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Thor (2020) #1: le Roi Dévoreur

Intégrale comprenant les quatorze premiers épisodes de la série Thor (2020) écrite par Donny Cates et dessinée par Nic Klein. Parution en France chez Panini Comics le 24/08/2022.

Lourde est la main qui brandit le marteau

Après avoir combattu le Massacreur de dieux, puis cédé son marteau par indignité, et enfin, combattu l’armée de Malékith pour sauver les Dix Royaumes, Thor revient sur le devant de la scène et hérite du Trône de son père Odin. Toutefois, pour lui qui n’a jamais aspiré à régner, il se pourrait que la couronne soit trop lourde.

Que faire lorsqu’on passe après le monarque le plus controversé de l’histoire du royaume ? Comment être à la hauteur de la tâche sans se compromettre et en restant soi-même ? Voilà le défi auquel le Roi du Tonnerre devra faire face, mais ce ne sera pas le seul. Des tréfonds du cosmos débarque Galactus, le dévoreur de planètes, ce qui est souvent mauvais présage pour qui que ce soit.

Galactus et les asgardiens s’étaient déjà affrontés, la dernière fois en 2011 lorsque le géant cosmique et son héraut le Surfeur d’Argent convoitaient les énergies d’une graine d’Yggdrasil, l’Arbre-Monde. Mais cette fois, les apparences sont trompeuses, Galactus ne vient pas se repaître, mais demander de l’aide au Roi d’Asgard. En effet, Galactus, qui est le dernier survivant d’un univers qui existait avant le Big Bang, est porteur d’une inquiétante nouvelle: l’Hiver Noir, une entité cosmique dévoreuse d’univers, a fait son apparition et flanqué une déculottée au Dévoreur. Thor et Galactus vont devoir faire cause commune pour sauver l’Univers. Qui l’eut-cru ?

Pour permettre à Galactus de revenir dans le game, Thor va devenir, bien malgré lui, le nouveau héraut de Galactus, et le guider vers cinq planètes spécifiques dont les énergies consommées accroitront de façon exponentielle son pouvoir. C’est donc les dents serrées que le Roi et le Dévoreur vont collaborer pour sauver l’univers, et il appartiendra à Thor de rapidement tracer une ligne dans le sable pour faire comprendre à son allié impromptu les conditions de leur alliance.

A côté de ça, Thor doit aussi faire face aux écrasantes responsabilités qui incombent au Roi, et à son marteau Mjolnir, nouvellement reforgé (durant War of the Realms), qui est de plus en plus lourd. Le fait d’être roi le rendra-t-il de nouveau indigne ? Et si, à l’inverse, tout le monde devenait digne à l’exception de Thor ? La suite se concentrera sur le retour de Donald Blake, le célèbre alter-égo du dieu du tonnerre, qui est, comment dire, quelque peu contrarié de découvrir qu’il n’est qu’un alter-égo et pas une personne authentique.

Après sept années passées sous l’égide scénaristique de Jason Aaron, voici que Thor passe sous le contrôle de Donny Cates, que l’on a pu lire dans Venom, Absolute Carnage, King in Black, ou, en indépendant, dans The Paybacks et The Crossover. L’auteur reprend ici des éléments de ses précédents runs, comme Silver Surfer: Black, pour faire émerger encore une fois un antagoniste cosmique, sombre et tout puissant (hello Knull !).

Malgré la redondance qui pourrait émerger de ces auto-références, le run de Cates sur Thor n’en démarre pas moins de façon efficace, grâce au nouveau paradigme laissé par Aaron à la fin de WOTR. Il est intéressant en effet de voir le dieu du tonnerre enfin confronté à ce qu’il redoutait malgré lui, la couronne d’Asgard. De plus, le lien de ce personnage avec son marteau a souvent été une métaphore de son état mental, voir l’arme enchantée s’alourdir en même temps que ses responsabilités est donc tout à fait logique sur le plan thématique.

Les fans de Thor vont être servis côté action, puisque le héros, déjà badass en temps normal, a pris du level puisqu’il va cumuler dans cet album la Force d’Odin et le Pouvoir Cosmique (ce qui va de pair avec un petit relooking), pour un résultat assez extrême. Sur la seconde partie, l’auteur continue d’exploiter des concepts intéressants issus de la continuité du héros: son lien étroit avec son alter-égo, considéré différemment selon les auteurs.

En effet, Donald Blake a tantôt été un homme ordinaire dépositaire des pouvoirs de Thor (dans la série de Lee et Kirby), avant de devenir une simple création d’Odin, un Thor rendu amnésique. Selon les auteurs, ensuite, Blake avait ou pas sa propre personnalité, ses propres souvenirs, etc.. La version de Cates souffre d’un destin tragique puisqu’il découvre sa vraie nature après que Thor ait renoncé à lui, et qu’il s’aperçoit de la vacuité de son existence après avoir détruit le monde factice qui le retenait prisonnier. Comme si l’allégorie de la caverne de Platon partait en sucette.

