragonball tout à fait anodines… Vu que la France a désormais rattrapé la parution japonaise et au stade où l’on est, il commence à être compliqué de s’intéresser à autre chose que la technique décidément vraiment performante de Toyotaro mais dont les mille et unièmes perforations de montagnes ne laissent plus qu’un bâillement…

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DR. Stone #22-23

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Manga de Riichiro Inagaki et Boichi

Glénat (2022), 192p./volume, 23/26 volumes parus.

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Merci aux éditions Glénat pour leur confiance!

Attention Spoilers!

Alors que le royaume des Sciences touche au but en Amérique du Sud, l’armée de Stanley passe à l’action et décime les forces du progrès. Est-ce la fin de tout? Senku et ses amis se sont-ils battus si longtemps pour échouer près du but? Et pendant ce temps que devient le mystérieux Why-man sur la Lune? La fin est proche…

Etourdis par la virtuosité et l’orgie visuelle des planches de Boichi les lecteurs ont pu passer à côté du talent du co-scénariste Riichiro Inagaki dont l’apport éclate sur le nouveau Trillion game en compagnie du maître Ikegami. Toujours à la limite du trop plein, DR. Stone marque ici le second grand choc après l’intermède Byakuya (dont on attend toujours de connaître les conséquences sur la série principale). Alors qu’il ne reste plus que trois tomes pour conclure la série (on rappel le menu des taches à faire: éliminer l’armée de Stanley, dépétrifier toute la planète et aller sur la Lune pour trouver la source de la pétrification… trankil!) les auteurs créent un évènement majeur puisque survient une seconde pétrification mondiale, rien que ça! Pour gonflé on peut dire que c’est gonflé et même si l’on se doute que le manga n’en restera pas là on ne peut que saluer la fluidité avec laquelle Boichi et son compère retombent sur leurs pates sans plus d’aberration que depuis le début de la série. Pratiquement revenus à leur point de départ, les personnages vont tout naturellement se lancer à la conquête de la Lune bien que l’on nous explique très vite que l’échelle du progrès technique pour aller dans l’espace est sans commune mesure avec tout ce qui a été accompli. jusqu’ici…

Même si l’artifice permettant de blackbouler toute la menace installée depuis l’arrivée en Amérique est un peu facile, la tension dramatique est excellement bien menée et l’on retombe comme des gamins dans un plaisir spontané de se faire piloter par les auteurs vers la conclusion de la série, avec beaucoup de mal à imaginer comment cet ultime arc parviendra à se conclure en si peu de tomes. Je l’ai dit souvent, DR. Stone est le summum de la recette qui gagne et on ne peut qu’en féliciter Boichi et Inagaki et prendre son plaisir.

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Valhallian, the Black iron #1

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Manga de Toshimitsu Matsubara

Ki-oon (2023), 224p./volume, 1/6 volumes parus.

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Merci aux éditions Ki-oon pour leur confiance!

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Au XIII° siècle le Japon échappe à une invasion mongole grâce à la bravoure du samouraï Tetsujiro du clan Soma. Pourtant le Shogun renâcle à dédommager les défenseurs dont les terres ont été victimes de pillages. Alors qu’il tente de subvenir aux besoins de son fils et de l’élever dans l’honneur du Bushido, Tetsujiro se retrouve soudain transporté dans un monde étrange où des colosses romains semblent bien décidés à lui faire la peau…

Après 23 tomes d’une série très bien cotée, Toshimitsu Matsubara a commencé récemment cette nouvelle série dont le premier tome a le mérite d’aller droit au but: sous couvert d’une ambiance de manga de Samouraï il s’agit bien de proposer un univers magique de combats fantasmés entre tout type de combattant que l’on désire voir se rencontrer, à la façon d’un jeu vidéo de baston. En envoyant (sans trop d’explication) un samouraï au Valhalla on va pouvoir castagner entre légionnaires romains, monstres mythologiques et je ne sais quels autres combattants de toute époque possible. L’artifice est malin… mais la réalisation un peu brouillonne à force de vouloir mettre tout et n’importe quoi dans ce tome introductif.

