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The Midnight Order

Anthologie de 272 pages, concoctée par Mathieu Bablet, Isabelle Bauthian, Claire Barbe, Sumi, Titouan Beaulin, Quentin Rigaud, Allanva, Thomas Rouzière, Prince Rours, Claire Fauvel et Daphné Collignon. Parution au Label 619 le 16/11/2022.

Merci aux éditions rue de sèvres pour leur confiance.

Mes sorcières bien cinglées

La figure populaire de la sorcière a inspiré bien des histoires, généré bien des peurs et provoqué bien des tueries au cours des siècles. La réalité est pourtant bien plus sombre et cruelle que ce qu’aucun conte sordide ne pourrait concevoir. Depuis des siècles, les sorcières-exclusivement féminines-représentent en fait le dernier rempart entre le monde matériel et son annihilation. Par-delà les dimensions, de sombres créatures démoniaques ourdissent de sombres projets, que seules les sorcières du monde entier, fédérées sous la bannière de l’Ordre de Minuit, sont capables de contrer.

Victimes de persécutions puis reléguées aux obscurs recoins de l’inconscient collectif, les Midnight Girls poursuivent leur combat contre les forces obscures. Le prix exigé par ces combats est élevé, mais l’enjeu l’est tout autant. Johnson et Sheridan, deux sorcières expérimentées, sont chargées depuis quelques années d’une mission toute particulière: identifier et appréhender un certain type de sorcières, celles dont les pouvoirs sont si grands qu’ils échappent immanquablement à tout contrôle. Si une telle sorcière s’éveille à ses pouvoirs et que son troisième Œil apparaît, c’est le sort du monde qui entre en jeu, ce que l’Ordre de Minuit ne peut pas permettre.

Johnson et Sheridan traquent donc leur semblables, avant de les livrer aux geôles de la Forteresse Blanche, où elles sont détenues sans autre forme de procès (ce qui est assez ironique pour une sorcière, avouons-le). Afin de les neutraliser, leurs mains, sources de pouvoirs puisqu’elles permettent de conjurer des sorts (à la Docteur Strange, ou encore Naruto) sont amputées. Cette mission pèse lourd sur la conscience de nos deux héroïnes, que l’on a vues officier à plusieurs reprises dans l’anthologie Midnight Tales, déjà chroniquée sur le blog.

Le format de l’anthologie, popularisé par le Label et plébiscité par le public, sert donc encore une fois de base à cet univers partagé dont Mathieu Bablet est à l’origine. A première vue, il ne semble pas nécessaire d’avoir lu les quatre précédents numéros de Midnight Tales pour pouvoir apprécier Midnight Order. Néanmoins, s’agissant d’une suite, il est préférable de les connaître, puisque un nombre important de personnages de MO est apparu dans MT. Je pense notamment au duo de sorcières, mais également aux sorcières emprisonnées et amputées, à certains personnages secondaires et à l’antagoniste principal.

Le niveau des dessin est globalement bon mais assez inégal selon les chapitres, avec parfois des disparités assez frappantes. L’intérêt principal de l’album est qu’il vient clôturer l’aventure des Midnight Girls, qui peut être vu comme le grand œuvre de Mathieu Bablet puisqu’il a initié la série.

L’intrigue fait des sauts dans le temps et montre les différentes missions du duo, dont certaines prennent une tournure très personnelle, ce qui va engendrer un inévitable schisme entre Johnson la pragmatique et Sheridan la sensible. La figure de la sorcière telle qu’on la connaît est devenue une figure de l’émancipation féminine, une dissidente oppressée par l’ordre patriarcal qui craint le pouvoir qu’elle détient. Mathieu Bablet semble l’avoir bien compris et file donc la métaphore en opposant ses sorcières à une institution devenue froide et insensible, qui oppresse et mutile des femmes sous prétexte qu’elles détiennent un pouvoir trop grand.

L’auteur insuffle aussi de l’émotion dans la chronique amère de cette amitié qui s’effiloche entre les deux sorcières, dont les points de vue diamétralement opposés nous questionnent à la fois sur la nature humaine et sur le poids de l’institution face à l’individu.

Sur le plan éditorial, la livre est aussi une œuvre d’art, dont la couverture bleu nuit ornée d’enluminures dorées peut suffire à lui seul à provoquer un achat. Rien d’étonnant la dedans, puisque le Label 619 s’illustre depuis sa création comme un véritable artisan du livre.

Actualité·Graphismes

The ink Link: un collectif engagé

Actu
The Ink Link - collectif BD engagé

Salut la compagnie ! Aujourd’hui j’ai décidé de vous parler d’un projet artistique militant que j’ai découvert lors du dernier festival BD de Lyon, lors de laquelle j’ai eu la chance d’être invité à assister à la journée professionnelle.

