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Sonata #1: la vallée des dieux

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Comic de David Hine et Brian Haberlin et Geirrod van Dyke
Delcourt (2020), 192 p.

bsic journalismMerci aux éditions Delcourt pour leur confiance.

 L’édition française utilise une des couvertures non retenues (pas franchement la plus efficace mais peut-être la plus représentative de l’album) et un gros dossier final de quinze pages présentant couvertures alternatives, une double page de making-of et un aperçu d’une sculpture du dessinateur dans l’univers de la BD. Une appli de réalité augmentée traduite en français est disponible. Édition correcte.

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Sur la planète Perdita cohabitent les pacifiques Ran et les guerriers Tayan, mais aussi des indigènes endémiques au passé mystérieux. Sur cette terre hostile il convient de ne pas froisser les titans aux pouvoirs mortels que certains appellent « dieux ». Dans ce monde clos un accident va bientôt révéler les secrets enfouis et contraindre les frères ennemis à s’allier ou à assumer une guerre mortelle…

Sonata - BD, informations, cotesAvec les miracles que nous proposent depuis un an les jeunes éditions Hicomics la barre est mise très haute dans le domaine du comics indé, secteur où Delcourt fait office de mètre-étalon. Les preview de l’édition américaine de Sonata me faisaient de l’œil depuis un an avec cette ambiance steampunk et ces géants à l’apparence particulièrement originale qui me rappelaient un peu la fantastique vision du récent relaunch de X-O manowar.

Ce récit de conquête est doté d’un background plutôt fourni et intéressant et de personnages attachants avec cette Sonata, jeune femme aussi intrépide que pacifique qui va se retrouver dans les bras du bellâtre fils du chef ennemis Tayan. Surtout le bonhomme Treen, indigène à la physionomie de crapaud inquiétant qui s’exprime à la troisième personne et dont le code d’honneur tribal va entrer en contradiction avec son amitié pour Sonata. Si l’intrigue et les relations entre les deux clans antagonistes est déjà vue et s’inspire du schéma cowboys/indiens, l’articulation avec le mystérieux peuple Lumani apporte un déséquilibre intriguant par les révélations qui sont distillées tout au long de l’album. Avec des airs d’Aquablue, Sonata sonne comme une belle histoire écolo un peu naïve, dont la plus-value (hormis les graphismes, j’y reviens) est apportée par ces titans aux formes archaïques, entre le cadavre de Cyclope antique et le monstre de cauchemar… Survenant à plusieurs moments de l’histoire sans que l’on ne connaisse leur rôle ni leur fonctionnement, ils semblent liés au peuple Lumani dont l’aspect archaïque cache une réalité toute autre que les naïfs humains récemment arrivés sur ce monde sont loin de se douter. Avec ces géants, c’est une dimension mystique qui enrichit des séquences parfois proches de la sitcom et monte l’album dans les dimensions mythologiques tout à fait captivantes de cet univers.

Review: Rich Artwork & Storytelling in SONATA #3Révélant finalement bien peu, ce premier volume fait le job en installant un contexte un peu manichéen qui promet des affrontements à venir contre une nouvelle force d’outre-espace. Avec leur message écolo-pacifiste, les auteurs arrivent à nous prendre dans leurs filets sur le plan narratif, appuyés par des dessins plutôt jolis (bien qu’un peu figés), en tout cas pour leur partie traditionnelle. Haberlin, qui a officié pendant des années dans l’écurie de Todd MacFarlane (Spawn) a une vraie patte et propose un design tout à fait sympathique, que ce soit pour les créatures ou les équipements technologiques. J’avoue avoir en revanche un peu tiqué sur le choix de colorisations par application de textures informatiques assez particulières, donnant aux dessins un aspect photo-réaliste malgré un style très BD de l’illustrateur. L’apport de Geirrod Van Dykke n’est pas forcément un bien pour cette série qui aurait profité d’un traitement de colorisation plus classique. Je ne dirais pas que c’est laid et cela apporte une indéniable touche d’originalité « industrielle » mais la lisibilité des cases n’en est pas facilité. En outre les arrières-plans sont remarquablement vides et heureusement que les personnages sont aussi réussis car cela aurait pu être un critère rédhibitoire pour le jugement de l’ouvrage. Il y a une certaine mode parmi les illustrateurs américains, comme sur la grande saga Lazarus qui me un problème graphique pour la même raison.

Au final Sonata se laisse bien lire en vous procurera un plaisir variable selon votre accroche aux dessins. Sans révolutionner le genre, elle propose suffisamment d’éléments intéressants pour permettre une lecture fluide, pas prise de tête et l’envie de prolonger l’aventure techno-magique de la belle Sonata.

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4 commentaires sur “Sonata #1: la vallée des dieux

    1. Je trouve qu’il y a bcp de tres bonnes idees dans les comics indé… pas toujours réalisées avec les moyens de la franco-belge (toujours ces rythmes de parution us!). J’avais par exemple bcp aime wild blue yonder, totalement passé inapercu sur des pirates du ciel dans un univers a la mad max.

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