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Batman: The knight

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Comic de Chip Zdarsky et Carmine Giandomenico
Delcourt (2023) 312p., one-shot.

image-5Merci aux éditions Urban pour leur confiance.

Batman : The Knight, nouvelle série d'origines de Chip Zdarsky et Carmine Di  Giandomenico | COMICSBLOG.frAprès être passé sur un remarqué Daredevil chez Marvel, l’auteur qui monte Chip Zdarsky propose une origin story qui aurait tout à fait pu émarger au Black Label tant elle coche les cases de forme et de qualité de la prestigieuse collection DC. Sorti en même temps que l’album Dark city du même scénariste avec l’impressionnant Jorge Jimenez aux crayons (chronique très rapidement sur le blog), l’album propose en dix chapitres d’une surprenante facilité de nous relater comment s’est construit physiquement et mentalement le Chevalier noir après la mort de ses parents. Etonnamment, si les début de Vigilante ont été relatés en BD comme en film, les années qui ont permis à Bruce Wayne d’acquérir une supériorité dans toutes les sciences et techniques de combat comme d’enquête sont toujours restées dans l’ombre malgré l’évident attrait qu’elles peuvent renfermer.

Dans une structure très simple qui assume sa linéarité chronologique (contrairement à nombre d’ouvrages de Batman qui se veulent tortueux comme le sombre esprit du héros), nous allons ainsi suivre l’apprentissage de l’orphelin milliardaire auprès d’une série des plus grands maîtres dans leurs arts. En découpant cet itinéraire en quelques sous-histoires à la manière d’épisodes de série télé, Zdarsky nous permet de nous concentrer sur le cœur du projet: saisir comment une infinité de mots ou d’évènements ont pu bâtir ce qui fait Batman, du masque, de la Batcave, de sa ligne morale ou de sa méthode implacable. En découpant façon puzzle tous les éléments qui font le héros et en les réorganisant sous les traits d’autres personnages, on imagine l’impact de ces expériences sur la psyché atomisée d’un Wayne en recherche. Ce qui passionne c’est la nouveauté d’un héros surprenant de fragilité même s’il conserve ses traits de caractère comme sa pugnacité et son handicap social. Les éléments sont très subtilement agencés par le scénariste qui laisse le lecteur reconstruire le mythe dans un passé tout à fait crédible. En formant une sorte de Proto-batman, on aime saisir ce qui sur tel personnage sera transposé en un Gordon ou une Selina Kyle dans le futur du Dark Knight.

Batman: The Knight #2 Preview: Batman vs. CM Punk?Dans cette relation maître-élève l’importance des personnages secondaires est grande et l’histoire fait la part belle à ces interactions avec un refus du pathos qui là aussi surprend. Si Wayne est bien un élève brillant, il est assez mauvais sur certains aspects et l’amitié qu’il noue avec ses mentores semble sincère car basée sur une règle morale vertueuse. C’est mine de rien assez rare en ces temps de cynisme désabusé où tous les personnages de fiction sont de sombres être torturés par leurs pulsions…

On se plait alors à lire des séquences qui allient action, infiltration, enquête et jouent de l’interaction entre lecteur et scénario de façon gratifiante. Hormis un chapitre abordant l’univers de la magie qui semble un peu hors jeu l’ensemble de l’histoire se lit avec grand plaisir en donnant pour une fois l’impression d’en apprendre beaucoup sur ce personnage faillible et sa construction cohérente. Le dessinateur italien Carmine di Giandomenico semble inspiré par le projet et malgré quelques faiblesses de trait il pose une ambiance et quelques très belles planches qui accompagnent cette belle lecture. Ce projet dénote clairement avec un style classique Batman fait de croisement de dialogues et de séquences, de manipulation du lecteur et d’obscures méandres criminels. En rendant son héros humain Zdarsky le rend pour une fois touchant, loin de cette grosse brute un peu con-con que l’on adore voir dérouiller les criminels de Gotham. Au final le très grand plaisir ressenti à la lecture nous fait frôler les cinq Calvin qu’un grand dessinateur aurait peut-être permis.  Mais l’exercice de déconstruction reste tout à fait remarquable dans un genre où la nouveauté n’est pas a proprement parler ce qui est le plus attendu.

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2 commentaires sur “Batman: The knight

    1. Je commence à avoir beaucoup d’heures de vol Batman pour être encore capable de déterminer ce qui peut être lu sans grande connaissance de l’univers du chevalier mais j’ai le sentiment que ce The Knight reste très accessible avec pas mal de passerelles avec d’autres grands schémas de la littérature imaginaire. Et puis il y a suffisamment de publications DC pour dire sans difficulté que celui-ci est un des meilleurs depuis plusieurs mois. En attendant le volume de Zdarsky et Jimenez et bientot le retour du white knight…

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