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Horizons obliques

Récit complet en 144 pages, écrit et dessiné par Richard Blake. Parution en France chez Urban Comics le 26/04/2024.

Merci aux éditions Urban pour leur confiance.

Monde à l’envers

L’an 4044 est pour l’Humanité un âge de merveilles et de découvertes. En effet, un passage vers un autre monde a été trouvé, un monde qui ne répond pas aux mêmes règles que le nôtre, un territoire nouveau à explorer. Pour ce faire, des cartographes ont été missionnés dans ce que l’on nomme désormais La Passerelle.

Parmi ces courageux explorateurs, on trouve Jacob et Elena Armlen, un couple de cartographes, chargés de créer une carte la plus complète possible. Mais les choses ne se passent pas comme prévu: pris ce court par les insaisissables paysages et l’architecture changeante de La Passerelle, Jacob et Elena sont portés disparus, sans que l’on sache s’ils se sont perdus, ou s’ils ont fait les frais d’une mauvaise rencontre avec les entités potentiellement malicieuses qui pourraient peupler cette dimension étrange.

Le couple de cartographes a laissé derrière lui la petite Adley, jeune presciente dotée de capacités psychiques hors-normes qui lui permettent d’explorer mentalement l’autre monde. Sans nouvelles de ses parents, la jeune fille est prise en charge par leurs confrères, qui se servent de ses dons pour développer Staden, une IA extrêmement avancée qui deviendra bien vite le meilleur ami de la jeune fille.

Une fois Adley devenue adulte, ses dons sont suffisamment affutés pour lui permettre de percevoir ses parents par delà la barrière qui sépare les mondes. La jeune femme décide de mener une mission de sauvetage, avec le précieux concours de Staden.

Le duo réussira-t-il à retrouver les cartographes disparus ? Pourront-ils percer à jour les mystères de la Passerelle et de ses habitants énigmatiques ?

Horizons Obliques est le premier album réalisé par Richard Blake, un peintre new-yorkais qui a répondu à un désir d’explorer des contrées inconnues, tout comme sa protagoniste Adley. L’idée est de dépeindre des paysages vastes et fragmentés, des panoramas déstructurés et de vastes horizons surréalistes.

On sent à la lecture de l’album le soin apporté par l’artiste à la mise en page des planches, ainsi qu’à la variété des cadrages, pour lequel on ressent une forte influence européenne. Il faut avouer que la qualité des dessins a de quoi laisser sans voix, que ce soit dans le character design ou dans les impressionnantes architectures mouvantes façon Inception que le dessinateur déploie dans les séquences d’exploration.

S’agissant du scénario en lui-même, on ne décèle pas d’incohérence ni de faux-pas, bien que l’on puisse déplorer une exploration quelque peu superficielle des concepts déployés par sa prémisse.

En effet, l’idée de faire évoluer des personnages humains ou semi-humains dans des environnement « non-euclidiens » est tout à fait lovecraftienne, et fait donc naturellement pencher l’histoire du côté de l’horreur cosmique, ce qui aurait permis d’exploiter la folie induite par un contact avec des entités inhumaines et incompréhensibles.

Ce décalage avec nos attentes (toutes personnelles) n’enlève néanmoins rien à la qualité de l’ensemble, surtout si on prend en compte les talents de créateur d’univers déployés par Richard Blake.

Une belle sortie à mettre dans les bibliothèques des amateurs de SF et de beaux graphismes !

****·BD·La trouvaille du vendredi·Rétro·Un auteur...

Requiem, chevalier vampire

BD de Pat Mills et Olivier Ledroit
Nickel – Glénat (2010/2024), 48p./album, 11 tomes parus.

La carrière d’Olivier Ledroit n’a pas été un long fleuve tranquille. Issu du monde du jeu de rôle, il rencontre très tôt François-Marcela Froideval, l’équivalent des années 1990-2000 de Jean-Luc Istin, à la tête de pléthore de séries développant l’univers de dark fantasy qu’il affectionne et partageant avec Ledroit un esprit Dark-metal que l’on retrouve dans Requiem. Ledroit et Froideval deviennent immédiatement célèbres avec les Chroniques de la Lune noire, où la progression graphique du dessinateur est fulgurante et s’arrête au troisième tome (sur vingt en un) bien qu’il continue d’illustrer l’intégralité des superbes couvertures qui ont fait sa renommée. Après le somptueux diptyque lovecraftien Xoco (sa meilleure œuvre jusqu’ici) Ledroit rencontre son scénariste de Requiem sur la très ambitieuse mais royalement bordélique Sha où l’on peut trouver le meilleur comme le pire de l’artiste, avant de tenter une aventure post-apo solo radicale dont les mauvaises ventes scelleront le sort. Sans doute frustrés du manque de soutien de l’éditeur, les deux compères décident de monter leur propre structure pour publier ce qu’ils savent être le plus casse gueule des projets BD depuis longtemps.

