BD de Jean-Pierre Gibrat
Futuropolis (2017), 60 p. Série Mattéo, 4 tomes parus.
Magnifique album, comme toujours chez Futuropolis (peut-être l’éditeur le plus attaché à ses maquettes avec la collection Metamorphose), les couvertures de la série sont chaque fois à tomber. La couverture est un peu trompeuse puisqu’il n’est (presque) pas question d’aviation… Ce quatrième tome forme un second cycle entamé avec le 3 sur le Front populaire et se poursuivra au moins sur un cinquième tome pour clôturer le cycle. On aurait aimé un cahier graphique…
Je suis (comme beaucoup) Gibrat depuis son grand succès Le Sursis, superbe diptyque sur l’amour, l’attente, la guerre… Chacun de ses albums est très bien accueilli malgré des répétitions que l’on ne peut nier (toutes ses filles ont le même – magnifique! – visage…) et cela pour une simple et bonne raison: il est pour moi l’illustrateur BD qui a probablement la plume la plus virtuose du circuit. Rares sont les grands illustrateurs dont les textes sont presque plus puissants que les images et c’est le cas avec Gibrat. Pourtant on part de très haut et il n’est pas besoin d’appuyer beaucoup sur les qualités des dessins et notamment des couleurs directes.
Les grandes idées ne se claironnent plus, elles se chuchotent. L’idéal dévalué, la peur restait une valeur refuge
Pour rappel, après la première guerre mondiale dans le tome 1, la révolution russe de 1917 dans le 2 et le front populaire dans le 3, Mattéo se retrouve (comme la fin du précédent le laissait entendre) embarqué dans la révolution espagnole (ou plutôt catalane) contre les phalanges franquistes. Une situation politique qui représente le personnage: idéaliste et désabusé. Ce thème permet à l’auteur de s’étendre sur ces grandes pages sur les magnifiques paysages semi-arides de l’Espagne, les petites ruelles du sud qu’il aime tant dessiner, ces bleus qui irriguent le ciel… C’est beau, très beau, on a l’habitude avec lui. Ce qui est plaisant dans la série Mattéo, plus que dans ses autres, c’est cependant son effort sur les visages ou plutôt les tronches. Mattéo d’abord, vraiment caractérisé, avec son nez cassé et son regard sombre, mais aussi les camarades vociférants. On est pas loin des gueules de Bourgeon mais en plus délicat.
Je vois que l’activité politique bat son plein… toujours sur la même ligne… celle du petit blanc
Mattéo est une série flamboyante par-ce qu’elle propose une traversée de la première moitié du siècle et se ses soubresauts politiques. C’est la série la plus engagée de Gibrat et sa longueur semble indiquer qu’il s’y fait plaisir, à la fois graphiquement et intellectuellement. Je n’ai pas relu récemment les précédents tomes (la série a 10 ans) mais je dois dire que ce volume est celui qui m’a le plus marqué au niveau des textes. Il y a une vraie inspiration dans les commentaires du narrateur sur la situation de ces pieds nickelés alcooliques engagés pour l’aventure ou pour la démocratie (on ne sait pas trop…) et sur les réparties à la fois drôles, vives, acerbes. Une vraie ambition littéraire qui fait relire plusieurs fois certaines bulles pour s’en imprégner, pour les savourer, comme on savoure ces aquarelles superbes.
… nous ne faisions guère mieux que des iceberg, on se fabrique sous un climat, on s’en détache, et on dérive le nez au raz des vagues.
Niveau scénario il y a bien une petite difficulté quand à la disparition soudaine des personnages entre les albums de la série et au sein d’un même album. C’est perturbant car cela brouille un peu la simplicité du récit. Probablement car Mattéo est l’axe de ses récits, le reste, comme l’histoire, comme la guerre, étant dérisoire à ses yeux. Il y a pourtant de l’aventure dans cette série (je ne dirais pas de l’action, qui n’est peut-être pas le fort de Gibrat) et l’on aime suivre les pérégrinations tant amoureuses que militaires de notre gueule cassée préférée.
Mine de rien Mattéo est en train de devenir une référence dans la BD historique et sans doute la meilleure série de son auteur. Une série qui peut se prolonger sans soucis et pour notre plus grand plaisir encore sur de nombreux albums, tant que le siècle a encore des horreurs à montrer.
Cet article fait partie de la sélection de, cette semaine hébergée chez Noukette.
j’aime tellement Gibrat!! il me tarde de lire ce quatrième tome de Mattéo ❤
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J’avais adoré le sursis ! Gibrat est aussi bon à la plume qu’aux pinceaux, c’est sûr. Noté, bien évidemment…
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Pas encore lu, mais ce ne saurait trop tarder…
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C’est clairement la série la plus emblématique de Gibrat !
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Cette série est splendide!
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Pas forcément la plus belle graphiquement mais scenaristiquement gibrat atteint un sacré niveau d’inspiration sur les textes
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Qu’est ce qu’elle est belle, cette série ! Qu’est ce qu’ils sont poignants, ces personnages ! Qu’est ce qu’il est touchant, Gibrat !!!!
En complément, je me permet de partager l ‘interview que j’ai eu la chance de faire de Jean-Pierre Gibrat, pour la sortie de ce T4 : https://youtu.be/lfdC92kUQtM
Merci
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Merci pour le lien!
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Ca donne envie de découvrir, en tout cas. J’aime ce type d’illustrations. Et bon, ça devrait être en biblio vu que ça date un peu. Pour le début de la série, du moins.
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Je pense que ça plairait beaucoup à mon Amoureux, je vais voir si je trouve les premiers tomes à la médiathèque. Et bravo pour la qualité de tes billets, c’est un plaisir 🙂
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Merci!
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Il me semble que c’est la première fois que je vois cette série ( ou alors j’ai la mémoire courte 😉)
Ma bibliothèque possède le tome 1, je vais aller la feuilleter. Les thèmes me parlent bien!
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Jamais tenté cette série, mais ton billet m’y incitera !
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J’ai une affection particulière pour Gibrat et je n’ai pas lu celui-ci !
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Pour moi, c’est la meilleure série de Gibrat. Les autres, je trouve les scénarios sans intérêt réel alors que la dimension politique de Mattéo la rend plus intéressante.
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Tout à fait d’accord! Par contre ses autres series je les trouve très sympa mais plus graphiques et romantiques.
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J’aime Gibrat d’amour !! Je n’ai lu que les deux premiers tomes de cette série mais je compte bien la poursuivre !
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La couverture et les dessins me donnent envie de découvrir.
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Je ne connais pas du tout cette série mais le dessin me plait beaucoup.
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Pas certaine d’être emballée par le dessin et par le fait qu’il y ait 4 tomes 😉
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Pas d’obligation de tout lire. Chaque volume à sa propre unité.
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J’adore cette série… Et puis ces dessins ! quelle beauté !
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J’adore Gibrat mais je dois encore découvrir cette série !
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la couv’ et les dessins ont l’air magnifiques, je note !
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Déjà vu passer cette série à plusieurs reprises sur les blogs. Et puis Gibrat ❤
Par contre, une fois n'est pas coutume, je n'ai lu ton article qu'en diagonale. N'ayant pas lu les tomes précédents, je n'ai pas tellement envie d'avoir des informations sur le quatrième tome (qui sait, je lirais certainement cette série un jour 😉 )
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J’aurais bien envie de commencer la série, mais donc débuter par le tome 1 🙂
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C’est presque des one shot qui peuvent se lire séparément, mais c’est un plus de suivre le personnage depuis le debut
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