Ce volume de Thor garde donc la veine épique chère au personnage, tout en allant puiser dans ses éléments constitutifs pour les extrapoler et créer quelque chose d’innovant. Les fans de la frange cosmique de Marvel apprécieront !

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Refrigerator Full of Heads

Suite en 160 pages, avec Rio Youers au scénario et Tom Fowler au dessin. Parution en France chez Urban Comics Black Label le 14/10/22.

Merci aux éditions Urban pour leur confiance!

Pas la Tête à ça

L’an dernier, nous perdions presque la tête avec Basketful of heads, création de Joe Hill, que vous connaissez certainement déjà. Dans cette histoire macabre, la jeune June Branch devait, pour échapper à une bande de criminels sadiques évadés de prisons et à une floppée de notables corrompus, s’armer d’une hache viking maudite, dont le pouvoir est de transformer ses victimes, ou plutôt leurs têtes, en morts-vivants.

S’en suivait une nuit diablement sanglante, au cours de laquelle quelques têtes sont tombées. Finalement, June, après son massacre à la hache, jetait son arme maudite au fond de l’eau et partait sans se retourner. Un an plus tard, la vie à semble-t-il retrouvé son cours normal sur Brody Island. Les meurtres ont été collés sur le dos des fugitifs et June s’est faite oublier dans le New Jersey.

Pendant ce temps, un couple débarque sur l’île pour y passer quelques jours de vacances. Averti du danger que représentent le gang de motards qui écument les routes de Brody et le grand requin blanc qui sillonne ses côtes, Cal et Arlène sont étrangement détendus et s’apprêtent à faire du tourisme à la cool. Bien évidemment, leur route croisera bien vite celle des motards, qui sont à la recherche d’une certaine relique scandinave. Nous voilà donc repartis pour un petit jeu de massacre, et soyez prévenus, il va y avoir du swing !

Il est toujours délicat d’envisager une suite, et on peut même dire que la difficulté à la mettre sur pied est proportionnelle à la qualité du premier opus. Voyons donc ce qui caractérise une bonne suite, et si ces éléments se retrouvent dans notre réfrigérateur…

  • Une ellipse ! Les meilleures suites laissent généralement le temps s’écouler depuis la fin du premier opus. En effet, reprendre tout de suite l’intrigue là où on l’a laissée laisse sous-entendre aux lecteurs/spectateurs que l’on a soit bâclé le premier opus en ne résolvant pas correctement toutes les intrigues, soit omis d’exploiter le sujet précédent au maximum. Une bonne suite n’a donc pas exactement pour but de rectifier des omissions, sinon elle gâche l’impact de l’original, d’où la nécessité d’une ellipse, pour signifier au lecteur qu’il s’agit d’une nouvelle histoire. Dans notre Refrigerator, nous avons une ellipse d’un an, ce qui est un délai plus que satisfaisant.
  • Le changement, c’est maintenant ! Il est nécessaire, dans le cas d’une suite, d’offrir au lecteur quelque chose de nouveau dans l’intrigue, et de ne pas céder à la tentation de cloner l’original en espérant en reproduire le succès. Prenez le cas de Aliens, qui est la suite de Alien, le huitième passager. Là où l’original proposait un huis-clos angoissant et claustrophobe qui a défini les contours du film d’horreur, sa suite renversait la vapeur en proposant non plus un film d’horreur mais un film d’action, non plus un montre unique mais des dizaines, etc. On a aussi le cas de Terminator 2 (tiens, encore James Cameron), qui non content de proposer une ellipse de plusieurs années, change complètement la donne en faisant de l’antagoniste le nouveau héros de la saga. Dans notre cas, Refrigerator sort du cadre du simple slasher pour proposer davantage d’action, et propose même d’approfondir l’univers en dévoilant de nouvelles armes maudites.
  • Plus d’enjeux ! Ce point est assez délicat, car augmenter les enjeux peut être mal interprété, et l’auteur peut aisément céder à la tentation du « toujours plus ». Reprenons l’exemple de Terminator 2, si ça ne vous fait rien. Dans le premier, il s’agit de survie, Sarah Connor doit échapper au cyborg éponyme afin de garantir un avenir à sa progéniture messianique. Dans le 2, en revanche, il ne s’agit pas simplement de survie, mais bel et bien d’empêcher l’apocalypse, ce qui fait monter la barre d’un cran en terme d’échelle. On peut dire que les enjeux sont augmentés dans Refrigerator, car il ne s’agit pas seulement de la survie de June, mais aussi de la nécessité de ne pas laisser les armes maudites tomber entre de mauvaises mains.
  • Du neuf ! Introduire des nouveaux personnages, voire remplacer le protagoniste, peut être un parti pris salvateur dans le cas d’une suite. D’une part, cela permet d’apporter de nouvelles tensions dramatiques, tout en marquant une césure avec l’original, puis cela à l’avantage d’éviter la redondance, si jamais tout a déjà été dit avec le premier protagoniste. Bingo, dans notre cas, June est mise en arrière-plan pour céder la place à deux nouveaux héros, Cal et Arlene.