VALHALLIAN THE BLACK IRON : un samourai au Valhalla ! - GaakComme à leur habitude les éditions Ki-oon ont mis le paquet sur une licence en laquelle elles croient, avec un kit presse tout à fait impressionnant. Une maison qui a habituellement du flaire pour dénicher bon nombre de pépites et qui me semble pour le coup s’être aventurée sur un terrain hasardeux tant cette ouverture fait patchwork sans bien savoir à quoi on a affaire. Débutant sous une trame historique classique le manga prend rapidement des allures de Dark fantasy (avec son lot de sang, de déformations et d’un soupçon de fesses) où contrairement à l’autre série chroniquée en début de semaine l’équilibre entre développement d’univers et baston n’est pas très bon. Avec un style graphique solide qui rappelle Kakizaki, l’auteur envoie son héros affronter tout un tas de créatures et personnages sans prendre le temps de la lisibilité. On en ressort un peu frustré et à moins que les planches ne vous accrochent, un peu fatigué par cette ouverture qui ne donne pas suffisamment de raison de poursuivre. Une assez franche déception.

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Ender Geister, l’ultime exorciste #1-2

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Manga de Takashi Yomoyama

Glénat (2023) – 2018, 192p./volume, 2/7 volumes parus.

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Merci aux éditions Glénat pour leur confiance!

Le monde que nous connaissons est parcouru d’un voile qui cache des entités démoniaques un peu partout sur la planète. Chaque pays fait appel à des exorcistes, combattants rodés à l’extermination de ces créatures maléfiques. Lorsqu’un dangereux pilier de matière démoniaque apparait au Japon, l’organisation des exorcistes fait appel à Michael, le plus talentueux des chasseurs, mais aussi le plus dangereux…

Dans la foultitude de manga d’action mettant en scène des bastons décérébrées contre des démons, la nouveauté Glénat réussit le miracle de se sortir la tête de l’eau par son énergie communicative et des dessins tout à fait correctes. En déroulant ses deux premiers tomes (parus simultanément) le lecteur est plongé dans une frénésie d’action violente, vaguement ecchi et rehaussée de dialogues dont le second degré nous maintient dans un esprit ludique décérébré, coloré de références ciné éparpillées un peu partout, à commencer par les titres de chapitres.

Review: Tsui no Taimashi - Ender Geister- (new-ish manga w/black female  characters) | Lipstick AlleySans prétention l’auteur (dont c’est la première création hormis un hentai) se fait plaisir en suivant un héros extrêmement puissant dont le secret nous est dévoilé dès l’introduction: il s’agit semble t’il d’un démon contrôlé par un maitre exorciste et capable d’utiliser l’énergie démoniaque pour générer des armes et se régénérer lui-même. Hormis cette introduction et quelques éléments de background sur la mystérieuse organisation, pas le temps de souffler puisqu’on est envoyé sur le terrain bastonner du troll amateur de vierges dénudées, de sorcière volante tout aussi légèrement vêtue ou de minotaure colossal armé de hache… Entre démembrements et prétexte à mettre les nichons à nu pour un rien, on est clairement dans du gros Seinen de garçon prépubère. Présenté comme ça le manga ressemblerait plutôt à de la grosse conso mais je dois reconnaitre que l’ensemble est ficelé de manière à nous capter sans prendre le temps de refléchir et avec un plaisir non feint. Dosant habilement un design très réussi, méchants charismatiques et très puissants et une bonne dose d’humour, Yomoyama parvient à donner une cohérence à l’ensemble qui pose de très bonnes bases pour la suite.

Faisant parfaitement le job d’une introduction en posant suffisamment de mystère et de personnages pour donner envie de continuer, l’arrivée d’Ender Geister est pour moi parfaitement réussie.

