
Premier tome de 72 pages d’une série écrite par Philippe Pelaez et dessinée par Olivier Mangin. Parution aux éditions Grand Angle le 01/03/2023.


Merci aux éditions Grand Angle pour leur confiance.
Crise d’identité(s)
Comme vous le savez, mémoire et identité personnelle sont deux notions intimement liées, si bien que l’une conditionne l’autre de façon quasi sine qua none. Natacha va vite l’apprendre à ses dépens. Admise, en même temps qu’une vingtaine d’autres personnes, dans un douteux centre de recherche russe, la jeune femme espère y trouver la paix de l’esprit, aidée par le programme expérimental nommé Anastasis_.

Hantée par un lourd traumatisme, Natacha souhaite aller de l’avant, et elle est prête pour cela à endurer toutes les expériences proposées par le Professeur Vetrov, qui tente quant à lui de percer à jour les secrets du cerveau humain. Cependant, après son admission au centre, Natacha et les autres pensionnaires vont vite s’apercevoir que les choses ne sont pas ce qu’elles paraissent, et qu’on leur cache indubitablement des choses, à commencer par la nature réelle des expérimentations qu’on leur fait subir au prétexte de vouloir effacer leurs traumas.
L’auteur Philippe Pelaez surprend par la diversité des genres qu’il ose aborder en BD: Récits de guerre, Fantasy, Polar, Cape et Epée… rien ne semble le freiner ni le contenir. Le scénariste se lance donc dans le thriller à la Franck Thilliez, avec une protagoniste perdue dans une machination dont elle ignore les rouages.
Tous les éléments y sont, à savoir le scientifique machiavélique, les agents gouvernementaux sans scrupules, les compagnons d’infortune, et le protagoniste torturé. On trouve aussi, en terme de structure, la phase de découverte naïve, puis la phase de suspicion et la phase d’action.

L’auteur glisse dans son récit des méta-références cinématographiques, qui servent autant de foreshadowing que de fausses pistes dans lesquelles se perdre (Orange Mécanique, Vol au dessus d’un nid de coucou…). Malgré une exposition manquant un peu de fluidité, le reste de l’intrigue se déroule plus aisément, grâce à un jeu d’allers-retours et une gestion habile des révélations et autres coups de théâtre. Après le clap de fin cependant, on peut reprocher un album un peu trop sage, ou une intrigue manquant d’originalité, d’une touche particulière à laquelle Philippe Pelaez nous avait habitués sur ses précédentes productions.
Côté graphique, le style réaliste déployé par Olivier Mangin sied très bien au ton du récit, car il traduit l’ambiance froide et hostile du projet Anastasis_ tout autant que les émotions des différents personnages.
En conclusion, Ceux qui n’existaient plus offre tous les points forts du thriller, mais manque du petit supplément que l’on est désormais en droit d’exiger de Philippe Pelaez.