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Ab Irato

La BD!
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BD de Thierry Labrosse
Glénat (2023), 176p., intégrale des trois volumes.

image-5Merci aux éditions Glénat pour cette découverte.

En 2111 Montréal est sous les eaux, victime du réchauffement climatique. Dans cette société inégalitaire où les plus démunis survivent seulement, une caste a accès au vaccin Jouvex qui garantit une restructuration moléculaire permettant de vivre jusqu’à 200 ans… Arrivé de sa province, un jeune homme va se retrouvé plongé dans une révolution aux coulisses plus troubles qu’elles ne le semblent…

Ab Irato - BD, informations, cotesLe québecois Thierry Labrosse est dans le circuit BD depuis les années 2000 où il a été mis pied à l’étrier par l’inévitable Arleston en pleine heure de gloire de Lanfeust, sur la série Morea, dont il a dessiné les cinq premiers tomes. Avec son dessin très technique, ses design SF ambitieux et son amour des jolies filles, le monde de la BD voyait en lui la prochaine star du neuvième art. Sans doute lassé d’un univers arlestonien formaté et finalement assez prude, il a choisi de voler de ses propres ailes en lançant la trilogie Ab Irato (« sous le coup de la colère ») qui part sur de très bonnes bases avant de révéler les faiblesses de Labrosse notamment en matière de dialogue.

Sur le plan graphique rien à redire, vous allez passer de magnifiques moments SF avec de grandes batailles futuristes, assauts de forces spéciales contre résistants, décors post-apo fourmillants et combat de la nemesis qui n’ont rien à envier aux meilleurs manga. Car la série est articulée de manière un peu schizophrène entre deux personnages: le jeune et naïf Riel qui se trouve embarqué malgré lui dans un conflit politico-industriel majeur en cherchant à sauver sa dulcinée, et une mystérieuse jeune femme dotée de capacités martiales et psychokinétiques phénoménales. Les deux Splitter Verlag - Comics und Graphic Novels - Ab Iratointrigues avancent pour se rejoindre vaguement mais semblent juxtaposées tout le long sans que l’on sache trop pourquoi. Cela ne dérange pas tellement la lecture mais c’est assez frustrant car séparément ces deux intrigues sont très réussies.

Doté d’une galerie de personnages conséquente avec son grand méchant dirigeant la multinationale produisant le vaccin et corrupteur du beau monde politique, ses traitres et ses incorruptibles de la police, ses belles âmes dans un monde de brutes, on se plait à suivre cette révolution articulée autour d’une rébellion des bas quartiers pour l’obtention pour tous du précieux sérum. Pour revenir aux difficultés scénaristiques d’un auteur dont ce n’est pas le métier, outre des dialogues un peu faibles, on trouve certaines ellipses qui oublient de nous tisser des explications relationnelles entre certains personnages, ce qui ne luit pas à la compréhension d’une intrigue sommes toutes assez simple, mais Ab Irato Vol. 1 by Thierry Labrosse | Goodreadsperturbe un peu la fluidité du tout. Rien de grave mais une nouvelle illustration que scénariste est un métier et que la plupart des aventures solitaires de très bons dessinateurs oublient l’apport de leurs acolytes.

En digérant de très belles références classiques de la SF (l’être supra-naturel vengeur, la multinationale scientifique,  la guerre-civile dans un Etat aux mains de l’argent,…), Thierry Labrosse nous invite au final à une très sympathique aventure SF qui apporte un léger exotisme en se situant dans une Montréal aux sonorités francophones qui rappelle par moment le travail de Bilal sur l’époque Metal Hurlant. En s’associant à un scénariste (dialoguiste) il aurait pu ambitionner une grande série, qui trouve ses limites dans un manque de liant mais réussit parfaitement dans ses scènes d’action et de tension psychologique. A découvrir. Depuis Ab Irato conclue il y a déjà sept ans, Labrosse s’est lancé dans une série auto-éditée inspirée du strip américain comme la Liberty Meadows de Frank Cho. On a hâte de lire ça!

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**·Comics·East & West·Nouveau !

Invisible Kingdom #3: les confins du monde

East and west

Dernier tome de la série écrite par G.Willow Wilson et dessiné par Christian Ward. Parution en France chez Hicomics le 17/11/2021.

A-foi-fée de pouvoir

Dans le tome 1 et le tome 2, nous faisions la connaissance de Vess, une jeune rooliane qui, poussée par sa foi, s’engageait sur la voie du Sentier, que propose la grande congrégations des Non-Uns, adeptes de l’église de la Renonciation.