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Coffee Moon #2 et 3

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Manga de Mochito Bota
Doki-Doki (2023), 176p., série en cours, 3/5 volumes parus.

bsic journalismMerci aux éditions Doki-Doki pour leur confiance.

Le premier tome de Coffee-moon avait été une très bonne surprise… comme nombre de premier tomes je dirais. Le mystère total bien installé et quelques pistes lancées sur une possible société totalitaire avec ses résistants et sa réalité alternative, il n’y avait plus qu’à voir comment cet ambitieux projet allait tenir sur la durée… Paradoxalement les deux tomes suivants avancent plutôt vite, évitant la crainte d’un embourbement dans un ambiance qui aurait pu lasser et en montrant que les protagonistes ont des pouvoirs assez puissants, dont notre héroïne dotée de la capacité à contrôler le temps. Je vous laisse imaginer les extrapolations possibles à partir de là! En même temps on s’installe dans un style Shojo centré sur une bande de copines qui veulent passer du temps ensemble en faisant du shopping et en buvant des starbucks, cela juxtaposé à ce décors noir très inquiétant. L’auteur utilise malicieusement la boucle pour nous perdre dans les différentes itérations de cette journée sans prévenir, provoquant des répétitions de séquences que l’on peut voir utilisées dans certains anime.

RT!] Coffee Moon: It's a mystery manga about a girl in a very Victorian  looking city repeating the same day over and over. Also, it has some  god-tier art. : r/mangaToujours fort alléchant, Coffee moon abuse cependant un peu de ce procédé au risque de nous égarer complètement, notamment dans le troisième volume où perdu entre les boucles et un récit enchâssé non annoncé, nous voilà balancé en pleine baston que ne renierait pas Dragonball au milieu de créatures jamais vues jusque là. Si bien que l’on se prend à vérifier une éventuelle erreur d’impression pour comprendre cette explosion narrative. Sur le plan de l’atmosphère de perte de repères c’est très efficace et sacrément gonflé… pour peu que ce ne soit pas le simple fait d’une précipitation de Mochito Bota. Très déstabilisé par cette avancée on ne sait plus trop à quoi s’attendre alors que les explications sur l’essence de ce monde tardent à venir.

Alors que Doki-Doki a l’habitude des séries manga courtes, le fait de partir sur une nouvelle licence non achevée donne à la fois le temps de bâtir un univers exigeant ou de partir dans tous les sens. Tout dépend si l’auteur possède déjà la finalité de son objet ou s’il construit sa série au fur et à mesure, ce qui laisserait assez inquiet pour la cohérence de l’ensemble. Reste un objet esthétiquement toujours aussi chouette et disposant d’un vrai potentiel. Le lecteur, selon son niveau de patience, prolongera encore un peu ou s’arrêtera là. C’est le risque du mystère…

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Shangri-la Frontier #6-7

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Manga de Katarina et Ryosuke Fuji
Glénat (2023), série en cours, 7/11 tomes parus.

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bsic journalismMerci aux éditions Glénat pour leur fidélité.

Après leur victoire sur le guerrier suprême Wezaemon Sunraku et ses amis se retrouvent dotés d’artefacts de premier ordre dans le jeu et décident de former un nouveau clan: Wolfgang. Toujours à la recherche de découvertes et de sensations, le héros part à la pioche de loot rares, au risque de s’aventurer dans des zones théoriquement interdites du jeu…