Vous l’aurez saisi, Refrigerator est une suite pertinente à Basketful. En revanche, la partie graphique ne démérite pas mais j’ai personnellement préféré la prestation de Leomacs sur le premier volume. Les dessins de Tom Folwer, déjà aperçu sur Hulk Saison Un, Venom, ou encore Quantum & Woody (chez Bliss Comics), sont plus baroques et parfois moins lisibles, rappelant parfois le style de Neal Adams, ce qui pourrait ne pas plaire à tous les amateurs de styles épurés.

En conclusion, si vous aimez les comédies horrifiques déjantées et les hommages aux classiques des années 80, et si vous aviez apprécié Basketful of heads, alors vous pouvez vous en servir une dans le Réfrigérateur.

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War of The Realms, la Guerre des Royaumes

Intégrale de la mini-série en six chapitres, écrite par Jason Aaron et dessinée par Russell Dauterman. Parution le 09/06/2021 chez Panini Comics.

War (huh!) what is it good for ?

Après le catastrophique Infinity Wars, intéressons-nous maintenant à War of the Realms, dont l’intégrale est sortie peu avant l’été. Le pitch est, ma foi, relativement simple: l’elfe noir Malekith mène une offensive globale contre les dix royaumes, ce qui inclue bien évidemment Midgard, la Terre. Il revient donc à Thor et à ses alliés de sauver l’ensemble des mondes.

Montrant qu’il n’y a finalement pas trente-six façons de faire la guerre, Malekith commence par envahir New York avec ce qui ressemble fortement à une blitzkrieg. Le roi des elfes noirs la joue fine et retire du jeu son principal adversaire, Thor, qu’il exile sur Jotunheim, le royaume des géants de glace, afin de le garder au frais en attentant de terminer son invasion. Odin, quant à lui, s’est exilé dans les ruines d’Asgard où il rumine ses nombreux échecs. Mais Malekith ne l’a pas oublié pour autant.

A la tête d’une armée invraisemblable de géants, de trolls, d’elfes, de démons du feu et autres créatures issues des neuf, pardon, des dix royaumes, Malekith va représenter un défi de taille pour les Avengers, ainsi que pour tous les autres héros prêts à se dresser contre la tyrannie. On ne doit pas ignorer la proverbiale force octroyée par l’union, néanmoins, si les héros espèrent s’en sortir, ils vont devoir se séparer en plusieurs factions et couvrir ainsi plusieurs fronts.

Une première équipe, constituée de Captain America, Spider-Man, les inséparables Luke Cage et Iron Fist, et le nouvellement ressuscité Wolverine, sont parachutés sur Jotunheim pour porter secours à Thor. Une seconde escouade, menée par Freyya, emmène Miss Hulk, le Punisher, Blade et le Ghost Rider à Svartalfheim afin de détruire le Bifrost Noir, atout majeur des envahisseurs. Et enfin, les War Avengers de Captain Marvel, supposés tenir la ligne de front. Le tout est supervisé par Daredevil, qui se substitue à Heimdall et devient le dieu Sans Peur, nouveau gardien du Bifrost.

This is a Thor’s world

Durant son run, Jason Aaron a laissé une empreinte non négligeable sur le marvelverse, notamment sur la frange asgardienne, qu’il a revisité et transformé de bien des façons. Cela commença par la saga du Massacreur de dieux (bientôt adaptée au cinéma), qui sema la graine de la dévastation chez Thor, une dévastation qui durera plusieurs années et qui laissera le héros irrémédiablement transformé. Le tournant majeur du parcours de l’auteur sur son personnage fétiche sera Original Sin, crossover quelque peu inégal mais qui marquera les esprits par ses conséquences et ses ramifications.

La principale, c’est la déchéance de Thor, qui perd le bénéfice de son mythique marteau, et devient Thor l’Indigne. La nature (et Marvel!) ayant horreur du vide, un nouveau Thor brandit le marteau. Jane Foster, ancienne amante de Thor, devient donc une déesse du tonnerre peu commune, mais abandonnera son rôle lorsque Mjolnir sera détruit.

War of the Realms fait donc office de baroud d’honneur pour le scénariste, qui profite de l’occasion pour boucler toutes les pistes narratives initiées depuis 2012. Il y va donc de ses références et rappels aux évènements qui ont précédé le crossover, ce qui peut nécessiter d’avoir suivi les séries Thor et les événements susmentionnés.

On ne peut pas nier l’aspect épique d’un tel event, même si, encore une fois, les antagonistes, si forts soient-ils, laissent quelque peu à désirer côté charisme et motivations. Enfin, on ne va pas se plaindre pour autant, la bataille dantesque qui résulte de ce conflit manichéen fait plaisir à voir et ne laisse pas de sentiment d’incohérence, ni de confusion, que l’on pouvait voir dans Infinity Wars, par exemple.

