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Egregor #1-4

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Manhwa de Jay Skwar et Kim Jae Hwan
Meian (2019-2020), 2010 p./volumes, Nb et couleur, 5 volumes parus, série en cours.

bsic journalismMerci aux éditions Meian pour leur confiance.

Egregor est le reboot de l’adaptation en manga du roman fantasy de l’auteur  français Jay Swar. Une première série Egregor est sortie en 2017 avant ce Reboot avec le dessinateur coréen de la version manga de Warcraft. C’est donc un Global Manga, type d’édition particulière qui voit des auteurs français publier des manga en France ou asiatiques publier nativement chez des éditeurs français (confirmant le poids du marché manga dans notre pays!). Après le Tsugumi project de chez ki-oon, c’est donc Meian qui sortait comme son premier titre cette saga de fantasy très originale. Le projet inclut un « journal de Foa » sur internet, comprenant déjà 185 pages et visant à détailler l’univers d’Egregor en prolongeant la lecture volume par volume. Excellente idée transmedia qui démontre l’ambition et le travail passionné du scénariste.

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Le monde de Soteria est marqué par les « Moissons » lors desquelles des villes et villages entiers sont massacrés par les Faucheurs, guerriers impitoyables et inarrêtables. Un corps de chevaliers, les Egides, a été constitué pour protéger les populations de ce fléau. Lors d’une de ces moissons Foa un jeune forgeron et ses amis assistent à un évènement inhabituel et réchappent au massacre. Ils vont bientôt être emmenés pour être formés au sein des différents corps de combattants de Soteria pour assurer la relève…

Très étonnante série qu’Egregor, dont les illustrations de couverture absolument sublimes sont parmi les plus remarquables des étalages des librairies de manga! Il est surprenant que la série ne soit pas plus connue tant elle se démarque de ce à quoi on a l’habitude dans le secteur manga. Orienté vers un public d’adolescents (je ne parlerais toutefois pas de Shonen), Egregor reprend une esthétique empruntée à la fois aux RPG de jeux vidéo japonais, à l’univers de la Fantasy et à l’animation. Le scénariste explique dès les premiers tomes qu’il a été marqué par Game of Thrones, ce qui se ressent à la fois dans l’ambition du projet mais aussi dans son aspect sombre et complexe. Au sortir des quatre premiers volumes je dois dire que si le premier tome est un peu confus du fait de la plongée sans avertissement dans les effets des pouvoirs des Egides, la complexité des dialogues et la profusion de personnages et lieux géographiques rendent la lecture plutôt passionnante et concentrée sans jamais ressentir une influence trop voyante du modèle.

Egregor - Le Souffle de la Foi - Geek-ItL’autre influence graphique est donc l’animation, et il est à ce titre intéressant de comparer une série comme Lastman, dont les auteurs viennent du monde de l’animation et utilisent un dessin simplifié en mettant tout dans le mouvement, et Egregor dont le dessinateur propose un dessin beaucoup plus poussé mais utilisant les effets de flou et angles propres à l’animation. Les planches sont très détaillées avec des décors réalisés en partie en 3D avec des textures informatiques. Cela donne un aspect un peu froid par moments mais la qualité du dessin des personnages (artisanal cette fois) couvre ce problème en tirant parti de l’ordinateur pour massifier les séquences de bataille très impressionnantes et en posant des effets visuels (du feu, des sorts, etc) efficaces dans ce qui est conçu comme un blockbuster. Une fois cette impression de lire une mise en livre d’un film d’animation passée, on profite d’une vraie qualité visuelle qui est heureusement loin d’être le seul point fort de la série.

Review] Egregor : Le Souffle de la Foi - Wade's WorldCar le talent de Jay Skwar est indéniable et sa motivation pour proposer une grande œuvre de fantasy adulte évidente. Sur les quatre premier volumes il faut par moments s’accrocher tant l’univers regorge de noms, de lieux, et d’évènements sans que l’auteur ne prenne trop le temps de la pédagogie. Heureusement qu’un résumé des évènements précédents est présent en début d’ouvrage ainsi qu’un Dramatis Personae et une carte à partir du volume trois. L’auteur se plait à développer de nombreux dialogues tout à fait sérieux sur la situation « politique » des comtés de Soteria ou la stratégie à tenir face aux ennemis. Cela donne lieu par moment à des formulations un peu « ado » qui ne devraient pas déranger le public cible.

Le premier volume nous place directement dans l’action d’une moisson et du combat d’un Egide et l’on y est franchement perdu par des sauts temporels au sein d’un même mouvement qui nous font revenir quelques pages en arrière pour s’assurer que l’on n’a pas raté quelque chose ou que l’imprimeur n’a pas permuté des pages… Rassurez-vous Meian on Twitter: "⚔️Egregor Dans le tome 4 (à suivre, planning début  décembre) Manoir de Waldgarth. Depuis sa fenêtre, le Comte d'Hurstland  observe le déroulement de la bataille. Mais la tournure desc’est normal, voulu par le scénariste et trouvera une explication plus tard! Aussitôt après cette rencontre avec les quatre protagonistes que nous suivrons tout au long de la série on embarque dès le volume deux pour la formation des quatre jeunes gens et son lot de révélations tant sur l’univers de la série que des protagonistes. Le saut est un peu brutal et les informations sur ces Moissons, les forces en présence et les capacités de chacun  nécessitent de rester concentrés. Les tomes trois et quatre nous propulsent dans une gigantesque bataille alors que les forces de l’Adoration lancent une offensive sur la cité comtale. Au bout de seulement quatre tomes on a donc déjà bien pénétré dans un manga qui n’a pas de temps morts. Une des petites faiblesses est d’ailleurs peut-être cette gestion un peu boulimique des informations par un auteur qui a développé un monde franchement costaud et complexe. Si les séquences d’action sont absolument réussies et immersives, AVIS – Egregor Tome 2 - 4WeAreGamersdotées en outre de figures chevaleresques très charismatiques, quelques séquences dialoguées peuvent faire sourire.

A la clôture de cette grosse introduction on ressent l’envie de bien faire, la générosité des auteurs et une qualité graphique franchement superbe. D’un ton assez violent (voir gore), Egregor offre une dark fantasy assez classique qui a su digérer ses influences pour proposer une aventure au souffle épique qui bouscule le confort de lecture de son lecteur. Une franche réussite qui conserve tout de même quelques naïvetés et une construction un poil erratique sans que cela n’entache pourtant le plaisir de lecture d’une saga partie pour durer un moment!

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