Dans tout le système solaire, la Renonciation fait face à la toute puissante Lux, une corporation industrielle et commerciale qui livre ses produits sans délais à travers le cosmos. Entre détachement spirituel et attachement matériel, les habitants du système doivent choisir, mais ce qu’ils ignorent, Vess comprise, c’est que ces deux entités ne sont que les deux faces d’une même pièce, deux conspirateurs qui feignent l’antagonisme pour mieux manipuler les foules.

Après avoir compris cela, Vess se voit traquée par la Renonciation et par Lux, et se voit contrainte de fuir, à bord du Sundog, le vaisseau brinquebalant de Grix, une livreuse Lux qui ne s’en laisse pas conter. Aidée de son équipage, Grix tente d’abord de se débarrasser de cet encombrant paquet, avant de s’apercevoir que la jeune prêtresse dit vrai. N’écoutant que son courage, Grix décide alors de soutenir Vess et choisit de révéler la vérité à tout le système, s’attirant les foudres des deux géants.

Toutefois, nos rebelles se retrouvent le bec dans l’eau, poursuivies de toutes part sans pour autant avoir provoqué le raz-de-marée escompté. Que faudra-t-il faire pour éveiller les consciences ?

Alors qu’elle échappent in extremis au Point de Non Retour, Vess et Grix sont abordées par une frange extrémiste de la Renonciation, les soeurs de la Résurrection, qui semble bien décidée à nettoyer toute cette corruption par le feu. Littéralement. Vess est désormais contrainte de choisir entre sa foi envers le Sentier et son amour récent pour Grix.

Invisible Kingdom avait tous les atouts de son côté pour être une excellente série. Un univers riche et attractif, des thématiques actuelles et puissantes, telles que l’autodétermination, la lutte contre le consumérisme, la Vérité, la Foi, et l’Amour. Le premier tome exploitait très bien ces thématiques, avec une mise en place impeccable et un cliffhanger magistral dans le genre.

Cependant, le soufflet est quelque peu retombé avec le deuxième tome, qui plaçait les protagonistes dans une situation passive durant un temps suffisant pour laisser l’excitation retomber. Confrontées à des réalités cruelles, Grix et Vess ont du se compromettre pour atteindre leur but, permettant à leurs sentiments amoureux d’éclore, mais le tout paraissait déséquilibré, et il en résultait une perte d’élan.

Ce tome 3 poursuit dans la même veine, bien que le rythme reprenne de façon plus dynamique. On demeure sur une sensation de survol, de décousu, tant sur le traitement des personnages que sur la résolution de l’intrigue en elle-même. La question de la Foi est abordée, le dogme de la Renonciation paraît finalement bien abscons, assez fade le plus souvent, surtout dans la bouche du grand gourou dont Vess fait la rencontre dans ce tome.

Quant à la romance entre Grix et Vess, elle n’est pas à jeter mais semble écrite avec les yeux trempés dans la mélasse, à base de « je-me-sens-abandonnée-mais-je-me-sacrifie-quand-même-par-amour », et autres joyeusetés du même acabit. Quant à l’aspect révolutionnaire, on a bien sûr droit à la scène du réveil des consciences, mais l’intrigue s’est trop dispersée entre temps pour que l’on en saisisse toute la portée à ce moment-là.

Vous l’aurez donc compris, je n’ai pas été convaincu par l’ensemble de la trilogie, malgré un excellent premier tome qui semait les graines de l’excellence, sans les arroser suffisamment sur les deux tomes suivants.

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Aïda

Histoire complète en 200 pages écrite et dessinée par Sergio Gerasi. Parution en France chez Ankama le 15/04/2022.

Merci aux éditions Ankama pour leur confiance.

Détresse virginale

Aïda, ce n’est pas qu’un opéra de Verdi. C’est aussi une jeune femme prise dans un tourbillon de détresse existentielle, dont on va suivre le parcours qui la mènera à l’accomplissement et à l’émancipation. Étouffée par une mère qu’elle ne voit pourtant que très peu, incertaine quant à son avenir et incapable de se détacher de son passé, Aïda passe son temps à écouter ses amis Ludo et Tancrède s’épancher sur leurs faux problèmes d’enfants gâtés. Côté études, ce n’est pas la joie non plus car elle peine à avancer dans la rédaction de son mémoire. En attendant, Aïda parcourt la ville, pour voir le monde à travers l’objectif de son appareil photo.

Pour Aïda, les photos ne mentent pas. Elles montrent le monde tel qu’il est, avec ses failles et ses atours, mais toujours avec authenticité. Pour fuir ses problèmes, il suffit à Aïda de retirer ses lunettes, et laisser sa myopie lui cacher le reste. Mais fuir ce qui ne nous plaît pas ou ce qui nous cause du souci, ce n’est pas une bonne façon d’avancer dans la vie, en tous cas, pas si l’on veut aller quelque part. Aïda ne dort plus, elle ne mange plus, et pourtant, elle continue d’être écrasée par le poids de son corps.