Revoir certains team-ups était tout à fait satisfaisant, comme celui de l’équipe de secours de Jotunheim, qui rappelait la belle époque des New Avengers de Bendis. Le retour de certains personnages lors du climax apporte également son lot de satisfaction, ne serait-ce que par le sentiment de boucle bouclée que l’on y perçoit à première lecture.

Pour les lecteurs un peu plus anciens, War of the Realms rappellera forcément un autre event sorti en 2011, Fear Itself, qui impliquait lui aussi une incursion de la mythologie nordique dans le reste du marvelverse. Dans Fear Itself, Tony Stark utilisait déjà la forge des nains afin de créer un arsenal magique pour les héros de la Terre. Ici, il fait la même chose, mais le résultat est…beaucoup plus cool.

Bien sûr, à l’issue de WOTR, le statu quo de Thor et compagnie évoluent encore, les lectures à venir nous confirmerons, ou pas, l’intérêt de ces changements.

War of The Realms relève donc le niveau des crossovers chez Marvel, en offrant à la fois action épique, casting élargi, et références nombreuses au long run d’un auteur talentueux.

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Basketful of heads

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Histoire complète en sept chapitres, écrits par Joe Hill et dessinés par Léomacs. Parution chez DC Comics au sein du Black Label, publication en France chez Urban Comics depuis le 02/04/2021.

Une histoire à en perdre la tête

L’été 1983 commençait très bien sur Brody Island, dans le Maine. June Branch, jeune étudiante en psychologie, sort depuis quelques temps avec Liam Ellsworth, qui a passé son été en tant qu’adjoint au sheriff Clausen. Le jeune homme en a vu de dures, mais son service est enfin fini et il va pouvoir roucouler avec l’élue de son cœur. Cependant, la loi de Murphy s’en mêle et va peut-être même donner à cette idylle estivale une tournure bien plus dramatique…

En effet, alors qu’une tempête frappe l’île comme jamais auparavant, quatre détenus s’évadent après avoir faussé compagnie à leur convoi pénitentiaire. Animé par de mauvaises intentions, le quatuor criminel va débarquer sans crier gare et enlever Liam avant que l’un d’entre eux ne s’en prenne à June. Littéralement au pied du mur, June choisit comme arme pour se défendre, une hache viking trônant dans la collection du sheriff. Sans le savoir, June vient de s’armer d’un objet maudit, qui maintient en vie les têtes coupées de ses victimes. Autant dire que ce soir, à Brody Island, des têtes vont tomber !

Le reste de cette nuit tempétueuse va voir June aux prises avec la vermine qui arpente l’île, et qui n’est pas forcément celle que l’on attendait. La jeune survivante fera néanmoins tout pour secourir son boyfriend en détresse, quitte à faire tomber, littéralement, quelques têtes parlantes au passage.

La tête sans les épaules

Joe Hill n’a désormais rien à prouver quant à la qualité de son travail d’auteur. Le rejeton de Stephen King a su se démarquer de la notoriété paternelle tout en assumant son héritage, et s’est fait un nom dans l’industrie du comics, en commençant pas l’incontournable Locke & Key. Hill s’est ensuite vu confier par DC la création de son propre label, Hill House au sein duquel l’auteur dispose d’une liberté totale quant à ses créations. Durant l’été, nous avions chroniqué Plunge, sorti concomitamment à cet album. Hill y montrait déjà la maîtrise de son écriture ainsi que des codes du genre, par le biais de références bien senties et pertinentes à des œuvres incontournables.

Joli swing !

King junior procède ici de la même façon, en nous plongeant immédiatement dans un récit fleurant bon le slasher cher aux années 80. L’auteur ne se repose pas pour autant sur l’aspect fantastique, qui ne sert pas de colonne vertébrale à l’intrigue, cette dernière demeurant centrée autour de personnages intéressants car dotés de profondeur. La hache maudite et les têtes qui parlent ne sont finalement qu’un accessoire, un assaisonnement qui achève la qualité de l’ensemble.

Le ton semble parfaitement équilibré grâce à certaines touches d’humour. Il ne faut cependant pas avoir peur du grotesque dans certaines situations, car il faut bien avouer que l’auteur s’en donne à cœur joie, que ce soit au travers des dialogues ou des péripéties proprement dites. Le tout parvient donc à maintenir un rythme soutenu, haletant, grâce à de judicieux cliffhangers, tout en conservant un esprit irrévérencieux (mais pas outrancier).

L’émancipation de June, accélérée par la cruauté de l’intrigue, reste engageante pour le lecteur, même si, à titre personnel, j’ai moins adhéré à une certaine décision finale de la protagoniste, qui m’a parue un brin disproportionnée.

Basketful of head reste un grand plaisir de lecture, à réserver aux lecteurs avertis, bien sûr, à moins de vouloir…perdre la tête.

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Vei

La BD!

Recueil de 344 pages de la série (inédite en France) écrite par Sara Elfgren Bergmark et dessinée par Karl Johnsson. Parution aux éditions Ankama le 14/05/2021. 

bsic journalism

Merci aux éditions Ankama pour leur confiance.

