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Slam Dunk – Deluxe #1

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Manga de Takehiko Inoue
Kana (2023), 24p. nb & couleur, 1/24 tomes parus, série finie.

Les premières pages du volume sont en bichromie et une page calque rouge fait office de page de garde.

bsic journalismMerci aux  éditions Kana pour leur confiance.

Slam Dunk apparaît dans la plupart des listes de manga « must read » toute catégorie. Œuvre majeure de l’auteur Takehiko Inoue (avec son manga de sabre Vagabond, toujours en cours de publication), les trente tomes de la série ont à eux seuls déclenché une nouvelle passion des japonais pour le Basket-ball et constituent les 7eme plus grosses ventes de l’histoire du manga. Peu friand des BD de sport, je profite de la ressortie en édition Deluxe pour découvrir cette série, qui me surprend immédiatement.

Graphiquement si la partition est techniquement irréprochable, on n’est pas franchement sur des dessins virtuoses. Pour un début d’histoire on découvre rapidement les principaux protagonistes et ce qui fait rencontrer le club de Basket et le héros, un athlète aux capacités physiques incontestables et à l’assurance tout à fait originale par rapport aux archétypes des manga de lycées. C’est là la première surprise: tellement habitué à ces personnages très timides, mal dans leur peau et asociaux, on se demande comment il est possible d’avoir un personnage principal aussi positif! On retrouvera le tempérament d’un Yatora (Blue Period), les doutes en moins. Car Hanamichi est carrément un chef de bande soutenu par un groupe de potes qui sont ses souffre-douleur. Tombé en pamoison devant la jolie Haruko, le héros gère difficilement ses émotions et ses colères, ce qu’il devra apprendre à canaliser pour pouvoir mettre à profit ses exceptionnelles capacités sportives! Novice total en Basket il s’avère capable de claquer un « Dunk » dès sa première expérience et de chiper la balle à rien de moins que le capitaine du club.. qui n’est autre que le frère de la demoiselle.

Cette intrigue simple visant à insérer le héros dans l’équipe du lycée permet de multiplier les séquences rapidement enchaînées et surtout de développer un humour franchement tordant! C’est la seconde surprise de cette découverte, qui prend la forme d’une farce plus que d’un thriller sportif. L’humour japonais peut rapidement devenir lourdingue mais ce n’est aucunement le cas ici, que ce soit dans les running-gags, les grimaces ou les scènes absurdes. L’auteur confronte ainsi ce héros-comique avec le frère et capitaine de l’équipe, un colosse qui vise la discipline et incapable de décrocher un sourire. L’opposition entre les deux créera ce décalage propice aux blagues.

On a donc dans ce premier tome une excellente surprise comique, dotée d’un très bon rythme et qui va gentiment évoluer vers des séquences plus sportives avec la volonté de pédagogie du fan de Basket qu’est Inoue. Avec sa coiffure débile et son habitude de marteler des coups de boule à chaque contrariété, le personnage principal a du potentiel et on a hâte de découvrir la suite de ses aventures et le début des combats sportifs dont on dit le plus grand bien.

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Trillion game #5-6

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Manga de Riichiro Inagaki et Ryoichi Ikegami
Glénat (2023), 208p., 6/8 tomes parus, série en cours.

bsic journalismMerci aux  éditions Glénat pour leur confiance.

Contre toute attente, la série semble déjà passer un cap puisque le tome cinq marque le premier véritable succès avec le jeu en ligne de la société qui devient numéro un et dame le pion à l’ogre Dragon Bank et son autoritaire PDG. Passés les sketch dont on a désormais l’habitude depuis le démarrage, ce qui renouvelle l’intérêt de la série à ce stade c’est la réflexion sur le nouveau statut et la reprise d’une idée-force des manga d’Ikegami (qui a donc visiblement infusé le scénario, loin de se contenter d’être un employé de luxe): le conservatisme essentiel du Japon et le conflit de générations.

Car le coup d’éclat de la Trillion game company, si grisant soit-il, rappelle bien vite à notre fine équipe que le fait d’être dotée d’un potentiel de plusieurs millions dans une économie par actions ne signifie en rien être millionnaire puisqu’il faudra commencer par rembourser l’ensemble des « business angels » qui ont aidé Gaku et Haru à monter leur boite. Déduction faite des taxes et salaires des développeurs fauchés à Dragon Bank, il ne reste bientôt plus grand chose pour fanfaronner. Haru va donc organiser un véritable » vie ma vie de … » en emmenant les cadres de la boite en séjour de luxe à Las Vegas, histoire de montrer à chacun ce qu’est être riche et s’ils y sont prêts. Comme on le voit tous les jours dans la presse économique, le destin d’une Start-up est la plupart du temps d’être rapidement rachetée par un mastodonte installé. Les dirigeants ont alors le choix entre continuer une aventure risquée mais potentiellement lucrative et reprendre ses billes et jouir d’un patrimoine très rapidement gagné.

On se doute que notre duo va sortir du cadre et continuer de faire la nique au patriarcat capitaliste du Japon, à commencer par le cher papa de la princesse Kiri qui annonce dans la foulée de son offre de rachat de la société que Haru va se marier avec sa fille! Toujours avec classe, Ikegami croque le portrait de ce dominant à sang froid qui incarne parfaitement un Japon moderne dont l’ouverture au monde n’a en rien modernisé des traditions archaïques et paternalistes. Ainsi la série prend une tournure plus intéressante sous le vernis de la série-TV populaire sur les étapes du pouvoir et du développement d’une start-up.