Car Requiem, plus longue série de Ledroit depuis le début de sa carrière, est une œuvre certes imparfaite (notamment du fait de textes semblant créés par un adolescent) mais totalement radicale, sans filet et où il met tout ce qui lui fait envie sans jamais de contrainte, au risque parfois d’un grand n’importe-quoi. Il faut songer que si le bonhomme a plutôt réussi sa trilogie solo Wika, l’absence de contrainte et de partenaire créatif peut l’amener au pire narratif comme sur sa série du Troisième oeil en cours de publication chez Glénat. Pour finir cette chronologie, Requiem s’est stoppé au onzième tome et il aura fallu dix ans et une variation beaucoup plus lumineuse (Wika donc) de sa démesure, avec une carte blanche laissée par l’ogre Glénat pour que la série soit rachetée, réeditée avec de nouvelles couvertures, avant la conclusion prévue en deux nouveaux tomes dès ce mois de mai. Il est amusant de voir que Ledroit revient au final à l’éditeur qui l’a lancé puisque les éditions Zenda (créatrices des Chroniques de la Lune noire) ont été reprises par Glénat, et que seul cet éditeur qui ne craint pas des pertes sur une série, pouvait se permettre de reprendre une création aussi radicale.

Car pour venir à la BD elle-même, Requiem repose sur un concept qui justifie toutes les outrances: l’Enfer est un espace-temps spécifique doté de ses dieux, son bestiaire et sa morale. Les perversions y ont toute leur place et le dessinateur peut laisser libre cour à toutes les orgies sexuelles, SM, d’éviscérations gores et autres tortures joyeuses. Cela ne surprendra pas les lecteurs de la première heure mais on peut dire que les Chroniques n’étaient qu’un amuse bouche et que Wika est le pendant graphique côté féérique. Outre la création d’un univers où Ledroit se permet un agglomérat de dark fantasy, de dark SF, d’ésotérisme et de pas mal de mauvais gout, Requiem est une véritable orgie graphique de la première à la dernière page et insère quelques idées sublimes comme cette reprise de Jerome Bosch au tome 7 en basculant les pages, jeu de composition qu’adore l’auteur.

L’intrigue suit Heinrich, un nazi assumé amoureux d’une juive qu’il va trahir et retrouver lors de son passage en Enfer. Mais dans l’écosystème de valeurs inversées, les plus affreux salauds se réincarnent ici en la caste la plus élevée, les Chevaliers vampires, quand les victimes se retrouvent en âmes errantes, condamnées à éliminer leurs premiers bourreaux afin d’échapper à ce monde dantesque. On retrouve ainsi du Roméo et Juliette avec un traitement cynique qui pourra en déranger certains à hauteur des outrances visuelles dont raffole le dessinateur. Ainsi, sans jamais justifier les horreurs nazies les auteurs tentent de rester cohérents avec leur univers en laissant leurs personnages se gorger d’abominations où les monstres gagnent souvent (de Torquemada aux nazi donc). Tentant de construire un monde inversé cohérent, le sadisme, l’antisémitisme, le masculinisme, l’antiféminisme qui peuvent transparaître dans le monde de Résurrection sont logiques et c’est ce qui est fascinant dans cette saga qui reste constamment sur le fil du mauvais gout, de l’immoralité créative, perturbante, sans jamais faire l’erreur de se vautrer dans l’abjection des personnages. Il y a un courage certain à ne pas redouter de rendre puissantes des ordures et faibles les victimes. La progression narrative laisse poindre si ce n’est un happy-end moral du moins un rééquilibrage vers plus de justice, et pourquoi pas in fine un triomphe de l’amour…

En suivant une intrigue simple et peu de personnages au sein d’un maelstrom de décorum pléthorique, on frise souvent l’overdose, chaque album semblant apporter son nouveau clan, son nouveau personnage (un peu comme dans les Chroniques…) mais la finesse de la trame (pendant que Requiem court après Rebecca, c’est la guerre sur Résurrection) permet au final de ne pas se perdre. Car la structure de la BD reste un caprice alternant les combats et batailles plus vite que l’on tourne les pages.

Ce trop plein pourrait lasser les plus fervent amoureux du travail de Ledroit si la série ne débordait de trouvailles visuelles, thématiques et parfois même de réflexion, qui feront passer les grosses lourdeurs très dispensables comme cette offensive de musiciens Metal totalement WTF, gratuite… et surtout inutile.

Cette chronique doit se terminer mais j’espère vous avoir convaincu de vous lancer dans l’aventure avec le luxe de pouvoir vous enfiler quasiment la totalité de la série maintenant que la conclusion est toute proche. L’expérience est unique!

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***·BD·Rétro

Le Souffle du Wendigo

Récit complet en 48 pages, écrit par Mathieu Missoffe et dessiné par Charlie Adlard. Parution en 2020 aux éditions Soleil.

Wendigo, where did you com from, where did you go ?

