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No Body, saison 2 #1

La BD!

BD de Christian De Metter
Soleil (2019), 92p., volume 1/3, saison 2.

Reprenant le format comics de la précédente excellente saison américaine, cet ouvrage annonce une histoire en trois parties (déjà titrées: L’agneau/ Les loups/ le berger) située dans l’Italie des années de plomb. Hormis une maquette assez travaillée et dotée d’un vernis sélectif, rien de notable en matière éditoriale et toujours le même regret d’absence de documentation sur la période. Ce serait une vraie valeur ajoutée étant donnée le projet.

couv_375692Italie, 1974. Dans une Italie où l’actualité se partage entre le football et les attentats et enlèvements, le commissaire Sordi doit enquêter sur l’enlèvement d’une fille de bonne famille. Entre son collègue qui semble plus préoccupé par les fesses des filles et les buts de la Lazio et des terroristes qui n’ont pas encore demandé de rançon, il faut manœuvrer finement et en eaux troubles…

Ce qui faisait le sel de la première saison de No Body c’était son atmosphère et une construction en aller/retour temporels calqués sur l’excellentissime série américaine True Detectives. Dans ce nouvel album très réaliste, c’est plutôt l’immersion dans une atmosphère très particulière que l’auteur recherche. Difficile de se prononcer sur une intrigue qui débute juste avec une construction que l’on pressent très linéaire et logique au vu des titres des parties. Si le scénario instille des mystères sur ses personnages, on suit un étonnant classicisme dans cette progression vers l’enlèvement. Toujours proche du cinéma, Christian De Metter maîtrise parfaitement son art du cadrage, du rythme et des dialogues. On ne s’ennuie pas une seconde à cette lecture dont on sort pourtant un peu sur sa faim si l’on se remémore la tension de la saison 1. Obligé de comparer lorsque l’on a l’historique (je rappelle que cette saison est totalement découplée de la première), on ressent une petite baisse, une sagesse que l’on n’attendait pas et qui fait de cet album un bon policier qui pour le moment ne ressort pourtant pas du lot.

L’objet de l’ouvrage est donc bien documentaire, croquer des trognes, moustaches et pattes d’eph, les camionnettes en tôle de la police, les imper qui nous rappellent des NOBODY Saison 2 Épisode 1 - L'AgneauVerneuil. Sur ce plan c’est très réussi et l’on se plait à suivre ce commissaire un peu absent chez qui on devine un secret qui n’attend que d’exploser dans les prochains volumes. Car on suppose que sous ce calme apparent se cachent des drames à venir dans les deux prochains volumes tant on n’imagine pas un auteur chevronné comme De Metter se contenter d’un ouvrage aussi simple. Vu comme une introduction à l’histoire (l’album s’ouvre sur la fuite de la jeune fille avant de nous relater les événements qui ont conduit à cela et de s’achever sur la scène du début, bouclant la boucle) l’album n’a pas le temps d’installer ni véritable mystère, ni drame.

Sur le plan graphique l’auteur revient à sa technique à effet crayonné qu’il avait modernisé sur la fin de la précédente saison. J’aurais préféré un trait plus réaliste mais les habitués seront servis tant son style est reconnaissable. N’étant que peu friand de cette esthétique je lui reconnais pourtant une efficacité certaine dans la reconstitution même si j’aurais préféré un trait plus réaliste.

Il ressort donc de cette mise en bouche un vrai plaisir de lecture qui s’appuie principalement sur des dialogues et personnages costauds faute d’intrigue surprenante. N’abordant finalement pas le sujet très politique de la guerre froide et ses implication sur le pays, l’auteur prends le temps de nous installer confortablement dans notre fauteuil pour ce premier acte d’une trilogie qui devrait monter en puissance.

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