BD de Bastien Vivès
Casterman (2017), 208p.
Bastien Vivès est un auteur qui prend de la place et Casterman la lui donne dans ce gros volume sobre et élégant. Rien de particulier à dire côté édition sinon que le titre (doté d’un vernis sélectif) et la couverture, pourtant simplissimes, touchent juste.
Antoine, 13 ans, va en vacances dans la maison de famille habituelle. Avec son petit frère Titi cela s’annonce calme comme chaque année. Mais apparaît Hélène, la fille d’amis de ses parents, 16 ans, qui va passer l’été avec eux. Commence une découverte entre sensibilité et tentations adolescentes, loin des parents, loin du frère. Une sœur?
J’ai découvert Bastien Vivès sur Polina (depuis adaptée au cinéma), fascinant croquis d’une apprenti danseuse, dont la subtilité du traitement m’a littéralement fasciné. Le dessin de Vivès, très épuré, n’est pourtant pas ce qui m’attire le plus en graphisme, mais la pertinence de sa technique et le sentiment général de profondeur restent assez uniques dans la BD actuelle. Polina jouit de la même force, sur un tout autre sujet. Il y a très peu de dialogues chez cet auteur et son style lui permet de nous toucher au plus profond de notre ressenti intime, de notre mémoire collective, lorsqu’en deux coups de feutre il croque un regard qui ne nécessite pas de dialogues, une expression complexe d’Hélène entre tentation et inquiétude. Le dessin est toujours un art fascinant quand il montre une image très précise en ne faisant que l’évoquer. On touche à l’impressionnisme…
Mais il n’y a pas que le dessin chez Vivès. Le personnage d’Hélène fascine autant le lecteur que le personnage principal. Consciemment ou pas, l’auteur lui donne des poses, des expressions, des silences issus du Lolita de Kubrick. Le lien entre le film et l’album est indéniable pour moi, hormis le fait que le personnage masculin est totalement différent. La jeune fille a ce mystère divin, cette Eve à la fois intrigante, tentatrice, accompagnant, fidèle,… La subtilité des non-dits fait que tout le long on alterne comme Antoine, ne sachant pas si elle est avec lui, manipulatrice ou sincère? Une sœur ou une amoureuse? Une proche ou une aventure de vacances? La fragilité d’Antoine est également très bien montrée, sur un rythme langoureux, estival.
Ce que j’avais beaucoup aimé sur Polina (que je vois comme un anti-Black Swan) c’est la capacité à intéresser par une véritable intrigue totalement dénuée de pathos. Il n’y a pas de mal dans le monde de Vivès, juste la vie, faite d’irrégularités, d’incompréhensions. Des personnages pures qui tentent d’entrer en contact, de jeunes gens qui apprennent la vie doucement. Deux-cent pages de beauté. Et un sacré trait.
Cet article fait partie de la sélection de, cette semaine hébergée chez les Mo’.
Caro l’a chroniqué également
Une excellente BD comme Bastien Vives sait en faire 😍
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Je suis complètement hermétique au trait de Vivès. Je n’arrive toujours pas à passer au-delà de ce rejet pour partir à la découverte de son univers dont je lis pourtant le plus grand bien. Peut-être un jour… Au plaisir de te relire…
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Je n’ai malheureusement jamais été séduit par l’univers graphique de Vivès…
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Une lecture qui marque… pourquoi pas. Je ne suis pas toujours fan de Vivès alors je veux découvrir davantage.
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Très tentée !
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J’avais été très sensible à la douceur qui émane de cet album (même si certains passages sont plus « crus » que d’autres)
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Bien tentée, je crois que cet album est dans ma bibliothèque… Je vais de ce pas le réserver !
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A force de lire vos billets élogieux sur ce titre, j’en aurais presque envie 🙂
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Vivès ca prend ou ca prend pas. Moi j’étais très réticent mais j’ai tenté Polina (doté de très très bonnes critiques) et j’ai été touché par son art et sa sensibilité très particuliers.
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Rien à faire, je n’accroche pas au trait de Vivès ni même à son univers… Polina m’avait laissée de marbre et je crains que celui ci ne me fasse le même effet…
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Ça risque si tu n’a pas accroché à polina
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Le dessin me plaît énormément, à l’inverse du propos… je passe donc
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J’avais adoré Polina ( j’ignorais que cette bande dessinée avait été adaptée!), je vais voir de ce pas si ma bibliothèque l’aurait ENFIN commandée!
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Je n’adhère pas toujours au travail de Vivès mais cet album là me tente.
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pas spécialement attirée par la couv’ mais ce que tu en dis est tentant 😀
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Un bel album, je te rejoints. Il n’y a pas de violences, rien de brutal ni de choquant pourtant, il dérange un peu. Difficile d’oublier cette lecture en tout cas
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