En 1917, la guerre des tranchées a décimé les armées française et allemande dans des conditions qui dépassent l’entendement, et qui ont fait franchir au concept de guerre un point de non-retour.

Depuis maintenant 3 ans, le Sergent Chereau, Lubin et Clovis vivent terrés dans leurs tranchées, dans un quotidien rythmé par les massacres inutiles et les assauts mal planifiés. Au milieu de tout ce chaos, le commandement constate de nombreuses disparitions dans les rangs. Des sentinelles ne reviennent pas de leur ronde, ce qui laisse penser que le régiment subit des désertions à répétition.

Toutefois, un beau matin, après que deux nouvelles sentinelles se soient volatilisées, les allemands d’en face hissent le drapeau blanc. Eux aussi subissent des pertes inexpliquées. Il ne s’agit donc pas de simples désertions, quelqu’un s’en prend aux soldats des deux camps sur le champ de bataille. Une trêve est donc décidée, pour que six soldats, français et allemands investiguent et capturent le ou les coupables. Un septième soldat, améridien mystérieux, est également dépêché. Chereau, Lubin, Clovis, doivent donc collaborer avec Wolfe, Lucius, et Berger, pour suivre la traque de Wohati, qui semble en savoir bien plus qu’il n’y paraît sur la menace qui plane dans les tranchées.

Charlie Adlard, ce n’est pas que The Walking Dead. Le dessinateur britannique a déjà fait des incursions dans le marché français avec Vampire State Building, et on a pu le lire plus récemment sur des titres indé comme Damn Them All.

Mathieu Missoffe est quant à lui un scénariste qui s’est fait un nom à la télévision, notamment en écrivant des téléfilms et séries télévisées. Cet album est sa seule publication en bande dessinée. Alors, que vaut ce Souffle du Wendigo ?

Tout d’abord, parlons du pitch, qui invoque la figure mythologique et horrifique du Wendigo. On trouve généralement cette créature sur son territoire originel canadien, il est donc rafraîchissant de le propulser dans un cadre inhabituel tel que la guerre des tranchées. Le scénariste parvient, malgré la brièveté du format, à développer le lore mythologique autour de cette légende sans briser le rythme.

Le Wendigo étant le plus souvent une allégorie de la voracité et de l’égoïsme, on est en droit d’attendre un renforcement thématique ou en tous cas, un parallèle avec les horreurs de la guerre. On peut dire que c’est le cas, mais de manière plutôt superficielle, étant donné que l’histoire s’éloigne rapidement des fameuses tranchées. On regrette en revanche que les personnages manquent d’épaisseur et de caractérisation, ce qui entrave la montée progressive en tension au fur et à mesure que le casting succombe à la sauvagerie de la créature.

L’un des enjeux principaux de l’album était aussi de voir collaborer des soldats français et allemands contre un ennemi commun, mais on constate avec regret que le trio allemand collé au basque de notre trio français ne bénéficie d’aucun temps fort, ni d’aucune mise en lumière qui aurait permis d’illustrer le thème, rendant leur présence presque superflue.

Le Souffle du Wendigo portait en lui les ingrédients d’une bonne série B d’action à la façon d’un Overlord, aidé par un casting fourni et engageant. Malheureusement, l’album paie son format trop court, ce qui entrave la mise en place d’éléments qui auraient contré ces défauts. On met tout de même 3 Calvin, grâce à la partie graphique assurée avec brio par Charlie Adlard.

**·***·BD·Nouveau !·Service Presse

Blood Moon

Récit complet en 110 pages, écrit et dessiné par Bones. Parution au Label 619 le 14/02/24.

Walking on the Blood

Il y a des gens à qui on promet la Lune, et puis, il y a des gens que l’on y envoie. Depuis quelques décennies, le satellite naturel de la Terre fait l’objet d’une colonisation et d’une exploitation minière. Qui dit industrie dit nécessairement main d’œuvre surexploitée et conditions de travail déplorables.

Benjamin est le shérif de la colonie minière, dans laquelle des milliers d’ouvriers s’usent la santé. Évidemment, qui dit ouvriers esseulés, dit également alcool et distractions sordides, ce à quoi même Benjamin ne déroge pas. Le quotidien de la station lunaire est bousculé lorsque, pour la première fois de son histoire, elle devient le théâtre d’un meurtre, le premier meurtre lunaire.

Un corps crucifié et atrocement mutilé est retrouvé dans la froideur de l’atmosphère lunaire, affublé de l’inscription « BM » et c’est à Benjamin qu’il revient de tirer tout ça au clair.

Maintenant que le Label 619 est bien relancé et que les rumeurs de son déclin se sont tues, il était grand temps que l’éditeur lance sa série de one-shots « Lowreader présente », sur l’ancien modèle de Doggybags.

