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Les Murailles invisibles #2

Second volume de 88 pages de la série écrite par Alex Chauvel et dessinée par Ludovic Rio. Parution chez Dargaud dans la collection Visions du Futur le 02/02/2024.

Y’a que les murailles qui m’aillent

Dans le premier tome, nous faisions la rencontre de Lino, un jeune cadre dynamique typique du XXIe siècle, accro au boulot et des projets plein la tête. Tout ça s’est évaporé lorsque sont apparues brusquement les murailles invisibles.

Ces écrans impénétrables et infranchissables ont scindé la géographie du pays, et peut-être du monde entier, et isolé des millions de gens de leurs proches et du reste du monde. Très vite, les choses virent au chaos et la civilisation s’effondre. Durant trois mois, Lino doit survivre comme il le peut et se battre constamment afin de vivre un jour de plus, espérant retrouver sa fiancée qui est restée piégée dans une autre enclave.

C’est alors qu’il fait la rencontre d’Asphanie et de son groupe d’exploration. Asphanie, Olimain, Stélice et les autres viennent eux aussi d’une zone entourée par les murailles, à ceci près que de leur point de vue, il ne s’est pas passé 3 mois depuis la catastrophe, mais trois cent ans ! Lino apprend ainsi que dans chaque enclave, l’écoulement du temps est différent, si bien que dans certaines zones, il s’est écoulé des siècles, voire davantage. Cette révélation anéantit les espoirs de Lino. Sa famille est certainement morte depuis longtemps, sans qu’il puisse y changer quoi que ce soit. Le jeune homme décide alors d’embarquer avec le groupe d’explorateurs, qui dispose d’une technologie rudimentaire permettant de détecter des brèches à travers les murs et de les franchir. Leur mission est d’enquêter sur les ondes massives qui traversent régulièrement les barrières, et qui recèlent peut-être un indice sur leur origine.

Lino et les autres vont croiser toutes sortes de dangers dans chacune des zones traversées, et chaque passage dans une nouvelle zone les éloigne un peu plus de chez eux, que ce soit géographiquement ou temporellement.

En narration, lorsque l’auteur implante des questionnement dans l’esprit du lecteur dans le premier acte, mieux vaut pour lui qu’il puisse y repondre de manière satisfaisante dans le second et le troisième acte.

C’est ce qu’il se passe ici avec une aventure qui touche à sa fin pour basculer sur une nouvelle intrigue. Asphanie, Lino et les autres obtiennent des réponses à leurs interrogations, sans pour autant que le status quo de l’univers mis en place par Alex Chauvel n’en soit bouleversé.

Le scénariste manie son concept avec la même habileté que dans le premier tome, et jongle entre les différents glissements temporels avec une aisance qui démontre à notre sens le travail d’écriture en amont.

Les différentiels temporels sont l’occasion pour l’auteur d’inventer des sociétés à différents stades de développement (ou de redéveloppement), ajoutant des détails crédibilisants comme des langages propres, des tenues vestimentaires ou une faune spécifique. Ces détails contextuels n’alourdissent en rien l’intrigue, et permettent au contraire de s’immerger encore davantage dans cet univers.

En revanche, on regrette que la caractérisation de Lino, dont on suit désormais les pensées à travers le journal qu’il est tient désormais en tant que scribe du groupe d’exploration, se fasse au détriment du reste du groupe, qui demeure pour le moment assez unidimensionnel, à l’exception sans doute du personnage de Prion, antagoniste du premier tome qui gagne ici en profondeur de façon efficace.

Les deux premiers tiers de l’album conservent une dynamique de survival, ce qui donne une course haletante vers la prochaine zone, pimentée encore davantage par la collaboration forcée entre Prion et le reste du groupe. Toutefois, on déplore une baisse de régime durant le dernier tiers, celui des révélations, à laquelle l’album ne nous avait pas habitués jusque-là.

Graphiquement, Ludovic Rio reste dans un style épuré très appréciable. On aurait aimé cependant des ambiances plus tranchées entre les différentes zones, notamment grâce une mise en couleur plus habitée. Néanmoins, l’ensemble demeure très qualitatif et confère à l’ensemble un cachet qui rend l’album accessible à un large public.

Les Murailles Invisibles confirment, grâce à ce second volume, leur statut de série à suivre pour les amateurs de SF et de survival.

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