BD de Grégoire Bonne
Mosquito (2017), 78p., one-shot.
Après l’espagnol Francesc Grimalt les éditions Mosquito nous faisaient découvrir en 2017 un cauchemar judiciaire magnifiquement mis en scène par un autodidacte issu de la sphère associative, Grégoire Bonne et qui lorgnait vers le surréalisme avec toujours la référence des douze hommes en colère de Lumet qui plane sur l’album. Une belle découverte d’auteurs que permet l’éditeur grenoblois… souvent frustrant par l’absence de suite donnée par ces auteurs très inspirés!
Juré d’assise dans un procès annoncé comme bouclé d’avance, Charles Mirmetz a pourtant décidé de jouer son rôle jusqu’au bout, avec le plus grand sérieux, pour l’honneur de la Justice. Présentant que le coupable idéal ne l’était peut-être pas, il commence à faire des rêves… qui progressivement se mêlent à la réalité…
Comme dans toute histoire de ce genre l’album commence dans l’absolue normalité d’un homme, maniaque, qui s’est donné pour mission d’assumer son rôle avec sérieux. Contrastant avec la légèreté des autres jurés et des magistrats, il ressent au quotidien, dans sa famille, à la maison, le stress de cette tension qu’il est seul à ressentir. Il voit les accusés sur leur banc comme des créatures muettes, aux yeux vides et impénétrables que l’encre des cases de Bonne rend inquiétantes comme la nuit. Il se mets à ressentir physiquement le procès, victime de malaise lors de l’audience puis subissant des visions. Progressivement la réalité devient floue. Le jour de mue en nuit, les lumières des lampadaires en ombres et reflets. Le monde devient une tache qui comme la flaque de la couverture comporte deux faces dans lesquelles on peut se noyer…
Jouant de techniques expressionnistes, parfois en pleines pages pour illustres ces visions emplies de rouages et engrenages qui montrent sa mécanique intellectuelle grippée par la tension psychologique que le personnage subit, l’auteur maîtrise parfaitement sa mise en scène qui nous emporte dans ce délire qui n’oublie pas de soigner sa chute. Usant de diverses techniques permettant de jouer sur les textures (notamment de très beaux lavis), Grégoire Bonne propose un one-shot d’une noirceur élégante dont la forme épouse le fonds. Il est toujours risqué de quitter la rationalité visuelle et séquentielle sans perdre le lecteur. Quatre jours de descente arrive pourtant parfaitement à nous emmener dans une spirale psychologique manipulatrice en diable en offrant à la fois un scénario simple mais très abouti et de vraies visions d’artiste. Une franche réussite dans le genre polar noir et psychologique et un auteur à suivre.
J’adore le travail graphique que tu nous montres, c’est tourmenté à souhait !
Merci pour la découverte, je m’en vais l’ajouter à ma longue longue liste de titres à acheter à cause de toi xD
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Sur le graphisme tu peux te noyer dans le catalogue Mosquito. Ils ont quelques auteurs qu’ils suivent (Toppi) et beaucoup de one-shot très créatifs qui font découvrir des auteurs du monde entier. j’avais trouvé « le souffle du vent dans les pins » par exemple https://etagereimaginaire.wordpress.com/2016/07/03/le-souffle-du-vent-dans-les-pins/
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Wow c’est magnifique celui que tu m’as mis en exemple *v* Je vais essayer d’aller voir un peu ce catalogue alors 😀
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Oui. Et pas trop risqué car ce ne sont pas des series!😉
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