C’est dans cet état de stagnation mortifère qu’Aïda fait la rencontre, presque par hasard, d’un mystérieux groupuscule de marginaux, se faisant appeler The Virus. Cette bande de joyeux drilles s’est donné pour mission de larder le contrat social en dénonçant certaines de ses hypocrisies, à travers des actions mi révolutionnaires, mi artistiques, savamment orchestrées et mises en scènes. Petit à petit, ces actions prennent de l’ampleur et commencent à défrayer la chronique. Aïda pense avoir enfin trouvé le sujet de son mémoire, mais elle pourrait en fait avoir trouvé bien plus que cela. Peut-être que ce Virus est en réalité le remède à tous ses problèmes.

This Revolution will not be televised

Run, girl, run

Sergio Gerasi frappe fort avec cet album. Grâce à une héroïne extrêmement attachante, il parvient à traiter de thèmes sociétaux qui peuvent paraître éloignés les uns des autres, mais qui forment pourtant un tout cohérent dans le récit. La mal-être existentiel vécu par Aïda a quelque chose de très millenial, cette génération confrontée aux affres d’un monde moderne en perte de sens, exposée à un flot d’informations toujours croissant et en même temps à la perte de confiance dans les institutions et dans l’avenir. Malgré les écueils évidents de ce type d’approche, qui aurait pu verser dans le spleen forcé et malhabile, l’auteur parvient à rendre palpable et crédible la détresse de sa protagoniste, et à nous embarquer dans un parcours initiatique très bien structuré et sans temps mort.

Avec pudeur mais sans misérabilisme, il trouve même les ressources pour évoquer des troubles sérieux et souvent mal compris comme l’anorexie et la dépression, et catalyse le changement chez son héroïne au travers des actions concrètes de ce groupe révolutionnaire, qui fait penser à un mélange entre Banksy et les Anonymous. Sur le plan graphique, impossible de ne pas être séduit par le traitement radical des couleurs, qui répond tout à fait au thème de la photographie, dont Aïda est adepte, ainsi qu’à sa vision déformée par la myopie.

On trouve même au fil des pages une mise en scène inventive, qui permet d’accentuer le ressenti et les émotions d’Aïda, qui étouffe sous les injonctions de sa mère et sous le poids d’une vie trop étriquée.

Écriture maîtrisée, graphismes assumés et couleurs magnifiques, moi je dis que ça vaut bien 5 calvin.

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Hong-Kong, cité déchue

Le Docu BD
Manga de Kwong-Shing Lau
Rue de l’échiquier (2021), 196 p., One-shot.

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bsic journalismMerci aux éditions Rue de l’échiquier pour cette découverte

Depuis 2013 le hong-kongais Kwong-Shing Lau travaille dans l’illustration, que ce soit par la publication de comics, l’organisation d’expositions ou d’évènements publics. Lorsque surviennent les manifestations de 2019-2020, la féroce répression dont il est témoin le met dans un état de sidération et le pousse à utiliser son art pour exprimer et montrer ce qu’il se passe dans sa ville, au moyen d’une technique de crayonnés d’une grande maîtrise.

PNG - 952.5 koPour comprendre ce livre très intime il est important de revenir un peu en arrière. Lorsqu’en 1997 le gouvernement de Londres rétrocède le territoire de Hong-Kong à la Chine continentale après un bail de 99 ans issu des guerres de l’Opium à la fin du XIX° siècle, l’accord prévoit que le système politique spécifique de ce territoire sera maintenu pour cinquante ans. Les signes avant-coureurs ont lieu en 2014 lorsque Pékin annonce une reprise en main sur l’élection du chef de l’exécutif Hong-kongais, ce qui provoque une « révolte des parapluies » qui échoue dans la répression. Le nouveau gouvernement désormais pro-Pékin prépare une loi d’extradition qui permettrait d’envoyer dans l’obscurité du système répressif chinois tout militant pro-démocratie. Les manifestations reprennent et sont cette fois noyées dans le sang avec l’aide des mafia locales.

抗疫救港Prenant la forme de dessins de presse destinés à illustrer des évènements ou séquences spécifique de cette lutte, ce qui touche le plus dans ce témoignage ce sont les réflexions personnelles de ce jeune auteur qui réalise brutalement que les normes qu’il croyait inébranlables en matière de libertés publiques et d’expression démocratique pouvaient voler en éclat de manière très violente, très rapide. Son invitation aux citoyens des pays libres à jauger la solidité de leurs institutions et à rester extrêmement vigilants sur l’attitude de leurs gouvernants en matière de respect démocratique est très émouvant et sonne comme une alarme en cette époque d’Etat d’urgence permanent et d’acceptation de restrictions progressives.