C’est Bones qui ouvre le bal avec un récit d’horreur spatiale, qui emprunte autant à Total Recall qu’à Lovecraft. On appréciera l’ambiance oppressante de la station lunaire, où l’encrage appuyé et les clairs-obscurs déployés par l’auteur accentuent le mal-être.

La menace est sourde et peut surgir de nulle-part, au fil d’une enquête dont le début est bien ficelé. Cependant, la suite perd un peu le rythme, malgré quelques rebondissements entrecoupés d’échanges cryptiques avec les habituels personnages-qui-en-savent-plus-que-ce-qu’ils-disent.

La fin du récit pourra paraître bancale à certains lecteurs, mais aura le mérite de ramener Bones dans ce qui l’a fait connaître, à savoir l’horreur lovecraftienne. Si le récit en lui-même souffre de quelques faiblesses, la partie graphique demeure assurée avec brio, ainsi qu’une maîtrise croissante, voire une aisance de la part de l’auteur.

On aurait été en droit d’attendre un récit plus ambitieux et mieux rythmé, mais la partie graphique et la patte distinctive de Bones sont à même de nous faire oublier ces quelques défauts.

L’avis de Blondin:

On peut dire que je l’attendais le retour de Bones, après les mésaventures de la chute de Sandawe, l’excellent éditeur participatif qui avait publié le début de Dessous, la trilogie lovecrafto-vernienne qui m’avait tout à fait enthousiasmé (et dont la conclusion est attendue cette année normalement). Éditeur qui avait lancé un certain Philippe Pelaez également, auteur incontournable ces dernières années. L’annonce d’un thriller spatial crasseux par cet auteur était du genre à me le faire acheter les yeux fermés, après le superbe Shadow Planet… pourtant je dois dire que j’ai été fort déçu par cette lecture, tant sur le plan graphique (que j’ai trouvé brouillon par rapport à ce qu’il a proposé précédemment) que sur une intrigue qui semble ne jamais vraiment dépasser le stade du pitch et de la bande-annonce. Ainsi une fois passées les premières découvertes macabres on peine à caractériser les personnages (trop rapidement présentés) et l’enchainement final se fait en pilote automatique profitant de scènes d’action débarquant de nulle part vers un final peu compréhensible. Et la désagréable impression d’un nouveau projet purement graphique d’un dessinateur qui a oublié de travailler son script. Étonnant de la part du très bon scénariste de Dessous. Un coup dans l’eau donc, en attendant une probable intégrale de Dessous chez Rue de sèvres…

***·East & West·Jeunesse

Les Missions du GRRRR #2 Opération: le Feu au lac

Second volume de 160 pages, par Scott Magoon. Parution en France chez Albin Michel le 06/09/2023.

Kung Fu Mammouth

Le Groupe de Rangers à la Rescousse de la TeRRe reprend du service pour un second tome. Après avoir remis la main sur une corne de Licorne de Sibérie datant du pleistocène, aux propriétés régénératives, les animaux du GRRRR se sont défaits de l’influence néfaste de leur créateur, le Dr Z, dont les intentions étaient bien moins nobles que ne le laissait supposer son discours initial.

Voilà donc nos animaux pas-si-disparus libres de poursuivre leur destinée et leur mission de défense de l’environnement, avec en prime un nouveau membre. Mais comment faire sans l’infrastructure et les moyens du Dr Z ? Leur première idée est d’ouvrir un zoo pédagogique, avec une double intention: la première, celle de sensibiliser les foules sur le bien-être animal et le devenir de l’écologie; le seconde, capitaliser sur leur popularité afin de vendre des goodies et des photos, dans le but de financer leur infrastructure.

Cependant, ce choix n’est pas tout à fait du goût de Lug, le dernier des Mammouths Laineux, qui a vu sa famille périr dans un zoo lors d’un incendie lorsqu’il était enfant. Le valeureux pachiderme préfèrerait mille fois poursuivre ses missions de terrain, quitte à le faire sans argent. Et c’est d’ailleurs ce qu’il va faire, en quittant le groupe pour s’engager auprès des Paras du Feu, l’élite des pompiers que l’on parachute en plein coeur des incendies de forêts. Ce baptême du feu en Californie va confronter Lug à un mystérieux pyromane qui pourrait ne pas être étranger au GRRRR.

Scott Magoon poursuit le développement de son univers, dans lequel des animaux clonés et anthropomorphes issus d’espèces disparues font équipe pour éviter encore davantage d’extinctions. Le propos écologique est toujours présent, l’auteur substituant à la toundra sibérienne en pleine fonte les forêts californiennes transformées en brasier, comme c’est le cas chaque année dans le monde réel.

Alors que le tome 1 mettait le focus sur Scratch, le Tigre à dents de sabre, ce second volume se consacre à Lug et à son passé trouble. Les autres personnages sont encore en retrait, mais l’on gage que l’auteur aura à coeur de les développer dans les prochains volumes. L’action est présente tout au long de l’album, en alternance avec des passages plus pédagogiques, durant lesquels l’auteur explore le fonctionnement et les méthodes des pompiers parachutistes. Certaines séquences d’actions s’avèrent moins lisibles que les autres, comme la course-poursuite aérienne, mais rien qui vienne gâcher l’ensemble.