Sur les épaules des géants

Sur le drakkar affrété par le prince Eidyr, la tension a cédé au désespoir. Affamé, assoiffé, l’équipage a perdu de vue l’objectif de sa traversée, à savoir trouver et conquérir Jotunheim, la terre légendaire des géants des glaces. Alors que les marins ont presque cédé à la folie, ils trouvent flottant au milieu des eaux, le corps d’une jeune femme, qu’ils ramènent à bord et qui se révèle, contre toute attente, encore vivante. 

Vei, la miraculée, va cependant faire rapidement face à la convoitise des hommes, qui voient dans cette pêche providentielle une source de nourriture que leur situation a rendue alléchante. Qu’à cela ne tienne, Vei se défend férocement avant d’être finalement maîtrisée. Aidée par Dal, l’esclave de l’ambitieux prince Eidyr, Vei passe un marché avec l’équipage: elle les guidera jusqu’à Jotunheim, sa terre natale, afin de se soustraire aux estomacs vikings. 

Arrivés sur Jotunheim, les conquérants sont rapidement capturés par un gigantesque Jotnar, à l’exception de Dal, qui devient cette fois, assez ironiquement, dépendant de Vei pour sa survie. Dal, qui vénère Odin, le chef du panthéon nordique, doit donc compter sur une hybride d’humain et de Jotnar pour survivre sur la terre des ennemis des ses dieux. 

Le guerrier viking va néanmoins découvrir, que, comme dans bon nombre de conflits, le tout est une question de point de vue, car les Jotnar, dépeints comme des monstres sanguinaires, règnent de façon relativement bienveillante sur les humains de leur terre, qui les vénèrent comme des dieux. Chaque géant à son « troupeau » d’humain, parmi lesquels un élu, le Ran, est désigné à chaque génération. 

Il se trouve que Vei est le Ran de son troupeau, celui du géant Veidar. Les Ran sont entraînés pour Mistarileikir, un combat légendaire et putatif entre les Ases, dieux d’Asgard, et les Jotnar. Les vainqueurs de ce tournoi millénaire gagnent le droit de régner sur Midgard, la Terre, que convoitent les deux parties. 

Ultimate Showdown of Ultimate Destiny

Manque de bol, le Mistarileikir est pour cette année, obligeant Vei à participer aux joutes, qui depuis des millénaires, tournent invariablement en faveur des dieux asgardiens. La jeune femme va donc devoir lutter pour sa vie ainsi que pour le devenir de son peuple, alors qu’autour d’elle se jouent des complots et duperies dont seules  les divinités ont le secret. 

Afin de vaincre ses adversaires, Valkyries sanguinaires et monstres en tous genres, Vei va devoir rivaliser d’adresse et d’ingéniosité. Alors que ses camarades Rans tombent les uns après les autres, la jeune guerrière, soutenue par Dal, va également bénéficier des conseils avisés d’un dieu d’asgard, qui favorise son propre agenda. 

Vei fait une entrée fracassante en France par le biais des éditions Ankama. Revisitant habilement les mythes nordiques, Sara Bergmark offre une geste épique, en prenant le parti d’une introduction mystérieuse et cryptique. Dans le premier chapitre, Dal nous sert de substitut, car nous découvrons en même temps que lui le monde de Jotunheim, ses dangers et sa beauté intrinsèque, ce qui a pour effet de nous plonger dans le récit avant même que les enjeux ne soient clairement établis.

Lorsque la perspective d’un tournoi à la Dragon Ball se présente, on est tenté d’anticiper la redondance et la succession des combats, ce qui, vue la pagination, peut décourager. Or, il n’en est rien, l’histoire trouve le parfait équilibre entre combats, intrigue et relations des personnages. Le rythme est donc très bien dosé, ce qui rend les 344 pages hautement digestes, d’autant que leur graphisme maintient un niveau élevé du début à la fin. D’ailleurs, on note que les différences d’échelle entre humains, Jotnars et asgardiens est très justement mise en scène, jusqu’au final épiques dignes des plus grandes sagas nordiques.

En conclusion, Vei est un must pour les amateurs de Fantasy, de mythologie nordique (et de géants !).

****·BD·Jeunesse

Voro #6: L’armée de la Pierre de Feu troisième partie

Troisième tome du second cycle de la série écrite et dessinée par Janne Kukkonen. 140 pages, parution le 14/10/2020 aux éditions Casterman

Mes chers parents, je vole

Son ombre planait insidieusement au dessus du royaume depuis le premier tome, les Trois Rois avaient tenté le tout pour le tout afin de le bannir, mais il est de retour: Ithiel, prince de la Flamme, roi du Brasier, a été ressuscité par Lilya dans le tome 3 suite à un concours de circonstances. 