A l’approche des dix tomes et la première étape majeure marquée par le combat très réussi du tome précédent, deux constats peuvent être faits sur Shangri-la Frontier: d’une part l’esprit fan-service pour gamers qui finit par le rattraper malgré les grands efforts pour rester accessible en tant que manga, et justement une rapidité et une dynamique qui confirment qu’il peut se comparer aux best-sellers shonen. Ce qui est dommage c’est que les élargissements de background du tome cinq restent pour le moment totalement de côté sur les deux tomes suivants qui ne profitent pas de ces pistes et se contentent de dérouler les affrontements types d’un jeu à monde ouvert et des plaisirs ressentis manette entre les mains. Comme je C50 Shangri-La Frontierle disais les quelques rares non-gamers qui se seraient perdus dans cette série et auraient pu rester accrochés jusqu’ici vont commencer à se lasser. Semblant parti pour une série longues, Shanfro ouvre d’ailleurs le tome six par une très intéressante digression hors jeu avec les incidences de la défaite du monstre unique sur les développeurs du jeu. Comme depuis le début les potentialités du monde réel sont intéressantes mais trop faiblement exploitées pour rééquilibrer le manga. Dommage.

Sur le plan du manga proprement dit le plaisir reste évident avec de grands combats aux dessins rageurs, des dialogues très bien traduits et amusants et un enchainement de séquences au rythme très élevé qui empêchent de s’ennuyer. Un peu à la manière d’un Ex-arm qui tâtonnait longtemps sur ses objectifs, sur de sa force technique, Shanfro nous émerveille par sa multitude de personnages, ses design très réussis et un loisir décérébré qui mets quelques doutes lorsqu’on a reposé le manga en se demandant jusqu’où on ira comme cela et pourquoi on est en train de lire un manga qui reprend les dynamiques ressenties dans un vrai jeu… Expérience étrange en forme de mise en abyme et qui demande de ne pas trop se poser de questions.

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Special Ryoichi Ikegami: Sanctuary #2 – Trillion game #2

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Le festival d’Angoulême a mis à l’honneur cette année l’immense Ryoichi Ikegami, auteur phare des années 90 et 2000 qui revient avec une excellente série écrite par le scénariste de Dr. Stone. Je profite de l’occasion pour chroniquer les derniers volumes de cette série et de la réedition en Perfect de sa série majeure, Sanctuary.

bsic journalismMerci aux éditions Glénat pour leur confiance.

  • Sanctuary #2 (Buronson-Ikegami) – 2022 (1990), 208p., 3/14 tomes parus.

sanctuary_2_perfect_glenatAlors qu’Hojo est parvenu à la tête du clan Yakuza, Asami se trouve ostracisé de la sphère politique suite à sa trahison. Pendant que l’un doit rompre les digues des alliances pour enclencher la révolution générationnelle son ami politicien parvient à réunir autour de lui la jeune garde politique, attirée par ses promesses de changement…

Ce n’est que le tome deux de la série mafieuse de Ryochi Ikegami mais on note déjà que les rôles féminins sont au mieux dans l’ombre mais plus problématique, qu’elles sont cantonnées à des fantasmes sexuels ou objets pour ces messieurs. Bien sur on se situe dans un univers au machisme absolu et ce n’est pas aberrant mais on espère voir se développer le personnage de la commissaire qui reste sur tout ce tome un pot de fleur… Comme sur le précédent volume l’intrigue avance vite à force de coups d’éclat, la trogne d’ange d’Hojo agace et le fauve Tokai semble bien amuser les auteurs qui développent ses séquences comme celles d’un chien de guerre à utiliser à bon escient pour dynamiser une narration faite de manigances permanentes. La multiplicité des intrigues permet de les entrecroiser et d’ajouter du rythme et de la complexité quand la galerie de personnages toujours en croissance permet de décentrer le récit du seul duo héroïque, créant un équilibre remarquable. Si l’on accepte l’aspect vieillissant (sur lequel on remarque néanmoins un dessin plus détaillé que dans sa dernière série ci-dessous) l’ensemble est dans la catégorie des excellents manga qui marquent les époques. Vite la suite!

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    • Trillion Game #2 (Inagaki-Ikegami) – 2023, 208., 2/5 tomes parus.