Comme pour le premier tome, l’album se termine par un cahier graphique et didactique présentant des espèces disparues, dans la continuité du concept initié par l’auteur.

****·Comics·East & West·Nouveau !·Service Presse

Superman Lost

Mini-série en 248 pages, écrite par Chrisopher Priest et dessinée par Carlo Pagulayan. Parution en France chez Urban Comics le 12/04/2024.

Merci aux éditions Urban pour leur confiance.

Lost & Found

Clark Kent, comme beaucoup d’entre vous le savent déjà, n’est pas seulement le journaliste introverti originaire du Kansas. C’est aussi le dernier fils de Krypton, une planète disparue dont la civilisation avancée n’a pu empêcher sa propre fin. Envoyé sur Terre par ses parents avant l’explosion de leur monde, Clark Kent, né Kal-El, a développé d’incroyables super-pouvoirs à la faveur de notre Soleil Jaune, et, sculpté par la morale de ses parents adoptifs, les a mis au service de l’Humanité.

Devenant Superman, l’Homme d’Acier, Clark a forgé une sorte d’idéal, vers lequel tendent tous les autres super-héros de son monde. Doté d’un charisme naturel, Superman dirige la Ligue de Justice, et sauve régulièrement le monde de la destruction, tout en menant une vie normale en tant que Clark Kent. Filant le parfait amour avec l’intrépide journaliste Lois Lane, on peut dire que Superman a une vie plus ou moins stable.

Cependant, lors d’une mission de routine, Superman rentre chez lui avec quelques heures de retard. Loin d’être inquiète, Lois s’agace même de ce retard inhabituel chez son surhumain de mari.

Clark, prostré au milieu du salon, n’est plus vraiment lui-même. Le regard dans le vague, il murmure à son épouse: « Je suis parti 20 ans… »

Aspiré par une singularité, le héros s’est perdu aux confins de l’univers, privé de ses pouvoirs. Comment a-t-il survécu ? Qu’at-il du sacrifier pour rentrer chez lui ?

Lois Lane va, à sa façon, soutenir son mari traumatisé tout en tentant de trouver un moyen de le sortir de sa torpeur.

Héros le plus emblématique du monde des comics, Superman est connu de toutes et tous, sans pour autant que les récits qui composent son histoire ne soient connus du grand public. Néanmoins, pour les lecteurs assidus, il sera clair que les meilleures histoires de l’Homme d’Acier sont celles qui font un pas de côté par rapport à l’icone du héros invincible, pour se permettre une analyse en miroir de la nature humaine, vue au travers du prisme surhumain.

En d’autres termes, Superman n’est jamais aussi intéressant que lorsqu’il est vulnérable. On en veut d’ailleurs pour preuve le fait que son comic le plus vendu est celui mettant en scène sa mort dans les années 90. Certains auteurs rivalisent donc d’ingéniosité pour trouver un moyen de priver le héros de sa force phénoménale. Ici, Christopher Priest met Superman face aux règles qui régissent l’Univers lui-même, à savoir les distances infranchissables qui séparent les étoiles, et la relativité du Temps.

Que peut donc faire l’Homme d’Acier face aux lois de la Physique ? Rien d’autre que s’adapter, autant qu’il le peut, impuissant face au défilement des années. S’en suit une odyssée au sens mythique du terme, durant laquelle Clark fera tout ce qu’il peut pour franchir un océan d’étoiles afin de regagner son foyer, tout en sachant que la femme qu’il aime n’est pas éternelle et qu’elle pourrait ne pas vivre suffisamment longtemps pour l’accueillir à son retour.

Pas de cyclope dans cette odyssée cependant, mais peut-être bien des sirènes, qui, au fil des années, pourraient dissuader Clark de rentrer chez lui. L’auteur met également le héros face à un reflet à peine déformé de la planète Terre, auquel il souhaite transposer sa vision du protectorat.

Les questions dramatiques de Superman Lost (un héros omnipotent peut-il s’affranchir des lois de la physique ? Peut-il encore être un héros si personne ne veut être sauvé ?) sont donc de celles qui produisent de bonnes histoires, d’autant plus si elles sont couplées à une partie graphique de qualité.

Malgré une intrigue qualitative et calibrée pour l’Homme d’Acier, on doit tout de même reconnaître que les intrigues secondaires, à savoir les machinations politiques sur la planète sur laquelle échoue Clark et les investigations journalistiques de Lois, alourdissent le propos sans forcément y apporter une plus-value.

Récit hors continuité, Superman Lost conviendra, pour toutes les raisons citées plus haut, à un large panel de lecteurs et pas nécessairement aux afficionados de la cape rouge.