A l’origine de Ink link se trouve l’inévitable Wilfried Lupano (associé à Laure Garancher et Mayana Itoïz), que les plus anciens d’entre vous connaissent pour le caractère très engagé de la plupart de ses scénarii. En 2016, alors auréolé du succès de ses premières BD (Alim le tanneur est terminé, Les vieux fourneaux, Azimut sont commencées, Un océan d’amour et le Singe de Hartlepool sont sortis…), il s’associe avec d’autres auteurs pour partir en Amazonie sur une mission humanitaire où ils pensent que la compétence narrative d’auteurs BD peut aider les ONG à nouer le lien avec les populations concernées. Partant du constat que le milieu humanitaire actionne traditionnellement sa communication via des agences de communication calées sur des schémas formatés, ils croient dans le caractère universel du récit, avec l’immense avantage de la BD : elle peut pratiquement se passer de texte et sait raconter des histoires. Les ONG utilisent des codes graphiques occidentaux pour parler au monde entier, parfois de manière inadaptée avec quelques vrais problèmes culturels découverts sur le tas, comme ces cochons-tirelires utilisés sur des dessins pour des pays musulmans… Le dessin permet de se passer de la vidéo et de la langue. Il anonymise (et donc protège) également les gens par le dessin, rend plus facile l’acceptation de ces occidentaux arrivant parfois dans des régions très reculées et très éloignées de nos modes de communication.

Au départ artisanale, l’association est devenue très pro avec l’implication d’auteurs confirmés : Aurélie Neyret (Carnets de Cerise), Paul Cauuet (les vieux fourneaux), Jérémie Moreau (la saga de Grimr)… Généralement deux créatifs partent en mission, accompagnés par des humanitaires et parfois des aides techniques. L’association engage des auteurs BD ayant déjà publié au moins un album et les rémunère selon la convention professionnelle des auteurs BD. Le collectif tient a faire avec les personnes sur place et pas simplement sur commande d’organismes. Mais cela prend du temps, de longues discussions, appuyées par le dessin. Cela s’approche de la thérapie par moment lorsqu’il s’agit de comprendre les drames vécus par des réfugiés de guerre. Tous les projets ne sont pas au bout du monde et beaucoup de structures françaises ou européennes ont fait appel à ces services, comme le Planning familial belge par exemple. La réalisation a proprement parler du rendu se fait en France. Tout un travail de documentation est à ramener, incluant photos, vidéos,textes, plans, etc. C’est au final un vrai travail documentaire équivalent à celui nécessaire pour réaliser un album docu, qui est créé par ces artistes, éditeurs, scénaristes. Les produits rendus sont de tous types (vous pouvez avoir un aperçu sur le très complet site du collectif) : BD, clips d’animation, dessins.

Ink link a remporté l’année de son lancement le prix Hors-case lors décerné au festival BD de Lyon en partenariat avec Le Monde et la SOFIA. Depuis, plus de 100 projets ont été lancés avec l’AFD, l’OMS, Medecins sans frontière et bien d’autres plus petites. En cette fin d’année où les formidables lecteurs BD se tâtent sur où faire leurs dons déductibles vous pouvez profiter de cette belle occasion pour faire un acte citoyen en promouvant ce génial projet artistique !

****·Comics·Graphismes·La trouvaille du vendredi·Rétro

Batman: Arkham asylum

La trouvaille+joaquim

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BD de Grant Morrison et Dave Mckean
Urban(2022)- (1989), one-shot. Collection estivale  Urban « le meilleur de Batman » 2022.

Joker is a filthy degenerate- Batman Arkham Asylum: A Serious House on  Serious Earth : r/comicbooksSi comme moi vous avez un certain âge, vous faites peut-être partie de ceux qui ont longtemps frissonné devant ces couvertures en médiathèque, ces albums étranges que l’on osait ouvrir sans trop savoir comment les approcher. BD or not BD? Arkham asylum est une singularité en même temps qu’un monument « ancestral » de la biblio Batman au même titre que le Killing joke ou le Dark Knight, de ces albums majeurs qui composent la mythologie moderne de Batman post-série télé et concomitants du premier Tim Burton.

Aujourd’hui grand manitou de DC comics, l’écossais Grant Morrison est un bleu lorsqu’il propose à son compatriote ce projet fou d’une immersion viscérale dans l’asile d’Arkham en plaçant peut-être pour la première fois le chevalier noir à égalité avec les prisonniers de Gotham. Remontant aux origines de l’Asile et de son fondateur Amadeus Arkham (archéologie que reprendra plus récemment Sean Murphy sur Curse of the white knight), l’auteur a bien l’ambition d’une vraie BD qui explore une nouvelle facette de la mythologie, résolument adulte et absolument impressionnant sur le plan graphique. Pour cela il s’associe avec un peintre également inconnu et qui fera une grande carrière en compagnie de Neil Gaiman sur les Sandman et Hellblazer. Travaillant la matière en associant photographie, dessin, lames de peinture et matériaux comme de la dentelle ou des engrenages (idée qui inspirera probablement Olivier Ledroit sur ses tableaux récents et sur la série Wika), McKean propose une déconstruction totale – toujours très lisible pourtant – et une immersion visuellement incroyable dans les méandres de ce lieu hors du monde. Le travail sur l’horreur visuelle et sonore (oui-oui!) est vraiment immersif et on aura rarement vu le Batman si faible, si proche de ses adversaires.