Pas a proprement parler une BD non plus qu’un reportage presse, Hong-Kong une cité déchue apparaît plus comme un carnet intime d’un témoin d’une violence sans pareil. Les lacrymo, matraquages et éborgnements par flashball nous interpellent particulièrement en France après l’épisode des gilets jaunes en nous obligeant à comparer ce que nous considérons comme une France démocratique et ce que Kwong-Shing Lau considérait comme une Hong-Kong démocratique. Bien sur il y a des morts là-bas, bien sur il y a un gouvernement autoritaire derrière, bien sur les mafias sont impliquées avec le gouvernement local. Mais c’est bien notre perception de citoyens et notre responsabilité de vigie démocratique qui est directement interpellée.

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L’Évadé de C.I.D. Island

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Récit complet en 125 pages écrit et dessiné par Ibrahim Moustafa. Parution française chez les Humanoïdes Associés le 07/04/2021.

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Merci aux Humanos pour leur confiance.

Monte-Cristo à Alcatraz

Le jeune Redxan Samud n’avait pas tout pour réussir, mais la chance semble tout de même lui sourire. De basse extraction, il a du redoubler d’efforts pour faire ses preuves sur le navire marchand où il trime depuis des années.

Après un énième exploit qui attire sur lui l’attention de l’armateur, Redxan est désigné capitaine de son navire. Cette promotion inespérée, qui récompense des années d’efforts, va lui permettre de demander l’élue de son cœur, Meris, en mariage.

Ulcéré par cette ascension, Onaxis, un homme fourbe et cupide issu de la noblesse, fomente un complot contre Redxan afin de provoquer sa chute. Accusé de trahison envers le régime, Redxan est condamné lors d’une glaçante parodie de justice, puis jeté dans les geôles de C.I.D. Island, une prison impénétrable dans laquelle il rejoint nombre de prisonniers politiques. Clamer son innocence ne fait que précipiter sa disgrâce et durcir son châtiment, si bien que Redxan perd tout, son honneur, son avenir et la femme qu’il aimait.

Forcé de lutter pour sa survie lors de combats à mort, Redxan perd peu à peu espoir et sombre presque dans la folie. Un jour, il fait la rencontre d’Aseyr, un vieil homme enfermé depuis des décennies, avec lequel il va se lier d’amitié. A partir de là, Redxan va retrouver la volonté de vivre, puis préparer sa vengeance, contre ceux qui lui ont tout pris…

Un homme trahi en vaut deux

Nous sommes ici face à une adaptation du célèbre Comte de Monte-Cristo, d’Alexandre Dumas. Un homme est trahi et perd tout, puis revient des années plus tard sous un nom d’emprunt pour accomplir sa vengeance.

L’auteur s’approprie bien sûr l’histoire à sa manière, notamment en utilisant un décorum SF, qui n’impacte toutefois pas l’intrigue de façon significative. Si la première partie reste fidèle au modèle, la suite prend néanmoins une tournure plus personnelle à l’auteur. En effet, sur fond de lutte des classes, le scénario va passer du cadre intimiste de la vengeance personnelle à celui plus large de la révolution.

Cette direction élude donc tout un pan des manœuvres originelles d’Edmond Dantes, qui dans l’œuvre de Dumas, éliminait un à un ses anciens persécuteurs avec patience et froideur. Dans C.I.D. Island, la duplicité du héros ne dure qu’un temps, puisque le tout bascule bien vite dans l’action pure et les affrontements frontaux, ce qui est finalement dommageable, bien qu’entendable dans le cadre d’une adaptation.

Le tout est traversé par un souffle épique, en grande partie grâce aux fabuleux graphismes d’Ibrahim Moustafa, qui fait mouche tant sur les personnages que sur les décors. Vaisseaux volants, robots de guerre et îles flottantes, duels au sabre, tous les ingrédients sont réunis pour constituer ce récit prenant et divertissant.

En bref, L’Évadé de C.I.D. Island est un récit d’action et de vengeance fort bien réalisé, ambitieux et cohérent dans son ensemble, même si l’on aurait aimé que la partie mascarade, qui fait tout le sel de l’œuvre originale, soit davantage mise à l’honneur.

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L’Âge d’Or

La BD!

Série en deux volumes de 224 et 183 planches, écrite par Roxanne Moreil et Cyril Pedrosa, dessinée par Cyril Pedrosa, qui est assisté par Claire Courrier et Joran Treguier aux couleurs. Parution le 07/09/2018 et le 06/11/2020 aux éditions Dupuis.

Suis-je le gardien de mon frère ?

Perçue comme obscurantiste, l’époque féodale aura néanmoins permis aux hommes de faire face à un monde âpre et inhospitalier, où régnaient jusque-là la violence et la loi du plus fort. Sous la protection d’un seigneur, les paysans, en échange de lourds impôts, pouvaient se protéger des attaques derrière ses remparts. Cependant, féodalité rimait également avec asservissement, déterminant les individus dans une hiérarchie inflexible qui leur était imposée dès la naissance.

