BD de Timothée Le Boucher
Glénat (2017), 192 p.
Album qui a fasciné pas mal de critique, atterri dans la plupart des sélections des BD de l’année, du coup je l’ai attrapé à la bibliothèque:
Lubin est un artiste, acrobate, un peu immature mais heureux dans sa vie. Puis il constate qu’un autre lui prends possession de son corps, d’abord un jour sur deux puis de plus en plus. Comment va-t’il gérer, admettre cela? Son entourage? Est-ce inéluctable et surtout, à mesure que cela évolue, ne risque-t’il pas à terme de disparaître complètement?
Gros album avec beaucoup de séquences muettes, illustrant le passage des jours, de plus en plus rapide, de plus en plus chaotique. Structure des cases assez rectilignes, assez classique, comme le dessin de l’auteur, très ligne claire avec des aplats de couleurs peu nuancés. Je reconnais la qualité de cette BD qui, malgré sa pagination importante se lit bien, rapidement, sans ennui. De même le traitement en mode thriller de cette relation à son moi invisible, bien mené. Je dirais que techniquement cet album est irréprochable.
Pourtant il ne m’a pas touché, que ce soit au niveau du dessin ou au niveau de l’histoire. D’abord par un côté très lisse du graphisme qui ne me parle pas. J’adore Juillard, les albums de Vivès, pourtant très épurés et parfois proches de Le Boucher, me touchent, j’y perçois une sensibilité qui ne me paraît pas ici. De même pour le scénario, trop linéaire, trop sombre (hormis les dernières planches qui, enfin, un peu tard, proposent une touche poétique). Cette couverture reflète bien cette impression lisse, informatique. En outre l’album est souvent présenté comme fantastique, ce qu’il n’est pas. C’est un roman graphique de forme thriller psychologique qui pourrait se rapprocher d’un Hitchcock et proche de ce qu’à fait Marietta Ren sur Phallaina, la BDfilée numérique sortie il y a quelques temps. Il y a une inquiétude inéluctable qui est assez désagréable pour le lecteur, une tension. On pourra aimer cela mais personnellement je n’ai pas eu grand plaisir à lire cet album. encore une fois c’est subjectif et je comprend que beaucoup aient pu l’apprécier. Timothée le Boucher est un vrai auteur et sait faire de la BD. Il progresse en outre graphiquement entre ses albums. Mais son style n’a pour moi pas assez de caractère et je ne comprend pas ce qu’il a voulu faire, dire, avec cet album. Bref, je suis resté à l’extérieur.
Les billets de Noukette / Mo / Maël / Caro / Faelys / Mon petit Carré jaune / Jérôme / Yvan/ Moka.
D’accord avec toi sur le dessin, ce n’est pas cet aspect-là qui fait la force de l’album. Quoi que, je me suis demandée si justement, le fait qu’il soit si lisse ne permettait pas finalement qu’on se concentre autant sur le récit.
Et d’accord encore pour le dessin de Vivès qui est plus sensible et vivant que celui de Le Boucher. Les ambiances moins « artificielles » sont un vrai régal, ne serait-ce quand on est face à une couleur qui propose plein de dégradés et qui n’est pas étalée uniformément du sol au plafond.
De mon côté, cet album a été une vraie claque. J’oublie rarement autant tout ce qui m’entoure quand je suis en train de lire un album et là… là, ça a été le cas. J’ai totalement fait abstraction de mon environnement, jusqu’à perdre la notion du temps, me fiant uniquement à ces années qui défilent dans la vie de Lubin.
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J’imagine bien qu’on puisse le ressentir comme ça. Moi ca m’a mis un peu mal à l’aise du coup pas grand plaisir. Mais c’est efficace est bien construit et je comprend que ca ait pu plaire à beaucoup.
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