Dave McKean Arkham Asylum Page 104 Batman Painted Original Art (DC, | Lot  #92168 | Heritage AuctionsPartant d’un pitch éculé (une nouvelle émeute à l’Asile qui nécessite la venue de Batman), Morrison développe ce qui sera la matrice de nombre d’auteurs ultérieurs sur Batman, du duo Lemire/Sorrentino au dantesque Deuil de la famille: dans une réalité qui semble sortie de notre univers, Batman se confronte aux grands méchants dans un pandémonium où son rôle de monstre est questionné par un Joker plus fou et terrifiant que jamais. Le récit alterne l’évolution vers la démence du fondateur de l’asile et le cheminement de la Chauve-souris, dont l’itinéraire finira par rejoindre celui du passé. Pour cela Dave McKean a le talent de ne pas perdre le lecteur malgré l’aspect très particulier de ses compositions. Restant dans une narration séquentielle malgré tout, il permet de se concentrer sur la complexité des visuels et le caractère symbolique et mythologique du récit, convoquant dieux anciens comme le Christ.

Récit résolument adulte, œuvre d’art à part entière, Arkham asylum est une pierre blanche dans la création du Batman moderne, un jalon majeur pour toute une génération d’auteurs et  un moment qui a intégré l’imaginaire collectif. Si en plus de cela la lecture reste accessible au grand public vous n’avez plus d’excuses pour ne pas plonger…

Arkham Asylum, pg. 48 & 49, in christian stoklas's McKEAN, Dave Comic Art  Gallery Room

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Bill Finger, dans l’ombre du mythe.

Le Docu du Week-End

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Roman graphique de Julian Voloj et Erez Zadok
Urban (2022), 184 pages, one shot.

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Merci aux éditions Urban pour leur confiance

Il y a trois ans le scénariste Julian Voloj proposait une très intéressante biographie de Joe Shuster, co-créateur de Superman reconnu sur le tard et désormais légalement annoncé sur chaque album de Superman. Dans ce passionnant ouvrage on découvrait notamment un système éditorial où de jeunes auteurs se soumettaient naïvement en cédant l’intégralité des droits de leurs personnages, habitude ancrée pendant longtemps et pratique qui fut mise à mal lorsque les comics devinrent un phénomène de masse. On y croisait Bob Kane, créateur de Batman qui semblait déjà très accroché à ses intérêts financiers…

https://www.avoir-alire.com/local/cache-vignettes/L672xH924/18_bill_finger_00-2-09ae8.jpg?1655299307Alors que Joe Shuster et Jerry Siegel gagnèrent leur crédit sur les albums de Superman en 1978 après des procès et un effet certain des films de Richard Donner, l’histoire est toute autre pour Bill Finger, le scénariste de Bob Kane qui ne fut crédité qu’à titre posthume en 2015 après une campagne de sa petite-fille et le militantisme du biographe Marc Nobleman dont l’enquête a fortement inspiré cet album. Le parallèle entre les deux albums écrits par Julian Voloj est très intéressant en permettant de comparer les similitudes et les différences entre les histoires de deux scénaristes restés dans l’ombre de leur personnage des décennies durant.

Si ses homologues de Superman se sont débrouillé seuls pour contester la première cession de leurs droits faits alors qu’ils étaient très jeunes, Bill Finger fut un auteur renfermé qui ne sut jamais revendiquer ses droits et dont abusa Bob Kane qui utilisa des nègres toute sa carrière durant. L’album ne dit pas clairement que le dessinateur écarta cyniquement ses collègues, expliquant qu’il était très doué pour négocier les contrats et que sa mise en avant permit à ses collaborateurs de vivre décemment. Décemment mais anonymement. Il s’agit donc ici d’une histoire d’honneur plus que d’argent.

Bill Finger : dans l'ombre du mythe. Une reconnaissance tardive. -  Superpouvoir.comL’autre intérêt de l’album repose dans sa forme qui suit une enquête à double période (la chronologie de Bill Finger et l’enquête de nos jours par Nobleman), avec une mise en abyme du biographe vis à vis du personnage de Batman. Les lignes se croisent ainsi et l’ouvrage revêt une forme de thriller très originale. Si graphiquement les planches d’Erez Zadok sont très agréables, elles restent artistiquement parlant moins puissantes que le travail de Thomas Campi sur Joe Shuster.