Bien que Tilda connaisse et partage les souffrances de son peuple, son rang va exiger d’elle qu’elle prenne la tête du royaume suite au décès de son père le Roi. Osera-t-elle le renouveau, portée par les idéaux égalitaires qui galvanisent les insurgés chaque jour plus nombreux, ou perpétuera-t-elle sans le vouloir un système inique qui oppresse et exploite les plus vulnérables ?

L'âge d'or», rêves de gauche - Culture / Next

La Princesse ne trouvera pas tout de suite la réponse à cette question. Son père à peine mis en terre, son jeune frère est placé sur le trône par un cercle de conspirateurs, dirigé par sa propre mère, la Reine. Tilda se verra contrainte à l’exil, épaulée par le chevalier Tankred et son second Bertil, soutiens indéfectibles grâce auxquels elle parviendra à échapper au sort funeste que lui réservait sa mère.

Voici nos trois fuyards à dos de cheval à travers les terres désolées du royaume, en proie à la famine et aux prémisses d’une guerre civile. Tilda, dont la sagacité lui avait fait pressentir ces troubles sociétaux, va devoir se résoudre à reprendre le trône si elle veut empêcher la ruine de son peuple, et instaurer le nouvel âge d’or que décrivent les légendes d’antan.

Le retour de la Reine

Alors que le premier volume était construit comme une quête initiatique censée mener l’héroïne à l’éveil spirituel, le second volume nous impose une ellipse temporelle pour nous plonger dans une ambiance bien plus noire et amère. Etonnamment le caractère épique et la fluidité de lecture (avec l’utilisation notamment de cheminements narratifs sans cases dans ces superbes doubles pages) rendent ce diptyque plutôt grand public.

La fable sociale est toujours présente, mais le contexte est bien moins optimiste. Tilda et son armée sont désormais enlisés dans un conflit meurtrier et perdu d’avance pour la reconquête du trône, tandis que le pouvoir tant convoité de l’Âge d’Or, moteur de la révolte contre les seigneurs, reste hors de portée de la souveraine légitime.

Sur une vue d’ensemble des deux volumes, le point fort de l’intrigue se révèle être sa cohérence thématique. Roxanne Moreil et Cyril Pedrosa illustrent fort adroitement le paradigme du pouvoir corrupteur et des vertus d’un système tendant vers l’équité et prônant un retour aux valeurs humanistes. Tilda elle-même n’est pas épargnée par le poids de la couronne qu’elle s’échine à reprendre à son frère usurpateur, ce qui renforce la cohérence souhaitée par les deux auteurs qui vont au bout de leur propos par le biais de leur protagoniste.

La philosophie mise en avant par l’Âge d’Or assume ses élans utopistes, sans pour autant verser dans la mièvrerie, ce qui participe d’autant plus à sa qualité.

Il est à mon avis inutile d’aborder la qualité graphique de ce diptyque, tant elle saute aux yeux. Les planches donnent à voir une parfaite harmonie entre le trait léger de Pedrosa et la mise en couleur. Les couleurs mettent en valeurs tant les décors, sublimes quelle que soit l’échelle, que les personnages ultra expressifs designés par l’artiste. La variété des techniques utilisées et la gourmandise du format très spacieux (tout de même cinq-cent planches sur les deux volumes!) procurent à la fois un sentiment d’expérimentation artistique tout à fait propice au vu du sujet (l’imagination, le Nouveau monde) et d’artisanat. Pedrosa se cale en effet sur un aspect proche de la tapisserie médiévale ou de gravures et donne ainsi un vrai grain, une texture qui nous fait toucher ce monde médiéval. le style ne plaira pas à tout le monde mais la qualité esthétique est indéniable.

Une réussite en tous points, une BD qui vaut… de l’Or !

Billet écrit à quatre mains par Dahaka et Blondin.

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Don Vega

La BD!

Histoire complète en 87 pages, écrite et dessinée par Pierre Alary, d’après l’œuvre de Johnston McCulley. Parution aux éditions Dargaud le 02/10/2020.

Viva Las Vega

Si l’Histoire des États-Unis d’Amérique est mouvementée, celle de la Californie ne fait bien sûr pas exception. Théâtre de conflits de territoires entre le Mexique, l’Espagne et les américains, cet État a vu ses habitants spoliés de leurs biens par les différents seigneurs de guerre qui ont tour à tour revendiqué le pouvoir.

