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Les Ogres-Dieux #1-2

BD de Hubert et Bertrand Gatignol
Soleil – Métamorphose (2014-2015), 2 volumes parus.

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J’ai déjà parlé ici de la grande qualité matérielle des ouvrages de la collection Métamorphose chez Soleil. Le projet des Ogres-Dieu ne pouvait pas être édité ailleurs tant la forme matérielle des ouvrages participe à la création de l’univers. Une grosse pagination, format large, titre gaufré et doré, maquette très aérée avec pages de chapitres, on est dans la place, le luxe, le confort.

Parmi la multitude de BD qui sortent chaque semaine certaines nous demandent instamment, violemment, de les ouvrir. La qualité de la couverture joue un rôle primordial et les Ogres-Dieu fait partie de cette catégorie, mais pas que. C’est ici bien l’objet dans son ensemble qui dis « prends moi ».

Mais alors de quoi ça parle les Ogres-Dieu? Hubert propose tout simplement un opéra en BD, en monochrome avec un travail très important sur les noirs et les négatifs sur le dessin de Gatignol. L’histoire comme le livre est grand format, à l’image de ces 9782302048492_p_3géants dont l’histoire est ici transcrite. Le premier volume raconte comment le dernier né de ces géants, « Petit« , va mettre fin au règne sanglant et dégénéré de ces monstres. Le second relate l’ascension d’un humain au service des Ogres-Dieux… mais surtout de sa propre ambition. Les deux récits sont entrecroisés chronologiquement et l’on ressent très vite que la construction du scénariste autorise une multitude de développements annexes, justifiant ce titre de série assumé comme un grand-oeuvre. Les histoires sont découpées en chapitres entrecoupés de chroniques historiques de l’histoire des Ogres-Dieux (pour le premier volume) et des Chambellans (pour le second).

Cet univers est barbare, violent, décrivant à la fois l’horreur de ce monde de consanguinité médiocre et sauvage où la loi du plus fort règne, mais également des serviteurs humains acceptant cette domination et profitant pour certains des miettes laissées par les géants quand la majorité ne sert que de festin… Le graphisme baroque retranscrit parfaitement l’esprit voulu par le scénariste, une décadence totale dans laquelle des anomalies vont faire s’effondrer un système.

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Si le projet d’ensemble est ambitieux, c’est bien le travail graphique (totalement au service du récit) qui impressionne. Non que Gatignol soit le plus flamboyant des dessinateurs actuels, mais comme il y a quelques années le succès « Où le regard ne porte pas » l’on découvre une rare alchimie entre le trait et le texte. L’un ne va pas sans l’autre. La plume du dessinateur porte la marque du dessin d’animation et est d’une grande lisibilité.

Les albums sont des one-shot qui permettent d’assurer de nouveaux opus sans que soit nécessaire la lecture de toute la série. Au final, s’il ne s’agit pas d’un monument de la BD comme l’ambition de forme aurait pu le laisser penser, les Ogres-Dieux reste un projet original, intéressant, et porte la passion de ses auteurs, ce qui justifie amplement que l’on s’y intéresse, surtout quand on privilégie l’approche graphique comme c’est le cas sur ce blog!

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Fiche BDphile

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