Si on pouvait craindre la réutilisation d’une recette qui marche, ce volume est un petit miracle qui permet de créer un diptyque cohérent et très différent. La lecture des deux albums est vivement conseillée pour tous ceux qui aiment les comics en permettant de découvrir les coulisses de la création et le statut des auteurs, sujet toujours très prégnant.

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Actualité·BD·Edition·Graphismes

Thorgal: nouvelle colorisation

Actu

Salut la compagnie!

On va débuter cette nouvelle semaine par une actu éditoriale qui m’intéresse particulièrement puisque Thorgal reste une de mes séries préférées et parce que je suis toujours de près les démarches des éditeurs visant à réactiver des fonds de catalogue. Déformation professionnelle de bibliothécaire sans doute, c’est le même esprit qui anime ce blog lorsqu’on s’efforce de tisser des liens entre des séries, des auteurs et des genres ou pour rappeler à vos bons souvenirs des pépites qui méritent toujours l’intérêt des années après leur sortie.

L’info n’a pas vraiment fait les gros titres malgré le statut de série majeure dans les ventes de BD franco-belge depuis de longues décennies. Lorsque le Lombard a annoncé la recolorisation des premiers volumes de la saga du Ulysse scandinave beaucoup de spécialistes, fins connaisseurs ou patrimonialistes (les gardiens du temple) ont crié au loup, à l’opération commerciale cupide qui dénature affreusement l’œuvre du maître Rosinski. S’il est vrai que certaines expériences passées assez peu justifiées ont laissé des traces. Quand Casterman a colorisé le Grand pouvoir du Chninkel, œuvre majeur de la collection (A suivre) il n’y avait pas d’autre intérêt que de ressortir un fond de catalogue un peu oublié en croyant que les jeunes lecteurs allaient plus facilement plonger avec de belles couleurs. Pour rappel l’album était paru volontairement en n&b et on a pu comparer cela à la colorisation des Tontons flingueurs, autre œuvre choisie en monochrome par ses auteurs. La légitimité avait été garantie en clamant le soutien de Rosinski mais le découpage en trois volumes reliés ne pouvait que pointer l’aspect commercial.

Pour Thorgal ce n’est pas tout à fait la même chose puisqu’il faut reconnaitre que les tout premiers volumes de la série étaient dotés de colorisations typiques de l’époque (et de la technologie d’impression d’alors), souvent criardes et parfois baveuses. Ainsi le comparatif des premières pages de l’Ile des mers gelées donne plutôt envie de relire la nouvelle version qui modernise beaucoup les planches. Je ne fais pas partie des puristes qui crient au loup et à la trahison de « l’esprit » quand le résultat est amélioré. Ainsi les deux premiers tomes peuvent profiter de cette colo il est vrai très réussie (Gaetan Georges officie déjà depuis plusieurs années sur les séries Thorgal) mais dès Les trois vieillards du pays d’Aran (le tome trois) on touche les limites de l’exercice puisque hormis un assombrissement manifeste des ambiances (voulue pour manifester les cieux gris de scandinavie?) on ne voit pas bien ce qu’apportent les nouvelles teintes. Grzegorz Rosinski n’était pas un grand coloriste avant de se mettre en couleurs directes mais s’est amélioré tout le long et on n’imagine pas l’éditeur aller même jusqu’à reprendre le magnifique travail sur le cycle du Pays Qâ.

En discutant avec un libraire il me faisait remarquer un effet pervers de cette opération, qui donnait le sentiment de lire un album paru en 2020, en perdant un côté désuet d’origine. Si je ne regretterais jamais les jaunes fluo d’époque, je reconnais que cela procure une certaine uniformisation pas anodine, le coloriste allant bien plus loin qu’un simple changement de teintes en rajoutant ombres et effets de lumière. Je remarque souvent que des dessinateurs moyens peuvent se trouver très agréables à l’œil après le passage d’un grand coloriste. Pourquoi pas mais cela interroge sur la création de l’auteur.

Pour inverser le problème j’ai constaté que la version n&B de la série publiée par les éditions Niffle (comportant quatre tomes par intégrale) était très qualitative, peu chère (moins de dix euros par tome) et dans une version très qualitative puisque grand format. On a trop l’habitude des tirages de tête et éditions spéciales à prix luxe pour collectionneurs pour ne pas saluer cette initiative très grand public qui permet de profiter de la qualité incroyable des dessins bruts de Rosinski.

Pour conclure ne je peux qu’inviter ceux qui ne connaissent pas encore cette magistrale série à profiter de l’expérience (a cinq euros l’album, on ne peux pas dire que ce soit ruineux) sur les nouvelles couleurs avant de basculer, si cela vous plait, sur les albums classiques dès le cycle des Ombres. Vous pouvez d’ailleurs consulter les guides de lecture que j’avais chroniqué à partir de ce cycle.

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Hong-Kong, cité déchue

Le Docu BD
Manga de Kwong-Shing Lau
Rue de l’échiquier (2021), 196 p., One-shot.