Désormais revenu au faîte de son pouvoir, et soutenu par sa Tribu du Feu, Ithiel engage la lutte pour remettre la main sur un artefact qui lui permettra de commander à une armée de géants de sa création. Créatures invincibles, ces géants obéissent à quiconque possède la Pierre du Feu, raison pour laquelle elle fut scindée en plusieurs fragments. 

Hélas, manipulée par le prince héritier, Lylia a livré les fragments à la Tribu du Feu, qui est désormais en mesure de mettre ses plans à exécution. L’âge de l’Homme touche-t-il réellement à sa fin ?

Voler la Lune

Anticipée depuis la fin du premier cycle, voici enfin venue la confrontation entre le démon du Feu et notre jeune apprentie voleuse. L’affrontement est à la hauteur de nos attentes, malgré le fossé qui sépare la chapardeuse de son adversaire. L’auteur creuse substantiellement le passé du seigneur du feu, qu fait allusion à une trahison qu’il aurait subie de la part de la mystérieuse Demoiselle de la Lune, évoquée brièvement lors du premier cycle comme étant une icône vénérée autrefois par la Guilde des Voleurs.

Ce choix resserre le champs narratif en liant deux items importants de l’univers imaginé par l’auteur finnois. Et c’est tant mieux, car sur cette fin de cycle, les spécificités de voleuse de Lylia sont nécessairement moins marquées, la jeune fille devenant ici une héroïne un peu plus classique. Il est clair en effet que l’auteur a éclusé durant ces six tomes le potentiel des situations liées au vol et à la ruse, le forçant en quelque sorte à changer de braquet avec sa protagoniste.

Cette fin de cycle porte une teinte résolument plus sombre que les précédentes, mais promet une suite encore plus épique ! Voro confirme son statut d’excellente série jeunesse, à lire !

**·BD·Nouveau !·Service Presse

Sirènes & Vikings #4: La Vague invisible

La BD!

Quatrième tome de 56 pages de la série initiée et dirigée par Gihef. Scénario de Nicolas Mitric, dessins de Francesco Trifogli et Maria Francesca Perifano. Parution le 24/03/2021 aux éditions des Humanoïdes Associés.

bsic journalismMerci aux Humanos pour leur confiance.

Sherlock Viking

Quatrième itération du conflit entre guerriers norrois et arpenteuses des mers pour cette collection signée Gihef. Cette fois, nous faisons la rencontre de Lydveig dont le quotidien tranquille est soudainement bousculé lorsque les hommes du Roi Hardeknud la ramènent manu militari devant le monarque sanguinaire. 

Ce dernier a fait mander la jeune mère de famille pour ses talents particuliers, talents dont elle se serait bien passée mais qui font pourtant partie d’elle. Il s’avère étonnamment que Lydveig est la fille d’Aasbjorn, le plus redouté des traqueurs norrois, capable de mener à bien les enquêtes les plus insolubles. Et si le Roi a initialement fait appel à lui ce n’était pas pour une broutille: Hardeknud souhaite retrouver la créature responsable du meurtre sanglant de son fils aîné, Swenborg. Le Roi est en effet persuadé qu’une sirène a le sang de son héritier sur les mains, lui qui se targue d’en avoir massacré une de chacune des huit castes et qui en expose les dépouilles au dessus de son trône. 

Aasbjorn semblait avoir identifié la caste de sirènes en cause, mais il a été lui-même occis par l’un de ces monstres, probablement par la coupable elle-même. Lydveig dont la fille est retenue en otage par le roi, doit mener sa propre enquête en usant des facultés inculquées par son intransigeant paternel, et chercher au-delà des apparences la réponse à ce mystère. 

Cependant, une femme plongée dans un monde d’hommes doit redoubler d’efforts, de stratégie et de détermination pour tirer son épingle du jeu. Y parviendra-t-elle ?

Meutres en eaux troubles

Après trois albums généralement centrés autour du conflit séculaire entre (vous l’aurez deviné) Sirènes et Vikings, et ayant pour thème l’amour contrarié entre deux membres de ces peuples ennemis, la série prend un nouveau tournant pour se transformer en whodunit médiéval, façon Le Nom de la Rose.

L’héroïne réticente mais douée est propulsée à son corps défendant au cœur d’une enquête risquée, dans un microcosme qui lui est hostile (l’on sait toutefois aujourd’hui que les femmes vikings vivaient au même rangs que les hommes et occupaient des places similaires dans la société, participant même à leurs raids armés:)

L’univers, travaillé depuis trois tomes, est en place, la présence de personnages récurrents aidant à densifier le tout. Avec un certain recul sur la série, on parvient à en dégager une thématique centrale plutôt manichéenne, à savoir le joug du patriarcat, ce qui dans certaines configurations, peut aller à l’encontre des réalités historiques, comme on vient de le démontrer plus haut. Néanmoins, il demeure très opportun pour une BD d’Entertainment comme celle-ci de questionner des thématiques actuelles. 