En 1849, alors que la Californie vient de quitter le girond mexicain et l’emprise espagnole, Gomez, un ancien général de la guerre du Mexique, espère tirer son épingle du jeu en spéculant sur les terres confisquées par les armes aux anciens propriétaires. Devenu un homme d’affaire puissant, il réunit autour de lui des nantis afin d’accroître son influence, alors que ses mercenaires sèment la terreur parmi les péons, qu’il réduit en esclavage dans ses mines d’or.

Parmi les victimes de ses machinations, la famille Vega, dont il a annexé toutes les propriétés après le décès des époux Vega. Seul demeure Don Vega, dernier héritier de la fortune, ignorant ce qui se trame réellement.

Zorro Begins

Parmi le peuple, cependant, gronde une colère juste, mais timorée. Certains, imbibés d’alcool, parviennent à rassembler suffisamment de courage pour se dresser, une arme à la main, contre la tyrannie de Gomez et de son armée, invoquant la légende d’un redresseur de torts local, El Zorro. Malheureusement, aucun des téméraires n’a survécu. Un seul homme peut-il suffire à déclencher une révolution ?

Gomez, du haut de sa tour d’ivoire, semble persuadé que non. Mais Don Vega, revenu secrètement en Californie, va s’échiner à lui donner tort. Fort de son entraînement à l’académie militaire de Madrid, le jeune orphelin déshérité va utiliser le folklore à son avantage pour inspirer le peuple et renverser le tyran.

Pierre Alary revient dans Don Vega aux fondamentaux du monument de la culture populaire qu’est Zorro. Décliné depuis des décennies dans tous les médias, le vengeur masqué a inspiré plusieurs super-héros (notamment Batman, et même le fameux Dahaka !), preuve de l’universalité de certaines de ses thématiques.

L’auteur s’empare donc des éléments-clés de Zorro pour les condenser en une origin story dense et rythmée. On assiste ici à une mise en abyme puisque l’on découvre, au fil du récit, que le personnage est une icône du folklore dans laquelle les péons oppressés placent leurs espoirs. La technique graphique de Pierre Alary laisse rêveur et offre à ce roman graphique toute sa qualité et sa noblesse. L’histoire se lit comme un one-shot, bien qu’elle soit en réalité un préquel, il ne serait donc pas étonnant de voir fleurir une suite à cet ouvrage impressionnant !

L’avis de Blondin

Le format one-shot permet de se départir du carcan de la série avec sa progressivité nécessaire pour proposer une générosité brute de la part des auteurs. Sous un style très BD jeunesse, Pierre Alary utilise une technique solide et un sens du cadrage et du rythme redoutables pour nous proposer une histoire courte, menée tambour battant, qui prend ses aises pour une sorte d’album-concept dont l’intrigue tient plus du western que d’Hitchcock mais dont la mise en scène procure de véritables sensations de cinéma. Si l’on reste vaguement sur notre faim quand au personnage de Zorro, la gestion du mystère et du mythe face à ces superbes ordures nous immerge dans un page-turner qui laisse effectivement envie de voir une suite. Je regretterais juste ces trames dont l’intérêt m’échappe et qui abiment les planches par ailleurs joliment colorisées.

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***·BD·Documentaire·Nouveau !·Service Presse

Che, une vie révolutionnaire.

Le Docu du Week-End

BD Jon Lee Anderson et José Hernandez
Librairie Vuibert (2020), 439p., one-shot.

bsic journalismMerci aux Librairie Vuibert pour cette découverte.

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Les figures mythiques des luttes du XX° siècle ne sont pas si nombreuses. Aux côtés des combattants des droits civiques et des militants de la non violence, Ernesto « Che » Guevara est à ranger dans la catégorie des révolutionnaires tout ce qu’il y a de plus classiques: issu de la bourgeoisie argentine il est conquis aux principes du combat anti-impérialiste pan-américain dans une époque où la CIA continue la politique du Big stick dans son pré-carré de l’Amérique latine. Avec des dictatures très accommodantes avec le grand capital états-unien, le grand voyage à moto à travers le continent que Guevara fait pendant ses études de médecine le convainc d’une chose: il convient de mener des politiques d’émancipation déterminées et une résistance militaire s’il le faut. Ce contexte n’est pas relaté par le journaliste Jon Lee Anderson qui vise dans cette adaptation illustrée de sa biographie du Che à nous faire entrer dans la psyché du personnage au travers de toute une série de lettres à sa famille, à ses amis (dont Fidel Castro) ou de discours. Ce portrait passionnant est celui d’un romantique qui a placé ses idéaux avant toute autres considération, pour la vie humaine, pour la famille, pour ses proches ou pour lui-même. C’est en cela que Che Guevara apparaît dans cette galerie de héros de la libération des peuples comme sans doute le plus fascinant car le plus héroïque, comme un véritable personnage de fiction dont l’idéalisme fut sans doute inadapté à une époque dure, injuste, violente et immorale.