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Haru et Gaku sont lancés dans le concours de hacking en utilisant toujours la méthode qui semble leur sourire: une alliance de talent brut et de toupet sans limite. Si cela leur attire des inimitiés, les appétits sont également alléchés par une détermination que certains voient comme la plus grande qualité pour monter une start-up. Mais l’absence de règles de Haru suffira t’elle à les insérer dans le monde de la finance?

Dans Trillion game on est (comme avec Dr. Stone) toujours à la limite du grand n’importe quoi… Le choix assumé de la farce et le talent de Riichiro Inagaki à créer des mécanismes nous font pourtant oublier l’absurdité des séquences en s’appuyant sur une constante: dans le monde de l’argent les plus gonflés sont les plus forts. Bien qu’ils s’abstiennent de poser une morale à leur manga dans l’idée de conserver un aspect grand-public, les auteurs restent cependant cohérents avec une dynamique de start-up qui veut que les puissants recherchent en permanence de jeunes pousses pour alimenter le système. Paradoxalement c’est le dessin d’Ikegami qui paraît le plus faible dans ce second tome, avec bien sur une qualité globale impressionnante mais des visages copier-collé qui se différencient par les seules coiffures. On sent la rapidité d’exécution où le maître reste en dessous de l’orfèvrerie de ses vieilles séries comme Sanctuary. Heureusement que les assistants font le job sur un canon très qualitatif pour proposer un excellent remplaçant aux aventures de Senku qui s’approchent de leur fin…

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Special Ki-oon: Alpi #7 – Clevatess #3 – Tsugumi #5

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Salut les mangavores! (encore) un gros retard côté manga qui me permet de proposer aujourd’hui un billet spécial Ki-oon, un de mes éditeurs préférés qui ne sort pas que des cartons (le récent Lost Lad London m’a franchement laissé sur ma faim) mais dont la stratégie du peu mais bien leur permet autant de dénicher des pépites que tout simplement lancer des manga originaux qui confirment le statut de troisième marché au monde pour l’édition française de manga.

bsic journalismMerci aux éditions Ki-oon pour leur confiance.

  • Alpi the soul Sender #7 (Rona/Ki-oon) – 2022 (2019), 208p., série finie en 7 volumes.

alpi_the_soul_sender_7_kioonOn touche au but de cette très jolie série qui aura simplement péché par manque d’expérience et de construction d’une intrigue qui n’aura débuté que tardivement. Cet ultime épisode prend la forme d’une attaque finale sur le temple des soulsenders en mode Kaiju. La gestion de l’action manque parfois de lisibilité dans le mouvement mais l’ensemble reste très agréable et notamment sur les points forts du manga, les dessins des décors et des costumes. L’autrice a le mérite de refermer (un peu rapidement) les intrigues de fond (notamment l’histoire des parents) sans hésiter à aller dans le dramatique. Le volume en tant que tel est très honnête et l’on sent un vrai effort pour achever correctement le manga. Pour une première œuvre publiée en ligne on ne tiendra donc pas rigueur à Rona pour cette ambition modérée et cette progression au fil de l’eau. Alpi th soulsender restera une très belle lecture relativement courte, pas la plus impressionnante du catalogue Ki-oon mais très recommandable.

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    • Clevatess #3 (Iwahara/Ki-oon) – 2022 (2020), 224p., 3/5 tomes parus.

clevatess_3_kioonToujours très axé action ce volume voit Alicia lutter contre le redoutable chef des sorciers entouré d’une nuée d’insectes. L’absence de Clevatess (parti affronter l’armée de l’envahisseur Dorel) permet au personnage de l’héroïne de se développer en la sortant du contexte d’outil aux mains du démon qui prévalait depuis le premier volume. En parallèle se déroule la bataille à grande échelle entre les deux armées et la réaction de la princesse de Hiden lorsque la rumeur concernant la survie de l’enfant héritier du pouvoir des Hiden survient.