Ainsi, les sirènes, qui sont donc exclusivement de sexe féminin, vivent sous le joug d’un père aussi tyrannique que tentaculaire (non Cthulhu, rassied-toi!), bien que leur microcosme exploite les mâles, appelés tritons, uniquement pour leur semence. Ces derniers sont dépeints comme des créatures frustes, barbares et violentes (à l’exception de Gildwin, dans le tome 3), ce qui n’est pas sans rappeler une certaines catégorie de la population humaine soumise aux affres de la testostérone.

Chaque tome met donc en scène une femme devant s’affranchir d’un despote ou en tous cas d’un monde qui ne la considère pas à sa juste valeur (Blodughada dans le tome 3, Freydis dans le tome 2 et Borglinde dans le tome 1). 

Au contraire, les hommes, paradoxalement à leur statut de vikings, sont généralement dépeints comme cruels, lâches, lorsqu’ils ne sont pas carrément monstrueux, et même les plus sympathiques d’entre eux finissent par céder à la corruption et à l’infamie. Comme nous le disions, la critique est bienvenue, mais le prisme manichéen teinte le propos. 

Le changement de paradigme, avec cette enquête, dynamise l’anthologie en changeant la structure habituelle de l’album. Cependant, là aussi, on note des petites incohérences graphiques que l’on pourrait qualifier de faux raccords, qui écornent un tant soit peu la crédibilité du scénario: par exemple, lorsque la protagoniste explique avoir remarqué un détail sur l’un des suspects lors de sa première rencontre avec lui, l’on se sent, comme dans tous les bons polars, surpris, intrigué et piqués au vif de n’avoir pas su remarquer ce détail nous aussi. Mais lorsque l’on rebrousse chemin jusqu’à la dite rencontre, on s’aperçoit que…ce détail n’y est pas ! Comme si le dessinateur avait dessiné en lisant le script au fur et à mesure, car ce genre de décalage se reproduit plusieurs fois au long de l’album. 

Le mystère en lui-même est maintenu sur au moins les deux tiers de l’album, avec ce qu’il faut de fausses-pistes, toutefois, sans grande surprise, la révélation passe par la moulinette thématique en 

SPOILER

faisant de la victime le véritable monstre. 

FIN DU SPOILER

Côté graphique, la partition est assurée avec une qualité qui demeure constante. Ce quatrième album, s’il participe à renforcer un univers qui était attractif dès le premier tome, révèle néanmoins des failles de conceptions et des redondances thématiques malgré un virage tenté par les auteurs au travers de l’enquête. 

***·BD·Nouveau !·Service Presse

Sirènes et Vikings #2: Écume de nacre

La BD!

Deuxième tome de 52 planches, de la série imaginée par Gihef, avec Marco Dominici au dessin. Sortie le 04/11/20 aux éditions des Humanoïdes Associés.

bsic journalism

Merci aux Humanos pour leur confiance.

Fille des Mers, Enfant des Terres

Le village de Kättegland jouit d’une position de choix dans le détroit de Skagerrak, assurant à ses vikings un contrôle ferme sur les mers environnantes. Au sein du village, le Jarl Lothar prépare son fils Svein à lui succéder, mais le vétéran sait que son fils n’est pas le guerrier le plus vaillant de la communauté. Ce titre revient sans conteste à Freydis, jeune fille de pêcheur à la férocité et à la combativité sans égales.

Ce que les vikings de Kättegland ignorent, c’est que la force de Freydis s’explique par ses origines peu communes. En effet, elle n’est pas fille de viking, mais vient d’une glorieuse lignée de Sirènes, créatures mythiques ayant déjà causé bien des soucis aux norrois. Contrainte à l’exil à cause d’une prophétie, Freydis fut recueillie par un modeste couple de pêcheurs, consciente que sa nature véritable lui vaudrait l’opprobre des hommes.

C’est pas l’Homme qui prend la Mer

Loin des siens qui l’avaient rejetée, Freydis a ainsi pu s’épanouir, tout en cachant sa nature, grâce au don de sa lignée: celui d’avoir des jambes une fois sur la terre ferme, ce qui lui permit de ne pas se faire remarquer autrement que par sa bravoure.

Cependant, la flotte de Lothar revint un jour vidée de tous ses marins, à l’exception d’un seul survivant prostré à peine capable de prononcer le mot « sirènes »… la guerre est donc déclarée (encore) entre les vikings et le peuple de la mer.

Comme dans le premier tome, les auteurs s’amusent à nous transporter dans un monde fort en archétypes, celui des vikings, et y introduisent assez rapidement les mythiques sirènes. L’idée ici est toujours de confronter les deux peuples, sur fond de guerres de territoires et de conflits de loyauté.

Freydis, passerelle entre les deux mondes, sera-t-elle le catalyseur de la paix ou laissera-t-elle sa rancune décider de son allégeance ? La question nous tient en haleine tout au long de l’album, même si l’intrigue comporte moins de rebondissements que sur le premier tome, qui pouvait compter sur le triangle amoureux des protagonistes pour complexifier le tout.