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bsic journalismMerci aux éditions Rue de l’échiquier pour cette découverte

Depuis 2013 le hong-kongais Kwong-Shing Lau travaille dans l’illustration, que ce soit par la publication de comics, l’organisation d’expositions ou d’évènements publics. Lorsque surviennent les manifestations de 2019-2020, la féroce répression dont il est témoin le met dans un état de sidération et le pousse à utiliser son art pour exprimer et montrer ce qu’il se passe dans sa ville, au moyen d’une technique de crayonnés d’une grande maîtrise.

PNG - 952.5 koPour comprendre ce livre très intime il est important de revenir un peu en arrière. Lorsqu’en 1997 le gouvernement de Londres rétrocède le territoire de Hong-Kong à la Chine continentale après un bail de 99 ans issu des guerres de l’Opium à la fin du XIX° siècle, l’accord prévoit que le système politique spécifique de ce territoire sera maintenu pour cinquante ans. Les signes avant-coureurs ont lieu en 2014 lorsque Pékin annonce une reprise en main sur l’élection du chef de l’exécutif Hong-kongais, ce qui provoque une « révolte des parapluies » qui échoue dans la répression. Le nouveau gouvernement désormais pro-Pékin prépare une loi d’extradition qui permettrait d’envoyer dans l’obscurité du système répressif chinois tout militant pro-démocratie. Les manifestations reprennent et sont cette fois noyées dans le sang avec l’aide des mafia locales.

抗疫救港Prenant la forme de dessins de presse destinés à illustrer des évènements ou séquences spécifique de cette lutte, ce qui touche le plus dans ce témoignage ce sont les réflexions personnelles de ce jeune auteur qui réalise brutalement que les normes qu’il croyait inébranlables en matière de libertés publiques et d’expression démocratique pouvaient voler en éclat de manière très violente, très rapide. Son invitation aux citoyens des pays libres à jauger la solidité de leurs institutions et à rester extrêmement vigilants sur l’attitude de leurs gouvernants en matière de respect démocratique est très émouvant et sonne comme une alarme en cette époque d’Etat d’urgence permanent et d’acceptation de restrictions progressives.

Pas a proprement parler une BD non plus qu’un reportage presse, Hong-Kong une cité déchue apparaît plus comme un carnet intime d’un témoin d’une violence sans pareil. Les lacrymo, matraquages et éborgnements par flashball nous interpellent particulièrement en France après l’épisode des gilets jaunes en nous obligeant à comparer ce que nous considérons comme une France démocratique et ce que Kwong-Shing Lau considérait comme une Hong-Kong démocratique. Bien sur il y a des morts là-bas, bien sur il y a un gouvernement autoritaire derrière, bien sur les mafias sont impliquées avec le gouvernement local. Mais c’est bien notre perception de citoyens et notre responsabilité de vigie démocratique qui est directement interpellée.

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Le dernier souffle

La BD!
BD de Thierry Martin
Soleil (2021), 218p., One-shot.

L’ouvrage est à l’origine une publication instagram de l’auteur qui avait proposé une image par jour en construisant l’intrigue au fur et à mesure. Une édition reliée est ensuite sortie en financement participatif sur Ulule, avant cette édition bichromie chez Soleil.

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bsic journalism Merci aux éditions Soleil pour leur confiance.

Avec la piraterie le genre Western a le vent en poupe et inspire fortement les auteurs avec beaucoup d’albums depuis quelques années. Alors que Grand-Angle s’apprête à sortir le 3 novembre prochain un exceptionnel album anthologique avec la fine fleur du dessin BD (préparez vous, c’est impressionnant), Soleil permet à ceux qui sont déconnectés ou qui ont raté le financement participatif de découvrir le travail, lui aussi impressionnant, de Thierry Martin. Je ne connaissais pas cet auteur et j’ai été bluffé par sa maîtrise du cadrage, du découpage et même du dessin technique tant avec une économie de moyens il parvient à nous plonger, sans textes, dans cette traque qui respire la vengeance, le sang, la nature.https://media.sudouest.fr/6655119/1200x-1/dernier-souffle-110.jpg

Au fil de ces deux-cent pages (où la bichromie n’apporte pas grand chose…) nous suivons la vengeance d’un chasseur nocturne envoyé protéger son mentor contre une bande de portes-flingues envoyés en hordes, tantôt dans une forêt impénétrable, tantôt dans la petite ville enneigée. L’exercice de style place tout sur la mise en scène et en la matière on peut dire que l’auteur percute à chacune de ses cases. L’histoire est moins limpide et on ne lui en voudra pas étant donné le processus évolutif. Le format italien apporter un vrai plus avec cet effet cinématographique recherché comme l’essence du projet. Le genre western n’a jamais axé ses points forts sur les intrigues et sied parfaitement à une histoire muette. La rage est visuelle, on ressent le mouvement à chaque instant entre deux silences (oui-oui!) et l’on se dit par moments que finalement le verbe est peut-être plus un encombrement dans les histoires de l’Ouest… Rappelant par moments les débuts de Ronan Toulhoat dans son brut visant l’efficacité avant-tout, Thierry Martin marque les esprits en inscrivant un projet personnel et non commercial dans la Légende de l’Ouest. A savourer pour tous les amoureux des colt et des cache-poussière…

2019 - Dernier souffle page 171 par Thierry Martin - Illustration

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***·BD·Graphismes·Un auteur...