Ce qui est intéressant dans cette série c’est la constance de l’auteur à essayer de renverser les canons de la fantasy en questionnant ce qui est habituellement acquis. Ici la position des héros est rattachée par le peuple à celle de la noblesse d’Ancien Régime qui revendiquait une gloire de principe alors que la plèbe toute attachée à sa survie ne faisait que constater les effets des guerres sur leur quotidien. En rappelant ainsi que le nationalisme monarchique (ou héroïque) fut souvent imposé, le mangaka dresse une véritable analyse politique dans ce cadre dark-fantasy, qui apporte un vent de fraîcheur au-delà du retournement initial du récit fantasy qui voit le mal gagner. On avait compris jusqu’ici une problématique des liens entre humains et rois-démons (qui assument un rôle similaire aux rois des animaux ou Gaïa dans les récits écologiques type Miyazaki) pas aussi binaire qu’attendue et nous voici questionné au sein d’un monde humain qui aussitôt vaincu se remet en guerre les uns contre les autres.

Si le dessin très foisonnant est parfois un peu brouillon et les dialogues dans le standard manga c’est donc bien le déroulé et les rôles assumés par les personnages qui apportent une vraie originalité, faisant de ce titre un succès critique mérité. En espérant que le roi Clevatess (ici étonnamment mis en difficulté!) ne tombe pas dans une mièvrerie incohérente, si l’auteur assume l’esprit sombre qui recouvre le titre depuis le tome un on  est parti pour une sacrée saga fort ambitieuse.

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  • Tsugumi project #5 (Ippatu/Ki-oon) – 2022, 208p., 5 tomes parus, série originale.

tsugumi_project_5_kioonDepuis le dernier tome le rythme et le déroulement de la série ont fortement évolué en densité et en construction d’univers. L’impression d’une bascule dans une sorte de fantasy post-apo se confirme ici puisque nous voyons débarquer notre escouade mal assortie sur l’île où doit se trouver le centre de recherche, objectif de la mission de Léon. Comme au précédent épisode qui nous voyait découvrir la société des singes, nous voilà cette-fois projetés dans un monde d’hommes-oiseaux qui ont un lien très fort avec Tsugumi, l’occasion pour l’auteur de nous raconter sans temps mort la naissance de la jeune créature. On sent ainsi que l’on avance très fortement vers la conclusion de l’intrigue, ce qui n’empêche pas Ippatu de proposer des complications avec un héros très mal en point. Dans ce monde très hostile on n’oublie pas que le Japon radioactif reste une mission suicide, que nous avait fait oublier le ton farceur des relations avec Doudou. L’auteur avance donc étape par étape, avec une structure très carrée faite de rebondissements, d’intrigues politiques approfondies, de designs travaillés et spécifiques à chaque peuple et d’une dualité technologie d’avant/fantasy d’après qui ne cesse de surprendre. Ippatu aime de plus en plus son univers et nous régale de décors incroyables de finesse, si bien que l’on ne sait si les révélations majeures de ce tome indiquent que la fin est proche ou si l’envie de continuer à explorer son worldbuilding va inciter le mangaka à prolonger très loin l’aventure… Du tout bon et peut-être le meilleur volume depuis le début. Vite la suite!

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***·East & West·Manga

Department of truth #1-2

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Comic de James Tynion IV et Martin Simmons
Urban (2022) – 2020, 152, p./volume, 3 volumes parus sur 4.

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L’agent Cole Turner travaille pour le FBI et s’est spécialisé dans l’étude des mouvements conspirationnistes. Un jour son univers bascule lorsqu’il se retrouve confronté à une réalité différente. Sa conscience bascule: est-il fou? A-t-il été manipulé par des forces supérieures? En intégrant le mystérieux Département de la vérité il va comprendre que la vérité est ailleurs…