Cette Écume de nacre est donc plus franche, plus brute dans son traitement de l’action, et nous offre des scènes de batailles plus brutales, en exhibant les différentes aptitudes des Sirènes en fonction de leur ascendance. L’univers original mis en place par Gihef trouve son ton et continue de s’étoffer. Pour le troisième tome, espérons que le conflit prendra un tournant surprenant en s’appuyant sur une mythologie riche et des personnages forts et nuancés, comme c’est le cas dans ces deux premières parties.

***·Manga

Vinland saga #2-4

Manga de Makoto Yukimura
Kurokawa (2005- ), env. 220p. par volume.
23/23 volumes parus en France
Un anime est diffusé depuis 2019 sur Amazon Prime.

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A l’approche de l’an mille, le jeune Thorfinn, treize ans, s’enrôle dans l’armée viking d’Askeladd, parti conquérir l’Angleterre pour le roi du Danemark. Assassin redoutable, il a pour seul objectif que d’affronter en duel et tuer le chef de guerre qui assassina son père quelques années plus tôt. Alors que le sang de la guerre rougit les terres des Saxons, c’est une relations bien étrange qui s’installe entre le vengeur et le chef Askeladd…

mediathequeJ’ai mis un premier pied dans la saga de Thorfinn lors des opérations découverte proposées par des éditeurs de manga pendant le confinement. Et voici donc la suite de ma découverte de cette série manga très réputée… Les principales qualités de l’œuvre de Makoto Yukimura sont la passion et le sérieux documentaire de l’auteur qui transpire par toutes les planches et les précisions cartographiques ou annotations qui parsèment les volumes. Si les trois volumes chroniqués dans ce billet sont assez différents, comme pour le premier, on nous apprend énoemément de choses sur l’époque, l’histoire très peu connue de cette guerre de conquête à la croisée entre deux époques, les réminiscences païennes et barbares de l’Empire romain et l’émergence d’une Chrétienté européenne. L’idée n’est pas de produire une série documentaire mais d’appuyer, de densifier un récit guerrier qui pourrait devenir redondant sans ce fonds résolument original.

Scan Vinland Saga 2 VF Lecture En Ligne - Lelscan-VF.comLe volume 2 conclut tout d’abord l’arc introductif sur l’enfance de Thorfinn et l’origine de son désir de vengeance. On suit ainsi son père, gigantesque guerrier que l’arrivée d’une famille a fait prendre conscience de la futilité d’une vie guerrière et qui en est devenu non-violent. Ces deux volumes originels sont essentiels pour comprendre le propos de l’auteur qui met en scène (de façon assez soft il faut le reconnaître au vu des mœurs réelles des peuples vikings…) des guerriers redoutables en nous questionnant à intervalles réguliers sur le sens de tout cela. Le respect d’Askeladd pour ce père le pousse à respecter son engagement à affronter régulièrement cet enfant en sachant qu’un beau jour il y perdra la vie. La séquence d’affrontement entre les deux hommes est mémorable et donne très envie de poursuivre!

Dans le troisième tome, transplanté en pleine conquête anglaise, on découvre le magnifique personnage de Thorkell, géant surpuissant et éternellement rigolard qui pimente les stratégies machiavéliques d’Askeladd en choisissant de passer à l’ennemi. Les affrontements entre Thorfinn et le géant vont se poursuivre sur plusieurs tomes avec une grande maestria graphique. Le jeune vengeur reste assez en retrait sur ces trois volumes dédiés plutôt à la stratégie et aux scènes de rencontres avec les villageois. Graphiquement on est toujours très haut dans les décors mais les personnages assez simples brisent un peu ce réalisme et installent un humour destiné à alléger la lourdeur d’un sujet sommes toutes très violent…

Sur les traces du chat...: Vinland saga - tome 4Le volume 4 est un peu moins intéressant puisqu’il est pratiquement dénué de séquences d’action et de bataille pour se focaliser sur la cartographie des opérations et les stratégies d’Askeladd pour échapper à Thorkell en négociant un passage sur de petits royaumes du Pays de Galles en emmenant le jeune prince héritier pour son propre intérêt. On commence à en apprendre un peu plus sur ce chef de guerre jusqu’ici présenté comme redoutable mais totalement dénué de valeurs morales et qui s’avère finalement plus complexe que cela.

A la sortie de ces trois volumes on est bien pris dans un rythme relativement lent et cette alliance d’humour posé sur les commentaires débiles des soldats, d’enjeux politiques complexe et du quotidien d’une armée en campagne et d’une époque mouvante  où religions, royaumes et culture étaient très mouvants. La violence du peuple viking est un cachée sous un voile pudique mais cela permet de ne pas se confiner dans l’ultraviolence qu’une histoire de guerres médiévales montrerait inévitablement. Petite frustration en revanche de voir l’affrontement entre Askeladd et Thorfinn géré au long court avec donc un héros assez peu présent (et relativement stoïque). Légère baisse de régime donc entre le premier diptyque et les deux suivants. J’espère que l’auteur va remettre du peps par la suite dans cette série pour l’instant franchement agréable à suivre.

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