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Uncle sam

La trouvaille+joaquim

Comic de Steve Darnal et Alex Ross
Semic/Panini (2001/2010), 96., one-shot.

La dernière édition en date est une version deluxe chez Panini, datant de dix ans, qui est peut-être la version française de la Collected édition reliée comprenant trente-deux pages de plus avec des illustrations originales et des textes de contexte. J’ai personnellement la version SEMIC brochée de 2001.

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Ma récente lecture du plutôt réussi Strange fruit m’a donné envie de me replonger dans les ouvrages du grand Alex Ross, chef de file de l’école hyper-réaliste des comics de super-héros et peut-être le plus iconique des dessinateurs de l’écurie DC. Connu pour ses deux plus grands ouvrages, le mythique (et encyclopédique…) Kindgome Come et donc, cet Uncle Sam. Ce dernier arrive assez tôt dans la carrière de Ross et a le grand mérite de se présenter comme un véritable roman-graphique, relativement court, qui marque le style de Ross avec cette colorisation directe et ce très grand sens de la mise en scène. Surtout, il nous dispense d’un côté kitsch que revêt l’oeuvre d’Alex Ross de part son style, son rattachement exclusif aux héros classiques de DC et au Golden Age.

Uncle Sam - BD, avis, informations, images, albums - BDTheque.comRésumer l’intrigue d’Uncle Sam est ardu mais surtout inutile car il s’agit d’un concept, d’une allégorie visant à faire parcourir par l’Oncle Sam, l’âme de l’Amérique, l’histoire de son pays, des idéaux de la guerre d’indépendance aux renoncements et perversions qui ont abouti à une corruption généralisée des âmes et des esprits… Véritable pamphlet politique d’une même force que les films de Michael Moore, cet album est exigeant (comme tous les ouvrages d’Alex Ross du reste…) en ce que sa narration encrée dans un délire fait d’aller retours entre la mémoire du personnage et ce qu’il observe de nos jours insère alterne pensées et bruits erratiques de ce qui l’entoure. Sous la forme d’un vieux clochard décrépi et halluciné, Oncle Sam subit chaque violence du quotidien comme un choc qui le ramène à ce que devait être l’Amérique et à une déviance qui a finalement commencé très tôt… dès les premières escarmouches avec les anglais! Les auteurs ont un propos très dur sur ce qu’est devenu leur pays et cela a d’autant plus de force que la carrière du dessinateur s’est faite entièrement sur l’iconographie nationaliste des super-héros de l’Age d’Or et leur idéal de justice et de droiture.

Uncle Sam, comics chez Semic de Darnall, RossSi certains passages sont évidents (on assiste à l’assassinat de Kennedy à la Ford Hunger March de 1932 qui vit la police tirer sur une manifestation d’ouvriers Ford ou l’attentat d’Oklahoma city), d’autres nécessitent une bonne connaissance de l’histoire américaine. Chacun prendra ce qu’il peut mais l’essentiel du propos (sublimement mis en images cela va sans dire) reste très clair. Sur la dernière partie Sam entame un dialogue avec sa version féminine, Columbia, incarnant l’Etat, avec la pauvre Marianne française aussi désespérée que lui par ce qu’est devenue sa République ou encore l’ours soviétique aussi mal en point que les autres, avant de rencontrer ce que les américains ont fait de lui, sorte de pendant négatif mettant face à face l’idéal et la réalité du mythe américain…

(Re)lire aujourd’hui Uncle Sam donne une portée assez sidérante lorsqu’on mets en parallèle l’Amérique de Trump, considéré par beaucoup comme la pire présidence de l’histoire du pays, et cet album qui aurait pu sortir aujourd’hui alors qu’il a vingt ans… Cet écart renforce le propos de l’ouvrage qui nous assène que l’Amérique est un mythe mort-né et que les tragiques épisodes de son histoire ne sont pas des incidents mais la logique directe des choix politiques de générations de dirigeants avec la complicité passive d’une population qui préfère lire des BD de super-héros en slip plutôt que de s’interroger sur la manière de reprendre les rennes de ce navire à la dérive…

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2 commentaires sur “Uncle sam

  1. J’ai pris la version Semic, trouvé pour moins de 10€ en parfait état, suite à la lecture de la critique ici même.
    Bon j’ai pas fini la BD. J’accroche pas du tout : ça part dans tous les sens. Et si on a pas la culture US ancrée en mémoire il est difficile de raccrocher toutes les brides d’histoires qui vont et viennent en permanence. J’imagine que c’est voulu mais ça ne passe as pour moi.
    Pour graphiquement c’est excellent. On dirait de l’aquarelle punchy au niveau de la teinte des couleurs. Rien à dire à ce niveau.
    Je vais tenter de finir mais je vais me faire violence. En plus le personnage de l’oncle Sam est plutôt antipathique en se présentant comme personnage qui sait tout sur tout…
    Bref à recommander aux lecteurs avertis je pense.

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    1. Je confirme que c’est un peu exigeant, mais pas moins que ce que fait Ross en dcologie sur kingdome come. Ca demande des references et pour moi c’est le boulot de l’editeur de contextualiser. Il ne faut malheureusement pas attendrebgrand chose de semic puis panini la dessus…

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