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On mars_

La BD!
BD de Sylvain Runberg en Grun
Daniel Maghen (2017-),  54P./album, 2 tomes parus sur 3

Comme beaucoup de BD éditées par Daniel Maghen cette série m’a intrigué par des couvertures très esthétiques et une thématique SF qui titille systématiquement mon imagination. Chacun des albums, outre un format très confortable, est doté d’un cahier graphique luxueux (coutumier chez Daniel Maghen), dont le second prend la forme d’un journal que l’on retrouve dans l’intrigue et qui développe le background.

Ancien policier d’élite antigang, Jasmine se retrouve condamnée à l’exile martien suite à une bavure. Là-bas elle découvre rapidement que la colonisation vendue à la population terrienne comme l’avenir de l’humanité repose sur des bagnards abaissés à leur seule force de travail. Laissant deux enfants sur Terre et ne se résignant pas à passer le restant de ses jours sur la planète rouge, elle décide d’entrer dans la nouvelle Eglise dont l’activité sur place semble jouir d’une grande influence sur le pouvoir local…

On Mars'. Sylvain Runberg, Grun. | L'actualité de la bande dessinéeSylvain Runberg étant un scénariste d’expérience capable du très bon comme du très banal je me suis attaqué à cette série carcérale prévue en trois tomes avec interrogations. Plongé sans introduction au sein de ces prisonniers patibulaires, on comprend rapidement que On mars ne fait que transposer les récits du bagne guyanais ou calédonien dont regorge la BD historique. Contre toute attente vous trouverez ainsi plus de proximité avec des ouvrages comme Forçats qu’avec de la SF space-opera ou worldbuilding. Si le sujet vous intéresse cela ne posera pas de problème, mais j’avoue que j’ai été surpris. Dès le second volume l’histoire s’oriente vers une révolte que l’on sent monter, plus pour des raisons de conspiration politico-religieuse que d’oppression des prisonniers. Le scénariste n’oublie pas le passage obligé des maltraitances diverses et procède à des flash-back nous relatant ce qui a amené l’héroïne dans ce enfer ou quelques séquences terriennes (un peu courtes…) destinées à densifier le contexte. De cela ressort, sur le premier tome surtout, une impression de mise en place, certes très belle, mais peut-être un peu longue à démarrer. La galerie de personnages est touffue et les intrigues entrecroisées relativement nombreuses, ce qui ne facilite pas forcément une lecture très fluide. Com On Mars T2 : Les solitaires (0), bd chez Daniel Maghen de Runberg, Grunme je l’avais ressenti sur Orbital, j’ai trouvé que Runberg tardait à dévoiler ses cartes, ce qui empêche de pénétrer pleinement dans une aventure que l’on pressent glorieuse. Soyons juste, On mars ne manque pas de coups fourrés, révélations et fausses pistes assez bien tenus et l’on prend un plaisir sadique à tenter de deviner si ce nouvel allié de Jasmine va la trahir ou mourir quelques pages plus loin…

Il est indéniable que Sylvain Runberg sait s’entourer de dessinateurs très talentueux qui savent flatter les rétines. Je ne connaissais pas Grun, dessinateur appartenant à l’école réaliste, dont la colorisation notamment (très contrainte par le rouge de l’idée martienne) procure à chaque planche une réelle beauté. Il n’y a rien à dire, ces albums sont magnifiques et le dessinateur sait à peu près tout croquer avec précision. Un vrai travail de design a été réalisé et les croquis préparatoires font envie… parfois plus que les planches elles-mêmes qui sont souvent un peu monotones du fait de costumes identiques des personnages et de décors minéraux… rouges. Si le design général est plutôt réussi dans un style un peu rétro parfois proche de Mad-Max, On Mars, rififi sur la planète rougej’ai trouvé les uniformes des bagnards assez bof. Il faut ainsi attendre le second volume et l’irruption de différentes factions au graphisme bien plus travaillé pour accrocher vraiment à chaque case. On connaît le risque des univers SF de se perdre dans des décors métalliques un peu vides. Ce n’est pas complètement le cas ici mais on ressent le manque de variété que seuls les intermèdes terriens aident à casser. Le scénariste, étonnamment, ne se précipite pas pour nous révéler le sens de tel engin comme ces araignées mécaniques qui récupèrent les morts…

Au final je suis un peu dans l’expectative d’un troisième volume qui viendra soit confirmer une montée en puissance totalement maîtrisée soit un petit manque de souffle et d’ambition pour une série certes très belle mais qui pour l’heure ne se démarque pas franchement de la moyenne des séries SF faute d’un élément scénaristique marquant.

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