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Renaissance #3: permafrost

La BD!
BD de Fred Duval, Emem et Fred Blanchard (design)
Dargaud (2018-2020), 54p./album, premier cycle terminé en 3 volumes.

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badge numeriqueIl y a trois ans le dessinateur Emem, formé sur les séries de Fred Duval publiait une illustration de couverture sur fonds de langage alien, qui marquait les esprit par un design et une composition parfaitement fascinants. S’en suivent deux autres albums aux couvertures structurées de la même façon, tout aussi magnifiques, et un premier cycle se termine déjà. Quand nombre de séries s’étirent indéfiniment sur plusieurs décennies, la science de Duval lui dicte de concentrer à l’essentiel pour donner de la force, de l’ambition à son projet.

Renaissance tome 3 - BDfugue.comCertaines BD respirent l’alchimie parfaite entre scénariste et dessinateur(s). C’est le cas de Renaissance qui dans cette conclusion parvient à nous captiver en résolvant tranquillement les quelques intrigues ouvertes précédemment, en n’oubliant pas de réfléchir à chaque case sur le devenir de notre planète, les comportements sociaux humains ou la prospective du fonctionnement d’une société parfaite. Avec cette série Duval invente la dystopie utopique, en bon humaniste il ne se contente pas de nous proposer une vision cataclysmique et totalement crédible de notre futur mais par l’existence même de cette force extra-terrestre nous montre l’espoir. Sans mièvrerie, sans mauvais goût, il montre qu’on peut dénoncer une situation en indiquant qu’elle n’est pas inéluctable. La SF est souvent très nihiliste. Pas ici.

L’intelligence est omniprésente dans cette BD, que ce soit dans des dessins très détaillés et extrêmement lisibles, tant des les scènes d’actions convaincantes que dans les débats diplomatiques subtiles entre grands pontes de l’Agora alien qui devisent dans un mémorial des guerres passées. Nous parlions récemment d’une certaine lourdeur appuyée sur le second tome des Dominants. C’est l’inverse ici où les auteurs savent jouer de l’apparence, parfois étrange, parfois repoussantes des aliens, qui ne reflétera pas forcément leur caractère. La richesse de cette série est à l’aune de toute la bibliographie d’un scénariste qui arrive à traiter simplement un grand nombre de sujets dans cent cinquante pages de BD, sur des thèmes aussi larges que l’intelligence artificielle, le libre arbitre, la dualité nature/culture, sans oublier de s’amuser avec l’Histoire de notre planète. Sans déflorer une intrigue riche qui sait se conclure de façon satisfaisante en ouvrant la porte à de futurs cycles, on arrive naturellement à la résolution du drame familiale d’une des deux humaines et à l’arrestation des fautifs. La perfection de la société-Renaissance n’est pas si évidente et pousse les aliens à l’humilité dans un échange civilisé, alors que ce qu’il reste des Nations du monde finissent par réagir à cette irruption sidérante. En se permettant, cerise sur le gâteau, de l’humour linguistique, Duval montre une nouvelle fois qu’il est l’empereur de l’Anticipation. Et on l’espère pour longtemps!

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