***·BD·Nouveau !·Service Presse

Le système solaire: Mars & Jupiter

BD de Bruno Lecigne, Fabien Bedouel, Afif Khaled
Glénat (2024), 64p., One-shot. série en cours, 2/9 tomes parus.

Inclut un cahier documentaire illustré de 8 pages en fin d’album, bardé d’informations et de fiches techniques. Très intéressant pour se mettre à jour des connaissances qui évoluent très vite (saviez-vous que le Système solaire ne comptait plus neuf planètes mais huit, Pluton ayant été reléguée au rang de planète naine avec quatre autres corps…?)

Merci aux éditions Glénat pour leur confiance.

BD ou documentaire? La question se pose tout au long de la lecture de ces deux premiers tomes (sur les 8 tomes qui composeront la collection) tant le projet semble avoir été conçu comme un docu-fiction sur le modèle de ce que les parcs d’attraction type Futuroscope ou Planetarium proposent à leurs visiteurs. L’éditeur et auteurs SF Bruno Lecigne se colle à la rédaction d’un projet éditorialement casse-gueule puisque le traitement donne souvent le sentiment de lire un Sciences et vie junior, avec les qualités pédagogiques de la revue mais avec un enjeu narratif plutôt maigre. Et pour cause: malgré le prisme SF amorcé dès les premières pages de Mars, l’unique option des auteurs est de nous expliquer l’état de nos connaissances sur la planète rouge en 2024 (d’où l’affichage très visible du partenariat avec l’Observatoire de Paris).

Le Premier contact a eu lieu! Un immense vaisseau est découvert enterré sous la surface de la Lune. Dedans un extra-terrestre survivant d’un crash antédiluvien tout juste sorti de stase propose aux cosmonautes de se mettre à leur service pour explorer le système solaire dans des conditions inimaginables grâce à sa technologie très avancée. Un équipage de scientifiques est alors monté pour aller explorer les huit planètes de notre système et faire un bond gigantesque dans l’état de nos connaissances…

Pour ceux qui les auraient ratées, les références sont évidentes: le vaisseau en question rappelle Rendez-vous avec Rama, le roman d’un des pères de la SF moderne, Arthur C. Clarke, qui donne fort logiquement son nom à l’Alien de la BD. Pour le reste l’histoire ne prend pas le temps de se mettre en place puisque en quelques pages notre équipage est déjà sur Mars où l’on suit une sorte de voyage touristique qui se contente de soulever quelques interrogations bien timides sur les objectifs réels de l’alien. Mais si les auteurs font mine de développer une intrigue dramatique avec quelques moments de tension liés aux dangers qu’implique l’exploration d’un astre par de frêles humains, quand-bien même ils sont équipés de la technologie futuriste de Clarke, on sent toute la difficulté à développer une véritable BD qui trouve son intérêt au-delà des fantastiques explications scientifiques qui nous sont données.

Réussissant pour le coup parfaitement son aspect vulgarisateur qui a l’immense mérite de synthétiser l’état de la Science concernant la planète Mars puis les hypothèses sur Jupiter, le démarrage de cette collection est bien plus intéressant en arrivant sur la géante. Semblant libérés des données précises que nous possédons sur Mars, les auteurs (Afif Khaled remplaçant Fabien Bedouel) basculent dans une vraie science-fiction sur le second tome en assumant des hypothèses que libèrent les données toujours très partielles et le mystère que renferme le statut de géante gazeuse de Jupiter.

Ainsi on va suivre divers accidents qui explorent la limite entre science et SF mais réputés crédibles via la caution des scientifiques de l’Observatoire de Paris. Que se passerait-il si l’on disposait d’un engin suffisamment résistant pour pénétrer dans le manteau nuageux du monstre? Que renferment vraiment les océans sous la calotte des satellites de Jupiter? Autant de questions qui ravivent soudain l’intérêt de lecture pour ce projet.

Graphiquement les deux dessinateurs ne sont pas face à un projet facile, leurs décors étant limités à des étendues désertiques et leurs personnages à des scaphandres et l’intérieur métallique du vaisseau. Khaled s’autorise quelques belles visions naturalistes très graphiques que la technique plus architecturale de Bedouel oublie.

Au final si le premier volume est à réserver aux amoureux de science et d’astronomie en oubliant un peu trop son scénario, dès le suivant le plaisir revient et en suivant mine de rien une légère intrigue reliée au peuple de Clarke on a un bon prétexte pour continuer cette exploration du système solaire, avec l’avantage que le changement de dessinateurs (pour les raisons évoquées plus haut) n’impactera que peu la vision d’ensemble.

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BD·Service Presse·Nouveau !·Rapidos·**

La légion sombre

BD de Stephane Louis et Erwan Seure Le-Bihan
Soleil (2024), 56p., One-shot spin-off de la série ISS snipers.

Merci aux éditions Soleil pour leur confiance.

