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No One’s Rose

Histoire complète en 160 pages, écrite par Emily Horn et Zac Thompson, dessinée par Alberto Albuquerque. Parution aux US chez Vault Comics, parution française avec le concours de Komics Initiative le 25/02/2022.

L’Arbre et la Vie

L’Homme le savait, et pourtant, l’Homme n’a rien fait. Lentement mais sûrement, l’Anthropocène aura détruit l’équilibre fragile de la nature, jusqu’à ce que cette dernière ne soit plus en mesure de sustenter la vie. Devenue inhospitalière, puis carrément hostile, la planète Terre a agonisé dans un dernier soubresaut qui promettait l’extinction du genre humain, mais aussi de toutes les autres formes de vie qui avaient passé des milliards d’année à s’adapter.

C’était sans compter sur l’ingéniosité humaine, qui ne réalise son potentiel que lorsqu’elle a atteint le précipice ou lorsqu’elle peut en retirer un gain immédiat. Les derniers scientifiques humains sont parvenus à maintenir la vie dans un périmètre restreint, une bulle hermétique dans laquelle le moindre atome d’oxygène ou la moindre molécule d’eau fait l’objet d’une attention particulière, un dôme où tout est recyclé de manière durable et où chacun à un rôle à jouer.

Ainsi, quelques dizaines de milliers d’humains ont survécu à l’apocalypse, a l’abri d’un microcosme qui représente tout ce que le genre humain aurait du faire depuis bien longtemps. Malheureusement, la survie de tous a toujours un prix, et elle ne peut se faire sans le sacrifice de quelques valeurs, et au passage, de quelques (milliers) de gens. Comme vous ne l’ignorez pas, la gestion durable de ressources (à savoir la raison d’être de la civilisation selon les anthropologues) entraîne nécessairement l’établissement d’une hiérarchie sociétale et d’un système normatif. C’est la raison pour laquelle les derniers humains de ce monde en décrépitude sont répartis en différentes castes: ceux qui travaillent en bas, dans les racines de l’arbre Branstokker, organisme génétiquement modifié pour assurer la subsistance des survivants, et l’élite qui vit sur la canopée, qui conçoit et maintient les systèmes de traitement et de gestion des ressources, et qui, accessoirement, vit dans l’opulence.

Tenn et Serenn Gavrillo sont deux frère et soeur, orphelin, qui travaillent dans des castes différentes. Alors que Serenn trime au service des élites, Tenn, elle, rêve d’un monde meilleur grâce la bio-ingénierie. Leur quotidien déjà difficile sera bouleversé lorsque le jeune homme va entraîner sa soeur à son insu dans un mouvement de révolte, organisé par les Drasils, un groupe de radicaux qui fomente des actions violentes au service de leur cause. Les Drasils, qui utilisent une forme de technologique impliquant une fusion avec des organismes fongiques, pensent que Branstokker est fichu et que quitter la zone verte est inéluctable.

Convaincu, comme les autres Drasils, que les autorités mentent, Sorenn compte se joindre au mouvement, quitte à s’aliéner son ambitieuse sœur.

No One’s Rose nous amène dans un futur post apocalyptique, sur un thème écologique fort pertinent. L’idée d’une dystopie écologique est très bien exploitée, avec de forts airs de Métropolis: un cité avancée centrée autour d’une machine (ici un arbre, autrement dit une machine biologique), des ouvriers exploités en bas et une élite détachée des réalités en haut.

A cela, ajoutez la débat sur l’intelligence artificielle (on peut dresser un parallèle avec la Gynoïde de Métropolis), la bioéthique, la manipulation des masses, une fresque familiale parcourue par des conflits de loyauté, et vous obtiendrez un récit engageant et cohérent, même s’il est avare en coups de théâtre. Côté narration, on a droit à des dialogues fournis, détaillés, mais on peut rester perplexe face à quelques transitions quelque peu abruptes entre les différentes scènes.

Rien que ne gâche la lecture cependant, surtout si l’on prend en compte la qualité des dessins et de la mise en couleur (assurée par Raul Angulo). Un dystopie émouvante prenant la forme d’un avertissement sur les abus de l’Homme, qui ne peut s’empêcher de se débattre avec lui-même, même au bord de l’abîme.

2 commentaires sur “No One’s Rose

  1. Je n’ai pas été emballé par cet albums. Je suis d’accord : il est assez décousu. Et sans grande surprise. L’univers semble riche au premier abord, mais on a l’impression d’en avoir fait le tour en refermant l’album… A noter que le traducteur de l’album est le truculent youtubeur « Le commis des comics ».

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