Toujours aussi rondement menée, Trillion Game pourrait alors caresser une ambition absente jusqu’ici et susceptible de donner un autre statut au blockbuster de deux locomotives du manga.

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Trillion game #3-4

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 Manga de Riichiro Inagaki et Ryoichi Ikegami
Glénat (2023), 208p., 4/5 tomes parus, série en cours.

bsic journalismMerci aux  éditions Glénat pour leur confiance.

Bien décidés à accumuler un billion de dollar, Haru et Gaku utilisent la finance comme un outil pour ce qu’il est: sans morale et sans finalité autre que l’argent. Passant de la start-up florale au jeu pour Smartphone, l’équipe du Trillion Game society suit la stratégie implacable de Haru, au risque de confier leur destin à une âme sans foi ni loi. Connaissant à la fois le talent mais l’inconstance chronique de Haru, peuvent-ils se permettre de se mettre ainsi dans sa main?

Dans un rythme toujours endiablé, marque de fabrique du scénariste Inagaki, le manga assume pleinement son rôle de machine à succès, associant le vétéran Ikegami à un staff de petites mains permettant de tenir le rythme de parution en maintenant une qualité graphique où l’auteur de Sanctuary et Crying Freeman montre sa capacité à changer de style pour croquer des scènes humoristiques tout droit sorties de DR. Stone. Car si le visage du manga prend le trait d’Ikegami, Trillion Game est clairement une création de l’auteur de l’odyssée de la Pierre. La recette est totalement la même et il est très amusant de voir la mécanique, le déroulé, les excentricités, les relations entre personnages de DR. Stone sous un habillage différent.

Avec la même facilité, Trillion Game embarque son lecteur dans un saut permanent qui ne laisse pas se poser de question en multipliant les changements de direction avec un Haru qui incarne totalement la façon de travailler du scénariste. On pouvait craindre un déséquilibre entre le beau gosse brillant et le geek renfermé mais le scénario sait oublier un peu (sur le tome quatre) le manipulateur pour mettre en avant la programmation informatique et le hacking. Comme à chaque tome on a droit à une alternance de périodes entre l’aboutissement de la société de Gaku et le flashback du récit. La galerie de personnages est parfaitement huilée et on prend grand plaisir à suivre ce grand huit qui ressemble à une série télé des années quatre-vingt dix où sous la brillance de l’image on s’intéresse aux arcanes sans foi ni loi (à peine exagérées) de la finance capitalistique. Une vraie recette à succès qui va remplacer à point nommé DR. Stone dans les ventes de l’éditeur et d’un scénariste qui ressemble bien à une poule aux œufs d’or.

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Trillion game #1

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Manga de Riichiro Inagaki et Ryoichi Ikegami
Glénat (2022), 208p., 1/4 tomes parus, série en cours.

bsic journalismMerci aux  éditions Glénat pour leur confiance.

Alors qu’il se fait agresser par des loubards, le timide Gaku voit voler à son secours le charismatique Haru. D’un tempérament que tout oppose, les deux jeunes gens vont se retrouver associés dans un étonnant pari, pour le meilleur et pour le pire: devenir milliardaires!L’un dispose d’un toupet et d’une tchatche hors du commun, l’autre est un génie de l’informatique. Ensemble ils vont renverser la table en partant de rien et sauter toutes les barrières sociales qui mènent au sommet…

052-053_TRILLION_GAME_T01_1Quel plaisir de retrouver le style Ikegami avec deux albums sortis à trente ans d’écart. Et l’on peut dire que si ses dessins se sont légèrement affinés et que ses textures sont autrement moins frustes que sur Sanctuary (chroniqué hier), les gueules d’anges qui font sa marque de fabrique sont toujours aussi efficaces pour nous charmer. Toujours dans le même schéma du duo masculin en Yin/Yang le maître se cale dans le rythme désormais connu du scénariste de DR.Stone. Alchimie parfaite des marques de fabriques des deux auteurs, on est finalement guère surpris de l’alliance de Inagaki avec un dessinateur qui n’est finalement pas si loin de Boichi, capables tous deux d’un très grand réalisme technique mais également de ruptures cartoon très drôles. Car si les anciennes œuvres polar d’Ikegami sont très premier degré, on se surprend à rire franchement grâce au personnage de Haru qui n’hésite pas à tomber dans le scato et dont l’absence totale de limite crée des situations rendues encore plus poilantes par les trognes de séries télé du dessinateur.

201 TRILLION_GAME_T01_1Ne perdant pas de temps les auteurs nous montrent dès les premières pages Gaku semblant désemparé dans le luxe de son gratte-ciel, avant de nous raconter comment il en est arrivé là au cours du jeu du Billion (… car comme vous le savez l’anglais ne connaît pas cette unité et passe du milliard au trilliard). On se demandera bien entendu où est passé Haru, histoire d’instiller un soupçon de tension dramatique. Car le ton reste de bout en bout celui de la farce légère, marque de fabrique qui a permis à DR. Stone de combler des millions de lecteurs.

Proposant un thème très moderne (l’immense richesse et le capitalisme boursier), les auteurs ne vont probablement pas s’embêter de réflexion écologique ou de justice sociale (point déjà fort absent dans la série de Boichi) et assumer le statut de série de pure loisir pour Trillion Game. Doté d’un dessin brillant et d’une recette scénaristique parfaitement rodée, la série a absolument toutes les clés en main pour être une des prochaines locomotives de l’industrie Manga. Il faudra juste voir si le rythme de parution endiablé proposé par Boichi pourra être suivi par son successeur auprès d’un public devenu très exigeant…

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