Éloigné des séries commerciales de Soleil qui enfilent les albums à une vitesse effrénée je vois fleurir les nouvelles saga Fantasy et SF avec souvent une pointe de curiosité à la vue des très belles couvertures et des promesses que les pages intérieures trompent souvent. La série ISS Sniper qui a enchaîné cinq albums en deux ans ambitionnait de proposer de la grosse SF militaire inspirée de l’univers de Warhammer 40k ou des Meta-barons, aussi lorsque s’est présenté ce one-shot à la très élégante illustration de couverture et aux planches engageantes j’ai tenté l’aventure.

Les auteurs sont en famille puisque Louis est un compagnon de route des créations d’Istin et Erwan Seure Le Bihan est le premier illustrateur de la série ISS Snipers. A la lecture de ce récit extrêmement linéaire d’une vengeance au fil des ans d’un survivant de génocide, j’ai pensé au premier album d’un jeune artiste, capable de proposer de très belles compositions avec une intéressante technique de hachures et de traits blancs mais encore maladroit sur le plan technique. Or je constate que ce dessinateur a déjà vingt ans de carrière, ce qui intrigue sur son niveau de progression… Si Louis est un scénariste d’expérience, son récit, outre de s’adresser vraisemblablement aux connaisseurs de la série mère (qui y trouveront sans doute les références enrichissant l’expérience), se contente de nous narrer les affrontement chronologiquement erratiques entre un tout puissant Baron de la Légion sombre et un brillant mais faible rescapé détenteur d’une science militaire que cherche à s’accaparer la dite Legion. Construit comme un long flashback entre les deux parties de leur duel final, l’album ne propose strictement aucune progression et hormis convoquer des personnages semble t’il importants de la série mère, saute de séquence en séquence avec un nihilisme qui ne nous touche même pas faute de personnages secondaires ou de background auxquels nous accrocher. Il en résulte donc quelques très jolies compositions et designs de dark-SF, un potentiel imaginaire réel, mais le terrible sentiment d’avoir affaire à un album auto-édité voir sorti d’un fanzine de luxe. C’est cruel mais étant donnée l’écurie qui le publie, le coût de l’album et l’expérience des auteurs, il paraît raisonnable de ne réserver cette Legion sombre qu’aux amoureux des ISS Snipers…

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***·BD·Nouveau !

Les 5 terres #11-12

 BD de David Chauvel, Jerome Lereculey et collectif.
Delcourt (2024), 56p., série en cours, 2 cycle achevés.
Série prévue en 5×6 tomes.

Attention Spoiler!

Le Sistre est en deuil… a nouveau! Dans sa fuite en avant pour reprendre le contrôle de la pègre d’Alyssandra, Alissa est tombée dans un piège. Alors que sa famille doute de plus en plus de sa capacité à garder le contrôle, au Palais Keona commet une folie en envoyant un message diplomatique à Angleon…

Ces deux derniers tomes sont marqués par des ruptures pour l’essentiel des personnages et arcs secondaires. Ainsi de nombreuses morts pour des personnages dont on ne comprenait pas encore tout à fait l’utilité, des choix majeurs comme celui du frère Tashen qui tire les conséquences de l’attitude dictatoriale et impitoyable de sa sœur ou de Shin qui découvre que ses valeurs de justice ne sont pas applicables dans la Capitale et décide de basculer du côté obscure…

En confirmant l’aspect remplissage d’un certain nombre d’intrigues annexes (schéma inévitable des constructions de séries TV) et les pistes laissées tout à fait ouvertes malgré la conclusion du cycle, on se demande bien comment certains fils encore bien mystérieux vont pouvoir se relier avec leurs homologues des autres cycles. Les scénaristes semblent en effet maintenir une atmosphère toujours incertaine où la cohérence d’un cycle ne signifie en rien la juxtaposition, pour preuve l’évènement majeur qui nous raccroche heureusement à Angleon lorsque l’Armada des félins débarque pour une session diplomatique fort tendue avant que ne surgissent les Ours du prochain cycle (à débuter cet été).

Je note que les textes de background de fin d’album deviennent eux aussi un peu optionnels en passant du statut d’enrichissement indispensable à celui de pousse-café pour les plus accro. Globalement, si la mécanique scénaristique de ce cycle est globalement irréprochable malgré un refus de l’action, il aura manqué tout le long une étincelle, un rythme, un manque flagrant de sympathie pour des personnages qui auront peiné à attirer notre intérêt du fait d’une froideur omniprésente. Il en est de même pour les intrigues secondaires, aussi passionnantes que les manigances royales à Angleon et ici poussives en ne trouvant pour la plupart leur semi-résolution qu’au dernier ou avant-dernier tome.