Wild West

Un auteur...
BD de Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat
Financement participatif sur Kisskissbankbank (2020), 166p. n&b., one-shot(?).

couv_386333L’ouvrage est en format à l’italienne avec tranche toilée, titre à vernis sélectif. La BD proprement dite comprend trois « rocambolesques aventures du Juge Laudermilk » intercalée par des illustrations réalisées par Ronan Toulhoat lors d’un Ikntober. Outre les illustrations intérieures, un carnet de croquis de vingt-deux pages est inséré à la fin, ainsi qu’une page de remerciement suivant les « gains » choisis par les enchérisseurs.

Le financement original prévoyait 8500€ et a été financé à 200%. Le palier raté prévoyait une histoire supplémentaire.

Cela fait quelques temps que je regarde passer des projets de financement participatif, souvent pour des artbook, parfois pour des BD. Très attaché à l’idée de création collaborative, de Libre et de circuits courts et alternatifs, ces financements autonomes de projets créatifs me donnent envie d’aider. Malheureusement beaucoup de ces projets ne sont pas vraiment professionnels et parfois un peu chers (comme ce  gros artbook de Frank Cho que j’ai laissé passer en raison de son coût, prouvant que même les plus grands passent par ces circuits). Ces financements permettent en outre à de petits éditeurs de préfinancer des suites de séries souvent excellentes.

Je me suis donc laissé tenter par celui-ci car (vous ne serez pas surpris si vous suivez ce blog depuis quelques temps), Ronan Toulhoat est un de mes dessinateurs favoris. J’ai découvert son duo à l’époque du semi-professionnel, j’ai suivi toutes ses séries depuis, toujours excellentes, et suis toujours sidéré par les progrès et la quantité de dessins/travail qu’il produit et qu’il montre en ligne. Je ne m’aventurerais pas à juger l’activité de certains auteurs mais il est très satisfaisant de voir qu’un dessinateur autodidacte parvienne à publier aussi régulièrement, parfois plusieurs albums dans l’année et qu’il rencontre un succès mérité. Certains ont un talent évident, certains sont des bûcheurs. Au final les lecteurs que nous sommes comparent ce qu’ils voient. Et Ronan Toulhoat en montre de sacrées quantités. J’ai parfois été déçu par ses partis pris graphiques, notamment en matière de colorisation. Mais la qualité de ses encrages, son sens du mouvement, du cadrage et du ressenti en font pour moi un des meilleurs dessinateurs actuels, même si d’autres peuvent paraître plus techniques.Ronan Toulhoat - Graceful par Ronan Toulhoat - Illustration

Et cet album alors? Le dessinateur présente régulièrement des illustrations dans des univers balisés que ne lui permettent pas d’explorer ses séries en cours. C’est le cas du Western donc, mais aussi du Napoléonien, Victorien, bref, partout où son univers noir et rageur se trouve bien. Je regrette que le duo travaille depuis si longtemps sur l’époque médiévale (spécialité de Vincent Brugeas) et j’ai trouvé cette occasion d’aller voir du côté de l’Ouest à point nommé. Le premier point positif est l’excellent personnage Ronan Toulhoat (@RonanToulhoat_) | Twitterimprobable de juge itinérant que nous découvrons au travers de courtes BD humoristiques inégales. Le Juge Laudermilk troisième du nom parcourt les contrées sauvages et villes nouvelles dans sa diligence servant de bureau comme de tribunal, accompagné de Chochanna, pilote de l’attelage et fine tireuse avec sa carabine à lunette, ainsi que son aide de camp chicanos Igor, pas bien malin, à peu près muet et toujours utile pour profiter des situations et engranger des dollars dans la mise en place de belles arnaques… Si la première histoire est très chouette, la seconde m’a laissé sur ma faim avec une impression de redite. Chacune de ces trois histoires annonçant la fin de l’épisode, on peut imaginer une future série en bonne et due forme pour peu qu’un éditeur suive. L’équipe fictive du juge a du potentiel pour une courte série de one-shots ou en format histoires courtes.

Juicy par Ronan Toulhoat - IllustrationLes illustrations « Inktober » qui s’intercalent entre les BD sont très réussies et inspirées. Les textes qui les accompagnent en regard sont en revanche très dispensables et apparaissent vraiment forcés. C’est dommage car Vincent Brugeas sait écrire et pouvait produire quelques courtes nouvelles d’ambiance… qui auraient entraîné une plus grosse pagination mais enrichi le projet. Je suis surpris par ce choix qui utilise très peu la page de regard donc.

