
Histoire complète en 60 pages, adaptation du film éponyme de 1989 réalisé par Tim Burton. Dennis O’Neil au scénario, Jerry Ordway au dessin. Parution chez Urban Comics le 10/11/22.


Merci aux éditions Urban pour leur confiance.
Avec le Diable au clair de lune
Vue d’en haut, la ville de Gotham City a tout d’une ville magnificente, une métropole gothique qui porte en elle les germes de la modernité. Mais si vous plongez un peu plus profond, si vous vous risquez à explorer ses entrailles, ses rues sombles et malfamées, vous vous apercevrez qu’elle n’est en réalité qu’un cloaque suintant, une cour des miracles où les gorges se tranchent aussi vite que les réputations se font et se défont.
Bruce Wayne le sait bien. Cette ville l’a vu naître, dans une position privilégiée, mais elle lui a aussi tout pris, lors d’une nuit tragique où ses parents ont trouvé la mort, de façon aussi banale que tragique. Depuis lors, l’orphelin héritier n’a plus montré en public qu’une vaine façade de lui-même, celle d’un play-boy inconséquent dont les quelques accès de prodigalité philanthrope ne visait qu’à soulager sa conscience.

Ce que la ville ignore cependant, c’est que Bruce Wayne n’a pas remisé son traumatisme dans les tréfonds de sa conscience, ni dans les affres d’une vie dissolue, au contraire. Il ne vit désormais plus que pour venger ses parents, et tous les autres parents morts à cause du crime et de la corruption. Poussé par sa soif de vengeance, Bruce a crée le personnage de Batman, un justicier sombre et invincible qui hante les rues de Gotham pour y traquer les criminels. Et il y a de quoi faire à Gotham City…
Durant sa croisade contre le crime, Bruce va faire la rencontre de Jack Napier, un dangereux criminel, dont la psychose explosera au grand jour après sa première rencontre avec Batman. Ce sera le début d’une lutte sans merci entre le héros chauve-souris et celui qui se fait désormais appeller le Joker.
Il est indéniable que le film Batman de 1989, réalisé par Tim Burton, s’est hissé au rang de film culte, un immense succès commercial et culturel de l’époque. Bien que Tim Burton soit revenu depuis sur la hype provoquée par son oeuvre, le film est resté l’une des meilleures adaptations audiovisuelles du personnage (surtout si l’on prend en considération d’autres entrées ultérieures, comme Batman & Robin).
L’adaptation par O’Neil et Ordway, parue à l’époque du film, opte pour la fidélité totale envers le script original. On y retrouve donc l’ensemble des séquences, jusqu’aux dialogues. Graphiquement, Ordway s’inspire bien sûr des fameux décors du film, qui empruntaient à des classiques comme Brazil et Métropolis, et imprime les visages bien connus, et donc bien reconnaissables, des acteurs.
Tout est donc fait pour reproduire l’ambiance et le succès du support audiovisuel. Le récit en lui-même est plutôt condensé, mais les 60 pages du comic sont suivies des 60 pages de crayonné du dessinateur, elles-mêmes agrémentées des recherches préparatoires. Si un cahier graphique est toujours un bonus très appréciable pour une BD, la pertinence de l’ajout de l’intégralité des crayonnés ne me paraît pas si évidente, puisqu’elle double la pagination pour offrir une redite, en V.O., ce qui peut rebuter les lecteurs non anglophones. Le prix de l’album a du aussi en pâtir, ce qui, du point de vue éditorial, peut relever du faux-pas.

Il n’en demeure pas moins que Batman Le Film est une bonne adaptation, certes datée mais qui bénéficie du capital nostalgie dont le métrage jouit encore. La preuve par l’exemple, Michael Keaton est supposé reprendre le rôle dans le prochain film The Flash, qui traitera du Multivers. Côté comics, l’univers créé par Tim Burton a aussi eu droit à une continuation en 2021, avec la mini-série Batman ’89, écrite par Sam Hamm et illustrée par Joe Quinones, pas encore disponible en VF.