Jon Lee Anderson est une pointure du journalisme, reporter dans de nombreux pays d’Amérique latine pour les plus prestigieux journaux américains il s’est spécialisé dans les biographies de figures du marxisme, dont l’ouvrage de référence sur le Che, paru en 1997 et qui est adapté ici par son auteur avec son collègue mexicain, dessinateur de presse. Il faudrait lire le livre pour pouvoir le comparer à son adaptation. Le parti-pris de l’auteur est ici d’adopter une approche très neutre, s’extrayant des débats sur cette figure controversée de Guevara (de par les reconstructions historiques que le mythe mondial a produit comme par les actions radicales prises lors de la guérilla qui mena au renversement de la dictature cubaine).

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On aborde l’ouvrage avec le jeune Ernesto tout jeune et brillant diplômé de médecine qui part pour le Guatemala où le président socialiste démocratiquement élu est renversé par un coup d’Etat soutenu par la CIA. Cet évènement est présenté comme une bascule politique dans l’esprit de cet homme déjà hautement déterminé. Il ne lui faut pas beaucoup de temps pour être conquis par le très charismatique Fidel Castro et embarqué avec « douze hommes » vers l’île de Cuba. Anderson ne commente pas particulièrement les propos et actions du Che hormis par des notes de bas de page permettant de resituer la vérité, comme le fait que les « barbudos » débarquèrent plutôt à soixante, faisant comprendre que Guevara a très tôt saisi le rôle de la légende (mieux vaut être douze apôtres que soixante types en treillis…) pour parvenir à renverser des systèmes!

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Les évènements historiques connus sont traités assez rapidement comme des passages obligés (la crise des missiles,…) mais l’on sent que les auteurs s’intéressent plus aux réflexions, cheminement intérieur de l’homme plutôt qu’à la Geste déjà bien documentée. Une des grandes découvertes pour moi aura été les relations de Guevara avec ses deux femmes et ses enfants issus de deux relations. Là encore, si Anderson ne commente pas son attitude pour le moins distante, il fait insinue que le révolutionnaire n’a jamais cherché une relation matrimoniale. Sa détermination pour la révolution placée au-dessus de tout le reste justifierait le fait que ces enfants lui aient été imposés et José Hernandez ne nous montre pratiquement aucune séquence en famille.

Le dessinateur mexicain propose dans cette somme très volumineuse dont la lenteur participe à la compréhension du personnage des planches impressionnantes de réalisme et qualités graphiques. Dans un style assez figé (comme tous les dessinateurs hyper-réalistes) on sent les heures passées à analyser le faciès de l’argentin, de son visage enfantin à ses différents et saisissants maquillages utilisés lors de ses pérégrinations entre Afrique et Bolivie pour échapper à ses adversaires. Répondant à un scénario faisant la part belle à l’épistolaire et aux documents d’époque il propose un portrait de presque cinq-cent pages, presque une psychanalyse graphique d’un idéaliste qui a donné littéralement son existence à une cause à laquelle bien peu croyaient.

Moins médiatisée que l’autre monumental documentaire sur la Bombe paru cette année, Che, une vie révolutionnaire est un magnifique pavé graphique qui exige du temps mais est l’occasion idéale pour pénétrer au cœur du mythe et comprendre ce qu’était et ce qui mouvait Che Guevara.

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***·BD·Nouveau !·Numérique

D.O.W. #1: Les ailes du Loup

Premier tome de 64 pages d’une série écrite par Thilde Barboni et dessinée par Gabor. Parution le 11/09/2020 aux éditions Dupuis.

Art et Révolution

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A Nice, la ville ensoleillée, sévit un street-artist nommé D.O.W., qui, par ses œuvres engagées, dénonce des crimes et aide ainsi la police à lutter contre les trafics et le travail forcé des migrants clandestins.

Grapheur justicier la nuit, Aliocha Marni est tatoueur le jour. Prisé par les stars et autres personnalités influentes, il monnaie son coup d’aiguille chèrement, parfois à des gens peu recommandables. Mais si Aliocha se tisse des accointances louches, c’est parce qu’au-delà de sa soif de justice, il a des comptes à régler, et une vengeance personnelle à accomplir.

Graph et Haute-Voltige

Comme vous l’aurez constaté, le pitch de D.O.W. peut paraître frugal à première vue. Cependant, l’auteure nous plonge immédiatement dans l’action en faisant du grapheur-vengeur une figure locale connue, et appréciée. Son alter-égo, Aliocha, est lui aussi promptement introduit, ce qui évite les temps morts et une exposition trop longue. En moins d’un tiers de l’album, tous les protagonistes sont en place et les enjeux clairement établis, ce qui n’empêche pas des rebondissements distillés en seconde partie.