Toulhoat, Ronan - Para-BDEnfin, la partie « illustrations libres » est très diverse, entre des crayonnés à peine posés, de superbes encrages et quelques couleurs. C’est vraiment du carnet de croquis encore chaud. Cela permet de voir une authenticité qui conviendra aux vrais fans que sont certainement les participants à ce projet.ronan.toulhoat

Il ressort de ceci le plaisir du graphisme « direct from the pen » et le rappel que les éditeurs servent parfois aussi à modeler un projet. Par les temps qui courent où l’on voit sur les rayonnages des librairies des albums pas finis et qui semblent avoir loupé l’étape éditoriale, on pourra difficilement reprocher ces quelques manques à un travail très pro et fidèle à ce qui était annoncé. A coup sur si les deux inséparables poursuivent cette initiative sur d’autres thèmes Inktober, ça peut devenir aussi indispensable qu’un Sketchbook Comixburo

ronan.toulhoat

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Hate, chroniques de la haine

La trouvaille+joaquim
Comic d’Adrian Smith,
Glénat (2017) -Top Cow, 249 p. n&b, one-shot.

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Adrian Smith est l’un des designers de l’univers Warhammer. Il y a trois ans il proposait aux amateurs de BD de découvrir une odyssée barbare dans la quintessence de la Dark Fantasy que les joueurs de wargames Game Workshop connaissent bien. Libre de toute contrainte il nous narrait l’itinéraire de Ver, insignifiante créature humanoïde, difforme, pourvue de trois jambes, que le destin a placé en possession d’un parchemin capable de libérer la Déesse Nature, emprisonnée par des rois-barbares sanglants… A noter que l’album comprend un cahier final de portraits de guerriers, très poussés… souvent plus que les pages de l’album lui-même…

Il serait abusif de parler de Bande-Dessinée à Hate, l'heroic fantasy sombre et violente d'Adrian Smithpropos de Hate. D’une par car il faut bien l’avouer, le scénario est totalement insignifiant et simple prétexte à dessiner les pérégrinations du très sympathique personnage au sein de landes terrifiantes, de batailles sanglantes et de cavernes putrides. Étonnamment c’est ce petit personnage muet et insignifiant qui est la première réussite du livre! On peut se demander pour quelle raison l’auteur a tout de même voulu placer de-ci de-là quelques bulles agrémentées de borborygmes ou de phrases le plus souvent réduites à un mot. Des récits graphiques totalement dépourvus de texte existent déjà  (genre Saccage ou Tremen) et la page préliminaire résumant l’intrigue se suffit à elle-même, d’un texte bien écrit pour nous mettre dans l’atmosphère sombre et désespérée de ce monde. Pour résumer, le héros doit récupérer plusieurs clés destinées à libérer Gaïa et reconquérir le monde naturel de la pourriture des empires guerriers humains. Frêle et seulement capable de fuir, il affronte des hordes démoniaques et des guerriers chaotiques féroces… bien.HATE - LES CHRONIQUES DE LA HAINE (Adrian Smith) - Glénat Comics ...

Ce que recherche l’auteur c’est nous livrer les visions de son monde noir, dégénéré, fait de perversions corporelles. L’ouvrage aurait pu s’appeler Hell tout aussi bien tant on a rarement été aussi près d’une vision infernale en BD (hormis sans doute le Requiem de Ledroit). Aux férus de Warhammer qui attendent des légions guerrières rangées et leurs champions chevauchant des dragons, on est plus près de l’univers de Brom fait de racines vivantes, de vomissures et de créatures difficilement reconnaissables comme humaines. Cela notamment car Smith adopte une technique toute numérique, travaillant principalement sur les ombres et reflets, qui parfois est difficilement lisible. Adoptant une brosse en peigne, il crée un effet de flou très perturbant lorsqu’on ouvre le livre pour la première fois, en se demandant si l’on n’a pas attrapé une impression ratée. Il faut donc lire le livre en pleine lumière, pas trop près (ça tombe bien, le magnifique tirage de Glénat est grand format et très confortable). Le bénéfice ressort sur certaines planches par l’impression d’une quasi photo, de reflets métalliques qui nous rapprochent… des figurines Warhammer!

