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L’oeil d’Odinn

Récit complet en 168 pages, écrit par Joshua Dysart et dessiné par Tomas Giorello. Parution en France grâce au concours des éditions Bliss le 26/01/2024.

T’as pas Thor

La vie en Scandinavie durant le premier millénaire, ce n’est clairement pas une partie de plaisir. Ce monde âpre et violent ne laisse prospérer que les plus déterminés, ou les plus chanceux. Difficile de dire à quelle catégorie appartient la jeune Solveig, qui se réveille un beau jour d’une transe qui changera son destin à jamais.

L’enfant fait un rêve étrange, qui la transporte dans la Grande Halle du dieu Odinn, le Père-de-Tout, qui attend avec les guerriers jugés digne la fin des Temps désignée sous le nom de Ragnarok. Alors que le dieu borgne s’adresse à elle, Solveig est incapable de déchiffrer ses paroles, trop vastes et cryptiques pour les pauvres mortels.

Considérée à tort ou à raison comme une prophétesse, Solveig se voit donc confier une quête incertaine qu’elle ne comprend pas et dont peu de personnes saisissent les véritables enjeux. Escortée par une troupe de valeureux guerriers menés par le vétéran Olle, et accompagnée par la magicienne Véléda, Solveig doit se rendre sur la Montagne Sacrée pour y trouver la Pierre d’Histoires et ainsi découvrir ce que Odinn attend d’elle.

Après s’être installées sur le marché du comics en important les publications Valiant, les éditions Bliss reviennent en force avec cette saga nordique revisitée, similaire dans sa construction et dans son exécution au très bon Vei paru il y a trois ans chez Ankama.

L’auteur Joshua Dysart, déjà connu pour ses travaux chez Valiant justement, puise dans les mythes scandinaves en évitant certains poncifs. Au travers d’un texte que d’aucuns pourraient considérer comme ampoulé, il traite du rapport vertical qui unit l’homme à ses dieux, et de la différence irréconciliable induite par la transcendance supposée de ces derniers.

Loin de l’archétype du héros que l’on retrouve souvent dans ces sagas, la protagoniste Solveig traverse le récit en même temps que le lecteur, partageant ses interrogations quant à la nature véritable de sa quête, ce qui renforce la question dramatique et le moteur narratif du récit.

Graphiquement, Tomas Giorello fait montre d’un talent remarquable et livre des planches tout bonnement magnifiques, à mi-chemin entre Esad Ribic et Frazetta. Et il n’en fallait pas moins pour traduire toute la violence de cet univers.

Et il faut dire aussi que le grand format privilégié par Bliss met à l’honneur le talent de Giorello, de même que l’épaisseur du papier dont le grain met le trait en valeur.

L’Oeil d’Odinn fait donc partie de ces sagas épiques à la fois profondes et divertissantes que l’on aime lire sur l’Étagère. On la conseille vivement !

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