
Premier volume de la série Marvel écrite par Jim Zub et dessinée par Yusaku Kumiyama. Parution initiale en 2015, pulbication en France par Panini Comics le 17 aout 2022.

Zombies au Wasabi
Depuis qu’ils ont sauvé le monde de l’invasion des Chitauri, les Avengers se sont imposés aux yeux des gens comme les protecteurs sans faille de l’Humanité. Iron-Man, Captain America, Hulk, Thor, Black Widow et Hawkeye fêtent donc leur récente victoire, en même temps que l’anniversaire de leur fer-de-lance Tony Stark, lorsque des troubles-fêtes font irruption pour sniper l’ambiance.
Ces rabats-joie ne sont pas des protestataires classiques, car ils portent sur eux toutes les caractéristiques des zombies: peau en putréfaction, sauvagerie extrême et goût prononcé pour la chair humaine. Nos héros se lancent donc sans réfléchir dans la bataille, mais certaines questions doivent d’abord être résolues: d’où vient ce mystérieux virus ? Les innocents infectés peuvent-ils être guéris ? et surtout, comment les Avengers vont-ils pouvoir s’en prémunir ?

Le concept des Marvel Zombies est né en 2006 dans les pages de la série Ultimate Fantastic Four, alors scénarisée par Brian Michael Bendis et Mark Millar, et dessinée par l’excellent Greg Land. Dans les épisodes 21/22/23 de la série, les FF de la Terre 1610 (l’univers Ultimate) font la rencontre de leurs homologues de la Terre 2149, qui se révèlent être des morts-vivants cannibales cherchant un monde neuf afin de renouveller leur garde-manger.
C’est Robert Kirkman et le dessinateur Sean Phillips qui prennet la suite avec le premier volume de la série Marvel Zombies en 2006. On y retrouve un monde dévasté par des super-héros contaminés, qui ont dévoré la quasi-totalité de l’Humanité. Seul Magnéto et une poignée de survivants résistent encore, et empêchent les zombies de quitter cette dimension pour semer la désolation sur d’autres terres. Qu’à celà ne tienne, les zombies dévorent le Surfer d’Argent, ce qui leur permet ensuite de dévorer nul autre que Galactus. Désormais détenteurs du pouvoir cosmique, les zombies se lancent à la poursuite de nourriture à travers tout le cosmos, écumant les galaxies et engloutissant toutes les formes de vie.
Les deux premiers volumes de Marvel Zombies se distinguaient par l’écriture de Robert Kirkman (dont l’oeuvre la plus connue est sans aucun doute la série-fleuve The Walking Dead, aussi sur le thème des zombies). Mais là où TWD misait sur la figure classique du zombie decérébré et titubant, les super-héros morts-vivants de MZ conservaient leurs consciences et leurs identités humaines, tout en étant dominés par une faim insatiable. Cela donnait lieu à des situations mémorables, comme Hank Pym séquestrant T’challa pour le manger par petits morceaux, afin de conserver suffisamment de clarté d’esprit pour trouver un remède, où encore Spider-Man retrouvant sa lucidité après avoir dévoré Tante May et Mary-Jane, où encore la rivalité permanente entre les infectés pour savoir qui aurait le meilleur morceau de barbaque. Petite anecdote sur les origines de la série: la légende veut qu’initialement, Robert Kirkman prévoyait une histoire centrée autour de Luke Cage, héros à la peau indestructible, qui aurait été le dernier survivant, étant par définition immunisé car impossible à mordre. Mais le scénariste aurait du abandonner ses plans après s’être aperçu que Greg Land avait déjà dessiné Cage en zombie dans les pages d’Ultimate Fantastic Four.
Le tout était donc irrevérencieux et cynique tout en étant gore, le ton idéal pour aborder ce genre surexploité. Alors qu’en est-il de ce Zombie Rassemblement, sorte de resucée version manga ?

Le bilan n’est pas fameux, autant vous le dire tout de suite. Le contexte choisi par Jim Zub pour cette version s’apparente clairement au Mavel Cinematic Universe plutôt qu’à celui des comics, ce qui offre une coloration commerciale susceptible de gâcher le plaisir aux fans hardcore. On retrouve donc le casting original du film, ce qui restreint sensiblement la portée du scénario, là où Kirkman convoquait tous les super-héros classiques lors de sa grande boucherie cannibale.
Ce choix correspondait certainement à un cahier des charges imposé par l’éditeur, qui était alors, en 2015, en pleine capitalisation du succès des films Marvel Studios au cinéma. Néanmoins, on est d’entrée de jeu saisi par la différence de ton entre Zombies Rassemblement et Marvel Zombies, puisqu’ici, point d’ironie ni de second degré, et encore moins de carnage. Les héros affrontent quelques hordes de civils infectés, mais sans plus, passant le plus clair du temps au sein de la Tour Stark pour chercher un remède.
La pauvreté en terme de super-héros, tripes & compagnie, est principalement due au postulat de départ, le nombre de personnages disponibles en 2015 étant relativement restreint. On a donc droit à une intrigue plutôt linéaire, avec des dialogues confondants de naïveté et de premier degré.
Cerise éditoriale sur le gâteau de la médiocrité, Panini Comics a, dans sa grande sagesse, jugé opportun de placer l’épisode 0, supposé servir de prologue, après les trois premiers chapitres. Attendez-vous donc à passer du coq à l’âne après le chapitre 3, avec une intro sans intérêt aucun et quasiment vide de sens.
Bilan: Passez votre chemin si vous espériez retrouver une résurgence sanglante des zombies Marvel version ciné. Pour cela, tournez-vous plutôt vers l’épisode 5 de la série animée What If ? qui traite le sujet de façon plus opportune. Pour les amateurs de manga, l’expérience ne nous semble pas non plus indispensable, pas plus qu’aux amateurs du genre zombie en général.