Hate - Les chroniques de la haine de Adrian Smith - BDfugue.comLa taille du projet, la pagination énorme, entraîne malheureusement Smith à privilégier certaines pages en laissant d’autres pratiquement à l’état de rough. Cela peut s’entendre par moment mais ici on aurait aimé que l’ouvrage soit plus resserré (le scénario le permettait clairement) pour permettre à Adrian Smith de se concentrer sur plus de beaux tableaux poussés à fond. On débouche ainsi sur les défauts classiques de nombre d’ouvrages de dessinateurs un peu trop gourmands et qui oublient qu’un récit nécessite une narration, qu’elle soit graphique ou textuelle. L’insertion d’une galerie de guerriers à la fin est tout à fait éclairante sur, peut-être, la conscience de l’auteur qu’il n’est pas totalement parvenu à ses fins et qu’il n’est jamais meilleur que sur de l’illustration libre. Il n’en demeure pas moins que le projet est phénoménal et propose une intrusion dans le monde noir de l’auteur et de toute une facette de l’imaginaire collectif. Personnellement je reste plus féru d’artistes qui concluent tels Brom ou Frazetta mais si vous aimez la Dark Fantasy, la lecture de ce pavé vaut le coup.

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Hate, l'heroic fantasy sombre et violente d'Adrian Smith

Lush & Bloody War In CHRONICLES OF HATE, BOOK 2 Preview - MATURE ...

****·Cinéma·Graphismes·Rétro

Visionnage: La passion Van Gogh

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Film d’animation anglo-polonais de Dorota Kobiela et Hugh Welchman (2017)

Les films d’animation j’adore ça et il y en a beaucoup! Le problème c’est que les dessinateurs et réalisateurs aiment à expérimenter des formes novatrices qui ne s’accommodent pas toujours d’une narration fluide (un film reste un film et pas simplement de belles images, un peu comme pour la BD). Récemment j’ai chroniqué la Tortue rouge, film novateur, ambitieux, primé et assez contemplatif. De plus en plus j’ai constaté qu’une technique impressionnante est mise en avant (grâce à l’ordinateur souvent), parfois en privilégiant trop la forme. Dans le même temps l’ordinateur permettant à peu près tout, on est régulièrement perturbé par une forme visuelle qui nous interpelle en se demandant la part de technique physique et numérique. Ainsi sur Adama qui avait tout d’une très belle technique 3D et s’avérait finalement d’une technique mixte de sculpture modélisée ensuite à l’ordinateur.Image associée Lorsque j’ai vu la bande annonce de « Loving Vincent » j’ai bien entendu été impressionné par le rendu d’une grande fluidité mais également convaincu qu’il s’agissait d’animation informatique… ce qui n’est pas le cas. Le projet du film est dès l’origine de réaliser le premier métrage entièrement peint à l’huile dans le style de Vincent Van Gogh. La peintre polonaise Dorota Kobiela envisageait à l’origine un court-métrage étant donnée l’immensité de la tâche et a été convaincue par son ami le producteur primé Hugh Welchman et l’arrivée de financement inattendus (tout ceci est expliqué dans le making-of passionnant inclu dans le DVD). S’est alors mise en place une logistique entre Londres et la Pologne prévoyant un tournage avec acteurs anglo-saxons (relativement connus) sur fond vert puis une véritable usine à peinture rassemblant à terme une centaine de peintres expérimentés dans la technique à l’huile qui ont produit pas moins de 65.000 peintures… Image associéeVous avez bien lu! Sur le fonds ce film utilise donc une technique très connue, le principe de la rotoscopie  qu’utilisait Disney sur ses premiers films et qui permet une fluidité sans égal puisque l’on dessine sur la pellicule tournée avec acteurs. L’animation est très gourmande en dessins puisque plus c’est fluide plus il y aura eu de dessins. Peut-être que l’ordinateur permet aujourd’hui de calculer des transitions plus économiques mais en traditionnel il n’y a pas d’autres alternative.Résultat de recherche d'images pour "loving vincent"

Et donc sur La passion Van Gogh les dessins sont remplacés par des peintures à l’huile, avec la différence de temps de réalisation que vous imaginez entre les deux. C’est proprement hallucinant et il semble que le film n’ait pas mis plus de temps à être réalisé (six ans) qu’un film en Stop Motion, une des techniques d’animation les plus gourmandes en temps. Avec un budget économe (étant donné le temps de peinture à payer cent personnes à temps plein) de 5.5 millions de dollars pour une recette de 42 millions, il est très agréable de voir qu’une telle aventure peut plaire au publie et devenir rapidement rentable et faciliter mécaniquement les projets ambitieux d’autres personnes. Cela car les auteurs ne se sont pas contentés de reprendre les thèmes graphiques de l’oeuvre de Van Gogh, partant de ses tableaux pour les lieux, de ses personnages pour construire une histoire policière: le fils d’un ami du peintre part à Auvers pour interroger les dernières personnes à l’avoir vu vivant et mets en doute la thèse du suicide… Image associéeSi la grande ressemblance des personnages animés avec leur acteur et la fluidité de l’animation peut parfois nous sortir un peu de l’univers graphique de Van Gogh, le résultat final est très enthousiasmant et fascinant quand à l’imaginations sans fin des artistes et du cinéma d’animation en général. Je ne saurais que trop vous conseiller ce visionnage qui en outre vous donnera peut-être comme à moi l’envie de mieux connaître la peinture du néerlandais à l’oreille coupée!

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