On pourra apprécier ce cycle pour ce qu’il est, être patients, mais avec pas mal de concurrence ces dernières années en matière d’intrigues monarchiques en pays anthropomorphe (Le Royaume sans nom, L‘Ogre lion,…) j’espère sincèrement que les auteurs sont conscients du risque de lassitude et ne visent pas uniquement les plus fidèles lectures sur le modèle des interminables séries Soleil. Les 5 Terres méritent mieux que cela et un sursaut (a priori confirmé sur la chute) est indispensable car la hype d’Angleon ne tiendra pas un cycle d’attente de plus. En attendant, débute une série parallèle de spin-off one-shot entre les arcs (qui a pris du retard mais devrait se recaler rapidement sur la publication des cycles des 5 Terres), dont le Demeus Lore dessiné par Sylvain Guinebaud et qui sort cette semaine.

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****·BD·Nouveau !

Les Murailles invisibles #2

Second volume de 88 pages de la série écrite par Alex Chauvel et dessinée par Ludovic Rio. Parution chez Dargaud dans la collection Visions du Futur le 02/02/2024.

Y’a que les murailles qui m’aillent

Dans le premier tome, nous faisions la rencontre de Lino, un jeune cadre dynamique typique du XXIe siècle, accro au boulot et des projets plein la tête. Tout ça s’est évaporé lorsque sont apparues brusquement les murailles invisibles.

Ces écrans impénétrables et infranchissables ont scindé la géographie du pays, et peut-être du monde entier, et isolé des millions de gens de leurs proches et du reste du monde. Très vite, les choses virent au chaos et la civilisation s’effondre. Durant trois mois, Lino doit survivre comme il le peut et se battre constamment afin de vivre un jour de plus, espérant retrouver sa fiancée qui est restée piégée dans une autre enclave.

C’est alors qu’il fait la rencontre d’Asphanie et de son groupe d’exploration. Asphanie, Olimain, Stélice et les autres viennent eux aussi d’une zone entourée par les murailles, à ceci près que de leur point de vue, il ne s’est pas passé 3 mois depuis la catastrophe, mais trois cent ans ! Lino apprend ainsi que dans chaque enclave, l’écoulement du temps est différent, si bien que dans certaines zones, il s’est écoulé des siècles, voire davantage. Cette révélation anéantit les espoirs de Lino. Sa famille est certainement morte depuis longtemps, sans qu’il puisse y changer quoi que ce soit. Le jeune homme décide alors d’embarquer avec le groupe d’explorateurs, qui dispose d’une technologie rudimentaire permettant de détecter des brèches à travers les murs et de les franchir. Leur mission est d’enquêter sur les ondes massives qui traversent régulièrement les barrières, et qui recèlent peut-être un indice sur leur origine.

Lino et les autres vont croiser toutes sortes de dangers dans chacune des zones traversées, et chaque passage dans une nouvelle zone les éloigne un peu plus de chez eux, que ce soit géographiquement ou temporellement.

En narration, lorsque l’auteur implante des questionnement dans l’esprit du lecteur dans le premier acte, mieux vaut pour lui qu’il puisse y repondre de manière satisfaisante dans le second et le troisième acte.

C’est ce qu’il se passe ici avec une aventure qui touche à sa fin pour basculer sur une nouvelle intrigue. Asphanie, Lino et les autres obtiennent des réponses à leurs interrogations, sans pour autant que le status quo de l’univers mis en place par Alex Chauvel n’en soit bouleversé.

Le scénariste manie son concept avec la même habileté que dans le premier tome, et jongle entre les différents glissements temporels avec une aisance qui démontre à notre sens le travail d’écriture en amont.

Les différentiels temporels sont l’occasion pour l’auteur d’inventer des sociétés à différents stades de développement (ou de redéveloppement), ajoutant des détails crédibilisants comme des langages propres, des tenues vestimentaires ou une faune spécifique. Ces détails contextuels n’alourdissent en rien l’intrigue, et permettent au contraire de s’immerger encore davantage dans cet univers.

En revanche, on regrette que la caractérisation de Lino, dont on suit désormais les pensées à travers le journal qu’il est tient désormais en tant que scribe du groupe d’exploration, se fasse au détriment du reste du groupe, qui demeure pour le moment assez unidimensionnel, à l’exception sans doute du personnage de Prion, antagoniste du premier tome qui gagne ici en profondeur de façon efficace.

Les deux premiers tiers de l’album conservent une dynamique de survival, ce qui donne une course haletante vers la prochaine zone, pimentée encore davantage par la collaboration forcée entre Prion et le reste du groupe. Toutefois, on déplore une baisse de régime durant le dernier tiers, celui des révélations, à laquelle l’album ne nous avait pas habitués jusque-là.

Graphiquement, Ludovic Rio reste dans un style épuré très appréciable. On aurait aimé cependant des ambiances plus tranchées entre les différentes zones, notamment grâce une mise en couleur plus habitée. Néanmoins, l’ensemble demeure très qualitatif et confère à l’ensemble un cachet qui rend l’album accessible à un large public.

Les Murailles Invisibles confirment, grâce à ce second volume, leur statut de série à suivre pour les amateurs de SF et de survival.