Comme dans toutes les revenge stories, il y a un certain manichéisme, et pour l’instant en tous cas, Aliocha n’a pas encore eu à compromettre sa moralité afin de se rapprocher de son objectif. Le personnage secondaire de Sacha, bien qu’utile à l’intrigue, m’a semblée légèrement superficielle, mais ce tort fut vite réparé au fil de l’album.

Le dessin de Gabor apporte une touche de fraicheur et de dynamisme à l’ensemble. Certaines planches oscillent entre du Todd Nauck et du Enrico Marini, et font plaisir à voir.

Une série qui démarre sur les chapeaux de roue, et dont on a hâte de connaître la suite !

***·****·BD·Edition·Nouveau !·Rapidos

Festival des gazettes#2: Le Château des étoiles/La Gazette du Château

La BD!

Je suis un grand fan des éditions au format Gazette (vous pouvez retrouver sur le blog la quasi intégralité des épisodes du Château des étoiles, du Château des animaux et du Sang des Cerises de Bourgeon). Cette année marque un changement important pour deux d’entre elles. La périodicité, pour la série star de Delep et Dorison (qui a raflé plusieurs prix cette fin/début d’année), avec un retour à la normale après une parution chaotique des épisodes du premier volume. Et l’arrivée d’une série parallèle pour le Château des étoiles, scénarisée par un Alain Ayroles qu’on a adoré sur le scénario des Indes Fourbes. Si vous ne connaissiez pas ces éditions il est toujours temps d’embarquer sur ces très grands formats agrémentés de rédactionnels immersifs très réussis

  • Le château des étoiles #13: Terres interdites, suivi de Les chimères de vénus 1/5. Parution mensuelle.

Edition « interplanétaire » regroupant Le château des étoiles et Les chimères de vénus.

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Je ne tarie pas d’éloges sur les éditions Rue de sèvres qui font un formidable boulot depuis quelques années. Une fois n’est pas coutume l’augmentation ni vu ni connu des gazettes de cinquante centimes ne fait pas plaisir. On me dira que la pagination augmente avec l’arrivée de deux histoires dans chaque fournée mais bon…

La guerre contre les martiaux bat désormais son plein avec un corps expéditionnaire prussien qui fait des ravages sur une population dotée de pouvoirs psychiques mais pacifiste. Les propriétés physiques de la planète et de l’Ether contrecarrent cependant les plans des allemands dont certains commencent à douter de l’honnêteté des objectifs du régime. La migration vers le pôle continue et l’on nous reparle du Château des étoiles du roi… Pendant ce temps sur Terre les capitalistes français préparent la colonisation de Vénus, où la Nature reste relativement indomptable… Si la BD d’Alice continue son bonhomme de chemin, la nouvelle venue change assez franchement et le ton et le graphisme pour se tourner vers un style très proche du design des films d’animation Disney. Pas forcément ce que je préfère mais ça reste agréable à lire et très bien écrit en permettant une respiration par le changement de camp (partie de France, la série est depuis restée très centrée sur le monde germanique) et de thématiques. Plutot un bon point pour cette série dérivée et le format gazette permet de limiter de risque d’une série parallèle, toujours dangereuse à lancer.

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  • La gazette du château #4 (3° année, janvier 2020) – Parution trimestrielle:

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A l’inverse du précédent, celui des animaux baisse de cinquante centimes avec une baisse de pagination… Les voies de l’édition sont décidément impénétrables. Le seuil de 3€ pour 1/3 d’album non relié me semble un ratio à ne pas dépasser. Cette nouvelle année Casterman ne s’engage pas sur une périodicité de sa gazette, échaudé par un très gros retard sur les précédentes. Vu le rendu final de Delep on serait malhonnêtes de râler et je pense que cette solution est plus sage et plus rassurante pour tout le monde. Le prochain épisode est néanmoins annoncé pour mai.

On retrouve donc Misse B et ses amis lapin et rat à la tête d’une révolte qui a bien ébranlé l’assurance du pouvoir dictatorial du président Silvio. L’hiver arrive et passé l’effet de surprise, il devient nécessaire de convaincre les animaux du pouvoir de la non-violence et d’actions des plus intelligentes…. Si les rédactionnels de la première saison étaient très agréables à lire, je trouve que l’esprit « propagande années trente » perd l’effet nouveauté et tourne un peu en rond avec une simple reprise textuelle de ce qui se passe dans l’album. IL serait bien que les auteurs développent le background, le hors-champ afin que cette édition enrichisse vraiment la série. En attendant c’est toujours aussi (plus?) magnifique, notamment dans la gestion des couleurs et textures. Delep est un véritable virtuose, les textes de Dorison font mouche et on est toujours happés par cette série qui se révèle ici une suite quasi officielle de la Ferme des animaux. On se demandait, c’est confirmé!

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