Récit complet en 144 pages, écrit et dessiné par Richard Blake. Parution en France chez Urban Comics le 26/04/2024.
Merci aux éditions Urban pour leur confiance.
Monde à l’envers
L’an 4044 est pour l’Humanité un âge de merveilles et de découvertes. En effet, un passage vers un autre monde a été trouvé, un monde qui ne répond pas aux mêmes règles que le nôtre, un territoire nouveau à explorer. Pour ce faire, des cartographes ont été missionnés dans ce que l’on nomme désormais La Passerelle.
Parmi ces courageux explorateurs, on trouve Jacob et Elena Armlen, un couple de cartographes, chargés de créer une carte la plus complète possible. Mais les choses ne se passent pas comme prévu: pris ce court par les insaisissables paysages et l’architecture changeante de La Passerelle, Jacob et Elena sont portés disparus, sans que l’on sache s’ils se sont perdus, ou s’ils ont fait les frais d’une mauvaise rencontre avec les entités potentiellement malicieuses qui pourraient peupler cette dimension étrange.
Le couple de cartographes a laissé derrière lui la petite Adley, jeune presciente dotée de capacités psychiques hors-normes qui lui permettent d’explorer mentalement l’autre monde. Sans nouvelles de ses parents, la jeune fille est prise en charge par leurs confrères, qui se servent de ses dons pour développer Staden, une IA extrêmement avancée qui deviendra bien vite le meilleur ami de la jeune fille.
Une fois Adley devenue adulte, ses dons sont suffisamment affutés pour lui permettre de percevoir ses parents par delà la barrière qui sépare les mondes. La jeune femme décide de mener une mission de sauvetage, avec le précieux concours de Staden.
Le duo réussira-t-il à retrouver les cartographes disparus ? Pourront-ils percer à jour les mystères de la Passerelle et de ses habitants énigmatiques ?
Horizons Obliques est le premier album réalisé par Richard Blake, un peintre new-yorkais qui a répondu à un désir d’explorer des contrées inconnues, tout comme sa protagoniste Adley. L’idée est de dépeindre des paysages vastes et fragmentés, des panoramas déstructurés et de vastes horizons surréalistes.
On sent à la lecture de l’album le soin apporté par l’artiste à la mise en page des planches, ainsi qu’à la variété des cadrages, pour lequel on ressent une forte influence européenne. Il faut avouer que la qualité des dessins a de quoi laisser sans voix, que ce soit dans le character design ou dans les impressionnantes architectures mouvantes façon Inception que le dessinateur déploie dans les séquences d’exploration.
S’agissant du scénario en lui-même, on ne décèle pas d’incohérence ni de faux-pas, bien que l’on puisse déplorer une exploration quelque peu superficielle des concepts déployés par sa prémisse.
En effet, l’idée de faire évoluer des personnages humains ou semi-humains dans des environnement « non-euclidiens » est tout à fait lovecraftienne, et fait donc naturellement pencher l’histoire du côté de l’horreur cosmique, ce qui aurait permis d’exploiter la folie induite par un contact avec des entités inhumaines et incompréhensibles.
Ce décalage avec nos attentes (toutes personnelles) n’enlève néanmoins rien à la qualité de l’ensemble, surtout si on prend en compte les talents de créateur d’univers déployés par Richard Blake.
Une belle sortie à mettre dans les bibliothèques des amateurs de SF et de beaux graphismes !