badge numeriqueSi vous passez un œil de temps en temps dans l’univers des comics vous savez que James Tynion IV (oui, nous sommes aux Etats-Unis…) est le golden-boy du moment. Après dix ans passés comme employé de l’écurie DC sur une foultitude de titres où son nom est resté anonymisé par le rouleau compresseur de l’éditeur, son heure semble venue… du côté de l’éditeur indépendant Image, comme bien d’autres avant lui. Le bonhomme semble avoir trouvé son créneau puisque le voilà soudain multi-nominé aux Eisner awards et raflant coup sur coup le titre de meilleur scénariste en 2021 et 2022 sur Department of truth, les titres de la collection de Joe Hill, Something is killing the children, Nice house on the lake, et Wynd, série jeunesse qui a enthousiasmés Dahaka. Et alors que propose ce nouveau génie de l’industrie?

The department of Truth (2020) - BD, informations, cotesJ’ai tendance à dire que les Eisner ont tendance à être l’Angoulême américain: intello, vaguement élitiste et graphiquement discutables. Bon, maintenant que je me suis fait des amis, je vais pouvoir préciser… Department of truth est une sorte de crossover entre X-files pour l’aspect « le gouvernement vous ment » et l’excellente série de romans d’Antoine Bello Les falsificateurs où une administration souterraine mondiale fabrique des faux pour orienter la marche du monde. La différence entre les deux repose sur l’aspect fantastique, assumé dans l’un, absent dans l’autre. Dans la série de Tynion on commence sur un schéma connu de l’insider naïf qui se voit révéler la vérité, sur le modèle des films Men in Black. Très rapidement on nous plonge dans une réalité alternative où la Terre est véritablement plate et où un immense mur de glace s’étend du pôle à l’Espace. Sauf que… sauf que ce n’est pas tout à fait vrai puisque l’on nous explique aussitôt que le plus grand secret du monde est que la réalité fluctue en fonction de la quantité de personnes persuadées de cette réalité. Et c’est là la plus grande idée de Tynion (un peu abordée dans l’excellentissime Black monday murders) que d’évacuer l’aspect fantastique qui ne devient qu’une possibilité au même titre que le divin, les aliens ou la Terre creuse. Ce concept est franchement passionnant et donne furieusement envie de tourner les pages de la série pour savoir où l’on va nous mener. Car comme dans tout bon récit conspirationniste on n’aura de cesse de nous expliquer qu’en fait ce n’est pas tout à fait vrai puis que les méchants sont les gentils et inversement avant de se demander qui est vraiment le héros etc.

The Department of Truth - The Comics JournalSi vous aimez le genre vous risquez de vous régaler, même si une fois dépassé le concept original le traitement et ce qu’il y a derrière ne révolutionne pas la poudre. Et le problème principal repose sur un traitement graphique très particulier basé sur un aspect collage papier et peinture sur documents officiels. Assez vaporeux le trait de Martin Simmons a l’avantage de créer une atmosphère proche des films d’horreur mais qui empêche de bien comprendre ce que l’on est censé voir. Et c’est assez problématique puisque les récits manipulateurs reposent sur un jeu entre le texte et l’image, entre deux réalités. Or ici on aura bien du mal à croire des images très abstraites, entre David Mack et Dave Mackeane.

Après la lecture de deux volumes j’avoue que j’ai eu des hauts et des bas avec une petite nostalgie de la série de Chris Carter lorsqu’on nous balance le rôle réel de Lee Harvey Oswald, ou ce qu’il y a vraiment sous l’aéroport de Dallas… Le petit piment contextuel étant bien sur le lien entre cette envie du scénariste et le monde dément dans lequel vis son pays depuis la présidence de Donald Trump (et avant…) et qui a le mérite de rendre très créatifs les artistes Etats-uniens. En alliant la dénonciation du monde alternatif que développe une partie importante des américains et la réflexion sur le principe même de réalité à l’ère du sur-média et de l’image omniprésente, Department of truth réussit très bien son rôle de série de loisir intelligente. Selon que l’on accroche ou non à l’atmosphère particulière des planches on alternera entre trois et quatre Calvin, ce qui reste très honnête.

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